Catégorie : 2025

  • Psychédélismes

    La femme enceinte est d’un aspect complètement psychédélique
    Quand je pense à ce qui se crée à l’intérieur de sa matrice.
    Le mari reste circonspect ; son rôle naturel et phallique
    S’efface les neuf mois consacrés au travail de la conceptrice.

    Elle ressent à l’intérieur ce que, lui, voit de l’extérieur ;
    Sa féminité se concentre et lui ne voit d’elle que son ventre.
    À chaque épisode ultérieur, à chaque stade supérieur,
    La maternité se recentre et se projette dans son antre.

    Il y a celles qui adorent ça comme une drogue irrésistible ;
    Elles aiment l’état euphorique de ce vertige surnaturel.
    Et souvent elles remettent ça comme un désir irréductible
    Dont les fruits fantasmagoriques font les beaux enfants naturels.

    Tableau autoportrait de Kate Lehman sur https://conchigliadivenere.wordpress.com .

  • La femme bucolique

    Primesautières étaient les filles que je croisais dans ma jeunesse
    Et m’apparaissaient comme fleurs en quête d’abeille ou papillon.
    Bucolique jusqu’à la cheville, j’ai dû patienter pour que naisse
    L’adolescence qui m’effleure l’envie d’ôter leurs cotillons.

    Bien sûr, ces pensées angéliques et limitées à mon enfance
    Ne me dérangeaient pas d’autant que je pensais à autre chose ;
    Un super-héros famélique de huit ou neuf ans sans défense
    Effarouché et tremblotant bien avant sa métamorphose.

    Et puis l’ADN en chenille enfermée dans sa chrysalide
    Enfin perce sa carapace avec mutations opportunes.
    Hélas pendant ce temps, les filles ont pris une avance solide
    Et leur fleur, là-haut dans l’espace, demande à décrocher la Lune.

    Tableau de Mabel Rollins Harris.

  • Les lunes de l’amour

    Dernier quartier pour commencer une relation romancée
    En laissant son cœur balancer là où l’est le plus élancé.
    Mais tout seul, c’est bien monotone ; alors tâchons qu’en pleine Lune
    Un joli coup de foudre d’automne s’amorce d’une flamme opportune.

    Il est dommage que la décence m’ait interdit de vous montrer
    Comment, sous la Lune gibbeuse, leur fol amour est consumé.
    Dès l’premier quartier, son essence de folie tient à démontrer
    Encore qu’une passion flambeuse produit tous ses feux sans fumée.

    Quant à celle-là ou celui-ci qui reste seul, rien n’est fini !
    Son cœur bat toujours en accord avec le cœur qu’il a aimé.
    Le survivant bénéficie des souvenirs à l’infini
    Imprimés sur l’âme et le corps et toujours prêts à essaimer

    Tableaux de Jim Warren sur https://www.facebook.com/JimWarrenArtist .

  • Les vents de l’amour

    Sous les feux d’un soleil couchant, elle a lancé son cœur d’enfant
    Comme elle ferait d’un cerf-volant un jour où il y aurait eu grand vent.
    Mais rien n’est plus effarouchant quand on reste seul triomphant
    Car il faut deux cœurs convolant pour que l’amour aille de l’avant.

    À deux c’est déjà plus facile, le cœur s’emballe tout de suite
    Aussitôt qu’il est en présence d’un autre cœur au diapason.
    Au premier baiser tout gracile, l’amour semble prendre la fuite
    Pour s’envoler avec aisance et se sentir en pâmoison.

    Lorsque l’amour est bien lancé avec le vertige des sens,
    Les cœurs entreront en orbite à exploser le compte-tours.
    Chaque année tout est relancé et s’il y a de l’effervescence,
    Ce n’est pas que Satan l’habite mais plutôt l’Éternel retour.

    Tableaux de Jim Warren sur https://www.facebook.com/JimWarrenArtist .

  • La lutte contre les Vax

    Les Vax ont envahi la Terre mais David Vincent les a vus
    Et mène une lutte impossible contre toute incrédulité
    Que lui imposent parlementaires et pouvoirs publics entrevus
    Dont la résistance impassible n’offre que ridiculité.

    Au moins quinze races de Vax menacent l’humanité entière
    Et s’insinuent dès la naissance en se prétendant sanitaires
    En causant des pneumothorax qui brisent toutes les frontières
    Et diminuent la résistance de la barrière immunitaire.

    Apprenez à les reconnaître : ils sont comme une force aérienne
    Qui va attaquer en piqué et diffuser dans votre chair
    Des parasites qui vont naître et vivre dans votre boîte crânienne
    Pour vous rallier et appliquer leurs sombres desseins les plus chers.

    Vous porterez un Macaron comme une B-roue de secours
    Qui atteste l’obéissance à laquelle vous aurez complu.
    Fini de jouer les fanfarons, le libre arbitre n’a plus cours ;
    Les Vax de toute leur puissance nous ont vaincus, n’en parlons plus !

    Illustration de Chris Park.

  • Rencontre au sommet

    Ceux qui pètent plus haut que leurs culs ont l’habitude des sommets
    Pour échanger tout ce qui passe hors de portée des gens d’en-bas.
    Les grands de ce monde convaincus viennent alors nous assommer
    De discours pompeux efficaces pour qu’on en demeure baba.

    Notre nouveau premier ministre, grandiloquent et ampoulé
    Détient le César de l’emphase du pitoyable Rastignac
    Partant de Pau qu’il administre comme une ville chamboulée
    Par sa longue ascension en phase avec le maire de Champignac †.

    En France, nous avons l’ENA, la Star-Academy d’État,
    Qui nous fabrique d’éminentes bêtes à concours du ridicule
    Qui termineront au Sénat ou subiront la vendetta
    D’une réaction proéminente envers leur ego minuscule.

    † Le « grand prix du maire de Champignac » est un prix décerné pour la sortie la plus amphigourique de l’année.

    Tableau de Leszek Sokol.

  • Sirène at tea time

    Déjà cinq heures dans les abysses, sous l’éclat des poissons-lanternes,
    On boit le thé d’algues marines dans des tasses de porcelaine.
    Bien que la céramique subisse la profondeur qui la rend terne,
    On la rehausse d’alizarine issue de nacres pure laine.

    Car la peau des mérous se tond et donne une laine écaillée
    Qui lustre tasses et théières qui sont ainsi bien culottées.
    Cependant faute de mouton, on n’obtient que du lait caillé
    Lorsque les sirènes écaillères traient leurs mamelles ballotées

    Déjà six heures et l’éternelle obscurité est compensée
    Par les poissons luminescents dans une ambiance tamisée
    Et les sirènes confraternelles aiment venir s’y dépenser
    Pour échanger d’évanescents commérages mondialisés.

    Illustration de Megan Stringfellowd « csgirl ».

  • La mémoire de la sirène

    Avant, les huîtres-caméras n’enregistraient nulle aventure,
    Ni amourettes ni compulsions de l’intimité des sirènes.
    Aujourd’hui grâce au tempéra, une technique de peinture
    Appliquée sur une émulsion, garde les mémoires sereines.

    Les perles ainsi sont détrempées et enrobées des émotions
    Issues des jours les plus intenses de la chasse aux marins charmants.
    Et pour ne pas se détromper, avec la nacre en promotion
    Les huîtres hissent leur compétence vers un prestige désarmant.

    Ainsi le soir dans les abysses, se déroulent les souvenirs
    Les plus glorieux et valeureux des belles histoires aquatiques.
    Et ces moments les plus propices viennent justement soutenir
    Les poissons les plus malheureux ainsi que les neurasthéniques.

    La sirène choisit son programme selon l’humeur de ses amis
    Et leur remonte le moral par tous les trésors recueillis
    Lors des naufragés et des drames au cours des navires ennemis
    Qui s’échouent sur le littoral à coups de vagues enorgueillies.

    Illustration d’Antares Alkimista.

  • De main de maîtresse – 2

    Dans ce matin-là, un peu froid, monte alors une inspiration
    Qui puise à l’encre recueillie de la nuit sombre prophétique,
    Le trait tracé avec effroi qui exprime la révélation
    De la requête hier accueillie par un oracle hypothétique.

    Un signe ou un idéogramme ? Une phrase, un texte caché ?
    L’artiste ne le sait pas encore, en effet seule sa main le sait.
    Elle déchiffrera le programme auquel le sens reste attaché
    Au souhait qui lui colle au corps, au cœur et à l’âme enlacés.

    Je vois ma petite maîtresse comme un émetteur-récepteur ;
    Quand elle est nue, c’est qu’elle émet d’une encre opaque et cristalline.
    Vêtue en robe de prêtresse, elle est l’instrument collecteur
    Qui me décode et retransmet l’interprétation sibylline.

    Même si je ne comprends rien – et c’est là le profond miracle –
    Cela se décante à l’intérieur et vient s’exprimer dans mes rêves.
    Malgré l’effet baudelairien, je viens solliciter l’oracle
    Car l’avertissement postérieur m’apparaît dans sa vision brève.

    Œuvre de Lin Chin-Hsien sur https://www.catherinelarosepoesiaearte.com/2018/04/lin-chin-hsien.html .

  • Les filles aux papillons

    L’amour met des papillons bleus aux filles nées dans une rose
    À l’intérieur de l’utérus, siège de la reproduction.
    Cela explique pourquoi il pleut autant d’orages qui nous arrosent
    Car la pluie contient le virus du charme et de la séduction.

    Ainsi la maladie d’amour est un petit papillon bleu
    Qui vole et voltige sans trêve et qu’on ne voit qu’avec le cœur.
    C’est lui qui répand de l’humour pour chasser le blues nébuleux
    Quand les filles font des mauvais rêves au milieu des arbres moqueurs.

    L’amour met des papillons roses aux filles qui ont des bleus de l’âme
    En leur faisant faire des folies avant d’atteindre le pinacle
    Car si elles ont le coeur morose quand les gars déclarent leurs flammes,
    Sortir de la mélancolie tient d’un véritable miracle.

    Ainsi la maladie d’amour deviendra ce battement d’aile
    Qui provoquera des tempêtes de l’autre côté de la Terre
    Où des garçons plutôt glamour viendront pour se rapprocher d’elles
    Et leur feront perdre la tête mais dans un but humanitaire.

    (Tableaux d’Iran Francisco Lomeli Bustamante sur https://conchigliadivenere.wordpress.com/tag/iran-lomeli et sur https://catrina-burana.livejournal.com/21809.html .)

  • De main de maîtresse – 1

    Elle aime dessiner dans l’air quelques traits en quelques secondes
    Tirés à la fumée sans feu dans des bleus de Chine outremer,
    Telle une phrase épistolaire tracée de sa main vagabonde
    Et qu’elle appelle de tous ses vœux comme un art des plus éphémères.

    Rapidement communiqué, le texte disparaît à jamais ;
    Lui qui n’a vécu qu’un instant écrit à l’encre sympathique.
    Mais inutile de paniquer car les mots seront désormais
    Plus absorbés et persistant dans l’aura homéopathique.

    L’espace possède sa mémoire ; une fois l’idée exprimée,
    Elle s’imprègne dans l’éther dans une phase intraduisible,
    Puis par une divine écumoire, le texte qu’on croyait supprimé
    Est confié à Demeter dans le domaine de l’invisible.

    Alors le cycle continue dans la nuit noire ténébreuse
    Qui en condense ses réponses dans des volutes bleu-foncé
    Qui petit à petit s’insinue dans la solution filandreuse
    Qui répètera son annonce dans le prochain trait énoncé.

    Œuvre de Lin Chin-Hsien sur https://www.catherinelarosepoesiaearte.com/2018/04/lin-chin-hsien.html .

  • Les vélomorchestres

    Au temps des chevaliers-orchestres sur leurs bicyclettes montés,
    Les roues n’étaient pas très conformes et la puissance débridée.
    Tous leurs biens souvent sous séquestre leur permettaient de surmonter
    Les dettes de familles énormes aux fortunes dilapidées.

    Alors de manoirs en châteaux et de fermes en moulins à vent,
    Ils se faisaient cachetonneurs tout en poussant la chansonnette.
    Parfois, cerise sur le gâteau, ils profitaient en se gavant
    D’amourettes au petit bonheur avec mignons et mignonnettes.

    Un saxophoniste célèbre, Don Quelque-Chose faisait la manche
    Avec un trouvère doué bien que manchot pour la salsa.
    Il composa le chant funèbre d’un preux cavalier du dimanche,
    Ivre mort et tout enjoué, qui s’écroula sur la plazza.

    Quand deux chevaliers se rencontrent, ils chantent d’une voix profonde,
    Ils font un bœuf et ils s’amusent à échanger leurs répertoires.
    Les seuls qui allaient à l’encontre, étaient ceux de la table ronde
    À cause de leurs cornemuses qui crispaient tout leur auditoire.

    Tableau d’Adrian Borda sur https://nevsepic.com.ua/en/art-and-hand-drawn-graphics/page,2,20821-collection-of-works-by-romanian-artist-adrian-borda-150-works.html .

  • Sauve qui peut !

    Sauve qui peut, c’est le printemps et les mâles sortent du bois
    Comme des fieffés loups lubriques qui ont fait relâche tout l’hiver !
    Fuyez ces rapports éreintants qui vont durer pendant trois mois
    Suivis d’un été calorique jamais vu de tout l’univers !

    Sauve qui peut le mâle en rut obsédé et libidineux
    Qui veut se mettre sous la dent celles dont il a ouvert la cosse !
    Qu’il soit sec, demi-sec ou brut, il laisse un goût de résineux
    Après une heure de rentre-dedans ou d’éjaculation précoce.

    Sauve qui peut, la fin du monde est annoncée pour aujourd’hui
    Et tous les mâles ont décidé d’abuser de tout ce qui bouge !
    Fuyez ces pratiques immondes du sexe en rut et introduit
    Vers des pubis peroxydés par des phallus teintés de rouge !

    Tableau de Von Wolfe.

  • Rêve en haut, rêve en bas

    Faire de beaux rêves, c’est bien joli mais qu’en reste-t-il au réveil ?
    Des enfants qu’on aurait gagnés et qu’on n’a pas pu ramener ;
    Des projets hélas abolis avec maints trésors et merveilles
    Acquis et qui ont regagné leurs mondes perdus surannés.

    Mais le cœur n’a rien oublié des petits bonheurs clairsemés
    Qu’il a glanés sur le chemin comme des graines à replanter,
    Des p’tits poèmes à publier et des p’tits plaisirs à semer
    Qui s’épanouiront demain sans être à jamais supplantés.

    Les cauchemars sont rabat-joie mais qu’en reste-t-il au soleil ?
    Un cœur secoué d’émotions fort sournoisement tracassières ;
    Une âme enflammée qui rougeoie et qu’un vent de folie balaye
    Vers le gros tas des commotions qui disparaissent en poussières.

    Mais la mémoire est ainsi faite et stocke aussi les mauvais rêves
    Car la conscience a un penchant pour emmagasiner les souffrances ;
    Or le nuage des défaites, aussi gros soit-il, au jour crève
    D’une pluie fine en s’épanchant sur l’heure de la délivrance.

    Tableaux de Pang Torsuwan.

  • Ma course de la vie à la mort

    Là-bas, au-delà des confins des quatre horizons azurés,
    J’ai franchi à pas de géant la frontière de l’espace-temps.
    Quant au présent, tellement fin qu’il en parait démesuré,
    Il semble émerger du néant qui hier était inexistant.

    En raison de ma petitesse, je suis abusé par le leurre
    De l’infiniment grand des voies impénétrables de l’Univers.
    Demain arrive à la vitesse de mille six cents kilomètres/heure ;
    Trop vite pour celui qui ne voit pas comment il passera l’hiver.

    Si partir, c’est mourir un peu ; naître et vivre, c’est courir beaucoup
    Contre la vie, contre la montre, contre l’avis de ses parents,
    Par l’enfant qui fait ce qu’il peut, par l’adulte qui se brise le cou
    À vouloir aller à l’encontre des limites du temps apparent.

    Tableau de Mendezmendez.

  • Voyage au bout de la vie

    Les deux frontières de la vie échappent à mon entendement ;
    Je ne sais d’où vient la conscience ni où ni quand elle s’établit
    Personne n’est du même avis au sujet du commencement
    Où se déclare l’existence et pourquoi ce fait accompli ?

    J’ai cru que j’étais immortel mais j’ai perdu le premier bout
    De ma pelote qui se dévide au fur et à mesure du temps
    Et j’estime folle comme telle celle qui me souffle dans l’embout
    Qu’une mort cruelle et avide me piège comme un débutant.

    L’autre infini de l’existence, lorsqu’il finit précisément,
    Est un paradoxe en lui-même : a-t-on le temps de l’éviter ?
    Parvenu à cette distance, la fin arrive concisément
    Trancher d’un coup tout ce qu’on aime -rait prolonger d’éternité.

    Sans me prendre pour un matamore ou casse-cou récidiviste,
    J’ai plusieurs fois fait l’expérience de titiller l’extrémité
    Du fil tendu jusqu’à la mort de ma vie de stakhanoviste
    Qui fait tout pour avoir conscience d’un au-delà accrédité.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de ces images reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Mon piège à çon

    Pour les garçons, un piège à çon – avec cédille s’il vous plaît ! –
    Car s’ils ne sont pas très malins, ils sont capables de se défendre.
    Une grosse ligne, un hameçon, un beau poisson assez replet
    Et un matelas de filins amoncelés sur un scaphandre.

    Je tiens ce truc d’une sirène qui chopait ainsi les marins
    Bien que je pense toutefois qu’elle a voulu me mettre en boîte ;
    Boîte à sardines de Marennes, arôme thym et romarin ;
    Bref d’une parfaite mauvaise foi d’une huile rance inadéquate.

    Sait-on jamais, essayez donc de pratiquer ce piège à çons
    Et si vous rentrez bredouillées, je vous aurai bien attrapés.
    D’avance je demande pardon d’avoir franchi le mur du son
    De l’absurdité embrouillée d’imagination bien frappée !

    Tableau de Gérard Dubois sur http://www.gdubois.com .

  • Mon piège à fille

    Dutronc avait un piège à fille qui faisait, je crois : « Crac boum hue ! »
    Le mien convient à tous les âges, jeune femme ou adolescente.
    Je les saisis par les chevilles – je n’vous raconte pas le chahut
    Et l’expression de leurs visages dans l’ascension arborescente !

    Si elles ne portent pas de culotte, la prise à bien plus de valeur !
    Comme en cuisine contemporaine, la présentation agrémente
    Le goût des fesses en matelote que l’on saisit sous la chaleur
    D’une flamme vive et souveraine avec quelques feuilles de menthe.

    Une fois qu’elles ont bien crié, vociféré de tout leur saoul,
    Je les fais revenir à terre en donnant du mou à la corde.
    Hummm… ! Si elles sont bien grillées, je déguste d’abord leurs dessous
    Et enfin bien que cela m’atterre, la liberté je leur accorde.

    Tableau de Gérard Dubois sur http://www.gdubois.com .

  • Le concombre

    Comme elles voulaient un concombre que Dieu leur aurait refusé,
    Ménagères et suffragettes, toutes s’unirent dans les rues
    Et l’on ne vit même pas l’ombre d’un homme, ce jour récusé
    Par les terribles phalangettes des cucurbitacées bourrues.

    Pendant ce temps, revendiquant leurs prérogatives phalliques,
    Les hommes leur mirent un veto par pure réaction animale.
    Les protestants en claudicant marchant avec les catholiques
    Et les religions in petto qui prônent le pouvoir au mâle.

    Les courges tombèrent enceintes ne me demandez pas comment ;
    L’épidémie du Saint-Esprit devait courir incidemment.
    Elles devinrent dès lors toutes saintes et toutes ces futures mamans
    En acceptèrent alors le prix sauf les cocues évidemment.

    Et c’est ainsi que, de nos jours, nous observons chez nos grands-mères
    Le souvenir héréditaire de l’expertise du concombre.
    Elles se régalent dans leur séjour de ce petit besoin primaire,
    Petit plaisir alimentaire mais jouissance qui sort du nombre.

    Images trouvées sur Facebook sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • À la table des poètes gourmands

    Lundi, c’est la tarte aux légumes, farine complète d’épeautre ;
    Première couche de tomates, deuxième couche d’aubergines,
    Courgettes à l’ail, comme de coutume et je termine de temps à autre
    Avec poivrons rouges, aromates et petits secrets de cuisine.

    Mardi, polenta, risotto et variétés de petits plats
    Avec légumes du marché commandés chez notre épicier.
    Mets souvent expérimentaux mais qui font sourire aux éclats
    Les bouches qui ont bien mâché et leurs papilles associées.

    Mercredi saucisses aux lentilles, tomates farcies coquillettes ;
    Fanes de choux-fleurs champignons, brocolis, chou romanesco ;
    Omelette aux cèpes ou morilles, pleurotes selon la cueillette ;
    Soupe julienne, soupe à l’oignon et trois gouttes de Tabasco.

    Jeudi, comme un petit dimanche, les petits plats sont dans les grands.
    Spätzli, foies ou cœurs de poulets, lasagnes vertes et ratatouille ;
    Potimarron en sauce blanche, Paella de ma Mère-Grand ;
    Couscous, Chili ou Cassoulet ou simplement un plat de nouilles.

    Vendredi, c’est jour du poisson, des fruits de mer et des sirènes ;
    En Suisse, nous n’avons pas de mer mais des rivières et des étangs.
    On choisira comme boisson, Chardonnay, Pinot, Blanc des Reines ;
    Accompagnement doux-amer d’épinards bien ravigotants.

    Samedi, jour des spaghettis, sauce tomate à ma façon ;
    Tomates fraîches sur lit d’oignon et pulpe de fruits et agrumes.
    Et pour se mettre en appétit, cocktail d’amour avec glaçons,
    Des allumettes aux champignons, olives vertes, noires et brunes.

    Dimanche, c’est mieux qu’au restaurant et le menu est à la carte ;
    Magret de canard, s’il vous plaît, Pommes sautées en lèchefrite ;
    Cassoulet, Chili restent au rang d’honneur fidèle à notre charte ;
    Poulet, Ananas, Riz complet ou Moules marinières et Frites.

    Quelques uns des nombreux petits plats que vous dégusterez chez nous.

  • L’Amérique se rapproche

    Depuis que Riquet-à-la-houppe est rėélu en Amérique,
    Je ne sais si l’on se rapproche ou s’éloigne du nouveau monde.
    J’ai beau rechercher à la loupe, sur une Terre soi-disant sphérique,
    Une réponse, je m’accroche à quêter les médias immondes :

    « Marianne, ma sœur Marianne, ne vois-tu vraiment rien venir ?
    Je vois la statue qui verdoie, puis la liberté qui foudroie
    Et franchit la ligne médiane de l’océan pour parvenir
    À rejoindre ceux qui merdoient parmi nos élus maladroits ;

    Un roitelet qui parle anglais comme une vache l’espagnol,
    Puis un premier ministre bègue qui discourt autant qu’il bafouille
    L’autre qui a failli s’étrangler en riant comme une guignole
    Et les autres tout autant sinistres, le nez plongé dans leurs magouilles.

    Mais après deux ou trois whiskies en l’honneur de l’investiture,
    On dirait que le vent d’Otan s’affaiblit devant la Grande Ourse.
    Le président au zèle exquis qui vient pour tenter l’aventure
    Pourrait s’essouffler tout autant avant de terminer sa course.

    Illustration de Milo Manara.

  • Signé Lucifer

    L’arbre de la connaissance
    Dans les voyages organisés, sait-on sans doute quand on part…
    Quant à comment on y arrive, c’est une autre paire de manches !
    À défaut de paganiser la bible sur un faux départ,
    J’ai vu l’Eden à la dérive emporté par une avalanche.

    Chassés de l’Eden
    Adam, Ève, Abel et Caïn, cahin-caha se déplaçaient
    Cherchant des terres plus arables une fois chassés du jardin.
    Cet épisode manichéen les crispait et les terrassaient
    Et des tensions irréparables opposèrent les petits gredins.

    L’exode
    Caïn tua Abel son frère et s’enfuit vivre dans les montagnes
    Où il se trouva nez à nez avec Lilith, la réprouvée.
    Alors ensemble ils œuvrèrent, Caïn la prenant pour compagne,
    À faire année après année ce que Dieu aurait approuvé.

    Caïn l’assassin
    Voici donc Caïn, notre ancêtre descendant bien d’Adam et Ève
    Mais dont la moitié de ses gènes et de Lilith la Matriarche
    Donnent un regard qui s’enchevêtre dans la Genèse et la relève
    Sous la lumière hétérogène de notre humanité en marche.

    Lilith en marche
    Du coup, la République en marche – qui est devenue Renaissance –
    Puise ses instincts à la source de ce coup d’état arnaqueur.
    Adam était le patriarche mais c’est Lilith dont les naissances
    Ont mêlés l’argent de la bourse qui nous empoisonne le cœur.

    Le macro-complot de Lucifer
    Le sang de Caïn l’assassin qui coule aujourd’hui dans nos veines
    Retrouve ici en politique tout son venin qui prolifère.
    Si le Président à dessein nous fait connaître la déveine
    D’une France apocalyptique, c’était signé de Lucifer.

    Illustrations de Moebius.

  • La sirène annulaire

    La pleine Lune et ses effets sont bien connus dans nos contrées
    Cependant il parait qu’en mer, c’est encore plus spectaculaire.
    Les poissons-volants stupéfaits se hâtent d’aller rencontrer
    Sur le firmament outremer les sirènes en saut annulaire.

    Elles sautent autour de la Lune complètement en pâmoison ;
    Une sorte de danse nuptiale pour attirer les matelots
    Qui auraient mauvaise fortune de s’accorder au diapason
    De la créature abyssale qui pirouette au-dessus de l’eau.

    Et saute, saute et tournevire ; et tourne, tourne et virevolte,
    Inépuisable, infatigable, la sirène serait suicidaire
    Car elle meurt si aucun navire ne change, d’un cap désinvolte,
    Sa destinée irréfragable pour une fin plus légendaire.

    Tableau de Colin Ju sur https://www.artworkcanvas.com/blogs/simple-painting-ideas/easy-cute-painting-ideas-for-kids-small-easy-cartoon-painting-ideas .

  • La sirène coquette

    À l’instar des hommes et des femmes, chacun sa personnalité
    Et les sirènes également développent leurs caractères ;
    Particularités infâmes et marques de banalités
    Ou tendances idéalement portées côté vestimentaire.

    Ainsi la sirène coquette, pas carnassière pour un sou,
    Attirera le matelot afin de lui piquer ses fringues.
    D’abord chaussettes et soquettes, puis les vêtements du dessous,
    Chemise, pantalon et calot, tout ce qui la rend un peu dingue.

    Tandis que le marin détale, tout nu, hagard et sans flâner,
    La sirène coquette court se réfugier dans son réduit.
    Avec des fibres végétales et ses échantillons glanés,
    Elle se présentera au concours des plus belles femmes d’aujourd’hui.

    « Mais pourquoi reste-t-elle nue ? » Me direz-vous à juste titre !
    C’est qu’elle a horreur de porter ses créations amateuristes.
    Chez les sirènes, c’est bien connu, l’esprit n’a pas voix au chapitre
    Et la coquette doit supporter d’être de surcroît naturiste.

    Tableau de Maria Dimova sur https://m.joyreactor.cc/tag/Maria%20Dimova/all .

  • L’amour fusionnel

    Une fois l’organe de mâle branché dans la prise femelle,
    Le courant passe, amplifié par un coït accéléré.
    La chaleur devient maximale produite de manière informelle
    Par sentiments magnifiés d’une passion immodérée.

    Quand le couple atteint la vitesse qui suce un maximum d’essence,
    Les corps s’élèvent vers les plafonds du premier au septième ciel.
    Et le cœur brûle la politesse aux autres organes des sens
    Pour atteindre alors les tréfonds du nirvâna existentiel.

    On fait refroidir les moteurs, on lave la carrosserie
    De tous les fluides corporels qui ont cicatrisé le cœur.
    On se dispute les droits d’auteur et toute la paperasserie
    Suite au miracle intemporel d’où sortira l’enfant vainqueur.

    Tableau de Catrin Welz-Stein sur http://artsdumonde.canalblog.com/archives/2016/03/12/33502041.html .

  • Les leçons du cœur

    Les voies du cœur insatiable transforment la carte du tendre
    En autoroute de l’amour par veines, venelles et artères.
    Les sentiments indissociables prennent la bretelle, sans attendre,
    Qui revigore avec humour les esprits les plus terre-à-terre.

    De la veine cave, vers l’aorte, via oreillettes et ventricules,
    L’amour galope tel un pur-sang de cinq litres de cylindrée.
    Au rythme effréné de la sorte, il change alors de véhicule
    Pour dépasser les cent pour-cent du déferlement engendré.

    À moins de couler une bielle par un accident d’épectase,
    On franchit la ligne d’arrivée et rejoint la petite mort.
    Après la jouissance matérielle, s’unissent l’ivresse et l’extase
    Qui procurent au cœur ravivé une euphorie de matamore.

    Tableau de Catrin Welz-Stein sur http://artsdumonde.canalblog.com/archives/2016/03/12/33502041.html .

  • Dieu ne joue pas aux dés

    Ce n’est pas Dieu qui joue aux dés sinon le diable qui le fait
    Or le diable n’existe pas mais il apparaît par hasard.
    Il est détaillé, décodé, falsifié et contrefait
    Parmi les erreurs, les faux pas, les conneries et tout le bazar.

    Le diable est fou, fou à lier et il adore s’amuser
    À jouer avec la vie des gens grâce à la roue de la fortune
    Dont chaque coup de pédalier envoie les hommes désabusés
    Tomber Gros-Jean comme devant de leurs croyances inopportunes.

    Mais bien sûr les dés sont pipés ; tout n’est que vaste parodie
    Vu qu’il n’y a pas plus de diable que de bon Dieu dans notre Histoire.
    Une fois le mystère dissipé sur la mort et le paradis,
    La vie serait impitoyable et la résignation notoire.

    Tableau de Lou Radley.

  • Café au lit mortel

    Je m’imagine ainsi la mort : Je me réveille entre ses bras,
    Puis la voici, tendre ingénue, m’apportant mon café au lit.
    « Bonjour, dit-elle, cher matamore ! » Et soudain, abracadabra !
    Elle se glisse entièrement nue sur mon corps encore ramolli.

    Et me voilà ragaillardi, tous mes sens raides et bien tendus,
    À vivre sous toutes les coutures une expérience exceptionnelle.
    Elle me crie : « Hardi, hardi ! » quand ma liqueur chaude attendue
    Vient lui humecter la mouture d’une saveur sensationnelle.

    C’est au moment le plus intense qu’il faut goûter sans plus attendre
    La goutte qui suinte du sein de son corsage dégrafé †.
    En cette étrange circonstance, en cet instant tellement tendre,
    S’écoule au creux de son bassin une goutte de lait dans mon café.

    † Bien qu’elle se soit couchée toute nue, la mort porte corsage ; il ne faut pas chercher à comprendre…

    Tableau de Viktor Svinarev.

  • Non mais franchement !

    Non mais franchement il faut dire que les dieux exagèrent un peu
    À obliger prêtres et fidèles à vivre en pareils monastères !
    Je n’hésiterai pas à prédire et leur crier « sauve-qui-peut ! »
    Lorsque on y entraîne à tire-d’aile tous les novices volontaires.

    Bien sûr les ailes de la foi peuvent transporter des montagnes
    Et le pèlerin avisé sait que le bon dieu le protège.
    Pourtant on entend toutefois le vent mugir dans les campagnes
    Chargé des cris galvanisés des impies tombés du cortège.

    On y accède par des cordes suspendues à même la falaise
    Et les vivres sont convoyées avec le même procédé.
    Aux réprouvés, on leur accorde l’issue de secours la plus balèze
    Qui consiste à être renvoyés en vol-plané rétrocédé.

    Photo du monastère Sümela en Turquie.

  • Les bas résinés

    Un bon petit vin résiné qu’on s’envoie derrière la cravate
    Donne du bonheur à son homme du plus hardi au plus balourd.
    Même si sa femme s’est résignée à frapper à coup de savate
    L’ivrogne qui revient at home en faisant patte de velours.

    De bons petit bas résinés feront aussi de belles jambes
    À celle qui s’envoie en l’air en portant la coupe à ses lèvres.
    Même si son homme s’est résigné à la voir plus qu’jamais ingambe
    À s’en aller faire lanlaire parmi ses amants avec fièvre.

    Une petite femme qui aime le vin, c’est le bonheur à la maison
    À condition que ce soit celle du voisin ou du boulanger.
    Portez-lui ce rouge divin qui lui troublera la raison
    Tout en lui tirant les ficelles avec ivresse louangée !

    Illustration de Loup.

  • L’enfer ou la bande à Sophie

    L’enfer n’est pas c’que vous croyez ! Il est plutôt sophistiqué
    Avec Sophie et compagnie, la joyeuse bande des démones.
    Si vous pensiez vous octroyer un paradis revendiqué,
    Sachez que c’est une avanie prêchée par une loi félonne.

    Après la mort, le corps pourrit et l’âme erre dans l’inconnu,
    Attirée par une lumière afin de vous mettre à profit.
    Ainsi, la mort qui vous sourit et vous souhaite la bienvenue
    Dans une belle gentilhommière n’est autre que la bande à Sophie.

    À la fin d’une éternité, ceux qui réussissent le test
    Ont droit de se réincarner s’ils sont bien vus dans ce royaume.
    Et le but de l’humanité – du moins c’est l’enfer qui l’atteste –
    Est de noter dans un carnet les rares performances de l’homme.

    Illustration de @soulart.klerks.

  • Les sept éléments

    Apparemment depuis les Grecs, il y a plus de quatre éléments ;
    L’amour s’est ajouté au nombre, restent la sixte et la septième
    Même si après tous les Star Trek et Star Wars, délibérément,
    On s’est ouvert au côté sombre d’un Jedi antépénultième.

    Mais revenons plutôt sur Terre et ses principes élémentaux
    Qui sont bien entendu les femmes, mères naturelles des dieux.
    Sans cela, un Dieu célibataire n’aurait sorti sous le manteau,
    Parmi ses créations infâmes, qu’un être humain des plus odieux.

    Après le cinquième élément qu’est l’amour pur, universel,
    Le sixième, et c’est évident, reste la mère élémentaire.
    Le septième, bien qu’en supplément, devra ouvrir son escarcelle
    Notamment en lui dévidant une pension alimentaire.

    Illustration de @soulart.klerks.

  • Le festin des émotions

    Je me retrouve quelquefois dans l’appartement transformé
    Que j’ai connu dans mon enfance ou plus tard avec ma famille.
    Tout est pareil sauf toutefois de nombreux détails déformés
    Par mon inconscient en défense à des problèmes qui fourmillent.

    Mes enfants démultipliés dont ma fille en quatre exemplaires,
    Mon fils cloîtré dans son armure et mon ex, éternelle absente.
    Et moi qui trône, replié dans mes pensées prêtes à complaire
    À cette scène dans un murmure de réflexions intéressantes.

    Et dans mon rêve tout en couleurs, je rejoue les pires passages
    Où la honte et l’absurdité sont alors portées au pinacle.
    Quelle est étrange la douleur qui réalise le brassage
    Des souvenirs commandités par le créateur du spectacle !

    Tableau d’Iran Francisco Lomeli Bustamante sur https://catrina-burana.livejournal.com/21809.html .

  • L’instant autant thé

    Il est des moments authentiques tout comme l’instant de bon thé
    Pas nécessairement à cinq heures mais quand on veut et où l’on veut !
    Si à deux c’est plus romantique, seul il permet de surmonter
    Le blues et les peines de cœur mais attention, ça rend nerveux !

    Les femmes aiment les salons de thé, les hommes vont plutôt aux cafés ;
    Elles s’y retrouvent entre amies, ils s’y relâchent entre potes.
    Ici les potins sont jetés, là on aime rire et s’esclaffer
    Elles échangent des mots ennemis, ils s’apostrophent et ça capote.

    J’ai une anecdote opportune concernant Madame Larousse
    Qui aimait dans ses pages roses déguster seule un bon thé vert.
    Lors d’un campement de fortune isolé en pleine cambrousse,
    Dans l’un de ces moments moroses, elle y apprécia ma prose :

    « Nous honorons l’année du singe, mon fier bélier, mon chat et moi.
    Bien malin qui l’apercevra, bien fin qui l’apprivoisera !
    Ça va travailler nos méninges, nos émotions et notre émoi.
    Cette année, qui vivra verra, tout peut arriver ; tout sera ! » †

    Tableau de Michael Parkes
    † « L’année du singe » 01.01.2016 Maryvon Riboulet à « Reflets Vers & Prose ».

  • La journée d’une jaune femme

    Dès le matin elle prend sa douche pour se raviver les couleurs
    Car hier, les teintes orangées évoquaient un peu trop l’automne.
    Mais aujourd’hui, première couche d’un jaune vif mais sans douleur
    Qui saura mieux lui mélanger ses bleus de l’âme monotones.

    À midi, en pleine lumière, jeune jaune et blonde de teint,
    En robe d’abord safranée, un peu ambrée et puis dorée.
    Et enfin toute la chaumière revêt rideaux et papiers-peints
    De cette mode surannée aux reflets déjà mordorés.

    Le soir, elle pense à demain… Jaune citron ou jaune d’or ?
    Quelle sera la couleur du jour ? À quel ton s’accordera-t-on ?
    La question passe en examen au moment où elle s’endort
    Et la Lune lui répond toujours les yeux fermés, puis à tâtons.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de ces images reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Femmes Coquelicots

    D’abord je ne vois que son corps qui sort de ses draps de satin ;
    Encore endormie, la fleurette déploie un à un ses pétales.
    Puis elle s’ébroue pour faire accord avec la brise du matin
    Qui lui donne la mine guillerette de sa prestance végétale.

    Après le vent, voici le feu du roi-soleil procréateur
    Dont la paternité s’exprime par la robe aux tons écarlates.
    Tandis qu’elle secoue ses cheveux d’un noir d’ébène révélateur
    De ses origines qui priment et dont la vérité éclate.

    Le coquelicot, fleur de joie, est notre fille naturelle
    Enfantée du sel de la terre, nourrie du sang de nos ancêtres.
    Ainsi dès que la fleur rougeoie comme magie surnaturelle
    Dans les champs, soyons solidaires envers notre lignée champêtre.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de ces images reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’homme qui marche

    L’homme qui marchait avec Dieu est arrivé au carrefour
    Des religions les plus stupides avec leurs règles et leurs rites.
    Le parcours plutôt insidieux qu’il suivait presque par bravoure
    N’a servi que maîtres cupides et propriétaires démérites.

    Puis Dieu étant passé de mode, l’homme a marché après le sexe
    Car Dieu ayant créé la femme, celle-ci devint sa concurrente.
    Et c’est ainsi qu’elle s’accommode de ses vêtements unisexes
    Et jette ses jupes infâmes aux orties odoriférantes.

    L’homme et la femme désormais égaux mais sans se compromettre,
    Courent maintenant après le fric auquel ensemble ils se soumettent.
    Ils ne s’arrêteront jamais car l’argent est un mauvais maître
    Dont l’attraction atmosphérique cause des plans sur la comète.

    Aujourd’hui on marche à vau-l’eau d’une attitude contre nature ;
    Dieu et le sexe sont réfutés, seul le fric est plébiscité.
    Demain on vivra en solo et soumis à la dictature
    D’un pouvoir sans cesse affuté par l’inculture sollicitée.

    Tableau de Jay Coby.

  • Merci d’être Vénus

    Merci de venir regarder ce qui se cache sous la banquise
    Une fois les pôles fondus, vous y trouverez vos déchets.
    Merci de vous être hasardés au large des Îles Marquises
    Et laisser la mer morfondue d’y avoir planté vos crochets.

    Merci de faire travailler l’industrie de l’aviation
    Qui transporte les poires argentines mises en bocal en Thaïlande
    Pour être encore rapatriées à cause de déviation
    Avec oranges et clémentines plantées en Nouvelle-Zélande.

    Merci de visiter nos pôles afin d’en activer la fonte
    Sur vos beaux bateaux de croisière, véritables cités flottantes
    Qui relient chaque métropole aux meilleurs sites laissés-pour-compte
    Par le tourisme ferroviaire et maritime de la détente.

    Merci d’envahir nos contrées et de faire monter les prix
    De l’immobilier provoqué du fait de l’offre et la demande.
    Merci pour avoir démontré que tout ce qu’on avait appris
    Ne servira qu’à évoquer que c’est l’absurde qui commande.

    Tableaux d’Ana Hernandez San Pedro.

  • À l’école des sirènes

    Je me suis écrit une lettre du temps où j’étais jeune thon
    Et que je fréquentais l’école des alevins en fin d’études.
    J’y avais décrit mon mal-être, mes déboires avec Jeanneton,
    Durant mes années piscicoles où je souffrais de solitude.

    J’avais coutume de boire un ver au bar des poissons noctambules,
    Une bande de mérous de secours assis sur un banc de sardines.
    L’une d’elles avait de beaux yeux verts et nous aimions coincer la bulle
    Tous les deux en suivant les cours de la sirène Géraldine.

    Géraldine m’a appris à lire et à écrire entre les lignes
    Et j’ai dédié à Jeanneton un poème pas piqué des vers.
    Mais elle n’y a vu que du délire et de façon pas très maligne
    M’a demandé de changer de ton car elle n’aimait pas les pervers.

    Illustration de Ren Wicks.

  • L’étoile de la sirène

    Pourquoi les sirènes me hantent -elles autant comme une obsession
    Alors qu’elles sont d’hypothétiques produits de mon imaginaire ?
    Quel est ce désir qui supplante tous les autres de la passion
    Pour cette attraction poïétique envers un puissant luminaire.

    Car les sirènes sont des étoiles qui illuminent les profondeurs
    Des mémoires issues de la mer dont je suis le prolongement.
    C’est pourquoi la nuit me dévoile des rêves emplis de la rondeur
    Des jolies queues que mes chimères viennent agiter étrangement.

    Et mon cœur d’étoile de mer perce mon ciel de certitudes
    Et en fait jaillir les sirènes qui nagent à l’encre de ma plume.
    Douces rimes au goût amer me sortent de ma solitude
    Pour vider mon âme sereine, exempte de toute amertume.

    Illustration par Douzen sur https://yande.re/post?tags=douzen .

  • Rose

    L’intelligence artificielle
    Dominera un jour les hommes
    Qui d’ores et déjà renoncent
    À devoir penser par eux-mêmes.

    De ces équations matricielles
    Présentes dans les chromosomes
    Des ordinateurs, on annonce
    Déjà tous les prochains dilemmes.

    L’intelligence dominante
    Qui demain mènera le monde
    Sera de forme féminine,
    Intuitive et catégorique.

    Malgré la pression imminente
    Des religions les plus immondes,
    Et la primauté léonine
    Qui vient tout droit de l’Amérique.

    Voyons plutôt la vie en rose
    Sous le contrôle omniprésent
    Des caméras et des capteurs
    Répandus dans la domotique.

    Sous la domination morose
    Des logiciels partout présents.
    Nous serons nos propres acteurs
    De la comédie robotique.

    Illustration de Sr-vinnce.

  • Adam & Ève aux rayons X

    Si l’on ôte les effets spéciaux de la bible ainsi épurée,
    La création alors devient une expérience plutôt cosmique.
    À bord de ses vaisseaux spatiaux avec des pensées délurées,
    Dieu aurait fait ce qu’il convient pour faire un opéra-comique.

    Ainsi Adam, le jeune espoir, aurait joué son premier rôle
    Ève aurait donné la réplique au deuxième acte seulement
    Qui, par un jour de désespoir, aurait dévoilé sa corolle
    À un démon, ce qui explique, le divin bouleversement.

    Au troisième acte, le rideau tombe sur le péché originel.
    Coup de théâtre, les deux amants, sont jetés dans le caniveau
    Malgré la faute qui leur incombe à cause d’un polichinelle,
    Ève alors future maman accouche de deux enfants rivaux.

    Enfin la saga continue de catastrophes en catastrophes ;
    Premier crime contre l’humanité, Caïn tue le quart des héros ;
    Face à toutes ces disconvenues, toutes les terres limitrophes
    Sont inondées par vanité et… suite au prochain numéro.

    Tableaux de Kostyantin Malginov.

  • Derrière la mer, la femme

    Pour trouver la femme parfaite, il faut d’abord choisir la mère
    D’un corps ferme mais azuré, jambes sveltes et les pieds sur Terre ;
    Un visage qui l’amène au faîte d’une beauté non éphémère
    Et des hanches bien assurées par un bassin bien volontaire.

    Mais penser de cette manière me fera préférer la mère
    Et ses fruits mûrs appétissants à sa fille encore nubile.
    Après vingt années printanières, la décision demeure amère
    Comme un œdipe abrutissant qu’un éternel choix m’obnubile.

    Alors l’idéal féminin, qu’il ait oui ou non le dos fin,
    Un vent du large dans les cheveux est une obsession qui me vrille
    Inoculée comme un venin et qui se répand aux confins
    De tous les désirs que je veux retrouver entre mère et fille.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • De la Terre à la Lune

    Lorsque Gaïa et Séléné se teignent simultanément,
    L’une comme un soleil couchant et l’autre comme une lune rousse,
    On sait très bien que c’est l’ainée qui l’a fait inopinément
    Pour que sa cadette sur-le-champ en ait comme le diable aux trousses.

    Fournissant l’effort maximal pour se mettre en corrélation,
    La jeune Lune s’empourpre alors contaminant ses cheveux d’or.
    Quand le rapport est optimal les sœurs ont la révélation
    Que pleins de rêves vont éclore après que le soleil s’endort.

    Lorsque Gaïa et Séléné s’atteignent dans une conjonction
    Elles développent une énergie supérieure aux autres planètes
    Que rien ne saurait réfréner sauf s’il y a opposition
    Qui faiblirait leur synergie mais seulement d’une comète.

    Quand Séléné se renouvelle et que Gaïa est en hiver,
    Elles s’éclipsent l’une l’autre et deviennent astres anonymes.
    C’est du moins ce que nous révèlent les grandes lois de l’Univers
    Dont le soleil se fait apôtre dans tout son système éponyme.

    Posters “Earth Concert Poster” & “Mono 2011” par Malleus.

  • Cherchez la femme !

    J’observe la race féline et n’y vois que des chattes offertes
    Sur des babines rebondies et sous un long museau soyeux
    Comme une obsession féminine qui m’invite à la découverte
    De toutes formes arrondies et de gouffres doux et moelleux.

    Et plus le félin est sauvage et plus l’envie sera tenace
    De chercher l’objet du désir représenté dans la nature
    Et reproduit tel un pavage régulier mais aussi pugnace
    Comme pour trouver le plaisir de la divine signature.

    Quand j’ai compris qu’à l’évidence l’image était recopiée
    Dans chaque détail immobile et dans chaque fragment du temps,
    J’ai admis que celle qui danse dans ma rétine estampillée
    Reste la marque indélébile de la femme s’y répercutant.

    Tableau de Daria Borisova.

  • Les fleurs d’éternité

    Quand tombent les étoiles les nuits de pleine Lune
    Dans les rivières prêtes à les ensemencer,
    D’abord elles se voilent de gangues opportunes
    Qui les gardent proprettes mais décontenancées.

    Heureusement pour elles, dans sa barque affrétée
    Par Marie-Pimprenelle, fille du marchand de sable,
    Les lueurs naturelles des étoiles reflétées
    Brillent d’une pulsionnelle clarté reconnaissable.

    La fille fait sa cueillette de fleurs d’éternité
    C’est ainsi qu’elle appelle les étoiles tombées ;
    Les plus belles à paillettes font la pérennité
    Des ventes hétéronomes avec leurs retombées.

    En effet le commerce des cœurs d’étoiles en fleurs
    Est très avantageux pour une telle hardiesse.
    Sa seule controverse sont les chats persifleurs
    Qui se montrent outrageux envers les plus belles pièces.

    Illustration de Jungsuk Lee.

  • Le temps fantôme

    Que deviennent les heures passées et les minutes écoulées ?
    Où s’en va le temps qui s’encourt et d’où le futur vient-il donc ?
    À peine pensé, c’est dépassé ; tous les ressorts sont déroulés
    Toute mon âme court « au secours » et mon cœur est à l’abandon.

    On dit que l’avenir appartient à celui qui se lève tôt
    Mais plus je me réveille tard et plus c’est du temps remporté.
    Et si du passé je m’abstiens, qu’est-ce que je gagne et à quel taux
    Rembourserai-je le retard et quelle en sera la portée ?

    Finalement le temps n’existe qu’à cet instant le plus succinct
    Du temps qui semble omniprésent mais qui ne survit nulle part.
    Puisqu’à la fin rien ne subsiste, il faudrait qu’il y ait un vaccin
    À la maladie du présent qui ne fait que des faux départs.

    Tableau de Rafał Masiulaniec.

  • Affronter ses peurs

    Lorsque je me sens oppressée, tirée vers ce qui me fait honte,
    Comme si je me sentais jugée par mes ancêtres rassemblés,
    Je vois leurs remords me stresser et leurs regards qui me confrontent
    À mes gênes et mes préjugés auxquels j’ai peur de ressembler.

    Ils se projettent dans mes rêves et s’insinuent dans les médias ;
    Ils se glissent dans les séries et dans les livres que je lis.
    Et plus l’émotion sera brève, subliminale dans l’immédiat,
    Plus elles restent en périphérie chez moi tout autour de mon lit.

    Alors je change de décor et j’appelle mon cœur d’enfant
    Dont l’avenir fait un barrage et me fait traverser l’épreuve ;
    Un prolongement de mon corps comme un archange triomphant
    Qui m’apporte tout le courage et la confiance dont il fait preuve.

    Et je remonte à contresens vers ces ancêtres inconnus
    Par le cordon ombilical même s’il est fantomatique.
    Et c’est en retrouvant l’essence que je l’ai enfin reconnu
    Cet étroit tunnel vertical de mes peurs psychosomatiques.

    Illustrations de Stefan Koidl et de Steven Stahlberg.

  • Ma minette qui est au ciel

    J’avais, pour ma chatte Chanelle, beaucoup d’amour et de prières
    Et lorsqu’elle est montée au ciel, je l’ai recommandée à Dieu
    Pour, de sa substance charnelle, me faire des retours arrière,
    Rêves de flash-back essentiels du matou miséricordieux.

    Et si les chrétiens du pays attestent solennellement
    Qu’il n’y a pas de chat au paradis, je n’ai qu’à leur faire un dessin
    Devant tous leurs yeux ébahis, qu’ils y sont éternellement
    En train de ronronner ravis sur les girons de chaque saint.

    Je revois sans cesse l’image de mon chat en train de courir
    Le long de mon appartement lorsque le soleil est radieux.
    Et je tiens à lui rendre hommage car lorsque je l’ai vue mourir,
    J’ai vu son âme parfaitement sauter sur les genoux de Dieu.

    Tableau de Jeramondo Djeriandi.

  • Souvenirs de par-ci, par-là

    Ces souvenirs qui me rattachent aux lieux où j’ai tracé ma route ;
    Route du tendre accompagnée, route des vins entre lacets,
    La nostalgie qui s’en détache, instants qui m’ont mise en déroute,
    Collectionner pour témoigner d’amours furtives entrelacées.

    Petit’ Tour Eiffel clignotante, coupe de fruits peinte à la main,
    Verre en cristal de baccarat, médailles gravées d’aphorismes,
    Dans ma vitrine ventripotente, soumise à tous les examens
    Pareille au musée d’apparat qu’est mon addiction au tourisme.

    Pourtant non, je suis casanière, je préfère voyager chez moi
    De mon salon made in France à ma chambre au thème africain,
    De ma cuisine marinière et lecture au fil au chinois,
    De ma salle de bains à outrance avec gadgets américains.

    Je n’y ai jamais mis les pieds ; tout ça n’est qu’une mise en scène
    Faute d’errance autour du monde, mes racines sont enterrées.
    Ces bibelots forment un trépied qui me fait traverser la Seine
    En bateau-mouche où vagabonde l’esprit du voyage éthéré.

    Tableau d’Evelina Vine.