Catégorie : 2024

  • Imagerie en Résonnance Matriarcale

    Imagerie en Résonnance Matriarcale

    Seul celui qui connaît sa femme entièrement de l’intérieur
    Pourra reconstituer l’histoire secrète de l’humanité.
    Que cessent ces propos infâmes concernant l’état inférieur
    Que lui consacrent ces notoires ennemis de la féminité.

    Par le cordon ombilical qui relie à travers le temps
    Chaque être humain et sa sous-branche au tronc commun de l’arbre mère,
    Par le martyre obstétrical qui produit encore pour longtemps
    L’enfant qui prendra sa revanche sur les intolérances amères.

    J’ai pris ce tunnel féminin en lui faisant un jour l’amour
    Et visité comme au musée toutes ses époques épiques.
    Du premier geste assez bénin de la fameuse pomme au four,
    Jusqu’à l’annonce fort récusée de Jésus-Marie qui rapplique.

    Car si Jésus était un homme, il aurait voulu être femme
    Pour rétablir la vérité sur le Saint-Esprit et sa mère.
    Quel que soient les dieux que l’on nomme, les religions nous en diffament
    La divinité héritée des deux gènes X cryptomères.

    Tableau de Fujino Kazumoto.

  • Mise en bouche sur canapé

    Mise en bouche sur canapé

    Préparez deux petits melons chacun décorés d’une cerise,
    Puis présentez-les en verrines sur un canapé de laitue.
    Imaginez deux mamelons tous deux tremblotant de surprise
    Trônant sur l’auguste poitrine de votre amante dévêtue.

    Un festin en préliminaire et l’amour d’une mise en bouche
    Qui laisse un goût un peu revêche, pimenté de suçotements,
    Puis fond dans les sucs salivaires et remet sa deuxième couche
    Car vivre d’amour et d’eau fraîche demande ses assaisonnements.

    Dégustations aveugles en prime, j’aime de l’amour son ivresse
    Lorsque je découvre à tâtons le suc de l’abricot fendu.
    Puis quand le clitoris s’exprime sous la saveur d’une caresse
    Ou le bouquet sur le téton turgescent du fruit défendu.

    Tableau de Cellar-fcp sur https:www.iamag.cothe-art-of-cellar-fcp .

  • Femme à soigner

    Femme à soigner

    On dit qu’elles sont de belles plantes, c’est faire honneur aux cocotiers ;
    On dit qu’elles sont belles à croquer, c’est donner du mérite aux pommes !
    Chaque épithète qui les supplante, tout comparatif cachottier
    Ne prétend qu’à réciproquer la beauté de la Terre, en somme.

    Les seins en poire dans les bonnets, la peau de pêche parfumée
    Et la femme devient un verger dont l’homme en goûte la primeur.
    La charité bien ordonnée ne partira plus en fumée
    Mais finira par converger vers mon respect le plus rimeur.

    La femme est fleur, l’homme jardine ; la femme est fruit, l’homme récolte ;
    La femme est plante, l’homme cultive ; la femme est Dieu, l’homme la prie.
    Elle est moderne et citadine ? Imprévisible et désinvolte ?
    La prévenance plus attentive de l’homme lui élève l’esprit.

    Tableau de Tania Wursig.

  • Femme à cueillir

    Femme à cueillir

    À chacun sa fleur préférée, belle-de-jour, rose éthérée ;
    À chacun sa fleur favorite, belle-de-nuit ou marguerite.
    Rêver d’un parfum vaudeville avec un bouquet fleurs de ville ;
    Rêver d’un goût plus approchant d’une saveur de fleurs des champs.

    Attention aux fleurs du matin, folles, infidèles presque catins ;
    Respirez la fleur de midi et dormez tout l’après-midi.
    Le soir quand les fleurs sont violettes, ce sont souvent les plus follettes ;
    Quant aux subtiles fleurs de nuit, elles s’évanouiront à minuit.

    Cueillez, cueillez dans la jeunesse ; cueillez, cueillez dans la vieillesse ;
    Après tout, la fleur n’a pas d’âge, c’est ce qui fait son apanage.
    La mienne continue à rire de tous ses pétales en délire
    J’avoue, je ne peux le nier, j’adore être son jardinier.

    Tableau de Sergio Lopez.

  • Femmes à soigner

    C’est une rose du matin qui vient au monde, innocente
    Toute prête à s’épanouir durant toute sa petite enfance.
    Peu à peu sa peau de satin épouse son corps d’adolescente
    Qui pourrait faire s’évanouir le jeune prétendant sans défense.

    La rose mûre porte ses fruits et devient une fleur immortelle ;
    La femme mûre n’a plus d’âge si ce n’est celui des enfants.
    Le patrimoine qu’elle a construit est de valeur sacramentelle
    Dont l’amour est son avantage et son engouement triomphant.

    Rose ridée jamais ne fane juste un bouquet de fleurs séchées
    Qui continuent à rayonner dans la famille et la maison.
    Seul le ridicule profane notera le vase ébréché
    Mais l’homme juste et passionné l’aimera toujours sans raison.

    Tableaux de Tania Wursig.

  • Femmes à cueillir

    Bien sûr, elles sont adorables lorsqu’elles ne sont qu’en bouton
    Car aussitôt qu’elles sont en fleurs, nous sommes à leurs lèvres pendus.
    Mais l’âge le plus favorable arrive lorsque nous goûtons
    Le parfum subtil qui affleure autour de leurs fruits défendus.

    La femme mûre est bien meilleure quand elle est sauvage et cueillie
    Dès le printemps, Reine des prés ; durant l’été, Reine des champs ;
    Pendant l’automne, Reine avant l’heure ; même en hiver, Reine accueillie
    Lèvres et mamelons empourprés malgré le froid effarouchant.

    La femme-fleur est immortelle tant qu’elle n’est pas arrachée
    À sa Nature qui l’a bercée et lui a sculpté sa carrure.
    Fi des corsets, des jarretelles, dont elle est fort effarouchée,
    Sa nudité controversée sera sa plus belle parure !

    Tableaux de Sergio Lopez.

  • En avant, l’ère des poissons

    En avant, l’ère des poissons

    Tous ensemble pour faire l’Europe, les députés sont pleins d’idées
    Que nous n’aurions pas eu la chance de découvrir sans qu’ils consomment
    Une kyrielle de psychotropes car il en faut pour décider
    Des lois qui, comble de malchance, nous déconcertent et nous assomment.

    Certes, l’idée est judicieuse de regrouper tous les pays
    Pour être plus forts et atteindre un statut de grande puissance.
    Mais une Europe avaricieuse à qui les riches ont obéit
    A vu le jour pour nous contraindre à servir leur magnificence.

    Mais depuis la Tour de Babel et depuis l’ère piscicole,
    Les langues se sont embrouillées et l’alliance est révolue.
    Rien n’a changé malgré l’appel d’apprendre très tôt à l’école
    Les langues pour nous débrouiller à nous passer de nos élus.

    Tableaux de Władimir Golub sur https:bialczynski.pl20140708bialoruska-wizja-slowianskiej-baji-wladimir-golub .

  • Les cochons de Manu

    Les cochons de Manu

    Les temps ont changé pour Manu qui s’est lassé de ses moutons
    Et penche plus pour des cochons évidés de leur tirelire.
    De beaux gorets les plus charnus qu’il préfère – nous nous en doutons –
    Avec la queue en tire-bouchon et le museau en plein délire.

    Il les a achetés au marché ce samedi en place publique
    Au stand sis à l’extrême droite appelé « La cochonnerie ».
    Il les a sitôt harnachés sur la rue de la république
    Puis a suivi la sente étroite qui conduit à sa Porcherie.

    Il a noté sur son registre ses cochons et, pour leur gouverne,
    Leur a attribué un rôle en fonction de leurs sales trognes.
    Pour le premier, le plus sinistre qui ne dit que des balivernes,
    La mission de porte-parole des sales fascistes qui grognent.

    Tableau de Paul Gauguin.

  • Quand la sirène se trahit

    Quand la sirène se trahit

    Si vous soupçonnez votre femme d’être en réalité sirène
    Qui vous a charmé de sa voix pour goûter votre marinade,
    Pas besoin de manière infâme mais, d’une façon plus sereine,
    Quand elle prend son bain chaque fois, observez sa dégoulinade :

    Ce n’est pas sa queue qui frétille mais l’eau du bain qui prend la mer
    Et la sirène devient une île massée du flux et du reflux.
    Chaque vague qui l’émoustille lui donne un souvenir doux-amer
    Du temps où elle vivait tranquille d’aimantes eaux fraîches superflues.

    La mienne a éveillé mes doutes par la salle-de-bains parfumée
    D’un air marin chargé d’embruns qui me rappelait la Bretagne.
    Depuis, tout ce que je redoute c’est partir un jour en fumée,
    Consommé comme un Petit-brun entre les dents de ma compagne.

    Tableau de Kristin Kwan sur https:www.dessein-de-dessin.comles-peintures-surrealistes-et-fantastiques-de-kristin-kwan .

  • Trois sœurs entre deux eaux

    Trois sœurs entre deux eaux

    Quand je plonge en demi-sommeil dans le lac des rêves émeraude,
    Les sœurs de Morphée m’accompagnent jusqu’à la grotte des sirènes.
    Elles n’aiment pas trop le soleil et leur chevelure noiraude
    Ondule tandis qu’elles regagnent avec moi l’abri de leur reine.

    Comme je dors profondément et que j’oublie tout au réveil
    Je les ai chargées de m’écrire le rêve de la nuit dernière.
    Je le transcris conformément sans faire un discours qui pérore
    Mais qui saura mieux vous décrire tout avec l’art et la manière :

    « Dans ce fantasme, tu es le Roi et la souveraine, ta Reine ;
    Ton mariage s’est déroulé il y a vingt ans exactement
    Au fond d’un grand lac Bavarois avec Lorelei et sirènes
    La nuit où tu t’es écroulé, mort de fatigue notablement.

    Depuis tu reviens chaque fois qu’un problème te préoccupe
    Pour lui demander son avis qu’elle t’accordera toujours.
    Qu’elle t’accorde toutefois sous condition – elle n’est pas dupe –
    De revenir toute ta vie, chaque nuit, lui faire l’amour.

    Tableau d’Alexander V. Orlov.

  • Sortie des eaux sombres

    Sortie des eaux sombres

    Dans les eaux noires de l’étang se noyaient mes humeurs maussades ;
    J’allais régulièrement vider toutes mes peines et mes rancœurs.
    Mes déceptions par tous les temps devenaient juste une passade ;
    Je pouvais alors dévider le fil de ce qui me tenait à cœur.

    Ce matin-là, un vent mauvais soufflait dans ma tête malade ;
    Tandis que je m’y accotais pour déverser mes émotions,
    J’ai vu les eaux qui se mouvaient dans une grande bousculade,
    Puis une femme qui clapotait dans une étrange dévotion.

    « Tu es l’incarnation du mâle et moi celle de la femelle
    Qui représente tes chagrins et tes sentiments nécrosés.
    Plutôt que repousser le mal et toutes tes peurs qui grommellent,
    Affronte-les et ton train-train en sera métamorphosé ! »

    Alors j’ai confronté mes craintes à mes envies de progresser
    Et j’ai embrassé la naïade comme un amant apanagé.
    J’en sens encore son étreinte lorsqu’elle m’a fait régresser
    Au point limite de la noyade afin d’apprendre à surnager.

    Depuis quand j’ouvre mon journal avec la misère du monde,
    Je surfe sur les catastrophes et sur tout ce qui m’a déplu.
    La vie est un fleuve infernal aux eaux impures et immondes
    Mais moi, rédigeant cette strophe, je ne m’en préoccupe plus.

    Tableau de Cellar-fcp sur https:www.iamag.cothe-art-of-cellar-fcp .

  • Prise sur le fait

    Prise sur le fait

    L’œil gauche a trahi en premier l’émotion échappée du cœur ;
    Le coup de foudre a retenti d’une brève déflagration.
    Comme la dame sur son damier voyant le pion prendre, vainqueur,
    Une victoire pressentie par elle comme une déclaration.

    Elle croit ne rien laisser paraître mais elle est prise sur le vif,
    Prise la passion dans le sac et la main servant de bâillon
    À sa langue qui s’enchevêtre pour pousser le cri incisif
    Arrêté net par le ressac d’un battement de papillon.

    Ainsi un battement de cœur, à l’instar du lépidoptère,
    Provoque remous et marées dans tout un cerveau amoureux.
    S’il en émane à contrecœur une mimique réfractaire,
    C’est d’une pudeur amarrée à un embarras langoureux.

    Tableau d’Ivana Lena Besevic.

  • Le regard en arrière

    Le regard en arrière

    Lorsque je regarde en arrière ma carte du tendre arpentée,
    J’y remémore à chaque étape, mes randonnées aphrodisiaques.
    Aussi loin que voit mon derrière par sa captation aimantée,
    Il connaît ses amants en grappe et leurs ébats paradisiaques.

    Ma plante des pieds a foulé combien de lits à baldaquin ?
    Combien de tapis déposés, combien de caprices triomphants ?
    Beaucoup de liqueur a coulé de la source d’amoureux taquins
    Qui étaient tous prédisposés à être le père de mes enfants !

    Seuls mes seins et leurs aréoles regardent toujours loin devant !
    Ils savent bien que l’expérience n’est rien qu’un feu-au-cul volage.
    Ils guettent sans cesse l’auréole qui brille au crâne du suivant ;
    Celui qui vers la luxuriance m’allouera le prochain voyage.

    Tableau de Félix Vallotton.

  • L’ivresse des bijoux

    L’ivresse des bijoux

    « Ah ! Je ris de me voir si belle dans le reflet de mes joyaux
    Tout en chantant l’air des bijoux comme une Castafiore en or
    Dont la voix pousse les décibels à faire sauter le maillot
    Dont le soutif remonte aux joues pour faire rougir ses ténors. »

    Ainsi s’exclamait la diva dans sa rivière de diamants
    Prenant son bain providentiel après sa soirée de gala.
    Ovationnée sous les vivats et tous les plus beaux compliments,
    Et, dans un lieu confidentiel, de champagne on la régala.

    Très généreuse avec l’argent qu’on concède à tous ses caprices,
    Elle chante en tout bien tout honneur quand il le faut pour ses principes.
    Et c’est ainsi qu’en déchargeant sa logorrhée provocatrice,
    Elle rayonne de bonheur et tout le monde participe.

    Tableau de Fang Lijun sur https:dzen.ruaY3PZoeI9rREhwc6a .

  • Juste sous l’horizon

    Juste sous l’horizon

    Sans doute la chanson de Christophe avait inspiré mon Aline
    Qui écrivait cent fois son nom que cent fois la mer effaçait.
    Et moi j’ai écrit une strophe gravée sur la plage saline,
    Puis j’ai signé de mon prénom mes quatre lignes espacées.

    Tandis qu’Aline fulminait à réécrire son patronyme,
    J’ai rajouté un paragraphe et puis un autre superflu
    Tandis qu’Aline ruminait d’être déclarée anonyme
    Par le correcteur marégraphe qui la narguait de son reflux.

    Pareille à l’héroïne grecque condamnée pour l’éternité
    À toujours écrire son nom sans cesse effacé par la mer,
    À l’aide d’un peu de varech, j’ai une digue délimitée
    Mes amis, croyez-moi ou non, j’en garde un souvenir amer…

    Car la donzelle s’exerçait à répéter cent fois ce geste
    Telle une prière muette en guise de commémoraison…
    Aline alors bouleversée a boudé, puis prenant ma veste,
    S’est enfuie comme une alouette le cul à l’air sous l’horizon.

    Tableau de John Reinhard Weguelin.

  • Abouddha

    Abouddha

    Je crois préférer l’abouddhisme au bouddhisme proprement dit
    Car j’aime la nature verte et la peau d’Abouddha me sied
    Car je me targue d’avant-gardisme et joue de tous les interdits
    En c’ qui concerne la découverte de qui me fait prendre mon pied.

    Et justement vient Abouddha fort à propos me proposer
    De survivre sans religion et sans retour de manivelle.
    Le torse nu, en bermuda et sans étiquette imposée,
    Je vais de région en région répandre la bonne nouvelle.

    J’aime Abouddha et tous ses seins, particulièrement le gauche
    Car il frémit avec tendresse à chaque battement de cœur.
    Lové au creux de son bassin, j’aime le soir faire l’ébauche
    D’une prière à son adresse pour téter sa chaude liqueur.

    À Morphée et ses bras tendus, je préfère ceux d’Abouddha
    Qui sont bien plus omnipotents et propices à m’épanouir.
    Un jour ce fut inattendu lorsque ma muse s’accouda
    Au lit tout en me tripotant ce qui me fait le plus jouir.

    Illustration de Green Tara.

  • La Croix Noire

    La Croix Noire

    Croix Rouge ou Blanche nous rassurent quant à la santé et l’argent ;
    La Croix Noire plutôt nous assure la mort en nous départageant.
    Selon si l’on a de l’amour dans le cœur, nous mourrons un jour
    Car Dieu a le sens de l’humour – ce qui n’ lui réussit pas toujours.

    Quant à ceux qui plutôt préfèrent l’argent, le pouvoir, la richesse,
    Ils seront alors à leur affaire à vivre aux frais de la duchesse.
    La Croix Noire leur proposera le paradis comme un palace
    Où tout se décomposera en un enfer bien dégueulasse.

    Quant à la mort, il faut en rire plutôt que pleurer à l’attendre ;
    Lorsqu’il lui arrive de sourire, la Croix Noire sait se montrer tendre.
    Jusqu’à présent il n’y a personne qui n’en soit revenu déçu…
    Écoutez-la quand l’heure sonne rigoler comme une bossue !

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Le moment présent

    Le moment présent

    Est-ce l’appel de la sirène qui fait goûter l’instant présent
    Comme un silence retentissant dans le temps soudain suspendu ?
    Le cœur en paix, l’âme sereine et l’univers omniprésent ;
    Tout est lié, attendrissant, pour recueillir l’inattendu.

    Mais que peut-on alors attendre lorsque le temps n’existe plus ?
    La vérité de ressentir son corps et sa maternité !
    À l’instant doux, à l’instant tendre qui n’existe que pour être plu ;
    Au temps qui vient de retentir d’une seconde d’éternité.

    Tableau de Holly Kallie.

  • L’illumination

    L’illumination

    Que Monet voit Reims en couleurs –impressionnistes de surcroît –
    On trouve tout à fait normal que l’art dépasse la pensée.
    Lorsqu’il accouche dans la douleur l’œuvre qui graduellement croit,
    Il en exprime tout le mal à force de le dépenser.

    Le vert pourrait être l’espoir qui cherche à percer le chagrin
    Transpiré par les bleus de l’âme qui lui noient l’amour dans le cœur.
    Alors le rouge, en désespoir, s’écoule en grappe grain par grain
    Coupé de rose par la lame du temps qui reste grand vainqueur.

    Pourquoi peint-il la même chose autant de fois ? Comment ? Combien ?
    Sans doute un parcours salutaire dans l’imaginaire immergé
    Dans sa vie par métamorphose du mal qui se transforme en bien
    Ou bien la mort en solitaire d’Icare tombant en mer Égée.

    Tableau d’Anselmo Bucci.

  • Phare à minous

    Phare à minous

    Formidable et faramineux que ce Phare du Petit Minou
    Qui subit l’assaut impassible des rouleaux de vagues déversées.
    Toujours debout et lumineux quand la nuit tombe parmi nous
    Et l’enveloppe d’une impossible obscurité à traverser.

    Mais toujours il se lie d’amour pour la mer vaste, insatiable
    Qui le provoque de ses ébats, de ses humeurs évacuées
    Par des orages nuit et jour et ses tempêtes indissociables
    Qui lui donnent des hauts et des bas dont le courage est salué.

    On dit qu’il est à la retraite, mis au rebut par la science,
    Par géolocalisation de satellites en promotion ;
    Balises lâches qui se traitent du dernier cri de l’efficience
    Mais sont la banalisation d’un futur vide d’émotion.

    Tableau de Brigitte Berweger.

  • Quand t’as tout, ris

    Si je voyais de l’intérieur mon cerveau au milieu du crâne
    En train d’écrire sur les os blancs temporaux et occipitaux
    Toutes mes idées antérieures, superposées en filigrane,
    Toutes emmêlées en réseau ponctuées de mes cogito…

    Ça me ferait bien rigoler et, bienheureusement pour moi,
    Je serai le seul à les voir à l’abri des regards curieux !
    Apparemment « fariboler ses sentiments et ses émois »
    Est l’apanage ET le devoir de certains rieurs fous furieux.

    Tous les tatoués ont bonne mine – du moins si on arrive à lire
    Tout ce qu’ils ont écrit du cœur sur les pages roses du corps –.
    Ça leur donne de la dopamine, ça les met au bord du délire
    Et ça leur donne un air vainqueur qui leur font battre tous les records.

    Photos de tatouages adorables par Laurent Ponce sur https:inkppl.comenmagazinetrendstattoo-in-adorable-photos-by-laurent-ponce .

  • Le chien, le chat et la souris

    Demain les chiens seront hissés au sommet de la pyramide ;
    Les chats, leurs ennemis jurés, juste au-dessus, assis sans maître.
    Un peu plus haut, tout herissé de tuyaux en polyamide,
    Des galeries démesurées de souris blanches au périmètre.

    Les chiens à l’image des hommes voudront dominer la planète ;
    Les chats à l’image des femmes feront une révolution ;
    Quant aux souris dans ce royaume, elles sauront faire place nette
    En se moquant du rôle infâme de leur médiocre évolution.

    Après-demain les rats des villes seront, avec les rats des champs,
    La dernière race mammifère avant de s’éteindre à leur tour
    Après maintes guerres civiles, autodestruction débouchant
    Sur d’autres vies qui prolifèrent en éternels allers retours.

    Tableaux de GiveMeMood sur https:www.redbubble.compeopleGiveMeMoodexplore?page=1&sortOrder=recent .

  • Le regard papillon

    Le regard papillon

    Marianne va d’une personne à l’autre mais sans s’arrêter sur aucune ;
    En un mot, elle papillonne et girouette sur les élus.
    Qui donc serait le bon apôtre pour aller combler les lacunes
    D’une république tatillonne à faire ce qu’il aurait fallu ?

    Ainsi son regard a changé passant par une extrême droite
    Qui dérange son cœur à gauche quoique en fait on n’en sait trop rien.
    Voyez son visage orangé à tourner de façon adroite
    Sept fois ses yeux comme l’ébauche d’un égarement aérien !

    Bordel ici ! Et bordel là ! Tout ça lui fait tourner la tête
    Et la voici qui bat de l’aile en louchant sur l’ignominie
    Des deux extrêmes que Séguéla aurait, dans un moment de fête,
    Prédit comme deux parallèles qui se rejoignent à l’infini.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Ma tête du samedi

    Ma tête du samedi

    Ce samedi matin tandis que je m’observe dans la glace,
    Je suis frisé comme un mouton et même à plusieurs confondus
    Comme une chemise d’organdi mais sur mes cheveux à la place
    Et tous prêts, nous nous en doutons, à être sans délai tondus.

    J’ai pourtant éteint la télé, je n’écoute plus les nouvelles
    Et j’ai jeté à la poubelle les prospectus des élections.
    Mais rien n’y fait. Je suis fêlé et de mon crâne se décervelle
    Ma matière grise hier rebelle mais aujourd’hui en déjection.

    Hélas je me sens macroné, lemairisé, attalisé,
    Ukrainisé, bidenisé, poutini-palestinisé.
    Fini alors de maronner sur le journal télévisé !
    Puisque je suis crétinisé, je voterai apolitisé.

    Tableau d’Alisa Williams sur https:alisa-williams.pixels.comart .

  • Ma tête du vendredi

    Ma tête du vendredi

    Ce vendredi, je suis vaseux, on m’a arraché une dent ;
    J’ai des poissons qui font la fête et nagent dans mon vague à l’âme.
    Un poisson-lune à l’air gazeux me fait un signe préludant
    La fin de ma prise de tête que la température enflamme.

    Dans mon encéphale aquarium, un requin me tape sur le nerf
    De ma molaire justement partie jeudi après-midi.
    Ce n’est plus un planétarium mais l’océan imaginaire
    Où je me noie absurdement dans une trouble comédie.

    Si une sirène m’entend, qu’elle vienne me charmer de sa voix
    Et dévorer à pleine dent mon cœur imbibé d’un sang mièvre
    Heureux tout en l’alimentant de revêtir ses grands pavois
    Pour l’épouser en quémandant de me réveiller de ma fièvre.

    Tableau de Victoria Nahum.

  • La chevelure de la sirène

    La salinité de la mer plaît aux écailles, pas aux cheveux ;
    Au fil des jours, au fil de l’eau, les belles coiffures s’emmêlent.
    Malgré le malt des algues amères et l’huile des poissons baveux,
    La chevelure part à vau-l’eau, tresses et mèches en pêle-mêle.

    Avant que l’eau ait déformé et abîmé sa dignité,
    Un traitement indispensable s’avère urgent pour la sirène.
    Il est temps de se transformer selon ses possibilités
    Grâce à sa queue convertissable en jambes dignes d’un port de reine.

    La queue se fend en tentacules qui se détachent peu à peu
    Délivrant deux jambes superbes qui seront très bien accueillies.
    Lentement dans le crépuscule, elle sent ses cheveux adipeux
    Revitalisés par les herbes et les fleurs fraîchement cueillies.

    Par les rayons directionnels d’un soleil régénérateur,
    Les cheveux d’un éclat nouveau se nourriront de sa lumière.
    Ce phénomène exceptionnel est l’un des signes révélateurs
    Lors d’une remise à niveau dont la sirène est coutumière.

    Tableaux de Jennifer Hrabota Lesser sur https:www.smarterartschool.comjennifer-hrabota-lesser-artist-profile.html .

  • Un monde tout feu tout flamme

    Un monde tout feu tout flamme

    Marie-Angèle-les-fesses-à-l’air et Joseph-fait-feu-de-tout-bois
    Ont comburé leur mariage tout feu tout flamme évidemment.
    Après leurs noces, ils s’en allèrent aux pôles où le soleil flamboie
    Quand vient minuit car à leur âge ne dorment jamais les amants.

    Du coup la banquise a fondu et la terre a rompu la glace
    Et les quatre éléments ensemble ont festoyé durant six jours.
    Alors le ciel a répondu à leurs souhaits et, à la place
    De vains cadeaux qui se ressemblent, a donné fruits à leurs amours.

    Adam est sorti de la glaise et Ève d’une fleur de lotus.
    Tous deux sont donc nés dans la boue crottés et tout dégoulinants.
    Pour se laver, à Dieu ne plaise, ils ont abusé d’une astuce
    Qui consiste à se mettre debout sous un orage incontinent.

    Ainsi Dieu a créé le monde par l’intermédiaire de deux anges
    Qui ont créé l’humanité au préservatif imparfait.
    Comme il aurait été immonde de procéder à un échange,
    Reconnaissant l’inanité de l’homme alors Il n’a rien fait.

    Tableau de Jane Graverol sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com202404jane-graverol.html .

  • Chimères de l’ouest et du pays levant

    D’abord la reine des abeilles n’est pas du tout celle qu’on croit ;
    Elle est si grosse et adipeuse qu’elle éprouve du mal à voler.
    Venue du pays des merveilles, elle a fait son chemin de croix
    Pour, durant des noces pulpeuses, d’avec un bourdon convoler.

    Mais la ruche est si minuscule que le couple a dû émigrer
    Vers ces pays démesurés aux perspectives incomparables.
    Les Américains se bousculent pour l’animal au pédigrée
    Qui donne un miel bleu-azuré meilleur que le sirop d’érable.

    Enfin le dragon des légendes s’il est bien animal volant
    Ne se rapporte pas aux reptiles mais bien à l’ornithologie.
    On en a fait la propagande en tant que monstres batifolant,
    Crachant un feu de projectiles vantés par la mythologie.

    Hélas l’espèce est disparue suite aux retombées atomiques
    Dont les champignons vénéneux leur ont carbonisé les ailes.
    Dans les mangas sont apparus depuis leurs épopées comiques
    Dont les récits faramineux font preuve d’un manque de zèle.

    Tableaux de Władimir Golub sur https:bialczynski.pl20140708bialoruska-wizja-slowianskiej-baji-wladimir-golub .

  • Pietra Paonne

    Un paon-licorne télépathe en tant qu’animal domestique
    Rendait Pietra particulière en tant que voisine d’en face.
    L’oiseau lui enfonçait les pattes et ses griffes agonistiques
    Taillées de façon singulière connue des plus fameux rapaces.

    L’était aussi un peu hippie et les lundis, jours de lessive,
    Elle déambulait torse nu n’ayant qu’un pull à son trousseau
    Que, sous l’auvent de son tipi le soir, elle étendait lascive
    Avec ses fringues biscornues rincées à même le ruisseau.

    Le paon-licorne faisait la roue lorsque quiconque s’approchait
    Et criait des « Léon ! Léon ! » pour signaler le malotru
    Qui devait prendre garde au courroux de l’animal qui décochait
    Ses coups comme les chiens d’Actéon lorsque déguerpissait l’intrus.

    Depuis le départ de Pietra et son animal agaçant,
    Il ne reste de sa roulotte qu’un tapis de feuilles jaunies ;
    Son paon-licorne ne commettra plus d’infraction sur les passants ;
    J’ai appris par une hulotte qu’elle vivrait en Amazonie.

    Tableau de Paolo Barbieri.

  • La féminité sacrée végétale

    Sans doute l’homme descend du singe qui lui-même descendrait de l’arbre ;
    Pourtant force est de constater que sa partenaire y remonte.
    Pourquoi se casser les méninges par des laïus et des palabres
    Alors qu’il suffit de tâter l’écorce des forêts du monde ?

    Sans doute la femme de Loth, transformée en statue de sel,
    A initié le processus aux eaux d’orages substantiels
    Et par le fond de sa culotte comme terreau universel ;
    Un printemps, dans ce collapsus, aurait hâté son potentiel.

    Sans doute les femmes d’aujourd’hui, toujours branchées sur la nature,
    Ressentent un besoin salutaire de retourner au végétal.
    Chamanes et sorcières ont produit, de bouche à oreille mature,
    Tous les rites élémentaires de l’art sacré pariétal.

    Sans doute l’homme revient à la terre car il n’est en fait que poussière
    Et la femme repart d’une sève féminine de messianité.
    J’en vois tous les jours ses mystères, en traces plus ou moins grossières,
    Qui forment comme une nouvelle Ève prête à nourrir l’humanité.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Ruby & Lino – 4

    Ruby & Lino - 4

    En négatif, Lino est blanc et Ruby apparaît plus noire ;
    Bonne nouvelle cependant, Ruby enfin s’est mise au vert.
    Si lui est noir sans faux-semblants, elle aménage sa tour d’ivoire
    Avec des tableaux cependant accrochés un peu de travers.

    Ruby peint ses murs en couleurs selon l’esprit de la maison ;
    La cuisine orange citrouille, le salon teinte menthe-à-l’eau.
    La chambre lave ses douleurs qui changent selon les saisons
    Et ses bleus de l’âme dérouillent d’un arc-en-ciel dans un halo.

    Je lui ai rangé sa cuisine sous l’œil du matou suspicieux
    Dont j’avais placé les croquettes sur la toute dernière étagère.
    Je l’aide un peu, c’est une cousine d’un mariage judicieux
    Qui justifie que j’étiquette les bocaux de la ménagère.

    Tableau de Fabien Clesse.

  • L’univers et moi

    On dit qu’Il est illimité, en perpétuelle expansion ;
    Qui nous dépasse par sa divine incommensurabilité
    Aux principes sans cesse imités par des savants en suspension
    Dans l’obéissance chauvine à leur science limitée.

    Et moi, je ris car je le sais ; cet univers est diffracté
    Pour moi, son pauvre observateur coincé dans son petit bocal.
    La lumière m’en livre l’accès mais celle-ci si contractée
    Qu’un schéma simplificateur conviendrait mieux à mon local.

    Il faudrait plus que la lumière, plus que du cœur, plus que de l’âme,
    Plus que cinq sens qui le réduisent à l’espace-temps infini.
    Il n’y a de vérité première que celle qui tombe comme une lame,
    Qui croit, culmine et s’amenuise dans la vie qui nous réunit.

    Collages numériques de Valentin Pavageau.

  • Ruby & Lino – 3

    Ruby & Lino - 3

    Elle ne sait pas se décider ; trier, choisir ou renoncer
    Quant au chat c’est tout le contraire, il faut le dire à son endroit :
    Conformément aux félidés, dès qu’une souris est annoncée,
    Il bondit céans pour soustraire toute alternative à sa proie.

    Alors Ruby s’est fabriqué un couvre-chef animalier
    Où Lino pose en sentinelle pour mieux guetter les meilleurs choix.
    Quand le dilemme est étriqué, il se montre assez cavalier ;
    En cas d’option exceptionnelle, des à-coups de queue lui échoient.

    Car la transmission de pensées entre l’humaine et le félin
    Se révèle assez pertinente grâce à sa queue bien intrusive.
    Lino sera récompensé s’il sait se montrer plus malin
    Et Ruby plus déterminante que jamais sera décisive.

    Tableau de Kelly Vivanco sur http:www.kellyvivanco.comindex.php?section=paintings .

  • Date de péremption ?

    Les jeunes cochonnes affinées pour leurs rondeurs appétissantes
    Se plaisaient à se faire dorer la couenne et leurs parties intimes.
    Les vieilles pies, paraffinées sous une morale abrutissante,
    Ne semblaient ni les adorer ni les porter dans leur estime.

    Version chrétienne
    Aujourd’hui les vieilles cochonnes continuent à se dénuder
    Tandis que de jeunes pies modernes les jugent comme offense à la Croix.
    Moi, je les aime et les bichonne car elles ont très tôt préludé
    À ce que les vieilles badernes ne soient pas celles que l’on croit.

    Version musulmane
    Aujourd’hui les vieilles cochonnes continuent à se dénuder
    Tandis que de jeunes pies modernes les jugent comme offense au Croissant.
    Moi, je les aime et les bichonne car elles ont très tôt préludé
    À ce que les vieilles badernes restent en nombre décroissant.

    Illustrations de Rudi Hurzlmeier.

  • Sirènes & Lune

    Sirènes & Lune

    Ce soir, sous la Lune sereine, allons observer les sirènes
    Qui voleront au firmament afin de devenir mamans.
    Le saviez-vous ? La Lune féconde lorsqu’elle est rousse et rubiconde
    Les sirènes qui veulent un enfant même si leur mère le leur défend.

    Sauf que ce soir la Lune montre juste un croissant à leur rencontre
    Et les belles sirènes fessues vont juste aller s’asseoir dessus.
    Sans doute est-ce une préparation à la prochaine fécondation ?
    Sans doute est-ce pour accueillir les anges qui vont les cueillir ?

    C’est d’une poussière d’étoiles dont les jeunes vierges se voilent ;
    Une semence que l’univers a fructifié tout l’hiver
    Conçue depuis la nuit des temps et sacrée durant le printemps
    Dont les sirènes durant l’été seront ointes de Voie Lactée.

    Illustration de June Leeloo sur https:havengallery.comportfoliojune-leeloo-imaginarium .

  • Adieu juin, bonjour juillet

    Adieu juin, bonjour juillet

    Tous les soirs le docteur du temps relève la température
    De notre Soleil moribond qui s’est sclérosé les rayons.
    « C’est typique du débutant ! » nous dit le médecin mature ;
    « Il a subi un faux-rebond en revenant du réveillon ! »

    Pour éclairer notre lanterne, le docteur nous a raconté
    Que le Soleil est bien malade d’une cuite de mort-subite ;
    Avec cette vieille baderne de Saturne, ils ont remonté
    La Voie Lactée d’une escalade à s’en faire péter les orbites.

    Et depuis qu’il est alité, le printemps malgré ses efforts
    N’a pas réussi le miracle du renouveau habituel.
    Et c’est terrible car l’été n’aura même pas le renfort
    De la canicule et renâcle à accomplir son rituel.

    Illustration de June Leeloo sur https:havengallery.comportfoliojune-leeloo-imaginarium .

  • Vénus en terre en eau en air et en cendres

    Au commencement, Vénus en Terre sème l’amour sur la planète
    Et puis elle attend patiemment tout une aube d’éternité.
    Le crépuscule est solitaire, la Lune tout encore brunette ;
    La Reine de nuit vaillamment assure sa maternité.

    Au deuxième acte, Vénus en eau déclenche la germination
    Et puis elle attend que ça pousse tout un printemps, tout un été.
    Le soleil, de tous ses fanaux, poursuit son insémination
    Et viennent les premières mousses, flore, faune et humanité.

    Au troisième acte, Vénus en air souffle l’esprit de l’aventure
    Et puis elle attend que l’amour soit le moteur prêt-à-semer.
    Les jeunes étoiles millénaires parrainent la Terre mature
    À s’éveiller au petit jour, s’épanouir, croître et aimer.

    Mais ne vous laissez pas surprendre, Vénus en feu et puis en cendre ;
    Vénus n’est pas morte, elle dort pour demain encore renaître.
    La règle est facile à comprendre, pareille de janvier à décembre.
    Appartiennent à ce cycle d’or ceux qui voudront s’y reconnaître.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Mon voyage impressionniste

    J’ai toujours su, au cœur du mal, découvrir le bien et l’extraire
    Pour, sur le tableau de mes rêves, distiller toute sa valeur.
    Sans doute un instinct animal qui guide mes yeux qui vont traire,
    Au mal-en-pis, la goutte brève qui suinte au milieu du malheur.

    J’étais là comme un petit prince avec tous mes petits trésors
    Dans ma minuscule existence où s’accumulait la rancœur
    Dont j’en avais les dents qui grincent au point de prendre mon essor
    Pour rechercher une substance qui me libèrerait le cœur.

    Lorsque la vie m’a affrété son train de rêves-en-devenir,
    J’ai rassemblé le monde entier dans mon portfolio de fortune.
    Je ne me suis pas arrêté à larguer tous mes souvenirs
    Mais j’ai commencé le chantier de mes créations opportunes.

    Tableaux de Moghaddam Karimi sur https:press4ward.wordpress.com20220302van-gogh-cartoons .

  • Traire la licorne

    Si l’art de peigner la girafe semble une tâche fastidieuse
    Et si pisser dans un violon paraît tout aussi inutile,
    Gageons que ceux qui nous paraphent des ordonnances prestigieuses
    Sont tout autant, dans les salons de l’Élysée, vains et futiles.

    Comme ça dépassait les bornes et pensant qu’je m’étais gouré,
    Je m’y suis introduit pour voir comment Marianne perdait son temps.
    Je l’ai vue traire une licorne toute nue sur son tabouret
    Or l’animal, sans le savoir, n’avait pas l’air d’être content.

    Car la licorne était un mâle – un peu efféminé, c’est vrai –
    Qui trouvait la masturbation faite par une femme, rébarbative
    Car, sous des conditions normales, ce rôle délicat s’ensuivrait
    Plutôt d’une dérogation présidentielle copulative.

    J’ai interrogé Marianne et la licorne m’a confirmé
    Que, depuis les européennes, rien ne va plus à l’Élysée.
    Manu passe du coq à l’âne et chaque jour il vient affirmer
    Ses offensives manichéennes en plein journal télévisé.

    Illustration de Tomi Ungerer.

  • Cauchemarrant

    Cauchemarrant

    Monstres marins, monstres marrants, cyclopes et horribles chimères
    Viennent agiter l’actualité dans mes rêves impressionnistes.
    Des rêves plutôt cauchemardant qui font une synthèse amère
    De la télé-réalité des Russes, Ukrainiens et sionistes.

    Et je rêve du gouvernement qui fait ses lois à tour de bras,
    Je songe au roi cyclopéen qui ne voit que ses intérêts ;
    Je cauchemarde du parlement qui, par un abracadabra,
    Trompe tous les européens par leurs propos invétérés.

    Les politiciennes, de leurs voix de sirène, savent ensorceler
    Les moutons qu’on ne peut compter car on s’endort sous leurs promesses.
    Pas de recours ni de pourvoi envers ces rêves morcelés
    De tous les ragots escomptés lors des sommets et des grand-messes.

    La Reine Matrone aux dents longues m’a poursuivi toute la nuit
    Avec son macaron brodé d’un drapeau de guerre violet.
    Sa harpie, à la tête oblongue, baragouinant en rapanui
    D’un quarante-neuftrois corrodé a essayé de me violer.

    Heureusement l’aurore efface ces vilains rêves sur mes draps
    Trempés de ma transpiration souillée des nouvelles du monde.
    Alors la machine lavasse, après le séchoir, il me faudra
    Vérifier l’expiration de chaque salissure immonde.

    Illustration de Mark Schultz.

  • Amazones dans le brouillard du matin

    Amazones dans le brouillard du matin

    Contrairement aux noctambules qui rentrent à l’aurore chez eux,
    Je suis resté dans les faubourgs cherchant la rue Saint-Honoré.
    Soudainement sans préambule dans le quartier des gens taiseux
    Bordant le parc du Luxembourg, je fus alors déshonoré.

    Toute une tribu d’amazones rentrant de l’Opéra Garnier
    Jetèrent sur moi leur dévolu en me déchirant la chemise.
    Comme j’étais hors de la zone de portée de voix des jardiniers
    Leurs lances à fer non émoulu m’ont pris en victime soumise.

    Elles m’ont obligé une à une à satisfaire leur libido,
    À les écouter chanter faux et boire leurs filtres magiques.
    Après m’avoir tout infligé, elles m’ont tatoué sur le dos :
    « Homme charmant, bien comme il faut, du point de vue gynécologique. »

    Tableau de Morton Künstler.

  • Sirènes dans le brouillard du matin

    « Il est cinq heures, Paris s’éveille ; c’est l’heure où je vais me coucher ! »
    Chantait Dutronc qui avait tort car s’il avait juste attendu
    Une heure ou deux, quelques merveilles sur lesquelles on aime loucher,
    Chevauchant licornes et centaures, seraient venues, le sein tendu.

    Le sein tendu, les amazones, moitié femme et moitié sirène
    – Ce qui fait un quart de poisson et trois quarts de femme fatale –
    Venaient ouïr sur plusieurs zones et notamment cirques et arènes,
    Cabarets et lieux de boissons, les chants de leur ville natale.

    Précisément à l’Opéra, chantait la Diva des divas ;
    Arabelle la belle andalouse qui se produisait ce mardi.
    Dommage pour Jacques qui ne pourra jamais adresser ses vivats
    À celle qui aurait rendue jalouse les amies de Françoise Hardy. †

    (Tableau de Dags Vidulejs.
    † Toutes mes condoléances, j’avais écrit ce texte prémonitoire le 27 mai.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Le chaudron de Mélusine

    Le chaudron de Mélusine

    Les temps sont durs pour les sorcières et souvent elles font la manche
    Au coin des chemins de traverse, dans les clairières ou les fourrés.
    Pour une collecte bénéficiaire, elles n’hésitent pas le dimanche,
    Malgré toutes les controverses, à quêter nues dans les forêts.

    Ainsi j’ai croisé Mélusine assise près de son chaudron
    Proposant d’user quelques charmes contre quelques pièces d’argent.
    Dans le bois derrière l’usine, elle espérait un escadron
    De voleurs ou bien de gendarmes, au pire en les départageant.

    Mais le dimanche, les voleurs sont plutôt sur les quais de gare
    Et les gendarmes sur les routes à apostropher les chauffards.
    Avec son air batifoleur qui me lorgnait sans crier gare,
    J’ai eu pitié de sa déroute qui m’avait donné le cafard.

    Je lui ai donné tous mes sous et j’ai vidé toute ma bourse ;
    Elle enleva son justaucorps et m’offrît sa chair en échange
    Que j’ai goûtée de tout mon saoul, le cœur battant à bout de course.
    Depuis j’en ai le diable au corps et la queue raide qui me démange.

    Envers les putes blennorragiques, je m’étais toujours soucié
    Mais je pensais qu’avec mes bourses, une sorcière conviendrait.
    Depuis, ma baguette magique agit comme baguette de sourcier
    Et me repère les bonnes sources de l’amour qui circonviendrait.

    Tableau de Stan Davis sur https:casepaga.blogs.sapo.ptnativos-americanos-a-pintura-de-stan-6214985 .

  • Les sondages

    Les sondages

    À chaque heure de la journée et même la nuit, s’il vous plaît,
    On me demande mon avis sur mon lot de consommation
    Car une fois faite la tournée de tout ce que j’ai contemplé
    Et que j’ai payé le devis, il leur faut ma confirmation.

    Trois fois par jour, je dis mon nom, mon adresse et mes mots de passe
    Et puis surtout je dois répondre au mail l’authentification.
    Parfois il faut répondre « non » car le « oui » mène à une impasse ;
    Jamais je ne peux correspondre la moindre modification.

    Un jour je quitterai facebook, Instagram, Dragons & Donjons ;
    J’abandonnerai Amazone, Netflix, Disney, Twitter, YouTube.
    Trop tard ! Je suis fait comme un bouc, un mouton dupé, un pigeon
    Qui a cru que le trou d’ozone n’était rien qu’un gros coup de pub.

    Illustration de Nicole Claveloux.

  • Les douze, treize, quatorze « moi » et plus

    Les douze, treize, quatorze « moi » et plus

    Quand sonne la cacophonie parmi les douze ou treize « moi »,
    C’est que j’ai dépassé le nombre qui délimite l’harmonie
    Car règne alors l’hégémonie d’un petit groupe au fil des mois
    Qui se développe dans l’ombre et qui ourdit la félonie.

    Qui suis-je à un moment donné ? Je ne sais plus ; tout a changé !
    Un nouveau réseau s’est formé parmi les « moi » supplémentaires.
    Je dois alors me pardonner car je ne suis pas étranger
    À ma conscience déformée par tous mes actes volontaires.

    Ainsi nous sommes donc légion ; une bande de fous déchaînés
    Que je dois moi-même orchestrer pour m’éviter l’aliénation.
    Heureusement, sans religion, j’ai évité de m’enchaîner
    À une destinée séquestrée par la divine abnégation.

    L’évolution, c’est accepter de toujours remettre en question
    Ses valeurs qui ont évolué vers des objectifs transformés.
    Je dois sans cesse intercepter le « moi » en cours dans sa gestion,
    Peser, admettre et évaluer mon nouvel ego réformé.

    Tableau de Nicole Claveloux.

  • Les douze « moi »

    Les douze « moi »

    Un seul « moi » n’est pas suffisant ; Dieu m’en a attribué douze.
    J’ai le premier à ma naissance et je dois conquérir les autres.
    Le deuxième est valorisant ; je le trouve avec mon épouse
    Qui me renvoie sa connaissance qui fusionne et devient la nôtre.

    Le troisième arrive en s’aimant et en semant de beaux enfants ;
    Le quatrième en construisant un foyer pour sa maisonnée
    Ainsi de suite en essaimant, en bouturant et en greffant
    Des sentiments électrisants sur des folies irraisonnées.

    Quand j’aurai enfin remporté le douzième signe du « moi »
    Je ne serai plus simple pion car j’aurai le titre de roireine.
    Reste à savoir qui supporter qui aura le titre de reineroi
    À moins qu’il ne soit mon champion et que je lui tire les rênes.

    Tableau de Nicole Claveloux.

  • Pression dans les ovaires

    Pression dans les ovaires

    Des millions d’ovules environ développés à la naissance,
    Il n’en reste que cinq cent mille disponibles à la puberté.
    Imaginez-les tous en rond, portés à votre connaissance
    Pour que votre esprit assimile la fin de votre liberté…

    Heureusement ils se présentent seulement un par un chaque mois.
    Mais quel désordre dans les hormones avec toutes ces sautes d’humeur !
    Imaginez l’omniprésente pression de mille et un émois
    Qui tous en même temps marmonnent l’envie d’en avoir la primeur.

    Ça doit batailler dans l’ovaire pour décider de la championne
    Qui va pouvoir participer au grand challenge de la vie !
    Et puis quel terrible calvaire d’attendre l’ADN sereine
    Du grand vainqueur prototypé qui comparaît en vis-a-vis !

    Illustration Nicole Claveloux.

  • La côte du tendre

    La côte du tendre

    Quand un bras de terre masculin pénètre la mer féminine,
    Remous et tourbillons se forment sous les va-et-vient du courant.
    Vagues sur écueils cristallins en font ressortir les canines
    Qui ensanglantent et puis déforment le contour des rochers mourant.

    Mourant de la petite mort dont les bras de mer féminins
    Salent les terres encore vierges et qui de l’amour connaîtront
    L’extase d’un vent matamore qui rugit son flux léonin
    Comme semence d’où émergent ses prochains enfants qui naîtront.

    Tableau de Cara Sanders Aka – Owlet Art.

  • L’école des vestales

    On sélectionne les meilleurs mecs allumeurs de réverbères
    Parmi les gars les plus brillants de leur année de promotion.
    Mais pour l’élite des veilleurs du feu sacré, on délibère
    Avec les filles en les triant selon leurs jolies proportions.

    Les hanches se doivent d’être larges afin que le creux du foyer
    Puisse perpétuer un feu au cul qui ne s’éteindra pas.
    On laisse aussi beaucoup de marge à la poitrine déployée
    Qui assouvira tous les vœux du prêtre devant ces appas.

    Parmi elles, les plus canon sont réservées à Jupiter
    Pour qui un sacré feu de Dieu est spécialement dédié.
    On élimine les Manon- des-sources assez terre-à-terre
    Qui ont un effet insidieux et sont aussitôt radiées.

    Photo de Courtesy Rialto Pictures Studiocanal.

  • Les yeux plus gros que le bide

    Les yeux plus gros que le bide

    Si les yeux plus gros que le ventre entraînent une boulimie,
    Des yeux bien plus grands que le vide me feront m’envoyer en l’air.
    Comme quoi la carte du tendre est une subtile alchimie
    D’une gloutonnerie avide de goûter à toutes les chairs.

    Eh bien pour les pensées frivoles, il en demeure toute autre chose ;
    Si l’envie dépasse le désir, gare à la mégalomanie !
    Moi, je ne pense plus. Je vole ! Je suis en pleine métamorphose
    Et je prends un malin plaisir à rêver de mythomanie.

    J’ai les vers plus gros que la plume qui doit éjaculer son encre
    Sur une page qui n’était vierge que dans l’espace d’un instant.
    Mes envies prennent du volume et les plus dévergondées s’ancrent
    Comme feraient dix-mille cierges d’un feu de dieu inconsistant.

    Illustration de Mordillo.