Catégorie : 2024

  • Le cercle circonscrit à la femme

    Le cercle circonscrit à la femme

    Tout est circonscrit chez la femme dans le cercle de ses amis ;
    La main qui caresse les seins, la bouche qui s’ouvre en cul-de-poule
    Afin de fournir à Madame par respect à son académie
    L’organe idoine à son bassin qui jusqu’au cœur la tourneboule.

    On peut, dans un grand lit carré, lui fourrer son triangle inscrit
    Par des va-et-vient consacrés à lui dérider les sinus
    Si elle a été préparée aux préliminaires prescrits
    Par trigonométrie sacrée, cunilingus et cosinus.

    La femme est circonscrite à l’homme ; la relation est réflexive,
    Symétrique et même transitive à d’autres femmes parallèles
    Dont les routes à l’instar de Rome auront des dérives successives
    Afin que les meufs sensitives en aucun cas ne s’interpellent.

    Tableau de David Gray.

  • Prototypes Eva I & II

    La genèse aurait deux versions ; l’une publique, l’autre cachée
    Selon qu’Ève ait été séduite ou aurait vaincu le serpent.
    Mais l’homme a eu en aversion de voir son image attachée
    À sa contribution réduite à n’être qu’un participant.

    L’autre version, intéressante, montrait une Ève née d’une côte
    Qui lui aurait donné des pattes en guise de jambes adéquates
    Mais au final, reconnaissante envers ses membres de cocotte,
    Et méfiante envers le sociopathe qui enfin l’aurait rendue coite.

    La première Ève, assez naïve, assumera éternellement
    D’avoir trahi et convaincu l’homme de se laisser corrompre.
    La deuxième Ève, plus intuitive, serait plus maternellement
    Puissante au point d’avoir vaincu le piège qu’on ne pouvait rompre.

    Qui donc a choisi la première version plutôt que la deuxième ?
    Sans doute un ange phallocrate embarrassé d’ordres accablants.
    Désormais toute la lumière étant faite sur l’anathème,
    Dieu n’est donc pas très démocrate et tout est cousu de fil blanc.

    Tableaux de Gabriel Grün sur https:elhurgador.blogspot.com201602gabriel-grun-pintura.html .

  • De l’autre côté du miroir

    De l’autre côté du miroir

    J’en ai rêvé, j’ai traversé et j’ai vu derrière le tain
    Du miroir qui ne renvoyait qu’un faux reflet de ma personne !
    Je dois le dire, j’en ai versé des larmes avant d’avoir atteint
    L’autre côté qui s’employait à ce que je me désarçonne.

    Mais je n’me suis pas laissé faire ; en effet, je suis ambidextre,
    J’inverse la droite et la gauche depuis, je crois, l’adolescence.
    Au commencement, quelle affaire de savoir où faire apparaître
    Moi et mon double qui se chevauchent dans deux mondes en coalescence !

    La première fois, on s’est croisés, chacun dans le monde de l’autre ;
    La deuxième fois, on s’est trouvé ensemble, oui mais tête-bêche.
    Puis nous avons apprivoisé ce sas qui est désormais nôtre
    Et nous l’avons tant éprouvé qu’il ne nous parait plus revêche.

    Alors dans l’envers du décor, la république est un royaume
    Où le président est un roi et moi son fou, fin diplomate.
    Mon autre moi fait corps à corps avec la reine polychrome
    Qui rougit d’un tel désarroi quand je leur fais « échec et mat ! ».

    Illustration de Nicole Claveloux.

  • La maison bleue accrochée à la colline

    Je l’ai retrouvée par hasard la légendaire maison bleue
    Et, comme il n’y a pas de lézard, j’en ai même découvert deux.
    L’une accrochée à la montagne, un peu plus grande qu’une colline ;
    L’autre bâtie en pleine campagne, parmi les lavandes violines.

    Mais curieusement le même arbre officiait comme un gardien
    Semblant vouloir rester de marbre devant le cycle circadien
    Or il ne connaît aucune ombre à quelque heure de la journée
    Et cela quel que soit le nombre de degrés du feu retourné.

    Si le soleil tapait si fort au zénith en pleine lumière,
    L’arbre ne faisait aucun effort pour en protéger les chaumières.
    Voulant en avoir le cœur net, j’ai visité chaque maison
    En donnant trois coups de sonnette pour je ne sais quelle raison.

    Mais ces maisons inhabitées garderont longtemps leurs secrets
    Car une fonctionnalité les rendrait plus ou moins sacré.
    Elles étaient toutes les deux à vendre pour une somme fabuleuse
    Par un proprio dont le ventre avait la bourse globuleuse.

    Tableaux de Juan Brufal.

  • La vérité sort de la bouche des enfants

    La vérité sort de la bouche des enfants

    J’ai ouï dire que la vérité sort de la bouche des enfants
    Aussi crue qu’une femme nue dévêtue de tout protocole
    Car seule la sincérité qui jaillit en apostrophant
    L’interlocuteur est connue comme un pertinent cas d’école.

    Entre les garçons et les filles, la vérité est différente ;
    Sans doute la sexualité influe sur la véracité.
    Elle tombe comme un coup de faucille et elle devient belligérante
    Selon l’éventualité d’un désir de voracité.

    La vérité, comme le vent, apporte des désagréments ;
    Elle secoue, elle dévoile ce qui n’était que présumé.
    Si rumeur au soleil levant provoque maints égarements,
    La vérité sous les étoiles la fait disparaître en fumée.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • L’âme en sommeil, l’âme en éveil

    L’âme en sommeil, donc irréelle, n’a pour nous aucune substance ;
    La vie avant la vie échappe aux lois de la philosophie.
    Où donc se cache la surréelle forme de vie sans consistance ?
    Accomplit-elle plusieurs étapes aux lois de la théosophie ?

    L’âme en réserve dans les greniers de la grande ferme de Dieu
    En attendant d’être semée par un ange inséminateur ;
    Mais voici qu’un esprit pionnier s’empare du grain radieux,
    Le plante en terre de l’aimée de son mari germinateur.

    Rien n’a changé sinon l’éveil mais l’âme est encore en sommeil ;
    La vie du début de la vie est végétale et animale.
    Il faudra mille-et-un réveils consécutifs sous le soleil
    Pour l’animer sur le parvis par touches infinitésimales.

    Des milliers de soleils couchant illustreront son épopée
    Et des milliers de pleines lunes illumineront son aura.
    Apprentissages effarouchant, amours sans cesse développées
    Lui amasseront la fortune qui enrichit son mentorat.

    Tableau de Ivo Saliger.

  • Les trois soleils de Lucie

    Les trois soleils de Lucie

    Deux soleils bleus, un soleil d’or, voilà le trésor de Lucie
    Qu’elle transporte, qu’elle projette aux quatre horizons de la Terre.
    Lorsqu’un paysage s’endort, elle envoie avec minutie
    Les passions dont elle est sujette et leurs délices complémentaires.

    Deux soleils verts à l’heure bleue, deux soleils rouges au crépuscule ;
    Les yeux de Lucie s’endimanchent selon les nuances du temps.
    Sur bord de mer, des yeux sableux imprègnent sur la pellicule
    Des contours sur une plage blanche qui esquissent un jour débutant.

    Lucie a l’œil psychédélique qui voit ce qu’il veut sublimer,
    Qui crée de nouvelles couleurs sur de jeunes ciels cérulescents.
    Peut-être un peu machiavélique, qui irait jusqu’à élimer
    Pour éliminer ses douleurs dans des soleils opalescents.

    Gribouillage de Fabienne Barbier au téléphone.

  • Une existence bizarre

    Une existence bizarre

    Juste un soleil crevant le ciel, une lune perçant la nuit,
    Un horizon délimité et moi au milieu de tout ça.
    Et dans l’univers substantiel, ce qui me plaît, ce qui me nuit,
    Et qui fait l’équanimité d’une existence couci-couça.

    Ma vie est une chansonnette avec des refrains pour repères,
    Avec des accords harmonieux, des diminués, des augmentés.
    Et moi simple marionnette, née de ma mère et de mon père
    Et dont les fils acrimonieux m’emportent dans un bal tourmenté.

    Si la vie ne tient qu’à un fil, je m’y suis souvent accroché
    Et j’en vante la qualité car je n’ai pas su le couper.
    Il dessine ainsi mon profil vers la voie la plus rapprochée
    Du nœud de la mortalité que je suppose entourloupé.

    Tableau de Tsunemasa Takahashi.

  • Trois couleurs : matin, midi et soir

    Au matin, Madame ma Mère, était orange de stupeur
    En découvrant son rejeton aux yeux de biche effarouchée.
    Mais hélas sa laitance amère m’éveilla toutes sortes de peurs
    Envers les seins et leurs tétons qui, à ce jour, me font loucher.

    À Midi, Madame mon épouse, était écarlate de désir
    Pour offrir sa terre fertile à mon envie germinatrice.
    J’ai dû cultiver sa pelouse et son jardin de mon plaisir
    Qu’elle savait rendre érectile par ses ardeurs fornicatrices.

    Le soir, Mademoiselle ma fille, était spontanément violette ;
    Elle était le soleil couchant qui crée des rêves les plus bénins
    Aux songes merveilleux qui vacillent entre l’enfance à la volette
    Et l’adolescence débouchant sur mon éternel féminin.

    Tableaux de Nadia Waheed sur http:nadiawaheed.com2023627n4cfe7dcab2d8w5o31e72aeooz7c18http:nadiawaheed.com2023627n4cfe7dcab2d8w5o31e72aeooz7c18 .

  • La vie tranquille

    Entre hétéros, on vit tranquille malgré nos sexes compatibles
    Qui nous ont séparés en deux selon une pruderie immonde ;
    Vestiaire garçon, vestiaire fille, démarcation irréductible,
    Mais un parcours moins hasardeux pour mettre des enfants au monde.

    Entre hétéros, tout est mystère au moment de l’adolescence ;
    On joue avec nos instruments – le con sert tôt en sol mineur.
    On se découvre, on sait se taire pour souvent se voir en l’absence
    Des parents qui jugent crûment qu’on est de trop jeunes butineurs.

    Entre hétéros, les habitudes plaisent à Monsieur moins à Madame
    Qui pour changer de la routine cherchera d’autres aventures ;
    Monsieur trompera sa lassitude avec échecs et jeux de dames
    Car pour les amours clandestines, chacun ménage sa monture.

    Illustrations de Fanny Blanc sur http:www.fannyblanc.comindex.phpdessinsla-vie-tranquille .

  • Cygne extérieur de richesse

    Cygne extérieur de richesse

    Paradoxalement, qui annoncent rations et fin de l’abondance,
    Sont les mêmes qui chaque jour vivent aux frais de la princesse.
    Paradoxalement, qui renonce au luxe et à faire bombance
    Continuera – et pour toujours – à s’écarter de la richesse.

    La république insubmersible commence à faire eau de toutes parts ;
    Seuls les petits malins échappent au naufrage qui semble imminent.
    Et comme c’est irréversible, je m’attends à voir le départ
    Des rats qui, planqués sous la chape, quittent le navire éminent.

    Or serait-ce un signe des temps, Marianne nous mène en bateau
    Avec son capitaine à cran sur le pouvoir économique.
    Tant mieux car ce serait embêtant – pour ne pas dire plus « pataud » –
    Que celui qui crève les écrans ne se révèle tragi-comique.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Marianne de chêne

    Mariée durant les années folles sous la troisième république,
    Marianne, après quatre-vingts ans fêterait ses noces de chêne
    Dans une France qui batifole partout sur les places publiques
    Avec des airs s’improvisant sur des musiques qui se déchaînent.

    Mais voilà, il y a eu la guerre et des années d’occupation ;
    Puis après la libération, Marianne alors se remarie
    À la quatrième qui n’est guère de bien piètre réputation
    Par une prolifération de couacs et de charivaris.

    Mais aujourd’hui là coup est pleine et Marianne veut divorcer
    De son mari présomptueux, arrogant et outrecuidant.
    Elle a beau surveiller la plaine… personne ne veut s’efforcer
    À renverser l’impétueux tyran qui est notre président !

    Carte de vœux de Marie Lebec réalisée par Janina Rossiter sur http:janinarossiter.comCommissionWork.html .

  • Tea Time at sea o’clock

    Tea Time at sea o’clock

    At sea o’clock, tout l’monde s’arrête, poissons, mollusques et méduses
    Voici venue l’heure de bonté à savourer dans les abysses.
    Alors on se détend l’arête et l’on commande à la cambuse
    Un vers imbibé de bon thé que l’on trempe dans du pain bis.

    Bien sûr, la sirène parade sur deux jambes chaussées de bottes ;
    En fait une illusion optique par la lumière ballotée.
    Tout le monde est bon camarade et les monstres marins barbotent
    En cet instant catalytique produit par l’eau dopée au thé.

    Assise comme une londonienne, minijupe et coiffe excentrique,
    Elle attend son triton charmant, vêtu d’un kilt kitch écossais.
    Heureusement, calédonienne à l’œil très colorimétrique,
    Elle repère son amant lorsque les poissons écossés.

    Illustration de John Alcorn.

  • La vlie à dleux

    La vlie à dleux

    La vlie à dleux, c’lest plas flacile sul la telle comme dans l’eau ;
    Palfois il faut polter un masque mais ça limite les blaisers.
    Et même en me montrant gracile, affable comme un angelot
    Si je devais porter un casque, l’amour en serait malaisé.

    Aimer une femme poisson et vivre dans son élément,
    Demande plus qu’une adaptation pour se plonger dans son milieu,
    Mettre de l’eau dans ma boisson et parler simultanément
    Sa langue avec ostentation sans me montrer trop sourcilleux.

    Si un appareillage idoine un de ce quatre jours m’échoie,
    Jamais je ne ressemblerai à un habitant des abysses.
    Si l’habit ne fait pas le moine, je n’ai hélas pas d’autre choix :
    Demain je me transformerai et que l’océan m’estourbisse !

    Tableau de Giulio Ingrosso.

  • La dame et l’élève

    La dame et l’élève

    Ainsi quand Dieu créa La Dame et puis lui donna son Élève,
    Les anges copistes comprirent tout de travers et, sur l’argile,
    Ils écrivirent alors qu’Adam fut procréé bien avant Ève ;
    Ce qu’alors tous les chrétiens prirent comme parole d’évangile.

    Quant au péché originel, entre la maîtresse et l’élève,
    Lequel fut amplement tenté par le fruit de la connaissance ?
    Ce secret de polichinelle qu’enfin aujourd’hui je révèle
    Risque alors de mécontenter les religions d’obsolescence.

    En fait, ça ne changera rien puisqu’aujourd’hui les genres changent,
    Que les hommes deviennent femmes devant leur Dieu abasourdi.
    C’est pourquoi le premier terrien n’aurait donc rien perdu au change
    Selon cette coquille infâme gravée par des anges étourdis.

    Tableau de Vladimir Golub.

  • Purge et récréation

    Purge et récréation

    Ce n’est pas par la tête que j’accouche des vers,
    Ce n’est que par le cœur que sortent mes enfants.
    Autrement je m’entête et fais tout de travers
    Et, même à contrecœur, mon corps me le défend.

    Mais aussitôt que j’ouvre mes veines et mes artères,
    Aussitôt que je lâche mes tripes et mes boyaux,
    Alors ce dont je souffre, mes démons délétères,
    Se vide et se relâche avec pulpe et noyaux.

    Alors du cœur léger et l’esprit grand ouvert
    Remonte comme une flamme mon être véritable.
    Je me sens protégé, nu et pourtant couvert
    Par l’aura de mon âme et sa source équitable.

    Tableau de Juan Carlos Verdial sur https:carlos-verdial.artelista.com .

  • La Vilaine Déesse

    Elle aurait plagié le Bon Dieu en créant l’homme à son image
    Sauf que la Vilaine Déesse a d’abord façonné la femme
    Puis après six jours insidieux, voulant sans doute se rendre hommage,
    Lui a adjoint pour ses prouesses un compagnon plutôt infâme.

    Car il avait trop d’appétit sexuel dont trop plein de vice
    Et le premier péché commis fut de ramoner son idole.
    Dès qu’ils eurent fait un petit, ils l’offrirent en sacrifice
    À la déesse qui le mît sur ses épaules comme une étole.

    Un cauchemar évidemment et la bible n’en parle pas
    Car la déesse repentie jura alors : « Plus jamais ça ! »
    Elle reprit avidement la création d’un autre pas
    Mais en prenant comme apprenti un Lucifer et vice-versa.

    Illustration de Michael Hutter sur https:www.enkil.org20080702michael-hutter-la-decadencia-del-ingenio .

  • Mon fidèle compagnon

    Mon fidèle compagnon

    Enfin un compagnon fidèle qui m’accueille dans la maison
    Lorsque je rentre du boulot et qui ne me fait pas la gueule !
    Il ne part pas à tire-d’aile et il ne perd pas la raison,
    Ni le cœur ni le ciboulot, pour un’ poule qui fait sa bégueule.

    C’est vrai ! Le seul inconvénient est de le sortir trois fois par jour
    Sinon il pisse sur les murs, sur le parquet et le balai.
    C’est vrai ! Il n’est pas ingéniant pour un sou et notre séjour
    A des effluves de saumure et aspire à être ravalé.

    Mais pour l’amour, quel Roméo quand le Soleil se carapate
    Et qu’il hurle à travers les plinthes à faire fuir un cul-de-jatte !
    Parfois il fait son rodéo en m’empoignant entre ses pattes
    Et en murmurant d’une plainte qu’il va me mordiller la chatte.

    Tableau de Giovanni Stecconi.

  • Le péril adulescent

    Certains fantasmes tiennent bon quant au péril adulescent
    Comme celui de dérober aux filles leurs petites culottes.
    Tous ces fanfarons furibonds, derrière ces vols recrudescents
    Qui se font à la dérobée, trouveraient la farce rigolote.

    Il faut courir en zigzaguant car les filles se sont armées
    Et tirent à coup de révolver sur les voleurs de lingerie
    Qui, dans des gestes extravagants, prennent leur pied, comme charmés
    D’être frappés d’un « game over » et mourir de leur pitrerie.

    Il paraît que, faute de slip, les filles n’ont rien sous leurs jupes
    Et qu’elles ne nagent qu’en soutif, faute de bikini complet.
    Mais aucune femme ne flippe, car pour autant elles ne sont pas dupes
    Et d’un réflexe consécutif se plaisent d’être ainsi contemplées.

    Tableau de Boris Vallejo.

  • La rose des vents d’amour

    La rose des vents d’amour

    En amour, le vent souffle vite ; en amour, le vent souffle fort ;
    Ainsi les cupidons en herbe doivent en apprendre l’essence.
    Portés par les vents, ils lévitent sur les courants non sans effort
    Pour décocher la flèche acerbe qui enflammera tous les sens.

    Amours du sud, amours du nord rencontrent des oppositions
    Dont un amour venu d’ouest fera vaciller les passions.
    Amours soufflantes, amours sonores lanceront des suppositions
    Qu’un Valentin, venu de l’est, tournera en émancipation.

    Mais qui donc contrôle les vents si ce n’est Vénus en personne
    Qui a obtenu les pouvoirs d’Éole qui n’est plus dans le vent ?
    Et si, dès le soleil levant, se lève un grain qui désarçonne,
    C’est l’amour qui vient promouvoir ses coups de foudre en pleuvant.

    Tableau de Catrin Welz-Stein sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2016031233502041.html .

  • Les phases de la Lune

    Les phases de la Lune

    Voici un joueur de flûteau mais qui ne charme aucun rongeur
    Hormis la Lune qui est sensible et qui lui obéit toujours.
    Les femmes également plutôt réceptives aux désirs songeurs
    Le suivent de manière ostensible dès qu’il arrive au petit jour.

    Elles sortent nues de leur couche et abandonnent leurs maris
    Pour offrir leur fécondité et leurs appas les plus glamours.
    Sitôt que le joueur embouche l’instrument, quel charivari !
    Les femmes d’une intensité maximale se pâment d’amour.

    Alors les maris en colère disent : « Ça ne peut plus durer !
    Ce fifrelin viole nos femmes et leur brise à jamais le cœur. »
    Alors le joueur impopulaire s’enfuit chez Monsieur le curé
    Qui lui troque sa flûte infâme pour charmer ses enfants de chœur.

    Tableau de Paul Delvaux.

  • Madame la Lune

    Madame la Lune

    Aujourd’hui, Madame la Lune, renouvelle sa garde-robe
    Et précisément ses chapeaux, des sombreros vertigineux.
    En cette période opportune, elle a même enlevé sa robe
    Puisqu’elle se cache fort à propos à nos regards libidineux.

    Quasiment nue derrière son voile – du moins le croit-elle, naïve,
    Voilà qu’un soleil à dessein l’éclaire de tous ses flambeaux.
    Tandis que son corps se dévoile, elle n’a comme seule alternative
    Que de dissimuler ses seins avec sa brassière en lambeaux.

    Voilà pourquoi, lorsqu’elle revient, elle n’expose qu’une interface,
    Puis une jambe, une hanche mais toujours en montrant son dos.
    Quant au soleil, elle le prévient : si jamais il montre sa face
    Il aura, ce prochain dimanche, une éclipse comme rideau.

    Tableau de Karol Bak.

  • L’ADN désassemblée

    L’ADN désassemblée

    En déroulant notre ADN, on ne sait pas trop quoi trouver
    À part les plans de confection de la plupart des protéines,
    Ainsi que la plupart des gènes aux caractères éprouvés
    Qui dirigent la conception de chaque héros, chaque héroïne.

    Si je désassemblais le mien, j’y retrouverais la nature
    De tous mes ancêtres communs depuis tout le règne animal.
    Du singe mésopotamien portant la même signature
    Qu’un loup, qu’un âne ou qu’un ours brun dans ce brin infinitésimal.

    Le futur n’étant pas écrit mais indiscernable à l’avance,
    Que ce démontage ne fasse que dérouler la nuit des temps !
    J’espère que mon dernier cri mettra mon code en connivence
    En espérant qu’il satisfasse un analyste plus compétent.

    Mon code infinitésimal contiendrait-il toute la vie
    Comme ces nombres irrationnels qui renferment l’univers entier ?
    Chaque plante et chaque animal pourraient lors s’estimer ravis
    Du défi générationnel dont la Nature est en chantier.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Cette Divine Nasse d’Âmes

    Cette Divine Nasse d’Âmes

    Les dieux ou les extra-terrestres – appelez-les comme vous voulez –
    Ont pris leur temps pour nous créer autant d’images que d’illusions.
    Certaines peintures rupestres montrent comment s’est déroulée
    La vie qui nous est agréée pour évoluer en cohésion.

    Depuis la Divine Nasse d’Âmes, sort une nouvelle entité
    Soufflée dans un nouveau fœtus auquel elle devra s’assortir ;
    Soit un beau mâle ou une dame, selon un plan commandité
    Qui devra faire preuve d’astuce pour réussir à s’en sortir.

    Après la mort, on récupère le fil de l’âme impressionnée
    Que l’on remet numéroté dans la Divine Nasse d’Âmes
    Laquelle d’après ces repères l’aura alors sélectionnée
    Pour recommencer à trotter parmi les milliards de quidams.

    Soit l’expérience réussit, soit elle échoue et on la jette ;
    Il paraît qu’il s’en est produit des instances incommensurables.
    C’est pourquoi avec minutie préservons notre âme sujette
    À obtenir le sauf-conduit vers un destin inespérable.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La vie, la mort et tout le reste…

    La vie, la mort et tout le reste, ça fait beaucoup pour un seul homme ;
    Pour une femme, c’est différent, ça fait de la conversation.
    Cela dit, ce serait plus digeste si les deux sexes en binôme
    Se partageaient au demeurant sans faire de tergiversation.

    La mort serait une femme noire, obscure, chaude, impénétrable ;
    Le corps resterait masculin car il s’agit de ma personne ;
    Le cœur, féminin c’est notoire, battrait pour des causes admirables ;
    L’esprit serait bien plus malin s’il n’était une fille-garçonne.

    Tout devient plus simple à présent pour avant et après la vie :
    Avant, c’est une jolie prêtresse qui m’offrait le sens de l’humour ;
    Puis à partir de mes treize ans, les femmes m’ont l’âme ravie ;
    Enfin ma dernière maîtresse m’emportera mourir d’amour.

    Tableaux de Nadia Waheed sur http:nadiawaheed.com2023627n4cfe7dcab2d8w5o31e72aeooz7c18http:nadiawaheed.com2023627n4cfe7dcab2d8w5o31e72aeooz7c18 .

  • La fille de Noé

    Non, ce n’est pas Arsinoé, Parsiphaé ou Salomé
    Mais bien la fille de Noé dont on connaît la renommée.
    Mais on ne sait rien de son nom – sans doute une erreur de genèse –
    Qui aurait eu peur du renom de celle qui en prenait à son aise.

    À son aise avec les mélanges, métissages et hybridation
    Au point que papa se dérange pour avoir une explication :
    « Ces chienpanzés, ces lapintades, ces serpaons et femmes-poissons,
    Il est temps que ces incartades cessent et toutes ces contrefaçons ! »

    Ainsi parla le patriarche contre la folie de sa fille
    Qui a failli créer dans l’arche des chimères de pacotille.
    Toutefois elle put, sereine, relâcher quelques spécimens
    Notamment une jolie sirène qu’elle aurait nommée Célimène.

    Tableaux de Patricia Traub.

  • La Vérité qui n’hésite pas à sortir du puits

    La Vérité qui n’hésite pas à sortir du puits

    En vérité, être à son compte, demande de se montrer nue ;
    D’abord un sein ragaillardi, puis une fesse vigoureuse
    Car la Vérité n’a pas honte d’exposer son corps ingénu
    Lorsqu’elle se sent assez hardie, voluptueuse et langoureuse.

    Lorsqu’elle s’avère assez tordue, la vérité éprouve du mal
    À nous convaincre que ses formes plaisent à notre crédulité.
    Lorsque sa vertu est perdue, son credo devient minimal
    Et la censure peu conforme à valider sa nudité.

    Avouons-le, toute vérité n’est pas si souvent bonne à dire ;
    Quand elle est trop crue – qui l’eut cru ? – elle a tendance à nous choquer.
    Elle aurait sans doute mérité de se couvrir et s’interdire
    De se laisser monter à cru sans selle pour nous provoquer.

    Si je voulais la vérité affichée au seuil des maisons,
    Si je voulais la voir inscrite sur votre nez ou votre front,
    J’éprouverais l’insécurité d’en reconnaître les raisons
    Qui dictent vos actions proscrites, vos manigances et vos affronts.

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  • La Vérité qui hésite à sortir du puits

    La Vérité qui hésite à sortir du puits

    La Vérité controversée hésite à sortir de son puits
    Tant le mensonge l’a revêtue d’habits pudiques mais trompeurs.
    Sans doute aurait-on trop versé dans l’eau de drôles de produits ;
    Produits de vente, revenus, surtaxes et impôts qui font peur.

    La Vérité, quoiqu’elle fasse, est accusée de complotisme ;
    La Vérité, quoiqu’elle montre, est une atteinte à la pudeur.
    Aussitôt qu’elle pointe sa face, on ne voit d’elle que nudisme
    Et, vite fait, on nous démontre, qu’elle est d’un naturel dupeur.

    Moi, je serais la vérité, oserais-je affronter le monde ?
    Je demanderais ce qui dérange de faire tomber tous les masques.
    Quelle serait la véracité de tous ces processus immondes
    Cachés sous les multiples franges des mensonges les plus fantasques ?

    Plus je cherche la vérité, plus je clame la vérité,
    Plus je promets la vérité, plus je fais de la politique,
    Moins j’aurai de véracité, moins j’aurai de sincérité
    Et j’aurai donc plus mérité de faire l’objet de critiques.

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  • Les mondes de la sirène

    La Terre est ronde, la mer aussi. Entre les pôles, c’est chasse-à-l’homme ;
    Les sirènes de tous azimuts pourchassent les marins revêches.
    On se dispute, on négocie pour se partager le royaume
    Et si nécessaire, on permute, les zones de chasse et de pêche.

    Par exemple dans la mer Baltique, les sirènes rousses à la queue grasse
    Mangent les matelots à la crème en dansant une sarabande.
    Celles d’Océan Atlantique, qui chantent et tuent avec grâce,
    Ne pratiquent aucun carême même si Dieu le leur demande.

    Mais un contre-exemple flagrant, dans la mer Méditerranée,
    Montre que les sirènes blanches, noires et jaunes cohabitent.
    Elles vivent en paix en intégrant ce vieil adage suranné
    Qui dit qu’au soleil du dimanche, les hommes préfèrent la mort subite.

    Tableau de Lindsay Bernard Hall.

  • Tempête dans un verre d’eau

    Tempête dans un verre d’eau

    Je ne sais si vendredi treize porte malheur comme on le dit ;
    Toujours est-il que catastrophes et inondations ont eu lieu.
    Les orages ont noyé la braise des barbecues du samedi ;
    Le dimanche étant limitrophe, l’eau a jailli en plein milieu.

    Dès le lundi, la coupe est pleine ; l’eau n’est pas prête à s’écouler.
    Toutes nos villes sont Venise et nos montagnes sont des îles.
    On ne sait plus où sont les plaines submergées sous les giboulées ;
    Ce qui évidemment galvanise les fous nageant hors des asiles.

    Mais les Lorelei sont ravies et ont invité les sirènes
    À déguster toutes ressources qu’elles ont trouvées dans le pays.
    De Bavière et de Moravie, toutes sont arrivées sereines
    Pour apprécier depuis leurs sources les liqueurs de nos abbayes.

    Tableau de Mike Worrall sur https:www.mikeworrall.comprints-available .

  • Le leurre originel

    Le leurre originel

    Et si ce n’était pas notre Ève, pauvre innocente à excuser,
    Qui aurait tenté notre Adam par le fruit de la connaissance ?
    Je crois plutôt que cela relève d’un autre qu’il faudrait accuser
    D’avoir leurré – c’est dégradant – le premier homme à sa naissance.

    Pour tromper le pauvre garçon, il aurait modelé l’appât
    Ressemblant comme deux gouttes d’eau, des pieds aux racines des cheveux,
    Mettant en guise d’hameçon une fausse Ève et de beaux appas
    Pour embobiner le lourdaud qui n’y aurait vu que du feu.

    S’il n’a pas remarqué la pomme qu’aurait reconnue le gugusse,
    C’est que l’impostrice l’a glissée dans sa chatte d’un air bêcheur.
    Puis elle a imploré son homme de lui faire un cunnilingus
    Et l’aurait donc ainsi hissé au rang du tout premier pêcheur.

    Tableau de John Tarahteeff sur https:www.nuartgallery.comartists37-john-tarahteeffworks .

  • Le pull en laine

    Le pull en laine

    Malgré ma myopie sévère, j’ai vu qu’elle avait mis mon pull ;
    Mon pull en pure laine vierge que m’avait tricoté ma mère.
    Sans doute que si je persévère à voir, sans le moindre scrupule,
    Que cette obsession me gamberge, j’aurai une réaction primaire.

    En effet, elle ne porte rien d’autre que ce fameux tricot
    Qu’elle promène dans mon atelier avec un regard offensé.
    Quant à moi, pauvre galérien, elle me court sur le haricot
    Tandis que je cherche à rallier l’inspiration dans mes pensées.

    Je cède à la facilité en lui dédiant quelques vers ;
    Faute de muse vertueuse, j’accepte la dévergondée.
    Finalement la nudité, le corps à peine recouvert
    D’une laine délictueuse, me tend sa graine à féconder.

    Tableau de Manuel Leonardi.

  • Le pissenlit à travers mes âges

    Le pissenlit à travers mes âges

    Sans doute l’enfant que j’étais a semé des milliers de graines
    En soufflant pour voir s’envoler ces parachutes dépliés.
    Sans doute ces pionniers jetés dans la brise qui les entraîne,
    S’en iront au loin convoler ensemble et se multiplier.

    Sans doute l’homme que je suis continue son rôle de passeur ;
    De passeur de germe et de grain à défaut d’âmes égarées.
    Sans doute le vent qui les suit s’amusera d’un air farceur
    À ballotter avec entrain ces petits danseurs bigarrés.

    Sans doute un jour je mangerai les pissenlits par la racine
    En suivant la ligne de vie de l’arbre-mère de la Terre.
    Sans doute je m’arrangerai pour remonter aux origines
    Auxquelles mon âme est asservie et dont mon cœur est locataire.

    Tableau de Chie Yoshii.

  • La nouvelle Ève

    La nouvelle Ève

    Dans notre moderne existence, c’est de plus en plus à la mode ;
    Les femmes exigent parité à tous les niveaux disponibles.
    En religion, la persistance de la pécheresse se démode
    Et Ève devrait mériter une place nettement moins pénible.

    On verra la pomme d’Adam responsable de tous les maux
    Et tous les hommes, en conséquence, devront ainsi se racheter :
    Les mâles, rendus décadents par convention à demi-mots,
    Avoueront avec éloquence, aux femmes, toute leur lâcheté.

    La nouvelle Ève se montre digne d’un corps enfin divinisé
    Et définitivement sain, exempt du moindre contrexemple.
    On remplace la feuille de vigne par une fleur féminisée
    Avec les seins nus sacro-saints, hissés sur la porte du temple.

    Tableau de Romeo Dobrota.

  • Le feu à l’épouvantail

    Le feu à l’épouvantail

    Les coups de foudre font des ravages parmi les jeunes filles en fleur
    Qui se font ôter leur vertu à la vitesse d’un éclair.
    Pour parer ces amours sauvages qui sèment tempêtes et pleurs,
    On cherche, on pense, on s’évertue et l’on tire les choses au clair.

    On a mis des épouvantails pour faire peur aux jeunes filles
    Et les empêcher d’attraper la folle maladie d’amour.
    On a oublié un détail ; tout plein de garçons en guenilles
    En ont profité pour frapper nos ingénues d’un trait d’humour.

    Ces faux épouvantails en herbe ont fait tant rire les demoiselles,
    Qu’elles en ont mouillé la culotte et que le courant est passé.
    Les feux aux culs furent superbes et les amants firent avec zèle
    Ce qu’il fallait et les boulottes virent leurs pudeurs outrepassées.

    Illustration « Filles perdues » par Alan Moore et Melinda Gebbie.

  • Alchimiquement vôtre

    Alchimiquement vôtre

    Si vous suivez mes instructions pour fabriquer mon élixir,
    Vous aurez le droit de prétendre au filtre d’amour réussi.
    Pour qu’il n’y ait nulle obstruction car on pourrait vous en occire,
    Ne laissez jamais sous-entendre que l’alchimie vient de Russie.

    Faites l’amour en Pleine Lune, épongez la transpiration
    Et tous les fluides recueillis dans l’alambic durant trois nuits.
    Ajoutez fougères et callunes, réduisez la macération
    À feu doux sans qu’elle ait bouilli car autrement l’ébullition nuit.

    Accomplissez entièrement nu.e la précieuse distillation,
    Repassez sept fois le mélange, chauffez, filtrez, alambiquez,
    Puis refroidissez la cornue afin que la scintillation
    Donne la liqueur rouge-orange qui encourage à forniquer.

    Tableau de Vitali Zuk.

  • L’œil en alerte

    L’œil en alerte

    Le mamelon gauche en alerte et l’œil droit braqué sur sa proie,
    Elle semblait inoffensive et juste un peu déconcertée.
    Mais lorsqu’elle fut découverte, entièrement nue de surcroît,
    Elle resta sur sa défensive, comme pour se réconforter.

    Mais ses deux tétons convergèrent braquant leurs viseurs impudiques
    Vers mon organe qui s’élevait pour soutenir l’invitation.
    Nos yeux ensemble se cherchèrent après la sensation ludique
    Dont tous nos sens se prélevaient l’un l’autre dans la captation.

    Ne cherchez pas l’œil directeur mais recherchez l’œil érecteur ;
    Celui qui déclenche les feux de l’amour par son seul regard !
    Observez le lien convecteur du magnétisme correcteur
    Qui lui fait boucler ses cheveux et qui vous rend vous-même hagard !

    Vous aurez reconnu Fabienne avec son œil droit massacré
    Par une ophtalmo scélérate qui ne voulait que facturer
    L’opération pas très chrétienne par des outils plus consacrés
    À faire en sorte que ça rate car c’était trop prématuré.

    Tableau de Némesis Seoane.

  • L’enfer du sexe

    L’enfer du sexe

    L’enfer du faux, l’enfer du vrai, si celui-ci un jour m’échoit ;
    Le Styx, l’Achéron, Le Cocyte, le Phlégéthon ou le Léthé ?
    Je ne sais celui où j’irais mais si Saint-Pierre m’offrait le choix
    J’opterais pour l’enfer tacite des âmes-sœurs à compléter.

    Et j’irais dans l’enfer du sexe qui n’est que l’envers du décor
    Du Paradis aux douze vierges équipées de plusieurs engins
    Car elles sont toutes intersexes afin de plaire à tous les corps ;
    Pour les femmes, affublées de verges et pour les hommes, de vagins.

    Sans doute devrais-je essayer toutes les pucelles créées
    Par Dieu depuis le huitième jour au rythme d’un millier par mois.
    Si jamais je dois monnayer la femme que j’aurai agréée,
    J’écourterai là mon séjour et l’emmènerai avec moi.

    Et puis je la ramènerai, prétendant m’être fourvoyé
    Car l’amour a la prétention d’aveugler les cœurs trop gavés.
    Et bien sûr j’y retournerai chercher autre femme à choyer
    Avec mes meilleures intentions dont l’enfer du sexe est pavé.

    Illustration Georges Pichard.

  • L’automne pudique

    L’automne pudique

    Cette année, l’automne pudique se montrera plutôt timide
    Derrière des voiles de pluies et des grands rideaux de brouillard.
    Sortez vos plus chaudes tuniques contre les matinées humides
    Et ouvrez grand vos parapluies sous les nuages vasouillards.

    Promenez-vous donc dans mes bois et observez Mère-Nature ;
    Bien sûr, elle se montre nue mais un voile prude sur les fesses.
    Les feuilles se cachent dans les sous-bois ; la rouille, pas assez mature,
    Semble être mise en retenue derrière la brume qui s’affaisse.

    Lorsqu’on pense qu’il va pleuvoir, où sont passées les hirondelles
    Qui devaient chasser – quels insectes ! – sur l’eau dormante des marais ?
    Tout n’est que fin de recevoir car l’automne – peu sûre d’elle –
    Affiche un moral qui affecte tout ce qui devrait démarrer.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Le dernier train en gare Saint-Charles

    Pour mon tout dernier train de rêve, je prendrai le Paradis-Express !
    Avec ses chimères loufoques et ses sirènes imaginaires.
    Après une recherche brève, bien qu’il n’y ait vraiment rien qui presse,
    Je prendrai un air équivoque sur la route extraordinaire.

    Le dernier train qu’a pris Noé, je m’en souviens parce que sa fille
    Menait les animaux par couple dans les wagons à gros rivets.
    Elle avait mis des canoës à disposition des familles
    Au cas où des règles plus souples le permettraient à l’arrivée.

    Le dernier voyage aux enfers était tout sauf un convoi triste ;
    Les filles s’habillaient léger et riaient avec les garçons.
    Ils n’avaient pas l’air de s’en faire, entre autres détails rigoristes,
    Sous la chaleur, pour galéjer, des contrôleurs en caleçon !

    La dernière fois, c’était avant que l’an deux mille nous accable ;
    Les tickets étaient en papier que l’on achetait au guichet.
    Les trains de nuits partaient bravant les distances incommensurables ;
    Au matin, on s’posait bon pied bon œil vers le but aguiché.

    Sérigraphie de Jean-Claude Forest.

  • Expressions corporelles

    Finalement le tatouage, c’est de le dire avec la peau ;
    Avouer ses appartenances, avouer ses plus noirs desseins.
    Mais lorsque la peau prend de l’âge et se ride comme un crapaud,
    Le tatoo change de nuance ; on ne comprend plus le dessin.

    Quand tout le corps est tatoué, faire l’amour prend plus de temps
    Car les caresses suivent les lignes en maintes lectures ultérieures.
    On se surprend à s’avouer, car on n’est plus un débutant,
    Que l’on préfère celles qui soulignent et confirment un beau postérieur.

    Lorsqu’un espace est laissé libre, syndrome de la page blanche,
    C’est qu’on cherche encore et encore un épisode de la vie
    Qui stabilise son équilibre ou rebondit en avalanche
    Et racontera sur le corps ses expériences inassouvies.

    Tableaux de Charlie Terrell.

  • L’élixir d’extase

    Ah, que j’aimerais distiller le goût de l’amour en extase
    Et augmenter à chaque fois son degré d’alcool érotique !
    Auprès les hommes en instiller le moût juste avant l’épectase
    Et pour les femmes quand leurs voix deviennent des plus hystériques.

    Sur une échelle de un à dix des degrés les plus stupéfiants,
    Ma liqueur d’amour titrerait sans doute à onze et même douze.
    Un autre des meilleurs indices serait d’être lubrifiant
    Une fois qu’on l’infiltrerait au beau milieu d’une partouze.

    Je mettrais l’élixir d’amour disponible à toutes les bourses
    Et, qui plus est, obligatoire pour éviter la débandade.
    Et quand j’y pense avec humour, si je remontais à la source,
    Je suis sûr que Dieu, c’est notoire, a dû s’en prendre une rasade.

    Je n’exige ni le prix Nobel, ni aucune autre récompense,
    Ni d’être un nouvel antéchrist à l’extatique quintessence.
    Faites-en un éco-label et durable afin qu’il compense,
    D’une révolution intégriste, le péché de la connaissance

    Tableaux de Ivana Besevic sur https:www.kaifineart.comivanabesevic .

  • Qui manipule Marianne-Emmanuelle ?

    Qui manipule Marianne-Emmanuelle ?

    Celui qui tire les ficelles de la Marianne-Emmanuelle
    Est celui qui tient les médias qui nous incitent à dépenser
    Car les journaux sont les missels de la religion actuelle
    Qui nous distrait dans l’immédiat pour nous empêcher de penser.

    Plus grosses seront les ficelles, plus on n’y verra que du feu ;
    C’est comme l’arbre du mensonge qui cache la forêt des intrigues
    Car le marionnettiste excelle dans l’art de couper les cheveux
    En quatre pour que se prolongent ses tours de passe-passe prodigues.

    Entrez et voyez comme on danse lorsque les espoirs sont coupés
    Par le nivellement par le bas de l’éducation malhonnête !
    Entrez et voyez comme on pense lorsqu’on vous a entourloupés
    Par des jeux, du pain, des combats produits pour des marionnettes !

    Tableau de Cyril Rolando sur https:www.demotivateur.frarticlecyril-rolando-artiste-dessins-tim-burton-hayao-miyazaki-surrealisme-7104 .

  • Métropolitaines Mariannettes

    Métropolitaines Mariannettes

    Ni trop polies ni malpolies, juste assez métropolitaines
    Sont les citadines qui s’ennuient dans les quartiers résidentiels.
    Derrière les vitres dépolies, elles vont courir la prétentaine
    Entre vingt-deux heures et minuit dans les palais présidentiels.

    Il est un conseil des ministres « olé-olé » à l’Élysée
    Et les secrétaires du sexe arrivent en berlines teintées,
    Puis suivent les couloirs sinistres où elles sont toutes fidélisées
    Pour câliner dans ce complexe notre président éreinté.

    Elles ont titre de Mariannettes – anciennement des favorites –
    Dont le nom a été changé pour une politique correcte.
    Marionnettes malhonnêtes, elles ont quand même du mérite
    À se laisser ainsi manger le minou par voies indirectes.

    Tableau de Jean-Gabriel Domergue sur https:www.catherinelarosepoesiaearte.com201205jean-gabriel-domergue-1889-1962.html .

  • Entre nous, c’est assez !

    Entre nous, c’est assez !

    Pas de sirène ce vendredi ; elle aurait lâché le grappin
    Et s’rait partie se cache-à-l’eau afin que l’histoire s’arrête.
    Alors le marin contredit qu’on lui ait posé un lapin
    Alla chasser le cachalot ; faute de poisson et d’arête.

    Le léviathan, un vieil ami de la sirène déconfite,
    Avait une dent contre l’homme ou plutôt ses fanons tendus.
    Il fonça droit sur l’ennemi dont le bateau donnait du gite
    Et le précipita au royaume du roi Neptune, bien entendu.

    Emmené par le cétacé par-devant la cour de justice
    Pour des accusations tordues, relatives à son impuissance,
    Le marin cria « C’est assez ! Je vous demande un armistice
    Car la sirène m’a mordu au nœud de l’affaire en instance. »

    Tableau de Tom Walters.

  • La sirène à queue de paon

    La sirène à queue de paon

    Une sirène qui fait la roue ! Quoi de plus beau dans les abysses ?
    Une sirène à queue de paon ! Quoi de plus noble au bout du compte ?
    Si l’organe souffre peu ou prou d’absence de pieds et de cuisses,
    Il met tout son charme en suspens d’après tout ce qui se raconte.

    Sur les nageoires, les yeux de paon trompent poissons et crustacés
    Et hypnotisent l’hippocampe qui s’attarde au bout de sa queue
    Ainsi que tous les occupants des abords et les cétacés
    Qui instantanément décampent vers un meilleur milieu aqueux.

    Mais le pot-aux-roses irisé se dévoile à tout quémandeur
    Qui vient voir les poissons artistes qui jouent à l’encre de ses yeux
    Trempés dans les pieuvres égrisées par l’ivresse des profondeurs
    Qui saoule les instrumentistes d’un magnétisme fallacieux.

    Tableau de Holly Sierra.

  • Quand il faut se mouiller

    Quand il faut se mouiller

    À l’instar de Salvador Dali, qui n’avait pas peur de mouiller
    Pinceaux, tubes, couleurs et palette dans le Grand Canal à Venise,
    Sitôt que ma plume pâlit ou que mes vers sont barbouillés,
    Je m’en vais faire des vaguelettes dans l’encre qui me galvanise.

    Salvador Dali était peintre expressionniste de surcroît.
    Sans me comparer à lui-même, je suis néanmoins ses conseils ;
    J’accroche mes habits sur le cintre après que le soleil décroit
    Et puis, tout nu mais le cœur blême, je plonge dans les eaux de Marseille…

    Et j’y retrouve alors mes sources et tous mes souvenirs noyés
    Dans le Vieux-Port où les sirènes se rassemblent pour m’accompagner.
    Rue Paradis, Place de la Bourse, tous mes fantômes apitoyés
    M’invitent à une souveraine tournée au quartier du Panier.

    Photo de Salvador Dali à Venise en 1947.

  • Quand les fées sont aux abois

    Quand les fées sont aux abois

    Quand les fées se transforment en biches, elles voient des effets secondaires
    Se répandre auprès des grands cerfs pressés d’assouvir leurs instincts.
    Bien qu’elles se montrent assez godiches à marcher comme un dromadaire,
    Leurs jolis corps vont de concert vers un érotique destin.

    Même quand elles redeviennent humaines et vont se baigner dans l’étang,
    Les mâles attirés par leurs miches sortent du bois pour les saillir.
    Elles, devant ces énergumènes, n’ont pas le réflexe compétant
    Et les cerfs montent sur les biches qui lors se sentent défaillir.

    Neuf mois plus tard, elles accouchent d’un fils appelé « faune-enfant »
    Qui sera à la fois un homme et à la fois un cervidé
    Qui lui-même plus tard sur sa couche transmettra le gène du faon
    À son épouse dont le génome sera forcément hybridé.

    Dans les lois de la génétique, Mendel n’a pas prévu ce cas
    Pourtant dans les forêts de Suisse, le phénomène se développe ;
    J’entends souvent de frénétiques élans d’amour avec fracas
    Et puis s’enfuir de belles cuisses trahissant de fieffées salopes.

    Tableau de Suzanne Parareda.

  • L’apéro sur l’herbe

    L’apéro sur l’herbe

    À l’instar de l’apéritif qui doit vous mettre en appétit,
    Les préliminaires exigent une mise en bouche, comme il se doit,
    Mais surtout pas expéditifs ni trop poussés ni trop petits
    Juste l’émotion qui dirige seule le tact au bout des doigts.

    À l’instar du fameux cocktail qui doit séduire les papilles,
    Les caresses courtisent le corps et le parcourent de frissons.
    Gare au malentendu mortel qui tue l’amour et l’écharpille ;
    Place à ce qui entre en accord et qui résonne à l’unisson.

    À l’instar des amuse-gueules qui doivent équilibrer l’alcool,
    Les baisers nourriront les cœurs qui battront de plus en plus fort.
    Si jamais elle fait sa bégueule, ne soyez pas trop pot de colle ;
    Il n’y a jamais eu de vainqueur qui obtienne tout sans effort.

    Tableau de Jean-Gabriel Domergue sur https:www.catherinelarosepoesiaearte.com201205jean-gabriel-domergue-1889-1962.html .

  • Le fil rouge

    Le fil rouge

    Toujours ce fil rouge obsédant qui relie toutes nos époques
    De la préhistoire à nos jours et se prolonge dans l’avenir.
    Chaque épisode se succédant donne la tension réciproque
    D’une onde qui devrait toujours m’éclairer sur mon devenir.

    J’ai beau sentir la vibration et j’ai beau lui tendre l’oreille,
    Je ne comprends rien aux messages de ces coups de fil du destin.
    À moins que ma calibration, étant à nulle autre pareille,
    Ne trahisse pas le passage d’un ange ou démon clandestin.

    Si ma vie ne tient qu’à un fil, heureusement il est solide ;
    Un fil de Parque, premier choix, sans doute un futur important…
    J’affiche plutôt le profil d’un anti-héros invalide
    Mais si ce fil rouge m’échoit le nirvâna, je suis partant.

    Tableau de Michael Triegel sur https:www.museumdefundatie.nlenmichael-triegel .