Catégorie : 2024

  • Marmitonne

    Marmitonne

    N’en déplaise à l’art culinaire, faute de goût n’est pas coutume
    Quand il faut remonter l’histoire avec ses anciens aliments
    Et ses légumes originaires malgré leurs saveurs d’amertume
    Mais qui apportent au répertoire ses véritables éléments.

    Carottes jaunes, rouges ou vertes plutôt qu’orange sont de retour
    Depuis les panais tous en rond aux topinambours pour l’humour.
    Sur nos papilles, redécouvertes font bon ménage et beaux atours ;
    Potirons et potimarrons font les mariages d’amour.

    Quant aux batteries de cuisine, celles-ci n’ont pas à rougir
    Mais à rosir de tous leurs cuivres et briller de tous leurs étains.
    Des recettes de Mélusine aux décoctions qui font rugir,
    Aux fumets, je m’en vais les suivre dans les palais gréco-latins.

    Tableau de Paolo Barbieri.

  • Le vilain petit canard – 3

    Le vilain petit canard

    Pauvre et vilain petit canard, né au sein de la basse-cour
    Parmi les dindons de la farce, les mères poules et les bécasses.
    Sous le regard froid goguenard de ta famille, tous les jours,
    Tu ressens ton manque de force et de réparties plus loquaces !

    Tu n’as pas voulu revêtir l’habit de la pensée unique,
    Tu préfères vivre au naturel et exprimer ton libre arbitre !
    Tu n’as pas su t’assujettir à ce que l’état communique
    Dont le flux pseudo culturel ne te donne pas voix au chapitre !

    Sans doute, jugements indignes, de volailles trop bien formatées
    Qui ont oublié la valeur de l’amour et la tolérance…
    Et bien que tu sois un beau cygne, ta différence est constatée
    Et si ça manque de chaleur, ça fortifie ton endurance !

    Illustration de Leonid Vladimirsky.

  • Chroniques de la fin du monde – 4

    Les dents de la mer salée et des eaux douces

    Les dents de la mer affûtées et les quenottes des eaux douces
    Sont les plus heureuses créatures en ce vingt-et-unième siècle.
    Hélas les requins réfutés sous prétexte qu’ils sèment la frousse,
    Doivent gagner leur nourriture au moyen de ruses espiègles.

    Discrètement ils accompagnent les grands navires de croisière
    En guettant tous les imprudents qui se penchent un peu trop du bord.
    Ce sont leurs plus belles compagnes qui font la manne carnassière
    Comme un apéro préludant, les femmes et les enfants d’abord.

    Ailleurs, à l’intérieur des terres, les crocodiles ont bonne mine
    Grâce aux voyages ésotéristes des pédophiles gominés
    Au fil du Nil alimentaire, du fait de gamins et gamines
    Que leur abandonnent les touristes après qu’ils en ont terminé.

    Quand les bateaux vont de conserve pourvus de leurs cages à étages,
    Les sauriens en suivent l’étrave en guettant l’heure d’attaquer :
    Il suffit d’attendre qu’on serve les noctambules entre deux âges
    Qui débarquent et que l’on chourave avant qu’ils aient atteint le quai.

    Tableaux de GiveMeMood sur https:www.redbubble.compeopleGiveMeMoodexplore?page=1&sortOrder=recent .

  • Chroniques de la fin du monde – 3

    Au quatrième top, il sera exactement trop tard

    Après les oiseaux, les hiboux rejoignent les rangs des coucous
    Et toutes sortes de volatiles qu’on a réduit en esclavage :
    « Assez de nous tirer les poux et surtout nous tordre le cou !
    Désormais, Vous, humains futiles, cessez donc vos rites sauvages ! »

    Ils volettent entre les horloges en sens inverse des aiguilles
    Pour saboter pertinemment notre folle course du temps.
    À tort on leur fait des éloges quand on les voit en escadrilles
    Tous œuvrer impertinemment à sonner l’heure à contretemps.

    Après les douze coups de minuit, ça devient la cacophonie ;
    D’abord un coup, puis deux, puis trois, et on passe à quarante-trois.
    Le temps, tout au long de la nuit, en état de catatonie
    Voit l’heure se sentir à l’étroit et à l’envers et à l’endroit.

    Pour s’attaquer au numérique, ils développent des virus
    Qui s’attaquent aux cristaux de quartz et leur faisant pipi dessus.
    Si ça vous parait chimérique, sachez qu’il y a des oiseaux russes
    Qui jouent aux Jedi dans Star Wars contre Poutine, le Sith déçu.

    Tableaux de GiveMeMood sur https:www.redbubble.compeopleGiveMeMoodexplore?page=1&sortOrder=recent .

  • Marianne au bain

    Marianne dans sa salle-de-bains aimer s’échapper du turbin
    Et s’imagine être marquise qui ferait fondre les banquises.
    D’abord avec un pédiluve qu’elle fait chauffer comme une étuve,
    Puis aimera faire couler l’eau jusqu’au niveau de ses lolos.

    Car Marianne n’est pas nette ; elle ne fait rien pour la planète.
    Elle aime inviter à manger tous les présidents étrangers
    En servant les plats les plus chers afin de faire bonne chère
    Car plus la note sera salée, plus les Français pourront râler.

    À force de chercher l’ivresse du pouvoir la France est pauvresse
    Mais rien n’est trop beau pour son charme du moment qu’elle vend ses armes.
    Il paraît que ce serait un homme, qu’elle n’a pas les bons chromosomes,
    Mais bon… quelle que soit sa bannière, elle nous baise de toutes manières.

    Illustration de Kykolnik.

  • Sauve qui peut

    Sauve qui peut

    À l’instar de ces nouveaux sexes, les sans-genre et les non-binaires,
    Je revendique l’appartenance au groupe des a-politique,
    Ni de la gauche trop complexe pas assez révolutionnaire,
    Ni de la droite d’appartenance à l’ère paléolithique.

    Sauve qui peut du genre humain qui scie sa propre destinée
    En consommant tout à crédit pour mieux se gaver aujourd’hui !
    Hélas, quel que soit le chemin à prendre, celui-ci est miné
    Par ceux qui jettent le discrédit sur ce qu’eux-mêmes auront produit.

    Si je pouvais être non-humain, serais-je chat ou bien limace ?
    Pet de lapin pour me glisser dans une graine à ensemencer
    Et revenir l’après-demain d’une apocalypse efficace
    Qui aura la page lissée de l’Histoire à recommencer !

    Illustration de Rebecca Dautremer.

  • Inter-Saison

    Inter-Saison

    Les saisons en télescopage prennent la Nature à rebours
    Et je m’attends un de ces jours à voir de nouveaux phénomènes
    Devant tout un aréopage, météorologues balourds
    Qui mésestiment, comme toujours, ce qui échappe à leurs domaines.

    Pourquoi pas une pluie à l’envers qui remonte du sol aux nuages
    Ou bien une neige bien brûlante par vents de mauvaises nouvelles ;
    Des fronts chauds qui viendraient d’Anvers et rencontreraient de suaves
    Courants d’air froid de Thaïlande suivis d’un vol de caravelles ?

    Eh bien nous devons nous attendre à une nouvelle période
    Glaciaire ou bien caniculaire provenant de Montevideo.
    C’est ce qu’il m’a semblé entendre dans ma vieille radio à triodes
    En écoutant la circulaire du dernier bulletin météo.

    Illustration de June Leeloo sur https:havengallery.comportfoliojune-leeloo-imaginarium .

  • De la fraie des poissons

    De la fraie des poissons

    Ce vendredi, fin de semaine, tous les poissons suivent la fraie ;
    Ce grand départ pour remonter fleuves, rivières et torrents.
    Auguste et sacré phénomène qui, toutes chroniques, défraie
    Car on dit qu’ils vont affronter ceux qui se croient au restaurant.

    D’abord le phoque en pleine mer qui en fait son économat
    Et puis l’ours posté à l’affût sur les cascades et les rochers.
    Pour certains la course éphémère s’arrête au fond de l’estomac
    D’autres par le savoir infus voient les lieux de ponte approcher.

    Heureux comme un poisson dans l’eau ? Point d’orgasme pour notre saumon !
    Sur l’œuf pondu dans la frayère par sa femelle l’encavant,
    Le mâle répand à vau-l’eau, sans état d’esprit rodomont,
    Une laitance dans la rivière et meurt Gros-Jean comme devant.

    Tableau de Lily Greenwood sur https:www.saatchiart.comlilygreenwood .

  • Adieu mai, bonjour juin

    Adieu mai, bonjour juin

    Le joli mois de mai passé, je fais mes comptes avec le temps ;
    Peu de soleil distribué mais beaucoup de pluie à la place,
    Quant au vent, il s’est surpassé et nous a gâché le printemps,
    Enfin nos fenêtres en buée ont pris l’apparence de glace.

    Bien sûr, j’ai contrebalancé mon espace de circonstance ;
    Pour les coquelicots absents, j’ai sorti mon nuancier rouge
    Et mis des touches garancées tout autour du lac de Constance
    Sur mes paysages à l’accent d’giboulées qui chantent et qui bougent,

    Qui dansent sous l’air des lampions et mes guirlandes accrochées
    Aux branches des arbres sans fleurs mais décorés de gueules-de-loup.
    J’espère de juin le champion dont je ne saurai reprocher
    D’ouvrir un été persifleur qui rendrait le printemps jaloux.

    Illustration de June Leeloo sur https:havengallery.comportfoliojune-leeloo-imaginarium .

  • La sirène novice – 2

    La sirène novice - 2

    depuis son aventure
    Avec un matelot,
    pucelle et lui puceau.
    Juste un cri de couleur
    au cours de l’emboîture
    Mais ils étaient dans l’eau,
    ils étaient un peu sots.

    Comme l’amour vous met
    souvent en appétit,
    La sirène l’invite
    dans le milieu ambiant
    À partager ses mets
    et par son apathie
    Impossible qu’il évite
    d’en être l’ingrédient.

    Le deuxième marin,
    un peu gras toutefois ;
    Le quatrième maigre
    mais le goût est exquis.
    Avec du romarin,
    elle a grillé le foie
    Flambé d’un alcool aigre
    – il vendait du whisky.

    Elle a l’air maigrichonne
    mais l’appétit d’un loup,
    Loup de mer affamé
    toujours insatiable.
    On dit qu’elle vous bichonne
    à se mettre à genoux
    L’homme au thym parfumé,
    cuisiné à la diable.

    Tableau de Mark Ryden.

  • Dialogue entre Père et Mère

    Dialogue entre Père et Mère

    Elle semblait soutenir le ciel de ses deux mains frêles et dressées
    Comme pour remplacer Atlas parti se reposer céans.
    Elle avait l’air circonstanciel d’être occupée à redresser
    Les luttes entre classes et sous-classes, autant dire un travail de géant.

    Elle paraissait évaluer par mesure et estimation
    Le poids du regard appuyé d’un dieu perché sur l’au-delà
    Pour l’aider à distribuer l’abondance à destination
    De sa prêtresse appropriée disposée dans son mandala.

    Photo de William Mortensen.

  • À Dieu, le Soleil

    À Dieu, le Soleil

    Le Dieu Soleil, parfois jaloux de la lumière de Vénus,
    Ou timide devant la Lune qui le fait rougir tous les soirs,
    S’enfuit au loin à pas de loup pour rejoindre son terminus
    Dans une nuit noire opportune qui lui donne lieu à surseoir.

    Alors Vénus se montrant nue, le Soleil va se rhabiller ;
    La Lune découvrant sa fesse cachée, il ferme alors les yeux.
    Ainsi les astres, sans retenue, se moquent de le voir ciller
    Et de s’en aller à confesse auprès du Grand Maître des Lieux :

    « J’ai souillé Vénus d’adultère et Mars en rougit de colère,
    J’ai fait un enfant à la Lune dont la grossesse se subodore,
    Je suis infidèle à la Terre et la frappe de mes vents solaires
    Et j’ai osé voler Neptune en lui cachant son anneau d’or. »

    Or l’Univers n’est pas content qu’on le fasse tourner en bourrique ;
    Parmi tous les astres harmonieux, le Soleil joue les trouble-fête.
    « Si tu baises autant de planètes, c’est normal car tu es lubrique
    Alors continue de ton mieux, elles n’en seront que satisfaites ! »

    Tableau d’Osbert Alphonse.

  • Labyrinthe cortical

    Le temps qu’une idée, née du centre, atteigne la périphérie,
    La première pensée primitive a grandi le long des couloirs.
    Si peu qu’une paroi s’éventre et la voici en hystérie
    Errant dans la sphère afflictive de la mémoire, sans le vouloir.

    Parfois une pensée se perd alors que, chargée de mission,
    Elle s’égare dans les sous-sols après une folie à poursuivre.
    Alors que je me désespère, elle sort par télétransmission
    À point nommé, comme une boussole qui montre le chemin à suivre.

    Ce labyrinthe est magicien en dédales de rêves éveillés,
    Où le petit enfant en moi apprend tout au long de sa route.
    Qu’il soit psychosomaticien ou simplement émerveillé,
    Il vit et rit au fil des mois de tout ce qui le met en déroute.

    Et c’est là le but de ma vie : explorer tout mon univers ;
    Créer des corridors nouveaux vers des issues qui se devinent.
    Ne tenir compte d’aucun avis et me connaître par les vers
    Qui découlent de mon cerveau à l’encre d’essence divine.

    Tableau de snugsomeone sur https:www.deviantart.comsnugsomeonegallery?page=4 .

  • Outrage aux bonnes moeurs

    Outrage aux bonnes moeurs

    En hommage à la bonne sœur qui, l’hiver par temps pas très chaud,
    Fit fondre avec tant de douceur le pénis gelé du manchot †,
    La môme délurée mais probe devant le gosse embarrassé
    Abrita des pans de sa robe son feu par le vent harassé.

    Qu’elle ne porta pas de culotte n’était pas vraiment impudique
    Car devant la flamme pâlotte, lorsqu’elle lui ouvrit sa boutique,
    Le garçon ne profita pas d’y réchauffer ses doigts transis
    En les plongeant dans les appas de la fille par courtoisie.

    Est-ce un outrage aux bonnes mœurs de dévoiler l’intimité
    Pour proposer de bonne humeur et en toute légitimité
    Un peu de sa chaleur humaine à son prochain pour un quart d’heure
    Sans que les chaînes de l’hymen crient « Attentat à la pudeur ! » ?

    (Tableau de Poulbot sur https:www.montmartre-secret.com201611poulbot.immoralite-et-proces.html
    † « Gloire à la bonne soeur qui, par temps pas très chaud,
    Dégela dans sa main le pénis du manchot – Don Juan » Georges Brassens.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Les oiselles dansantes

    Les oiselles dansantes

    Éole, jaloux de Neptune et de ses sirènes charmantes,
    Voulut des chimères à son goût à partir d’oiseaux présumés.
    D’une poitrine fort opportune afin qu’elles soient toutes avenantes
    Mais devant se tenir debout sur pattes palmées et plumées.

    Ainsi fut fait, Zeus copula avec une superbe autruche
    Qui lui pondit huit œufs divins après avoir tant convolé.
    Lorsque la mère stipula qu’étaient nées les petites perruches,
    Elles furent livrées mais il advint qu’elles ne sauraient jamais voler.

    Éole refusa sa commande fors le devis très explicite :
    « Un joli buste féminin sur des pattes et un corps d’oiseau. »
    Elles n’ont pas d’ailes, à sa demande, mais des seins au galbe implicite
    Conformes au modèle bénin des harpies vues dans les réseaux.

    « Que veux-tu que je fasse d’elles ? » Implora Éole à son Roi.
    « Cherche leur point prédominant ! » Souffla Zeus ironiquement.
    « Mais enfin, vois ! Elles n’ont pas d’ailes ! » S’écria-t-il à son endroit.
    « Eh bien qu’elles dansent maintenant ! » Conclut Zeus laconiquement.

    Tableau de Hans Thoma.

  • Sans maillot

    Sans maillot

    S’emmailloter aux premiers jours de son arrivée sur la Terre
    N’est pas une partie de rire car il faut bien se protéger.
    Sans maillot lors d’un long séjour dans un paradis salutaire
    C’est presque comme reconquérir sa propre existence allégée.

    Renoncer aux progrès pondus par notre civilisation
    Demande beaucoup de volonté mais reste encore réalisable.
    L’irréversibilité due aux causes de mondialisation
    Nous aura désorientés et nous en sommes responsables.

    En attendant il faut choisir quelles sont nos priorités :
    L’argent, le travail, la carrière ou la famille et la santé.
    Préférence pour les loisirs ? Primeur à la sécurité ?
    Quand le temps passé est derrière, le futur peut s’épouvanter.

    Illustration de Raúl Soria.

  • Née par moi-même

    Née par moi-même

    Lilith n’a pas été créée par Dieu mais de sa propre essence ;
    Le jour où Dieu se reposa, il fit un rêve annonciateur.
    Il rêva de l’être agréé par la divine connaissance
    Et ce golem se proposa de lui-même co-fécondateur.

    Lilith se créa donc elle-même, née d’une sainte rêverie ;
    Ce fut assez extraordinaire pour ne pas dire diffamatoire
    Car ce fut le premier problème – une divine connerie –
    Dieu et tous les anges opinèrent : comment résoudre cette histoire ?

    Ce fut Lilith qui répondit : « Ne vous tracassez pas pour moi !
    Je vais devenir invisible dans le royaume des mystères ! »
    Et tout son être se fondit dans le décor en moins d’un mois
    Et depuis ses imprévisibles sautes d’humeur secoue la Terre…

    Mais ceci est une autre histoire… Tableau de Park Inju.

  • Prototype Ève

    Prototype Ève

    Laissons la naissance d’Adam provisoirement de côté
    Et attardons-nous davantage sur le prototype initial.
    Car ce n’est qu’en rétrogradant d’une genèse traficotée
    Que nous comprendrons l’avantage de ce programme assez spécial.

    Comme elle doit être multitâche, Dieu l’a pourvue de quatre bras
    Mais finalement la vitrine ne convenait pas au jury.
    Pour que la masse se détache du centre, on équilibra
    Des contrepoids sur la poitrine et sur les hanches bien mûries.

    Pour le cerveau, ce fut complexe, Dieu fit plusieurs lots de neurones
    Pour attribuer à chacun une capacité désignée.
    Le plan complet rendait perplexes les ouvrières tâcheronnes
    Mais d’ennui il n’y en eut aucun et le projet fut consigné.

    Pour tester le mâle animal, un exemplaire fut vite fait ;
    Un pré-modèle simple et musclé, avec puissance de travail.
    Dieu mît un esprit minimal pour ne causer aucun effet
    Perturbateur à renâcler et Il fut fier de sa trouvaille.

    Tableau de Park Inju.

  • Voyage au cœur de la nuit verte

    Voyage au cœur de la nuit verte

    Mon train de rêves est de saison certaines nuits de pleine Lune
    Pour je ne sais quelle raison, sans doute le cœur en a une.
    Au printemps, il s’habille en vert et, durant toute une nuit blanche,
    Je me mets à penser en vers surtout si demain, c’est dimanche.

    Après-demain en wagon-lit, couleur intense de corail,
    Je fuirai la mélancolie et la tristesse de l’autorail
    Pour un compartiment discret avec une fille de valeur
    Qui me contera ses secrets, ses amourettes et ses malheurs.

    Enfin retour du noir et blanc ; ce soir la Lune se renouvelle
    Tandis que je rentre en tremblant sur un vol gris de caravelle.
    J’en ai vu de toutes les couleurs durant le cours de la semaine
    Mais j’ai échappé aux douleurs de cette routine inhumaine.

    Illustration de Shilun Ding.

  • Impossible n’est pas français

    Impossible n’est pas français

    Une nuit où il faisait jour, je m’étais endormi dans l’herbe
    Entre deux arbres centenaires ou millénaires, je ne sais plus.
    Or dans cet étrange séjour, j’ai entendu la voix acerbe
    Des feuilles révolutionnaires dont les bruissements m’ont déplu.

    Je m’éveillais, elle était là, mon âme-sœur imaginaire,
    Entre les troncs de ces vieux chênes qui l’entouraient et l’embrassaient.
    Elle chantait a capella une berceuse originaire
    Du pays où les rêves assènent qu’impossible n’est pas français.

    Alors je l’ai prise par la main, posé ma bouche sur ses lèvres
    En l’embrassant de toute mon âme pour matérialiser son être.
    Et nous voilà sur le chemin marchant enlacés avec fièvre
    Accrédités mari et femme par toutes nos amours à naître.

    Tableau d’Octavio Ocampo sur https:www.demotivateur.frart-photographieoctavio-ocampo-l-artiste-surrealiste-qui-realise-des-oeuvres-en-trompe-l-oeil-28432 .

  • Chroniques de la fin du monde – 2

    Et les oiseaux déchanteront

    Les descendants des dinosaures échapperont une fois de plus
    Au réchauffement climatique, le chaos et la fin du monde.
    Depuis Nabuchodonosor et tous les royaumes en surplus,
    Leur aventure fantastique a su se montrer furibonde.

    Petit à petit les oiseaux ne chantent plus car ils déchantent :
    « On nous remplace nos forêts par des éoliennes tueuses ! »
    Et l’on entend dans les roseaux monter une clameur méchante
    De l’insurrection instaurée par les autruches vertueuses.

    Ralliées par les poules pondeuses, les canes, les perdrix et les oies,
    Haute et basse-cour soutenues par les grands oiseaux migrateurs ;
    Chouettes et pintades frondeuses venues de Perpète-les-oies
    Se sont rassemblées en tenue de complotistes agitateurs.

    Et si vous prêtez attention aux quelques aubades restantes
    À proximité des quartiers et notamment les plus cossus,
    C’est pour noter leurs intentions quand sonnera l’heure pétante
    Afin que vous vous écartiez lorsqu’ils vous fonceront dessus.

    Tableaux de GiveMeMood sur https:www.redbubble.compeopleGiveMeMoodexplore?page=1&sortOrder=recent .

  • Chroniques de la fin du monde – 1

    Cheval te la raconter

    La plus noble conquête de l’homme depuis ce matin s’interroge :
    « Faut-il ou non aimer l’humain alors qu’on en a plein le dos ?
    Cessons cette vie en binôme et, afin que nul n’y déroge,
    Mettons-nous donc tous en chemin et partons pour l’Eldorado ! »

    Et l’on entendit retentir le formidable hénissement
    De l’Ange équestre, leur messie, pour les conduire en terre sainte.
    Ce serait quand même mentir de cacher l’enchérissement
    De la joie sans cesse épaissie quand ils sortirent de l’enceinte.

    De drôles de zèbres à cet instant se sont adressés au public
    Pour précher la bonne parole du peuple élu : les équidés.
    On les a vus manifestant contre l’ancienne loi biblique
    Qui passait à la casserole chevaux, ânes et camélidés.

    Alors surgirent les licornes sorties de leur anonymat
    Tout heureuses de s’échapper de là où elles étaient remises.
    Et toutes ces bêtes à cornes pourfendre leurs anciens primats
    En laissant pour seule rescapée la dernière écuyère soumise.

    Tableaux de GiveMeMood sur https:www.redbubble.compeopleGiveMeMoodexplore?page=1&sortOrder=recent .

  • Se paumer ou ne pas se paumer ?

    Se paumer ou ne pas se paumer ?
    Marianne, fière comme un coq, n’est pas une poule mouillée ;
    Si elle avait croqué la pomme – originelle, cela va de soi –
    Ou fait tomber l’œuf à la coque d’un Christophe Colomb cafouillé,
    L’aurait chassé d’un coup de gomme toute réprimande qui soit.

    Marianne a de qui tenir, elle est française par-dessus tout ;
    Elle sait mentir à bon escient et agir à contre-courant.
    Tout ce qui peut lui convenir ; prérogatives passe-partout,
    Science du pouvoir omniscient, capital et comptes-courants.

    Comment en est arrivée là notre Marianne chérie,
    Porteuse de l’Égalité, Liberté et fraternité ?
    Trop de faste et de tralalas de présidents ont enchéri,
    Par élections plébiscitées, son cœur des pires insanités.

    Tableau de Konstantin Kacev.

  • L’ascension sociale

    L’ascension sociale
    Entre l’ascension de mon âme et celle de l’ascenseur social,
    Il m’est force de constater que je doute un peu du projet.
    Le dieu des hommes me réclame à ma mort un « pass » paroissial
    Pour un paradis postdaté auquel je dois me déroger.

    Quant à l’État, son ascension n’est rien qu’une vaste utopie
    Car seuls quelques privilégiés uniquement y auront droit.
    Retraites, rentes et pensions relèvent de la microscopie
    Si tant est que des réfugiés ne les détournent à leur endroit.

    Depuis cinquante ans les médias formatent tous les prétendants
    À la vraie vie préfabriquée de loisirs stéréotypés.
    Du pain, des jeux, dans l’immédiat, puis à long terme dépendants
    D’intoxications trafiquées aux pandémies anticipées.

    Je ne crois pas aux transhumances de moutons mis en confiance
    Par un berger et sa houlette qui les emmène à l’abattoir.
    C’est pourquoi toute accoutumance éveille en moi la méfiance
    D’une instinctive « riboulette » qui me sied comme échappatoire.

    Tableau de John Pitre sur https:johnpitre.comproductsproducts-ascension-genesis-block-digital-fine-art-html?variant=41213702406321 .

  • La sirène écossaise

    Les sirènes ne sont pas prêteuses pourtant elles donnent de la voix
    Pour guider en guise de phare les bateaux perdus sur les eaux.
    Hélas ces folles entremetteuses les mènent plutôt vers des voies
    Où un naufrage sans fanfare sonne le glas des matelots.

    La mythologie écossaise parle de « Ceasg » dévouées
    Moitié-humaine, moitié-saumon, grandes prêtresses de la mer.
    Elles ne paraissent pas si mauvaises car elles accordent trois souhaits
    À qui de son mât d’artimon pourra capturer la chimère.

    Mais gare à qui tombe amoureux car il se perdra dans les flots
    Où elle entraîne sa victime vers les abysses opportunes.
    Le pauvre marin langoureux n’aura que le temps d’un sanglot,
    Même pas un regard ultime pour ses compagnons d’infortune.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Sirénade

    Sirénade

    Quand Sirénade vient bercer les matelots dans leur hamac,
    Ceux-ci plongent à poings fermés dans les bras palmés de Morphée
    Dont les dents viennent transpercer les rêves tendres qui s’estomaquent
    De d’être laissés enfermer, obligés de crier forfait.

    Gare à qui entendra le chant de Sirénade l’endormeuse
    Car il n’ se réveillera plus, prisonnier des pires mensonges.
    À l’heure du soleil couchant, faites attention à la charmeuse
    Car si sa chanson vous a plu, vous serez perdus dans ses songes.

    Je l’ai écoutée une fois et j’ai chuté longtemps, longtemps
    Comme une Alice poursuivant un lapin blanc dans les abysses.
    Je l’avais écrit toutefois à l’encre d’un petit remontant
    Qui m’a ramené droit devant le seuil des cauchemars propice.

    Tableau de Liselotte Eriksson.

  • Le pêcheur d’idées

    Le pêcheur d’idées

    L’idée qui n’atteint pas la norme de l’intention super-géniale
    Est immédiatement rejetée ; petite idée deviendra grande.
    Elle repart dans cette énorme mer des rêveries domaniales
    De mes consciences à végéter et qui fait mon sel de Guérande.

    Le soleil de l’inspiration éveille la salinité
    Des pensées particulièrement vives, brillantes et piquantes.
    Aussi, pas de désolation si je pêche une insanité ;
    Je la renvoie dans l’élément qui la rendra plus conséquente.

    Celle-ci ne faisait pas le poids quand je l’ai sortie du néant
    Et je l’ai laissée décanter dans l’alambic de ma raison.
    Aujourd’hui elle fait contrepoids avec les pensées des géants
    Et j’ai la joie d’en raconter sa maturation de saison.

    Tableau de Poly Bernatene.

  • La Valse des patineurs

    La Valse des patineurs

    En dix-huit-cent quatre-vingt-deux, l’hiver est très rude à Paris ;
    Par moins vingt-six au thermomètre, étangs et lacs, tous sont gelés.
    L’environnement brouillardeux agrée aux femmes et leurs maris
    Le seul sport qu’ils peuvent se permettre : un patinage ensorcelé.

    C’est un compositeur français qui, d’une valse, a reproduit
    Le pittoresque du tableau par la magie des instruments.
    Un jeu de violons agencé avec percussions a produit
    Par des clochettes et des grelots cet authentique document.

    Chaque fois que je mets le disque de vinyle noir sur la platine,
    J’observe la pointe de diamant sur la patinoire glisser
    Et les notes, bravant tous les risques, s’échapper de la sonatine
    Devenir valse impatiemment et faire des ronds hélicés.

    Illustration de Lorenzo Mattotti ;
    « Les Patineurs » est le nom d’une célèbre valse d’Émile Waldteufel composée en 1882

  • La main à la pâte

    La main à la pâte

    Quelles sont les mains qui ont pétri la glaise à modeler l’Adam ?
    Ce ne sont pas celles de Dieu ; Il crée avec plus de panache !
    Seul un as en géométrie comme Lilith, la première dame,
    A fait ce travail fastidieux hors de portée d’une ganache.

    Elle a mis la main à la pâte en flattant les muscles saillants
    Et en lui façonnant un sexe à la mesure de son vagin.
    Elle n’a pas traîné de la patte ; au contraire, tout en travaillant,
    Elle veilla à l’effet convexe obligatoire de son engin.

    Au moment d’insuffler l’esprit, elle a dû lui pomper le nœud
    Afin qu’une partie du mental descende dans les testicules.
    Quand tout fut fait, sans parti pris autre qu’un souhait libidineux,
    Elle fit son expérimental devoir pour voir s’il éjacule.

    Tableau d’Eva Gamayun.

  • Comme tout le monde

    Comme tout le monde

    Une fois n’est pas coutume, je vais faire comme tout le monde
    Et promener Amsterdam sur le chemin vicinal.
    J’ai mis mon plus beau costume pour ne pas qu’on me confonde
    Avec un simple quidam baladant son animal.

    C’est même plutôt Amsterdam qui me sort de ma tanière ;
    Il n’aime pas que je reste, le nez dans mes formulaires.
    Poliment, il dir : « Madame, ne faites pas de manières.
    Passez votre grosse veste et sortons donc prendre l’air ! »

    J’ai déjà changé trois maîtres et leurs chiens en souriceaux,
    Puis transformé deux commères en grenouilles pipelettes.
    Ils pourront tous s’en remettre rejetés dans le ruisseau
    Après un séjour sommaire dans le ventre d’une belette.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Le moi végétatif

    Le moi végétatif

    Tandis que je virevolte en pensées éphémères,
    Que l’esprit dévergonde la raison et le cœur,
    Une autre vie tapie dans les basses atmosphères
    Dirige mon navire comme un fier remorqueur.

    L’estomac, le premier, assure l’intendance ;
    Le foie, le contrôleur, vérifie la valeur ;
    L’intestin intervient et entre dans la danse
    Puis absorbe la manne comme expert-avaleur.

    Lorsque je broie du noir, mes intestins aussi ;
    Lorsqu’il y a de la joie, j’en pète d’enthousiasme ;
    Lorsque je fais l’amour, le ventre s’associe
    À ce que le plaisir délivre ses fantasmes.

    Illustration de Balbusso Twins sur https:www.behance.netbalbusso .

  • Le feu intérieur

    Le feu intérieur

    Que ne fais-je feu de tout bois de toutes connaissances acquises ?
    Tout ce que je crois être « mes pensées » ne sont qu’un brasier d’instructions.
    Par ailleurs tout ce que je crois n’est qu’une sélection requise
    Pour être mieux récompensé selon mauvaise ou bonne action.

    Je rêve d’autre carburant pour alimenter mon moteur ;
    J’ambitionne d’autres essences pour faire évoluer mon cœur ;
    J’aspire à être comburant d’un nouvel espoir promoteur
    Qui m’ouvrira bien d’autres sens pour cesser d’être chroniqueur !

    C’est pourquoi je prends des chemins qui ne me mènent nulle part ;
    C’est pourquoi je ne lis de livres que ceux qui m’ouvrent mille portes.
    Je ne crains pas les lendemains, je ne défends aucun rempart
    Et la seule chose qui me délivre c’est qu’un jour l’inconnu m’emporte.

    Illustration de Balbusso Twins sur https:www.behance.netbalbusso .

  • Ésotérisme et érotisme

    Ésotérisme et érotisme

    L’ésotérisme m’intéresse par toutes ses parties cachées
    Qui se dévoilent à l’initié même si elles sont illégitimes.
    L’érotisme est l’enchanteresse sciences des arts attachés
    À laisser le sexe officier à des réunions plus intimes.

    L’ésotérisme est la doctrine de l’occultisme conservé
    Par une réunion d’adeptes des sciences conceptuelles.
    L’érotisme dévoile la poitrine et les organes réservés
    À des personnes qui acceptent l’art des pratiques sexuelles.

    Autant les deux notions diffèrent comme deux droites parallèles,
    Autant elles ont des points communs qui convergent à l’infini.
    Quand la quadrature s’affaire autour du cercle des mamelles,
    Le résultat est opportun contre toute misogynie.

    Tableau d’Olivier Ledroit.

  • Les peurs de l’enfance

    Les peurs de l’enfance

    Sans doute suis-je formaté par toutes les peurs de l’enfance
    Qui m’ont longtemps paralysé avant de trouver le courage
    D’affronter et de colmater les blessures de mes défenses
    Et, bien plus tard, d’analyser la faute de mon entourage.

    Mais voilà « on » m’a éprouvé ; autant mes parents que l’école
    Pour faire sortir le papillon de sa chrysalide, vainqueur.
    Mais tout cela reste à prouver en ce qui concerne le protocole
    Que je soupçonne un tatillon inadapté selon mon cœur.

    Chaque peur rentrée dans ma chair m’aura laissé des cicatrices
    Que j’aurai beau soigner longtemps mais qui laisseront leurs souvenirs.
    Je forme le vœu le plus cher que cette ligne directrice
    N’ai pas de rôle répercutant chez mes enfants à l’avenir.

    Illustration de Balbusso Twins sur https:www.behance.netbalbusso .

  • La chasse au Dahu

    La chasse au Dahu

    C’est lors d’une chasse au Dahu que mon père a connu ma mère :
    Cherchant la bête aux courtes pattes, courant comme deux niquedouilles
    Et mettant et tant de chahut pour faire peur à la chimère
    Qu’à la fin elle se carapate et nos chasseurs rentrent bredouilles.

    Comme ils sont un peu fatigués et que la pleine Lune est douce,
    Sous un arbre tous les deux s’asseyent profitant de l’intimité.
    L’amourette s’étant instiguée, d’abord s’embrassent leurs frimousses,
    Puis de leurs quatre mains s’essayent à trouver plus d’affinités.

    Mais voici que dans leurs ébats, ils roulent ensemble des quatre fers
    Et d’autres chasseurs les repèrent croyant la bête à leur portée.
    Bref pour couper court aux débats, les deux amants nus comme un ver
    Sont contraint par Monsieur l’Maire à un mariage vite emporté.

    Sources Wikipedia : Le dahu est un animal imaginaire sauvage décrit comme vivant dans les zones montagneuses, environnement qui aurait influé sur son évolution physique au fil des générations. Son aspect caractéristique réside dans le fait qu’il a deux pattes latérales plus courtes que les deux autres, afin de bien se tenir dans les pentes montagneuses.

  • La bibliothécaire des étoiles

    La bibliothécaire des étoiles

    Si l’absolu est recensé, si l’infini est dénombré,
    Alors le diable est démasqué, lui qui se cache dans les détails.
    Sans doute n’étions nous pas censés avoir la mémoire encombrée
    De chaque élément débusqué que cache cet épouvantail.

    Car tout l’univers n’est qu’un leurre inventé pour nous faire peur ;
    Si tout est incommensurable, c’est faute à un vide impassible.
    Mais nous allons voir tout à l’heure qu’il est un ange développeur
    Qui a fait un incomparable travail prétendu impossible.

    La bibliothécaire des étoiles a tout enregistré pour nous
    Même si ce n’est pas toujours le meilleur côté de nous-mêmes.
    Après la mort tout se dévoile et les mystères se dénouent ;
    Alors en attendant ce jour, je vis avec celle qui m’aime.

    Illustration d’Evgenia Lumfur.

  • L’amour au violoncelle

    Sans doute la Saint-Valentin fait jouer pianos et violons,
    Contrebasses et Bandonéons dans les clubs jusqu’au petit jour.
    Mais loin du tango argentin, loin de Daphné et Apollon,
    Loin des lumières et des néons se nichent les mélodies d’amour.

    Valentine lance l’ouverture de toute sa virtuosité
    Pour inviter son partenaire devant sa partition du tendre.
    D’abord avec désinvolture, puis avec somptuosité,
    Tout en laissant l’imaginaire pour un impromptu à attendre.

    Valentin réplique à l’invite en gravissant son chevalet
    D’une main ferme mais précise tout en maniant son archet.
    Et tandis que ses doigts lévitent sur le manche au rythme exhalé,
    Il la rejoint à la reprise de ses aiguës très haut perchés.

    Tableaux de Lena Sotskoval et de Cardici.

  • La tribu à son point d’eau

    Il est cinq heures, Paris s’éveille, les boulevards sont animés ;
    Chacun s’affaire autour du zinc, café, croissant ou petit blanc.
    La tribu parle et s’émerveille sur le journal frais imprimé
    Et ça commente en multilingue le dernier fait divers troublant.

    Il est midi, Paris déjeune et les terrasses sont bondées ;
    Chacun s’attable en petit groupe en se calant le popotin.
    Les vieux, les adultes et les jeunes, vertueux ou dévergondés,
    Ravivent le moral des troupes par les meilleurs petits potins.

    Il est cinq heures, Paris regagne ses hôtels, ses appartements ;
    Chacun vient boire un dernier verre et chacun paye sa tournée.
    On joue aux cartes, on perd, on gagne, on se détend ouvertement ;
    La tribu rentre, l’air sévère et c’est la fin de la journée.

    Tableaux de Michel Delacroix.

  • Le radeau des médusés

    Le radeau des médusés
    À force d’avoir inondé la France sous le flot des impôts,
    Tout ce qui devait arriver est tombé en pluies diluviennes.
    Les pots-de-vins vilipendés et les bakchichs sous le chapeau
    Ont fait éclater les rivets et nous coulons quoi qu’il advienne.

    La France était insubmersible comme le Titanic d’Europe ;
    Ses « fluctuat nec mergitur » ne l’ont pas sauvée du désastre.
    Et nous errons tel une cible pour tous les requins interlopes
    Qui viennent se repaitre à leur tour d’une bonne conjonction des astres.

    J’ai fait ce rêve hypothétique mais allez donc savoir pourquoi !
    Sans doute un mélange insidieux des mots de notre président,
    Ce capitaine pathétique qui mène avec je-ne-sais-quoi
    Notre embarcation ainsi Dieu – ou le diable – ; ce n’est pas évident !

    Tableau de Nicole Claveloux.

  • L’arlésienne parisienne

    L’arlésienne parisienne

    À l’instar d’Ève et de Lilith, deux femmes pour la république
    Ont été données à la France ; l’une pure et l’autre de sang-mêlé.
    Marianne en principe facilite toutes les affaires publiques
    Et l’autre provoque à outrance par ses fastes et ses démêlés.

    Car l’autre on ne la voit jamais, c’est l’arlésienne parisienne
    Qui se faufile dans les couloirs et saute sur celui qu’elle guette.
    Notre président désormais pourrait avouer qu’il a fait sienne
    Cette Lilith qui dit vouloir mener la France à la baguette.

    Car notre pauvre président est innocent de ses forfaits
    Qu’on lui souffle sur l’oreiller toutes ses nuits voluptueuses.
    Nous le savions, c’est évident. Ce premier de la classe ne fait
    Qu’obéir tout ensommeillé à son égérie présomptueuse.

    Collage de Laura Heine.

  • Les femmes-papillons

    Les femmes-papillons
    À l’instar des belles sirènes réinsérées chez les poissons,
    Leurs cousines harpies et chimères ont choisi d’autres pavillons :
    Aigles royaux, autruches-reines jusqu’aux étourneaux sans façon
    Et une existence éphémère pour les femelles-papillons.

    Car elle ne vivent pas longtemps, leur vénusté est à ce prix
    Mais elles font tourner la tête mille fois plus que les sirènes.
    Elles naissent au début du printemps et meurent une fois leur cœur épris
    D’un aviateur dont l’épithète est celle d’une mort sereine.

    Sachez que s’envoyer en l’air avec l’une comporte des risques
    Ainsi vous tomberez de haut ou bien vous aurez le vertige
    Car elle vous fait faire tralalaire au septième ciel fantastique
    Et vous lâche en plein rodéo ainsi que son orgasme l’exige.

    Photo de Mariana Goldfarb sur https:revistaquem.globo.comQUEM-Newsnoticia201712provocante-mariana-goldfarb-aparece-sem-roupa-em-novo-post.html .

  • La fatigue de la sirène

    La fatigue de la sirène

    Au bout de neuf mois la sirène vient à bout de sa gestation
    Et puis met bas si l’on peut dire de bas en haut avec des fleurs.
    Si l’on voit ses petites reines naitre aux parcs d’acclimatation,
    On les voit, elles, s’interdire de naître ailleurs que dans des pleurs.

    De grosses larmes de crocodile sont pleurées durant leur grossesse
    Car la fatigue les attriste et les désole à gros sanglots.
    Tout porte à croire que leurs idylles avec des matelots sans cesse
    Les rendent plutôt égocentristes à se lamenter par les flots.

    Heureusement les futurs pères n’ont pas à s’en intéresser
    Dans le vivier où sont parqués les derniers mâles fécondateurs
    Il arrive que l’on repère des naissances ainsi harassées
    Aux pluies torrentielles remarquées lorsqu’on traverse l’équateur.

    Tableau de Mihail Zablodski.

  • La vérité qui n’est pas bonne à voir

    La vérité qui n’est pas bonne à voir

    Imaginez un appareil qui puisse capter la lumière
    Émise depuis le Big-Bang jusqu’aux confins de l’univers !
    L’engin, à nul autre pareil, révèlerait en avant-première
    Le monde sorti de sa gangue jusqu’à ses moindres faits divers.

    Je réobserverais l’histoire de cro-magnon jusqu’à Jésus ;
    J’inspecterais les morts suspectes de César à Napoléon ;
    Je rendrais les mystères notoires et dénouerais les décousus
    Mais ma démarche circonspecte m’attirerait le feu des néons.

    En effet, tous les criminels qui ont érigé leur empire,
    Auraient peur que mes prédictions mettent au grand jour tous leurs faux-pas.
    Et le péché originel, pour le meilleur et pour le pire,
    Ôterait toute malédiction puisqu’un faux-dieu n’existe pas.

    Les riches craignant pour leur or auraient de mauvaises intentions ;
    Les religions redouteraient l’abandon de tous ses fidèles.
    Tous désireraient me voir mort et détruiraient mon invention
    Aussi j’espère, vous goûterez que j’en détruise le modèle.

    Tableau de Nizam Khan.

  • La véritable genèse

    La véritable genèse

    Un autre Dieu, d’un autre temps, d’une autre création semblable,
    N’avait doté son paradis que d’humaines hermaphrodites.
    Elles batifolaient, voletant autour de l’arbre assimilable
    À un savoir de parodie que seule la bêtise accrédite.

    Que croyez-vous qu’il arriva ? Bien sûr le malin s’inséra
    Pour semer le mal dans les cœurs et provoquer le sacrilège.
    Mais personne ne se motiva à écouter le scélérat
    Qui repartit à contrecœur pestant contre ce florilège.

    Mais alors le Dieu s’ennuya ; pas la moindre note fautive,
    Personne à menacer d’enfer ni même de mort éternelle.
    Sans doute un démon l’aiguilla à faire une autre tentative
    En opérant juste un transfert sur la perfection maternelle.

    Les hermaphrodites furent des anges et Dieu fit l’homme à son image :
    Fourbe, faux et machiavélique, bouffi d’ambition et d’orgueil.
    Sitôt que le nouvel échange fut fait il y eut tant de dommages
    Que, de Dieu et toute sa clique, on put en écrire un recueil.

    Tableaux de Bruce Kendall.

  • Approche

    Comme je zoome avec le cœur, je zoome aussi avec les yeux
    Et ses pupilles intégrales s’ouvrent sur le monde de l’âme.
    J’y entre de plain-pied, vainqueur de ses deux remparts orgueilleux,
    Ses deux défenses palpébrales qui n’osent me jeter un blâme.

    C’est au plus près de la frontière que l’iris révèle sa clef
    Et j’accède à son subconscient complètement hypnotisé.
    Moi qui voulais son âme entière, je me trouve alors encerclé
    De tous ses désirs impatients d’un avenir érotisé.

    Tableaux de Gustav Klimt

  • Capricornette

    Capricornette

    J’aim’ fair’ sauter Capricornette sur un lit ou un canapé ;
    Tout dépend du goût recherché et du croquant à savourer.
    Je ne raconte pas de sornettes mais quand la sauce a attrapé,
    Le plaisir est plus haut perché et l’extase plus énamourée.

    Capricornette sait être tendre et résistante à la cuisson
    Et jamais ne tourne au vinaigre du moment qu’il y a du vin.
    En effet, elle ne peut attendre – et ensemble nous en jouissons –
    D’ouvrir une bouteille « Nègre de nègre » et jouir de l’instant divin.

    « Nègre de nègre » est un vin d’Espagne dont je vous en recommande un verre avant de faire la chose.

  • La femme est une île

    Je le sais, la femme est une île protégée par mille coraux
    Qui sont frontières infranchissables pour un pirate trop zélé.
    D’ailleurs sa beauté juvénile attire tant de jeunes héros,
    Qu’elle se doit d’être insaisissable sous peine d’être dépucelée.

    Comme l’arbre cache la forêt, souvent la femme cache son cœur
    Sous des artifices mondains et des tonnes de bavardage.
    Mais plus elle va élaborer ses trucs épiques et moqueurs
    Et plus une nuée de gandins se lanceront à l’abordage.

    Moi qui ne suis que voyageur, je navigue entre ces pucelles
    En traçant la cartographie de leurs reliefs démantelés.
    Leurs pires récifs ravageurs m’ont souvent ruiné la nacelle
    À cause d’une topographie particulièrement dentelée.

    Mon atlas s’est constitué de mes précieuses découvertes ;
    Je le publie au jour le jour comme un poème visionnaire.
    Pourtant chaque île est située dans une page toujours ouverte
    Où mon cœur vient rêver d’amour lors d’un fantasme embryonnaire.

    Tableaux de Jean-Michel Bihorel sur https://www.artstation.com/jmbihorel

  • Tarzane et King-Kong

    Tarzan et Sheeta, je comprends ; Sheeta avait du sex-appeal,
    Elle ne lui prenait pas la tête et se montrait plutôt ingambe.
    Tarzane et King-Kong, ça m’apprend que ce qui les femmes horripile,
    Ce n’est pas le poil de la bête mais ce qu’il y a entre les jambes.

    Gros ou petits, lorsqu’il étrille les mamelons de sa compagne,
    L’animal sait sans commentaire faire jouir la belle alitée.
    Quand vient l’orgasme, gare au gorille, son cri résonne jusqu’aux montagnes !
    Le rut est certes rudimentaire mais de première qualité.

    Tarzan peut partir la queue basse, malheureux d’un sexe trop fin ;
    Bien qu’il soit seigneur de la jungle, les quolibets sont cancaniers.
    Je ne sais pas ce qui se passe quand Sheeta reste sur sa faim
    Mais quand leurs rapports restent humbles, il lui reste les bananiers.

    Illustration de Jay Anacleto.

  • Alléluia

    Alléluia ! L’entêtement, ça sert d’autorité en soi
    Pour pratiquer et enseigner les meilleurs coups de pied au culte.
    Et pour une femme, les vêtements sacerdotaux en pure soie
    Sont nécessaires pour imprégner les cerveaux lents les plus incultes.

    Une vierge Marie plus sexy et, par centaines de fidèles,
    On ferait la queue à la messe et bien plus au confessionnal !
    Le Christ mourrait d’apoplexie, pauvre petit polichinelle,
    En voyant sa mère à confesse en décolleté méridional.

    Et j’aimerais au Paradis être accueilli par Sainte-Pierrette
    Plutôt qu’un Saint-Pierre rabougris, grognon, pinailleur et stupide.
    Nul n’en fera une maladie si l’on s’baptise à la Clairette †
    Et si on change en Pinot gris l’eau bénite qui est insipide.

    † Clairette de Die évidemment

    Photo d’April Gloria

  • La véritable amante religieuse

    Ceux pour qui la femme n’est qu’un sexe se réjouiront de la mutante :
    L’amante aux quatre fers en l’air qui s’écartent dès que l’on s’en sert.
    La position vous rend perplexe ? Elle n’est pourtant pas débutante
    Et connaît ce qui va vous plaire car au début, elle est sincère.

    Après c’est la petite mort ; l’homme est épuisé de l’effort,
    Puis lentement les sécrétions vaginales et surtout létales
    Tueront sans le moindre remords l’amant qui s’croyait le plus fort
    Tandis qu’alors à discrétion digère la femme fatale.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.