Catégorie : 2021

  • Les cubes à souvenirs

    Les cubes à souvenirs

    La quatrième dimension ressemble aux cubes à souvenirs
    Où notre mémoire décharge tout ce qu’elle ne peut contenir.
    Vous pourriez, en demi-pension, y projeter votre avenir
    Sans aucun frais à votre charge, ni supplément à retenir.

    Chacun possèderait sa boîte, chacun ses rêves à accomplir.
    Vous trouveriez votre âme-sœur sans forcer, sans vous affaiblir
    Afin que les sexes s’emboîtent dans des rapports à établir
    Selon que vous soyez chasseur ou simple proie à assouplir.

    Tableau de Rafal Olbinski sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201104rafal-olbinski-surrealista-polacco.html .

  • Utopie sur mer

    Dans ma lointaine adolescence, j’ai fait naufrage de mes rêves
    Qui m’ont fait échouer sur l’île où l’utopie régnait en maître.
    J’y vivais nu de connaissances naturellement sur la grève
    D’une éternité juvénile et tout mon amour à transmettre.

    De l’autre côté du miroir, s’ouvraient des terres innocentes,
    Vierges de toute humanité, heureusement inaccessibles.
    J’avais la clef dans mon tiroir, une clef d’or rajeunissante,
    Qui donne accès illimité vers ces univers impossibles.

    Tableaux de Jacek Yerka sur http:liryka-liryka.blogspot.com201408robinson-jaromir-nohavica.html#more .

  • Stratégie sanitaire

    Stratégie sanitaire

    Après trois cent soixante-cinq marches, nous sommes revenus sur nos pas
    Malgré tous les confinements et les couvre-feux de saisons.
    Je ne sais plus quelle démarche, sensée nous éviter le trépas,
    Devrons-nous prendre finalement pour ne pas perdre la raison.

    Le boulevard « vaccination » ressemble plus à une impasse
    Débouchant sur le cimetière qu’à une porte de sortie.
    Les agents de divination nous mentent sur ce qui se passe
    Et l’autorité cachotière pousse mémé dans les orties.

    Illustration de Deligne d’après Escher.

  • Le grand orchestre des Pharaons

    Le grand orchestre des Pharaons

    Ramsès II à l’accordéon et à la balalaïka,
    Le grand orchestre des Pharaons nous réinvente la mazurka.
    Avec des rythmes endiablés, il nous chante sa mélopée ;
    Avec des bourrées ensablées, il nous clame son épopée.

    Les cordes, tel un arc, nous rappellent jadis la bataille de Qadesh
    Avec le piano à bretelles au vent du souvenir des flèches.
    Tout droit échappé des ténèbres pour délivrer les confinés
    Avec une marche funèbre pour envoûter les vaccinés.

    Temple d’Abou Simbel au nord du Lac Nasser.

  • Rideau de jour, rideau de nuit

    Rideau de jour, rideau de nuit

    Il reste curieux, l’équinoxe qui masque la moitié du jour
    Avec la moitié de la nuit comme le paravent du temps.
    Le Soleil, dans ce paradoxe, se voile sous un abat-jour
    Quant à la Lune, celle-ci luit dans la pénombre en clignotant.

    Mais cet équilibre ne dure que juste le temps d’un rappel
    Et la lutte pour la lumière recommencera jusqu’au solstice.
    Puis, reprendra la procédure ; l’obscurité fera appel
    Afin de remporter, la première, l’alternance par la justice.

    Tableau de Rafal Olbinski sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201104rafal-olbinski-surrealista-polacco.html .

  • Longue est la route

    Longue est la route

    Lorsque la route se rallonge en multiples prolongations,
    J’en déduis que Dieu, en retard, fignole ma destination.
    Et si le Diable me prolonge encore ses déviations,
    Je prendrai le Guide du Routard contre la procrastination.

    Heureusement j’ai Saint-Christophe attaché au tableau de bord
    Avec le Guide Michelin pour manger en dernier recours.
    Enfin, je lirai quelques strophes contre l’impatience que j’abhorre
    Et les « Lettres de mon moulin » deviendront ma roue de secours.

    Photo de Georgekev.

  • L’américanisation

    L’américanisation

    Grâce à Walt Disney et consort, toutes les histoires du monde
    Sont devenues états-uniennes, d’Aladin jusqu’à Jeanne d’Arc.
    Shakespeare, lui-même, s’en sort, mais marqué d’un accent immonde,
    Dans les chansons californiennes que l’on entend à Central Park.

    La cuisine aussi s’en ressent et l’on voudrait nous faire croire
    Que, sans pancake, un déjeuner est comme un hamburger sans frite.
    Pour l’estomac, il est stressant de voir cette bouffe sans gloire
    Gonfler la tête des jeunes et en faire leur pitance favorite.

    Tableau de Rafal Olbinski sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201104rafal-olbinski-surrealista-polacco.html .

  • Le dieu vivant

    Et ce nouvel homme d’argile, modelé d’une jeune Terre,
    Métamorphosa de la boue une créature vivante.
    On aurait dit qu’un dieu agile venait de naître en solitaire
    Comme animal marchant debout vers une épopée captivante.

    Aussitôt il chercha compagne pour partager ses expériences
    En prélevant un bout de chair qu’il planta dans la terre glaise.
    Le printemps mûrit les campagnes et la femme en luxuriance
    Lui offrit son vœu le plus cher : la descendance qui lui complaise.

    Sculptures de Pablo Hueso.

  • L’ouverture au bonheur

    L’ouverture au bonheur

    Les jours se ressemblent comme un livre qui se ferme et s’ouvre sans fin
    Sur la nouvelle page vierge qui ressemble à celle de demain.
    Fors qu’une vision m’en délivre, entrouverte sur les confins,
    Comme une porte d’où émerge un espoir à portée de main.

    Et sur cette toile d’azur qui revient comme d’habitude,
    Je change la réalité pour une autre éventualité.
    Je jette un pont sur l’embrasure d’un rayon de béatitude
    Qui transforme en sensualité les troubles de l’actualité.

    Tableau de Rafal Olbinski sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201104rafal-olbinski-surrealista-polacco.html .

  • Coucou, les chiens

    Depuis que les clebs grimpent aux arbres, on y a construit nos maisons
    Dont ils en assurent la garde sur les chiens-assis aux aguets
    Mais toute la journée ils palabrent quand sonne l’heure sans raison
    À moins qu’un coucou, par mégarde, ne soit en train de zigzaguer.

    Quand vient le printemps, ils s’endorment ; sans doute le rhume des foins
    Qui agace leur flair légendaire et atténue leurs aboiements.
    Alors le renouveau transforme les terres jusqu’au mois de juin
    Où l’été, saison solidaire, les réveillera vaillamment.

    Tableaux de Jacek Yerka sur http:liryka-liryka.blogspot.com201408robinson-jaromir-nohavica.html#more .

  • Les cages aux jeux de rôles

    Les cages aux jeux de rôles

    À peine sortie de sa cage, la reine d’un jour sans mémoire
    Dès lors organise sa prison avec son environnement.
    Tout est jouet, plus ou moins sage, jugé à travers l’écumoire
    De l’œil fixé sur l’horizon en vue de son couronnement.

    Mais d’autres cages la contemplent ; d’autres reines d’hier et demain
    Qui, à leur tour, pourront régner une journée à satiété.
    Toutes ces cages forment un temple où l’on y prie à mille mains
    Pour une utopie imprégnée des rôles de la société.

    Tableau de Rafal Olbinski sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201104rafal-olbinski-surrealista-polacco.html .

  • Le printemps sur la campagne

    Le printemps sur la campagne

    Le temps, suspendu à leurs vols, passe en silence sur la campagne
    Et l’ensemence de printemps à l’aide d’oiseaux de passage.
    Que j’aime ces oies bénévoles venant des pays de cocagne
    Et qui en rapportent tout autant les fruits de leurs apprentissages.

    Qu’ont-elles vu sur l’océan ? Que rapportent-elles d’Afrique ?
    Qu’ont-elles appris aux antipodes ? Qu’ont-elles enfanté pour nos Pâques ?
    Moi, tout en bas sur mon séant, j’apprécie la façon lyrique
    Dont le printemps lance la mode en éclairant mon ciel opaque.

    Photo de Sab Wanderlust.

  • L’apparition Vénus

    L’apparition Vénus

    Pendant l’obscurité d’une profonde nuit,
    Je marie l’oxymore avec le pléonasme.
    Si le songe tourmente et le rêve me nuit,
    J’en demande à Vénus un ultime fantasme.

    Quand le silence lourd se fait assourdissant,
    Elle m’apparaît nue et extraordinaire.
    Alors le cauchemar, d’abord étourdissant,
    Devient un paradis d’amour imaginaire.

    Tableau de Patrice Murciano.

  • La voix du printemps

    La voix du printemps

    Toutes mes questions de l’hiver trouveront réponses au printemps
    Comme le souci d’une nuit par l’aube est métamorphosé.
    Tous les mystères de l’univers les plus ardus vont s’épointant
    Lorsqu’une fleur s’épanouit sous une goutte de rosée.

    J’aime quand mon cœur s’abandonne et admet la simplicité
    D’une nature qui prévient comme une mère à son enfant.
    J’aime lorsque se désordonne ma raison en complicité
    Avec un printemps qui revient chaque année, toujours triomphant.

    Tableau d’Édouard Vuillard.

  • Adieu l’hiver, l’été, l’automne, etc.

    Adieu l’hiver, je t’aimais bien devant tes feux de cheminée ;
    Hier encore, je cheminais parmi tes forêts enneigées
    Malgré tes souffles microbiens qui m’auront gardé confiné
    Et les vents qui contaminaient mes inquiétudes propagées.

    Aux antipodes, pourtant l’inverse arrive sur les plages chaudes
    Qui disent adieu à l’été et ses voyages organisés.
    Malgré l’effroi qui tombe à verse, et qui effraie et qui échaude
    Et qui m’auront fait haleter de tous mes sens tétanisés.

    Adieu l’automne et les saisons et tous mes souvenirs d’antan
    Où je vivais libre et heureux même si ce n’était qu’utopie.
    Le monde m’impose sa raison pour que je devienne consentant
    De gré ou de force, rigoureux envers l’ordre qui m’estropie.

    Tableaux de Rafal Olbinski sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201104rafal-olbinski-surrealista-polacco.html .

  • L’année du bœuf

    La force et la longueur de temps font plus que force ni que rage.
    Cette année, le Bœuf de métal, au caractère déterminé,
    Prépare un tournant important par son sang-froid et son courage
    Pour un mouvement sociétal qui change notre destinée.

    Ainsi nous serons confrontés à un changement radical
    Qui bouscule nos habitudes, nos acquis et nos connaissances.
    Ainsi nous allons affronter par un traitement médical
    Le contrôle de notre aptitude d’obéir aux grandes puissances.

    Mais par ces bouleversements, peut-être ainsi parviendrons-nous
    À sortir de notre prison et sauvegarder l’avenir ;
    Sinon notre gouvernement nous fera plier les genoux
    Et fermera notre horizon sur un malheureux souvenir.

    (Photos de Marina Cano.
    Selon l’horoscope chinois, le bœuf, à manches retroussées, travaillerait d’arrache-pied à bâtir l’avenir. Il apprendrait à aborder la réalité, avec lucidité et sang-froid, dans l’espoir d’ouvrir des horizons différents, lumineux et plus grands. Reste à savoir comment l’humanité va réagir, confrontée à l’une de ses craintes principales : le changement.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Larguez les amarres !

    Larguez les amarres !

    Puisqu’on nous ferme les frontières et qu’on nous traite comme des veaux,
    Regroupons nos dépossessions en villages errants, sans attaches.
    Soyons humains à part entière, échappons à l’Ordre Nouveau
    En faisant céans sécession contre l’état qui nous cravache.

    Nous irons où portent les vents suivant le cours des alizés,
    Nous remonterons vers le nord lorsqu’auront fondu les calottes.
    Nous suivrons les routes en rêvant aux bars sur les Champs-Élysées
    Et attendrons que nous honorent les futuristes sans-culottes.

    Illustration de « La croisière des oubliés » par Enki Bilal.

  • Jazz

    À contre-mots, à contretemps, sur des rimes faibles appuyées,
    Les Reflets-Vers chantent le blues et la Prose déchante son spleen
    En alexandrins trompétant en douze pieds bien essuyés
    Mais en laissant sur la pelouse deux ou trois rimes orphelines.

    La poésie-jazz s’incorpore dans les exclamations des cuivres
    Qui hachent ses rimes en notes et ses poèmes en trémolos.
    Alors les vers sortent des pores des musiciens qui osent suivre
    Cette partition qui dénote un style assez méli-mélo.

    Tableaux de Victor Sheleg.

  • Amours et géographie

    Amours et géographie

    Est-ce en Islande, est-ce en Finlande ou est-ce en Nouvelle-Zélande
    Qu’au milieu d’un champ de printemps, je fis l’amour pour mes vingt ans ?
    C’était au temps où j’emmêlais les Maliens avec les Malais,
    Les Hindous avec les Indiens, les Canadiens, les Acadiens.

    J’étais plus porté sur l’amour, dans les jardins du Luxembourg,
    Que les cours de géographie, l’Atlas et sa cartographie.
    Le seul auquel j’ai su prétendre s’appelle « la carte du tendre »
    Car je ne garde de paysages que les filles aux jolis visages.

    Photo de Linda Ólafsdóttir sur https:www.flickr.comphotoslindaola .

  • Cœurs à prendre

    Tous les cœurs à prendre au printemps, comme jeunesses de vingt ans,
    Vont commencer à végéter puis, mûriront pendant l’été
    À condition d’entretenir beaucoup d’amour à contenir
    Et offrir ses belles faveurs aux cœurs des jeunes filles en fleurs.

    Pour la récolte, il faut attendre car l’amour est dur à comprendre
    Envers les femmes, et renâcler car chaque serrure a sa clef.
    Mais après l’été vient l’automne et, sous sa langueur monotone,
    S’ouvriront les fruits défendus et leurs effets inattendus.

    Tableaux de Christian Schloe et Catrin Welz-Stein.

  • Ishtar

    Ishtar

    La déesse de l’amour physique s’est revêtue de beaux atours
    Sous forme d’un voile pudique pour faire barrage aux désirs.
    Elle n’en est que plus érotique par le mystère de l’amour
    Dont l’attirance véridique entraîne fantasmes et plaisirs.

    Aux premiers jours du mois de mars, j’invoque la « Dame du ciel »
    Afin qu’aussi bien hommes et femmes soient l’alchimie de la passion
    Pour qu’ils soient complices et comparses, unis d’un amour essentiel
    Qui lèvera le voile infâme qui transgresse l’émancipation.

    Photo d’Evgeny Makarenko.

  • ADN et QR-code

    C’est pour bientôt ; le QR-code va s’imprimer sur le visage
    Et facilitera la tâche de la reconnaissance faciale.
    Ce sera comme un digicode simplifiant le marchandisage
    À condition qu’on n’y attache pas trop de morale impartiale.

    Trop tard ! Vous étiez prévenus maintenant vous serez pistés ;
    L’état saura où vous allez, qui est l’élu(e) de vos pensées.
    Votre esprit sera détenu par une conduite assistée
    Selon ce que vous prévalez et ce que vous aurez dépensé.

    Photos d’Alexander Khokhlov et maquillages de Valeriya Kutsan sur https:buzzly.frde-magnifiques-portraits-en-noir-et-blanc-de-visages-peints-en-noir-et-blanc.html .

  • L’homme et son chat

    Les écrivains et les poètes vouent à leur animal un culte
    Car il les transporte au-delà des murs de l’imagination.
    Même certains anachorètes donnent à leur chat un lien occulte
    Qui les relient au Walhalla, loin de toute abomination.

    Le mien me réveille la nuit en plein milieu d’un rêve ultime
    Qui, en restant inachevé, m’oblige à écrire la suite.
    Loin de vous dire qu’il m’ennuie, il me sert de journal intime
    Qui me permet de parachever mes vers en une course-poursuite.

    Tableaux de Remedios Varo.

  • La femme et l’enfant

    Si l’enfant tapi dans son ventre avait la possibilité
    De regarder vers l’extérieur ce qui l’attend à sa naissance,
    Peut-être resterait-il entre la protectrice stabilité
    De sa forteresse intérieure où il paresse avec aisance.

    Mais s’il était aventureux, téméraire ainsi qu’intrépide,
    Ardent en réciprocité de quitter son monde éphémère,
    Peut-être ce fruit vigoureux souhaiterait un moyen rapide
    De naître avec précocité et l’on verrait courir sa mère.

    Tableaux de Remedios Varo.

  • Mené par le bout du nez

    Mené par le bout du nez

    Selon que vous seriez taureau, cancer, capricorne ou verseau,
    Une partie de votre corps pense avec ou sans votre accord.
    Selon que vous seriez lion, bélier, sagittaire ou scorpion,
    Le cœur et l’esprit sont liés carrément de la tête aux pieds.

    Le sexe me laisse un peu perplexe car il me conduit sans complexe ;
    Les jambes, les genoux et les pieds me gouvernent comme il leur sied ;
    Du cou au sommet de la tête, je ne pense qu’à faire la fête ;
    Les bras m’en tombent, j’en ai bien peur, je suis orienté par le cœur.

    Tableau de Matteo Arfanotti.

  • Il était une foie…

    Il était une foie…

    Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, la vie continue tout de même ;
    Il faut chasser sa nourriture et recommencer chaque fois.
    Notre aigle a compris le manège et pour nourrir celle qu’il aime
    Ainsi que sa progéniture, il va vous dévorer le foie.

    Mais oui ! Vous l’avez reconnu. C’est lui, l’aigle de Prométhée
    Qui déroba le feu sacré pour en faire don aux humains.
    La suite ? Elle est archiconnue ! Les Dieux l’ont tellement appâté,
    Qu’il le déguste salé-sucré, avec une sauce au cumin.

    Pygargue à tête blanche photographié par Anthony Bucci à Vancouver.

  • Michel l’ange

    Chez Michel, jamais il ne pleut, c’est le temps qui pleure de joie ;
    Chez lui, chaque goutte de pluie n’est qu’une larme de colibri.
    Chez Michel, les rêves sont bleus même lorsque le temps rougeoie ;
    S’il se balade en parapluie, c’est pour mettre ses ailes à l’abri.

    La nuit, toutes ses ailes brillent comme une kyrielle d’étoiles
    Et quand le temps est à l’orage, ses ailes font des croissants d’or.
    Si, toute la nuit, il quadrille le cosmos à rebrousse-poil,
    C’est pour se donner du courage et un air de conquistador.

    Tableaux de Victor Nizovtsev sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201208siren-song-victor-nizovtsev-1965.html .

  • La peinture naturelle – 2

    Les enfants de Dame Nature s’inspirent des beaux paysages
    Et se nourrissent d’air du temps dont l’azur contient le tanin.
    Beaucoup s’adonnent à la peinture, dessinent et brossent des visages,
    Portraits de leur mère au printemps et son Éternel féminin.

    Peintres aux belles aquarelles, peintres de musiques et de mots,
    Peintres-poètes aux belles proses, peintres d’arômes étourdissants.
    Leur nature est surnaturelle, leurs rythmes infinitésimaux,
    Et leurs vers d’une couleur rose issue d’un filon nourrissant.

    Tableaux de Victor Nizovtsev sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201208siren-song-victor-nizovtsev-1965.html .

  • Sortie de l’ombre

    La vie serait née de l’espace brassée dans le coeur des étoiles ;
    La lumière serait la divine créatrice de notre univers.
    Je ne sais pas ce qui se passe derrière la science et son voile
    Mais mon petit doigt en devine tous les secrets les plus divers.

    « Fiat lux ! Que la lumière soit ! » Ces mots ont surgi du néant
    Comme une explosion d’énergie d’où se déversa la matière.
    Puis, s’étendît par-devers soi l’espace-temps comme un géant
    Qui se réveille en synergie avec un monde à part entière.

    Tableaux de Remedios Varo

  • Coopération et création

    Tandis qu’il répand la semence composée de poudre d’étoiles,
    Le créateur transmet la vie à la planète nourricière.
    Il attend que tout recommence pour que l’avenir lui dévoile
    La maintenance et le suivi de la part des bénéficiaires.

    Aussitôt qu’elle reçoit l’onde génératrice de la vie,
    La génitrice alors arrose la terre promise à l’essor.
    Elle déverse l’eau féconde qui assurera la survie
    Des filles aux pétales de rose, des garçons aux choux … et consort.

    Tableaux de Christian Schloe

  • Pervers Regards

    Regard sévère, regard amer voilà le prix de la souffrance
    Quand l’amour n’a pas eu son dû ou n’en a pas eu son content.
    Regard bleu-vert presque outremer ou fluorescent à outrance
    Pour marquer sans sous-entendu un litige qui se paie comptant.

    Regard de face en face-à-face voilà le prix de l’amertume
    Quand la tromperie se dilue dans l’eau de rose polluée.
    Regard tordu, plein de grimaces, saumâtre et d’un zeste d’agrume
    Pour mesurer l’huluberlu d’un sentiment dévalué.

    Regard qui s’en va de travers voilà le prix d’indifférence
    Quand elle veut taire les mots qu’elle n’ose pas prononcer.
    Regard qui renvoie à l’envers les fallacieuses déférences
    Qui écriront, chargé de maux, un chagrin d’amour romancé.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Tintin pour la Suisse !

    À peine franchi la frontière, je croyais maîtriser les langues
    – Puisqu’elles sont universelles en ce qui concerne l’argent –
    Pour naviguer ma vie rentière sur les eaux d’un euro qui tangue
    Entre les monnaies qui excellent et un franc suisse, départageant.

    Au début, leur langue curieuse ressemblait assez à la mienne ;
    Un peu plus lente entre les phrases avec un patois des alpages.
    J’eus alors une envie furieuse pour plaire à mes concitoyennes
    De parler la langue genevoise afin de paraître à la page.

    Mais à la frontière des langues, l’affront que j’essuie salement
    Me donne le pire des maux avec une langue imbuvable.
    Bien que ce pays me harangue de parler le suisse-allemand,
    Je n’en comprends pas un seul mot sinon un dialecte improbable.

    Parodies et hommages à Hergé

  • La reine de la nuit

    Dans l’obscurité de la nuit, mes yeux ont pu se dessiller
    Et distinguer à l’aveuglette une chevelure invisible.
    Au douzième coup de minuit, mes yeux à peine écarquillés
    Perçoivent une forme incomplète et aux contours imprévisibles.

    Mais lorsque je sens sur ma bouche la saveur d’une ombre sucrée,
    Mon troisième œil révèle enfin que la nuit n’est autre que femme.
    Et son empreinte sur ma couche, scellée du féminin sacré,
    Me laisse au matin sur ma faim tandis que s’envole mon âme.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Le jour et la nuit

    J’aime le jour comme une femme qui me ranime doucement
    Dans une robe en rayons d’or et la chevelure fleurie.
    À regret, je laisse mon âme repartir vers le firmament
    Tandis que l’esprit et le corps s’éveillent au son des guilleris.

    J’aime la nuit comme une femme qui m’ouvre ses rêves secrets
    Dans l’intimité de sa couche et ses draps moirés de satin.
    Dans l’obscurité qui m’affame de mes désirs et mes regrets,
    L’âme s’éveille et s’effarouche à l’aveuglette jusqu’au matin.

    Tableaux de Kinuko Y. Craft

  • L’antigravité

    Quand la gravité du malheur alourdit l’espace et le temps,
    J’en épouse le mouvement et utilise son attraction.
    L’antigravité, pile à l’heure, entre en action et me détend
    Dans un joyeux trémoussement et une saine décontraction.

    Plus l’atmosphère devient lourde et plus j’ai la tête légère ;
    Plus la température monte et plus je garde la tête froide.
    Et sous la cacophonie sourde des joyeux drilles et leurs mégères,
    Je sens le moral qui remonte malgré leurs paroles brèves et roides.

    Photo d’Evgeny Makarenko

  • La peinture naturelle – 1

    Dame Nature en robe à pois, tenant un énorme pinceau,
    Est venue colorer les champs dans les fleurs d’un rêve au printemps.
    Alors pour faire contrepoids, Van Gogh, Monet et Picasso
    Ont brossé un soleil couchant impressionniste en un instant.

    Les couleurs du temps, naturelles, délayées dans l’eau de rosée
    Chantent la pluie et le beau temps selon les écarts d’éclairage.
    Enfin, ces tendres aquarelles deviendront métamorphosées
    Par la brise et le vent d’autan qui circonviendront les orages.

    Photo d’Evgeny Makarenko

  • Les masques à la mode

    Depuis un an, le port du masque a redessiné les visages
    Et les créateurs se demandent s’ils en seront contaminés.
    Gageons qu’une mode fantasque va transformer le paysage
    Malgré certaines réprimandes de la part des non-vaccinés.

    Photo de Koketit

  • Quand le racolage gêne

    Masque à la con pour les garçons, joli masque à ras pour les filles,
    La mode ne sait où elle va dans l’atmosphère pathogène.
    Mais retiendrons-nous la leçon de cette vogue de pacotille ?
    Virons de bord et à Dieu vat ! …avant que ce racolage gêne.

    Photo de Misanthropic Messiah

  • Les boîtes-people

    Bien serrés comme des sardines dans leurs modernes appartements,
    Les hommes nouveaux se rassemblent en tous foyers agglomérés.
    Même si l’un d’eux souhaite en sourdine modifier son comportement,
    Il s’apercevra qu’il ressemble à ce pourquoi Dieu l’a créé.

    Car « croissez et multipliez » répété aux générations
    Implique exponentiellement la future surpopulation.
    Et l’homme devra se plier, soumis à l’accélération,
    À se détruire cruellement ou mourir en copulation.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’aurore rose

    Les terres sèches se craquellent quand elles s’éveillent à l’aurore
    Et le ciel s’embrase de rose aux premiers rayons du soleil.
    Saint-Michel montre les séquelles d’une aridité qui dévore
    Sa nature aux couleurs moroses mais qu’un pinceau d’azur balaye.

    Photo de Mathieu Rivrin sur https://www.mathieurivrin.com

  • Vache de séchage

    Bien que ces vaches de séchages m’aient essoré bien des regrets,
    Je dois sans cesse faire lessive pour essuyer tous mes échecs.
    Mes réussites sont au lavage, heureusement grâce au progrès
    Et sa vitesse dépressive, j’aspire au nettoyage à sec.

    Même si je devais repasser toute ma vie à ressasser,
    Je passerais au savon noir mes tâches les plus difficiles.
    Mais à force d’outrepasser trop de lavages entrelacés,
    J’aurais des trous dans ma mémoire et des traces indélébiles.

    Photos de Helga Stertrel

  • Cahots et chaos

    Monter l’allée de La Valette, dévaler les rues parcourues,
    Descendre chaussées et venelles, dégringoler les escaliers…
    Par le Moulin de La Galette et ses artistes disparus,
    J’appose ma touche personnelle avec mes rimes folles à lier.

    Monter la gamme à Montparnasse, descendre d’un ton albacore,
    Grimper jusqu’au septième ciel ou tomber de plus en plus haut…
    Et qu’enfin je décadenasse tous mes os encore et encore
    À parcourir ce démentiel monde de cahots en chaos !

    Photo des Balcons de La Vallette à Malte par Ournextflight

  • Le ministère de l’injustice

    Tandis que la justice aveugle fait semblant de sauver le peuple,
    Celui-ci en fait est conduit par un mensonge qui le séduit.
    Mais à force de fermer les yeux sur les complots les plus odieux,
    Il se prépare pour une errance dans un chemin plein de souffrances.

    Car la justice triche un peu ; elle ne fait pas ce qu’elle peut
    Mais ce que veulent les puissants qui exigent le prix du sang.
    Alors lorsque l’on me propose un faux vaccin que je suppose
    Être un poison dissimulé, je refuse d’être manipulé.

    Tableaux de José Parra sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2012/10/Jose-Parra.html

  • Le ministère de la maladie

    Avec ses lunettes de salope qui ne trompent que Monsieur Fallope,
    La ministre de la santé encore une fois s’est plantée.
    D’abord, elle prétend que les masques ne sont qu’une protection fantasque
    Puis, elle en impose l’usage dans les lieux de marchandisages.

    Après avoir fermé les bars à propos des pires bobards,
    Elle ferme les bibliothèques pour nous garder comme des métèques.
    Elle nous entasse dans les trains, les autobus avec entrain,
    Mais nous interdit réunions, fêtes chrétiennes et communions.

    Sur le terrain de l’échiquier, la reine devient folle à lier ;
    Elle entreprend dans son palais un crime à grand coup de balai ;
    Elle s’associe à des sorcières pour nous tendre une souricière
    En répandant un faux virus sorti de son propre utérus.

    Une fois la terreur répandue, elle annonce que seront pendus
    Tous ceux qui crachent le morceau en nous révélant au verso
    Que tout était prémédité pour saper notre hérédité
    Et rendre nos enfants esclaves d’un nouvel ordre qui les enclave.

    Tableaux de José Parra sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2012/10/Jose-Parra.html

  • Soleil-Lune

    Bien que le Soleil soit le Maître et la Lune juste un satellite,
    Ils ont le même diamètre et nul ne trouve ça insolite.
    Le soleil règne sur le monde mais a besoin de sa compagne
    Pour refléter, la nuit profonde, son souvenir sur nos campagnes.

    Entre le Soleil et la Lune, l’histoire d’amour est éternelle ;
    La complicité des deux astres a semé la vie sur la Terre.
    Le mâle bâtit sa fortune à l’aide de sa force charnelle
    Mais ne se préserve du désastre qu’avec sa femme paritaire.

    Tableaux de Jake Baddeley

  • La journée de la Lune

    La plupart du temps, le soleil surpasse l’éclat de la lune
    Qui ne peut donner sa lumière qu’aux heures calmes d’obscurité.
    Eh bien, la femme, c’est pareil ! Elle attend son heure opportune
    Pour que ses qualités premières révèlent ses capacités.

    C’est ainsi, la loi du plus fort domine dans tout l’univers ;
    Les grands occultent les petits et l’homme domine la femme.
    On fait peut-être de gros efforts mais, tous les jours, les faits divers
    Démontrent hélas les appétits de cette dictature infâme.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Comme un poisson dans l’eau…

    Heureux comme un poisson dans l’eau… mais limité à son bocal
    Qui paraît tellement fragile qu’il pourrait voler en éclats.
    La pollution va à vau-l’eau, et le gouvernement bancal
    N’est qu’un colosse aux pieds d’argile pour qui, déjà, sonne le glas.

    Et nos petites vies tranquilles que nous pensions inébranlables
    Se fissurent sur les frontières et à l’intérieur de nos villes.
    Nous pensions nos règles utiles mais les voici incontrôlables
    Aux mains d’autorités altières sur des groupuscules serviles.

    Tableau de Jacob A. Pfeiffer

  • Vu d’ici

    À vue d’œil derrière un écran, je vois mes propres opinions ;
    Je me vois, l’esprit mis à cran, privé de toutes réunions.
    À vue de nez derrière un masque, je sens mes propres excrétions ;
    Je me sens, une âme fantasque, asphyxiée sous l’oppression.

    À vue d’oreille derrière un casque, j’entends mes propres cris du cœur ;
    J’entends s’élever la bourrasque d’un peuple qui crie sa rancœur.
    À vue de goût, c’est le dégoût d’avaler ma propre nausée
    Envers ceux qui frappent des coups sur une foule ecchymosée.

    Tableau d’Arantzazu Martinez

  • L’embarcadère de rêve

    Un rêve qui ne manque pas d’air serait d’attendre un dirigeable
    Directement sur ma terrasse contiguë à l’embarcadère.
    Pour un voyage hebdomadaire avec billets interchangeables
    Afin que je me débarrasse des tracasseries légendaires.

    Puis, selon la boussole folle qui tournicote au gré des vents,
    Je m’embarquerais sans valise juste mes chaussures à la main.
    Et dans l’azur dont je raffole, je m’élancerais aux devants
    De l’aventure sans balise, sans destination pour demain.

    Et puis, à l’intérieur du rêve, s’entrouvrirait un autre monde
    Où disparaîtraient les frontières pour ne laisser que l’inconnu.
    Les heures, d’ordinaire si brèves, dans une course vagabonde,
    D’allongeraient la vie entière pour l’honneur d’un cœur ingénu.

    Tableaux de Stanislav V. Plutenko sur http://malaguetasur.blogspot.com/2015/03/stalinlav-plutenko-pintor-ruso.html

  • L’invitation au voyage

    Quand le cœur appelle,
    Quand il interpelle,
    L’invitation au voyage,
    Le corps lui répond
    « Partons au Japon,
    Courrons à l’appareillage ! »
    La raison s’efface
    Sans perdre la face
    Dans un simple lâcher prise
    Et l’âme s’éveille
    Devant les merveilles
    Issues de cette entreprise.

    Là, tout le sel de la Terre
    Charme le voyage en solitaire.

    Au hasard des rues,
    La peur disparue,
    J’irai à la découverte
    De nouveaux regards
    Aux yeux pleins d’égards
    Pour mes intentions ouvertes.
    Je rencontrerai,
    Je recouvrerai
    Cette âme-sœur en attente
    Qui m’attend là-bas
    Peut-être à Cuba
    Sur la plage miroitante.

    Là, le voyage solitaire
    Goûte le sel de la Terre.

    Quand je reviendrai,
    Quand je rejoindrai
    Mes amis et ma famille,
    Je leur offrirai
    Ces vers inspirés
    De l’odeur de la vanille.
    Je repartirai,
    Sans aucun regret,
    Vers de nouveaux paysages,
    Pour voir triomphants
    Grandir mes enfants
    De tout ce qu’ils envisagent.

    Là, le voyage reprend,
    Tout le monde se comprend.

    Au soir de ma vie,
    Mon âme ravie
    Connaît sa dernière étape,
    Elle largue les voiles,
    Va vers les étoiles,
    Personne ne la rattrape.
    Ce dernier voyage
    N’est qu’un nettoyage
    De l’essence tout entière
    Qui renaît demain
    Qui me tend la main
    Pour une vie sans frontière.

    Là, le voyage sans fin
    Trouve son plaisir enfin.

    Tableaux de Stanislav V. Plutenko sur http://malaguetasur.blogspot.com/2015/03/stalinlav-plutenko-pintor-ruso.html