Catégorie : 2020

  • La disparition silencieuse

    La disparition silencieuse

    Les animaux aussi manifestent contre la modernisation
    D’une manière prosaïque, justement sans revendiquer.
    Devant les machines qui empestent, avec peine et consternation,
    Ils disparaissent en mosaïque devant ce monde compliqué.

    Tableau de Nicole Gustafsson.

  • Aperitivo Barbieri

    Aperitivo Barbieri

    Je demande la parole et réclame l’Apérol
    Qu’on verse dans un grand verre rempli jusqu’aux quatre tiers.
    L’apéritif Barbieri dont Fabienne Barbier rit
    Est le remède démoniaque contre mes nuits insomniaques.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Le loup de velours

    Le loup de velours

    L’art, au carnaval de Venise, de se montrer énigmatique
    Relève d’un peu de magie et surtout de beaucoup de charme.
    La témérité galvanise la séduction charismatique,
    Le zeste d’humour qui agit pour provoquer le rire aux larmes.

    Loup de velours, frêle accessoire, permet aux yeux de transpercer
    Celui qui croit la reconnaître mais qui ne fera qu’y surseoir.
    Une cage à roses en balançoire et deux colombes à disperser
    Pour envoyer par les fenêtres le courrier des amours du soir.

    Puis, un joli décolleté qui fera baisser les regards
    Des idiots qui se trahiraient en ne s’adressant qu’à son corps.
    Car ceux qui seront bécotés, devront quitter l’esprit hagard
    Et laisser leur cœur attiré cesser de battre les records.

    Tableau de Jeanne Saint Chéron.

  • Le temps suspendu

    Le temps suspendu

    Je me sens suspendu comme sur la sellette
    Depuis mon intérieur à rompre l’équilibre.
    Me voici confondu et mon âme seulette
    Se penche à l’extérieur pour laisser le cœur libre.

    Si j’étais cette femme, je serais tout son corps
    Qui s’entrouvre au matin pour le plaisir des yeux.
    Je verrais par ses seins et par son ventre encore
    L’amour qu’elle présente à ce chat merveilleux.

    Si j’étais ce matou, je ronronnerais fort
    Pour apprécier le charme de ma belle maîtresse.
    Je sentirais ma queue d’un soyeux réconfort
    Pour attirer sa main, savourer la caresse.

    Puisque je suis un homme, je laisse parler le cœur
    Qui trouvera les mots pour connecter le sien.
    Et s’ils s’accordent ensemble, chantent le même chœur,
    Elle sera ma colombe et moi, son magicien.

    Tableau de Jeanne Saint Chéron.

  • Liberté, Égalité, Fraternité

    La liberté délimitée au respect qu’on doit à autrui
    Devient vite une étroite cage quand autrui prend beaucoup de place.
    Mais l’habitude d’imiter un monde qui s’auto-détruit
    Accélérera davantage le retour à l’âge de glace.

    L’égalité dans les idées devrait permettre de discuter
    Avec ceux qui ont des couleurs d’idéologies différentes.
    Hélas, chacun a décidé de convaincre ou se disputer
    À faire adopter ses valeurs qui sont les plus prépondérantes.

    La fraternité des oiseaux consiste à construire son nid
    Et pondre un œuf sur le chemin d’une vie libre et sans effort.
    Pour mieux gouverner les zozos qui croyaient vivre en harmonie,
    La fraternité des humains consiste à être le plus fort.

    Tableaux de Catrin Welz-Stein.

  • Les bons petits coins

    Pour une bonne heure de lecture, je plonge dans la littérature ;
    « Les fleurs du mal » de Baudelaire à lire sous le belvédère,
    « À la recherche du temps perdu » malgré son style un peu ardu
    Et « Les voyages fantastiques » de Jules Verne sont orgasmiques.

    Naturellement je voyage parmi les plus belles images ;
    Bandes dessinées, s’il vous plait, dont le graphisme me complaît,
    Monet, Van Gogh et Picasso comme aquarelles en thalasso
    Et pour clore l’encyclopédie quelque original inédit.

    Pour m’évader dans la nature je suis la voie de l’écriture ;
    Je vais chercher l’inspiration sur les sites d’admiration.
    Je me connecte à la fréquence des arbres aux plus belles essences
    Et, de retour à la maison, vous me direz si j’ai raison.

    Illustrations d’Andrea de Santis.

  • L’oiseau-prison

    L’oiseau-prison

    Prisonnière de son corps, où se cache son âme ?
    Dans son cœur où résonne l’éternel tintamarre ?
    Derrière cet œil bleu où rayonne une flamme ?
    Ou peut-être en dehors à vivre un cauchemar ?

    Je n’entends que son cri aujourd’hui et demain ;
    Je ne vois que son corps quand je me fais masseur ;
    Je ne sens que sa vie qui réchauffe ma main ;
    Je ne goûte que son sang quand je me fais chasseur.

    Tableau de Nicole Altenhoff.

  • L’éternel absent

    L’éternel absent

    Parfois je suis et ne suis pas, parfois je vis et ne vis pas,
    Comme si j’étais dans un film en train de réciter mon rôle.
    Parfois j’entends et n’entends pas, parfois je vois et ne vois pas,
    Le lien de la vie, si infime, s’envole comme les paroles.

    Ça paraît drôle mais la douleur est ce qui m’attache au présent.
    Le souvenir de la souffrance reste gravé, reste muet.
    Seul le présent vit en couleurs sinon moi, l’éternel absent,
    Ne connaîtrai sa délivrance que si son âme est remuée.

    Tableau de Miles Johnston.

  • Les mains vertes

    Tous les jardiniers aux mains vertes et leurs amies les jardinières
    Sont reliés à leurs racines qui plongent au cœur de la Terre.
    Entre nature et découvertes, ils signent dans les pépinières,
    Poètes en herbe aux officines, leurs plus belles pensées salutaires.

    Tableau de Valerie Hammond.

  • Cœurs de pierre

    Cœurs de pierre

    Mon petit cœur de pierre
    Se réchauffe à la flamme
    De sa petite femme
    Sans faire de prière.

    Et mon esprit pervers
    Sait faire le silence
    Lorsqu’il est d’importance
    De le décrire en vers.

    Car le corps se recueille
    Auprès de l’origine
    Que l’âme s’imagine
    Quand un rêve l’accueille.

    Photo vue sur https:www.futuristarchitecture.com .

  • La gardienne du jardin secret

    La gardienne du jardin secret

    Vous approchez la porte étroite de son jardin d’intimité
    Mais y apparaît la gardienne qui vous en refuse l’entrée.
    Vous devez la montrer bien droite, votre clef de légitimité,
    Car autrement quoi qu’il advienne vos espoirs seront éventrés.

    Tableau de Michael Hutter.

  • La nuit des étoiles tombantes

    La nuit des étoiles tombantes

    Une étoile est tombée au pied de ma maison ;
    Une femme est sortie simplement sans mot dire.
    Alors je me demande quelle en est la raison,
    Pourquoi l’apocalypse viendrait-elle me maudire ?

    D’autres étoiles encore suivent la trajectoire,
    Plein de femmes en sortent complètement à poil.
    Mais ce sont des sorcières, j’en suis sûr, c’est notoire,
    Qui nettoyaient le ciel des poussières d’étoiles.

    Tableau de Nikolai Litvinenko.

  • Les villes jumelles

    Les villes jumelles

    Ville-du-Nord, la catholique et Ville-du-Sud, la protestante
    Vivaient séparées par un schisme dont on connaît bien la chanson.
    Sauf un seul pont parabolique qui, à la foule manifestante,
    Permit d’ pratiquer l’échangisme entre les filles et les garçons.

    Tant et si bien on abusa de cette communication
    Que les anciennes religions se mélangèrent les pinceaux.
    Dès le début on s’amusa du fruit de la fornication
    Mais bientôt ce fut par légions qu’on vit pucelles et puceaux.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • Centaure & Sirène = Chimère

    Centaure & Sirène = Chimère

    Au printemps Monsieur du Centaure célèbre ses nouvelles cornes
    Tandis que Madame Sirène étrenne ses nouvelles écailles.
    À l’occasion, entre eux, s’instaure une aventure dont la licorne
    A deviné , l’âme sereine, qu’un enfant naîtrait au bercail.

    Comment Cupidon accomplit ce tour de force prodigieux
    Entre la princesse des mers et le prince des hautes terres ?
    Sa flèche n’a pas fait un pli entre ces êtres prestigieux
    Car d’un seul baiser éphémère, leurs amours furent complémentaires.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • La liberté masquée

    La liberté masquée

    À quoi servirait la lumière si on la mettait en sommeil ?
    À quoi servirait la beauté dissimulée sous la laideur ?
    Mais les saisons sont coutumières d’inverser averses et soleil
    Et nous de voir la liberté désapprouvée par ses plaideurs.

    Perséphone était trop jolie pour Hadès, le dieu des enfers,
    Qui l’enleva d’un subterfuge et mit la Terre en abstinence.
    Alors pour contrer la folie, Zeus la limita à l’hiver
    Et elle put trouver refuge tous les printemps en alternance.

    Tableau de Jake Baddeley.

  • Celle-ci exactement

    Celle-ci exactement

    Soudain une tête dépasse sur les rails de la destinée.
    Celle-ci, à nulle autre pareille, deviendra votre matriarche.
    Alors profitez de l’espace-temps qui vous est déterminé,
    Ne vous faites pas tirer l’oreille et s’il le faut, sautez en marche.

    Photo de Wiktor Franko sur https:wiktorfranko.comalbums

  • Fondue dans la lecture

    L’habitude rend transparente mon existence d’égaré(e)
    Sur la trame en celluloïde du temps qui boucle tous les jours.
    Je sens que ma vie s’apparente à un scénario préparé
    Comme un robot humanoïde qui s’éveillerait à l’amour.

    Je me morfonds dans la culture et je me fonds dans la lecture ;
    Entre les deux, mon cœur balance comme un pendule omniprésent.
    Plongée dans la littérature ma plume prend une écriture
    D’une couleur d’ambivalence parmi les drames du présent.

    Alors je prends un peu d’avance en écrivant mes reflets vers
    Et vérifie longtemps après s’ils deviennent une prophétie.
    Si c’est le cas, j’ai de la chance, j’ai trouvé le moyen pépère
    De lire mon avenir de près en publiant en Helvétie.

    Illustrations de Clarence Coles Phillips.

  • Les couleurs des villes – 3

    Qui ne connaît pas le bonheur de passer les rues pittoresques
    Aux façades traditionnelles et leurs commerces hors du temps ?
    Peut-être suis-je nostalgique à force de vouloir projeter
    Ce que je n’ai pu retenir de mon passé sur le présent ?

    Tous les hommes naissent égaux pourtant ils sont tous différents
    Comme ces villes et ces villages bâtis de rues et de maisons.
    L’histoire modèle les usages, les langues tintent les échanges,
    Les religions font l’uniforme et la patrie fournit les armes.

    Tous les chemins mènent à Rome et toutes les rues aux églises
    Qui trônent devant les arcades de la porte des maréchaux.
    Les ponts enjambent les rivières sauf les villes au bord de la mer
    Et la foule perpétuelle dans un cycle ininterrompu.

    Tableaux de Viktoria Prischedko.

  • Sinon je casse la baraque !

    Sinon je casse la baraque !

    Pour Pentecôte, une entrecôte ; pour l’Ascension, une collation ;
    À Pâques, une bonne barbaque et pour Noël, du sensuel !
    Du rire à se tenir les côtes, de l’alcool sans modération !
    Sinon je casse la baraque, je suis un lion juste et cruel.

    Tableau de Jacek Yerka.

  • Sur la frontière

    Sur la frontière

    À la frontière de Pentecôte, avant la crise après la crise,
    Plus rien ne sera comme avant car nous serons tous vaccinés.
    Fini de s’aimer côte-à-côte, nous allons vivre sous l’emprise
    Du monde qui va de l’avant dans une société confinée.

    Photo de Mariola Glajcar.

  • Les couleurs des villes – 2

    J’ai dû parcourir mille fois ce parcours sans m’y arrêter
    Entraîné par obligation de suivre mon emploi du temps.
    Jaloux des nantis installés à la terrasse des cafés
    Riches de temps, riches d’argent mais surtout riches du présent.

    Bien sûr, les boulevards s’égayent aux périodes de fin d’année
    Qui met le cœur des hommes en fête car nous suivons les traditions.
    Mais la mécanique se rouille au fil des années répétées
    Je n’en retiens que des fantômes dans les commerces d’aujourd’hui.

    Je me souviens des soirs de fête où je redécouvrais les rues.
    Celles-là mêmes que naguère j’avais empruntées en plein jour.
    Restaient les secrets des ruelles qui montaient dans les vieux quartiers
    Aux labyrinthes impossibles et l’inconnu inaccessible.

    Tableaux de Viktoria Prischedko.

  • Les couleurs des villes – 1

    Aux matinées d’aurores pourpres, je m’en allais le cœur d’enfant
    Vers l’école municipale en suivant le même chemin
    Qui passait par de ruelles sales où se reflétait le soleil
    Et par les allées commerciales avec les Halles et le marché.

    Mais ce n’était pas qu’un décor, c’était aussi une frontière
    Du pays des grandes personnes où je n’avais pas lieu d’aller.
    Je voyais ces endroits magiques dans les ténèbres et les secrets
    Où je craignais trop d’entreprendre le moindre pas vers l’aventure.

    Mon village prenait ses couleurs selon les jours de la semaine.
    Les jeudis l’inondaient de jaune et les dimanches, tout en blanc.
    Les autres jours semblaient pareils à une couleur uniforme
    Sauf arrivé au samedi aux soirées violettes et bleues.

    Tableaux de Viktoria Prischedko.

  • Messagerie sans-fil

    Messagerie sans-fil

    La toile des communications, la fragilité du sans-fil,
    Peut se briser sans préavis par décret gouvernemental.
    Mais contre ces limitations, on verra les colombophiles
    Et les pigeons reprendre vie pour fournir un service postal.

    Tableau de Christian Schloe.

  • La fille sur les toits

    La fille sur les toits

    Cinq chats vivaient à la maison dont l’un se métamorphosait
    Le jour dans ma petite fille, la nuit en chatte de gouttière.
    Elle courrait, non sans raison, sur les toitures ardoisées
    Mais elle offrait à sa famille des euphories primesautières.

    Tableau de Alexander Jansson.

  • L’assemblée des dieux

    L’assemblée des dieux

    Finalement mille-et-un dieux trônent au royaume des cieux ;
    Celui qu’on appelle « Éternel » ou parfois même « Emmanuel »
    N’est qu’un « porte-parole » choisi par un gouvernement moisi
    Qui ne nous envoie que des crises pour nous garder sous son emprise.

    Tableau de Giulio Romano.

  • Les voyages confinés

    Les voyages confinés

    Puisque nous passons nos vacances dans nos pavillons confinés,
    Dotons leurs fondations de roues d’imagination raffinée !
    Puis, sur des rails d’extravagance, nous irons par le Dauphiné
    Vers les mers bleues où les mérous rôtirons dans nos cheminées.

    Photo de Meherab Arsalan.

  • Adam et Ève sous les végétaux

    Adam et Ève sous les végétaux

    Adam et Ève végétaux dans le jardin d’éternité
    Pour unir leurs mâles étamines autour du pistil féminin ;
    Tous leurs organes génitaux exposés en fraternité
    Pour la beauté des vitamines pour qui en récolte le pollen.

    Les fils des arbres et des forêts, les filles-fleurs aux blancs pétales,
    Les enfants-spores évanescents, la descendance ensoleillée,
    Toutes les plantes à déflorer dans ce jardin – mais sans scandale !
    Dieu ne m’est pas reconnaissant d’avoir voulu le conseiller.

    Il m’a doté d’une étamine qui devrait flotter à l’air libre
    Mais que je dois garder cachée contre attentat à la pudeur.
    Quant à la gente féminine, j’ai souvent perdu l’équilibre
    À essayer de m’attacher à son ineffable splendeur.

    Tableau de Vladimir Kush.

  • Tuer le temps

    Tuer le temps

    À force de tuer le temps, j’ai perdu le fil du présent ;
    À tant lutter contre l’ennui, l’esprit en devient méprisant.
    Je réduis le temps à ses jours puis, à ses heures et ses minutes,
    En espérant trouver enfin l’éternité à l’azimut.

    Jouant contre le temps, je l’ai fait trébucher ;
    Jouant contre le vent, j’ai voulu m’envoler ;
    Il ne restait qu’un brin, une ultime seconde
    Pour que je reste avec les témoins de ce monde.

    Pourtant le temps passe toujours comme des trains de figurants ;
    Pourtant le temps rythme toujours leurs rêves les plus fulgurants.
    Mais pour moi chaque nouveau jour m’apporte sa nouvelle page
    Où j’écris les reflets d’amours de mes souvenirs de voyage.

    Tableaux de Vladimir Kush.

  • Adam and Ève sous les météores

    Adam and Ève sous les météores

    Leur éternelle adolescence les confinaient en liberté,
    Une pomme de connaissance leur révéla leur puberté.
    Alors la grêle des orages, les pluies et tout leur potentiel
    Firent éclater toute leur rage jusqu’à c’ que paraisse l’arc-en-ciel.

    Ils connaîtront les maladies mais n’auront pas voix au chapitre ;
    Ils ont quitté le paradis avec la clef du libre-arbitre.
    La Terre donnée pour jardin deviendra vite trop petite
    Sauf dans les paradis mondains aux fortunes sans contredites.

    Tableau d’Odilon Redon.

  • Sortie du néant

    Sortie du néant

    « C’ n’est pas l’ chemin qui est difficile, c’est difficile qui est le chemin ! »
    Elle est arrivée du néant puis, disparut à travers le mur.
    Et moi, je restai imbécile à me prendre la tête dans les mains
    En m’asseyant sur mon séant et me répétant son murmure.

    Quelquefois l’intuition traverse l’espace compact du moment
    Et laisse une phrase inaltérable qui résonne dans mon inconscience.
    Parfois elle parvient, à l’inverse, à braver d’un coup assommant
    La provocation pondérable de mon objecteur de conscience.

    Tableau de Terada Shigeru.

  • La muse du peintre

    La muse du peintre

    Bien sûr, je conçois que la muse du peintre se présente nue
    Dans toute la grâce de l’ange qui déploie ses ailes au talent.
    Lorsque le poète s’amuse à inviter cette ingénue,
    La plume longtemps le démange d’écrire quelques vers galants.

    Tableau de Henri Martin.

  • La muse du poète

    La muse du poète

    Le croiriez-vous ? Mon égérie n’écoute pas ce que je dis.
    Peu lui importe la façon dont j’écris son inspiration.
    Et même si je renchéris par une piètre comédie,
    Son regard en colimaçon me coupe la respiration.

    Tableau de Hu Jun Di.

  • Pour vivre heureux vivons cachés !

    Pour vivre heureux vivons cachés !

    Pour observer sans être vu, ne montre pas le bout du nez
    Car tu deviens l’être pervers doté d’un sale caractère.
    Tu risques même la garde à vue si tu joues à importuner ;
    La police se montre sévère envers tous les contestataires.

    J’ai lu quelque part qu’un homme qui chantait la chanson « Hécatombe » de Georges Brassens avait été verbalisé – au moment où il entonnait « … les mégères gendarmicides … » – par deux policiers qui passaient sous sa fenêtre. Donc, méfiez-vous, les murs ont des oreilles !

  • Trois petits cochons

    Trois petits cochons

    L’animal le plus proche de l’homme – qui, lui aussi, est omnivore –
    Court vers la chaîne alimentaire et l’industrie pharmaceutique.
    Le porc et l’humain en binôme, l’un le nourrit l’autre le dévore ;
    Après tout, c’est élémentaire et la boucherie, pathétique.

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  • Mouton-Vole

    Mouton-Vole

    Maintenant qu’on nous a appris à nous confiner sans mot dire
    En nous cachant par un virus la forêt de l’incertitude,
    Désormais nous avons compris que nous n’avons qu’à nous maudire
    D’avoir élu l’olibrius qui nous lévite en altitude.

    Tableau de Michael Sowa.

  • Le gitan endormi

    Le gitan endormi

    Ce soir, le roi des animaux, lion cruel mais mélomane,
    À goûté sous le ciel étoilé un chant d’une oreille amicale.
    Sa majesté, à demi-mots, se montre aussi mégalomane
    Quand il s’agit de dévoiler ses connaissances musicales.

    Pendant ce temps, le gitan rêve à des gazelles énamourées
    Pour lesquelles il a répété ses harmonieuses réparties.
    Mais la belle image se crève car le lion a savouré
    Le songe d’une nuit d’été du rêveur puis, il est parti.

    Tableau d’Henri Rousseau.

  • Sur le fleuve tranquille de la vie

    Tous les matins la vie paisible coule sur le fleuve tranquille
    Chargé de toutes les nouvelles qui se diluent dans son courant.
    Qu’elles soient tragiques ou risibles, le paysage reste immobile
    Malgré les coups de manivelle des événements concourants.

    J’ai ma collection de jumelles, de télescopes et de longue-vues
    Qui me donnent l’heure à l’horloge de mon petit château perché.
    Je lorgne aussi quelques femelles qui s’y lézardent à l’imprévu
    Bien qu’en principe cela déroge à ma dignité écorchée.

    Et le soir la vie recommence sur les terrasses et les jardins
    Au rythme des éclats de rires comme un spectacle permanent ;
    Petit théâtre des romances entre blondinettes et blondins
    Qui voient la lune leur sourire et les étoiles au firmament.

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  • Fenêtres sur mer

    L’uniformité matinale rassure mon retour à la vie
    Lorsque j’entends les mêmes signes inscrits dans le cri des oiseaux.
    Et cette horloge machinale de l’aurore sur le parvis
    Sort le soleil de la consigne selon l’horaire des fuseaux.

    Vers midi, le soleil s’énerve à enflammer d’amour doré
    Tout ce qui vit sur la planète, uni au même méridien.
    Je reste là sur la réserve de mon secrétaire mordoré
    À écrire une chansonnette qui rythme avec mon quotidien.

    Quand enfin s’en vont les lumières que le crépuscule assombrit,
    Je guette celle d’une amourette dont je rêverai cette nuit.
    Je reste jusqu’à la dernière puis je regagne mon abri
    Où j’m’entendrai conter fleurette à celle qui m’ rejoint à minuit.

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  • Droit de passage

    Droit de passage

    Soudain, barrant le pâturage, une déesse des prairies
    Me manda de payer l’octroi pour le Passage des Alpages.
    Heureusement mon entourage m’avait parlé de la frairie ;
    D’un drapeau en forme de croix, j’ai pu m’acquitter du péage.

    Photo de Brigitte Djajasasmita.

  • Le bar-à-chat

    Le bar-à-chat

    Quand Minet invite Minette à boire un seau à l’improviste,
    L’étable des vaches normandes demeure un lieu incontournable.
    L’atmosphère de la buvette attire les récidivistes,
    Sauf la fermière qui réprimande ces gaspillages impardonnables.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Les intraçables

    Les intraçables

    De peur que la deuxième vague emporte tout sur son passage,
    Nous faisons le tour de la Terre exactement en temps inverse
    Sur notre side-car qui zigzague afin d’éviter le traçage
    Des statistiques qui nous atterrent et ses rapports de controverses.

    Tableau de Didier Lourenco.

  • Masque rouge

    Masque rouge

    En m’inspirant de la burqa, j’ai faufilé ce masque rouge
    Qui me permet de respirer et agrée la lecture labiale.
    Je peux danser la mazurka, le tango, bref tout ce qui bouge,
    Et laisser mon corps transpirer toute mon aura primordiale.

    Photo de Tim Cavadini.

  • L’intention

    L’intention

    Selon le mode ascensionnel que la nature a imprimé
    Au cœur des arbres et de la flore, l’énergie remonte et progresse.
    Selon le mode intentionnel que l’humain peine à exprimer,
    La planète entière se déflore si ses prétentions le régressent.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’ascension à la mode

    L’ascension à la mode

    Prêt pour un voyage à Cythère avec l’ascension à la mode ?
    L’Agence d’Amour prévoit tout – Pas besoin de faire vos valises !
    Vous partez en hélicoptère et Vénus, qui vous accommode,
    Vous glisse comme passe-partout, son numéro d’ chambre à Venise.

    Illustration de Jose Luis Benicio.

  • Celle-ci à vélo

    Celle-ci à vélo

    Les fesses derrière sur la selle mises,
    Le chien à l’arrière, position assise.
    Le dos sous l’ombrelle, les cheveux au vent,
    Sur l’intemporelle route du couvent.

    On fait une halte, un besoin urgent !
    Les pneus sur l’asphalte crissent en aspergeant,
    D’une belle flaque, un joli Monsieur.
    Comme aphrodisiaque, il n’y a pas mieux !

    Madame propose alors un baiser,
    Monsieur se dispose à être apaisé.
    Puis, sonnent les cloches et le chien aboie ;
    Les bas s’effilochent dans le petit bois.

    Tableau de Wlad Safronow.

  • Celui-là à cheval

    Celui-là à cheval

    Un cheval à roues ? Un tricycle hippique ?
    Vient-il du Pérou, pays bien typique ?
    Jouant de la corne, tenant une lance,
    Un peu flagorné, le chariot avance.

    Un coup de trompette claque dans l’arène,
    Lui, d’une courbette, il salue la reine,
    Sors les pectoraux et bombe le torse
    Et pas de taureau déroge à l’entorse.

    Le voilà qui chante, levant son chapeau,
    Les oreilles, enchante là sous les drapeaux.
    Tout le monde acclame le beau numéro.
    Cet homme, Mesdames, c’est votre héros.

    Tableau de Wlad Safronow.

  • Le masque à sourire

    Le masque à sourire

    Heureusement, la société met à notre disposition
    Tous les moyens de distraction, de loisir et de protection.
    Utilisez à satiété les masques de composition
    Qui donneront satisfaction à ceux qui ont besoin d’affection.

    Illustration de Gerhard Haderer.

  • Les sirènes d’eau douce

    Les sirènes d’eau douce

    Souvent à Sennhof, les sirènes sont presque nues dans la rivière.
    Ce sont des sirènes d’eau douce avec deux jambes et donc sans queue.
    Les fans de la petite reine et de la casquette à visière
    Posent leurs vélos sur la mousse pour mater d’un air obséquieux.

    Tableau de Henryk Trojan.

  • Voile orange – 2

    Voile orange - 2

    Comme il faut cacher ses desseins qui percent à travers les murailles
    On a inventé le vaccin avant que le monde déraille.
    Désormais vous devrez porter un joli masque de couleur
    Qui en retour va apporter l’ordre nouveau, non sans douleur.

    Photo Ashish.

  • Voile orange – 1

    Voile orange - 1

    Voile orange sur la planète nue qui cache ses parties intimes,
    Ses petits secrets entre riches qui protègent leurs majesté.
    Voile étrange qui est devenu la contamination ultime
    Qui se répand sur la Terre en friche comme un sérum de chasteté.

    Photo de Eric Meola.