Catégorie : Poésie du dimanche

  • La femme des bois

    La femme des bois

    La femme des bois n’a pas de corne mais une longue chevelure
    Faite de toison végétale qui la vêt pour tout ornement.
    Hélas, à l’instar des licornes, elle s’enfuit à vive allure
    Si la moindre entrée sociétale menace son environnement.

    Elle vit là où nul ne la voit, se confondant dans les branchages,
    Et participe par sa nature aux activités sylvicoles.
    Parfois le vent porte sa voix qui transmet les meilleurs présages
    Aux poètes en villégiature en manque de veine agricole.

    Évidemment je la rencontre dans mes rêves les plus sylvestres
    Sous l’effet de la pleine Lune et son attraction sororale.
    Ses pensées viennent à l’encontre et je m’en fait le vaguemestre
    Par cette complainte opportune de la poésie pastorale

    Illustration de Sakimichan.

  • Les êtres de la forêt

    Pareils aux animaux sauvages, les petits êtres de la forêt
    Restent discrets et bien cachés car ils se méfient des humains,
    De leurs machines et les ravages qu’ils pratiquent dans les fourrés ;
    Arbres coupés, buissons hachés, écobuages au bout des chemins.

    Eh bien, parfois je les surprends quand je pratique le hors-piste,
    Séduit par un coin qui embaume d’essences et toutes autres substances.
    Ils ont la crainte, je les comprends, d’être accusé comme un lampiste
    D’avoir fricoté avec l’homme et révélé leur existence.

    Mais bientôt nous voilà amis – je vous le jure croix-de-bois –
    Devenus compagnons de souches depuis que l’on s’est rencontré.
    Nous avons les mêmes ennemis : ces pyromanes qui flamboient,
    Vététistes et cavaliers louches qui nous bousillent nos contrées.

    Mes petites rencontres dans la forêt d’Eschenberg derrière chez-moi.

  • L’homme des bois

    Lorsqu’il perd ses bois en Automne, le jeune homme-cerf redevient
    Un humain sans comparaison qui se fond dans l’anonymat.
    Le faune s’en va, monotone, gagner l’abri qui lui convient
    Pour subir la morte saison malgré la rigueur du climat.

    Vous le rencontrez en hiver sans toutefois le reconnaître,
    Ses cicatrices dissimulées sous une cagoule discrète.
    Jamais le moindre fait divers n’a entrouvert une fenêtre
    Sur la légende stipulée à l’aune de la forêt secrète.

    Puis lorsque revient le printemps, deux nouvelles branches s’ajoutent
    Aux jolis bois dont la ramure caractérise sa beauté.
    Il joue de la flûte à plein temps parmi la faune qu’il envoûte
    Et même ceux qui se claquemurent sortent pour s’en aller riboter.

    Il reste discret tout l’été, fuyant la compagnie des hommes,
    Leur préférant les cervidés auxquels il demeure attaché.
    Quand vient le temps de compléter l’héritage de ses chromosomes,
    Il croise son hominidé avec une biche amourachée.

    Illustrations Iris Compiet, Brian Froud et autres illustrateurs.

  • La belle verte au final – 2

    La belle verte au final - 2

    J’ai ramené à la maison ma belle verte rencontrée,
    Nourri sa chèvre et son mouton et calmé son air hystérique.
    Pour je ne sais quelle raison j’ai réussi à lui montrer
    Avec quels plaisirs nous goûtons aux amourettes féériques.

    Lorsque je me suis réveillé, elle était habillée de vert
    Et me regardait effarée de ses découvertes ovariennes.
    Mais elle était émerveillée par ce détour dans l’univers
    Qui lui avait fait s’égarer dans une aventure terrienne.

    Je n’ai pas eu droit à trois vœux mais elle me fit l’amour trois fois
    Avant de partir pour toujours et son mouton et sa chevrette.
    Je garde une boucle de ses cheveux que je conserve toutefois
    En souvenir de l’heureux jour où je connus la bergerette.

    (Tableau de Kees van Dongen
    La première version finissait par « où j’ai pris la fée en levrette. » mais j’ai décidé de rester sage.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La belle verte au final – 1

    La belle verte au final - 1

    Je ne l’avais pas vu venir avec sa chèvre et son mouton
    Et j’aurais dû me méfier d’une bergère toute nue ;
    Elle portait dans mon souvenir juste un collier sur les tétons
    Et je restai là, stupéfié par cette fille sans retenue.

    Sa peau verte et luminescente faisait penser à un mirage ;
    Je devais sans doute être en train de rêver comme d’habitude.
    Cette vision déliquescente cesserait au prochain virage
    Pensais-je et c’est avec entrain que j’avançais en certitude.

    « Joli damoiseau, aide-moi ! Je suis la fée Belle Lurette
    Et je me suis perdue, je crois ; je n’ai aucun plan sous la main ! »
    Assez surpris, tout en émoi, je lui ai dit qu’une amourette
    Avec un terrien de surcroît la mettrait sur le bon chemin…

    Tableau de Kees van Dongen.

  • Ma belle planète verte – 2

    Prenons une planète vierge et semons les graines de vie,
    Après quelques millions d’années, observons leur propagation ;
    Mammifères et oiseaux émergent de l’océan, puis ont suivi
    Des chemins bénis ou damnés selon leur force d’adaptation.

    Après plusieurs essais ratés de plusieurs races dominatrices,
    L’homme s’est taillé la part du lion dans la course au pouvoir suprême.
    Mais il est lui-même piraté par sa propre soif destructrice
    Qui fait de lui le trublion apprenti-sorcier de l’extrême.

    Gageons qu’à force de monter et dépasser tous les sommets,
    Il n’aura plus les pieds sur Terre soumis aux antidépresseurs.
    Une fois ces détails surmontés et tous les plaisirs consommés,
    Bye-bye pauvre humain délétère et fais place à ton successeur !

    Tableaux de Rithika Merchant sur https:www.thisiscolossal.com202211rithika-merchant-mixed-media-works .

  • Ma belle planète verte – 1

    Le créateur de l’univers n’était qu’un simple jardinier
    Qui, d’un coup de botte précis, envoya valdinguer la Terre
    Avec été, automne, hiver et un renouveau printanier
    Avec comètes qui apprécient d’apporter leurs eaux salutaires.

    Pluies chargées de graines de vie et Soleil rempli d’énergie
    Ont fait progresser toutes sortes d’espèces dans les océans.
    Poissons et oiseaux ont suivi des destinées en synergie
    Avec une planète forte d’un environnement bienséant.

    La vie se nourrissant de vie, les prédateurs ont pris le train
    De la révolution en marche, soi-disant pour l’écologie.
    Et les moutons avec envie se sont jetés d’un même entrain
    Dans l’enclos de leurs patriarches par abus de psychologie.

    Tableaux de Rithika Merchant sur https:www.thisiscolossal.com202211rithika-merchant-mixed-media-works .

  • Ballerine en peinture

    Ballerine en peinture

    Nue, la ballerine dansait comme une petite souris verte
    Que ces beaux messieurs ont trempé dans un pot de peinture à l’huile.
    Puis tandis que se condensait le liquide qui l’a recouverte,
    Apparut une robe estampée sur ses formes les plus subtiles.

    Mais plus la danseuse sautait et tressautait en soubresauts,
    Plus la matière gélatineuse dévoilait un peu plus son corps.
    Et plus la robe se dépiautait plus n’en restait que le trousseau ;
    Une culotte lumineuse et un soutif du même accord.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Ailleurs la mer semble plus verte

    Ailleurs la mer semble plus verte

    Ou bien elle écrivait car elle se sentait seule,
    Ou bien elle était seule parce qu’elle écrivait.
    Elle semblait sur le port toujours faire la gueule
    Car son inspiration sans cesse dérivait.

    Alors elle la suivait d’un regard apathique
    En se posant au mât des voiliers qui passaient
    Et puis elle s’envolait vers une hypothétique
    Île sur l’horizon qui au loin dépassait.

    Un jour elle est partie vers son île déserte ;
    Elle a dû embarquer sur quelque bateau ivre.
    Elle croyait qu’ailleurs la mer semblait plus verte ;
    Ainsi, quoi qu’il en soit, l’espoir fait toujours vivre.

    Tableau de Kees van Dongen.

  • Mon paradis de guimauve

    Comment est régi l’univers au-delà du mur de lumière,
    Là où la matière n’est plus, pas plus que le temps et l’espace ?
    Finis tous les aspects divers dont la science est coutumière
    Et si mon entrée vous a plu, bienvenue dans mon outrespace !

    Ici, la matière est guimauve, l’espace et le temps élastiques ;
    Les arbres sont en sucre d’orge et les montagnes en pain d’épice.
    Toutes les aurores sont mauves et les crépuscules exotiques
    Au goût qui reste dans la gorge durant toute une nuit propice.

    Imaginez-vous réveillés sur une plage acidulée
    Qui parfume votre corps nu d’arômes pour tout vêtement.
    Eh bien soyez émerveillés : ce paradis affabulé
    N’est pas tout à fait biscornu mais utopique, complètement.

    Tableaux 3D de Nerdzilla sur https:nerdzilla.com.brpapel-em-camadas-3d-layered-paper-art .

  • La mort joyeuse

    Le baiser de la mort joyeuse présumait une nouveau départ
    Vers l’autre monde bien visible qui s’ouvrait aux yeux de l’astral.
    Je saisis sa main pourvoyeuse surgie soudain de nulle part
    Pour suivre une imprévisible voie vers l’au-delà magistral.

    Je franchis le fleuve des morts en riant de toute mon âme ;
    J’en fus baptisé d’eau-de-feu brûlante et glaciale à la fois.
    Inconscient comme un matamore qui part, aux couleurs de sa dame,
    Gagner les terres de ses vœux et les acquérir à sa foi.

    À l’arrivée, j’ai retrouvé tous les corps que j’ai habités ;
    Nymphes grossières et séductrices, héros primitifs et vainqueurs.
    Une garde-robe approuvée pour revivre en dualité
    Toutes les amours conductrices vers l’ineffable beauté du cœur.

    Tableaux de Felippo Masi sur https:www.psynft.xyzartistsfelippo-masi .

  • Comme dans un livre

    Comme dans un livre

    Elle pouvait lire comme dans un livre l’esprit des hommes prévisibles
    Tant leurs histoires se répétaient au fil des mois et des années.
    Tel un synopsis qui délivre la conclusion tellement plausible
    Dès les premiers mots hébétés par un bel amant basané.

    Mais elle n’avait pas de mérite ; elle était rat d’bibliothèque
    Et avait passé sa jeunesse à lire les romans d’aventures
    Où les pauvres héros démérites avec leurs gueules de métèques
    Chaque fois rabâchaient sans finesse toujours la même littérature.

    Photo de Stina Walfridsson.

  • La Terre ronde et féconde

    La Terre ronde et féconde

    Bien que des fous la pensent plate, notre Mère la Terre est ronde
    Et de son ventre sort une source d’eau vive nutritive de vie.
    De ses mamelles parfois éclatent geysers en colonnes fécondes
    Et de sa matrice des ressources qui se multiplient à l’envi.

    Elle est si belle que, de l’espace, les extra-terrestres font la queue
    Pour en admirer les rondeurs de son corps nu sous les nuages.
    Étrangement plus le temps passe et plus son caractère aqueux
    Trace des rides en profondeur comme un élégant tatouage.

    Mais d’autres fous inconséquents exercent leur hégémonie
    Et lui font pleurer des calottes de grosses larmes désenchantées.
    Il est logique par conséquent qu’elle les voue aux gémonies
    Par une apocalypse idiote mais nécessaire pour sa santé.

    Tableau de Shuren sur https:www.artmajeur.comshuren .

  • Bouddha psychédélique érotissima

    Bouddha est grand, surtout sa femme qui pose magnanimement
    Devant le seuil du nirvâna pour cueillir les âmes à sa porte.
    Elle m’a accordé le sésame qui m’ouvrit emphatiquement
    Le cœur de la Sainte Nana, grande patronne des plumes mortes.

    Première fois. Premier frisson. Faire l’amour à une déesse
    Procure des sensations fortes qui vous décuple tous les sens.
    Hier, je j’étais qu’un polisson mais je découvre des prouesses
    Telles que le diable m’emporte si ce n’est de concupiscence.

    J’ai le goût de l’amour sucré, la vision de la volupté,
    L’ouïe de la lascivité, l’odorat de l’accouplement.
    Quant au toucher, ce sens sacré, il est comme électrocuté
    Par la sainte impulsivité qui m’a valu mon sacrement.

    Illustrations de Victor Moscoso sur we-heart.com20150320victor-moscoso-psychedelic-art .

  • Bienvenue dans le Pandémonium !

    Vous me croirez si vous voulez mais je me suis retrouvé nu
    Devant la porte des enfers dans une étrange procession.
    J’ai vu des femmes débouler sur des montures saugrenues
    Je n’ devais pourtant pas m’en faire ; je ne sentais nulle oppression.

    Lorsque les portes furent ouverte, j’entrai dans un parc d’attraction
    Où des queues de gens patientaient pour recevoir mille frissons.
    Ainsi je fis la découverte avec joie et décontraction
    De femmes qui s’impatientaient de délurer les polissons.

    « Poisson d’avril ! » cria Satan, « En fait vous êtes au Paradis !
    J’ai composé un consortium qui unit le bien et le mal ! »
    Ainsi Dieu n’est qu’un charlatan et l’Éden n’est que parodie.
    Entrez dans mon Pandémonium et baisez comme un animal ! »

    Tableaux de Michael Hutter.

  • À chacun sa proie

    À chacun sa proie

    Le chat attrape la souris, l’homme apprivoise le matou,
    La femme mate son bonhomme et la souris la fait bondir.
    Toutes les parties sont nourries avec de semblables atouts
    Qui font des tête-à-queue en somme et qui ne font que rebondir.

    Quand les chats craindront les souris et les hommes auront peur des chats,
    Les femmes deviendront des chiennes invraisemblables et burlesques.
    Finalement tout est pourri sur cette Terre sans rachat
    Pour s’affranchir des cornéliennes idées plus ou moins ubuesques.

    Aujourd’hui tous les peuples jouent au jeu du chat et la souris
    Et gardent encore la rancœur des escarmouches infligées.
    On a beau tendre l’autre joue, les règles du jeu sont pourries
    Entre victimes et vainqueurs et leurs descendances affligées.

    Tableau de James Mortimer sur https:www.minus37.com20190308british-artist-and-sculptor-james-mortimer .

  • Les moules jardinières aux concombres

    Les moules jardinières aux concombres

    Tous les goûts sont dans la nature et notamment dans la cuisine
    Où chaque aliment se prépare selon diverses traditions.
    De même que la nourriture apprêtée chez votre voisine,
    Chez les indigènes barbares et en voie de disparition.

    Aux antipodes de la Belgique, au large de la Nouvelle Zélande,
    On n’ sert pas d’ frites avec les moules mais des concombres de saison
    Car l’îlotier est allergique aux pommes de terre de Hollande
    Qu’ont pédalé dans la semoule pour on ne sait quelle raison.

    Sans doute un problème de friteuse à l’huile de noix de coco
    Qu’aura donné un indigeste goût de café à la liégeoise.
    Quoi qu’il en soit la visiteuse avec son chapeau rococo
    Devra s’en retourner la veste si jamais elle est bruxelloise.

    Tableau de James Mortimer sur https:www.minus37.com20190308british-artist-and-sculptor-james-mortimer .

  • Les femmes anima

    Sans doute l’attirance animale a dérouté l’imaginaire
    De l’homme qui se représente la femme dans son anima.
    La source infinitésimale dont son cœur est originaire
    Coule d’une eau qui alimente l’amour poussé aux maxima.

    L’âme évolue avec prudence dans l’existence délicate
    Lorsque dans le corps d’une femme naîtra un enfant autonome.
    Il faut se rendre à l’évidence certaines anima candidates
    Ont eu peur d’une vie infâme et se sont incarnées en homme.

    Dans l’intimité protectrice de leur gynécée protégé,
    Lorsque aucun mâle ne les dérange pour des petits démons sucrés,
    Elles se montrent réceptrices envers l’esprit le plus léger
    Qui produit ce mystère étrange comme le féminin sacré.

    (Tableaux d’Irina Carcabi sur https:www.liveinternet.rucommunity1726655post410804161
    Anima : Représentation féminine au sein de l’imaginaire de l’homme.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Parlez-lui avec des fleurs

    Lundi, des iris pour ses yeux au premier regard sourcilleux
    Pour arroser ses bleus de l’âme de fleurs hissées en oriflamme.
    Pour la nuit, iris indigo accompagnés de madrigaux
    Pour la diriger sur la voie guidée par le son de ma voix.

    Mardi, des pensées à la fête pour lui en mettre plein la tête ;
    Des fleurs de toutes les couleurs pour y délayer ses douleurs.
    Pour la nuit, des pensées nocturnes pour plonger son cœur taciturne
    Dans des rêveries amoureuses sous mes caresses langoureuses.

    Mercredi, jeudi pâquerettes selon comment son cœur s’apprête
    Et pour son esprit émérite, j’effeuillerai sa marguerite.
    Pour la nuit, jolies fleurs des champs aux couleurs du soleil couchant ;
    Bleuets, boutons d’or, pissenlits pour l’apprivoiser dans mon lit.

    Vendredi, samedi, dimanche, des roses mais en robe blanche
    Afin de parfumer son corps de fragrances encore et encore.
    Pour les nuits, roses rouges et noires pour l’accueillir en mon manoir
    Et goûter entre ses pétales son bouton de porte fœtale.

    Tableaux d’Irina Carcabi sur https:www.liveinternet.rucommunity1726655post410804161 .

  • Le premier café du matin

    Le premier café du matin

    Une heure du matin, mes nuits blanches m’insufflent une petite faim ;
    Deux heures, c’est une petite soif qui me tire du lit conjugal ;
    Trois heures, aujourd’hui c’est dimanche mais cette nuit n’a pas de fin ;
    Quatre heures, je m’lève, je me dessoiffe et je m’fais un p’tit lunch frugal.

    Il est cinq heures, Paris s’éveille et moi je vais me recoucher.
    Il est six heures, c’est enfin l’heure du café noir matutinal
    Et là, tous mes sens s’émerveillent à chaque lampée embouchée
    De ce nectar dont la chaleur serait presque libidinale.

    Illustration d’Andrey Popov.

  • La Lune féminine

    La Lune féminine

    Chaque fois fécondée de Soleil, la Lune enceinte s’arrondit
    Jour après jour et chaque soir montre sa grossesse brillante.
    Après quelques nuits sans sommeil, son croissant dodu s’agrandit
    Et Maman-Lune vient s’asseoir sur un lit d’étoiles filantes.

    Quand l’enfant naît, discrètement la Lune va se reposer
    Dans les confins inexplorés des grandes sagas romancées.
    Elle reviendra timidement et on pourra la supposer
    Encore enceinte et déflorée mais prête à tout recommencer.

    Illustration de Liliya Rodnikova sur https:www.stocksy.comlileinayashowcase?page=1 .

  • Monster Magnets Music

    Issu d’une rave party et ses rythmes psychédéliques,
    Le rêve manqué recommence comme s’il n’avait jamais cessé.
    Voici que conscient parti sur un air méphistophélique,
    Déjà le cœur bat sa romance hypnotique, le corps affaissé.

    Alors l’inconscient se réveille – à moins que ce ne soit son double –
    Et s’empare de toutes les ficelles pour un show de marionnettes.
    L’étrange démon s’émerveille avec un regard qui se trouble
    Sous trop de larmes qui ruissellent par l’effet d’envies malhonnêtes.

    À l’apogée, l’âme s’envole et se reconnecte à ses dieux
    Ou à ses saints, peu lui importe au monde de l’irréalité.
    Toutes les fantaisies convolent avec des caprices odieux
    Afin que le diable l’emporte mais avec sensualité.

    Posters sur https:411posters.comtagmonster-magnet .

  • La nature photographe

    L’aurore, peintre impressionniste, livre sa première impression,
    Par les ombres complémentaires sur les façades des maisons,
    Du nouveau jour opportuniste dont la lumière en progression
    Peint en touches élémentaires ses prévisions pour la saison.

    Quand midi sonne, la chaleur chasse furtives silhouettes
    Qui résistent par leur fraicheur sur les murs muets qui suffoquent.
    La photo prend de la valeur par les sinuosités fluettes
    Dont les bouts arqués accrocheurs tentent une opposition loufoque.

    Le crépuscule met sa patte et signe le dernier cliché
    Qui restera toute la nuit gravé sur la toile des rêves.
    Sous le chef-d’œuvre qui m’épate, j’admire le talent affiché
    Dont l’expression chasse l’ennui. Mais quel dommage qu’elle soit si brève !

    Tableaux de Sergiy Ciochina.

  • Mon réseau de vies

    Mon réseau de vies

    Depuis mon premier pas sur Terre, j’ai déroulé mon fil de vie
    Qui s’est tellement embrouillé que les Parques s’en sont courroucées.
    Un méli-mélo salutaire à qui je devrai ma survie
    Jusqu’à c’ que leurs ciseaux rouillés s’en retrouvent tous émoussés.

    J’ai tellement tourné en rond, refais cent fois les mêmes erreurs
    Et noué mes vies en spirales comme l’araignée sur sa toile !
    La mort se fera du mouron lorsqu’elle verra avec terreur
    L’impossibilité virale de trancher net mon cœur d’étoile.

    Photo de Menina Roja Alfredo Palmero.

  • Le nid d’aigle des culbutants

    Le nid d’aigle des culbutants

    Voler sans quitter le sol, grimper sans escalader,
    Voguer sur des vagues vides et par les vents soutenu ;
    Immobile, sans boussole qui m’enverrait balader
    Et sans direction avide de me perdre dans les nues.

    Sur mon nid d’aigle isolé des soucis matérialistes,
    Je ne vis que d’air du temps et d’orages intentionnels.
    Ne soyez pas désolés si mon âme fataliste
    A choisi des culbutants † comme maîtres ascensionnels.

    (Tableau de Francisco Fonsca.
    † Le culbutant est une race de pigeons.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Les pieds dans l’eau

    Les pieds conservent la mémoire du temps où ils étaient nageoires
    Et le contact d’une eau bien fraîche en ravive le souvenir.
    Surfaces aux effets de moires d’élémentaires pataugeoires
    Se répandent en ondes revêches au moindre pas en devenir.

    La réflexologie issue de nos origines aquatiques
    Nous reconnecte à la matrice archangélique et infinie.
    Je le sens dans tous mes tissus et mon système sympathique
    Comme une ligne directrice reliée à ma kundalini.

    « Les pieds dans l’eau » sont synonymes de la détente et des vacances
    Comme si tout le corps se rebranche à la nature par ses eaux.
    « Se baigner », geste magnanime qui parle d’une muette éloquence,
    Est natif de la même branche que toutes les mères en réseau.

    Tableaux de Michele Poirier Mozzone.

  • L’immersion du corps astral

    Mon corps astral, fin psychologue, voyage sans papier-monnaie
    Car la traversée transparaît en impressions psychédéliques.
    Mes jambes à la « Vincent van Gogh » dans un décor « Claude Monet »
    Vont en substance chamarrée dans le pur marbre pentélique.

    Tandis que le reste du corps, dans la lumière ultraviolette,
    Se soustraits aux lois de l’optique pour des perspectives quantiques
    Dont la lumière s’édulcore comme l’oiseau à la volette
    Qui fond dans l’azur hypnotique d’une vieille photo argentique.

    Ne reste alors que cette image évaporée de l’antimonde
    Au moment même du passage de l’indescriptible frontière,
    Puis disparaît par le gommage du temps comme une trace immonde
    Vue au seuil de l’interfaçage entre l’esprit et la matière.

    (Tableaux d’Alexandra Djokic.
    Reprise du Reflets-Vers 486 « Avancer » du 29.06.2019

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • L’incarnation de l’âme

    L’incarnation de l’âme

    L’âme non initialisée par un mental spirituel
    Accomplit un cycle de vie qui nous est encore inconnu.
    Avant de se spécialiser dans cet étrange rituel
    Tenue de donner son avis, elle doit préparer sa venue.

    C’n’est pas l’ovule qui choisit, non plus le spermatozoïde
    Mais l’âme elle-même qui orchestre les participants au concert.
    Elle fait preuve de courtoisie pour concevoir l’humanoïde
    Depuis le flux extraterrestre qui va s’incarner dans l’insert.

    En une fraction de seconde, elle sélectionne le meilleur
    Qui lui convient pour préparer son véhicule corporel.
    Tandis que les autres vagabondent, l’élu deviendra l’éveilleur
    Qui bientôt va accaparer tout l’embryon intemporel.

    Illustration de Silvio Vieira.

  • Amour cosmique

    Amour cosmique

    J’aime dans les paréidolies voir les formes humanoïdes
    Du visage de la nature et de la Terre féminine.
    J’attrape des torticolis à prévoir ses organoïdes
    Surgir comme la signature de sa féminité divine.

    Si j’essayais d’imaginer le Big-Bang d’un œil artistique,
    Je verrais bien Dieu accoucher et Sa première étoile cosmique
    S’extirper et s’évaginer de sa sainte vulve christique
    Qu’il aurait sitôt attouchée dans une lumière orgasmique.

    Au bout de sept milliards d’années, Il se serait dit qu’il est temps
    De lui inoculer le germe du mal qu’on appelle la vie
    Et son descendant condamné à devenir incompétent
    Pour qu’enfin arrive le terme de Sa création assouvie.

    Tableau de Tina Maria Elena.

  • Sirènes des mers chaudes

    Selon la teinte des mers chaudes situées entre les tropiques,
    Les sirènes ont l’âme violette et une queue en lie-de-vin.
    Celles-là, rien ne les échaude ; ni les marins philanthropiques,
    Ni les loups de mer obsolètes dont on n’sait ce qu’il en devint…

    Sur le tropique du Cancer, en plein océan pacifique,
    Sans doute inspirées par Gauguin sont les sirènes polynésiennes
    Dont les couleurs vont de concert avec leurs coiffes mirifiques
    Et dont le système sanguin est d’origine vénusienne…

    Au tropique du Capricorne, elles nagent la tête à l’envers
    Pour faire sans doute tourner la tête des voyageurs en dilettante.
    Les légendes parlent de licornes dont les os transmués en vert
    Se seraient changés en arête et la corne en queue chatoyante…

    Illustrations de Liselotte Eriksson.

  • Le rendez-vous des sirènes

    L’instinct agit comme un signal programmé dans ses chromosomes
    Et la femme, nubile sirène, rejoint sa mer originelle
    Dont le souvenir vaginal la guide au sein de son royaume
    Vers la destination sereine des sororités éternelles.

    Bientôt rejointe par ses sœurs qui répondent à l’appel tout proche,
    Elles recouvrent tous leurs sens par la mutation de leurs corps.
    Par les courants intercesseurs et les écailles qui s’accrochent
    Et recouvrent en effervescence leur métamorphose en accord.

    Chacune retrouve sa branche dans l’arbre généalogique
    Qui règne au Détroit de Messine d’un ange tombé en décadence
    Qui a choisi qu’on lui retranche ses ailes anthropologiques
    Pour une queue dont la racine se transmet à sa descendance.

    Tableaux dAlexander Surkov sur https:kolybanov.livejournal.com25265646.html .

  • L’ascension au Paradis – 2

    L’ascension au Paradis – 2

    Depuis que j’ai été nommé gestionnaire du Paradis,
    J’ai amélioré le voyage qui rebutait tous les humains.
    La mort ayant triste renommée avec toutes ses maladies,
    J’ai rénové le convoyage pour faciliter le chemin.

    Désormais on ouvre l’espace avant que la mort ne survienne
    Et l’on s’adresse aux appelés avec une voix de sirène.
    Ainsi, tandis qu’un ange passe, on attend que leurs âmes viennent
    D’elles-mêmes pour être attelées à un char tiré par six rènes :

    Tornade, Danseur et Éclair, Fringant, Comète et Cupidon
    Qui les transportent de conserve vers un avenir triomphant.
    Pour Furie, Rudolph et Tonnerre, ce n’est pas nous qui décidons,
    Car le Père Noël les réserve pour ses grands et petits enfants.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’accès à l’imaginaire

    L’accès à l’imaginaire

    Un livre symbolise une porte qui ouvre sur l’imaginaire ;
    Un monde que je ne peux voir qu’avec l’œil situé dans le cœur.
    Une bonne préface lui apporte une échelle extraordinaire
    À condition de ne prévoir que quelques lignes sans longueur.

    Aussitôt la première page, moi, lecteur, j’oublie d’où il vient
    Et pénètre dans l’atmosphère que l’auteur m’aura préparée.
    Suspense et tensions se propagent de la manière qu’il convient
    Pour sustenter et satisfaire ma soif de lire désemparée.

    Chacun sa méthode du livre ; soit on le lit de bout en bout,
    Soit on réserve la surprise à déguster un autre jour.
    Quoi qu’il en soit, cela délivre et fait office de garde-boue
    Sur les soucis que l’on méprise dès qu’on allume l’abat-jour.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • Quelques heures avant le Big-Bang

    Au commencement la Déesse, mère de tous les univers,
    Tissa soigneusement sa toile, perchée aux chaînes angéliques
    Qui ont soutenu sa prouesse et l’ont racontée dans les vers
    Retranscrits au cœur des étoiles comme poèmes évangéliques.

    Quand la Déesse l’ordonna, tous les soleils étincelèrent
    Et les planètes s’invitèrent au céleste commencement.
    Ensuite Elle subordonna son plus bel ange titulaire
    Pour veiller au bien de la Terre ainsi qu’à l’ensemencement.

    Alors Lucifer créa l’homme et la femme selon ses desseins
    Les sommant de se multiplier avec ses démons estourbis.
    Et la Déesse en son royaume se fâcha contre tous ces saints
    Et décida de se plier à réparer tout ce fourbi.

    Illustrations de Faith Gozenc.

  • 24 heures de la vie de la Terre

    D’abord elle est née de la mer pour respirer une autre essence
    Et rejoindre ses partenaires, les astres lunaire et solaire.
    À son tour de devenir mère et favoriser les naissances
    Issues de son imaginaire destiné au règne cellulaire.

    Dès que le soleil apparut, elle sentit son âme intérieure
    Briller de la même origine que celui du cœur des étoiles.
    Celle-ci dans la nuit transparut dans une lumière extérieure
    Et la femme devint androgyne par son fils couvé dans sa toile.

    Et la vie engendre la vie selon le rythme du Soleil
    Et le sang retransmet le sang selon les phases de la Lune.
    Ainsi sa substance survit à travers les temps qui balayent
    Tous ses enfants ressortissants d’une destination commune.

    Illustrations de Faith Gozenc.

  • L’ascension au Paradis – 1

    L’ascension au Paradis - 1

    La direction du Paradis
    change tous les quarante-huit mois
    Et désormais elle m’en incombe
    et je dois veiller aux pensions.
    Comme elles ne coûte pas un radis,
    Saint-Pierre s’est confié à moi
    Pour renforcer depuis la tombe
    le processus de l’ascension.

    J’ai nommé des anges-pilotes
    pour repérer les accidents
    Et, un quart d’heure avant leur mort,
    ils ascensionnent les victimes
    Qui perdent jusqu’à leur culotte,
    tous leurs vêtements excédants
    Que nous revendons sans remords
    au prix du gramme à vingt centimes.

    Lorsque les nouveaux arrivants
    entrent au Paradis à poil,
    Devenu un camp naturiste,
    ils ont les nerfs à fleur de peau.
    Mais on équipe ces morts-vivants
    d’une auréole à cinq étoiles
    Produites en Chine communiste
    que j’ai piquées sur leurs drapeaux.

    Tableau d’Isabel Mahe sur https:www.artmajeur.comisabel-mahe .

  • Le corps éthérique

    Le corps éthérique

    Mon corps éthérique s’étire
    entre les différents niveaux
    De physique et d’intelligence,
    sentiments et spirituels.
    Bien que ces quatre états s’attirent,
    ils n’en restent pas moins rivaux
    D’où négligence ou exigence
    d’un équilibre éventuel.

    La négligence et la bêtise
    de ne pas sentir ces piliers
    M’auraient sans doute fourvoyé
    dans les pièges de la science.
    Heureusement je sympathise
    avec des forces affiliées
    Qui m’ont permis de louvoyer
    entre conscience et subconscience.

    Corps astral, subtil ou vital,
    éthérique, extra-sensoriels,
    Sans doute y en a-t-il autant
    que de dimensions planétaires.
    Le dernier passage létal
    qui me libère du matériel
    M’ouvrira la porte du temps
    par la clef de tous les mystères.

    Tableau de Martin Bridge.

  • Flous de femmes

    L’image de ma mère, dans les yeux de mon père,
    Incluse dans mes gènes, revient comme un fantôme
    Le long des télomères des chromosomes en paires,
    ADN érogène jusque dans ses atomes.

    Bien sûr l’image est floue, la photo fut rapide,
    Cryptée dans les gamètes au cours de la méiose.
    Ce cliché me renfloue en désirs insipides
    Mes plans sur la comète que l’âme ébahie ose.

    L’encre du génotype dont j’écris mes poèmes
    Traduit entre les lignes ma génitrice offerte.
    Ce complexe d’Œdipe à l’esprit de bohème
    N’est autre que le signe d’intruses découvertes.

    Tableaux de Georgia O’Keeffe sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201202georgia-okeeffe-1887-1986-precisionist.html?m=1 .

  • Le baiser du chat

    Cherche-Midi dans son jardin n’a pas vraiment d’autre besoin
    Sauf d’attention évidemment et de câlins passionnément.
    Toutefois depuis qu’ son gredin de maître s’acoquine d’un conjoint,
    Les caresses s’ font éminemment plus rares disproportionnément.

    Et tu l’embrasses et tu l’étreins, et je te griffe et je te mords ;
    Et tu la caresses et l’enlaces, et j’égratigne ta couverture ;
    Et plus tu y mets de l’entrain et plus je lui souhaite la mort
    D’ailleurs tandis qu’elle se prélasse, je fais pipi dans ses chaussures.

    « Toi aussi je t’aime mon minet ! » et chaque fois je suis floué
    D’autant plus fort que sa bougresse vient me chatouiller le menton.
    Quand les mamours sont terminés, je me roule en boule, bafoué
    Et je m’endors avec tendresse bien faufilé dans le futon.

    Tableaux de Gustav Klimt et importunés par Inna Ruda.

  • Une femme-médecine

    Une femme-médecine

    J’ai rencontré l’une des leurs qui a daigné se mettre à nu
    Pour me présenter sa science issue des femmes-médecines.
    D’abord la magie n’est qu’un leurre afin de couvrir l’inconnu
    Et protéger de l’inconscience toute aversion de leurs racines.

    Bien sûr, leurs filles sont sacrées et leurs fils leur sont dévoués
    Pour les nourrir et pour parer à tous dangers de l’extérieur.
    Ainsi les femmes consacrées à leurs pratiques inavouées
    Ont le champ libre pour préparer leurs âmes au stade supérieur.

    Comme pour me récompenser de l’avoir longtemps écoutée,
    Elle m’offrit son amour, sans doute, pour partager l’esprit divin
    Comme une levure condensée qui relève le cœur ajouté
    D’un soupçon de deux ou trois gouttes qui font office de levain.

    Illustrations de Jean-Sebastien Rossbach sur https:cargocollective.comjsrossbachPortraits .

  • Carrousel pour trois chevaux – 2

    Carrousel pour trois chevaux - 2

    Ils étaient trois chevaux sauvages qui mutaient au fil des saisons ;
    Belle robe brune au printemps, puis en été robe isabelle.
    Après plusieurs mois d’estivage, après le temps des floraisons,
    Les poils transmutent en se teintant de tonalités mirabelles.

    Puis vient la rouille et puis vient l’ambre pour se cacher dans les forêts ;
    Robes d’or au soleil levant et cuivrées au soleil couchant.
    Et chaque mois jusqu’en décembre, des pelages les plus colorés
    Passent en courant dans le vent dans un spectacle effarouchant.

    En hiver la mode est au blanc, gris, perle, argent et opaline
    Selon s’il neige, selon le temps, selon la bise qui oppresse.
    On les raconte ressemblant à des déités chevalines
    Issues de contes relatant leurs épopées enchanteresses.

    Tableaux de Fefa Koroleva sur https:fineartamerica.comprofilesfefa-koroleva .

  • Les femmes-médecines

    Sirènes des bois, chimères des mers, de quelles légendes viennent-elles ?
    De sociétés matriarcales où les femmes dirigent leurs mondes ;
    Indigènes aux yeux outremer nées de déesses immortelles
    Dont les racines ombilicales plongent dans les forêts profondes.

    Femmes-médecines de mères en filles qui se transmettent leurs secrets
    Dans la matrice en gestation et par leurs âmes communautaires.
    Ainsi s’agrandit la famille qui, par le féminin sacré,
    Évolue dans l’acceptation de leur système immunitaire.

    Elles ne nourrissent pas seulement leurs enfants du lait de leurs seins
    Mais de la tradition orale des origines de la Terre.
    Leurs dons provient d’enseignements impénétrables aux médecins
    Et leurs écoles doctorales mais par théurgie sanitaire.

    Illustrations de Jean-Sebastien Rossbach sur https:cargocollective.comjsrossbachPortraits .

  • Carrousel pour trois chevaux – 1

    Ils étaient trois chevaux sauvages, toujours ensemble, inséparables,
    Mais tout autant insaisissables ; ils disparaissaient dans le vent.
    Sans doute contre l’élevage dans des haras indésirables,
    Hostiles à l’inassouvissable désir de l’homme démotivant.

    Ils n’apparaissaient que le soir, surtout les nuits de pleine Lune
    Où ils tournaient comme un manège autour d’un arbre séculaire
    Faisant office d’ostensoir pour une liturgie peu commune
    Envers une déesse des neiges d’une blancheur spectaculaire.

    De temps en temps, ils étaient quatre ; sans doute un cheval de passage
    Venu partager la parade et s’initier au rituel.
    Alors dans la lumière albâtre commençait son apprentissage
    Laissant le nouveau camarade hennir d’un chant spirituel.

    Tableaux de Fefa Koroleva sur https:fineartamerica.comprofilesfefa-koroleva .

  • La quatrième nuit chevaline

    La quatrième nuit chevaline

    Lune Nouvelle, bonne nouvelle, tout l’univers complémentaire
    N’est que cycles de vies et de morts qui se propagent à l’infini.
    Tout ce qui vit se renouvelle comme un besoin élémentaire
    De s’améliorer sans remords et sans objectif défini.

    Si entre mon cheval et moi, s’est créé la complicité,
    Sans doute nous sommes nous connus sous d’autres formes d’existences.
    À chaque rencontre, quel émoi de faire avec simplicité
    À nouveau ces rites inconnus qui reviennent avec persistance.

    Juste avant l’aube, un rayon d’or, comme un signal prémonitoire,
    Nous annonce le prochain retour de la période d’ascension.
    Tandis que la forêt s’endort d’un profond sommeil méritoire,
    On voit mourir aux alentours des feux follets en suspension.

    Tableau de Fefa Koroleva sur https:fineartamerica.comprofilesfefa-koroleva .

  • La quatrième lune chevaline

    La quatrième lune chevaline

    Après mes trois premières lunes, nous étions, mon cheval et moi,
    Connectés de pensées communes comme si nous étions siamois.
    Je sentais son corps intensif et son cœur d’essence chevaline
    Et lui, mon esprit expansif et mon âme toute féminine.

    Enfin la quatrième lune, empreinte de témérité
    Sans la science inopportune à connaître la vérité,
    Nous ouvrit cette dimension qui échappe à l’entendement
    Par la force de l’intention qui entraîne l’enfantement.

    Ainsi lovée telle un fœtus contre mon Pégase amoureux,
    Dans la position du lotus, je sentis mon cœur langoureux
    Battre d’une énergie sensible avec celui de ma monture
    Qui me fécondait impassible par le pouvoir de la Nature.

    Tableau de Fefa Koroleva sur https:fineartamerica.comprofilesfefa-koroleva .

  • Les trois lunaisons chevalines

    Premier quartier, la nuit sereine ouvre la première semaine
    Où je sens dans l’obscurité l’esprit des arbres de la forêt
    Qui se répand dans les arènes, loin des activités humaines,
    Que forment par maturité maintes clairières phosphorées.

    En Pleine Lune, méditation, réflexion et recueillement
    Des énergies de la Nature fécondée du halo lunaire.
    Un temps de préméditation quant au prochain effeuillement
    Comme une mort qui fait pâture de nos mémoires lacunaires.

    Dernier quartier, la nuit s’endort vers une amnésie absolue
    Comme si la région entière nécessitait la digestion.
    Sous la voûte d’étoiles d’or, nous marchons d’un pas résolu
    Vers cet oubli hors des frontières de nos perceptions en question.

    Tableaux de Fefa Koroleva sur https:fineartamerica.comprofilesfefa-koroleva .

  • Les trois lunes chevalines

    Inévitable était le mot pour mon parcours initiatique
    Où je devais, seule, à cheval, traverser ma nuit solitaire.
    La Lune conjointe aux gémeaux, dédoublée et énigmatique,
    Rayonnait dans un festival d’étoiles tout autour de la Terre.

    Ma solitude fut troublée lorsque mon cheval me parla
    Comme si la Lune le dotait d’une aura de divinité.
    Je fus, moi aussi, affublée d’une couronne de mandalas
    En même temps qu’il me chuchotait les secrets de l’humanité.

    Quand l’aube creva les ténèbres, clôturant ma première nuit,
    Mon cheval répétait encore une fois tout c’ qu’il m’avait appris ;
    Ainsi quand le soleil célèbre un nouveau jour épanoui,
    Le cœur rayonne sur le corps et l’âme ressource l’esprit.

    Tableaux de Fefa Koroleva sur https:fineartamerica.comprofilesfefa-koroleva .

  • Déesse au cinquième temps

    Déesse au cinquième temps

    Selon pays et latitudes, il est des cinquièmes saisons ;
    Été indien aux Amériques ou la mousson aux antipodes.
    Elle a donc plusieurs attitudes ; son cœur ignore sa raison
    Et, d’un naturel chimérique, elle surprend à chaque épisode.

    Elle joue les prolongations, étire les arrière-saisons
    En gagnant toujours du terrain au grand dam de sa subséquente.
    Sécheresse et Inondation l’accompagnent sans comparaison,
    Ses deux enfants adultérins dont elle est mère inconséquente.

    Finalement, il faut le dire, la déesse est stakhanoviste ;
    Elle nous pourrit les printemps, puis les étés et les automnes.
    De plus, on ne peut rien prédire car elle débarque à l’improviste
    Et la météo passe son temps à traquer ses coups qui détonent.

    Tableau « Goddess of Earth » par Amanda CHURCH

  • Amours cachées mais animales

    Amours cachées mais animales

    Il est des amours interdites qui toujours marqueront l’histoire
    Notamment celles d’une licorne et d’un taureau sous les étoiles.
    De cette liaison maudite naquirent tous leurs enfants notoires ;
    Minotaure et chimères à cornes de toutes sortes et de tout poil.

    Ainsi de filles du taureau en fils de la licorne agile,
    Les descendants continuèrent les mariages interlopes.
    Bien loin des principes moraux qui ne sont paroles d’évangile,
    Les créatures évoluèrent en centaures, gorgones et cyclopes.

    Elles n’ont pas vraiment disparu quoique la science le dise
    Mais ont émigré vers les terres de la toundra transsibérienne.
    Parfois s’il vous est apparu d’en croiser une par surprise
    Bénissez cette solitaire d’être restée végétarienne.

    Tableaux de Esben Hanefelt Kristensen http:www.knudgrothe.dkalbum.asp?kunstner=89&vb=3489 .

  • Déesses aux quatre temps

    À chaque saison sa déesse, à chaque déesse son talent ;
    La divinité du printemps d’ailleurs en dispose à son aise.
    Autant elle joue de prouesses, autant ses retards insolents
    Rendent renouveaux éreintants pour la néoglucogenèse †.

    Quand vient l’été, pas de problème pour notre nymphe estivalière
    Qui réserve toujours en avance ses quartiers de villégiature.
    Elle se fait connaître par l’emblème aux fleurs des champs festivalières ;
    Fleurettes de Saint-Paul-de-Vence cultivées en pleine nature.

    Quand vient l’automne monotone, la responsable de la déco
    Doit user de mille stratégies pour égayer le paysage.
    On lui doit ces tons qui détonnent, ambre et rouille qui se font écho
    Dans une sorte d’élégie à la beauté de son visage.

    Comme un capricorne en hiver, elle reste dans sa tour d’ivoire
    Et n’utilise que les vents mêlés de neige pour décorer.
    Elle est la pire dans l’univers de toutes les déesses du devoir ;
    D’ailleurs son titre est relevant de la mort sûre pérorée.

    (Tableaux « Goddess of Earth » par Amanda CHURCH
    † je ne suis pas sûr quant à la néoglucogenèse mais n’étant pas une déesse, je n’en discuterai pas.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.