Catégorie : Poésie du dimanche

  • Les clefs de la Saint-Valentin

    Saint-Valentin, grand serrurier, sait déverrouiller les problèmes ;
    En tant que maître-cœurdonnier, il connaît toutes les ficelles.
    Cœur intrépide, aventurier, il sait résoudre les dilemmes
    De tous les troubles garçonniers aux retenues des demoiselles.

    Bien sûr, les garçons ont la clef mais ignorent le mécanisme
    De la serrure féminine et toutes ses prolongations.
    Un rossignol peut tout bâcler, en outre induire traumatismes
    Qui grippent, rouillent et éliminent tout acte de fornication.

    Bien sûr, les filles ont la serrure et tout le schéma intérieur
    Mais jugent trop partialement la taille de la clef convenable.
    Saint-Val’, lui, connaît les ferrures de tout calibre supérieur
    Et les clefs idéalement de qualité incontournable.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Le renard en automne

    Le renard roux durant l’automne nourrit sa nature gloutonne ;
    Mais les corbeaux s’en vont flâner et prennent tout c’qu’il y a à glaner.
    Or lui souvent rentre bredouille de cette uniformité rouille
    Tandis que les oiseaux criards montrent un engouement égrillard.

    Maître Renard en addiction à la fable et aux traditions
    En cherche un, un peu plus benêt que les autres, un petit jeunet.
    Dès qu’il l’avise sur sa branche, compère en a les coudées franches
    Et de sa bouche en cul de poule montre qu’il en a dans la ciboule.

    Mais l’oiseau n’était pas tombé de la dernière pluie plombée ;
    Après avoir atteint le pompon, l’eau avait coulé sous les ponts.
    De bec à oreille de corbeau, ils ont tous repris le flambeau
    Et la leçon pour le rusé vaut qu’ son stratagème est usé.

    Tableau d’Iris Scott sur https://www.thisiscolossal.com/2013/05/oil-finger-paintings-by-iris-scott/ .

  • Adieu janvier, bonjour février

    Janvier est passé tellement vite qu’on est déjà en février
    Avant d’avoir réalisé qu’on a franchi la fin du mois.
    Le temps décolle, le temps lévite, et, d’une manière enfiévrée,
    Il sera réactualisé avec le nouvel an chinois.

    Chacun voit midi à sa porte sur l’ensemble de la planète
    Mais aux deux pôles, rien ne va plus, six mois de jour, six mois de nuit.
    Si chaque matin nous apporte une nouvelle journée nette
    Elle est bien trop vite conclue ; c’est déjà le soir, je m’ennuie.

    Passer le temps, tuer le temps, meubler le temps, ça prend du temps
    Et vingt-quatre heures n’ont pas suffi pour faire tout ce que je voulais.
    Le temps perdu n’est pas content mais il se venge en m’imputant
    Un retard qui s’intensifie et qu’hier déjà je refoulais.

    Illustration de June Leeloo sur https://havengallery.com/portfolio/june-leeloo-imaginarium .

  • Sirènes grassouillettes

    Entre vaguelettes et ondelettes, là où la surface est moirée,
    Le soleil baigne au crépuscule ses adeptes du rayon vert.
    Ainsi les sirènes rondelettes batifolent en fin de soirée
    Et n’ont pas peur du ridicule pour émerger à découvert.

    Perles noires et perles surfines, perles à l’orient le plus nacré,
    Leur rondeur rend irrésistible une attraction si séduisante
    Qu’elle agit comme une endorphine sur tout ce qui nous est sacré.
    Piège d’un charme indescriptible, chute d’amour euphorisante.

    On dit que les enfants des îles partent les affronter la nuit ;
    Ceux qui reviennent n’en parlent pas, le cœur tombé dans l’oubliette.
    Les autres ont élu domicile là où personne ne leur nuit :
    Entre les bras et les appas de leurs sirènes grassouillettes.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Anges ou démons ?

    Ange ou démon que ce printemps qui vous réveille la nature,
    Qui tire la faune du sommeil et la flore en feu d’artifice ?
    Démon tant il est éreintant de subir les températures
    De cet insolite soleil dont vous sentez le bénéfice.

    Ange ou démon que cet été qui vous embrase les cultures
    Par des millions de fleurs des champs que vont butiner les abeilles ?
    Ange qui vient vous répéter, dans des vents de désinvolture,
    Floraisons et fruits aguichants qui vous rempliront les corbeilles.

    Ange ou démon que cet automne qui vous assombrit vos soirées
    Au détriment de la lumière qui meurt en fin d’après-midi ?
    Démon aux langueurs monotones dans les paysages moirés
    D’ambre jusque dans les chaumières comme une douce maladie.

    Ange ou démon que cet hiver qui vous recouvre du manteau
    De neige au froid soporifique qui arrête l’horloge terrestre ?
    Ange vengeur de l’univers aux principes fondamentaux
    Qui d’un trépas frigorifique vous met les terres sous séquestre.

    Tableaux de Karol Bak sur http://www.andegemon.com/blog/karol-bak.html .

  • Mais où vont les chats ?

    La chatte mouille mais ne coule pas ; qui plus est jamais ne se noie ;
    Parmi ses neuf vies antérieures, celle du poisson reste assumée.
    C’est pourquoi son meilleur repas sera le même que les Danois :
    Thon de qualité supérieure, harengs et sardines fumés.

    D’ailleurs Chat-rente maritime et Chat-long sur Saône en témoignent :
    Ils sont amis des maraîchers, marins d’eau douce et capitaines.
    Avec le poissonnier, intime ; bien que quelquefois il l’empoigne
    Pour le plonger effarouché dans l’eau du bassin d’Aquitaine.

    Le chat et la chatte en chaleurs s’immergent dans les jeux de l’amour
    Dans un concert de miaulements et coups de griffes en escouades.
    Les matous sont plus cavaleurs et les minettes plus glamour,
    Et l’on retient finalement que chat échaudé craint l’eau froide.

    Illustration d’Allan Brakusfor.

  • Monopoles y a – 2

    Les hommes ont cru que le progrès leur apporterait l’opulence
    Mais ils sont contraints à payer pour que les riches s’enrichissent.
    Les femmes ont cru que le travail allait enfin les libérer
    Mais elles aussi ont dû payer pour une pseudo liberté.

    Pendant ce temps grâce aux médias, « On » leur montre l’actualité
    Des pays pauvres qui ont faim et du chômage en progression.
    Pendant ce temps grâce aux églises, aux mosquées et aux synagogues
    « On » maintient un ordre mondial, chacun chez soi, Dieu pourvoira.

    Dès que l’enfant prend le chemin des institutions de l’état,
    Il est aussitôt formaté pour servir de chair à produire.
    À la maison, c’est la télé qui continue l’apprentissage
    Pour devenir gentil robot, fourmi besogneuse et soumise.

    « Nous avons créé et financé le mouvement féministe en mettant la femme au travail et en faisant croire que cela les libérerait. Cela nous a permis de taxer le travail des 2 sexes et de confisquer l’éducation des enfants pour mieux les formater ! » David Rockefeller.

    Tableau « la vérité au pouvoir » de Mear One sur https://www.buzzfeednews.com/article/dennishuynh/compelling-political-art-near-the-dnc.

  • Mais où va le chat ?

    Bien sûr, dans l’eau les minets râlent car ce n’est pas leur élément ;
    Ils préfèrent comme terrain de chasse tout un domaine à leur portée.
    Parmi la faune littorale, les chats ne sont pas tellement
    L’espèce la plus efficace que la Nature ait apportée.

    Pourtant plongez un chat dans l’eau ; il n’a pas besoin d’Archimède
    Et sa poussée scientifique pour nager instinctivement.
    Certes, il a l’air un peu ballot durant ce petit intermède
    Mais sa technique honorifique le sauve rétrospectivement.

    La queue en forme de périscope et les yeux comme deux hublots,
    Il saura ainsi s’acharner à vivre si le cas lui échoit.
    D’ailleurs le chat dans l’horoscope chinois gagne sur tous les tableaux :
    Il est la prudence incarnée et opte pour les meilleurs choix.

    Illustrations d’Allan Brakusfor.

  • Monopoles y a – 1

    L’histoire commence par le temps ; le temps qui fixe l’existence.
    D’un côté le présent actif, de l’autre le passé passif.
    Par un Big-Bang omnipotent ou une divine substance
    Qui, par un jeu interactif, créa notre univers massif.

    Ainsi Dieu, qui aurait créé le monde et l’homme à son image,
    Insidieux lui aurait permis de choisir le péché vénal.
    Pernicieux, Il a maugréé contre ce mal qui l’endommage
    D’abord par un feu affermi, puis un déluge phénoménal.

    Je ne sais plus trop aujourd’hui comment comparer notre monde
    Qui engendre guerre sur guerre pour enrichir les grands saigneurs.
    Toute la richesse qu’on produit s’accumule dans les poches immondes
    De ceux qu’on appelait naguère pachas, rois, empereurs, seigneurs.

    Je me demande à quel moment nous allons atteindre le seuil
    Qu’ont approché Loth et Noé lors de leur punition divine.
    Gageons que nos gouvernements, garants des précieux portefeuilles,
    Vont à leurs moutons dénouer pareille apocalypse ovine.

    (Tableaux de Daniel Loveday sur https://www.artfinder.com/artist/daniel-loveday?epik=dj0yJnU9QXVBOW9faWdJalhBTG5KSU9hc1lPM2Y3T05abjZkZVcmcD0wJm49QjZWYURGcjdWeERvX1FGZ2wxTGVBUSZ0PUFBQUFBR1VpV2VF .)

  • La mémoire de Dieu

    Pour Adam je n’ai eu besoin ni de modèle ni d’ébauche ;
    J’ l’ai créé à l’inspiration à partir d’un bon gabarit.
    Mais pour Ève, là j’ai pris grand soin de ne pas avoir deux mains gauches ;
    J’avais plus de motivation ; j’avais des projets pour Marie.

    J’ai bien pétri la terre glaise et modelé deux belles miches,
    Palpé, malaxé ses mamelles, bien fendu son mont de Vénus.
    Après j’ai filé à l’anglaise une fois remis la pouliche
    Afin qu’Adam et sa femelle me fassent des petits en bonus.

    Tableau de Quang Ho et Clay Sculptures.

  • La chamane de la forêt

    Initié par les trois chamanes, j’ai commencé l’enseignement
    Sur les mystères de la Terre et sur l’histoire de l’univers.
    Mais je ne suis pas mythomane et, d’après mes renseignements,
    Je devrais avant tout me taire avant d’écrire ces quelques vers…

    Mais j’ai le droit d’en révéler quelques éléments, à vrai dire ;
    En effet personne n’écoute les vraies valeurs humanitaires
    Car lire, écrire et calculer ne sert à rien sinon prédire
    Un esclavage coûte que coûte envers l’état totalitaire.

    La vérité sur l’existence ainsi que sa finalité
    Serait d’atteindre la dimension de l’amour et la compassion.
    En attendant, la résistance à cette fonctionnalité
    Fait à jamais l’appréhension d’une élite en dépravation.

    Art païen de Naomi Cornock sur https://www.nomeart.com .

  • Les mémoires de Dieu

    Si créer l’homme m’a pris six jours, créer la femme fut plus long.
    En réalité, je dois dire que j’avais commencé par elle.
    Car même Dieu ne fait pas toujours ce qu’il désire ; c’est selon
    Ma résolution à prédire toute l’histoire naturelle.

    En créant les cieux et la Terre, en fait j’ai créé la première
    Essence féminine nue au cœur des étoiles conceptrices.
    Chaque accouchement élémentaire donna un ange de lumière
    Et les suivants sont devenus des âmes autoreproductrices.

    Une fois la femme créée, je l’ai dotée d’un serviteur,
    Cueilleur-chasseur reproducteur, pour l’aimer et la promouvoir.
    Si Adam a su l’agréer, ses fils plutôt inquisiteurs
    Se sont révélés réducteurs et ont usurpé son pouvoir.

    Sculptures de Dan Crossland.

  • Les chamanes de la forêt

    On dit qu’elles sont empoisonneuses, de vraies sorcières maléfiques
    Et qu’il vaut mieux les éviter quand on les voit dans la forêt.
    D’une attitude soupçonneuse, lorsque j’ai vu ces mirifiques
    Femmes en train de léviter, j’ai pris une allure effarée.

    Trop tard ! Elles m’ont pris par la main et m’ont fait boire leur breuvage,
    Une espèce de vin merveilleux qui fait perdre toute volonté.
    J’ai dormi jusqu’au lendemain après huit heures d’esclavage
    Et c’qu’elles m’ont fait, ô mes aïeux, je ne peux vous le raconter.

    J’ai rêvé avoir chevauché toute la nuit, nu comme un loup ;
    Avoir hurlé la gueule ouverte avec une faim dévoreuse.
    Mais nous nous sommes rabibochés ; je n’en suis pas du tout jaloux
    Puisque j’ai fait la découverte de trois chamanes bien généreuses.

    Art païen de Naomi Cornock sur https://www.nomeart.com .

  • S.O.S. Père Noël

    « Service après vente, tu parles ! » maugréait Jean-Emmanuel,
    L’arrière-arrière-petit-fils pour tout c’ qui a dysfonctionné.
    Entendre « Tu te magnes, Charles ? » tous les matins depuis Noël
    Pour réparer les maléfices des jouets mal confectionnés !

    Voir toute la sainte journée des jeunes enfants mécontents
    Et tous les parents furibonds dont les mamans surexcitées.
    Puis recommencer la tournée durant trois mois jusqu’au printemps
    Quand le dernier ours moribond est finalement ressuscité.

    Malgré la qualité ISO des confections traditionnelles,
    Des poupées aux jolis minois sont emballées mal contrôlées.
    Par bonheur on a le réseau d’une maintenance prévisionnelle
    Qui flaire les lutins chinois et les bras cassés qu’ont gaulé.

    Illustration de Tom Kilian sur https://www.tkillustration.com/?ssp_iabi=1682696161353 .

  • La vérité sur le Père Noël

    Maintenant qu’enfin est passé Noël, puis la fin de l’année,
    Il est temps de lever le voile sur sa nature originaire.
    Après avoir bien potassé librairies et miscellanées,
    L’authenticité se dévoile sur ce fait extraordinaire.

    D’abord il ne vient pas du nord mais des régions himalayennes ;
    Tout là-haut sur le toit du monde dans les lamaseries enjouées.
    C’est le Yéti, ce grand ténor des voix qui sortent de la moyenne,
    Qui parcourt en une seconde la grande tournée des jouets.

    Tous les lutins sont les enfants qu’il a eu de Marie-Noelle,
    Grande Yétie qui fait marcher son petit monde à la baguette.
    Tous les mois à dos d’éléphants, sont livrées de continuelles
    Fournitures très bon marché toutefois conformes à l’étiquette.

    Il faut voir leurs pattes velues manier marteaux et tournevis ;
    Leurs quatre mains très adaptées redoublent d’efficacité.
    Toute cette bande de chevelus, manœuvres qualifiés et novices,
    Est connue dans la Voie Lactée pour leur célèbre pugnacité.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Météo érotique

    Le matin un brouillard léger perdure au fond de la vallée
    Entre les monts qui apparaissent turgescents au-dessus des nues.
    Son joli ventre rondouillard sera peu à peu avalé
    Par cette brume où disparaissent tous ses appas sans retenue.

    À midi le temps se découvre et donne la pleine lumière
    Du soleil dans des éclaircies qui perdureront jusqu’au soir.
    Si quelques nuages recouvrent − la saison en est coutumière −
    Le ventre qui a un peu forci, une pluie fine pourrait surseoir.

    En fin d’après-midi le vent soulève les plis de sa robe
    Et dénude montagnes et vallons de la plaine au Mont de Vénus.
    Puis le front froid se soulevant de l’ouest où bientôt se dérobe
    Le soleil qui semble un ballon perdu gagnant son terminus.

    Au coucher, les soleils rougissent, empourprent et encensent ses charmes ;
    Un léger voile les fait jouer au jeu du chat et la souris.
    Il est temps que je me blottisse quand le ciel se teinte de parme
    Et que la nuit me fait vouer tout l’amour dont je me nourris.

    Tableaux d’Artland Wandbild.

  • Seins nus aux quatre saisons

    Au printemps ses bourgeons éclosent et sa fleur tendre s’épanouit
    Dès le matin lorsque les feux du soleil de mes yeux l’admirent.
    Le soir dans notre maison close, j’observe le galbe inouï
    De sa poitrine sur mes cheveux et ma joie de les affermir.

    L’été dévoile ses colliers de perles fines et de fruits mûrs
    D’où sort un lait érotisé par la chaleur de ses mamelles.
    Par le chemin des écoliers, je pars juste entre les fémurs
    Et remonte comme hypnotisé vers les tétons de ma femelle.

    L’automne et ses couleurs transmutent sur ses rondeurs ambre et cuivrées
    Avec juste un vert essentiel qui parsème sa touffe tendre.
    Entre ses deux monts, je permute maintes caresses, énivré
    Du parfum doux consubstantiel auquel j’ai seul droit de prétendre.

    L’hiver blanchit ses mamelons comme deux petites congères
    Que mes mains dévalent en luge, puis remontent et puis redescendent.
    Et, cerise sur le melon, les miches de ma boulangère
    Mouillent comme après le déluge lorsque mon amour la transcende.

    Tableaux de Félix Valloton.

  • L’esprit de la forêt

    J’ai croisé le renard surpris de nous retrouver nez à nez ;
    J’ai même stupéfié un chevreuil tombé les quatre fers en l’air ;
    Heureusement sans parti pris – plus rien ne saura m’étonner –
    Ils n’ont pas jeté de mauvais œil sur mon audace singulière.

    La faute en est à l’air du temps qui siffle entre les arbres verts
    Et dont les branches communiquent les transmissions de la forêt.
    Un peu sot, voire débutant, j’ai dû entendre de travers
    Et suivre l’onde botanique glissant sur l’herbe phosphorée.

    Je me suis fait apprivoiser en y revenant chaque jour
    Sans chercher la moindre rencontre avec un habitant des bois.
    Je ne voudrais pas pavoiser mais je crois qu’ils m’aiment d’amour
    Car ils viennent toujours à l’encontre comme s’ils étaient aux abois.

    Art païen de Naomi Cornock sur https://www.nomeart.com .

  • L’oracle de la forêt

    À chacun son totem secret, son inspiration créatrice ;
    À chacun sa source cachée, sa ressource imaginative.
    J’aime les éléments sacrés de la nature génératrice
    Présents sur les signes rattachés de la forêt germinative.

    Toute la flore féminine, force de vie de l’univers,
    Témoigne d’une connaissance gravée depuis la nuit des temps.
    Et le ciel envoie sa quinine quand tombe la neige en hiver
    Pour protéger toute naissance qui émergera au printemps.

    Par toute la sylve étendue comme un oracle horizontal,
    Par tous les arbres hérissés comme ds antennes verticales,
    Leurs prédictions sont entendues par le vent transcontinental
    Dont j’entends les feuilles crisser de leurs délices lexicales.

    « Il neige, sur janvier fiévreux, toute la quinine du ciel » Jean Giraudoux – Provinciales.

    Art païen de Naomi Cornock sur https://www.nomeart.com.

  • Les esprits de la forêt

    Si les esprits de la forêt parlent le langage du cœur,
    J’irai m’égarer la raison dans leurs labyrinthes boisés.
    Je me perdrai dans les fourrés où seuls les animaux moqueurs
    Savent retrouver leurs maisons parmi les ronces apprivoisées.

    Par les chemins vers nulle part, j’ai découvert l’inaccessible ;
    J’ai constaté l’humilité et le pouvoir du lâcher prise.
    J’ai senti tomber les remparts dévoilant mon âme impassible
    Avec la juvénilité de l’enfant devant sa surprise.

    En suivant comme un fil d’Ariane une inspiration dans le vent,
    J’ai maintes fois croisé la route de lièvres, renards et chevreuils.
    Sur la piste des valérianes, le matin au soleil levant,
    J’ai plusieurs fois cassé la croûte avec lutins et écureuils.

    Art païen de Naomi Cornock sur https://www.nomeart.com .

  • Les oracles de la forêt

    Qui sait se taire et observer sans vraiment chercher à comprendre
    Découvrira certains secrets qui ouvrent ses nouveaux devoirs.
    Il veillera à conserver tout ce qu’il souhaitera apprendre
    Sur ses désirs les plus sacrés que sa raison ne saurait voir.

    Les oracles élémentaires, interconnectés aux saisons,
    Renseignent tous les végétaux sur tous les caprices du temps
    Par les minéraux de la Terre sensibles aux combinaisons
    Des alliages entre métaux comme indicateurs percutants.

    D’autre oracles supérieurs dominent aux sommets des montagnes
    Et par la chaîne des vallées, rus, ruisseaux, rivières et torrents.
    Depuis son manteau intérieur, la planète les accompagne
    Par les cheminées exhalées des vieux volcans expectorants.

    Art païen de Naomi Cornock sur https://www.nomeart.com .

  • Alexandre et Bucéphale

    ce soit la monture qui ait choisi son cavalier.
    Quant à ce qui est de pourfendre pour des conquêtes triomphales,
    On dut attendre que mature le conquérant animalier.

    Or comme en attestent les sources, elle a bel et bien existé
    Cette relation singulière, unique dans l’histoire équestre.
    On dit qu’il battait à la course tous ceux qui auraient persisté
    À défier à la régulière n’importe quelle épreuve terrestre.

    Tableau d’Adrien Deggan.

  • Le soir chez les uns et les autres

    Dans nos résidences modernes où nos vies sont superposées,
    Les voisins font partie du lot de la routine quotidienne.
    Lorsque s’éteignent les lanternes, tous vont ensemble se reposer,
    Puis repartiront au boulot tous les matins en file indienne.

    Les postes de télévisions clignotent à toutes les fenêtres ;
    Au moment des informations, soit on complote, soit on sanglote.
    On se soulage en prévision pendant la pub pour son bien-être
    Tandis que fusent les sommations pour économiser la flotte.

    En période de transhumance, les gens ne vivent plus chez eux
    Mais dans le ciel en avion ou sur la route comme d’habitude.
    La continuité des vacances distingue les actifs des oiseux
    Et, comme déjà nous le savions, pour ces derniers… quelle quiétude !

    (Illustration de Pierpaolo Rovero sur http://lambidextre.over-blog.com/2020/03/le-dessin-du-jour-pierpaolo-rovero.html .)

  • La fille aux couteaux

    Aveuglée par une injustice, elle officiait comme partenaire
    À un mexicain basané, lanceur de couteau patenté.
    Craignant une erreur subreptice, fatale ou extraordinaire,
    L’avait la tête enrubannée d’un joli foulard argenté.

    Jusqu’au jour où elle décida de le fixer droit dans les yeux
    Dont le regard, sans faire exprès, sous les feux de la rampe, brilla.
    Hélas, elle l’intimida et lors d’un lancer audacieux
    La fine lame passa si près que l’homme au sombrero cria.

    Pourtant, plus de peur que de mal, elle remit alors son bandeau
    Et le spectacle recommença sans risquer la crise cardiaque.
    Il paraît même que l’animal exigea pour leur libido
    Que la belle au sang chaud pansa ses propres yeux paranoïaques.

    Tableaux de Gill Del-Mace sur https://artandcollectors.com/collections/gill-del-mace-b-1947 .

  • Fata Morgana

    Le verbe « Que la lumière soit ! » à lui seul creva les ténèbres
    Comme un mirage apparaissant dans le néant évanescent.
    N’étant pas là, ça va de soi, personne aujourd’hui ne célèbre
    La première image naissant dans l’univers opalescent.

    Quand la première graine germa pour donner ses fruits à la Terre,
    Personne n’a vu le miracle qui ne faisait que commencer.
    Et lorsque la mer renferma la première faune élémentaire,
    Nul n’a consulté quelque oracle sur l’évolution annoncée.

    Eh bien, Mesdames et Messieurs, il y eut une observatrice
    À chaque étape fondamentale depuis la création du monde.
    Dieu absorbé et minutieux dans son énergie créatrice,
    C’est sa femme, plus sentimentale, qui en filma chaque seconde.

    On l’appelle Fata Morgana mais jamais Dieu n’en parlera ;
    Il jalouse toute allusion à celle qui le désarçonne.
    Si vous voyez cette nana dans le désert du Sahara
    Ce n’sera pas une illusion mais la meuf à Dieu en personne.

    Le deuxième tableau est d’Alex Fitch. Quant aux trois autres, ce sont des images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • L’année nouvelle

    L’année nouvelle

    L’année nouvelle me procure une bourse de découvertes
    Que je vais pouvoir dépenser j’espère le plus adroitement.
    L’année se révèle sinécure avec toutes portes ouvertes
    Lorsque je suis récompensé de ses meilleurs appointements.

    Mais pour cela, pas de mystère. Je dois chevaucher la prudence
    Qui véhicule mes désirs en louvoyant entre les choix
    Délaissant les plus terre-à-terre pour privilégier l’abondance
    Et les plus subtils des plaisirs selon ce que le cœur m’échoit.

    Évidemment tout se complique dans la folie de notre monde
    Qui joue de l’insécurité et jongle avec l’adversité.
    Inutile que je vous explique comment fuir les pièges immondes
    Si ce n’est par témérité, confiance et fidélité.

    Des pièges, il y en aura toujours – toute la vie en est pavée –
    Alors je dois les assumer et en absorber l’expérience,
    Puis continuer au jour le jour mon chemin sans cesse entravé
    Mais sans me laisser consumer par l’afflux de désespérances.

    Tableau de 25kartinok sur https:www.deviantart.com25kartinok .

  • Adieu année ingrate !

    Adieu année ingrate !

    Je ferme la boîte de Pandore que l’année a alimentée
    Avec ses guerres et ses combats, ses crises et ses désolations,
    Les vrais-faux amis qui m’adorent mais ne font que complimenter
    Ce qui me tire par le bas pour leur propre consolation.

    J’arrête de me lamenter sur l’argent et le temps perdu ;
    Mieux vaut repartir de zéro que ressasser mes illusions
    Qui continuent de pimenter et laissent à ma bouche éperdue
    Le résidu du braséro de la flambée des collusions.

    Je fais le vide autour de moi de l’extérieur à l’intérieur
    Comme si j’avais un nouveau cœur qui va consumer mon passé.
    Très lentement sera ce mois où, à chaque degré supérieur,
    Je me poserai en vainqueur de chaque seconde passée.

    Le temps alourdi de remords n’existe plus ; il est passé,
    Emporté par le lâcher prise qui me libère de mes peurs.
    Qu’importe l’approche de la mort, les autres jours seront placés
    Sous une vie pleine de surprises. Plein gaz et à toute vapeur !

    Tableau de 25kartinok sur https:www.deviantart.com25kartinok .

  • Le temps, c’est de l’amour en balance

    Si les saisons révélatrices de la révolution solaire
    Marquent la Terre de couleurs et diverses températures,
    L’horloge mystificatrice dont le temps est protocolaire,
    Semble un passage sans douleur, inconsistant et sans structure.

    Même les religions s’opposent dans la mesure de l’année ;
    Les unes la veulent solaire quand d’autres l’exigent lunaire.
    On dit que Dieu, on le suppose, nous aurait ainsi condamnés
    À affronter avec colère sa dimension imaginaire.

    Ainsi la frontière des ans n’est qu’une conception humaine ;
    Heure d’été, heure d’hiver ne sont que des valeurs abstraites.
    Finalement c’est au présent que l’amour va et se promène
    Et rythme dans notre univers nos heures les plus guillerettes.

    Tableau d’Oleg Shupliak sur https:arts.centerukOlegShupliak .

  • Un petit tour en féérie pour 2024

    La fin d’année, comme une femme apparaît au bain de minuit
    Et laisse miroiter son corps d’un sex-appeal plein de promesses.
    Abusant d’artifices infâmes pour nous charmer toute une nuit,
    Mirifique et bien plus encore, le nouvel an fait sa grand-messe.

    Non pas des vœux superficiels, des résolutions infidèles,
    Ni de santé enjolivée de bonheur pour faire bon poids,
    En ce bout d’an interstitiel qui disparaît à tire d’aile,
    Qu’est-ce qui pourrait mieux motiver qu’un spirituel je-ne-sais-quoi ?

    Sous le regard impitoyable du temps qui mesure les ans,
    Je vois son sablier qui file fixant son nouveau numéro.
    Douze mois, aussi incroyables soient-ils, vont suivre dès à présent
    Pour un combat qui se profile et dont nous serons les héros.

    Photos de Ryan McGinley sur https:www.doctorojiplatico.com201312ryan-mcginley-body-loud.html .

  • Paix sur la Terre

    Paix sur la Terre

    Le passé sombre s’obscurcit, le présent lourd s’appesantit
    Et j’ai l’impression que le mal finira par vaincre le bien.
    Mon cœur peu à peu s’endurcit peut-être aussi s’anéantit
    À cause de l’homme-animal et l’esprit au stade amibien.

    Alors je lance des messages comme bouteilles jetées à la mer
    Dans l’océan de l’avenir en quête d’accomplissement.
    Qui sait ? Peut-être serons-nous sages dans un million d’années amères
    Où nous aurons le souvenir quand nous priions propicement.

    Parfois je rêve devenir dieu mais après un temps infini
    Où s’accumulerait chaque vie gagnée au crédit de mon âme.
    Temps éternel et fastidieux, digne d’un embrouillamini
    D’existences inassouvies auxquelles mon être réclame.

    Et même si tout ça c’était vrai, n’ayant pas le mode d’emploi
    Je revendique aux quatre vents et je demande à l’Univers
    Que si mon âme recouvrait sa vraie substance qui se déploie,
    Qu’elle me concède de mon vivant juste de quoi passer l’hiver.

    Illustration de JRSlattum sur https:www.deviantart.comjrslattumgalleryall .

  • Pas de Noël cette année !

    Arrêté un soir de décembre par des bandits bêtes et méchants,
    Il a tremblé de tous ses membres sous les six-coups effarouchant.
    Le Père Noël est attaqué et sa tournée est déjouée ;
    Le Père Noël estomaqué est dépouillé de ses jouets.

    Récidive un soir de janvier, les mêmes malfaiteurs entraînent
    Les trois rois qui sont conviés à abandonner leurs étrennes.
    Volant l’or, l’encens et la myrrhe aux mages en plein désarroi,
    Les quatre lascars leur permirent de partir sans tirer les rois.

    Illustration de Morris.

  • D’eau, de terre, d’air et de feu

    La femme est d’eau fraîche et d’amour et semble même insatiable ;
    Son homme fera ce qu’il peut pour lui faire atteindre l’orgasme.
    Si elle simule avec humour une extase inappréciable,
    Elle échangera la mauvaise queue pour une autre avec enthousiasme.

    La femme est aussi terre-à-terre et prend le taureau par les cornes
    Qui devra bosser sans relâche pour lui construire sa maison.
    Elle en sera propriétaire et si « Lui » dépasse les bornes,
    Elle divorcera de ce lâche souvent à tort ou à raison.

    La femme a l’air dévergondé, femme-enfant toute énamourée ;
    Son compagnon devra la suivre sans se poser trop de questions.
    Pourtant s’il va vagabonder et folâtrer dans les fourrés
    Avec une autre, il va s’ensuivre une flopée de congestions.

    La femme a le feu à la croupe au moment de l’ovulation
    Et l’homme jouera au pompier pour la satisfaire dans son lit.
    Et s’il le faut, toute une troupe conviée à la copulation,
    Afin, tout en prenant son pied, de chasser sa mélancolie.

    Illustrations de Duane Bryers sur https:meladan.livejournal.com516315.html .

  • Un, deux, trois et le clou du spectacle

    Un chat pitre ouvre la revue des folles bergères du pâturage
    Avec sa pelote de laine pour enchaîner les numéros.
    Comme un fil d’Ariane prévu, qui vous guide et vous encourage
    À poursuivre sans perdre haleine les aventures de nos héros.

    Deux chiens qui s’aiment d’amour tendre, robes violette et orangée,
    Vous miment l’histoire incroyable des chiens d’Ulysse et Pénélope.
    Ils parsèment leur carte du tendre d’os à moelle et puis d’os rongés
    Dont ils jalonnent l’inoubliable parcours obscur et interlope.

    Trois jeunes cabots dans le vent, coiffés d’un fruit orchestrateur,
    Entonnent en bouquet final un pot-pourri, bien entendu.
    Le trio s’avance au-devant de la scène face aux spectateurs
    Et saluent d’un original coup de théâtre inattendu.

    Coup de théâtre musical : ce sont leurs puces compositrices
    Lointaines cousines éloignées des scarabées de Liverpool.
    Pour un spectacle dominical, c’est d’une joie inspiratrice
    Dont vous tous pourrez témoigner des chiens géniaux, un peu maboules.

    Tableaux de Daniel Patrick Kessler.

  • Le rêve du chat

    Le rêve du chat

    À quoi rêve le chat qui dort pendant ces instants éphémères ?
    Aquarelles aux poissons dorés, portrait du Roi Souris Premier ?
    Marche-t-il dans les limbes d’or à la recherche de sa mère
    Et ses mamelles douces adorées à peloter sous le sommier ?

    En fait, il rêve sur la colline et sous les nuages qui passent
    En forme de gros poissons blancs en guettant l’instant favorable ;
    Bondissant du sol trampoline, il capture sa proie dans l’espace
    Qui cherche un salut en tremblant dans une fuite mémorable.

    Il rêve aux oiseaux insouciants en train de chanter sur leur branche
    Tandis qu’il fait glisser son ombre ; personne ne le voit venir.
    Surgissant vif et impatient, il fauche d’une coupe franche
    Deux ou trois moineaux dont le nombre nourrira ses beaux souvenirs.

    Tableau de Claude Meow.

  • Les couleurs du temps

    Les couleurs du temps

    Le temps affiche ses humeurs sur l’écran noir du firmament
    Que le soleil projectionniste éclaire de couleurs attachantes.
    Selon la source des rumeurs qui courent encore pertinemment,
    On peut prédire d’impressionnistes lendemains qui chantent ou déchantent.

    Selon le thème du crépuscule, la météo se fait oracle
    Et une aurore de bon augure nous sourira d’un ton plaisant.
    Mais dès que le soleil bascule et qu’il sort de son habitacle,
    Il apparaît ce qu’inaugure l’exposition du temps présent.

    Le temps se rit des habitudes et ses peintures irrationnelles
    Provoquent autant de sensations que de stupeurs et tremblements.
    Flocons de neige en altitude, orages et pluies émotionnelles
    Rendront la représentation fidèle à son tempérament.

    Tableau d’André Derain.

  • Tendres chimères

    J’ai souvent rêvé de chimères, jolies nymphes et belles sirènes
    Mais j’ai toujours su éviter harpies séniles, vielles souris.
    Mais voici qu’une intérimaire serrée dans sa grosse carène
    Est, malgré son obésité, venue remplacer mes houris.

    Accompagnée d’une consœur, une poule bien mal fagotée,
    Elles ont su me dorloter, me couver et me câliner.
    Quant à moi, le mauvais penseur, sexuellement ravigoté,
    Après les avoir pelotées, j’ai cessé de les taquiner.

    Laissez-moi donc vous présenter ma nouvelle muse attitrée ;
    Coquecigrue-la-cajoleuse, inspiratrice assermentée.
    Elle m’a fourni, sans plaisanter, ce joli texte bien titré
    Et mes inepties cavaleuses en s’ront nettement pimentées.

    Tableaux de Vladimir Golub.

  • Coup de foudre au Paradis

    Il n’est pas si facile sur Terre de trouver chaussure à son pied ;
    Trouver son âme-sœur relève d’une cruelle difficulté.
    Découvrir son complémentaire et puis tomber dans un guêpier
    Brise le cœur d’un coup de glaive et tout espoir est occulté.

    Mais au Big-Bang du Paradis, tous les milliards d’âmes détonent
    Dans une explosion de passion, d’amour et de béatitudes.
    Chaque entité ragaillardie s’associe et se pelotonne
    Par l’énergie de compassion qui met fin à la solitude.

    Quand nous prions, masturbons-nous pour atteindre l’état de grâce
    Et nous relier au sacré en joignant nos mains sur le sexe !
    Car du phallus ou du minou, quel est l’organe qui embrasse
    Le plus le chemin consacré à notre salut intrinsexe ?

    Tableaux de Vladimir Golub.

  • Le violoniste rocambolesque

    Le violoniste rocambolesque

    Tandis que j’étais prisonnier de la gardienne de mes rêves,
    Toute une faune assez burlesque a débarqué dans ma cellule.
    Parmi les oiseaux saisonniers, j’eus droit à la prestation brève
    D’un violoniste rocambolesque accompagné de libellules.

    Je ne sais comment il jouait car de sa bouche perlait un sein
    Dont le lait giclait sur les cordes couinant de façon singulière.
    Mais en revanche, je lui vouais toute mon attention à dessein
    Car l’ensemble semait la discorde dans les pensées de ma geôlière.

    Vers six ou sept heures sonnantes, toutes les portes étaient bouclées
    Et j’ai vu au soleil couchant le vent chasser les feuilles mortes.
    Puis j’ai trompé ma surveillante en lui subtilisant ses clefs
    Particulièrement celle des champs que j’avais glissée sous la porte.

    Tableau de Reydel Espinosa Fernandez sur https:www.artmajeur.comreydelespinosa .

  • De ma chambrette

    De ma chambrette

    Lorsque la pluie fait toilettage à la fin d’un jour moribond,
    L’aurore revient l’érafler de ses rayons d’or mordorés.
    Depuis mon quatrième étage, le soleil entre par rebonds
    En me renvoyant les reflets des perspectives colorées.

    Depuis un moment les lumières achèvent de me réveiller
    Par les rais qui courent au plafond pour chasser les ombres chinoises
    Qui agrémentent ma chaumière et que je ris de surveiller
    Comme un oracle qui se morfond avec ses prédictions sournoises.

    Tous les matins de ma fenêtre, je me crée un instantané
    Afin de visualiser le film vu de ma chambrette
    Depuis que j’y ai vu renaître ma vie, moi, pauvre condamné
    À vivre et à réaliser mes nouvelles amours secrètes.

    Car je suis prisonnier à vie de la gardienne de mes rêves
    Qui m’a accueilli en décembre alors que j’étais somnambule.
    Bien sûr, je lui dois ma survie mais je cherche tous les jours sans trêve
    Comment m’échapper de sa chambre en passant par le vestibule †.

    (Tableau de Bayram Salamov sur https:valentinna.livejournal.com326369.html?style=mine
    † Rassurez-vous : finalement j’ai réussi à m’en sortir au petit matin ; Fabienne m’a réveillé en secouant mon oreiller et en criant « Allez debout ! Fais-moi mon petit déjeuner. J’AI FAIM !!!)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Les déesses protectrices – 2

    Outre mes déesses du foyer, ma mère, ma femme, ma fille ainée,
    Il y a celles qui m’inspirent tout au long de mon existence.
    Dont une qui m’a envoyé tout ce qui m’aura entraîné
    Pour le meilleur et pour le pire avec une étroite assistance.

    Pour les poèmes, j’ai ma muse qui me souffle l’inspiration
    Direct dans le canal du cœur et qui illumine mon âme.
    Lorsque j’écris, elle s’amuse à piquer ma motivation
    Avec son sourire moqueur mais qui alimente ma flamme.

    Celle qui a le plus de travail, c’est celle qui gère les équipes
    De mes nombreux anges gardiens qui doivent me porter secours.
    Comme je suis, vaille que vaille, du vrai casse-cou, l’archétype,
    Ils ont un rythme circadien de quarante-huit heures par jour.

    Enfin celle que je préfère, c’est ma déesse imprévisible
    Qui fait de chaque jour de ma vie, l’aventure de ma destinée.
    Je l’appelle parfois Lucifère tant elle prépare dans l’invisible
    Une retraite en vis-à-vis d’un paradis prédestiné.

    Tableaux d’Evgeni Gordiets.

  • Les déesses protectrices – 1

    Ma première déesse, ma mère, n’était pas très démonstrative ;
    Souvent elle restait de marbre devant mes besoins dispendieux
    Et j’ai connu l’enfance amère privé de mes prérogatives
    Que j’aurais héritées de l’arbre généalogique des dieux.

    Après ma deuxième déesse n’était pas vraiment une mère
    Mais plutôt une grande sœur qui me fit découvrir l’amour.
    Elle m’a initié aux prouesses et leurs sensations éphémères
    Car elle m’a quitté sans douceur, brutalement au petit jour.

    Ma troisième déesse plus mature m’a donné deux très beaux enfants
    Et j’en suis devenu le père presque du jour au lendemain.
    J’ai développé leur nature vers un avenir triomphant
    En respectant chaque repère que je trouvais sur mon chemin.

    La quatrième des déesses était la plus belle, la plus grande ;
    Elle me parut inaccessible comme la plus haute des montagnes.
    Si jamais cela vous intéresse, elle m’a concédé comme offrande
    Son assurance irréversible d’être une éternelle compagne.

    Tableaux d’Evgeni Gordiets.

  • Veni Vidi Vici Venise !

    Je n’ai jamais atteint Venise que par les livres d’aventures
    Ou le cinéma du dimanche ou bien les bandes dessinées.
    Je n’ai pas connu d’entremise pour partir en villégiature
    Mais je veux prendre ma revanche sans pour autant me débiner.

    Ainsi, Veni Vidi Vici, je me transporte en train de rêve ;
    Arrivée en gare de Venise par l’Orient-Express, s’il vous plait.
    Mais comme je ne suis pas d’ici, je recherche un guide sans trêve
    Qui j’appellerais bien Denise si ce joli nom vous complait.

    D’ailleurs voici sa tête rousse qui vient d’apparaître sur le quai ;
    Héritière du Céleste-Empire au blason ceint d’une orchidée.
    Suivons les traces de Barberousse dont les exploits ont provoqué
    Les pleurs sur le pont des soupirs dans notre visite guidée !

    Tableau de Kees van Dongen.

  • Le retour d’Amarilla

    Le retour d’Amarilla

    Depuis que sa disparition m’avait laissé l’âme orpheline,
    Mon cœur s’était cicatrisé de l’absence de ses étreintes.
    Guettant sa réapparition, toutes mes envies masculines
    Ont tant mes yeux électrisés que j’en ai la rétine empreinte.

    Je l’ai trop aimé chaque nuit, je l’ai trop peinte dans mes rêves
    Car l’image est un peu jaunie et s’estompe de ma mémoire.
    Or plus son souvenir me nuit, plus sa réminiscence est brève
    Et met mon cœur à l’agonie comme sous un coup d’assommoir.

    De l’eau a coulé sous les ponts depuis ces dix années passées ;
    J’ai réussi à l’oublier et rencontré d’autres horizons.
    Même si rien ne lui correspond, j’ai sa présence outrepassée
    Par mes poèmes publiés afin d’hâter ma guérison.

    Voici que l’on frappe à ma porte et mes réflexions se dérobent ;
    J’ouvre. Elle est là comme une reine qui cherche son prince charmant.
    Je dis « Que le diable t’emporte ! » mais voici qu’elle ôte sa robe,
    Me prend dans ses bras et m’entraîne dans un instant d’égarement.

    Illustration de Milo Manara sur https:designyoutrust.com202201milo-manara-comic-art-youve-probably-never-seen .

  • La dernière image avant la fin du monde

    Lorsqu’un évènement conséquent au cours de la journée survient,
    La Terre entière, c’est éloquent, paradoxalement s’en souvient.
    Ce que faisait tel ou tel père au moment de l’impact immonde
    Est retenu comme un repère crucial dans l’Histoire du monde.

    Malgré les recommandations des stations météo locales
    Personne n’a prêté attention aux crues dues aux pluies radicales.
    Toutes les mères besogneuses surprises en pleine activité
    Furent les premières trépigneuses face à l’intempestivité.

    Lorsque les calottes polaires ont fondu inopinément,
    Les établissements scolaires l’ont appris opportunément.
    Les professeurs et les élèves ont eu le temps de constater
    Que la fin du monde relève du genre humain inadapté.

    Photos LUNGENLIGA Garrigosa Studio sur https:www.behance.netgallery70352317Lungenliga-2018 .

  • L’embarcadère pour le rêve

    L’embarcadère pour le rêve ne reconnaît aucun horaire
    Et chaque départ affrété est chaque soir inopiné.
    L’embarcation paraît si brève et la manœuvre si temporaire,
    Qu’on n’a pas l’temps d’interpréter rien d’autre que sa destinée.

    On ne sait quand on est parti mais on sait que c’est pour longtemps
    Et que chaque escale révèle une aventure exceptionnelle
    Car malgré le temps imparti, le songe s’étire dans l’instant
    Et ouvre une porte nouvelle sur une idylle passionnelle.

    Passé l’archipel aux cauchemars qui n’offre que peu d’intérêt,
    Prenez le temps de visiter l’atoll aux sirènes véganes !
    Malgré les poissons zigomars qui vous mettent en garde, atterrés,
    Goûtez la générosité de Viviane sur l’Île Morgane.

    Tableaux d’Evgeni Gordiets.

  • Les mots dans l’air, le feu et la lumière

    Les mots dans l’air, le feu et la lumière

    Parfois des mots passent dans l’air et mon p’tit avion dans la tête
    Capte ces émissions issues sans doute du cœur des étoiles.
    J’écoute les airs populaires venus par le jeu des tempêtes
    Qui se croisent dans le tissu dont je trame et brode ma toile.

    Ma muse inspiratrice nue ainsi que l’imagination
    Filtrent ensemble mes pensées sous la pleine Lune en extérieur,
    Puis précipitent le contenu dans les flots de divination ;
    Ainsi seront récompensées mes perspectives ultérieures.

    Mais il faut le feu de l’image, la lumière d’une belle intention
    Qui me font retrouver le fil de ce qu’elles m’ont distillé.
    Par ce poème, je rends hommage à la subtile intervention
    De ce miracle qui se profile au bout de ma plume stylée.

    Tableau de Nadia Waheed sur http:nadiawaheed.com2023627n4cfe7dcab2d8w5o31e72aeooz7c18http:nadiawaheed.com2023627n4cfe7dcab2d8w5o31e72aeooz7c18 .

  • Patchwork amoureux

    L’œil droit sur la carte du tendre éclaire un patchwork amoureux
    D’une étoffe tissée par les gènes qui ont dessiné son visage.
    Heureux celui qui sait entendre l’aubade du vent langoureux
    Qui sort des lèvres érogènes pour enchanter son paysage.

    Tandis que l’œil gauche viril devient le soleil conquérant
    Dont le regard monte aux sommets, puis redescend dans les vallées,
    Nulle fossette ne met en péril l’explorateur prépondérant
    Qui saura boire et consommer la source d’amour exhalé.

    Collages de Pete Buttigieg.

  • La danse nuptiale

    À l’instar des paradisiaques, l’éloge de la danse nuptiale
    Revient à qui saura charmer le sexe opposé désiré.
    M’étant pris de multiples claques avec mes rimes provinciales
    Je me dois de savoir m’armer de patience… et bien inspirée.

    Faut-il être maître-chanteur, danseur étoile, charismatique ?
    À la course à la séduction, il faut savoir partir à point.
    Les chauds-lapins, lièvres arpenteurs partent plutôt fantasmatiques
    Et les tortues en déduction s’carapatent malgré l’embonpoint.

    À défaut d’être magnétique, joli garçon, plutôt beau gosse,
    Il ne reste plus que l’argent pour faire l’appoint à l’attirance.
    Sans doute aussi machiavélique, le philtre d’amour se négoce
    Sinon c’est en le partageant que le charme a plus d’assurance.

    Tableaux d’Irina Carcabi sur https:www.liveinternet.rucommunity1726655post410804161 .

  • L’amour binaire

    L’amour, à l’origine binaire, est devenu plus homogène ;
    La Mère-nature avait pourtant sélectionné la parité
    Mais il devient parfois trinaire et plus s’il n’y a pas de gêne
    Or il n’est jamais dégoûtant malgré toutes ces disparités.

    Alors il faut redéfinir les pôles de la force d’amour ;
    Nord-sud, yin-yang, actif-passif, zéro-un, plus-moins, noir-et-blanc.
    Il y en a à n’en plus finir et si l’amour fait de l’humour,
    Il fera d’un sexe poussif un instrument polyvalent.

    Finalement l’homme et la femme sont ce que Dieu a fait de mieux ;
    Oui mais voilà, nul ne choisit et doit subir son numéro.
    On peut trouver ce choix infâme ; toujours est-il qu’il saute aux yeux
    Que les sexes n’ont pas moisi depuis qu’ils s’affrontent en héros.

    Tableaux d’Irina Carcabi sur https:www.liveinternet.rucommunity1726655post410804161 .

  • L’être suprême de la forêt

    L’être suprême de la forêt

    L’être suprême de la forêt, elle, je n’ai pas pu la surprendre ;
    Au contraire, elle a décidé de m’approcher de vive voix.
    Nue, dans une aura phosphorée, je mis un moment à comprendre
    Que je venais d’élucider le mystère de la fée-des-bois.

    Nous avons parlé si longtemps que bientôt se mirent à tomber
    La nuit et elle entre mes bras – magie à nulle autre pareille –
    Pour me garder jusqu’au printemps pensant que j’avais succombé
    Au charmant « abracadabra » formulé au creux de l’oreille.

    Sans trop lui montrer de quel bois je me chauffe, d’un aspect vantard,
    J’ai répliqué qu’une autre fée m’ensorcelait à la maison
    Du genre jalouse qui flamboie lorsque j’arrive très en retard…
    Nonobstant son air stupéfait, j’ai disparu à l’horizon.

    Tableau de Karol Bąk sur http:touchofcolorr.blogspot.com201601karol-bak.html .