Catégorie : Poésie du dimanche

  • L’arbre éternel et féminin

    L’arbre éternel et féminin

    Que les femmes soient encore plus proches que les hommes de la nature
    Me laisse imaginer les liens qui leur prolongent leurs racines.
    Or quand les hommes leur reprochent leurs comportements immatures
    Que dire du cerveau reptilien dont l’art primitif se dessine ?

    Saint-Louis n’attendait pas l’automne pour effeuiller sa Marguerite,
    Et Roméo aimait Juliette tous les autres mois de l’année.
    Si la nature est monotone, la femme bouleverse nos rites
    Avec son allure de fillette et sa bonne humeur spontanée.

    Elle se fane, elle se flétrit et la nature reprend ses droits
    À qui la faute ? À Dieu ? Au temps ? À la peur de mourir demain ?
    C’est l’Univers qui l’a pétrie, c’est l’Univers qui la foudroie
    Mais elle reste tout autant l’arbre éternel et féminin.

    Tableau de Hayk Shalunts.

  • Valentine et la chasse aux fleurs

    Valentine et la chasse aux fleurs

    Après des pluies interminables, tous les boutons d’or ont percé,
    Coquelicots rouges des champs, pissenlits, bleuets, marguerites.
    Dans ses bras indéterminables, le renouveau les a bercés
    Dans l’instant au soleil couchant d’une promenade émérite.

    Lanternes rouges et lampions blancs, printemps du soir, lueurs d’espoir,
    Comme si la nature indiquait ses symptômes de bonne santé.
    Première étoile, dernière Lune mais ce n’est pas contradictoire ;
    Là-bas ancrée au bout du quai sonne une corne impatientée.

    Une invitation au voyage autour du lac imaginaire
    Pour une tournée d’espiègleries de villes en villes, de fleurs en fleurs ;
    Fleurettes tressées en maillage sur des cortèges processionnaires,
    Festivaliers, corso fleuri du Lavandou jusqu’à Honfleur.

    Tableau de Thomas Little.

  • Les sirènes serpents

    Une sirène à queue de serpent dans le mystère des profondeurs
    Où la faune est organisée pour s’adapter à son milieu…
    Chez Andersen et Peter Pan, elles étaient plutôt en rondeurs
    Mais dans leur monde paganisé, les dieux sont les maîtres des lieux.

    La Reine possède la plus grosse taille de serpent des abysses ;
    C’est ainsi que le Roi l’a choisie pour ses anneaux et ses écailles.
    Il faut mille-et-un coups de brosses pour nettoyer son appendice
    Et de l’élixir d’ambroisie pour une queue de cette taille.

    Les serpents-sirènes à l’air libre aiment l’ombre des marécages
    Où elles pourront faire leur mue dans l’humidité des marais.
    C’est vital pour leur équilibre ainsi que pour leur relookage
    Car les femmes-serpents sont promues à plaire aux marins timorés.

    Tableaux d’Anna Verhoog, de Steven Bellshaw et de Mihail Gard.

  • La cavalière, le roi et la reine des sirènes

    Tiens ! Commençons donc par le Roi, le roi putatif des abysses
    Qui prétendait sans faux-semblants être d’origine anglo-saxonne.
    Mais il n’est pas celui qu’on croit et, à moins qu’il ne s’estourbisse
    Avec son épée en fer blanc, il n’a jamais tué personne.

    La Reine est une aventurière qui a bâti sa renommée
    À coups de queue qu’elle a si chaude que la mer s’en met à fumer.
    Mais ce n’est qu’une roturière qui a grimpé tous les sommets
    Par les cœurs dont elle se galvaude des marins qu’elle a consumés.

    Mais revient à la cavalière le pompon de la vanité
    Car elle trompe tout son monde avec la pire impertinence.
    Elle se montre inhospitalière et n’aspire qu’aux mondanités
    Avec la classe la plus immonde des grands requins de la finance.

    Tableaux de Stefania Kotati.

  • Déshabillé en papier de soie

    Déshabillé en papier de soie

    Papier de soie, papier froissé, papier crépon, papier chiffon,
    Les vêtements prêts-à-jeter en papier à motifs gravés
    Auront tendance à remplacer les textiles qui ne satisfont
    Plus la citadine agitée qui blâme sa machine à laver.

    Enfin des machines à créer, à fabriquer, à imprimer
    À partir de pâte à papier une garde-robe par jour !
    D’une discrétion agréée et toute censure exprimée
    Qui pare de la tête au pied le corps de ses plus beaux atours.

    Ça se déchire sur un sein ? C’est fait exprès, c’est plus malin !
    Ça dévoile un peu trop les hanches ? C’est normal, c’est prédécoupé !
    Ça ne cache rien du bassin ? C’est pour attirer les câlins !
    Quant à ce qu’elle met le dimanche, c’est juste pour vous entourlouper.

    Tableau de Georgy Kurasov sur http:www.kurasov.comindex.php?gals .

  • La force tranquille

    La force tranquille

    Point de repos, même le dimanche, pour le septième travail d’Hercule
    Qui dut se retrousser les manches du matin jusqu’au crépuscule.
    Point de mots d’amour à débattre et tant pis pour sa bien-aimée
    Qu’il abandonna pour combattre et tuer le lion de Némée.

    Sauf… que ce n’était pas un lion mais un taureau, un bel auroch,
    Se comportant en trublion en Crète et non pas au Maroc.
    J’en perds le grec et mon latin à lire la mythologie,
    Perdu sur le mont Palatin, égaré loin de mon logis.

    Quant à l’épouse – il en eut quatre, le champion fut un chaud lapin –
    Pour qui alla-t-il donc se battre après avoir mis son grappin ?
    Pas Mégara, trop rancunière, ni Omohale, catastrophée,
    Ni même Hébé, la p’tit’ dernière, mais Déjanire qui eut le trophée.

    Tableau de Georgy Kurasov sur http:www.kurasov.comindex.php?gals .

  • À l’heure de l’apéro

    Une femme seule à l’apéro avec un livre, à tous les coups,
    Surveille, cherche, ou attend quelqu’un à qui elle a envie de plaire.
    Elle a beau faire son numéro, à la voir se tordre le cou,
    Vous comprendrez, tout un chacun, qu’il y a de l’aventure dans l’air.

    Une femme seule au restaurant, le verre touché du bout des doigts,
    Attend encore le prétendant qui est une fois de plus en retard
    Dont le record s’améliorant va déclencher comme il se doit
    Vengeance à son corps défendant : le verre dans la gueule du vantard.

    Une femme seule à la terrasse avec un chien et une ombrelle
    Attend celui qui l’a plaquée ; crime envers sa féminité.
    Entre son cœur qui la harasse et l’esprit qui cherche querelle,
    Le gars va se faire matraquer, mordre… et plus si affinités.

    Une femme seule devant sa porte n’attend plus rien sauf la police ;
    Elle s’est vengée de son amant en le tuant à bras-le-corps.
    Ah que le diable les emporte tous ces hommes remplis de malice !
    Mais son avocate de maman l’acquittera cette fois encore…

    Tableaux de Georgy Kurasov sur http:www.kurasov.comindex.php?gals .

  • Tous mes visages sont dans la Nature

    Visage juvénile au printemps, la paréidolie débute
    Par une percée alentour de jeunes pousses et perce-neige.
    Mère Nature fête ses vingt ans et vraiment rien ne la rebute
    Pour montrer les plus beaux contours que font ses éternels manèges.

    Visage mature en été, la paréidolie mûrit
    D’une abondance dans les vergers aux fruits des plus belles semences.
    Mère Nature vient allaiter en mettant fin aux pénuries
    Toute la faune et les bergers pour le temps de la transhumance

    Visage empathique en automne, la paréidolie se fane
    De couleurs chaudes et ambrées qui enterrent les feuilles mortes.
    Mère Nature, l’air monotone, se pare de brumes diaphanes
    Qui habillent son corps cambré de vagues qui la réconfortent.

    Visage endormi en hiver, la paréidolie s’endort
    Dans une mort surnaturelle car rien n’est tout à fait fini.
    Mère Nature et l’Univers se retrouvent dans un lit d’or
    Pour une raison structurelle qui se répète à l’infini.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https:arts.centerukOlegShupliak .

  • Nouvelle vague, nouvelles couleurs – 4

    Nouvelle vague, nouvelles couleurs - 4

    Comme la loi nous interdit de nous montrer nu en public,
    Reste le moyen artistique pour exhiber notre nudisme.
    Pas de photo abâtardie par des altérations obliques
    Mais l’image caractéristique du plus brillant impressionnisme.

    Comment peindre un phallus courbé, des seins et les parties intimes ?
    Plus gros, plus petits, effacés afin d’éviter la censure ?
    Ou, envers Gustave Courbet, montrer chaque détail ultime ?
    J’ai beau la question ressasser, aucune solution n’est sûre.

    Si l’art reste au-dessus des lois, créons l’impresso-naturisme
    Avec des sexes psychédéliques avec organes magnifiés !
    Un nu divin, de bon aloi, peut-être néo-culturisme,
    Donnera l’effet angélique comme épitaphe qualifiée.

    Tableau de Victoria Lapteva sur https:www.etsy.comfrshopLaptevaPainter .

  • Nouvelle vague, nouvelles couleurs – 3

    Nouvelle vague, nouvelles couleurs - 3

    S‘il y a une vie après la mort, comment sera mon nouveau corps ?
    Comme celui que j’ai quitté ou d’une jeunesse éternelle ?
    Je n’éprouverais aucun remords à revivre encore et encore
    Exhibant en toute équité mes plus belles formes charnelles.

    Que sont les masques devenus quand les mensonges sont abolis ?
    Plus besoin de cacher un sexe qui ne serait plus d’actualité.
    Et finalement vivre nu passionnément, à la folie
    Me redonnera sans complexe mes atours de natalité.

    La question du sexe des anges n’a jamais été résolue
    Quant à la vie après la mort, c’est mystère et boule de gomme.
    Il est bizarre autant qu’étrange que le sexe soit révolu
    Et que le singe nu soit l’oxymore, plaise à la femme comme à l’homme !

    Tableau de Victoria Lapteva sur https:www.etsy.comfrshopLaptevaPainter .

  • Nouvelle vague, nouvelles couleurs – 2

    Une fois jetés les tchadors, burqa et niqab aux orties,
    Les femmes pourront s’habiller de petits riens comme elles veulent.
    Et dans la tenue que j’adore, un bodypainting assorti
    À leurs envies de babiller et se montrer actives ou veules.

    Seins nus ou parsemés d’étoiles, mamelons teints au rouge à lèvres ;
    Vulve rasée ou frisotée selon la coupe de cheveux ;
    Sur les épaules juste un voile assemblé d’une main d’orfèvre
    Et les fesses ravigotées pour satisfaire à tous les vœux.

    Terminé le prêt-à-porter, place au prêt-à-Bodybuilder !
    Des tatouages effaçables et aux couleurs imprévisibles !
    La science pourrait apporter des médicaments hybridés
    Qui rendraient la peau effaçable et transparente, voire invisible…

    Tableaux de Victoria Lapteva sur https:www.etsy.comfrshopLaptevaPainter .

  • Nouvelle vague, nouvelles couleurs – 1

    Comme le genre change de corps en notre siècle ultra-moderne,
    Pourquoi n’pas varier les couleurs des parties de l’individu ?
    Selon les métiers en accord ou les violons d’ingres subalternes,
    S’exprimeraient joies et douleurs des besognes condescendues.

    Les jardinières à la main verte auraient le bassin assorti,
    Les jambes plantées en tuteurs, le pubis et les cuisses roses.
    Crémières et laitières, plus ouvertes, surtout lorsqu’elles sont de sortie,
    Auraient les seins distributeurs… Et que le Saint Téton m’arrose !

    L’homme de goût restera sobre ; smoking tatoué sur la peau
    Pour que sa belle partenaire puisse resplendir de nuances.
    Estival de mars à octobre, hivernal quand c’est à propos,
    J’espère vivre centenaire et voir ces nouvelles influences !

    Tableaux de Victoria Lapteva sur https:www.etsy.comfrshopLaptevaPainter .

  • Femme à soigner

    Femme à soigner

    On dit qu’elles sont de belles plantes, c’est faire honneur aux cocotiers ;
    On dit qu’elles sont belles à croquer, c’est donner du mérite aux pommes !
    Chaque épithète qui les supplante, tout comparatif cachottier
    Ne prétend qu’à réciproquer la beauté de la Terre, en somme.

    Les seins en poire dans les bonnets, la peau de pêche parfumée
    Et la femme devient un verger dont l’homme en goûte la primeur.
    La charité bien ordonnée ne partira plus en fumée
    Mais finira par converger vers mon respect le plus rimeur.

    La femme est fleur, l’homme jardine ; la femme est fruit, l’homme récolte ;
    La femme est plante, l’homme cultive ; la femme est Dieu, l’homme la prie.
    Elle est moderne et citadine ? Imprévisible et désinvolte ?
    La prévenance plus attentive de l’homme lui élève l’esprit.

    Tableau de Tania Wursig.

  • Femme à cueillir

    Femme à cueillir

    À chacun sa fleur préférée, belle-de-jour, rose éthérée ;
    À chacun sa fleur favorite, belle-de-nuit ou marguerite.
    Rêver d’un parfum vaudeville avec un bouquet fleurs de ville ;
    Rêver d’un goût plus approchant d’une saveur de fleurs des champs.

    Attention aux fleurs du matin, folles, infidèles presque catins ;
    Respirez la fleur de midi et dormez tout l’après-midi.
    Le soir quand les fleurs sont violettes, ce sont souvent les plus follettes ;
    Quant aux subtiles fleurs de nuit, elles s’évanouiront à minuit.

    Cueillez, cueillez dans la jeunesse ; cueillez, cueillez dans la vieillesse ;
    Après tout, la fleur n’a pas d’âge, c’est ce qui fait son apanage.
    La mienne continue à rire de tous ses pétales en délire
    J’avoue, je ne peux le nier, j’adore être son jardinier.

    Tableau de Sergio Lopez.

  • Femmes à soigner

    C’est une rose du matin qui vient au monde, innocente
    Toute prête à s’épanouir durant toute sa petite enfance.
    Peu à peu sa peau de satin épouse son corps d’adolescente
    Qui pourrait faire s’évanouir le jeune prétendant sans défense.

    La rose mûre porte ses fruits et devient une fleur immortelle ;
    La femme mûre n’a plus d’âge si ce n’est celui des enfants.
    Le patrimoine qu’elle a construit est de valeur sacramentelle
    Dont l’amour est son avantage et son engouement triomphant.

    Rose ridée jamais ne fane juste un bouquet de fleurs séchées
    Qui continuent à rayonner dans la famille et la maison.
    Seul le ridicule profane notera le vase ébréché
    Mais l’homme juste et passionné l’aimera toujours sans raison.

    Tableaux de Tania Wursig.

  • Femmes à cueillir

    Bien sûr, elles sont adorables lorsqu’elles ne sont qu’en bouton
    Car aussitôt qu’elles sont en fleurs, nous sommes à leurs lèvres pendus.
    Mais l’âge le plus favorable arrive lorsque nous goûtons
    Le parfum subtil qui affleure autour de leurs fruits défendus.

    La femme mûre est bien meilleure quand elle est sauvage et cueillie
    Dès le printemps, Reine des prés ; durant l’été, Reine des champs ;
    Pendant l’automne, Reine avant l’heure ; même en hiver, Reine accueillie
    Lèvres et mamelons empourprés malgré le froid effarouchant.

    La femme-fleur est immortelle tant qu’elle n’est pas arrachée
    À sa Nature qui l’a bercée et lui a sculpté sa carrure.
    Fi des corsets, des jarretelles, dont elle est fort effarouchée,
    Sa nudité controversée sera sa plus belle parure !

    Tableaux de Sergio Lopez.

  • L’illumination

    L’illumination

    Que Monet voit Reims en couleurs –impressionnistes de surcroît –
    On trouve tout à fait normal que l’art dépasse la pensée.
    Lorsqu’il accouche dans la douleur l’œuvre qui graduellement croit,
    Il en exprime tout le mal à force de le dépenser.

    Le vert pourrait être l’espoir qui cherche à percer le chagrin
    Transpiré par les bleus de l’âme qui lui noient l’amour dans le cœur.
    Alors le rouge, en désespoir, s’écoule en grappe grain par grain
    Coupé de rose par la lame du temps qui reste grand vainqueur.

    Pourquoi peint-il la même chose autant de fois ? Comment ? Combien ?
    Sans doute un parcours salutaire dans l’imaginaire immergé
    Dans sa vie par métamorphose du mal qui se transforme en bien
    Ou bien la mort en solitaire d’Icare tombant en mer Égée.

    Tableau d’Anselmo Bucci.

  • Phare à minous

    Phare à minous

    Formidable et faramineux que ce Phare du Petit Minou
    Qui subit l’assaut impassible des rouleaux de vagues déversées.
    Toujours debout et lumineux quand la nuit tombe parmi nous
    Et l’enveloppe d’une impossible obscurité à traverser.

    Mais toujours il se lie d’amour pour la mer vaste, insatiable
    Qui le provoque de ses ébats, de ses humeurs évacuées
    Par des orages nuit et jour et ses tempêtes indissociables
    Qui lui donnent des hauts et des bas dont le courage est salué.

    On dit qu’il est à la retraite, mis au rebut par la science,
    Par géolocalisation de satellites en promotion ;
    Balises lâches qui se traitent du dernier cri de l’efficience
    Mais sont la banalisation d’un futur vide d’émotion.

    Tableau de Brigitte Berweger.

  • Adieu juin, bonjour juillet

    Adieu juin, bonjour juillet

    Tous les soirs le docteur du temps relève la température
    De notre Soleil moribond qui s’est sclérosé les rayons.
    « C’est typique du débutant ! » nous dit le médecin mature ;
    « Il a subi un faux-rebond en revenant du réveillon ! »

    Pour éclairer notre lanterne, le docteur nous a raconté
    Que le Soleil est bien malade d’une cuite de mort-subite ;
    Avec cette vieille baderne de Saturne, ils ont remonté
    La Voie Lactée d’une escalade à s’en faire péter les orbites.

    Et depuis qu’il est alité, le printemps malgré ses efforts
    N’a pas réussi le miracle du renouveau habituel.
    Et c’est terrible car l’été n’aura même pas le renfort
    De la canicule et renâcle à accomplir son rituel.

    Illustration de June Leeloo sur https:havengallery.comportfoliojune-leeloo-imaginarium .

  • Vénus en terre en eau en air et en cendres

    Au commencement, Vénus en Terre sème l’amour sur la planète
    Et puis elle attend patiemment tout une aube d’éternité.
    Le crépuscule est solitaire, la Lune tout encore brunette ;
    La Reine de nuit vaillamment assure sa maternité.

    Au deuxième acte, Vénus en eau déclenche la germination
    Et puis elle attend que ça pousse tout un printemps, tout un été.
    Le soleil, de tous ses fanaux, poursuit son insémination
    Et viennent les premières mousses, flore, faune et humanité.

    Au troisième acte, Vénus en air souffle l’esprit de l’aventure
    Et puis elle attend que l’amour soit le moteur prêt-à-semer.
    Les jeunes étoiles millénaires parrainent la Terre mature
    À s’éveiller au petit jour, s’épanouir, croître et aimer.

    Mais ne vous laissez pas surprendre, Vénus en feu et puis en cendre ;
    Vénus n’est pas morte, elle dort pour demain encore renaître.
    La règle est facile à comprendre, pareille de janvier à décembre.
    Appartiennent à ce cycle d’or ceux qui voudront s’y reconnaître.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Mon voyage impressionniste

    J’ai toujours su, au cœur du mal, découvrir le bien et l’extraire
    Pour, sur le tableau de mes rêves, distiller toute sa valeur.
    Sans doute un instinct animal qui guide mes yeux qui vont traire,
    Au mal-en-pis, la goutte brève qui suinte au milieu du malheur.

    J’étais là comme un petit prince avec tous mes petits trésors
    Dans ma minuscule existence où s’accumulait la rancœur
    Dont j’en avais les dents qui grincent au point de prendre mon essor
    Pour rechercher une substance qui me libèrerait le cœur.

    Lorsque la vie m’a affrété son train de rêves-en-devenir,
    J’ai rassemblé le monde entier dans mon portfolio de fortune.
    Je ne me suis pas arrêté à larguer tous mes souvenirs
    Mais j’ai commencé le chantier de mes créations opportunes.

    Tableaux de Moghaddam Karimi sur https:press4ward.wordpress.com20220302van-gogh-cartoons .

  • Y’a plus d’saison

    « Y’a plus d’saison ! » me crie Madame en injuriant le dieu des vents.
    « Hiver pourri, printemps pourri, maudites saisons étiolées !
    C’est à cause de tout ce ramdam à force d’avions récidivants
    Qui tracent à coup de bistouri des chemtrails sur mon ciel violé ! »

    Rien ne va plus sur la planète depuis le changement climatique ;
    Les hivers chauds m’ont refroidi et, les étés, frigorifié.
    La météo n’est pas très nette et ses bulletins chaotiques ;
    Ma grenouille est en maladie dans son bocal horrifiée.

    Le gel précède la canicule entre tempête et giboulées ;
    Mes plantations sont mal fichues et mon balcon est dévasté.
    Je me sens souvent ridicule lorsque je porte un col roulé
    Quand l’été tombe à date échue avec agios admonestés.

    Les lâches prennent l’avion pour fêter leurs nouveaux printemps
    Et tous les Paris sont ouverts concernant leurs destinations.
    Si jusqu’à présent nous n’avions pas à nous plaindre du beau temps,
    Je ne sors plus qu’à découvert ; c’était ma prédestination.

    Illustration d’André Franquin pour le Calendrier Spirou

  • Le rouge entre les pans bleus

    Le rouge entre les pans bleus

    Pourquoi un rouge de colère s’est-il glissé entre les pans
    De mon rideau des bleus de l’âme que j’avais laissé entrouvert ?
    Sans doute une drôle valse de l’air qui a soufflé à mes dépends
    Sur la quiétude dont la flamme s’est exposée à découvert…

    Je devrais rester insensible à ces courants d’air insidieux,
    Mon roseau devrait se courber, se plier mais jamais se rompre !
    Mais à trop peser sur la cible, suite à trop d’impacts fastidieux,
    Je me suis moi-même embourbé en laissant le stress m’interrompre.

    Finalement le rouge est mis et ce soir je suis solitaire ;
    Après tout déprimer un peu me fait apprécier la tristesse.
    Demain quand tout sera remis, je ferai le pas salutaire
    Avec un bisou sirupeux à l’encontre de ma détresse.

    Tableau de Milo Manara.

  • Chroniques de la fin du monde – 10 et fin

    Homo exitus

    Mais où donc a pu passer l’homme depuis la triste apocalypse
    Qui l’a fait tant dégringoler qu’on n’en retrouve aucune trace ?
    Suivant la piste des chromosomes malgré les gènes qui s’éclipsent
    Cherchons comment, sans rigoler, il serait tombé en disgrâce.

    Il n’y a eu ni bombe atomique, ni épidémie, ni famine
    Mais, au matin, tous les dormeurs ne se sont jamais réveillés.
    Aussitôt un vent de panique nous a bourrés de vitamines
    Et l’on s’est mis dans les demeures à organiser des veillées.

    Je reste seul dans mon pays, les autres dorment au cimetière ;
    Je me pince et marche sans cesse pour éviter de m’assoupir.
    Les animaux, tous ébahis, quittent leurs caches forestières
    Pour vivre aux frais de la princesse et je rends mon dernier soupir.

    Ce sont les femmes survivantes qui ont réactivé la race
    Avec la parthénogenèse bénie par Sainte-Ève-l’Église.
    Elles ne sont plus si séduisantes mais on s’en fout car toute trace
    De beauté d’androgénèse dorénavant se stérilise.

    Tableaux de GiveMeMood sur https:www.redbubble.compeopleGiveMeMoodexplore?page=1&sortOrder=recent .

  • Chroniques de la fin du monde – 9

    La planète des singes

    Le singe est remonté sur l’arbre, puis s’est élevé au sommet
    De la hiérarchie animale pour devenir maître du monde.
    Si les gorilles restent de marbre, les chimpanzés se sont nommés
    Afin, par grâce baptismale, qu’un Dieu-Primate leur corresponde.

    Comme on ne jette pas bébé avec l’eau du bain plein de mousse,
    Il a récupéré de l’homme ses inventions les plus géniales.
    De toute la classe imbibée par les lunettes sur la frimousse,
    Les voilà devenus en somme notre relève nosocomiale

    Prendre un air intellectuel est tellement simple pour un singe
    Qu’on se demande encore pourquoi il a pu mettre si longtemps,
    Par changement conflictuel, à développer ses méninges
    Avec un cerveau adéquat à tous nous rendre incompétents.

    La prochaine race est bien partie chez les néo-super-primates
    Après le point-de-non-retour pour dominer la Terre entière.
    Les guenons avec répartie devront se montrer diplomates
    Pour rivaliser à leur tour avec la gente usufruitière.

    Tableaux de GiveMeMood sur https:www.redbubble.compeopleGiveMeMoodexplore?page=1&sortOrder=recent .

  • Fauteuil de trouble

    Fauteuil de trouble

    Monsieur-le-chat Cherche-Midi, de mon vieux fauteuil, s’empara.
    L’animal félin est rusé et, voyant son bon maître absent,
    Joua toute sa perfidie, s’y lova et s’accapara
    Ce qui lui était refusé et en lui mettant bien l’accent.

    Regagnant alors mes pénates, journal et café dans les mains,
    Je vis mon fauteuil occupé et mon séant exproprié.
    Bien qu’à ma place vous fulminâtes, n’y allant pas par quatre chemins,
    Vous auriez l’animal dupé chassé sans vous faire prier.

    Mais non, j’ai dû m’agenouiller et négocier fièrement.
    Pourtant j’ai eu beau claironner mes droits avec empressement,
    L’autre, en me voyant bafouiller tous mes griefs amèrement,
    Se contenta de ronronner et m’ignorer complètement.

    Finalement j’ai racheté un second fauteuil tout pareil
    Qu’il prend comme un malin plaisir à me conquérir à son tour.
    Sans doute est-ce par lâcheté mais, sans me faire tirer l’oreille,
    J’ai unifié nos désirs et la paix règne aux alentours.

    Illustration de Nicole Claveloux.

  • Lady Godillot – 2

    Lady Godillot - 2

    La bombe à la cravache

    Soudain je croise un cheval fou poursuivi par sa cavalière
    Brandissant bien haut sa cravache et jurant comme un charretier.
    Fortuitement je vous l’avoue, j’ai trouvé assez singulière
    L’amazone à l’air de bravache, nue comme un ver d’abricotier.

    Lady Godillot, en personne m’a abordé d’un air farouche ;
    « As-tu vu passer un cheval ? Je suis tombée de mon poulain ! »
    Ni d’une ni deux la garçonne qui n’était pas sainte nitouche
    Poursuivit sa quête en aval de la rivière et du moulin.

    Je suis resté pétrifié, observant son joli derrière
    Se dandiner et disparaître sur le chemin le long de rives
    Quand un cheval horrifié surgit du fond de la clairière
    Embarrassé de comparaître ainsi penaud à la dérive.

    « Excusez-moi, mon cher Monsieur, mais auriez-vous vu ma maîtresse
    Que j’ai perdue pour échapper à ses amis, preux chevaliers ! »
    Je lui montrai, pointant des yeux, tout en comprenant sa détresse
    Où avait fui sa rescapée d’un air assez peu cavalier.

    Les athlètes du monde entier se déshabillent pour le « Calendrier des Charités », et les photos feront battre votre cœur plus vite sur https:www.boredpanda.comathletes-charity-calendar-photoshoot-dominica-cuda .

  • Chroniques de la fin du monde – 8

    Goguenard le renard

    Apprivoisé dans le désert par un petit prince rêveur,
    Maître Renard a commencé à enseigner à sa portée
    Pour nous sortir de la misère et reconquérir les faveurs
    Des dieux qui avaient romancé une histoire humaine avortée.

    Si par la ruse il nous embrouille corbeaux, lapins, cigognes et loups,
    Sa candeur se métamorphose parmi les autres canidés.
    Mais pour le reste, il se débrouille et pour qu’il n’y ait pas de jaloux,
    Il se voue à de grandes choses même s’il n’en a aucune idée.

    D’après les fables de La Fontaine, livre saint parmi tous les saints,
    Il sait qu’il a voix au chapitre sur tous les autres animaux.
    La Terre n’en est pas très certaine mais son avis restant succinct,
    Elle lui accorde le titre du bout des lèvres, à demi-mot.

    Après les avoir tous roulés, trompés, dupés par roublardise,
    Les animaux sont révoltés et clament leur évolution.
    Alors on voit se dérouler un peu partout quoi qu’il en dise
    Des insurrections survoltées qui sèment la révolution.

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  • Chroniques de la fin du monde – 7

    Cornes de bouc !

    Ovins, bovins, patins, couffins, tout se confond dans nos assiettes
    Depuis que les végétariens ont dénoncé la vache folle.
    Après faux-steacks et coupe-faims, insectes et larves à la cueillette
    L’homme nouveau déchétarien mange enfin ce dont il raffole.

    Dès lors que sont-elles devenues nos bêtes à cornes rescapées
    De tous nos étals de bouchers qui rosissaient sur les marchés ?
    Elles sont parties sans retenue vers les alpages escarpées
    Loin des chalands mal embouchés, vieilles terreurs des supermarchés.

    Si le changement climatique a ruiné la population,
    Si maints fléaux révélateurs ont nettoyé vallées et plaines,
    Sur les montagnes helvétiques, les animaux font libation
    En trinquant à leurs prédateurs pour qui enfin la coupe est pleine.

    Les taureaux n’étant pas trop vaches ont oublié les corridas ;
    Les moutons devenus autonomes choisissent eux-mêmes leurs chemins ;
    Les béliers, tout aussi bravaches, se sont tous portés candidats
    Pour se promulguer gastronomes, amateurs d’aliments humains.

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  • Belem Olympique

    Belem Olympique

    Sous le ciel d’azur de Marseille, les voiles blanches relevées,
    Le vieux-port de rouge enflammé, le drapeau hissé haut, épique.
    Dans la foule chacun grasseye, les enfants crient surélevés
    Pour applaudir et acclamer l’heur de l’odyssée olympique.

    Spectacle sublime et unique, moment admirable et magique
    Pour les amateurs d’émotions aux olympiades méridionales.
    Marianne arborant sa tunique bleu-blanc-rouge accueille nostalgique
    Le Belem faisant promotion de la marine nationale.

    Faste digne des pharaons pour une si petite flamme
    Qui vient perpétuer le rêve du baron Pierre de Coubertin.
    Par la route Napoléon, de Provence jusqu’à Paname,
    Remontent les porteurs sans trêve vers un succès quasi certain.

    Photo du Belem entrant dans le vieux-port de Marseille.

  • Celle qui fait des vagues

    Celle qui fait des vagues

    Elle fait des vagues et des ravages, celle dont la mer est amoureuse
    Et qui déferle son mal d’amour à coups de flux et de reflux.
    Elle joue de rêves et de mirages, celle dont la plage langoureuse
    Lui offre ses belles-de-jour cajolées de brises joufflues.

    Tout autour d’elle chacun s’émeut ; le Mistral effleure ses cheveux,
    Le soleil colore ses joues, la terre lui offre des fleurs.
    Le beau rivage, fort écumeux, lui accorde tout ce qu’elle veut
    Même le plus cher des bijoux promis par un vent persiffleur.

    Mais de l’amour, elle n’en a cure durant le temps de sa nymphose
    Et la Nature peut tout tenter, la fille n’est pas intéressée.
    Maudite soit la sinécure de la dure métamorphose
    Que l’on pratique pour contenter l’envie d’amour controversée !

    Tableau de Jana Brike.

  • Chroniques de la fin du monde – 6

    Le complot félin

    Depuis, je crois, la nuit des temps, les chats attendent leur moment
    Pour éliminer concurrence notamment des chiens et des hommes
    Et jouir du pouvoir imputant de vivre comme dans les romans,
    Comme un prince dans l’opulence, marquis de carabas en somme.

    Ils garderont quelques humaines pour leur gratouiller le menton,
    Servir du poisson à toute heure et des croquettes à satiété.
    Ensuite au fil de la semaine, on verra matous et chatons
    Dormir au chaud dans les demeures et ronronner en société.

    Quand la nuit tous les chats sont gris, ils déambulent en noir et blanc
    Et se déguisent en croque-mort pour croquer Monsieur et Madame.
    Gare aux noctambules aigris qui rentrent chez eux en tremblant,
    Ils connaîtront un mauvais sort et une messe à Notre-Dame.

    Une fois leurs maîtres partis, évidemment les matous dansent
    Et quand leur race s’éteindra, fort aise les chats chanteront.
    Les souris au garden-party seront alors nombreuses et denses
    Pour leur servir entre les draps de concubines sans chaperon.

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  • Chroniques de la fin du monde – 5

    Après-demain les chiens

    Les chiens aboient, rien ne se passe… où sont passées les caravanes ?
    Au cimetière des vacances tuées par l’aéronautique
    Ou bien échappées dans l’espace, envoyées depuis La Havane,
    Avec toute une extravagance de prétentions astronautiques.

    Comment d’esclave de son chien à promener soir et matin
    Est-on parvenu à opter pour des animaux virtuels ?
    Mais n’en déplaise aux optichiens, le visuel n’a pas atteint
    Les beaux toutous à adopter mais le délire spirituel.

    Car on n’attache plus son chien au premier arbre sur la route
    Mais on le laisse aux petits soins des colis perdus dans la soute.
    Bergers allemands, autrichiens et setters anglais en déroute
    Se retrouvent dans le besoin de nouveaux maîtres dans le doute.

    Un jour un chien s’est rebellé, un autre chien a aboyé,
    Un vent de révolte a soufflé dans les chenils du monde entier.
    Truffes et derrières entremélés de reniflements plaidoyés
    Vous ont, humains, époustouflés afin que vous vous repentiez.

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  • Marmitonne

    Marmitonne

    N’en déplaise à l’art culinaire, faute de goût n’est pas coutume
    Quand il faut remonter l’histoire avec ses anciens aliments
    Et ses légumes originaires malgré leurs saveurs d’amertume
    Mais qui apportent au répertoire ses véritables éléments.

    Carottes jaunes, rouges ou vertes plutôt qu’orange sont de retour
    Depuis les panais tous en rond aux topinambours pour l’humour.
    Sur nos papilles, redécouvertes font bon ménage et beaux atours ;
    Potirons et potimarrons font les mariages d’amour.

    Quant aux batteries de cuisine, celles-ci n’ont pas à rougir
    Mais à rosir de tous leurs cuivres et briller de tous leurs étains.
    Des recettes de Mélusine aux décoctions qui font rugir,
    Aux fumets, je m’en vais les suivre dans les palais gréco-latins.

    Tableau de Paolo Barbieri.

  • Le vilain petit canard – 3

    Le vilain petit canard

    Pauvre et vilain petit canard, né au sein de la basse-cour
    Parmi les dindons de la farce, les mères poules et les bécasses.
    Sous le regard froid goguenard de ta famille, tous les jours,
    Tu ressens ton manque de force et de réparties plus loquaces !

    Tu n’as pas voulu revêtir l’habit de la pensée unique,
    Tu préfères vivre au naturel et exprimer ton libre arbitre !
    Tu n’as pas su t’assujettir à ce que l’état communique
    Dont le flux pseudo culturel ne te donne pas voix au chapitre !

    Sans doute, jugements indignes, de volailles trop bien formatées
    Qui ont oublié la valeur de l’amour et la tolérance…
    Et bien que tu sois un beau cygne, ta différence est constatée
    Et si ça manque de chaleur, ça fortifie ton endurance !

    Illustration de Leonid Vladimirsky.

  • Chroniques de la fin du monde – 4

    Les dents de la mer salée et des eaux douces

    Les dents de la mer affûtées et les quenottes des eaux douces
    Sont les plus heureuses créatures en ce vingt-et-unième siècle.
    Hélas les requins réfutés sous prétexte qu’ils sèment la frousse,
    Doivent gagner leur nourriture au moyen de ruses espiègles.

    Discrètement ils accompagnent les grands navires de croisière
    En guettant tous les imprudents qui se penchent un peu trop du bord.
    Ce sont leurs plus belles compagnes qui font la manne carnassière
    Comme un apéro préludant, les femmes et les enfants d’abord.

    Ailleurs, à l’intérieur des terres, les crocodiles ont bonne mine
    Grâce aux voyages ésotéristes des pédophiles gominés
    Au fil du Nil alimentaire, du fait de gamins et gamines
    Que leur abandonnent les touristes après qu’ils en ont terminé.

    Quand les bateaux vont de conserve pourvus de leurs cages à étages,
    Les sauriens en suivent l’étrave en guettant l’heure d’attaquer :
    Il suffit d’attendre qu’on serve les noctambules entre deux âges
    Qui débarquent et que l’on chourave avant qu’ils aient atteint le quai.

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  • Chroniques de la fin du monde – 3

    Au quatrième top, il sera exactement trop tard

    Après les oiseaux, les hiboux rejoignent les rangs des coucous
    Et toutes sortes de volatiles qu’on a réduit en esclavage :
    « Assez de nous tirer les poux et surtout nous tordre le cou !
    Désormais, Vous, humains futiles, cessez donc vos rites sauvages ! »

    Ils volettent entre les horloges en sens inverse des aiguilles
    Pour saboter pertinemment notre folle course du temps.
    À tort on leur fait des éloges quand on les voit en escadrilles
    Tous œuvrer impertinemment à sonner l’heure à contretemps.

    Après les douze coups de minuit, ça devient la cacophonie ;
    D’abord un coup, puis deux, puis trois, et on passe à quarante-trois.
    Le temps, tout au long de la nuit, en état de catatonie
    Voit l’heure se sentir à l’étroit et à l’envers et à l’endroit.

    Pour s’attaquer au numérique, ils développent des virus
    Qui s’attaquent aux cristaux de quartz et leur faisant pipi dessus.
    Si ça vous parait chimérique, sachez qu’il y a des oiseaux russes
    Qui jouent aux Jedi dans Star Wars contre Poutine, le Sith déçu.

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  • Voyage au cœur de la nuit verte

    Voyage au cœur de la nuit verte

    Mon train de rêves est de saison certaines nuits de pleine Lune
    Pour je ne sais quelle raison, sans doute le cœur en a une.
    Au printemps, il s’habille en vert et, durant toute une nuit blanche,
    Je me mets à penser en vers surtout si demain, c’est dimanche.

    Après-demain en wagon-lit, couleur intense de corail,
    Je fuirai la mélancolie et la tristesse de l’autorail
    Pour un compartiment discret avec une fille de valeur
    Qui me contera ses secrets, ses amourettes et ses malheurs.

    Enfin retour du noir et blanc ; ce soir la Lune se renouvelle
    Tandis que je rentre en tremblant sur un vol gris de caravelle.
    J’en ai vu de toutes les couleurs durant le cours de la semaine
    Mais j’ai échappé aux douleurs de cette routine inhumaine.

    Illustration de Shilun Ding.

  • Impossible n’est pas français

    Impossible n’est pas français

    Une nuit où il faisait jour, je m’étais endormi dans l’herbe
    Entre deux arbres centenaires ou millénaires, je ne sais plus.
    Or dans cet étrange séjour, j’ai entendu la voix acerbe
    Des feuilles révolutionnaires dont les bruissements m’ont déplu.

    Je m’éveillais, elle était là, mon âme-sœur imaginaire,
    Entre les troncs de ces vieux chênes qui l’entouraient et l’embrassaient.
    Elle chantait a capella une berceuse originaire
    Du pays où les rêves assènent qu’impossible n’est pas français.

    Alors je l’ai prise par la main, posé ma bouche sur ses lèvres
    En l’embrassant de toute mon âme pour matérialiser son être.
    Et nous voilà sur le chemin marchant enlacés avec fièvre
    Accrédités mari et femme par toutes nos amours à naître.

    Tableau d’Octavio Ocampo sur https:www.demotivateur.frart-photographieoctavio-ocampo-l-artiste-surrealiste-qui-realise-des-oeuvres-en-trompe-l-oeil-28432 .

  • Chroniques de la fin du monde – 2

    Et les oiseaux déchanteront

    Les descendants des dinosaures échapperont une fois de plus
    Au réchauffement climatique, le chaos et la fin du monde.
    Depuis Nabuchodonosor et tous les royaumes en surplus,
    Leur aventure fantastique a su se montrer furibonde.

    Petit à petit les oiseaux ne chantent plus car ils déchantent :
    « On nous remplace nos forêts par des éoliennes tueuses ! »
    Et l’on entend dans les roseaux monter une clameur méchante
    De l’insurrection instaurée par les autruches vertueuses.

    Ralliées par les poules pondeuses, les canes, les perdrix et les oies,
    Haute et basse-cour soutenues par les grands oiseaux migrateurs ;
    Chouettes et pintades frondeuses venues de Perpète-les-oies
    Se sont rassemblées en tenue de complotistes agitateurs.

    Et si vous prêtez attention aux quelques aubades restantes
    À proximité des quartiers et notamment les plus cossus,
    C’est pour noter leurs intentions quand sonnera l’heure pétante
    Afin que vous vous écartiez lorsqu’ils vous fonceront dessus.

    Tableaux de GiveMeMood sur https:www.redbubble.compeopleGiveMeMoodexplore?page=1&sortOrder=recent .

  • Chroniques de la fin du monde – 1

    Cheval te la raconter

    La plus noble conquête de l’homme depuis ce matin s’interroge :
    « Faut-il ou non aimer l’humain alors qu’on en a plein le dos ?
    Cessons cette vie en binôme et, afin que nul n’y déroge,
    Mettons-nous donc tous en chemin et partons pour l’Eldorado ! »

    Et l’on entendit retentir le formidable hénissement
    De l’Ange équestre, leur messie, pour les conduire en terre sainte.
    Ce serait quand même mentir de cacher l’enchérissement
    De la joie sans cesse épaissie quand ils sortirent de l’enceinte.

    De drôles de zèbres à cet instant se sont adressés au public
    Pour précher la bonne parole du peuple élu : les équidés.
    On les a vus manifestant contre l’ancienne loi biblique
    Qui passait à la casserole chevaux, ânes et camélidés.

    Alors surgirent les licornes sorties de leur anonymat
    Tout heureuses de s’échapper de là où elles étaient remises.
    Et toutes ces bêtes à cornes pourfendre leurs anciens primats
    En laissant pour seule rescapée la dernière écuyère soumise.

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  • La chasse au Dahu

    La chasse au Dahu

    C’est lors d’une chasse au Dahu que mon père a connu ma mère :
    Cherchant la bête aux courtes pattes, courant comme deux niquedouilles
    Et mettant et tant de chahut pour faire peur à la chimère
    Qu’à la fin elle se carapate et nos chasseurs rentrent bredouilles.

    Comme ils sont un peu fatigués et que la pleine Lune est douce,
    Sous un arbre tous les deux s’asseyent profitant de l’intimité.
    L’amourette s’étant instiguée, d’abord s’embrassent leurs frimousses,
    Puis de leurs quatre mains s’essayent à trouver plus d’affinités.

    Mais voici que dans leurs ébats, ils roulent ensemble des quatre fers
    Et d’autres chasseurs les repèrent croyant la bête à leur portée.
    Bref pour couper court aux débats, les deux amants nus comme un ver
    Sont contraint par Monsieur l’Maire à un mariage vite emporté.

    Sources Wikipedia : Le dahu est un animal imaginaire sauvage décrit comme vivant dans les zones montagneuses, environnement qui aurait influé sur son évolution physique au fil des générations. Son aspect caractéristique réside dans le fait qu’il a deux pattes latérales plus courtes que les deux autres, afin de bien se tenir dans les pentes montagneuses.

  • La bibliothécaire des étoiles

    La bibliothécaire des étoiles

    Si l’absolu est recensé, si l’infini est dénombré,
    Alors le diable est démasqué, lui qui se cache dans les détails.
    Sans doute n’étions nous pas censés avoir la mémoire encombrée
    De chaque élément débusqué que cache cet épouvantail.

    Car tout l’univers n’est qu’un leurre inventé pour nous faire peur ;
    Si tout est incommensurable, c’est faute à un vide impassible.
    Mais nous allons voir tout à l’heure qu’il est un ange développeur
    Qui a fait un incomparable travail prétendu impossible.

    La bibliothécaire des étoiles a tout enregistré pour nous
    Même si ce n’est pas toujours le meilleur côté de nous-mêmes.
    Après la mort tout se dévoile et les mystères se dénouent ;
    Alors en attendant ce jour, je vis avec celle qui m’aime.

    Illustration d’Evgenia Lumfur.

  • L’amour au violoncelle

    Sans doute la Saint-Valentin fait jouer pianos et violons,
    Contrebasses et Bandonéons dans les clubs jusqu’au petit jour.
    Mais loin du tango argentin, loin de Daphné et Apollon,
    Loin des lumières et des néons se nichent les mélodies d’amour.

    Valentine lance l’ouverture de toute sa virtuosité
    Pour inviter son partenaire devant sa partition du tendre.
    D’abord avec désinvolture, puis avec somptuosité,
    Tout en laissant l’imaginaire pour un impromptu à attendre.

    Valentin réplique à l’invite en gravissant son chevalet
    D’une main ferme mais précise tout en maniant son archet.
    Et tandis que ses doigts lévitent sur le manche au rythme exhalé,
    Il la rejoint à la reprise de ses aiguës très haut perchés.

    Tableaux de Lena Sotskoval et de Cardici.

  • La tribu à son point d’eau

    Il est cinq heures, Paris s’éveille, les boulevards sont animés ;
    Chacun s’affaire autour du zinc, café, croissant ou petit blanc.
    La tribu parle et s’émerveille sur le journal frais imprimé
    Et ça commente en multilingue le dernier fait divers troublant.

    Il est midi, Paris déjeune et les terrasses sont bondées ;
    Chacun s’attable en petit groupe en se calant le popotin.
    Les vieux, les adultes et les jeunes, vertueux ou dévergondés,
    Ravivent le moral des troupes par les meilleurs petits potins.

    Il est cinq heures, Paris regagne ses hôtels, ses appartements ;
    Chacun vient boire un dernier verre et chacun paye sa tournée.
    On joue aux cartes, on perd, on gagne, on se détend ouvertement ;
    La tribu rentre, l’air sévère et c’est la fin de la journée.

    Tableaux de Michel Delacroix.

  • Surréalisme- 4

    Surréalisme- 4

    Des meilleurs comédiens aux plus beaux paysages
    Jouent l’éternel spectacle des reflets sur les ondes.
    Le Soleil, jeune premier, à l’éternel visage ;
    La Lune et sa beauté fascinante et profonde.

    Poussés par la chaleur de son astre solaire,
    Les vents et courants d’air vocalisent leurs chants.
    Happés par la valeur de l’énergie lunaire,
    La Terre enfantera les plus belles fleurs des champs.

    Par les quatre éléments qui constatent le monde,
    La planète transfigure sa nature en folie
    J’aime au bol capturer la peinture vagabonde
    Qui à chaque moment peint sa paréidolie.

    Tableau d’Oleg Shupliak sur https:twistedsifter.com20210421-surreal-portraits-by-oleg-shupliak .

  • Surréalisme- 3

    Surréalisme- 3

    La lecture suppose des rituels abstraits.
    Nul besoin de décor ou d’exquis extérieurs.
    Dès que j’ouvre mon livre, apparaît le portrait
    Du conteur qui m’entraîne vers son propre intérieur.

    Il m’invite à sa table et parfois dans son lit.
    Bien sûr pas tout de suite mais au fil de ses pages
    Un entrain monte et chasse toute mélancolie
    Et je sens en mon cœur l’amour qui se propage.

    J’ai rêvé bien souvent des enfants qu’il m’a faits
    Au cours de nos nuits blanches à dévorer des tomes
    D’intrigues amoureuses ou de crimes parfaits
    Qui s’enfuient au matin de mes pages fantômes.

    Tableau d’Oleg Shupliak sur https:twistedsifter.com20210421-surreal-portraits-by-oleg-shupliak .

  • Surréalisme- 2

    J’étais déjà trop vieux quand j’ai repris la mer
    À l’assaut des krakens et des poissons moqueurs.
    J’ai affronté Neptune et ses pires chimères
    Et j’ai repris le goût le plus cher à mon cœur.

    Sans doute rajeuni par la voix des sirènes,
    J’ai rajeuni sans doute en chantant à tue-tête.
    Si les vagues ont frappé trop souvent ma carène
    J’en ai repris des forces et du poil de la bête.

    Je suis rentré plus jeune que j’en étais parti ;
    Le goût de l’aventure est source de jouvence.
    Aujourd’hui j’en écris les meilleures réparties
    Dont l’océan et moi étions de connivence.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https:twistedsifter.com20210421-surreal-portraits-by-oleg-shupliak .

  • Surréalisme- 1

    Sur les pas de Vincent, j’ai quitté Amsterdam
    Et j’ai longé la côte jusqu’aux chutes du Rhin.
    J’ai peint tout un carnet avec de jolies dames
    Aux gorges aussi profondes que leurs chutes de rein.

    J’ai remonté le fleuve jusqu’à ses sources en Suisse,
    Puis remonté les Alpes, le Jura et les Vosges ;
    Pris la route des vins aussi loin que je puisse
    Et descendu au sud par le massif des Bauges.

    Les couchers de Provence sur les champs de lavande
    M’ont énivré de tons, d’odeurs et de couleurs.
    Je les ai absorbés, en ai fait ma provende
    Et immortalisés dans mes pires douleurs.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https:twistedsifter.com20210421-surreal-portraits-by-oleg-shupliak .

  • Ohé ! Madame Météo ?

    Lorsque Madame Météo dévoile un peu de sa personne,
    Il lui en tombe des lambeaux, gouttes de pluie, grêle et flocons.
    Quand son jupon n’est pas très haut, la brume alors se pelotonne
    Et s’allument alors les flambeaux bien à l’abri dans leurs cocons.

    Madame Météo s’égaye souvent le soir au crépuscule
    Et revêt sa robe enflammée de couleurs orange, rouge et or.
    Parfois je la vois qui balaye à coups de vents qui me bousculent
    Les feuilles et spores réclamés par la charte des météores.

    Madame Météo se couvre, se dénude au-delà des nues
    Selon les caprices du temps et de ses humeurs compliquées.
    Mais lorsqu’après l’orage s’ouvre son arc-en-ciel sans retenue,
    Son nom redevient percutant : « Solarisation Appliquée ».

    Tableau de Daniela Uhlig