Catégorie : Poésie du dimanche

  • Sérénité

    Sérénité

    J’aime au plus profond de la nuit ce moment de sérénité ;
    Juste la flamme d’une bougie qui illumine les ténèbres.
    L’infime lumignon qui luit devient source de pérennité
    Et chaque seconde rougie fond dans sa mémoire funèbre.

    Et le présent devient lumière qui brille juste à ce moment ;
    Le temps se consomme en arrière et devient cendre du passé.
    Or l’avenir n’est que poussière car il n’existe pas vraiment
    Sauf dans la foi et la prière envers l’instant à dépasser.

    J’observe la même lueur à soixante-quatre ans passés
    Comme si tous les photons produits se superposaient en ce point.
    Le noir obscur et pollueur n’a plus le droit d’outrepasser
    La flamme que je reproduis dans mon cœur à brûle-pourpoint.

    Tableau de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057426&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • La belle et les bits

    Yoyo – ou IOIO – femme orange est une amatrice de bits ;
    Bitoniau ou bitte d’amarrage avec des uns et des zéros.
    Tout le monde la trouve étrange, personne ne sait où elle habite,
    Ni ne connaît son entourage, ni ne connaît son numéro.

    IOIO, entièrement tatouée de ronds et de petits bâtons
    Ne dit rien mais n’en pense pas moins sur l’argent qu’on lui rémunère.
    Mais appliquée et dévouée, elle procède toujours à tâtons
    Pour ajouter d’autres témoins de sa passion pour le binaire.

    C’est écrit dans ses chromosomes, l’homme XY, la femme XX ;
    Elle ne fait que se montrer nue sous l’action caniculaire.
    Elle digitalise son génome de manière plutôt numérique
    Mais c’est pour mieux nous démontrer sa façon d’être bipolaire.

    Rina Sawayama photographiée par John Yuyi sur https:captionscutetodayusa.blogspot.com202105rina-sawayama-cyber-stockholm-syndrome.html .

  • Le jeu des fous

    Au jeu des fous, les rois déchus sont devenus fous à lier ;
    Les pions suivaient fidèlement et deviennent déséquilibrés.
    Aux reines folles sont échues la monture de leurs chevaliers
    Et même les tours également voient leurs clochers recalibrés.

    Ainsi les fous deviennent rois et prennent la clef du château
    Livrée par l’évêque défroqué, doyen des pièces aliénées,
    Malgré le passage à l’étroit qui leur évite le bateau
    Et dont les cases disloquées oscillent à un rythme effréné.

    Mais toute chose a une fin et les rois fous sont renversés
    Par la vieille reine démente qui était toujours dans la Lune.
    Elle renvoie ces aigrefins avec leurs pairs controversés
    Qui ensemble aussitôt fomentent une insurrection opportune.

    Aussitôt la Lune couronnée, tous les sujets se mettent à rire
    Après avoir du fou pleuré sa folie communicative.
    Mais elle sera vite détrônée par un ministre au faux sourire
    Qui l’a bernée, trompée, leurrée aux élections législatives.

    Tableaux de Leszek Andrzej Kostuj sur http:arteycomunicacion2013.blogspot.com201204leszek-andrzej-kostuj.html .

  • Mutinée de soleil

    Mutinée de soleil

    De soleils mutinées aux cheveux de comètes,
    En robes satinées, les déesses-planètes
    Enfantent la Nature dans le creux du foyer
    De la mer où saturent ses enfants octroyés.

    Qui les a fécondées par les vents de l’espace ?
    Des rayons émondés d’astres qui se déplacent
    Soumis à l’attraction des galaxies lointaines
    Et la gravitation de brunes étoiles naines.

    Notre mère la Terre et sa fille la Lune
    Ont fondé le croissant fertile du berceau.
    Le père est un mystère mais sa sève opportune
    Coule dans tous les sangs des hommes universaux.

    Tableau de Maria Pace Wynters.

  • La source vive

    La source vive

    L’amour est une source vive qui désaltère de la soif
    Cependant lorsque qu’elle se tarit, la vie paraît indissociable.
    Mais dès que le corps se ravive et que la passion le décoiffe,
    Il se passe un charivari qui drogue le cœur insatiable.

    L’amour donne un courant bizarre montrant plusieurs propriétés ;
    Drogue, remède ou aliment selon comment il est absorbé.
    Il peut pousser à la bagarre ou provoquer l’ébriété
    Ou, au contraire, un ralliement entre deux âmes résorbées.

    Alors, quelle est cette énergie qui l’emporte sur la matière ?
    Une force à travers le temps impénétrable à juste titre.
    Que nous suivons en synergie durant toute une vie entière
    Malgré notre esprit combattant et malgré notre libre arbitre.

    Tableau de Henri Gervex.

  • Ne pas trop voir, ne pas trop dire, ne pas trop entendre

    Il faut savoir fermer les yeux sur les affaires d’aujourd’hui
    Sans en souligner l’importance si elles sont dans l’obscurité.
    Il faut savoir ouvrir les yeux si quelque chose se produit
    Et ce, en toutes circonstances, pour sa propre sécurité.
    Méli-mélo, c’est pas sérieux de dompter un regard réduit
    Qui faute, par inadvertance, du fruit de sa curiosité !

    Il faut savoir fermer sa bouche et ne pas trop se révéler
    De peur d’avouer ses faiblesses et de se faire condamner.
    Il faut savoir ouvrir sa bouche quand il est temps de corréler
    Ses actes avant que ne se blesse son amour propre profané.
    Communiquer, l’affaire est louche selon ce qu’il faut démêler
    Entre une langue de diablesse et la vérité spontanée !

    Faut savoir faire la sourde oreille sur les potins et les ragots
    Les chiens aboient, la caravane passe malgré l’indiscrétion.
    Il faut savoir tendre l’oreille aux conseils de l’alter ego
    Même si parfois il me vanne avec ses excès d’accrétions.
    Charivari dans l’appareil ! Les discoureurs, les viragos
    Qui donnent le change et se pavanent m’ont rendu(e) sourd(e) d’indigestion !

    Collages de Ricky Linn sur https:www.behance.netgallery95396769Collage-Illustrations-3 .

  • Zoom arrière

    D’abord ma mère, la première, ensuite ma tante la seconde,
    Et puis à part mes deux grands-mères, pas d’autre femme ne m’a ravi.
    Aucune sœur dans ma chaumière ni de cousine Cunégonde
    Qui m’auraient appris le sommaire du grand ouvrage de la vie.

    Soudain l’école devient mixte et les demoiselles prolixes
    Sont trop nombreuses et mystérieuse ; moi timoré et trop timide.
    D’ailleurs sans être anatomiste, leurs corps tournent en idées fixes
    Dans mes rêveries luxurieuses et sur les draps restés humides.

    Et puis les femmes de ma vie ont marcotté filles et nièces,
    De belles-sœurs en belles-filles, de mariages en unions libres.
    Peu à peu les femmes ont gravi les échelons en hardiesse
    Au petit bonheur en famille, qu’il est beau ce bel équilibre !

    Portraits de Sandra Pelser.

  • Belles fleurs – 2

    Belles fleurs - 2

    Tout en couleurs, tout en boutons sont les bouquets que je préfère,
    Juste posés entre les seins comme parure naturelle.
    Aspect velouté et coton que j’embrasse fort et que j’enserre,
    Fleurs cueillies autour du bassin, textures exotiques corporelles.

    Juste une douche de rosée une fois ou plusieurs fois par jour ;
    Compter les gouttes écoulées sur les mamelons turgescents.
    Sur un visage couperosé, afficher un parfum d’amour
    Qui s’évapore encagoulé d’une chevelure rouge sang.

    Juste une touffe de verdure qui souligne son bouton de rose
    Et la femme devient soliflore pour accueillir la fleur du mâle.
    Et pour que la gerbe perdure, il faut que celui qui l’arrose
    Ne la cueille et ne la déflore qu’à l’heure la plus optimale.

    Photo de Mikhail Shestakov sur https:vk.comclub3889576 .

  • Belles fleurs – 1

    Belles fleurs - 1

    La femme ne se frappe pas, ni ne se secoue, ni ne s’agite
    Par, telle un cocktail délicat, respect à sa sacralité.
    Quand mon cœur devant ses appas tremble, chavire et prends du gîte,
    J’y vois là le certificat d’une plante de qualité.

    Quelle fleur s’accorde le mieux avec la forme du visage ;
    Entre l’odeur et la couleur ou la robe en forme évasée ?
    Un toucher subtil, harmonieux, les courbes aux jolis paysages,
    L’enchantement où la douleur restera à jamais déphasée ?

    Coquelicot, la joie de vivre, l’acacia pour son élégance,
    Des fleurs de Lys pour la noblesse, l’angélique pour l’inspiration.
    Des œillets pour la femme libre, une anémone pour la confiance,
    Bleuets pour la délicatesse, camélia pour l’admiration.

    Photo de Mikhail Shestakov sur https:vk.comclub3889576 .

  • Dimanche, jour du poisson

    Après tout, les premiers chrétiens, lors des persécutions romaines,
    Symbole de reconnaissance, portaient le signe du poisson.
    Encore aujourd’hui l’entretien de cette tradition humaine
    Me pousse depuis ma naissance à m’accrocher à l’hameçon.

    J’ai longtemps recherché quel ordre serait le plus spirituel…
    Une carpe pour le silence ? Un saumon à contrecourant ?
    Pourtant je ne puis en démordre ; le poisson rouge naturel
    Est l’élu dont la rutilance au sang est le plus concourant.

    Aussi chrétiens, mes très chers frères, je vous propose d’ôter la croix
    Qui représente la souffrance par un poisson dans son bocal.
    L’eau bénite qui vous est si chère pourra être puisée de surcroît
    Directement en délivrance dans son bathysphère local.

    (Tableaux de Hülya Özdemir sur https:hulyaozdemir.tumblr.compost150724394748take-me-home-where-i-belong
    Poisson – en grec ICHTUS ou IΧΘΥΣ – est l’acronyme de « Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur »
    I : Ἰησοῦς ; Iêsoûs : Jésus
    Χ : Χριστoς ; Khristòs : Christ
    Θ : Θεοῦ ; Theoû : de Dieu
    Υ : Υἱoς ; Huiòs : Fils
    Σ : Σωτήρ ; Sôter : Sauveur
    Sources : https:www.ssvp.frtemoignagesle-poisson-symbole-des-chretiens-a-travers-le-monde .)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • La sirène et son marin

    Acte I
    Du bâtiment d’un jeune marin, s’appropria Dame Sirène
    Tandis qu’il partait pratiquer la pêche à pied dans la lagune.
    Lorsqu’il aperçut son tarin qui dépassait de la carène,
    L’homme se mit à critiquer et à exprimer sa rancune.
    Acte II
    Mais la Sirène a plus d’appas que le marin de hameçons
    Et plus d’attraits dans ses filets que lui d’appâts dans son chalut.
    Et le coup de foudre frappa si fort dans le cœur du garçon
    Qu’ils ont aussitôt enfilé une bague au doigt, fraîche émoulue.
    Acte III
    Les années passent et il s’ennuie de sa Bretagne et sa maison
    Mais la Sirène ne se résout pas à le lâcher tout de suite.
    Il pense à s’enfuir cette nuit ; il faut s’en faire une raison.
    La liberté contre un bisou, c’est de la détention gratuite !
    Épilogue

    Elle a cédé évidemment et l’a suivi au Finistère
    Il est devenu gardien de phare et elle, bien sûr, sonne l’alarme
    Lorsqu’un bateau incidemment risque de s’échouer à terre.
    Finalement, c’est en fanfare que ma chute tombe sous le charme.

    Tableaux de Hanna Silivonchyk.

  • L’hommage papillon

    L’hommage papillon

    Dans la famille des Sylphides, après une enfance anonyme,
    À la fin de la puberté, sonne le temps de la nymphose ;
    Chacun sort de sa chrysalide et tous se regroupent unanimes,
    Puis s’envolent vers la liberté pour fêter leur métamorphose

    Pour rendre hommage aux papillons, les fées se mettent à danser
    Imitant leurs battements d’ailes de leurs chevelures dorées.
    Et tournent, tournent en tourbillons leurs jolis corps nus élancés
    Qui renvoient comme une chandelle leurs fluides au fond de la forêt.

    Et l’effet papillon produit par le fait des lépidoptères,
    Un égrégore Dieu des vents qui ondule en forme de huit.
    Ce sera tout pour aujourd’hui car demain autour de la Terre
    Les nuées au soleil levant transmettront la bourrasque induite.

    Tableau de Steven Kenny sur https:www.kaifineart.comstevenkenny?m=1 .

  • Reflet d’espoir

    Reflet d’espoir

    Mon beau miroir qui me renvoie, après avoir bien réfléchi,
    Mon joli teint suivant son tain et qui m’efface mes points noirs,
    N’est pas menteur – puisque sans voix – ni imitateur défraîchi ;
    Juste un ami de bon matin qui m’accompagne jusqu’au soir.

    Il ne retourne que des reflets de l’air du temps purifié ;
    Il ne réverbère que vertu cachée dans les ombres moroses.
    S’il vous reproduit un pamphlet, bien fou qui pourrait s’y fier
    Car il s’applique, il s’évertue à vous faire voir la vie en rose.

    Comme un ami qui ne dit rien mais qui me suit fidèlement,
    Jamais ne me contredira ni trahira mes émotions.
    Ô que ne sois-tu ivoirien, mais doté individuellement
    De parole qui me prédira mon avenir sans inversion !

    Photo de Cecil Beaton.

  • Grande fille

    Finie l’heure des enfantillages, désormais elle est amoureuse.
    Mais pour de vrai évidemment, les précédents ne comptent pas.
    Tous ses efforts en maquillage et toutes ses pauses langoureuses
    Ont ferré concomitamment quelques jeunes coqs de combat.

    Se faire belle est une science aussi précise que primordiale
    Et mettre son corps en valeur, le meilleur signe de richesse.
    Sans doute qu’un peu d’insouciance favorise l’entente cordiale…
    Moins qu’un petit haut enjôleur et une jupe ras-les-fesses !

    Un dernier coup d’œil au miroir. Chercher le détail outrageux
    Qui sera l’avertissement de l’appas le plus désarmant.
    Soudain elle retire d’un tiroir un string bien plus avantageux
    Le meilleur l’investissement pour pécho le prince charmant.

    Tableaux d’Igor Medvedev sur http:touchofcolorr.blogspot.com201511igor-medvedev.html .

  • Petite fille

    Avec le chat comme complice qui jamais ne la trahira,
    Elle a volé quelques affaires dans la penderie de maman.
    Être petite, quel supplice ! Mais rien ne la contrariera
    À aiguiser son savoir-faire à grandir prématurément.

    Sous la direction des poupées, elle continue ses essayages :
    Robe de dentelles transparente, suggestive voire polissonne ?
    Les cheveux ? Faut-il les couper ? Peut-être un peu de maquillage
    Pour que sa frimousse s’apparente à celle d’une grande personne.

    Le minet désapprobateur fait mine de se désintéresser
    Aux derniers échos de la mode du petit mannequin en herbe.
    Mais faute d’autre admirateur et s’il veut être caressé
    Il faudra qu’il s’en accommode et miaule en la trouvant superbe.

    Tableaux d’Igor Medvedev sur http:touchofcolorr.blogspot.com201511igor-medvedev.html .

  • Madame de la Rosée

    Madame de la Rosée

    Tantôt elle sème à tous vents et tantôt sème à toutes pluies
    Selon son humeur attristée, joyeuse ou simplement changeante.
    Si parfois elle rit souvent de bon cœur au soleil qui luit,
    Elle s’éplore aussi, contristée de larmes amères et astringentes.

    Mais la nature sait épancher toute l’eau chargée d’émotions
    Qui remontent dans l’atmosphère pour se dissoudre dans l’aurore.
    Tandis que la Terre retranchée absorbe l’onde en décoction,
    Jus de rosée pour satisfaire toutes les rivières et sa flore.

    Parfois je l’ai vue se lever, secouer sa robe de douleurs
    Et ses sentiments déferler comme une cascade de pleurs.
    Puis je l’ai vue se relever et vite reprendre des couleurs
    Après avoir laissé perler ses gouttelettes sur les fleurs.

    Tableau de Steven Kenny sur http:www.stevenkenny.comhome.html .

  • Nature circulaire

    Nature circulaire

    Tous les jours la pluie hygiénique de mon petit nuage en cœur
    Me lave de toutes mes peines et les draine en terre assouvie
    Et puis les eaux biogéniques des sols poreux à contrecœur
    Me remontent comme une veine pour un nouveau cycle de vie.

    Et moi, étape intermédiaire, je capte l’énergie d’en haut,
    La nourriture qui vient d’en bas, l’amour qui circule dans l’air.
    Tous sont la question subsidiaire au concours de la météo
    Dont le gagnant est le combat de la nature circulaire.

    Telle est la magie de la vie pour qui la vit et qui l’observe
    Même si tout n’est que science ou divine relativité.
    Juste sa beauté me ravit et je n’ai aucune réserve
    Quant au rôle que ma conscience exerce sur son activité.

    Tableau de Beth Conklin.

  • Couleurs de femmes – 2

    Certains voient l’âme au fond des yeux ; moi, je la vois dans les nuances
    Qu’une femme affiche sur son front comme un panneau indicateur.
    Un troisième œil, fort délicieux, qui dégage son influence
    Et dont le cœur ose l’affront de son rôle amplificateur.

    Le chapeau révèle tant de choses qu’un roman n’y suffirait pas
    À raconter ce qui se passe entre les oreilles et les yeux.
    Et soudain se métamorphosent envoûtement, charme et appas
    Par une plume qui dépasse ou un p’tit oiseau audacieux.

    Nu-tête, épaules dégagées, l’âme et le cœur, tous deux, débordent ;
    Le regard devient magnétique et la bouche un peu frémissante.
    Ainsi, la femme apanagée dévoile à celui qui l’aborde
    Le contenu signalétique d’une âme par trop resplendissante.

    Tableaux d’Arnaud Bauville.

  • Couleurs de femmes – 1

    Paupières lapis-lazuli pour effacer mes bleus de l’âme ;
    Rouge cerise sur les lèvres pour me mettre le cœur en bouche ;
    Un peu d’ambre et de patchouli, un petit chapeau haut de gamme ;
    Un bijou trouvé chez l’orfèvre, à la fin de l’envoi, je touche.

    L’air mélancolique et morose, mes joues se jouent de leurs couleurs ;
    La tête ailleurs me désespère et tourne en rond sans faux-semblants.
    Pensées dorées à l’eau de rose cachent leurs peines et leurs douleurs
    Jusqu’à ce qu’elles me repèrent un beau musclé en habit blanc.

    Le vert-galant est élégant, tête bronzée, cheveux dorés ;
    Un beau parleur qui fait des vers et qui me charme de sa prose.
    Ferais-je un rêve extravagant ? Pincez-moi ! J’ai peur d’adorer
    Ce beau chevalier aux yeux verts qui me fait voir la vie en rose.

    Tableaux d’Arnaud Bauville.

  • Marie-Oiselle-Minuit

    Marie-Oiselle-Minuit

    Comment les oiseaux se reposent durant leurs longues migrations ?
    Ils détiennent l’équivalent de nos établissements de nuit.
    Les ailes fourbues, ils se posent au service réanimation
    D’une hôtellerie de talent : « Chez Marie-Oiselle-Minuit ».

    Pareil à notre Voie Lactée qui couvre la nuit de son voile,
    Ils réénergisent leurs ailes au feu, en se le partageant.
    Les volatiles décontractés s’alignent selon les étoiles
    En offrant à la demoiselle une étole aux reflets d’argent.

    À chaque saison recommencent les tournées d’oiseaux migrateurs
    Qui retrouvent leurs habitudes à l’hôtellerie de Marie
    Qui se passionne des romances de ces voyageurs séducteurs
    Qui connaissent les béatitudes à chaque fois qu’ils se marient.

    Tableau de Beth Conklin.

  • Marie-Nuage-Rose

    Marie-Nuage-Rose

    Écrit à l’encre des cirrus sur la coupole bleu-azur,
    Mère-Nature correspond en lettres météorologiques.
    Simple message ou bien virus d’une écriture en démesure
    Doublé d’une plume qui répond sur ciel épistémologique ?

    C’est bien Marie-Nuage-Rose qui calligraphie ses amours
    En pleine nébulosité avec les oiseaux de passage.
    Pour les distraire d’un vol morose, elle leur annonce avec humour
    L’éventuelle curiosité qui mérite un petit message.

    Si Monsieur le vent rit souvent, Marie-Nuage-Rose pleure
    Chaque fois qu’un amant la trompe avec les nymphes de la nuit.
    Elle prend un air émouvant qui s’assombrit à la malheure
    Et puis grossit et tombe en trombe de larmes en gouttes de pluie.

    Tableau de Beth Conklin.

  • Pause au moulin rouge

    Secrets dans l’envers du décor dans les coulisses du Moulin Rouge
    Où le mystère est son trésor et la création, sa richesse.
    Là, on se prépare le corps, on se vêt, on s’affaire, on bouge,
    On met ses strass, on met ses ors et on s’ajuste à ras-les-fesses.

    Avoir donné de l’insouciance et offert de la joie de vivre
    Lui fatigue autant le sourire que les cuisses et les gambettes
    Il faut jouer de l’impatience du public radieux et ivre
    Et puis on entend les fous rires de noceurs et gens en goguette.

    Qu’il est loin le temps d’une fillette qui prenait des cours en cachette
    Et de danseuse débutante en chorégraphe est devenue.
    Allez ! On remet ses paillettes, on agite un peu les clochettes
    Avec les plumes envoûtantes autour de sa poitrine nue.

    Tableaux d’Igor Medvedev sur http:touchofcolorr.blogspot.com201511igor-medvedev.html .

  • L’été à bicyclette

    Au premier matin du solstice, déjeuner aux fraises des bois
    Et puis salade de saison selon les fleurs de la journée ;
    Pissenlit, violette et mélisse, belle récolte d’un bon poids,
    De l’ail des ours pour la maison, quelques asperges pour ma tournée.

    En pleine chaleur de juillet, petit-déjeuner aux framboises ;
    Les épis de blé sont fauchés, les champs sont tout ratiboisés.
    Quelques touffes à grappiller, un bouquet aux reflets turquoise
    Vite lié, vite ébauché par trois brins d’herbe entrecroisés.

    Dernier soir d’été révolu, goûter aux noisettes et aux mûres.
    Les colchiques sont dans les prés et les premières feuilles s’envolent
    Vers un automne dévolu à les porter dans un murmure
    Et l’ombre allongée des cyprès s’agiter, danseuses frivoles.

    Tableaux d’Igor Medvedev sur http:touchofcolorr.blogspot.com201511igor-medvedev.html .

  • Mosaïques sur lac

    Mosaïques sur lac

    Les hommes imitent la nature et reproduisent sa beauté
    Et leurs maisons au bord du lac en évoquent ses vaguelettes.
    Les bateaux trempent leurs mâtures sur les reflets caillebottés
    Par les flic-floc et les flic-flac de la surface en ondelettes.

    Le miroir renvoie son image et l’homme admire la réponse
    Que la nature fait à son œuvre qu’il croit sortie de Jupiter.
    L’artiste n’y voit qu’un mirage qu’il peint dans des couleurs absconses
    Qui font ravaler la couleuvre à tous leurs fiers commanditaires.

    La mosaïque est tremblotante et ses tesselles plutôt liquides
    Mais j’aime observer l’art sauvage de l’éclat du projectionniste.
    Le lac à la vision flottante me donne une image candide
    Du ciel et de son entourage en un tableau impressionniste.

    Tableau « Malcesine am Gardasee » de Gustav Klimt.

  • Saintes-Maries-de-la-Mer-de-Lavande

    Saintes-Maries-de-la-Mer-de-Lavande

    Dans l’ultra-bleu presque violet, au bord de la mer de lavande,
    Je baigne ma mélancolie qui se dissout dans les tunnels
    Pareils aux vagues inviolées selon les anciennes légendes
    Où les sirènes en folie chantaient en plissant leurs prunelles.

    Dans les infrasons perceptibles qui montent des terres fertiles,
    Je murmure mes bleus de l’âme qui sont diffusés par l’écho
    Qui se propage irréductible comme un infime projectile
    Et se mélange aux oriflammes des plants violines ombilicaux.

    Les Saintes-Maries-de-la-Mer bercent mon cœur entre ses lignes
    Qui se rejoignent à l’infini de l’église au clocher azur
    Qui s’assombrit dans l’outremer lorsqu’au soir les rangées s’alignent
    Et fondent en catimini dans l’ombre au fur et à mesure.

    Tableau de Vincent van Gogh.

  • La force de la farce

    « La force terrassant le lion » est devenu assez banal…
    De nos jours il faut innover si je veux m’faire distinguer.
    Afin de vous damer le pion et déclencher un bacchanal,
    Je m’en vais vous la rénover et même l’envoyer valdinguer.

    Je sais mater le crocodile, le caïman, l’alligator,
    Tous ces sauriens terrifiants en les pliant en portefeuille.
    Et je veux devenir l’idylle de l’affrontement au corps à corps
    S’il le faut en diversifiant sous réserve que mon rival le veuille.

    Le cachalot et la baleine, l’orque, le requin et le phoque
    Avec moi ne font pas un pli face à une véritable garce.
    Je les combats à perdre haleine, presqu’à chaque fois je suffoque,
    Mais après le devoir accompli, l’adversaire apprécie ma farce.

    Tableaux de Bruno Pontiroli sur https:theinspirationgrid.comsurreal-bizarre-animal-paintings-by-bruno-pontiroli .

  • Les filles sauvages

    Mûres & Framboise
    La fille sauvage s’apprivoise par un régime de fruits rouges ;
    Cerises pour la fine bouche, le corps aux mûres adulé ;
    Mamelons, parfum de framboise, durcis aux graines de carouges
    Et longues jambes qui débouchent sur son bonbon acidulé.

    Fraise & Pèche
    Lorsqu’elle ramène sa fraise, il est temps que je me dépêche
    À lui fournir à satiété de quoi faire rougir sa rose.
    En remontant son corps de braise et caressant sa peau de pèche,
    L’amour efface toute anxiété et l’orgasme tait sa névrose.

    Cassis & Chocolat
    Nous ne faisons l’amour qu’assis dans son lit-bateau écarlate
    Qui a l’habitude de se replier en quatre pour me satisfaire.
    Après quelques acrobaties, à la fin je la chocolate
    Pour qu’elle daigne me supplier de lécher tous ses hémisphères.

    Tableaux de Il Pistrice alias Francesca Protopapa sur https:www.boumbang.comil-pistrice .

  • Sainte-Marie-des-Bois

    Sainte-Marie-des-Bois

    Cèdre parmi les conifères, je vivais d’amours et d’eaux fraîches
    Prodiguées au fil des semaines par la nature généreuse.
    Lassée de ma vie florifère, le cœur fou, la tête revêche,
    J’adoptai une forme humaine sur un coup de sève aventureuse.

    Au début, je restai de marbre, n’osant pas avancer d’un pas
    Et d’écrabouiller par mégarde le petit peuple des forêts.
    Hélas, j’étais encore un arbre qui ne se préoccupe pas
    D’écouter ceux que je regarde avec mon air de mijaurée.

    Mais voilà ! Par curiosité je me suis penchée vers ces gens
    Qui m’ont pris pour une déesse de divinité forestière.
    J’en goûte la religiosité mais ce n’est pas encourageant
    Car je ne sais quelles prouesses vont-ils me quêter en prière !

    Tableau d’Edward Robert Hughes.

  • J’en parle à mes papillons

    J’en parle à mes papillons

    Lorsque les oreilles se ferment, c’est qu’elles ne veulent pas entendre
    Ou qu’elles ne sont pas disposées à capter toute mon attention
    Comment faire pousser le germe de la manière la plus tendre
    Qui saura les prédisposer à mes meilleures intentions ?

    J’use de termes guillerets, légers comme des papillons
    Qui porteront comme une plume mes phrases en lettres déliées.
    L’œil s’ouvre avec un intérêt moins soupçonneux, moins tatillon
    Et c’est à tout petit volume que je fais tomber ses piliers.

    Ainsi je parle papillon mais juste de bouche à oreille ;
    Mes phrases sont de mots légers et de lettres aux petites ailes
    Qui entrent dans le pavillon de l’endormi(e) qui se réveille
    De son rêve désagrégé en angora de filoselle.

    Tableau de Moony Khoa Le alias Moonywolf sur http:sweetdreamsart.centerblog.netrub-moony-khoa-le-also-known-as-moonywolf–2.html .

  • Les auras métaphysiques

    Condensation
    L’âme est gazeuse, évaporée de l’esprit en ébullition,
    Quand il se fait condensateur entre la Terre, Dieu et lui-même,
    Comme un nuage phosphoré qui se nourrit d’imbibition
    Par un soleil compensateur qui vaporise ses dilemmes.

    Liquéfaction
    L’âme se répand tout autour du cœur soumis à la passion
    Tandis que les feux de l’amour consument le corps dans son poêle
    Dont la fumée fait des contours, volutes et circonvolutions
    En cercles de plus en plus lourds qui remontent à rebrousse-poil.

    Sublimation
    L’âme sort de la matière grise sous la forme de vapeur d’eau
    Quand les neurones sont à la masse et court-circuitent le cerveau.
    Puis la conscience lâche prise et laisse tomber son fardeau ;
    Un ange passe et le ramasse et tout se remet à niveau.

    Tableaux d’Agostino Arrivabene sur https:shewalkssoftly.com20140719agostino-arrivabene .

  • Ces singes qui nous gouvernent

    Le singe de la santé
    N’étant pas le porte-parole qui tripatouille de belles phrases,
    Le premier des singes préfère laisser s’exprimer sa maîtresse
    Qui faut le pitre et le mariole mais avec maintes périphrases
    Qui mêlent tiédeur et colère qui tournent en feux de détresse.

    Le singe de l’économie
    N’ayant ni l’oreille musicale ni la patience pour l’écoute,
    Le deuxième singe fait confiance aux sources de sa propriétaire
    Qui masque la dette fiscale que tous ses électeurs redoutent
    Derrière l’insignifiance de ses échanges monétaires.

    Le singe de l’intérieur
    Ni œil-de-lynx, ni de faucon, ni des yeux d’aigle ou de vautour,
    Le troisième singe se réfère au point de vue de sa patronne
    Qui le maintient dans un cocon avec protection tout autour
    Mais quand les refus prolifèrent, il pousse le mot de Cambronne.

    Tableaux de Sophie Wilkins sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201204sophie-wilkins-canadian-magic-realism.html .

  • Cœur de feu

    Cœur de feu

    Mon cœur de feu brûle et consume mes petits amants de passage
    Comme fagots maigres et trop secs qui s’embrasent d’un feu de paille.
    Je cherche quelqu’un qui s’assume — sans pour autant être trop sage —
    Dont la qualité intrinsèque serait un bois de bonne taille.

    Comme vieilli en fût de chêne, un combustible spiritueux
    Qui flambe sans dilapider l’énergie de ses sentiments.
    Un buisson ardent qui enchaîne maints jeux d’amour délictueux
    Et dont le fruit vient valider nos neuf mois de mûrissement.

    Et si le foyer de ton cœur, garni de pierres réfractaires,
    Veut accueillir mon carburant afin de s’embraser ensemble,
    Laissons l’amour alambiqueur chauffer nos corps-nus volontaires
    Pour consumer l’air comburant de nos bouches qui se rassemblent.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Le cœur verrouillé

    Le cœur verrouillé

    Toutes ces vieilles clefs rouillées qui voudraient bien ouvrir mon cœur
    Me poussent à l’ultra-protéger contre toute forme d’effraction.
    Seul pourra le déverrouiller mon petit prince, mon vainqueur,
    Pas un idiot, le cœur léger, qui le ferait par distraction !

    Celui qui force ma serrure pourrait s’en aller la clef basse ;
    Qui se sert d’un passe-partout, à tout jamais, serait banni !
    Un homme bardé de ferrures se retrouverait dans l’impasse ;
    Un soupirant de rien du tout m’agacerait de litanies !

    Je sais que je suis difficile et qu’il n’y a de prince charmant
    Que celui que mon cœur transforme par l’amour et par la patience
    Je ne suis pas fille facile et j’attends l’homme désarmant
    Dont l’essence prendra la forme de l’âme-sœur de ma conscience.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • La bouche en cul de papillon

    La bouche en cul de papillon, juste six mots qui se dévident
    Sauf que tout juste prononcés, les voici devenus tempête.
    Tempête dans le tourbillon d’un verre d’eau à moitié vide…
    Que voulez-vous ? J’ai renoncé à vivre sans tambour ni trompette.

    Parfois mes mots sont en accord avec la triste actualité
    Mais alors ils paraissent tristes et exempts de tout optimisme.
    Si je les tourne en désaccord envers votre réalité,
    Vous me jugerez égocentriste et surchargé de pessimisme.

    J’ai trouvé une solution : écrire dans les réseaux sociaux ;
    Ainsi mes mots seront noyés dans l’océan des vanités.
    Si j’ai pris la résolution d’écrire ces vers asociaux,
    Sans doute me suis-je fourvoyé à écrire cette insanité.

    Ces photos pourraient être de Céline Excoffon.

  • Le pays de la douche

    Des pays où sans être timide, il fait bon vivre, entièrement nu,
    J’en visite un chaque matin au moment de prendre la douche.
    Son climat est assez humide et ses averses soutenues
    Mais le bonheur est vite atteint si je n’ fais pas la fine bouche.

    Derrière un rideau de pudeur qui garde toute la vapeur,
    Les pores ouverts, je transpire à grandes glandes sébacées.
    Je m’étudie dans l’impudeur et j’évacue toutes mes peurs
    Avec la buée que j’expire une fois le corps décrassé.

    Sans trop être exhibitionniste, j’examine mes attributs
    Que je regarde du bout des doigts, la main tremblante mais tentante.
    Dans l’infini expansionniste des deux miroirs, je distribue
    Quelques caresses, comme il se doit, enrobées de crème hydratante.

    Photos de Mikhail Shestakov sur https:vk.comclub3889576 .

  • La porte du crépuscule

    Quand le jour referme la porte du crépuscule par l’interstice,
    Juste à l’instant du rayon vert, l’ange de nuit déploie ses ailes.
    Tous les démons qui l’insupportent guettent une occasion subreptice
    Pour se glisser à découvert dans le dos de la demoiselle.

    Mais Morphée dans la nuit d’onyx, garde de manière intangible
    Le seuil en tirant la tenture tissée des rêves impénétrables.
    Jusqu’à ce que vienne le Phénix dont l’action inintelligible
    Autorisera l’ouverture d’un nouveau jour impondérable.

    Seulement voilà, l’ange de nuit commence à douter de lui-même.
    Tout seul jusqu’au lever du jour, il estime sa vie infâme.
    Les années passent et il s’ennuie ; personne ne lui dit « je t’aime »
    À part Morphée, depuis toujours, mais l’ange préfère les femmes.

    Tableau de Kinuko Y. Craft.

  • Rêver aux étoiles

    Rêver aux étoiles

    Dans les trous noirs de mes nuits blanches, lorsqu’il n’y a rien à explorer,
    Je fais ce que Dieu à ma place aurait fait… et alors je crée.
    Souvent les mots en avalanches tombés des mémoires éplorées
    Se décantent dans la mélasse d’un poème à leur consacrer.

    Parfois je lis sur ma tablette, en lettres blanches sur fond noir,
    Des mots en étoiles filantes dans l’infini de l’interface.
    Parfois ma soif reste incomplète alors j’enfile mon peignoir
    Et je trinque à la rutilante Lune gibbeuse sur ma terrasse.

    Et les mots s’affichent en couleurs et la page m’ouvre ses portes ;
    Je traverse un champ de lecture et prends la voie des vers ferrés.
    J’arrive en Gare des Douleurs attraper le bus qui transporte
    Les rêveurs en soif d’aventure sur un air de Léo Ferré.

    Tableau de Hajin Bae.

  • L’amour vert

    La sexualité des arbres, souvent incomprise des hommes,
    Ne laisse pourtant pas les femmes indifférentes envers leurs charmes.
    Les religions restent de marbre sur les sylvestres chromosomes
    Et jugent la question infâme sans même y verser une larme.

    Pourtant ces amours invisibles en forêts profondes s’enchaînent ;
    Les arbres mâles et femelles s’accouplent en chœur, petits et grands
    Quand leurs passions imprévisibles annoncent leurs noces de chêne,
    Toute la flore alors s’emmêle pour leur souhaiter beaucoup de glands.

    Nos femmes, beaucoup plus sensibles, ressentent le lien de la sève
    Comme des sœurs apparentées à l’arbre de la vie cosmique.
    Et l’envie irrépréhensible de les prendre en leurs bras relève
    D’un désir de complimenter cette sororité karmique.

    Tableaux de Tomazs Alen Kopera.

  • Le troisième œil

    L’œil solaire
    Par une lumière solaire d’un premier rayon éphémère,
    L’intuition donne une vision connectée vers notre intérieur,
    Et depuis l’étoile polaire jusqu’à la Terre, notre mère,
    Nous en sentons les prévisions projetées au monde extérieur.

    L’œil animal
    Par le premier cri de la vie poussé par la petite voix,
    Notre subconscience instinctive parle directement au cœur.
    Sage est l’esprit qui se ravit d’écouter et suivre la voie
    D’illumination inductive connexe à l’âme du vainqueur.

    L’œil lunaire
    Par une présence lunaire qui rythme le cycle du temps,
    Nous ressentons dans la matière l’arborescence de l’amour.
    Comme une partie lacunaire, un vide se répercutant
    De la nature tout entière qui nous fait vivre chaque jour.

    Tableaux de Tomasz Alen Kopera sur https:www.grahamfineart.comtomasz-alen-koperatomasz-alen-kopera-1.php .

  • Une perle pour l’Univers

    Une perle pour l’Univers

    À l’origine de l’Univers ? Un tout petit grain de poussière !
    Mais il gêne tant le cosmos qu’il sécrète la Voie Lactée
    Dont le lait produit mille vers qui l’entourent de bras de lumière
    Jusqu’à ce que prenne l’osmose d’une galaxie réfractée.

    Ainsi Dieu au commencement procrée une perle de vie
    Enrobée d’anges dont la nacre devient énergie et matière.
    Après cet ensemencement, ce Dieu s’apaise, il est ravi
    Et le lendemain se consacre à l’humanité tout entière.

    Toutes les civilisations qui se sont imposées sur Terre
    N’ont pas l’air d’avoir reconnu cette mission dont elles disposent.
    Sauf si leurs réalisations, même si elles s’avèrent délétères,
    N’aillaient dans le sens inconnu du Plan Divin qu’Il nous impose.

    Tableau de Dana Lynne Andersen.

  • Jardin d’une nuit éternelle

    Jardin d’une nuit éternelle

    Ah, que mon âme se complaît en joignant ma propre âme-sœur
    Lorsque mon côté féminin paraît un instant éphémère !
    Enfin mon être est au complet comme au temps béni précurseur
    Où je n’étais qu’ange bénin avant d’être enfant de ma mère.

    Mais si choisir, c’est renoncer, quel déchirement fatidique
    De perdre son autre moitié tant que durera l’existence !
    Pour moi, la mort est annoncée comme la phase véridique
    Où je suis à nouveau entier mais dans une autre consistance.

    Par bonheur l’amour vient combler la faille d’où naît ce complexe
    Et permet la reconnexion du yin et du yang dissociés.
    L’homme et la femme rassemblés connaissent le plaisir du sexe
    Et la joie de la conception par leurs chromosomes associés.

    Tableau de Yoann Lossel.

  • Femmes-fleurs au printemps

    Au printemps l’ivresse des fleurs fait basculer les romantiques
    D’effervescentes phéromones que la nature distribue.
    Et les jeunes filles en pleurs subissent l’effet aromatique
    De leurs corps saturés d’hormones et de leurs nouveaux attributs.

    Les yeux sont le reflet de l’âme et l’on y voit le temps qu’il fait
    Dans leurs cœurs tantôt bien moroses ou tantôt tout émoustillés.
    Dans ce regard passe la flamme de quelques désirs stupéfaits
    Par des amours à l’eau de rose ou des promesses vite oubliées.

    Mais les couleurs reviennent vite afin que l’âme s’en nourrisse
    Et que leurs corps mettent en route le support d’un jardin fertile.
    Bientôt répondront à l’invite les papillons vers la matrice
    Aux nervosités en déroute pour un coup de trompe érectile.

    Tableaux de Maria Pace Wynters.

  • Le sourire musclé

    La théorie
    Puisque l’amour, c’est la santé, commençons donc à attirer
    En musclant nos zygomatiques pour plaire d’un air de vainqueur
    Sur un visage innocenté par un vrai sourire soutiré
    Au réseau des nerfs sympathiques puisé dans la source du cœur !

    La pratique
    Une fois que c’est bien compris, oublions notre théorie
    Et démontrons-en la pratique avec un peu d’entraînement !
    Coupons le canal de l’esprit qui viendra a posteriori
    Et laissons le cœur empathique diriger nos enchaînements.

    La réalité
    Puisqu’il faut se jeter à l’eau, ne craignons pas le ridicule ;
    Un sourire communicatif, se répand comme traînée de poudre !
    Tel le soleil dans son halo, crevons de notre denticule
    Notre embarras limitatif et gagnons-y un coup de foudre !

    Tableaux de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057426&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • L’oiseau-trompette et Vénus Anadyomène

    L’oiseau-trompette et Vénus Anadyomène

    Bien sûr, une seule hirondelle ni même deux ne font le printemps
    Et non, aucun oiseau trompette ne déclenche aucun ouragan.
    Mais comment un battement d’aile de papillon, un court instant,
    Peut-il provoquer la tempête voire un cyclone extravagant ?

    Se produit-il, ce phénomène, quand le volatile en question
    Affronte les intempéries et que la pluie s’intensifie ?
    Surgit Vénus Anadyomène qui donne en tant que suggestion :
    « Souvent la météo varie et bien fol l’oiseau qui s’y fie ! »

    Entre l’attraction de la Lune et de Mars conjointe à Vénus,
    Les Météorologues doutent que leurs influences soient très nettes.
    Quant à Jupiter et Neptune, ainsi que Saturne et Uranus,
    Je crois qu’ils n’y comprennent goutte sur les humeurs de la planète.

    (Tableau de James Jean.
    Anadyomène signifie « surgie des eaux » en grec ― on en apprend tous les jours.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La femme-papillon

    La femme-papillon

    La femme papillon s’habille de dentelle ;
    De toiles d’araignées, de vers à soie tissés
    En guise de cotillon, de porte-jarretelle
    Et de musc imprégné sur ses ailes hérissées.

    Mais lorsque la pluie tombe, elle cherche un abri
    De crainte que ne fonde sa robe vaporeuse.
    Quand vient l’orage en trombes sous un ciel assombri,
    Sa nudité profonde la rend bien malheureuse.

    Mais elle bénéficie de solidarité
    Envers les libellules qui lui offrent un refuge
    À ses péripéties et sa précarité
    Par d’étanches ombellules sûres et calorifuges.

    Tableau de Troy Brooks.

  • Enceinte éternellement

    Avant la vie, après la mort ? Que lui importe au petit ange ?
    Pour lui le monde est limité à son univers intérieur.
    Il ne connait aucun remords, il se contente des échanges
    Dans sa moelleuse intimité sans contact avec l’extérieur.

    Parfois sa planète bascule et parfois elle reste immobile
    Mais il n’existe ni de temps ni de distance à parcourir.
    Juste un étrange tentacule qui à l’occasion l’obnubile
    Mais qui lui paraît important, sans doute pour le secourir.

    Il n’aura aucun souvenir mis à part la voix de sa mère
    Qu’il a toujours à sa portée bien à l’abri dans sa maison.
    Toujours est-il que l’avenir prévoit son congé éphémère
    Car il va se téléporter mais… est-ce à tort ou à raison ?

    Tableaux de Steven Kenny sur https:www.kaifineart.comstevenkenny?m=1 .

  • La renaissance

    Si je ne vis pas plusieurs fois, je change plusieurs fois de vie.
    Elle commence par une trompe d’éléphant surnommé Fallope
    Qui me transbahute, ma foi, à la rencontre d’une envie
    Arrivée en un coup de pompe, gigotant comme une antilope.

    Et voilà comment j’ai atteint le premier barreau de l’échelle
    Où chaque année est un degré où je dois faire des progrès.
    Que je sois, du soir au matin, enfant riche ou romanichel,
    Je vais devoir y intégrer mes joies, mes peines et mes regrets.

    Bien sûr, l’échelle se termine et j’en ai beaucoup enterrées
    Mais il leur manque le curseur qui grimpait inlassablement.
    Il faudra bien que j’y culmine mais mes deux anges ont interêt
    De faire de moi le précurseur vers un nouveau raccordement.

    Tableaux de Beth Conklin.

  • La vie en rose

    La vie en rose

    Mon film n’est pas « la vie en rose », du moins pas toujours, pas tout l’temps,
    Car je ne reste jamais fixé sur un coin de ma pellicule.
    Certains clichés semblent moroses mais, alignés à contretemps,
    Reflètent un bonheur remixé, en prenant bien sûr du recul.

    Cette vie que je croyais plate s’est révélée comme une fleur
    Qui s’ouvre et qui s’épanouit à l’aube d’un matin de printemps.
    Le blues en devient écarlate arrosé de larmes et de pleurs
    Et le chagrin s’évanouit d’en voir ses faveurs à plein temps.

    Pour ne pas rester sur ma faim quand viendra ma métempsychose,
    J’espère n’avoir plus d’ennemi à récurrence destinale.
    Mais puisque tout a une fin, j’en ferai une apothéose
    Où je convierai mes amis à ma Sainte Cène finale.

    Tableau de Mihai Criste sur http:sweetdreamsart.centerblog.netrub-mihai-criste-.html .

  • Deo gratias in blues

    Deo gratias in blues

    L’âme du violon semblait faite pour glisser sur sa robe en blues
    En paysages liturgiques avec des doubles et des alias.
    L’archet courrait monter au faîte de la petite corde jalouse
    Des pizzicatos démiurgiques qui créaient le Deo gratias.

    Lorsqu’elle arrête de jouer, le silence ressemble au silence
    Qui succède après le final et qui reste toujours du Mozart.
    Et dans sa quiétude enjouée, ce calme trouve son équivalence
    Avec le geste original d’un Dieu qui créerait par hasard.

    Elle vous donnera l’illusion de jouer les bleus de son âme
    De son doigté le plus précieux qui s’envoleront dans l’azur
    À la vitesse de diffusion de l’onde qui sert de sésame
    À l’ouverture en clef des cieux dont un ange bat la mesure.

    (Tableau d’Abner Recinos.
    « Elle semblait faite pour glisser, en robe blanche, dans des paysages liturgiques, une branche de lis ou un rameau d’or à la main. » — Octave Mirbeau, Le colporteur)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Mérou au secours !

    Tout en haut de ma tour d’ivoire, j’appelle un mérou de secours
    Avant de plonger dans les rêves et nager dans leurs eaux profondes.
    Juste une fuite provisoire qui soit mon ultime recours
    Seulement pour cette nuit si brève où j’oublierai un peu le monde.

    J’aime sentir ce lâcher prise et chuter éternellement
    Dans les airs à tombeau ouvert, sécurisée par le mérou.
    Le songe étant plein de surprises, je le serre fraternellement
    En lui disant à mots couverts de m’emmener jusqu’au Pérou.

    Hélas mon rêve est éphémère et je suis désavantagée
    Car je n’ai pas plus d’avenir qu’avait la Belle-au-Bois-Dormant.
    Au matin le prince des mer me rend mon baiser engagé
    Et je me réveille au souvenir de mon petit mérou charmant.

    Tableaux de Nicoletta Ceccoli.