Catégorie : Poésie du dimanche

  • Femmes démultipliées

    Doublez les jambes d’une femme et invitez-la à danser
    Un mouvement à quatre temps ; vous la verrez s’exécuter
    Comme si elle valsait sur des flammes qui la forcent à se cadencer
    Dans le feu de l’action autant qu’un ballet russe azimuté.

    Doublez ses membres supérieurs, elle deviendra une déesse
    Capable de vous prodiguer plus de caresses tentatrices.
    Mais gare au retour postérieur qui développera ses prouesses
    Pour vous demander d’alléguer tous ses désirs et ses caprices.

    Si deux têtes valent mieux qu’une, on n’est pas sorti de l’auberge
    Car les deux cerveaux parallèles multiplieront ses aptitudes.
    D’ailleurs sans retenue aucune, il est possible qu’elle gamberge
    Pour contourner la bagatelle quatre fois plus que d’habitude.

    Tableaux de Shiori Matsumoto.

  • Où est le perroquet ?

    Où est le perroquet ?

    Pour vivre heureux, vivons cachés, n’est-ce pas Monsieur le Perroquet ?
    Disparaître dans le décor semble une bonne protection !
    Jusqu’à quand vas-tu t’attacher à tous ces fruits bons à croquer
    Qui ne cacheront plus ton corps au moment de la décoction ?

    Et chaque jour je le recherche et, chaque jour, je le reperds.
    Comme un petit enfant espiègle difficile à évaluer.
    Véritable ami ou faux derche ? Sans doute les deux font la paire
    Pour me faire douter des règles et finalement… évoluer

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’appel de la cigogne

    Vêtue d’une robe gigogne et d’un bustier en réduction,
    Madame la naturaliste joue la personnification.
    Elle guette le retour des cigognes en quête de reproduction
    Et d’instinct traditionaliste envers leurs nidifications.

    Demain matin la pouponnière ou demain soir, dernier délai,
    Elles accueilleront vos commandes de bébés fraîchement couvés.
    Ainsi la cigogne pionnière et son équipage au complet
    Satisferont toutes demandes pour votre bonheur approuvé.

    Illustration de Michael Parkes sur https:www.theworldofmichaelparkes.comartistsmichael-parkesoriginal-hand-pulled-stone-lithographs .

  • Couleurs océaniques – 2

    Toujours mes voyages insomniaques dans l’univers de mes nuits blanches
    Où un phare éclaire ma route pour franchir les quatre horizons
    Tel un pilote démoniaque qui perce dans ces avalanches
    De fortes vagues en déroute pour me sortir de ma prison.

    Tandis que la Lune persiste à m’attirer dans son sommeil,
    La mer se creuse des tourments qui m’ont frappé dernièrement.
    Alors l’astre de nuit m’assiste de son étrange halo vermeil
    Pour apaiser les flots gourmands d’alimentaire verdoiement.

    Parfois j’aborde des pays vierges de toute connaissance ;
    Une île nue, un continent, un monde perdu biscornu.
    Je reste un moment ébahi, puis je pars en reconnaissance
    Pour rencontrer un pertinent fragment d’un principe inconnu.

    Tableaux de Loren D. Adams sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201401Loren-Adams.html?m=1 .

  • Couleurs océaniques – 1

    Quand mes nuits blanches se prolongent, je pars, voyageur solitaire,
    Faire une course autour du monde parmi des rêves outremarins.
    Tandis qu’un soleil rouge allonge son rayon vert velléitaire
    Au-dessus des eaux furibondes sous un clair-obscur azurin.

    Vagues aux couleurs opalines contre lames ensanglantées
    Se livrent une dernière bataille sous un crépuscule malséant.
    Les ruisseaux d’algues corallines par le soleil ébouillantées
    Saignent sur la mer aux entailles qui cicatrisent l’océan.

    Ainsi mon âme quitte mon corps pour retrouver ses origines
    Dans mon élément maternel toujours agité par les vents.
    Sans doute me poursuivent encore de fantomatiques androgynes,
    Lointains ancêtres éternels au rayonnement survivant.

    Tableaux de Loren D. Adams sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201401Loren-Adams.html?m=1 .

  • Laura Lunaire

    Laura, pleinement circonscrite à la sphéricité lunaire,
    Exécute à date donnée une cérémonie rituelle.
    Depuis longtemps elle s’est inscrite à de mystérieux séminaire
    En vue de, ce jour, s’adonner à la lunaison spirituelle.

    Comme Atlas qui porte le monde, elle soutient la pleine Lune
    En moulant sa rotondité de tout son buste à l’épigastre.
    Tout en méditation profonde et sans modération aucune,
    Elle ressent dans sa nudité toute la puissance de l’astre.

    Après elle fera l’amour au Soleil quand paraîtra l’aube
    En partageant son énergie avec l’astre inséminateur.
    Puis, lentement, jour après jour, dans l’intimité de son aube
    Naîtra l’enfant en synergie avec l’univers créateur.

    Tableau de Dorina Costras sur https:fineartamerica.comprofilesdorina-costras .

  • L’expérience du fer

    L’expérience du fer

    Du fait que l’œuf est riche en fer, je prends des bains dans ma coquille
    De jaune enrichis d’ions ferriques, ferreux et surtout magnétiques.
    Puis je laisse la nature faire avec la Terre qui écarquille
    Son rayonnement tellurique sous un Soleil énergétique.

    Puisque je n’ai qu’une seule vie, sans aucune possibilité
    De vérifier mes expériences et mes erreurs à juste titre,
    Je ne peux suivre que mes envies, mes intuitions si limitées
    Mais qui me font prendre conscience que j’aime bien mon libre arbitre.

    Avec l’expérience du fer, sans doute serais-je plus aimante
    Avec un cœur galvanisé par un fort courant séducteur ?
    J’espère aussi vous satisfaire avec mes facultés d’amante
    Et mes amours dynamisées par mon corps supraconducteur.

    Tableau de Vladimir Kush sur https:www.contioutra.comvladimir-kush?amp=1 .

  • Dentelles femmes, il y a…

    Aujourd’hui on tombe le voile – ou du moins on peut l’entrouvrir –,
    L’ajourer de jolies dentelles pour laisser passer la lumière.
    Très fines afin que se dévoilent deux jolis seins à découvrir
    Qui montrent enfin la femme telle qu’elle est dans son âme première.

    Dentelles vertes pour les vierges, dentelles bleues pour les nubiles ;
    Petites fleurs et papillons, figuratifs ou arabesques.
    Et pour que la grâce converge aux coins des lèvres volubiles
    Une voilette en croisillons pour parler d’amours romanesques.

    Ce serait bien pour les chrétiens de revêtir ainsi Marie
    Et d’en affubler tous les saints, le pape et pourquoi pas Bouddha.
    Notons aussi que l’entretien serait consacré au mari
    Qui, lui, porterait à dessein juste un pull sur un bermuda.

    Tableaux de Lisa Wright sur http:lisawrightartist.co.ukworknew-work .

  • Sous la lumière noire

    Lueurs courbées et féminines aperçues dans l’obscurité
    Par le troisième œil intuitif embrasent le désir de mon cœur.
    Ombres d’étoiles sibyllines qui viennent à maturité
    Défier l’organe sensitif comme un simulacre moqueur.

    Mais le rideau de nuit s’écarte et l’ange femelle apparaît
    Sortant de dimensions obscures qui sont les coulisses du ciel.
    Tendrement elle abat ses cartes et mon anxiété disparaît
    Entre ses bras qui me procurent la chaleur de son potentiel.

    Une fois nourrie de l’essence de mes sentiments prodigués,
    Elle pratique un rituel afin d’enfanter en son sein
    Un être de luminescence dans les ténèbres endiguées
    Par des rayons spirituels issus d’un astre noir enceint.

    Photos de Burak Bulut sur https:www.burakbulut.orgblack-light .

  • Les violons de l’automne

    Les violons de l’automne

    Que deviennent les notes mortes d’une rhapsodie automnale ?
    Sans doute vont-elles dans les airs pour lancer d’autres inspirations
    Qui renaîtront de toutes sortes de danses et de bacchanales
    Qui pleuvront sur les monts déserts et les vallées d’habitations.

    On les découvre éparpillées dans tous ces oiseaux migrateurs
    Qui se rassemblent, le bec rempli de pizzicatos éreintants.
    Certaines sont écharpillées par des piafs vociférateurs
    Mais le miracle s’accompli par une reprise au printemps.

    *

    Tableau de Pablo Picasso.

  • Le petit port d’automne

    Le petit port d’automne

    Les mâts perdent leurs voiles mortes qui, hier encore, claquaient au vent ;
    Les coques se couvrent de rouille et battent pavillon d’automne.
    Les oiseaux volent en cohorte et se rassemblent sur les auvents
    Des maisons du port qui se mouille de vaguelettes monotones.

    Les brumes opaques du matin floutent les barques des pêcheurs ;
    Elles perdurent jusqu’au soir pour s’évanouir en clair-obscur
    Dans le firmament de satin qui règne sur les pluies de fraîcheur
    Par la hauteur des déversoirs et la colonne de mercure.

    *

    Tableau de Claude Monet.

  • Copains comme sirène

    Bien qu’elles soient assez cruelles envers leurs victimes marines,
    Elles se montrent assez copines avec le bestiaire aquatique.
    Leurs performances sexuelles et leurs gourmandises utérines
    Leur ouvrent des relations coquines avec les plus fantasmatiques.

    Entre le phallus des baleines et le pénis des cachalots,
    Les sirènes sont à la fête pour des jeux les plus colossaux.
    Elles copinent à perdre haleine avec le moindre matelot
    Qui pour elles perdra sa tête, son cœur et ses autres morceaux.

    Fatalement, elles accouchent de créatures métissées
    Qui ressemblent à leurs géniteurs, le plus souvent désaccordés.
    Aucunement saintes-nitouches au cours de maintes odyssées,
    On dit que leurs baby-sitters sont complètement débordées.

    Illustrations de Vladimir Stankovic.

  • La nature s’emballe

    Dame Nature domestiquée ? L’homme y a cru dès le début !
    Il a détourné les rivières, il a apprivoisé les vents.
    Il a aussi sophistiqué le faste auquel il contribue
    En détruisant des terres entières pour un résultat décevant.

    Le luxe est sa priorité ; il vit ses rêves désormais,
    Le temps béni de l’insouciance et de la folie des grandeurs.
    Tant pis si la précarité des autres est bannie à jamais ;
    Il ne vit que pour l’opulence, pour le faste et pour la splendeur.

    Aïe ! La Terre est passée en automne et ses ressources sont menacées.
    Mais il est trop tard à présent car il ne vit plus comme avant.
    Ses rêves deviennent monotones à force d’être ressassés
    Par les médias omniprésents qui le dirigent dorénavant.

    Voilà, les rêves sont terminés ; la Terre est morte ce matin.
    Hier encore, les pluies acides ont tué la flore moribonde.
    Une fois tout exterminé, le paroxysme fut atteint
    Quand l’homme est devenu lucide une heure avant la fin du monde.

    Tableaux de Vasko Taškovski.

  • Les souvenirs du crépuscule

    Les souvenirs du crépuscule

    La nuit, ma mémoire à tiroir dévide tout son contenu
    D’une manière aléatoire favorisant l’inattendu
    Dans un décor qui fait miroir à un litige convenu
    Entre mon cœur et ses histoires et ma raison, bien entendu.

    Coincée entre la voie ferrée et mon usine à méditer,
    La rue pavée de prétentions m’ouvre à l’âme un rêve éveillé.
    Seule, là-haut, la Lune affairée à transpercer l’obscurité
    Brille d’étranges intentions sans pour autant m’émerveiller.

    L’image s’incruste sur ma rétine comme une scène de théâtre
    Où vont surgir tous les acteurs d’une expérience inaboutie.
    Curieusement mon corps piétine dans cette atmosphère bleuâtre ;
    J’y reste à jamais spectateur de ce souvenir englouti.

    Tableau de Paul Delvaux.

  • Les rameneurs de soleil

    Les rameneurs de soleil

    Aux ramoneurs, les cheminées et aux rameneurs, les couchers.
    Aux allumeurs, les réverbères et les chats seront bien gardés.
    Qu’en penses-tu, mon beau minet, toi qui n’ te laisse effaroucher
    Ni sur les toits par les cerbères, ni par les voleurs attardés ?

    C’est vrai qu’il en voit tous les jours lorsque la chance lui sourit
    Quand le hérisson répand la suie sur le grand rideau étoilé.
    L’espion aux pattes de velours guette la danse des souris
    Au bal des petits rats de nuit à travers l’œil-de-bœuf voilé.

    Par tous les temps, les machinistes ouvrent le spectacle du soir.
    Seule change l’humeur de la Lune, avec les femmes… comment savoir ?
    Les spectateurs opportunistes en profitent pour aller s’asseoir
    Et chercher la bonne fortune au risque de s’y décevoir.

    Tableau d’Ireneusz Wielgosz.

  • Tiroirs à idées – 2

    Je classe depuis ma naissance les souvenirs dans ma mémoire
    Comme un Ego-ordinateur qui accumule ses fichiers.
    Je crois augmenter ma puissance en personnifiant une armoire
    Mais ce « moi » coordinateur devient bientôt nul à chier.

    Plein de choses ne rentrent pas dans les cadres que j’imagine ;
    Les images sont déformées à force de les consulter.
    Des trous apparaissent pas à pas et ma cervelle s’invagine
    Dans les replis désinformés du chaos qui en a résulté.

    Plus jamais vivre comme avant mais comme un voyageur du temps
    Qui garde toute sa confiance envers ce que le vent apporte !
    J’ai mis derrière un paravent tout ce qui n’est pas important ;
    J’y laisse toute ma méfiance et puis j’en referme la porte.

    Tableaux de Vladimir Dunjic sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201105vladimir-dunjic-serbia.html .

  • Tiroirs à idées – 1

    L’homme est à gauche, la femme à droite ; la vie agit comme un miroir.
    Le reflet couplé à l’image engendre tout son avenir.
    Une réminiscence adroite organisée dans des tiroirs
    Donne une mémoire à étages, plutôt commode à souvenirs.

    Mais plus je range dans ma commode, plus les tiroirs deviennent grands
    Ou à l’inverse trop petits pour classer toute ma famille.
    Et les siècles changeant de modes, le désordre en devient flagrant ;
    J’y perds le goût et l’appétit dans tout ce réseau de ramilles.

    Mon arbre généalogique commence avec mes deux parents,
    Se scinde en quatre grands-parents, puis huit, seize… une infinité.
    Si je continue la logique des enfantements récurrents,
    J’obtiendrai un nombre effarant supérieur à l’humanité.

    Tableaux de Vladimir Dunjic sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201105vladimir-dunjic-serbia.html .

  • Rêves des nuits d’un été passé

    Rêves des nuits d’un été passé

    Pendant les jours caniculaires, on guettait le soleil couchant
    Qui s’é-é-étirait si longuement qu’on pensait le temps élastique.
    Le thermomètre patibulaire aux degrés si effarouchant
    Donnait impitoyablement ses températures sarcastiques.

    Quand enfin la fraîcheur nocturne, trop courte, remplaçait l’azur,
    Compter les étoiles filantes rimait avec conter fleurette.
    Après la journée taciturne d’une chaleur en démesure
    Et sous la Lune jubilante, on se nourrissait d’amourettes

    Les peaux satinées du halo disparaissaient parmi les ombres
    Et les baisers à cache-cache qui nous maintenaient en éveil.
    On regagnait le bungalow en se tâtant dans la pénombre
    En espérant que l’aube vache n’aurait pas ouï son réveil.

    Tableau de Jiri Trnka.

  • À l’écoute du thé

    À l’écoute du thé

    Par l’enveloppe cachetée et postée à l’heure du thé,
    Je suis à l’écoute du monde grâce aux feuilles éparpillées,
    Collectées, parfois tachetées d’épreuves et d’adversités
    Comme il arrive chaque seconde de chaque minute gaspillée.

    L’heure du thé vert, à l’envers ; l’heure du thé noir, à l’endroit ;
    Tout dépend du type de mouture, son origine et sa saison.
    Quand le thé passe de travers, je plains ce planteur maladroit
    Qui s’est soit trompé de bouture, soit s’est planté de floraison.

    Allô, allô, thé à la menthe ? Non, ici c’est thé au jasmin !
    Les routes du thé se mélangent dans des arômes interférents.
    Parlez-moi de thé, belle amante ? Permettez-moi d’un baisemain
    Respirer ce thé à l’orange aux récits si désaltérants.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • Angelettes, chouettes et paonnettes

    Sans doute, la mythologie et ses chimères fantastiques
    Est le fruit d’amours interdites avec des anges dépravés.
    Ève, surprise dans son logis par un démon-ailé drastique,
    Aurait enfanté d’inédites créatures aux ailes excavées.

    Des angelettes aux grandes ailes pareilles aux plus grands des archanges,
    Des femmes-chouettes ou femmes-ducs semblables aux rapaces nocturnes,
    Des paonnettes qui font avec zèle la roue pour attirer les anges
    Qui renouvellent les œils caducs de leurs longues plumes taciturnes.

    Elles sont aux royaumes des airs ce que la sirène est à la mer ;
    Déesses fantasmagoriques recherchées par des hommes avides.
    Elles survolent les déserts, les océans, les monts amers
    En personnages allégoriques mais dont le cœur reste impavide.

    Tableaux de Chie Yoshii sur https:www.chieyoshii.com .

  • Capricornettes

    Que sait-on des capricornettes qui vivent au fin fond des forêts ?
    Peu de choses en réalité, elles se cachent pour vivre heureuses.
    On entend beaucoup de sornettes à propos d’Ève déflorée
    Par un Dieu Pan, tout excité par sa vénusté savoureuse.

    Ainsi seraient nées des chimères au corps de femme immaculée
    Avec des bois de cervidé sur le crâne comme défenses.
    À leur tour, elles furent mères et enfantèrent, miraculées,
    Des filles dont l’hominidé change et évolue dès l’enfance.

    J’en ai aperçues dans les bois qui traversaient imprudemment ;
    Belles femmes nues qui couraient de leurs jeunes cornes nubiles
    Pareilles à des biches aux abois à la recherche impudemment
    De beaux jeunes cerfs qui pourraient saillir leurs croupes volubiles.

    Tableaux de Chie Yoshii sur https:www.chieyoshii.com .

  • C’était il y a près de cinquante ans, et je n’ai plus jamais revu l’indigo

    C'était il y a près de cinquante ans, et je n'ai plus jamais revu l'indigo

    Je les ai perçus dans un songe ; deux personnages indigo
    Semblants issus de mon futur et, pourquoi pas, ma descendance.
    Mon rêve n’était pas un mensonge car ils m’ont décrit tout de go
    Une adorable progéniture et une corne d’abondance.

    C’était il y a cinquante ans et je ne les ai jamais revus ;
    J’ai eu deux enfants indigo mais pas la corne d’abondance.
    Mais n’en suis pas mécontent car mes gamins, sauf imprévu,
    Réaliseront leur ego et leur totale indépendance.

    Quant à moi, je guette la Lune et tous les pieds des arcs-en-ciel,
    Je paie mes dettes, je m’enrichis d’une vie simple et culturelle.
    Je n’ai pas trouvé la fortune mais ce n’est pas mon essentiel
    Je ne cherche pas les chichis, juste une existence naturelle.

    Tableau de Syd Mills sur https:www.redbubble.comfrpeopleVetyrshop .

  • Le chat bleu de nuit

    Le chat bleu de nuit

    Quand cafés et bars sont fermés et que Vincent va se coucher
    Son chat commence sa tournée à la recherche d’aventures.
    Mais pas une chatte à confirmer et le matou mal embouché
    Miaule et s’en va se retourner dans l’ombre de la devanture.

    Deux silhouettes se découpent sur les pavés impressionnés
    Deux Mistigris en bleu de nuit, aux longues queues démesurées.
    Alors le minou, vent en poupe, vire de bord, affectionné
    Par quatre phares braqués sur lui entre les volets lasurés.

    Dans l’ombre bleue, notre minet minaude minette à son goût.
    Dans la rue sombre, deux siamoises ouvrent grand leurs yeux de velours.
    En terrasse de l’estaminet, nos trois félins crient leur bagou,
    Les unes en musiques viennoises et le mâle en chansons d’amour.

    Tableau de Studio under the moon.

  • Les sœurs Tempérance

    J’ai cru la tempérance unique comme les trois autres vertus
    Mais en fait elles sont jumelles, ce qui doit expliquer cela.
    Souvent vêtues d’une tunique, elles puisent et elles s’évertuent
    À filtrer eaux mâles et femelles, eaux d’ici et eaux d’au-delà.

    On voit souvent ces ingénues se baigner nues à tempérance
    Quand ont établi l’équilibre entre toutes les eaux sus-citées.
    Quand les eaux sont redevenues sauvages et fraîches à outrance
    Elles sortent vite à l’air libre toutes fébriles et excitées.

    Elles ne tempèrent pas que l’eau car très grande est leur mandature ;
    Elles veillent à la diversité de toutes les espèces vivantes.
    Des vers de terre un peu ballots qui font du bien à la nature
    Jusqu’à la multiplicité de toutes créatures volantes.

    Tableaux de Chie Yoshii sur https:www.chieyoshii.com .

  • Les oiseaux de couleur

    En habit bleu d’oiseaux de nuit, elle recherche la quiétude
    Avant que se lève le jour en ce printemps annonciateur.
    Dès que le premier rayon luit, elle goûte à la plénitude
    Du Soleil qui souhaite un bonjour au potentiel fécondateur.

    En habit vert d’oiseaux d’espoir, elle consulte les tarots
    Pour deviner la tessiture que revêtira son été.
    Elle écarte tout désespoir et fait une mise au carreau
    De ses desseins de fioriture avec ses cartes annotées.

    En habit rouge d’oiseaux diurnes, elle s’occupe d’animaux
    En leur offrant pour nourriture l’amour des premiers jours d’automne.
    Le sommeil des bêtes nocturnes est apaisé à demi-mots
    Sous la douce température de bras où elles se pelotonnent.

    Aux habits blancs d’oiseaux d’hiver, elle préfère l’incarnât
    Pour se détacher de la neige lorsqu’elle parcourt la forêt.
    Du manteau nacré recouvert, elle assure l’assistanat
    Aux volatiles dont le manège sème leurs plumes phosphorées.

    Tableaux de Chie Yoshii sur https:www.chieyoshii.com .

  • Le moulin de la reine

    Le moulin de la reine

    Au temps où régnaient les moulins, où l’on faisait tourner les reines,
    Quand les vents sifflaient dans les champs et les rois sur les cotillons,
    Les ailes viraient sous les câlins, les belles en prenaient de la graine,
    L’amour passait effarouchant dans les chambrées en tourbillons.

    Au temps du moulin de la reine, les meuniers moulaient la farine
    Quand les vents soufflaient dans les cours, virevoltaient les concubines,
    Au bal musette, souveraines pirouettaient les ballerines
    Et tout le monde faisait des tours avec Pierrot et Colombine.

    Quand la Reine était au moulin, selon la direction du vent,
    Tous les princes à chaque carrefour faisaient tourniquer les princesses
    Dont les mitrons, jeunes poulains, juste épicés auparavant,
    Sortaient comme une brioche au four après leurs neuf mois de grossesse.

    Tableau « Queen’s Mill 1881 » de Paul Gauguin.

  • La retraite aux flambeaux

    Doucement la marche nocturne
    Dodeline de tous ses lampions
    Qui percent la nuit taciturne
    Brandis par nos meilleurs champions.

    Cet événement symbolique
    Rappelle la Révolution
    Qui proclamait la république
    Et sa nouvelle constitution.

    Et l’on vit la population
    Franchir les barrières sociales,
    Former la Nouvelle Nation
    Où les classes seraient égales.

    Sans doute dans chaque lanterne
    Brille un cœur révolutionnaire,
    Nonobstant les vieilles badernes
    Monarchiques et réactionnaires.

    Et puisque la femme, la première
    Représente l’avenir de l’homme,
    Laissons-lui porter la lumière
    Et célébrer notre binôme.

    Si la colombe de la paix
    Participe à l’événement
    Nous pourrons fermer le clapet
    Aux belligérants du moment.

    Tableaux d’Andrey Remnev sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201104andrey-remnev-moscow.html?m=1 .

  • Cauchemarrants

    Tous les cauchemars correspondent à une autre réalité ;
    En avoir peur ne change rien ni ne tombe en catatonie.
    Par ailleurs les monstres répondent qu’ils vont, avec ponctualité,
    Peupler les rêves des terriens pour chasser la monotonie.

    Prenez cette harpie, par exemple, qui paraît nuire à ce rêveur ;
    Eh bien, Mesdames et Messieurs, ce n’est que de la poudre aux yeux !
    C’est juste un ange qui contemple les idées noires avec ferveur
    Et les renvoie vers d’autres cieux rejoindre en enfer leurs aïeux.

    Dites-vous bien qu’un mauvais rêve, ce n’est qu’un démon qui s’enfuit.
    Une fois qu’il en est libéré, le cœur s’affranchit d’ennemis.
    Et plus l’angoisse sera brève, plus le bien-être qui s’ensuit
    Sera à reconsidérer en allant pêcher entre amies.

    Tableaux d’Oda Iselin Sonderland sur https:www.coeval-magazine.comcoevaloda-iselin .

  • La couleur du féminin sacré

    Essayons de mettre en couleurs la femme en tout bien tout honneur ;
    Toutes ses odeurs corporelles et sa texture personnelle ;
    Ce qu’elle a subi de douleurs, ce qu’elle a connu de bonheur
    De ses amitiés naturelles à ses amours exceptionnelles.

    Ajoutons en télépathie la teinte de ses sentiments ;
    Tous ses souvenirs de l’enfance et ses émotions les plus fortes.
    Pigmentons-en ses réparties colorées des pressentiments
    De son intuition en nuances à son cœur qui nous réconforte.

    Alors l’image qui apparaît, bien au-delà de la vision,
    Nous dévoile un être suprême d’immaculés reflets nacrés.
    L’impudicité disparaît ; nos sens entrent en collision
    Par la magie la plus extrême du ton du féminin sacré.

    Tableaux de Viktoria Lapteva.

  • Le club des belles perdrix – 2

    Le club des belles perdrix – 2

    L’été, le club des belles perdrix marie les plaisirs de la mer,
    Entre-deux-mers et vin des sables, Bordeaux, Cassis et vins de Corse.
    Sous le soleil d’Alexandrie, se déshabillent les mémères ;
    Leur nudité indispensable s’accorde au vin et le renforce.

    Le vin, divin et naturel, s’accorde avec le naturisme ;
    Un grand cru se déguste nu pour le gouter de tout son corps.
    Ce phénomène culturel fait l’apogée du féminisme
    Et ceux qui s’en sont abstenus, tant pis s’ils ne sont pas d’accord !

    Au pied du verre, chaleur oblige, les maillots alors se dérobent
    Et les tanins donnent à la peau une couleur rouge et cuivrée
    La tenue d’Ève est de prestige car le vin fait tomber les robes
    Et moi, je tire mon chapeau devant ces parties enivrées.

    Tableau de Ronald West.

  • Le club des belles perdrix – 1

    Le club des belles perdrix - 1

    La Perdrix royale au sang bleu et à la couronne d’argent
    Se vêt d’étoile sur les ailes de plumes turquoise assorties.
    Mais ce n’est pas en cordon-bleu cuisiné à la Tour d’argent
    Mais entre dames et demoiselles que la perdrix est de sortie.

    Un phallocrate gastronome prétendait qu’une candidate
    Ferait une convive infâme pour savourer un mets divin
    Car appréciant moins qu’un homme
    à goûter les chairs délicates.
    Il interdit son club aux femmes qui ne savent pas goûter le vin.

    Maria Croci et ses amies créèrent « La belle perdrix »,
    Un club de vingt gastronofemmes
    pour boucher un coin aux messieurs.
    Je ne sais s’ils furent ennemis ou compétiteurs attendris
    Mais j’aurais aimé être une femme
    pour voir la tête de ces prétentieux.

    (Tableau de Donna Young.
    À la suite de la décision de Camille Cerf du Club des Cent de n’admettre aucune femme dans les réunions hebdomadaires, Maria Croci (1874-1965) et ses amies ont créé La belle Perdrix en 1928. Selon Gaston Derys cet ostracisme reposait sur l’idée que «la femme [était] moins capable que l’homme d’apprécier une chair (sic) délicate, de goûter un grand vin» https:fr.wikipedia.orgwikiClub_des_belles_perdrix?wprov=sfti1 .)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • À chaque maison son chat

    Les chats noirs, par superstition, se cachent des gens trop crédules
    Et vont reprendre des couleurs, d’un air matois, indifférent,
    En allant prendre position à la fenêtre du vestibule
    Pour mater leurs souffre-douleurs ; oiseaux, souris et chiens errants.

    Ils surveillent autant leurs maisons que le respect de leurs pitances
    Car l’aliment rythme le temps et règne sur leurs digestions.
    Peuvent varier les saisons, les journées en concomitance,
    Rien ne remettra pour autant leurs habitudes en question.

    Chat sur le toit donne le temps, chat souvent varie en automne
    Selon la patte sur l’oreille ou la queue dressée en antenne.
    Chat sur le toit, c’est important pour parer des jours monotones
    Aux pluies soudaines sans pareille qui vous maintiennent en quarantaine.

    Tableaux de Marta Orlowska sur https:www.behance.netgallery4262059Surreal-Storybook-Ladies .

  • Rêverie en bleu et rose

    L’histoire qui toujours recommence avec le lever du soleil
    Est comme l’eau de la rivière ; tout dépend de la pluie d’hier.
    Et s’il a plu une romance, un conte au pays des merveilles,
    Alors nous sommes à la lisière d’un moment clef intermédiaire.

    Mais la belle n’est pas réveillée et reste à rêver au passé ;
    Sans doute croit-elle que sa journée sera conforme aux précédentes ?
    Elle se rendort sur l’oreiller et continue à rêvasser
    Et l’heure continue de tourner dans une torpeur obsédante.

    Peu à peu les limbes s’écartent et la léthargie se dissipe ;
    Elle se redresse mais à grand peine dans les images éparpillées
    Pareilles à un château de carte dont les figures anticipent
    Une révélation soudaine sur la fille déshabillée.

    Mais voici que son ventre rond frémit lorsqu’elle se relève.
    Bien sûr ! Notre reine est enceinte et vient d’entendre le prénom
    Qui fait écho en son giron à sa rêverie qui s’achève
    Et lui a révélé l’empreinte d’un grand chevalier de renom.

    Tableaux de Daniel Ludwig sur https:poramoralarte-exposito.blogspot.com201808daniel-ludwig_20.html?m=1 .

  • L’Étoile de mon cœur

    L’Étoile de mon cœur

    J’ai capturé le soleil fou que j’avais pourtant redouté
    Au début de notre rencontre de peur de m’y brûler les yeux.
    Je n’ai jamais aimé que vous, Madame, vous vous en doutez
    Et j’aime me blottir tout contre votre galbe pur, soleilleux.

    Lorsque mon cœur s’est fait piéger par l’attraction inéluctable
    De votre charme magnétique et la grâce de vos attributs,
    J’ai laissé l’amour m’assiéger par ses promesses délectables
    Et ma reddition extatique fut la rançon de mon tribut.

    Irradié par la chaleur de votre cœur incandescent,
    Je sens vos rayons transpercer mon corps qui se métamorphose.
    Vous m’avez changé de valeur par votre amour iridescent
    Qui, dans mon âme, a dispersé une étoile d’ivresse rose.

    Tableau de Stoffberg sur https:stoffberg.bigcartel.comproducts .

  • La Reine de la Pleine Lune

    La Reine de la Pleine Lune

    « Si la pleine Lune vous aime, pourquoi vous soucier des étoiles ? »
    Ce petit proverbe africain s’adapte parfaitement à ma reine.
    Premier quartier, d’un stratagème pusillanime, elle se dévoile ;
    Dernier quartier, d’un air mesquin elle s’amenuise, elle est sans-gêne.

    Et durant toute une semaine, elle me fait languir tous les soirs.
    Plus tard, elle montre un bout de pied, une jambe ou même une demi-cuisse.
    Sournoise, hypocrite, inhumaine, mon cœur est pris dans son pressoir
    Enfin elle sort son marchepied pour m’aimer autant qu’elle puisse.

    Gibbeuses, joyeuses et heureuses, nos amours dureront sept nuits ;
    Nulle étoile ne brillera plus fort que sa brillance sur les plaines.
    Vingt-et-une journées malheureuses me replongeront dans l’ennui ;
    J’attendrai encore et encore lorsque la Lune sera pleine.

    Tableau de Darlene McElroy sur http:www.artclassicsltd.commm5merchant.mvc?Screen=CTGY&Store_Code=acl&Category_Code=_DarleneMcElroy .

  • Les chaînes de l’amour

    Croyez-vous que l’amour enchaîne le prisonnier à sa geôlière ?
    Croyez-vous que les chaînes d’or sont plus difficiles à briser ?
    Si les querelles se déchaînent sur le chemin des écolières,
    Tout va mieux dès que l’on s’endort après s’être au lit dégrisé.

    L’amour physique est fantastique et, on le dit, spirituel.
    Puisque deux chairs valent mieux qu’une, honorons la fusion des sens !
    Joignons l’utile à l’érotique en faisant l’amour rituel
    Et séparons-nous sans rancune après sa sainte jouissance.

    Nous sommes fruits d’une expérience où l’amour puise l’énergie
    Qu’il transmet avec l’amitié, la compassion, l’affinité.
    Pour expliquer sa luxuriance, il nous suffit, en synergie,
    De réunir chaque moitié et sentir leur divinité.

    Sculptures d’Adam Martinakis sur https:www.martinakis.com .

  • Femme infiniment

    La femme au miroir comparée ouvre une porte sur l’univers
    Quand elle est face à sa psyché qui démultiplie sa beauté.
    Et je ne saurais séparer entre l’endroit et son envers
    Lequel m’a le plus aguiché dans chaque plan escamoté.

    Dans une infinité de vies et une infinité de femmes,
    L’amour serait assurément éternel pour leur rendre hommage.
    Sans doute est-ce ce que Dieu vit lorsqu’il éclaira de sa flamme
    Un monde démesurément équivalent à son image.

    Dans ce miroir j’ai découvert où mon idéal féminin
    Se répétait jour après jour à chaque moment de ma vie.
    Mon cœur s’est simplement ouvert à ce phénomène bénin
    Qu’est l’infinité de l’amour lorsque ma femme me ravit.

    2 Photos anonymes et 1 Photo de Pauline Greefhorst.

  • La revanche des plus-lourds-que-l’air

    La revanche des plus-lourds-que-l’air

    Il ne souhaitait pas voyager mais demeurer à la maison ;
    Il avait peur de s’affronter à l’incertitude du temps.
    Derrière son enclos grillagé, il s’était fait une raison
    Et se moquait des effrontés qui trouvaient son goût rebutant.

    Un matin ils ont disparu ; la bastide et le propriétaire.
    Personne n’a rien entendu, personne n’a fait attention.
    Tous les voisins ont comparu devant Monsieur le commissaire
    Qui a classé la prétendue mystérieuse disparition.

    Ce sont des oiseaux migrateurs qui ont rencontré dans le ciel
    Une montgolfière de pierre tractée par des feuilles géantes.
    Ils ont vu le navigateur, un vieux monsieur résidentiel,
    Accompagné comme équipière d’une jardinière bienséante.

    Ensemble, ils s’en vont convolant, malgré sa frousse radicale,
    Sur les nuages triompher tout en restant à la maison
    Avec des feuilles d’arbres volants des forêts vierges tropicales
    Qu’elle a réussi à greffer au toit, à la belle saison.

    Tableau de Christian Schloe.

  • Le moulin aux sourires de Louisette

    Le moulin aux sourires de Louisette

    Pour être quatre fois plus heureuse, elle tient un moulin aux sourires
    Qui multiplie chaque mimique lorsque lui prend son vertigo.
    Pour paraître plus chaleureuse, elle est également prête à rire
    En tournant de façon comique les pales à tire-larigot.

    Elle tient entre ses doigts le manche que son mari lui a offert
    Et fébrilement l’appareil fait tourner ses quatre risettes.
    Ainsi du lundi au dimanche, dans une drôle d’atmosphère,
    Le tournis n’a pas son pareil pour faire sourire Louisette.

    Or – catastrophe – quand il pleut, le moulin ne fonctionne plus !
    Tous les sourires disparaissent et perdent tout leur potentiel.
    Mais dès que revient le ciel bleu – et surtout lorsqu’il a bien plu –
    Les sourires réapparaissent dans un délire d’arcs-en-ciel.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Par le sein bleu !

    Je ne jure que par le sein bleu, issu du saint des saints royal.
    Par la poitrine de Cléopâtre ou le buste de Shéhérazade.
    D’ailleurs le terme « Palsambleu » est resté conforme et loyal
    À tous les hommes qui idolâtrent les seins nus des belles naïades.

    Par les tétons de Madelon qui servait à boire aux garçons !
    Par les mamelles de la pucelle qui botta les Anglois de France !
    Par les seins ronds comme des melons qui appâtent comme un hameçon !
    Par les poitrines de toutes celles qui mettront leur doudounes en transe !

    Alors fini le rouge à lèvres, vive le bleu à mamelon !
    Turquoise estompé sur le galbe et, sur le téton, outremer.
    La femme gagnée par la fièvre du bleu fera dans les salons
    Un chef-d’œuvre des plus admirables d’azur si intense et mammaire.

    Tableaux de David Bromley.

  • Femmes aux couleurs de nuit

    Si la nuit tous les chats sont gris, qu’en est-il à propos des souris ?
    Pénétrons par le trou de serrure discrètement, non sans douleur.
    Pour orner les soirées aigries, afin que la dame sourit,
    Allons voir en lumière obscure le secret des femmes en couleur.

    Mon p’tit oiseau les a vues vertes, bleues, indigo ou violacées
    Offrant au regard une teinte impressionnante et soutenue.
    Elle est si belle la découverte des coloris entrelacés
    Sous une lampe demi-éteinte égayant ces peaux toutes nues.

    Femme du soir, couleur d’espoir, femme du matin, cheveux châtains.
    Entre les deux, tout est pervers du rouge jusqu’à l’ultraviolet.
    J’ai noté sur mon répertoire l’instant où l’orgasme est atteint
    Par une palette de vers embrassées entre les volets.

    Tableaux de John Holcomb sur https:johnholcomb.com .

  • Les fruits de Marie

    Les fruits de Marie

    Colchiques dans les prés fleurissent pour fêter la fin de l’été ;
    Le cœur de Marie a mûri et ses fruits garnissent les comportes.
    La Terre, devenue sa nourrice, de ses pluies les a allaités
    Malgré les bourrasques en furie qui entraînent les feuilles mortes.

    Marie met sa plus belle robe pour faire honneur à la Nature
    Avec des pétales de rose en guise de sous-vêtements.
    De l’humus, ses pieds se dérobent pour partir en villégiature
    Avant que les frimas moroses l’enjôlent par leurs empiètements.

    L’hiver la déshabillera et l’endormira sous la neige ;
    Nous n’apercevrons de Marie que ses habits tombés par terre.
    Le printemps la réveillera pour lui offrir, en privilège,
    Des fleurs nouvelles et mûries de pluies et soleil salutaires.

    Tableau de Duy Huynh sur https:www.dessein-de-dessin.comles-peintures-acryliques-surrealistes-de-lacclimatation-culturelle-de-duy-huynh .

  • Le cœur de Marie

    Le cœur de Marie

    Fleurs de soleil et de printemps s’échappent du cœur de Marie
    Et ses sentiments papillonnent tout autour de la floraison.
    Pensées d’amour à chaque instant qu’un ange au petit gabarit,
    Entre ses deux mains, tourbillonne pour se blottir dans sa maison.

    Pluie et rosée, Soleil et Lune, ont veillé au fleurissement
    Et tout l’été s’épanouit car la Terre devient maman.
    Adieu perce-neige et callunes, bienvenue au mûrissement
    Sous le jour qui s’évanouit et les étoiles au firmament.

    Tout finira divinement d’un bouquet de feux d’artifice
    En fleurs pour la reproduction pour être là l’année prochaine.
    L’hiver poindra timidement avec ses jours qui raccourcissent,
    Puis viendra la reconduction d’un cycle de vie qui s’enchaîne.

    Tableau de Duy Huynh sur https:www.dessein-de-dessin.comles-peintures-acryliques-surrealistes-de-lacclimatation-culturelle-de-duy-huynh .

  • Carré de reines – 2

    La Reine de Cœur cherche un mari qui lui donnera beaucoup d’enfants ;
    Un Italien pour l’amuser, un Français ou un Autrichien.
    Hélas le Roi, homme marri, ne s’est pas montré triomphant
    Et la Reine désabusée s’en retourne auprès de ses chiens.

    La Reine de Carreau cherche un amant pour la distraire les jours de pluie
    Et tromper sa mélancolie, tromper son Roi et son ennui.
    Hélas le Roi, sur le moment, a oublié son parapluie,
    Puis les a surpris dans son lit et les a tués cette nuit.

    La Reine de Trèfle cherche un galant pour l’accompagner sur les routes
    Tandis que le Roi se dérobe pour aller jouer au Casino.
    Hélas le Roi mirobolant, éperdu, s’est mis en déroute
    Et ne peut ni payer ses robes, ni les frais de son Valentino.

    La Reine de Pique cherche un chéri juste pour un soir, une nuit ;
    Baiser dans ses draps de satin et puis le jeter en chemin.
    Hélas le Roi, homme aguerri, l’a fait tant jouir à minuit
    De sept orgasmes jusqu’au matin qu’il a droit de rester demain.

    Tableaux de Donatella Marraoni.

  • Carré de reines – 1

    Le Roi de Cœur, homme fidèle cherche sa Reine appropriée ;
    Comme il a l’esprit cavalier, il sait qu’il peut tout pardonner.
    Hélas la Reine est infidèle et ne se fait jamais prier
    Pour rencontrer beaux chevaliers, marquis ou même baronnets

    Le Roi de Carreaux, homme admirable, cherche sa Reine la plus belle
    Avec cuisses bien affermies et une poitrine de rêve.
    Hélas la Reine, fort désirable, qui aime un espion chez les rebelles,
    A fait pénétrer l’ennemi et la fin du Roi fut très brève.

    Le Roi de Trèfle, homme d’argent, cherche sa Reine intelligente
    Avec amplement d’avenant et de l’esprit sous le chapeau.
    Hélas la Reine en partageant d’une manière trop diligente
    Son fonds de commerce à tout venant l’a ruiné et l’a mis capot.

    Le Roi de Pique, homme volage, cherche sa Reine voluptueuse
    Qui sache lui donner au lit, le plaisir, l’amour et l’extase.
    Hélas la Reine, sous son pelage, possède une âme de tueuse
    Et, dès le premier hallali, le Roi est mort d’une épectase.

    Tableaux de Donatella Marraoni.

  • Une blanche et trois noires

    Une blanche et trois noires

    Le musicien reste de marbre apparemment à l’auditoire
    De trois oiseaux noirs suraiguës et une oiselle sans entrave.
    Pour jouer la mélodie de l’arbre, les notes sont rédhibitoires
    Car les corbeaux trillent les aiguës et la colombe chante les graves.

    L’instrument, de ses propres branches sacrifiées pour la musique,
    Résonne d’une âme féconde accordée aux piafs concertistes.
    Tous les mélomanes qu’ils branchent accourent ouïr la liturgique
    Ballade de la forêt profonde avec ses millions de choristes.

    Car la litanie enchantée calme l’ensemble des prédateurs,
    Les ours, les loups, lynx, sangliers, même les hiboux sur leurs mâtures.
    Elle aide les biches à enfanter grâce au tempo pondérateur
    Dont les fréquences sont liées au pouls de la Mère Nature.

    Illustration de JRSlattum.

  • Quel est le peintre de mes rêves ?

    Quel est le peintre de mes rêves ?

    Combien de fois ai-je arpenté l’escalier des vagues turquoise
    Qui mène derrière l’horizon là où naissent les légendes kurdes,
    Dans ce décor parementé de nébulosités narquoises
    Qu’un peintre a, sans autre raison, mélangées dans un rêve absurde ?

    La Pleine Lune évidemment et ses orages magnétiques
    Qui viennent inciter les étoiles à briller comme des soleils
    Et danser dans le firmament de ce fond de ciel hypnotique
    Qu’un peintre a brossé sur la toile de l’univers de mon sommeil.

    Mais quel est ce peintre lubrique qui peint ces décors enchantés
    Où ma nudité s’insinue comme un pinceau émancipé ?
    Sans doute un rêveur excentrique qui m’invite à me transplanter
    Dans ce paradis inconnu et me prie d’y participer.

    Tableau de Tuco Amalfi.

  • Les poissons rouges

    Elle ne mange ni poisson ni crustacé, c’est trop malsain !
    Elle ne prend, comme boisson, que l’eau pure de son bassin.
    Un bassin construit par son père à l’ombre d’un saule pleureur
    Dont le faîte au soleil espère capter son feu en éclaireur.

    Elle l’a transformé en lit, un lit rond comme un aquarium
    Pour noyer sa mélancolie délayée dans son vivarium.
    Elle y dort dès la nuit tombée par-dessous la voute stellaire
    Et s’y laisse aller succomber aux rayons du halo lunaire.

    Comme une Belle-au-Bois-Dormant, elle s’est endormie pour longtemps
    Attendant un Prince Charmant entre quatorze et vingt printemps
    Qui lui fera du bouche-à-bouche en descendant vers le pubis,
    Puis la conduira de sa couche au grand Royaume des Abysses.

    Tableaux de Fernando Vicente.

  • Vacances 2022

    Dans l’esprit de l’homme moderne, la mode des loisirs progresse ;
    Pour chanter, danser tout l’été, il travaille toute l’année.
    L’hiver, il s’engraisse, il hiberne, puis au printemps, à bas la graisse,
    Changement de réalité et vivent les belles peaux tannées !

    Toujours plus haut sur les sommets, cap sur les montagnes enneigées,
    Faire du ski sur les glaciers ou s’éclater en randonnées !
    Des activités consommées pour éviter de gamberger
    Au temps de travail disgracié mais s’amuser, s’abandonner !

    Partout autour de la planète vont les tsunamis de touristes
    Rechercher les émotions fortes et tout ce qui les met en transe.
    Et puis l’on compte les cannettes, les déchets de plus en plus tristes
    Que tous les océans transportent comme souvenirs de vacances.

    Illustrations de Blachon.

  • L’œil au crépuscule

    L’œil au crépuscule

    Un œil géant dans le désert semblait surgir pour m’observer
    Venu sans doute pour apaiser sa faim et chercher l’aventure.
    Tout comme un loup très peu disert ou bien un renard réservé
    Dardant sa pupille braisée sur l’azur brossé d’argenture.

    Je m’attendais à une voix perçant le firmament voilé
    Pour me dire : « Apprivoise-moi ! Je m’ennuie tant sur ta planète ! »
    Mais seuls les buissons à claire-voie dansaient sous le ciel étoilé
    Agités par un vent sournois qui sifflait entre les dunettes.

    Mais plus le soleil s’affaissait et plus le regard s’acérait
    Tout comme l’œil de la conscience pour moi, esseulé désormais.
    Et plus le jour disparaissait plus sa vision m’exaspérait
    Jusqu’à ce que dans l’insouciance, la nuit ne l’aveugle à jamais.

    Tableau « Eye Over the Desert » de Paul Lehr sur https:70sscifiart.tumblr.com.