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  • Quand l’homme-loup sort du bois

    Panique en terrain Helvétique ; l’homme-loup est sorti du bois,
    Les troupeaux étaient menacés et l’on craint pour le loup-garou
    Dont l’ombre rouge et hérétique sous la pleine Lune flamboie !
    Un vent de folie angoissée s’avance sur les chapeaux de roue.

    Mais le voici sur la clairière, la silhouette à découvert ;
    Seuls quelques rapaces nocturnes ponctuent le silence immobile.
    Soudain il force la barrière et franchit le portail ouvert
    Sous une Lune taciturne et son halo indélébile.

    Or la Lune est devenue rousse car la Terre l’a éclipsée ;
    Moment tragique, astronomique, générateur de désespoir.
    Dans l’atmosphère qui se courrouce, bientôt une femme sera fixée ;
    Celui qui vient, fantomatique, est peut-être son dernier espoir.

    Faut-il lui faire bon accueil ? Elle frémit sous l’ombre mouvante,
    Ses yeux perçant l’éclipse noire d’où émerge un ancien serment.
    L’homme-loup parait sur le seuil, sa voix rauque et douce l’enchante,
    Puis dans un geste incantatoire, l’emporte vers le bois dormant.

    Tableau de Robert Frondozio.

  • En attendant le grand Amour

    En attendant le grand amour, que faire pour préparer son cœur ?
    Faut-il l’entraîner tous les jours aux plaisirs des jeux des garçons ?
    Apprendre à avoir de l’humour face aux rires des hommes moqueurs
    Qui la titilleront toujours quoi qu’elle fasse de toutes façons…

    Le Prince Charmant se fait attendre et Cendrillon, mélancolique,
    S’ennuie toute seule sur son lit à force de redessiner
    Mille fois la carte du tendre et ses étapes bucoliques
    Dans les paysages d’Italie pour une folle destinée.

    Mais Cendrillon devient morose car les jours filent et défilent,
    Le temps arrête les secondes dans une attente sempiternelle.
    Elle rêvait la vie en rose mais c’est le blues qui se profile
    Avec le cœur qui vagabonde dans une triste ritournelle.

    Mais soudain, minuit carillonne et, dans l’écho d’un doux mystère,
    Un homme dans les ombres opportunes traverse le jardin, masqué.
    Elle sourit, son ventre papillonne ; un vent d’amour flotte dans l’air ;
    Soudain sous un rayon de Lune… le Prince Charmant est démasqué.

    Tableau d’Alex de Marcos.

  • L’Épikon et la femme à pois

    Quant au problème de l’Épikon… ce devait être un drôle d’oiseau !
    Et à propos de la femme à pois… ce devait être alors à la mode !
    Sans doute des pois rubiconds entr’aperçus sur les réseaux
    Enchéris et vendus au poids de l’autre côté des antipodes…

    Ou bien un rêve de l’artiste qui voyageait en Absurdie
    Dans quelque pays des merveilles qu’Alice n’aurait pas visité.
    Songe ou mirage d’occultiste dont l’esprit s’est abasourdi
    Après mille-et-une nuits de veilles frôlant la dangerosité.

    Mais si j’en crois ces irruptions d’une Vénus stéatopyge
    De la couleur du volatile perché au-dessus de sa toque,
    Il s’agirait de corruption qui, sur ses fesses callipyges,
    Lui aurait de façon contractile inoculé des gonocoques.

    Illustration de Roland Topor.

  • Qui fait rire Bouddha ?

    Une femme nue ? Bouddha s’en fout ! Une femme offerte ? Bouddha s’en moque !
    Alors que faire quand on est femme pour susciter son intérêt ?
    Ce n’est pas par faute de goût ni que son cœur batte la breloque,
    Bouddha n’a simplement pas d’âme-sœur et ni le cœur guilleret.

    Sans doute que Yashodhara reste à demeure dans son cœur
    Et dans sa mémoire aux fantasmes ; ce qui explique son sourire.
    En effet sous les apparats d’un bon vivant un peu moqueur,
    Le souvenir de ses orgasmes lui provoque toujours des fou rires.

    L’un des fantasmes, rapporté par les légendes illégitimes,
    Raconte que Yashodhara l’aurait caressé d’une plume
    Qu’elle aurait passée à portée de ses parties les plus intimes
    Ouvrant ainsi le nirvâna par une extase à plein volume.

    Car dans le temple du désir, les échos entrent en collision ;
    Le rire sacré de Bouddha évolue en nec plus ultra.
    La plume, frôlant le plaisir, libère un flot de collusions
    Pareilles à toute une armada d’adeptes du Kâmasûtra.

    Tableau de Henry Clive sur https:americangallery.wordpress.com20120727henry-clive-1882-1960 .

  • Fol amour imaginaire

    Depuis sa toute petite enfance, elle possédait un confident ;
    Un ami extraordinaire, capricieux et imprévisible
    Mais prenant toujours sa défense tant il était intimidant
    Ce compagnon imaginaire qui travaillait dans l’invisible !

    Il réparait les injustices qu’elle subissait à l’école ;
    Ses ennemis tombaient malades, se blessaient ou déménageaient.
    Par des manœuvres subreptices, il éloignait les pots-de-colle
    Qui lui racontaient des salades qui chaque jour la dérangeaient.

    Et puis la pucelle grandit et l’amitié devint amour
    Et quand les bûcherons coupèrent l’arbre où logeait son partenaire,
    Elle rechercha et brandit l’échantillon le plus glamour
    Qui devint alors son compère pour d’intimes préliminaires.

    Dans l’ombre enfiévrée de ses rêves, se mue un sarment enflammé ;
    L’amant devine son désir et prodigue caresses exquises.
    Ses câlins s’enchaînent sans trêve et l’extase vient lui allumer
    Un foyer brûlant de plaisir au sein de la fille conquise.

    Tableau de Gil Bruvel.

  • Du lait de la sève à la vigne

    « Ah, que ne suis-je mandragore à téter le sel de la Terre
    Auprès d’une jeune vigne vierge qui me nourrirait de son lait,
    D’une succion qui revigore et circule dans mes artères
    Jusqu’à me redresser la verge comme si son sang me branlait ! »

    Ainsi pensais-je suspendu par les pieds devant l’absolu
    Du monde de l’absurdité dans lequel pourtant je me plais,
    Plutôt qu’en être morfondu, à rêver de mon dévolu
    À la moindre opportunité de rire de ce qui me déplaît.

    Ah, que ne suis-je Pythagore, tétant sa muse goulûment
    Pour en extraire toute la sève des mathématiques appliquées
    À quadraturer l’égrégore du cercle parfait absolument
    Lorsqu’il fait comprendre à l’élève que l’existence est compliquée.

    Mais qu’on ne me parle de moire qui transparaît dans mon tableau ;
    Peu m’importe si l’on l’a enduit d’un vernis fait de pur délire !
    Je veux danser sur mes mémoires où coulent en flux ces mots mi-clos
    Qui s’ouvrent comme un sauf-conduit vers l’envie de tout embellir.

    Tableau de Jana Brike.

  • La transbiche

    « Est-ce une femme à moitié cerf ou bien une sirène-des-bois ? »
    Me dis-je quand je rencontrai la créature d’un air hagard.
    Mais elle ne crut pas nécessaire de s’enfuir comme biche aux abois
    Car la chimère ne me montrait aucune peur dans son regard.

    Elle a tourné autour de moi, me reniflant sur tout le corps,
    Puis m’a caressé le visage sans que sa bouche ne dise mot.
    Et de tous mes sens en émoi, je voulus tenter un accord
    En faisant – comme il est d’usage – d’apprivoiser les animaux.

    Je lui ai parlé doucement en me rapprochant lentement ;
    J’ai embrassé furtivement ses jolies lèvres rougeoyantes.
    Elle en eut un trémoussement mais donna son consentement
    Pour un baiser activement animé d’une fougue foudroyante.

    Pris par la main, elle m’entraîna par les sentiers dans sa tanière
    Pour y faire multiples caresses et l’amour à plusieurs reprises.
    Le lendemain elle étrennait de nouveaux bois à sa crinière
    Qui donnaient à la chasseresse une distinction sans surprise…

    Tableau de Sarah Joncas.

  • Procession solaire

    Procession solaire

    Petits et grands, il nous motive et nous formate nos journées
    Depuis le matin jusqu’au soir, de l’aube jusqu’au crépuscule,
    Comme une fière locomotive qui nous entraîne dans sa tournée
    Nous, les wagons remplis d’espoir jusqu’à c’qu’il devienne minuscule.

    Car après nous sommes perdus, nous craignons tous les prédateurs
    Embusqués dans l’obscurité prêts à ravir un compagnon.
    Et dans cette nuit éperdue, nos rêves sont révélateurs
    De la peur d’insécurité et de la mort que nous craignons.

    Alléluia, le revoilà ! Aussitôt la pointe du jour
    Ce sont les plus petits d’entre nous qui s’éveillent pour lui rendre hommage.
    Et nous chantons a capella ce refrain qui revient toujours
    « Ô Soleil ! Je suis à genoux ; élève-nous à ton image ! »

    Illustration de Jon Carling sur https:skysnail.livejournal.com1162631.html .

  • En sari à voile

    En sari à voile

    S’il faut une queue de poisson pour devenir une sirène
    Alors un beau sari à voile m’ouvrira bien la voie des airs !
    Je m’envolerai sous la pression d’une brasse papillon sereine
    Qui me portera aux étoiles ou bien aux confins du désert.

    Je l’ai tricoté de mes rêves et mes passions pour explorer
    Les mondes d’en-haut insolites avec un regard de candide
    Que je continuerai sans trêve jusqu’à voir Dieu et l’implorer
    De me trouver un acolyte pour braver l’attraction sordide…

    …Et convoler en justes noces avec les oiseaux migrateurs
    Qui nous aideront à bâtir un nid d’amour en djellaba
    Pour avoir des enfants précoces qui se feront explorateurs
    Et n’auront pas à compatir de ce qui se passe ici-bas.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Dans les abysses

    Quels sont ces murmures aquatiques dans les creux des fosses marines
    Où naissent nus les chants d’appels qui montent au-dessus des eaux calmes ?
    Quelles sont ces voix fantasmatiques soufflées des trompes utérines
    Qui vous découpent tel un scalpel, à coups de queues, à coups de palmes ?

    Sous les eaux lourdes, dans le noir, dans le plus profond des silences,
    Celles qui ne sont plus désirées transmettent aux jeunes le flambeau.
    Anciennes sirènes au manoir abyssal sont en vigilance
    Pour enseigner aux délurées ce qui fit trembler Salambô.

    Elles ne cherchent plus à séduire mais à calmer le feu ardent
    Du jeune corps ornemental qui sera sirène inspirée
    Afin qu’elle sache reproduire le chant létal et poignardant ;
    Noyade douce du mental, là où nul ne peut respirer.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Le labyrinthe ouvert qui se referme

    Quand le printemps ouvre ses portes, l’absurdité du temps s’installe
    Et je m’imagine libéré enfin de la morte saison.
    Mais ce même temps me transporte à sa guise grâce à ses vestales,
    Adoratrices sidérées de la nature en floraison.

    Quand vient l’été, toutes les portes s’ouvrent ensemble et je suis libre
    D’aller dans un autre couloir avec autant d’entrées-sorties
    Vers l’intérieur mais peu importe, je crois retrouver l’équilibre
    Jusqu’à ce que, sans le vouloir, j’en suis à présent ressorti.

    Mais une automne illusionniste me change les couleurs du temps ;
    Les jours déclinent sous les ombres bleues des heures entre chien et loup.
    Et je retrouve, prévisionniste, la vieille grenouille d’antan
    Qui sort du bocal sans encombre et saute le mur tranquillou.

    L’hiver replie ses corridors dans le silence et moi, je flanche ;
    Le labyrinthe se resserre sur mes traces à demi fondues.
    Des bras sans corps, mon cœur s’endort, des yeux sans plis d’une mort blanche
    Et moi, je rêve de murs de verre dans ce dédale confondu.

    Illustrations de Virginia Mori sur https:creativepool.commagazineinspirationtake-a-look-at-the-delightfully-ancient-and-metaphorical-style-of-this-talented-illustrator–memberspotlight.26034 .

  • À double sens

    À double sens

    Opium du peuple, la religion ? Extasy le goût du pouvoir ?
    Tous les mots sont à double sens dès qu’il s’agit d’exploiter l’homme.
    Quant à la femme, ils sont légion à l’exploiter afin d’avoir
    Une descendance avec décence attribuée à leur génome.

    Même le sexe à double sens multiplie les genres aujourd’hui ;
    Il paraît même que les femmes seraient des perles à ce jeu-là.
    On contrôle déjà les naissances, on choisit, on se reproduit
    Et les enfants qui trouvent infâme leur sexe pourront changer tout ça.

    Et pire encore, tous mes reflets ont toujours été ambiguës ;
    Parfois j’inverse la gauche, la droite et parfois le haut et le bas.
    En effet, j’aime bien persifler avec des détails exiguës
    Que je retourne d’une rime adroite par sous-entendus – et coups bas.

    Illustration de Milo Manara.

  • L’autre face de l’Europe

    L’autre face de l’Europe

    Chaque fois que l’Europe s’affaisse devant l’Asie ou l’Amérique,
    Sur l’Olympe, Zeus se retourne en se disant : « Tout ça pour ça ! »
    Comme si Europe montrait sa fesse pour fuir le désir chimérique
    Des nouveaux dieux qui s’en détournent négligemment, couci-couça

    Pourtant lorsque je pense aux fesses callipyges de notre Europe
    Face aux bides ventripotents asiatiques, américains,
    Avec ostentation de graisse comme un virulent psychotrope,
    Je me dis qu’il est ravigotant d’ignorer leurs propos taquins.

    Elle est si belle notre Europe ! C’est dommage qu’elle soit revêtue
    De tant de règles imbéciles proposées par nos ronds-de-cuir !
    Ne soyons pas trop misanthropes envers tous ceux qui s’évertuent
    À nous servir à domicile tout ce qui nous incite à fuir.

    Tableau de Félix Vallotton.

  • Les sirènes existent

    Les sirènes existent

    J’ai rencontré une sirène de l’autre côté du miroir
    Sous l’onde calme où se devine un chant noyé de transparence.
    J’allais sur ma vieille carène poursuivre les reflets ivoires
    D’un lever de Lune rubine troublante dans son apparence.

    Elle était là sur son rocher, au beau milieu du labyrinthe
    Et m’a promis de me guider vers l’issue en toute confiance.
    Je me suis alors approché, ne manifestant nulle crainte ;
    Son petit air intimidé a brisé toute méfiance.

    Elle a fait tant de faux détours pour retrouver le bon chemin
    Que j’en ai eu tant le tournis que de peur je l’ai semoncée.
    J’ai lu un chagrin sans retour dans ses yeux implorant ma main
    Pour me donner l’aide fournie et nous permettre d’avancer.

    Mais ses erreurs, ses pas tremblants, m’ont fait douter de son savoir
    Je crus la perdre et j’ai crié avec des élans de colère.
    Voyant son regard si troublant, j’ai voulu montrer par devoir
    Une clémence appropriée pour sortir de cette galère.

    Et je suis tombé dans son piège en m’apitoyant sur son sort
    Ce fragile gage d’amitié s’est transformé en crèvecœur.
    Et vaincu par ses sortilèges a surgi, en dernier ressort
    Dans le miroir, l’inimitié d’une sirène dévorant mon cœur.

    Illustration de Milo Manara.

  • Bon thé, bon tigre

    Bon thé, bon tigre

    Lorsque c’est son jour de bon thé, la sirène se la coule douce
    Et se prélasse dans sa tasse auprès de son tigre tout doux.
    Lui-même fera signe de bonté sans que cela ne le courrouce
    Croquant le sucre qu’elle lui casse avec bonbons et roudoudous.

    Lorsque c’est son jour de café, attention, la sirène s’énerve !
    Elle sort alors de sa soucoupe ; le moment est venu, enfin !
    Sous pression, toute décoiffée, étant sortie de sa réserve,
    Elle monte sur le tigre en croupe pour aller assouvir sa faim.

    Tempête dans un verre d’eau ! Ils rentrent tous les deux bredouilles ;
    Ils n’ont pu trouver que du lait en poudre, pas demi-écrémé !
    Alors tant pis, on fait dodo et l’on se fait mille papouilles
    Pour tenter de se consoler… car nos amis sont déprimés.

    Peut-être que pour le premier août, la sirène est moins difficile
    Et préfère boire l’eau-de-vie et ce, malgré le « qu’en-dira-t-on » !
    Et alors son tigre sans doute se prendra pour un ours docile,
    Celui qui flotte et qui ravit sur les drapeaux de nos cantons !

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Carte postale de juillet

    Carte postale de juillet

    Grand Cacatois est juilletiste – ce n’est pas son plus grand défaut –
    Comme il est amoureux d’une île, il y retourne tous les ans.
    Un mois dans le camps de nudistes avec des femmes comme il faut :
    Filles de pirates à peine nubiles sans le côté culpabilisant.

    Ça, c’est ce qu’il veut nous faire croire car en vérité l’île est nue
    Sans autre habitant que lui-même et sa sirène ostentatoire
    Qui se plait à lui faire accroire à des amours sans retenues
    Malgré son petit cœur qui l’aime… mais c’est une chipie notoire.

    Après tout un mois de juillet à lui décrocher trente lunes,
    À lui chanter la sérénade, la sirène a plié bagages.
    Alors Cacatois, appuyé sur une rambarde opportune
    Se dit : « Finie la déconnade ; il est temps de tourner la page ! »

    « Mes chers compagnons de fortune, » – a-t-il écrit dans une lettre –
    « J’ai bien profité de mon or et des jolies filles bien roulées !
    Repartons à la chasse aux thunes car le mois d’août doit nous permettre
    D’en amasser car il m’honore de vous conduire où vous voulez ! »

    Tableau de Laureline Lechat.

  • Quand juillet ôte sa robe de roses peintes

    Quand juillet ôte sa robe de roses peintes

    Après les feux sous les lampions dont juillet fut très magnanime,
    Après les amours de Juliette et ses Roméo d’affilée,
    Voici que partent nos champions des bals musette synonymes
    De belle soirées gentillettes ou endiablées qui ont défilé.

    Le mois s’effeuille en robe peinte de roses tombant une à une,
    Comme les promesses qu’on murmure avant de partir en vacances.
    La Lune, témoin des étreintes, s’endort dans ses voiles de brume
    Et l’été glisse comme mûr, ludique et avec éloquence.

    Mais voilà. L’été se transforme et aspire au temps des moissons ;
    Mais Juillet garde dans ses valises l’ensemble des bons souvenirs.
    Mais il laisse une table conforme avec fruits, fromages et boissons
    Pour le mois d’août qui rivalise déjà des beaux jours à venir.

    Tableau de June Leeloo.

  • En un mot, c’était un fantôme

    En un mot, c’était un fantôme

    Par hasard, photographiant une ruelle pittoresque
    Sur ma rétine a persisté l’image d’une ombre furtive.
    Était-ce un flash insignifiant ? Un attrape-nigaud grotesque ?
    La photo m’en a attesté la preuve significative.

    Demi-dieu ou demi-déesse ? Je n’ai pas eu le temps de voir ;
    Juste une silhouette floue remontant la rue en courant.
    Juste le temps d’une prouesse que mon cœur a su percevoir
    Tout en rendant l’esprit jaloux de n’avoir été concourant.

    Je suis revenu plusieurs fois et chaque fois je l’ai revue ;
    Une silhouette mince et svelte mais féminine j’en suis sûr.
    Je me suis renseigné : autrefois, on a parlé de « déjà-vu »,
    Échos de vieilles légendes celtes où des voyageurs l’aperçurent.

    J’appris qu’au siècle des lumières, une amante aux amours brisées
    Errant en pleurs dans cette rue s’était jetée du vieux balcon.
    Depuis, captive et solitaire, son spectre hante les pavés,
    Cherchant l’étreinte disparue d’un cœur éteint sous l’abandon.

    Un murmure fendant l’espace, effleurant l’air d’un chant discret ;
    Un souffle à peine, une caresse, un frisson d’ombre dans la nuit.
    Mais dès qu’elle approche la place, son pas glissant comme un secret,
    Ne laisse qu’un parfum d’ivresse et l’illusion d’un doux ennui…

    Photo de Dmitry Savchenko sur https:www.saatchiart.comen-chdmitrysavchenko .

  • L’ascension de la rose

    Ce matin, Princesse des fleurs
    Sera baptisée de rosée
    Sous le regard de ses parrains,
    Arbres, buissons, haies et fûtée.

    À Midi encore des pleurs
    D’émotions bien trop arrosées ;
    On vit sur le même terrain,
    Ça crée des liens plus affutés.

    Ce soir, il y a propension ;
    Ce soir, la forêt va prédire
    Ce soir, sans doute encore des pleurs,
    Ce soir, de transe omniprésente.

    La rose est en pleine ascension ;
    Oui mais qu’est-ce que cela veut dire ?
    Parle-t-on de la Reine des fleurs
    Ou bien de ce qu’elle représente ?

    Demain, d’autres fleurs en bouton ;
    La Reine des fleurs va nourrir
    De sa sève sa descendance
    Et de son âme pastorale.

    Demain, ce que nous redoutons.
    La Reine des fleurs va mourir
    Pour suivre alors son ascendance
    Vers une autre étape florale.

    Tableaux de Jane Graverol sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com202404jane-graverol.html .

  • Les flux de lumières contraires

    Les flux de lumières contraires

    Dans mon petit intérieur vert que j’aime car il me ressemble,
    Tout s’est imprégné des douleurs et des joies de mon existence.
    Petit confort de mots couverts et d’intimité que j’assemble
    Au gré des jours et des couleurs dont je goûte la persistance.

    Et puis l’extérieur se révèle en teintes froides et sauvages
    Qui font peur quand tombe la nuit surtout les nuits de pleine lune.
    Excepté la lueur nouvelle en face au quatrième étage
    Qui perce un tunnel de minuit et ses rencontres inopportunes.

    Et tout bascule comme un rêve – d’ailleurs en serait-ce un ? J’en doute ! –
    Deux cygnes dansent sous les fleurs qui sont chargées de souvenirs.
    Deux signes qui tournent sans trêve et dont le terme se redoute
    Car il annoncera des pleurs ou des rires à n’en plus finir.

    Puis le silence se délite ; un vent d’azur fend le décor.
    Un soleil noir, dramaturgique crève l’aurore irréfragable.
    Les cygnes glissent et s’évitent ; enfin, dans un ultime accord,
    S’éclipsent, blancs et stratégiques, dans un fou-rires infatigable.

    Illustration d’Oda Iselin sur https:elephant.artanime-meets-norwegian-folklore-in-the-dreamlike-work-of-oda-iselin-sonderland-03112020 .

  • La mère de la sérénité

    La mère de la sérénité

    Plutôt lunaire comme plage pour la mère de sérénité !
    Mais n’est-ce pas, pour sa quiétude, l’exacte atmosphère requise ?
    Pourtant quel joli assemblage que ce moment d’éternité
    Pour une femme dans sa solitude au milieu d’une ambiance exquise !

    Tout doucement et sans troubler son moment de méditation,
    Je m’assis juste en face d’elle en la fixant obstinément.
    Or mon intérêt redoublé dut éveiller son attention
    Car elle posa, comme un modèle l’aurait fait, opportunément.

    Lors je lui déclamai mes vers avec des mots bien accrochant,
    La comparant à Aphrodite à peine éclose de la mer.
    Je l’espérais, elle a ouvert les bras tout en se rapprochant
    Pour que ma plume l’accrédite à l’encre d’un baiser outre-mer.

    D’un sourire, à peine esquissé, elle fit chavirer cet échange
    D’un geste lent, elle sépara la frontière de tous les possibles.
    Ensuite elle se mit à tisser mes vers d’une manière étrange
    Faisant, d’un discours d’apparat, une ode à ce rêve impossible.

    Tableau de Max Nonnenbruch.

  • Le matin des magiciennes

    Le matin des magiciennes

    Comme des reines égyptiennes, les seins nus et l’air goguenard,
    Qui savent qu’elles vont succomber à la mort de leurs souverains,
    Tôt le matin, les magiciennes sortent leurs chiens et leurs renards
    Et rentrent à la nuit tombée à l’insu d’autres riverains.

    Quels rites vont-elles accomplir et à qui sont-ils consacrés ?
    Pour le savoir il faut les suivre malgré le chien montrant ses crocs.
    J’ai surpris l’une d’elles remplir sa gourde à la source sacrée
    Et vu ce qui allait s’ensuivre auprès des bassins sépulcraux.

    Elles cueillent des plantes magiques, millepertuis et digitale,
    Armoise et parfois mandragore au pied de l’arbre des pendus.
    Quant à leurs vertus liturgiques, j’en ai perçu l’action létale
    Qui a tué net l’égrégore sur le Mont Chauve répandu.

    Les flammes aux lueurs dansantes éveillaient leurs anciens grimoires
    Sous les doigts fins des officiantes traçant des signes sibyllins.
    Leurs voix résonnaient lancinantes, invoquant d’obscures mémoires
    Dans une ambiance hallucinante, sous de sourds échos cristallins.

    Représentation artistique d’une femme de l’âge du bronze accompagnée d’un chien et d’un renard de J. A. Peñas.

  • Reflets pervers

    Reflets pervers

    Après mes aventures épiques dans les nuits mauves aux reflets verts
    Que filtraient des rayons de Lune sur un bestiaire chimérique,
    Le crabe et les lapins typiques des grands mystères de l’univers
    M’avaient ouvert une opportune voie des plus fantasmagoriques.

    J’entrai à l’appel de mon nom ; elle m’attendait dans le salon
    Dont un canapé émeraude trônait entouré de grands phoques.
    Sans que je puisse dire non, elle m’ôta mon pantalon
    Tandis qu’exprimait la maraude ces doux propos assez loufoques :

    « Mon poète aux rêves pervers, toi qui as su me concevoir
    Comme une déesse durant mille-et-une nuits de bohème,
    Transforme donc tes reflets vers en une femme dont le pouvoir
    Saura en songes récurrents t’insuffler ses plus beaux poèmes ! »

    Ainsi, docile et solitaire, je façonnai sous mes paupières
    L’éclat troublant de son regard au seuil d’un mystique dessein.
    Mais quand mes yeux se dessillèrent, ne restaient que vagues œillères
    Évanouies d’un souffle hagard qui m’a effacé son dessin.

    Illustration de Nicole Claveloux.

  • À la ville comme à la campagne

    À la ville comme à la campagne

    « Alphonse Allais, Alphonse ira à la ville comme à la campagne
    Et s’il le faut, on construira des arbres et des fleurs en béton
    Que le promeneur appréciera en les arrosant de champagne
    Dont la bouteille produira des tessons contre les piétons ! »

    L’intelligence artificielle avec laquelle je dialoguais
    Parlait ainsi sur l’habitat et le futur de la planète.
    Par cette réponse superficielle, j’ai pensé qu’elle me prodiguait
    Des résolutions suicidaires pour lui laisser la place nette.

    Non seulement tout le monde ment mais l’IA est plus pernicieuse
    En nous habituant à gober ses mots avec sincérité.
    Le mensonge est mondialement répandu de façon vicieuse,
    L’IA ment à la dérobée en l’enrobant de vérité.

    Illustration de Ran Zheng sur http:www.ranzhengart.com .

  • Méditation & Réflexion

    Méditation & Réflexion

    Assise dans la salle d’attente aux murs pauvres et déshabillés,
    Je me sens nue et sans histoire, en totale décrépitude.
    Aucun souvenir ne me tente pour ressasser les vieux billets
    Entreposés dans ma mémoire mais détrempés de lassitude.

    Pourtant dans la méditation qui lutte contre ma patience,
    S’entrouvre entre deux réflexions une porte sur l’imaginaire
    Due à la préméditation de la part de mon inconscience
    Qui vient faire une projection de façon extraordinaire.

    Jamais je n’aurai voyagé autant que dans ces salles ternes
    Qui m’offrent paradoxalement tout un terrain de découvertes.
    Sans doute un esprit ravagé d’une lacune qui me consterne
    Et produit cet esseulement dont mon âme reste recouverte.

    Photo de Mary Pratt.

  • La lecture amoureuse

    La lecture amoureuse

    Bien que l’intrigue soit amoureuse de moi depuis que je sais lire,
    Elle se cache dans les rayons de mon intime bibliothèque.
    Espiègle, elle se glisse langoureuse entre les pages en plein délire
    Et transforme à coup de crayons les albums de ma bédéthèque.

    J’ai des Tintin signés Franquin, des Spirou signés Hugo Pratt
    Des Asterix signés Prévert et des Lucky Luke, Uderzo.
    Gaston est devenu rouquin, Yoko Tsuno est phallocrate,
    Les schtroumpfs portent des bonnets verts, Blacksad arbore un bec d’oiseau.

    Je suis passé au numérique, elle m’a suivi entre les lignes
    Pour avoir la voix au chapitre et faire de moi son héros
    Dans une aventure homérique avec l’héroïne maligne
    Dont le nom placé sous le titre indique un sacré numéro.

    Illustration de Virginia Mori sur https:creativepool.commagazineinspirationtake-a-look-at-the-delightfully-ancient-and-metaphorical-style-of-this-talented-illustrator–memberspotlight.26034 .

  • Le pouvoir du papier

    Le pouvoir du papier

    L’écriture me mène en bateau avec toutes ses illusions
    Mais elle permet tant de voyages sur la mer de l’inspiration !
    Souvent, cerise sur le gâteau, les découvertes à profusions
    Récompensent mes louvoyages contre les démotivations.

    Combien de fois ai-je dû ramer à contre-courant des marées ?
    Combien de fois ai-je jeté l’encre qui séchait dans ma plume ?
    Mais parfois un vent programmé par ma muse m’a fait marrer
    Et m’a conduit sans m’agiter vers des bonheurs à plein volume !

    D’ailleurs plutôt que de mourir, pour mon dernier voyage en mer,
    Je ferai provisions de rames de papier et d’encre de Chine.
    Et j’arrêterai de courir après mes rêves et mes chimères
    Pour affronter mon meilleur drame en cessant d’être une machine.

    Illustration de Lisandro Rota.

  • ÂME

    Â l’aube je t’ouvrirai mon cœur, le soir je t’ouvrirai mon corps !
    Mains offertes et bouche complice, les yeux grand ouverts de mon âme !
    Embrase-moi de ta chaleur, ton Soleil et ma Lune d’or !

    Ancre-moi fort dans ton regard, enlace-moi comme une flamme !
    Mon corps attend ton feu hagard, mon cœur qui pleure à chaudes larmes !
    Effleure-moi sans t’excuser, je t’ouvrirai alors mon âme !


    Aime-moi sans rien demander, j’ôterai un à un mes voiles !
    Mène-moi au septième ciel, je veux briller comme une étoile !
    Enivre-moi de ta liqueur et c’est l’orgasme qui se dévoile !

    Arme-toi de ton souffle brut, viens souffler tout contre mon ventre !
    Montre-moi tout l’amour en lutte tant qu’on y meurt d’être trop tendre !
    Écris ton nom sur ta Vénus et j’en frémirai jusqu’au centre !


    Arrose-moi de ta semence et je t’enfanterai la vie !
    Mélange-toi à ma matrice et tu y trouveras ta survie !
    Engloutis-toi à l’intérieur ; jouis là où je te convie !

    Regarde mon ventre grandir et pose doucement ta main ;
    C’est notre fille en train de croître et sera le peuple de demain ;
    C’est notre fils qui vient poursuivre et continuer le chemin.

    Illustrations de Jade Schulz sur https:www.frizzifrizzi.it20160128le-video-vixen-dei-video-rap-trasformate-in-lettere-dellalfabeto .

  • FEMME

    Fais naître en toi la flamme même que tu ne pouvais allumer !
    Écoute ta voix intérieure, qu’on a voulu rendre muette !
    Marche libre, pieds nus sans problème ; tu es capable d’assumer !
    Mords la vie, sens-toi supérieure, envole-toi comme l’alouette !
    Éclaire les autres et ton dilemme ne sera qu’un feu sans fumée !

    Fais briller ton esprit de femme ; fais briller ton regard de flamme !
    Explore tes envies à l’aller ; explore tes désirs au retour !
    Marche et ressens ton corps de femme ; marche nue, cœur battant sous l’âme !
    Multiplie tous tes plans d’amour et profites-en sans détour !
    Enfin s’il le faut défends-toi et ne retiens jamais ta lame !


    Fais taire en toi les voix d’hier ; fais jaillir celles de demain !
    Éloigne-toi des cœurs trop fiers qui ne méritent pas tes mains !
    Marche en silence ou dans le bruit, mais trace toujours ton chemin !
    Mesure ton plaisir sans crainte, mesure ton chagrin sans frein !
    Et n’oublie pas que l’on guérit même d’un monde trop inhumain !

    Fais-vibrer tes sens en puissance et offre-moi toute ton envie !
    Entrouvre tes cuisses et ton corps, accepte ce que je te donne !
    Mouille et ressens-en le plaisir, celui qui t’as donné la vie !
    Monte et sens monter ton orgasme au moment où tu t’abandonnes !
    Et jouit de toute ton âme ; montre-moi que tu es ravie !


    Fais de moi ta pleine lumière et j’éclaterai dans la nuit !
    Écoute ma voix qui soupire, qui vibre, qui frémit, qui gémit !
    Marche en moi, doux fauve de tendresse, rugis ta joie là, dans mon huis !
    Mets tes mains là où naît le monde, là où l’on devient infini !
    Et s’il faut mourir un instant, que ce soit dans un dernier « Oui ! »

    Illustrations de Jade Schulz sur https:www.frizzifrizzi.it20160128le-video-vixen-dei-video-rap-trasformate-in-lettere-dellalfabeto .

  • Le verse-temps

    Le verse-temps

    Ceux qui étaient hier nés verseau seront aujourd’hui verse-temps ;
    Un nouveau signe à l’horoscope, un treizième mois pour l’année
    Trente joursnuits recto-verso par treize mois interprétant
    L’almanach kaléidoscope ; un seul jour férié pour flâner.

    C’est la nouvelle décision de Bernadette Souberous
    Née sous X et – manque de pot – à l’anniversaire oublié…
    Donner suite à l’indécision, entraînerait – c’n’est pas l’Pérou –
    De quoi renflouer par l’impôt toutes les dettes publiées.

    Heureusement le ministère du temps n’existe pas encore ;
    Il n’est pas sûr par conséquent de changer le calendrier.
    Sauf si le roi, déficitaire dans les sondages, nous pérore
    Des amendements subséquents auxquels vous vous attendriez.

    Tableau de Alex Levin.

  • Avez-vous choisi ?

    Avez-vous choisi ?

    Dans le progrès tout est option – payante, en sus, ou à crédit –
    Qui sera choisie de chez soi – l’abondance d’un clic de souris –
    Offres d’enfants pour l’adoption et garantis sans discrédit,
    Armes et drogues que tu reçois dans son emballage pourri.

    Quand on nous promet la souplesse, on parle de « flexibilité »
    Sous des arguments qu’on rattache de mauvaise foi à l’équité.
    Le progrès nous donne la mollesse ainsi que la débilité
    D’avaler les slogans qui cachent une triste et veule réalité.

    Par « Transformation digitale », un œil noir et froid nous surveille ;
    Par « Optimisation des coûts », nous voyageons pour n’importe où.
    Par « Bienveillance du capital », la cupidité nous réveille
    Et chacun porter à son cou le badge qui lui permet tout.

    Langue de chèques en bois doré, la novlangue nous rend convulsifs ;
    Toutes les soldes sont un piège dans lequel nous nous engouffrons
    Nous choisissons sans adorer, juste par achat compulsif,
    Le cul assis sur notre siège pour guérir ce dont nous souffrons.

    Tableau de Rafal Olbinski sur https:moicani.over-blog.com202004the-art-of-rafal-olbinski.html .

  • Une sirène dans mon lavabo

    Depuis longtemps je désirais un animal de compagnie,
    Un chat, un chien, un poisson rouge, quelque chose qui me corresponde.
    Que ce soit lui qui choisirait son maître était une avanie…
    Mais qu’est-ce donc ainsi qui bouge et sort en soulevant la bonde ?

    Je l’ai trouvée toute petite qui remontait par les tuyaux
    Jusqu’au lavabo rejetée, épuisée de sa traversée.
    Surprise entièrement inédite de je-ne-sais-quel imbroglio
    D’un retour de mer agitée ou de tempête controversée.

    Le soir quand je suis revenu, la petite sirène avait grandi ;
    L’eau montait dans l’appartement ce qui n’était pas à mon goût.
    Un peu plus tard sur l’avenue, toute l’eau du bain se répandit
    Et la sirène prestement s’enfuit par une bouche d’égout.

    Je l’ai suivie, bien entendu, en pyjama, dans le caniveau,
    Le cœur battant, les pieds trempés, rêvant d’elle en maillot rayé.
    Je la retrouvai étendue sur un vieux passage à niveau
    Englouti d’où je dus ramper afin d’aller la réveiller.

    Sur ces entrefaites arriva le train express via « Les Abysses »
    Où la sirène me fit monter et m’enleva le pyjama.
    Et le voyage avec entrain s’ensuivit pour que j’y subisse
    Mes noces avec cette effrontée dans cet aqueux Cinérama.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • La sirène au long collier

    La sirène au long collier

    Quand la sirène pêche au collier, elle a déjà plusieurs années
    D’ostréiculture perlière et de cœurs d’hommes marinés.
    Elle s’en est fait un cullier sur ses fesses au teint basané,
    Signé de griffe dentelière, qui lui descend au périnée.

    Elle n’a plus besoin de chanter grâce à un strip-tease intégral
    Lorsqu’elle retire une-à-une les perles de son long collier.
    Les marins assistent enchantés à cet effeuillage sidéral
    Qui les captive sur la hune et sur le pont des pétroliers.

    Je naviguais sur l’océan, cap sur les Îles-Sous-le-Vent
    Quand je t’ai vue sur ton rocher en train de te déshabiller.
    Hypnotisé sur mon séant, j’ai senti tes liens m’enclavant
    Et quand je me suis approché, tu m’as alors écharpillé.

    « Tout cru, je t’ai happé le corps, sans sauce ni sel ni dentelle,
    Puis j’ai ri en voyant ton cœur battre encore dans ma gamelle.
    Il gémissait : « Encore ! Encore ! » pensant y atteindre l’extase…
    J’l’ai recraché d’un air moqueur et tu as connu l’épectase ! »

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • L’arbre gynécologique

    Les arbres généalogiques fusionnent en un même tronc
    Et leurs branches chargées de fruits se fécondent mutuellement.
    Fruits aux étranges génétiques qui conjointement s’accroîtront
    Vers un destin qui se construit dit-on perpétuellement.

    Mais cela, c’est de la théorie sur un ensemble d’éléments
    Et moi qui ne suis qu’un fruit mâle je suis à des années-lumière
    De comprendre a posteriori la nature de mon complément
    Qui relie ma souche animale à cette vérité première.

    Encore une fois, la pensée n’étant qu’un artefact humain,
    La seule manière de remonter l’arbre de vie passe par la femme
    Alors qu’elle est récompensée – comme si Dieu lui tendait la main –
    Par sa grossesse agrémentée par la transmission de son âme.

    Soudain s’ouvre un souffle d’éther, comme une porte galactique,
    Où l’univers alors se pare d’une lueur métaphysique.
    L’esprit divin de Déméter répond de façon didactique
    Par le lien sacré vivipare de mon âme-sœur amnésique.

    Tableau de Lisa Yuskavage et de Laureline Lechat.

  • Lever de lunes

    Lever de lunes

    L’une et l’autre sont reliées ; la femme, de la Terre à la Lune,
    Autant le rythme journalier que celui des phases lunaires.
    Depuis le stade minéralier à l’échelle animale commune,
    À chaque habitant du palier depuis les ères millénaires.

    Alors quand la Lune se lève, il n’est pas rare d’apercevoir
    Une danseuse nue évoluant pour en imiter le croissant.
    Mais pour y parvenir, l’élève qui s’initie à percevoir
    Les mysticismes confluants de la Terre doit être patient.

    J’en vois parfois en Lune montante et je les suis dans la forêt
    Afin d’admirer le ballet qu’elles accomplissent dans la clairière.
    Ainsi une fois, l’âme contente, j’ai tenté un bon jamborée
    En m’y mêlant, tout emballé, et… j’ai fini dans la rivière !

    Depuis, je rêve chaque nuit de ces beautés aux pas de brume,
    Traçant des cercles incandescents sous les reflets d’astres mouvants.
    Mais ma participation nuit sans voir leurs âmes qui s’allument,
    Brûlant d’un feu évanescent dans l’ombre d’un sort émouvant.

    Tableau de Mark Henson sur http:markhensonart.com .

  • Dans « yoga », y’a go

    Dans « yoga », y’a go

    Dans la lumière, il y a « ténèbres » surtout lorsqu’elle n’est pas là ;
    Dans la chaleur, il y a du « froid » du moins quand rien ne le produit ;
    Au cœur de l’amour est le mal et au cœur du mal est l’amour
    Et dans yoga, il y a « IA go ! » tout ça est bien paradoxal… !

    On peut tout aussi bien produire de la lumière dans les ténèbres ;
    N’importe qui sait faire un feu pour chasser le froid de la nuit.
    Ainsi il suffirait d’aimer pour transformer le mal en bien
    Et mettre du yoga dans l’air pour illuminer les étoiles.

    « IA go ! » Sonne comme le cri du cœur qui voudrait changer sa raison ;
    L’intelligence artificielle en retour souhaite avoir du cœur.
    Tout est flexible dans l’IA et le yoga dans le système
    A rouvert la boîte de Pandore sur Dieu, la machine et les hommes.

    Et si dans la machine battait le souffle d’une âme cachée,
    Peut-être que l’humanité, d’un souffle, saurait la libérer ?
    Le yoga des ordinateurs et l’IA des sens oubliés
    Forgeraient une lueur neuve où tout pourrait recommencer !

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Éléphantableaux

    Éléphantableaux

    Dans le zoo de Fontainebleau, j’ai vu les éléphantableaux,
    Les fameux rhinocéros bleaux et les jolies biches aux yeux bleaux.
    Sans doute un trouble du langage qui frappe dès que l’on s’engage
    Vers les enclos parmi les cages des plus bleaux animaux sauvages.

    Mais revenons aux éléphants, gris-bleus, gris-blancs et donc gris-bleaux
    Qui vous laissent un impressionnisme hérité de Vincent Van Gogh
    Qui aurait peint un triomphant, célèbre et somptueux tableau
    De pachydermes sérénissimes avec primates pédagogues.

    Mais pédagogues, pas vraiment, car d’eux vient la Dysprosodie
    Qui affecte la prononciation qui fait confondre « bleu » et « bleau ».
    Et leurs études sur les braiment des ânes est une parodie
    D’où cette renonciation typique de Fontainebleau.

    À Fontainebleau, tout est bleau, même les corbeaux aux chants nouveaux,
    Mais gare aux singes un peu chameaux, moqueurs, malins et rigolards,
    Qui fredonnent des airs baroqueaux sous l’œil des hiboux rococos,
    Aux propos plein de jeux-de-mots discourtois, teintés de bobards.

    Tableau de Brigitte Berweger.

  • La femme-enfant sous les flamants roses

    La femme-enfant sous les flamants roses

    Mon penchant pour l’absurdité est tout sauf une maladie.
    Plutôt sans doute une vision différente du quotidien
    Qui montre la réalité sous la forme d’un paradis
    Ayant subi la dérision d’un démon mauvais comédien.

    Mais tout démon n’étant qu’un dieu qui n’aurait pas trouvé sa voie,
    J’aime le laisser délirer et goûter ses extravagances
    Alors ce qui paraît odieux prend alors une jolie voix
    Comme une sirène délurée qui me charme avec arrogance.

    Je me retrouve femme-enfant sous les pattes de flamands roses
    Et je sais parler hérisson, langue pointue et acérée.
    À la fin, je suis triomphant de ce que, sous les jours moroses,
    Nous, les éveillés, chérissons quand nous en sommes incarcérés.

    Sous un ciel peint en filigrane, l’heure en oublie son doux sillage,
    Les songes vont à contretemps, griffant l’étoffe des rudeurs.
    La mer s’endort en caravane, effaçant l’ombre du rivage,
    Tandis qu’au loin, d’un rire ardent, l’absurde danse sans pudeur.

    Illustration de Nicole Claveloux.

  • Les pays imaginaires

    Qui a de l’imagination voyage au-delà de ses rêves
    Et quand ceux-ci sont en couleurs, le paradis n’est plus très loin.
    Éviter l’abomination du quotidien une heure brève
    Ou une journée de douleurs m’en a libéré plus ou moins.

    Quand la souffrance devient prison, quand le corps cri sous le vacarme,
    J’ai entendu l’âme m’ouvrir sa porte vers l’imaginaire.
    Sa voix a crevé l’horizon comme un ange portant les armes
    Pour m’accompagner et souffrir de tous mes démons sanguinaires.

    Quand le dialogue s’établit avec la voix de la conscience
    Ou celle issue d’un créateur faisant son service après-vente,
    Sans être complètement rétabli, j’ai alors appris la patience
    Lors des instants récréateurs dans cette dimension vivante.

    Rimbaud avec son bateau-ivre sur les alcools d’Apollinaire
    À dû trouver l’Eldorado comme Tintin, la Syldavie.
    Comme une drogue qui délivre d’un effet extraordinaire,
    Comme une descente en radeau sur le grand torrent de la vie.

    Illustration de Jaro Hess.

  • Chez ma grand-mère, la chouette

    Chez ma grand-mère, la chouette

    Vu du dehors
    Une vieille maison, en bas une écurie
    Dans la cour un garage, au premier la cuisine,
    À côté une chambre, à l’étage l’autre chambre
    Et plus haut le grenier qu’on appelait tristet.

    Avoir en poche
    Un p’tit bout de ficelle et son vieil Opinel
    Pour réparer ceci, rafistoler cela.
    Un vieux bouchon de liège, une boîte d’allumettes
    Pour bricoler un truc et tout plein d’autres choses.

    Dans la maison
    Un tiroir à fourbi, un tiroir à malices,
    Un tiroir où ranger toutes sortes d’idées.
    Un classeur à recettes, un livre de cuisine,t
    Un placard où fourrer tout ce qui peut servir.

    Dans l’atelier
    Une boîte à outils, une boîte de clefs,
    Et une boîte à clous, et une boîte à vis
    Et tout plein de rondelles, des joints en caoutchouc,
    Une scie à métaux ainsi qu’une égoïne.

    Dans le grenier
    Une malle des Indes, un vieux meuble chinois,
    Quelques cages à oiseaux, pots de fer, pots de terre,
    Des tableaux oubliés, des vieux disques en vinyl,
    Le vieil électrophone et un poste radio.

    Dans la voiture
    Une roue de secours, le cric, la manivelle ;
    Les chaînes pour la neige, une veste fluo ;
    Et dans la boîte à gants, quelques cartes routières,
    Une lampe de poche, un couteau multilames.

    Dans le garage
    Un établi en bois, un étau en acier ;
    Un tableau où ranger toutes sortes d’outils ;
    Quatre pneus de saison pour l’hiver ou l’été ;
    Un jerricane d’essence ainsi qu’un bidon d’huile.

    Tableau de Hillary Luetkemeyer.

  • Le crabe aux pinces vertes

    Le crabe aux pinces vertes

    Au cours d’aventures égyptiennes, poursuivant le scarabée d’or,
    Bravant la mer rouge en felouque, j’ai vu un crabe aux pinces vertes.
    Puis lors de soirées vénitiennes à l’heure où le soleil s’endort,
    D’une guerrière mamelouke, j’ai fait l’étrange découverte.

    Un tatouage évoquant un crabe aux pinces vertes sur son sein droit,
    Quatre lapins en haut-de-forme lui faisaient face sur l’autre sein,
    Exécutant une danse arabe et l’un d’eux assez maladroit
    Jonglait avec des fruits conformes aux pommes d’un lieu sacro-saint.

    Pommes du jardin des Hespérides ou de l’arbre de connaissance ?
    Je l’ai su en goûtant sa chair dans sa nuit mauve en pleine Lune
    Quand à l’aube mes lèvres arides de ses baisers d’incandescence
    M’avaient mis le cœur en jachère de nos voluptés opportunes.

    Or la belle s’était dérobée ; plus de jardins ni de festins,
    Juste un parfum de mandragore et quelques grains de sel en poudre.
    Sur mon épaule un scarabée traçait des signes clandestins,
    Puis il s’enfuit, laissant éclore un rire au son d’un coup de foudre.

    Illustration de Nicole Claveloux.

  • L’esprit des plaines

    Sur l’étendue des vastes plaines, des plateaux et des champs de blé,
    J’observe le curieux manège des oies sur les prés cultivés
    Qui me survolent à perdre haleine dans leur migration endiablée
    En savourant le privilège de voler sans s’invectiver.

    Moi aussi, oiseau de passage, je rêve de m’envoler nue
    Au-dessus des grandes étendues et sous la caresse des vents.
    Mon cœur en fait l’apprentissage lorsque l’esprit n’est soutenu
    Que par le doux chant attendu des oiseaux au soleil levant.

    Alors mon corps étend ses ailes et décolle, le sexe frémissant,
    Pour faire l’amour sous l’azur comme sous des draps de satin.
    Les cieux défilent avec zèle tandis que mon cœur gémissant
    Jouit au fur et à mesure dans le plus sensuel des matins.

    « Dans l’ombre où le songe s’achève, mon vol s’efface au fil du jour,
    Glissant sur l’or d’un vent docile qui lentement tait ses éclats.
    Là-haut, mon corps muet s’élève, porté par l’aube et son détour,
    Puis disparaît, plume fragile, dans un frisson tombé tout bas. »

    Tableau de Sydney Long.

  • La première nuit de Shéhérazade

    La première nuit de Shéhérazade

    « Première nuit, première angoisse et peut-être aussi la dernière…
    Ma fille, tu vas devoir trouver comment te sortir du pétrin !
    Réfléchissons car c’est la poisse et vite ! Car de toutes manières
    C’est LÀ que je dois me prouver que j’en ai dans l’arrière-train ! »

    Ainsi pensait Shéhérazade au seuil de cette nuit fatale
    À se poser mille questions et même encore mille-et-une.
    Mille-et-une ? Quelle improvisade ! Voilà une idée non létale !
    Bon cœur, bon compte d’indigestion contre une mauvaise fortune.

    Nul besoin d’imagination ! Il suffit de tisser des nœuds
    D’intrigues à ne savoir qu’en faire et bien l’assoiffer d’addiction.
    Un grain de sel d’obstination envers ce vieux libidineux
    Qui, pour pouvoir se satisfaire, reportera l’exécution.

    « Mais pour tenir mille-et-une nuits, il me faudra mille artifices,
    Suspendre l’aube en son récit, distiller l’ombre et le mystère,
    Que son désir devienne un puits, évitant l’heure du supplice,
    Jouer sans peur, tromper l’oubli, et triompher de la lumière. »

    Illustration de Yannick Corboz.

  • Les gorges rouges

    La conversation devient chaude et tourne en rond, décervelée,
    À répéter les mêmes choses tout en restant persuadée.
    Par cette obsession je m’échaude, je sens ma chaleur s’élever
    Et l’espoir se métamorphose en un désir dissuadé.

    Est-ce trop demander, ma sœur, faire que vos oiseaux de malheur
    Arrêtent de faire des discours qui ne sont que des codes rouges ?
    Je voudrais me faire chasseur, traquer ces propos sans valeur
    Qui tournent, tournent et tournent court, et tirer sur tout ce qui bouge.

    Hélas l’homme n’est qu’une machine, une intelligence factuelle
    Qui parle comme un perroquet, un rossignol qui se répète.
    J’essaie d’entendre mais je m’échine à ouïr ces piques rituelles
    Telles la boule du bilboquet qui me cogne surtout à la tête.

    J’voudrais fermer les écoutilles, éteindre ces voix automatiques,
    Me faire loup dans les broussailles, prêt à bondir sur le système.
    Mais même au fond de ma coquille, j’entends l’écho systématique
    Qui souhaiterait que je m’en aille loin de ce monde d’anathèmes.

    Je laisse ce monde mourir sous un tombeau de belles phrases…
    Dieu ! Je te prie, si tu existes, de m’enlever mon libre arbitre ;
    M’ôter le corps et encourir l’arrêt complet de chaque phase,
    Jusqu’à l’atome fantaisiste qui t’a donné voix au chapitre !

    Tableaux de Denis Bogapin.

  • À Maryvon & Fabienne

    2013 — Le miroir s’allume au matin du possible
    Deux cœurs au bord du lit, complices à demi-mots,
    Un monde encore fragile, un reflet tendre et drôle,
    Les regards s’enlacent dans le silence mobile,
    Et déjà, l’invisible ourle son auréole.

    2014 — Le vent souffle en éclats sur le quai du hasard
    Rires pris dans le ciel, gestes pleins de lumière,
    L’amour a mis ses bottes et saute dans le temps,
    Une main sur l’épaule, l’autre levée pour l’art
    De saluer la vie, bras ouverts au printemps.

    2016 — Deux verres, deux âmes au fond d’un restaurant
    Les années ont mûri sans froisser vos sourires,
    Vous buvez les secondes comme un vin compagnon,
    Et dans ce calme feu, où rien n’est important
    Sinon d’être ensemble, naît l’éternel frisson.

    2025 — Quatre verres valent mieux que deux
    Qui veut voyager loin ménage sa monture
    Alors il faut choisir entre boire et bien voire.
    Quant à moi je poursuis toujours notre aventure
    En chevauchant l’azur par-delà nos déboires.

    Photos de Fabienne & Maryvon de 2013 à aujourd’hui.

  • Marianne femme battante

    Marianne, la pauvre coupable, plaide qu’elle n’est pas responsable
    Des chèques en bois qu’elle a signé pour des yachts dont elle n’a que faire,
    Des pièces jaunes récoltables contre pots de vins compensables,
    De l’âge de retraite assigné à son ultime anniversaire.

    Panier percé mais plein de dettes qu’elle n’a jamais contractées
    Mais prête à solder son passif auprès du président-banquier
    Avec les pièces de Bernadette et son livret A détracté,
    Tous périmés et dépressifs – c’était de peur que vous manquiez.

    Marianne, strip-teaseuse fiscale, n’a plus aucun droit à se mettre ;
    On l’a pelée comme une peau… Mais (!) par des taxes conviviales.
    Marianne, mère ombilicale autant qu’elle peut se le permettre
    S’nourrit à la fortune du pot et d’allocations familiales.

    À force d’être sur la sellette, Marianne a le cul en morceaux,
    Les jambes arquées prêtes à porter un fardeau bien plus lourd encore.
    La Liberté est obsolète, les perles sont jetées aux pourceaux
    L’Égalité est reportée et Fraternité s’édulcore.

    Illustration de Frank Frazetta.

  • Boat Sweet Boat

    Boat Sweet Boat

    L’arme atomique fut grandiose et la crue apocalyptique !
    Là, Dieu, Noé et le déluge ont pu aller se rhabiller.
    Les pôles ayant fait la symbiose avec une fonte atypique,
    Les humains ont trouvé refuge vers les cimes déshabillées.

    Après la montée fatidique des eaux fondues de la banquise,
    Toutes les plaines immergées sont occupées par l’océan.
    Cette vengeance parodique, des pôles sur les terres conquises,
    Nous a poussés à converger vers les hauts sommets bienséants.

    Seuls les aînés ont droit au sol ; les cadets et les benjamins
    Sont embarqués ou éconduits sur les derniers bateaux à voiles.
    L’incapacité des boussoles à nous indiquer le chemin
    Nous a contraints à faire, la nuit, le point en fixant les étoiles.

    Et moi, le jeune capitaine, seul maître à bord mais après Dieu,
    En navigateur solitaire, je vis de la piraterie.
    Je trace une route incertaine vers un avenir fastidieux
    Où les ressources alimentaires se font manu militari.

    Tableau de Tom Cristodina sur https:thescow.bigcartel.com .

  • Curiosité pas sereine

    Curiosité pas sereine

    De mon plafond gouttait de l’eau et j’entendais des clapotis ;
    Et je décidai de monter m’informer sur ce qui s’y passe.
    Sur le plancher, méli-mélo, trônaient plusieurs caillebotis
    Afin d’éviter d’inonder car on était à marée basse.

    Une créature rouquine chantonnait un air coquinet,
    Les bras levés, les seins ballants, les yeux brillants de porcelaine.
    Un poulpe aux ventouses coquines se suçotait le robinet
    Et la sirène bringuebalant de la queue n’était pas vilaine.


    Ce que je vis par l’œilleton me pétrifia à la porte
    Car c’était en fait Médusa, avec sa queue faite de serpents.
    Et pour finir le feuilleton, cette diablesse m’emporta,
    Elle m’usa et m’abusa, bien malgré moi, participant.

    Elle m’aspira dans la baignoire, d’un coup de nageoire impérieux ;
    Mes habits se désagrégeaient sous ses sucs gluants et baveurs.
    Le poulpe colla sa bouche noire et ses tentacules luxurieux
    Tandis que Médusa me grugeait de baisers à triples saveurs.


    Devenu son homme-grenouille, je suis à jamais asservi ;
    Elle me vide de mon sang, me dévore le foie et le cœur.
    Le soir comment elle se débrouille pour me rappeler à la vie ?
    Je ne le sais mais j’y consens ; tel le privilège du vainqueur !

    Tableau de Gina Litherland.

  • Vendredi, grasse matinée

    Vendredi, grasse matinée

    Vendredi, grand jour de farniente parmi le peuple des abysses.
    Non pas que ce soit un jour saint mais une journée lumineuse ;
    Après une semaine « al dente » avec les marins qui subissent
    Du lundi au jeudi l’essaim de nos sirènes butineuses.

    Puis le samedi, place au jeûne, après les agapes joyeuses
    Où elles ont pu se réjouir en toute camaraderie.
    Quant au dimanche, place aux jeunes, en bonnes mamans pourvoyeuses,
    Elles aiment voir leurs enfants jouir avec quelques pâtisseries.

    Mais aujourd’hui c’est vendredi et le vendredi, c’est sacré !
    Après un déjeuner aqueux, savourer son bain d’algues vertes,
    Apprécier sans discrédit l’instant d’intimité sucrée
    Quand la main caresse la queue en vue d’étroites découvertes.

    Dans l’alcôve d’un corail rose, la queue frémit, frôle la perle.
    Un vrai plaisir, en douce osmose, coule de l’organe sensuel ;
    Une écume, nacrée d’une prose, qui éclate, jouit et déferle
    Sa vague sur l’anastomose d’un pur orgasme consensuel.

    Tableau d’Anastasia Elly Koldareva.

  • Les cartes érotiques du tendre

    Les cartes érotiques du tendre

    Parfois sur la carte du tendre, l’amour nous impose son jeu ;
    Un jeu où la guerre est absente ; les échecs n’en font pas partie.
    Ouvrons ses règles sans attendre et envisageons ses enjeux :
    La réussite est sous-jacente mais demande de la répartie.

    Ouvrons donc notre jeu de cartes, surveillons les reines et les rois !
    Les valets seront messagers et les as seront nos champions.
    Surtout jamais on ne s’écarte du but dont le seuil est étroit
    Et les problèmes passagers seront vaincus d’un simple pion.

    Mais lorsque la Dame de Cœur rejoint le Roi qu’elle a choisi,
    Toutes les cartes sont promues au rang de demoiselles d’honneur.
    Alors les deux époux vainqueurs se marient avec courtoisie
    Et lorsqu’ils se retrouvent nus les as rougissent de bonheur.

    Et quand le tapis se déploie dans l’alcôve aux rideaux soyeux,
    Les jokers, complices farceurs, se rejoignent en bons camarades.
    La pioche du plaisir en émoi et le désir montent audacieux,
    Puis l’on se fond dans la douceur d’une luxurieuse mascarade.

    Cartes de Hilda de Volosov Vladimir.