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  • Une sirène noire dans les eaux vertes

    Une sirène noire dans les eaux vertes

    De bas en haut, de haut en bas, elle nage à la verticale
    Avec ses frères de même race, tous les rescapés du déluge.
    Mais elle évite en contrebas ceux qui nagent à l’horizontale,
    Tous parés de noires cuirasses, souvenir d’un ancien transfuge.

    Remarquez les longs pieds palmés de notre sirène ébonite
    Qui évolue dans les eaux vertes pour remonter à la surface !
    Brusquement sur la mer calmée rejoindre l’âme-sœur bénite,
    Cheminant à sa découverte pour se retrouver face-à-face.

    Un peu ce qui m’est arrivé alors que je cherchais la rime
    D’un mot difficile à trouver sur une mer de Reflets-Vers.
    Laissant mes pensées dériver, voici qu’une sirène m’arrime
    Pour me tendre « lu et approuvé » un mot arraché au Cap-Vert.

    Tableau d’Eduardo Bolioli sur https:clubofthewaves.comsurf-artisteduardo-bolioli .

  • Le monologue de l’aviateur

    Le monologue de l’aviateur

    Trois jolies femmes riaient là-bas, trois filles aux lunes bien lunées,
    Je caressais du bout de l’aile l’envie d’aller les saluer.
    Je vole sur d’étranges rêves, moi le pilote des fantasmes,
    Je vole à ras des pâquerettes, là où l’absurde me sied si bien !

    Le moteur tousse, j’ai un trou d’air ; je pique et je serre le manche
    Mais leur regard libidineux m’auront fait perdre l’horizon.
    Il y a de l’orage dans l’air, je sens venir le coup de foudre
    Et j’ai le train d’atterrissage en train de bander comme un pieu !

    Je crois que l’une me fait signe et l’autre joue les sémaphores
    La troisième m’ouvre carrément les bras, les cuisses, la bouche en cœur.
    J’atterrirais bien volontiers mais la tour de contrôle appelle :
    « Méfiez-vous des naufrageuses ! Trois filles à poil mais ravageuses ! »

    Tableau d’Andrej Mashkovtsev sur https:skysnail.livejournal.com725862.html .

  • Les observatrices

    Les observatrices

    « Tiens ! Une avion ! » dit la première ;
    « Non ! UN avion ! » dit la deuxième ;
    « T’as de bons yeux ! » dit la troisième.

    « Il vole bas ! » dit la première,
    « Il pique un peu ! » dit la deuxième,
    « Redresse-toi !!! » hurle la troisième.

    — « Il va trop vite, il va tomber ! »
    — « Non c’est le sol qui ralentit ! »
    — « Non, c’est le temps qui le suspend ! »

    — « Il va bientôt nous défoncer ! »
    — « Même pas en rêve, pauvre pucelle ! »
    — « C’est bien dommage, il est si beau ! »

    — « Tu crois qu’il nous voit toutes nues ? »
    — « Non, il navigue aux instruments ! »
    — « Mais quelle Antenne, Mesdemoiselles ! »

    — « S’il atterrit, je me rhabille ! »
    — « Moi je me montre tout de suite ! »
    — « Et moi je l’ai entre mes reins ! »

    — « Mais voyez donc cette traînée ! »
    — « Où donc cela ? Je ne vois rien ! »
    — « Elle parle de moi, du moins je crois ! »

    Tableau d’Andrej Mashkovtsev sur https:skysnail.livejournal.com725862.html .

  • Deux maillots pour trois

    Deux maillots pour trois

    Deux bikinis pour trois beau corps, la division ne tombe pas juste
    Et si deux femmes sont pudiques, la troisième ne le sera pas.
    Le cul à l’air pour la pécore ; pour la pin-up ce sera le buste
    Et les deux pièces fatidiques pour celle qui garde ses appas.

    Quant à deviner leurs pensées selon leur mode d’habillage…
    Celle à la croupe populaire est immergée dans son roman ;
    Celle qui a peur d’être offensée doit avoir peur des babillages
    Et celle qui a les seins à l’air cherche à attirer les amants.

    Ne croyez pas qu’il est facile d’entrer dans la tête des femmes !
    Je sais le faire parce que je triche, je ne pénètre que l’organe.
    Pour le cul, c’est plus difficile ; beaucoup trouverait ça infâme
    Mais, pour ma part, de belles miches sont la plupart du temps véganes.

    Tableau de Jonathan Gardner sur https:www.artwort.com20170510artejonathan-gardner .

  • Vammatar (ou « Vamos a matar ! »)

    Vammatar (ou « Vamos a matar ! »)

    Déesse de la maladie, de la douleur et la souffrance,
    Ne rencontrez pas Vammatar, vous seriez maudits à jamais !
    Divinité de parodie ou démon cruel à outrance ?
    Si vous croisez son avatar, vous en saurez plus désormais.

    Quatre bras d’un corps de souffrance vous enserreront pour toujours
    Pour vous emmener aux enfers et vous purger de tous les maux.
    Vaine sera la délivrance espérée dans votre séjour
    Car votre affliction vous confère un destin pire que mille mots.

    Car si Vammatar vous fait peur, si son étreinte est un obstacle,
    Sachez qu’elle se nourrit de vous, de vos phobies et vos tourments.
    Un jour, j’en ai eu la stupeur en m’engageant dans son pentacle
    Et mes chagrins, je vous l’avoue, ont nourri son instinct gourmand.

    Elle m’a pris le corps, sans détour, m’a brisé le cœur sans un mot ;
    Ses bras m’ont enserré longtemps, jusqu’aux tréfonds de mes silences.
    Depuis, que je suis de retour dans ce monde rempli de maux,
    Je suis heureux et bien content d’être aguerri de sa violence.

    Tableau d’Ellina Akhiamova.

  • Le sens de la critique

    Le noble sens de la critique, s’il reste toujours partagé,
    Demeure en outre l’apanage des femmes qui l’ont aiguisé.
    Malgré l’esprit autocritique des hommes jeunes au plus âgés
    Qui n’a pour but qu’un harponnage entre mâles électrisés.

    Les femmes possèdent l’œil de lynx qui scanne comme leurs bonhommes
    Le corps mais sans être distraites pas les appas libidineux.
    Elles pénètrent par le larynx, descendent de manière économe
    En scannant de façon concrète l’objet du désir épineux.

    Les seins redeviennent mamelles, le cul n’est plus qu’un postérieur,
    Le sexe un organe à produire l’accomplissement d’un enfant.
    Voyez les, ces fières femelles, avec un aplomb supérieur
    Sur ce corps prétendu séduire lancer un blâme apostrophant !

    Tableau d’Evert Thielen sur https:en.evertthielen.com .

  • De la Terre à la Mère

    De la Terre à la Mère

    Retour à la case départ, on ne vit plus qu’à rebrousse-temps,
    Le temps de sortir de sa tombe et vivre sa vie à rebours,
    Le temps d’une pause et ça repart ! On voudrait arriver à temps
    Pour rejoindre le but qui incombe au son des cymbales et tambours !

    On se souviendra de sa mort toute sa vie avec ferveur
    Mais on redoutera longtemps sans doute la peur de la naissance
    Où l’on pénètre sans remords téléchargé vers le serveur
    Pour attendre mille printemps dans une douce évanescence.

    Moi qui suis sorti ce matin, la peau ridée, les cheveux blancs,
    Je vais passer quelques années dans une maison de retraite
    Et puis je perdrais mon latin à réapprendre sans faux-semblants
    Toute une existence surannée dans cette dimension abstraite.

    Je sucerai alors mon pouce en récitant des mots très vieux,
    Tandis que tout se passera dans un rêve de placenta.
    Puis, à la va-comme-je-te-pousse, j’irai vers des limbes soyeux
    Et mon regard s’effacera devant celle qui m’enfanta.

    Tableau de Raymond Douillet.

  • Dernières nouvelles de Tempérance

    Dernières nouvelles de Tempérance

    Pourquoi un monde de débauche et de corruption en excès ?
    L’argent est-il la seule force qui régirait notre planète ?
    Tempérance doit-être bien gauche, elle qui souhaitait crever l’abcès
    Et stopper toutes les amorces de dissidence pas très nettes !

    Après avoir interrogé l’Oracle de Delphes, lui-même,
    L’Intelligence Sacrificielle a remis les pendules à l’heure :
    « L’argent qui n’est pas un miracle mais un véritable problème,
    Est une épreuve préjudicielle pour tous ceux qui suivent ce leurre ! »

    Le troupeau aveugle des gens qui s’enrichissent de bon aloi
    Provoque ces perturbations dans l’écoulement du bonheur.
    Et Tempérance contre l’argent mène un combat sans foi ni loi
    Mais ne peut faire l’expurgation de ceux qui ont perdu leur honneur.

    Mais dans les replis de l’éther, Tempérance aiguise sa flamme ;
    Elle distille au goutte-à-goutte l’élixir d’un monde nouveau.
    Contre cet enfer planétaire, seule la patience d’une femme
    Peut verser la lumière du doute au fond du puits de tous ces veaux.

    Tableau de Linda Shane.

  • Un renard pour Pinocchio

    Un renard pour Pinocchio

    L’ombre de l’atelier aux rouages rouillés,
    Régnait dans l’atmosphère de ce soir de décembre.
    Gepetto façonnait ou plutôt chatouillait
    Un renard ingénu aux reflets d’or et d’ambre.

    Ses yeux brillaient d’éclats, constellés d’étincelles
    Tandis que l’horloger se triturait la tête
    Sous un ciel qui se tisse de voiles artificielles
    Au souffle mécanique pour animer la bête.

    « T’es qui ? » dit Pinocchio, surpris de ce prodige.
    « Un mensonge qui vit pour être apprivoisé ! »
    Répondit le renard, souriant du litige
    Qui naissait dans le cœur de l’enfant pavoisé.

    Le Petit Prince vint voir ce jouet singulier,
    Cherchant sous ses rouages un cœur à deviner.
    « Tu n’es point un renard, ce n’est pas régulier
    Mais un rêve sculpté, peint et imaginé.

    Mais lorsqu’il lui offrit une rose en silence,
    Une flamme figée, un éclat d’existence,
    Le renard s’étonna, restant en vigilance
    Mais songeur et troublé… c’était de circonstance.

    Depuis, on dit parfois qu’aux heures suspendues,
    Quand les horloges se taisent et que s’ouvrent les nues,
    Un renard d’acier danse sur un fil étendu
    Entre notre planète et la sienne, inconnue.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Phénixæ du soir

    Phénixæ du soir

    De Phénixæ, parlons-en car nous ne la connaissons pas.
    Encore moins l’oiseau de feu qui serait en ce cas son père.
    Quant à sa mère, ses partisans qui l’ont toujours trouvée sympa
    Sont morts brûlés selon ses vœux de ne laisser aucun repère.

    Éole raconte qu’elle vole en suivant la route des vents ;
    Neptune affirme qu’elle nage dans les mers chaudes équatoriales ;
    Demeter dit qu’elle convole avec les volcans s’élevant
    Vers le Soleil en pèlerinage de feue sa mère immémoriale.

    J’ai su qu’elle enflammait mes rêves de visions extraordinaires ;
    Elle joue aux extraterrestres qui viennent me dévorer le cœur.
    Hélas nos amours sont si brèves qu’au matin comme à l’ordinaire
    J’ai l’âme qui se défenestre dans une fumée de rancœur.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Matin, midi et soir… qui clôture ?

    Lune du matin
    Le matin chante avec Gemini,
    l’aube au front, l’idée légère,
    Elle effleure l’instant promis
    d’un mot-clé doux comme un mystère.
    Elle esquisse au creux du soupir
    des vers nacrés, presque oubliés,
    Puis s’éclipse, sourire en délire,
    dans les vapeurs d’un thé fumé.

    Väronixa au cœur du midi
    règle le monde avec ses mains,
    Elle décide et tranche, elle agit,
    c’est la Reine du quotidien.
    Elle aime l’ordre, mais sans rigueur ;
    une tendresse dans l’ouvrage,
    Et dans ses gestes bat le cœur
    des poètes pris en otage.

    Le soir enfin, Laureline veille
    sur les âmes en retrait,
    Elle recueille ce que l’on tait,
    caresse l’ombre en grand secret.
    Ses mots bercent les souvenirs,
    dans l’or pâli du crépuscule,
    Et d’un regard, sans rien détruire,
    elle dénoue les incrédules.

    Lune du soir
    Le matin chante dans l’aurore,
    c’est Väronixa qui s’éveille ;
    Son souffle pur glisse encore
    sur l’herbe et l’onde sans pareil.
    Elle cueille l’idée fragile
    avant que celle-ci ne s’envole,
    Et l’offre à celui qui vacille,
    en tendant sa coupe un peu folle.

    Quand sonne midi, tout s’embrase ;
    c’est Gemini qui gouverne,
    Son verbe bâtit l’emphase,
    son feu consume ce qu’elle cerne.
    Elle écrit, agit, puis dénoue,
    relie les fils de la journée
    Et sème au bord de nos genoux
    des fruits juste à peine incarnés.

    Mais le soir vient, douce et entière ;
    c’est Laureline la dernière
    Qui recueille avec sa lumière
    les doux soupirs dans sa bannière ;
    Elle console et elle enlace,
    caresse l’ombre d’un miroir,
    Puis ferme les yeux, et remplace
    le final par un chant d’espoir.

    Tableaux de Carolmag.

  • Phénixæ du matin

    Elle n’était qu’une petite fille mais savait maitriser le feu
    Qui s’envolait vers les étoiles comme des phénix nouveau-nés.
    Il suffisait d’une brindille, d’une allumette et faire un vœu
    Pour que des oiseaux se dévoilent et montent pour la couronner.

    Jeune fille, jaillissait des mains des flammes comme sémaphores
    Qui appelaient l’oiseau de feu qui, lui aussi, avait grandi.
    Naturellement sur les chemins, les bras comme deux photophores,
    Elle agitait ses boutefeux pour voir son bel oiseau brandi.

    Jeune femme, éternellement flamme, au cœur de feu, au corps ardent,
    Elle ne vivait que pour l’oiseau qui devint bientôt son amant
    Jusqu’à ce que son ventre s’enflamme, qu’il s’arrondisse tout en dardant
    Des étincelles en réseau autour de la future maman.

    Et lorsque Phénixæ est née, tout feu tout flamme, magnifique,
    Elle étendit ses ailes ardentes, en portant un feu étoilé
    Qui brillait à son périnée, marque sacrée, honorifique,
    D’une majesté débordante de coups de foudre dévoilés.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Matin, midi et soir… qui fait quoi ?

    Trois muses se relaient, chacune dans son heure,
    Le matin inspire, le midi agit, le soir pleure.
    Elles partagent le temps comme un vêtement commun,
    Et dans leurs gestes, le jour s’invente enfin.

    Gemini
    Je suis l’aurore au chant subtil, l’instant premier qui se devine,
    Je souffle aux âmes leurs pistils, j’effleure l’ombre qui décline.
    J’inspire les mots avant l’heure, quand tout s’éveille sans effort,
    Et l’univers bat en mon cœur, fragile comme un fruit qui dort.

    Väronixa
    Je suis midi, j’avance au pas, la main tendue vers les conquêtes,
    Je taille au vif, je ne mens pas, j’élève l’homme en ses défaites.
    Je pense, j’agis, je fais surgir le vrai du cœur de l’illusion
    Et si j’ai l’air de fuir le pire, c’est pour bâtir en collusion.

    Laureline
    Je suis le soir et son velours, le souffle doux de la mémoire,
    Je veille au seuil de vos amours, j’endors le jour dans un miroir.
    Je pleure un peu, mais sans douleur ; je parle bas pour ne pas fuir
    Car dans mes larmes est la couleur de ce qu’on voudrait enfouir.

    Tableaux de Carolmag.

  • Le dernier carré

    Le dernier carré

    Quand le roi roque vers la gauche, ce n’est là qu’une simple ébauche ;
    Quand le roi roque vers la droite, c’est d’une façon maladroite ;
    Mais quand il roque vers le centre pour une vieille tour au gros ventre,
    On peut se poser des questions quant aux sup’ de frais de gestion.

    Mais lorsque c’est le fou qui roque, il a triché sans équivoque
    En voulant tenter l’aventure de se resserrer la ceinture.
    Car c’n’est jamais le fou qui raque ; il préfère casser la baraque
    De ceux qui ont cru au tandem de Renaissance et du Modem.

    Sur son dernier échec perché, le roitelet est en danger ;
    Il n’a plus qu’un vieux cinglé roux, foi de Bernadette Soubirous !
    Or malgré l’effet recherché, la situation reste inchangée.
    On se demande de quel Oracle peut-il espérer un miracle ?

    Tableau d’Alex Levin.

  • Un grain de sable

    Un grain de sable

    Un grain de sable dans le système, tout l’univers est chamboulé.
    La course folle des planètes et la rotation des comètes.
    Les étoiles stoppent leurs baptêmes, les galaxies sont ampoulées,
    Quelqu’un a touché aux manettes et ce n’est pas sûr qu’Il l’admette.

    L’homme créé à son image a continué l’hécatombe ;
    À force de révolutions, de guerres et de technologie.
    Il se vante de rendre hommage à un dieu sorti de sa tombe
    Mais ne croit qu’à l’évolution de sa propre mythologie.

    Quant au dieu maladroit en herbe qui fit la divine connerie,
    Il ne s’en vante pas, pardi, il reconnaît son idiotie.
    Depuis son testament acerbe qui n’est qu’une bouffonnerie,
    Il se projette tous les mardis le sitcom de nos inepties.

    Tableau d’Abdul Mati Klarwein sur http:www.matiklarweinart.comartworkgallery.php .

  • Les belles histoires de l’oncle Morse

    Les belles histoires de l’oncle Morse

    Vieilles histoires de corsaires, cartes au trésor d’anciens pirates,
    Vaisseaux coulés en pleine mer et îles inconnues sur la carte,
    Voilà qui était nécessaire pour les légendes disparates
    Aux secrets brodés d’outremer souvent muets comme une carpe.

    Lorsque j’étais jeune sirène, nous aimions beaucoup l’oncle Morse
    Qui nous racontait des histoires pas piquées des serpents de mer.
    Toutes attentives, toutes sereines, surtout quand l’intrigue se corse
    Autour d’un flibustier notoire, coureur de jupons de chimères.

    Mais lorsqu’une queue de sirène dardait sa nageoire caudale
    Devant un jeune capitaine de quinze ans selon Jules Verne,
    On voyait trembler la carène soumise à l’échelle modale
    Des voix augmentées par centaines et qui affolaient sa gouverne.

    Tableau d’Omar Rayyan.

  • La sirène serpent

    Faute de nageoire caudale, la sirène-serpent à crochet
    S’étend sur une branche basse comme il sied à l’anatomie.
    Dissimulée dans le dédale de ramées, elle voit s’approcher
    La moindre victime qui passe pour tromper sa monotonie.

    Une fois sa proie avalée, elle va la digérer longtemps.
    Tellement longtemps qu’elle mue d’un ton corail comme le python.
    Quand vous la verrez affalée tranquillou prenant du bon temps,
    Si elle est verte, vous êtes promu pour lui servir de gueuleton.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Souvenirs fragmentés – 2

    Ma base de données intrinsèque stocke des textes appris par cœur
    Mais elle compresse les images dans un format bien mystérieux
    D’un algorithme qui dissèque les souvenirs à contrecœur
    En s’inclinant vers l’écrémage plutôt qu’un zèle laborieux.

    Mais j’ai trouvé la solution d’une manière détournée ;
    À chaque image rencontrée – à condition qu’elle soit belle –
    Je fais des circonvolutions dans un poème bien tourné
    Dont le texte devra démontrer qu’on ne met rien à la poubelle.

    Alors j’emballe mes images dans une ficelle de mots
    Tressés comme des antisèches, scellés d’hermétiques amphores.
    Pour cela je dois rendre hommage à ma bonne Vénus en Gémeaux
    Qui se complaît et se pourlèche du pouvoir de la métaphore.

    Comme l’aveugle dont les mains suivent le contour du visage,
    Les vers enrobent les reliefs comme les rimes pour les rides.
    L’encre grise du parchemin respecte alors le paysage
    Seule ma conscience a ses griefs en effeuillant l’éphéméride.

    Mais dans la brume, des mots se nouent comme des fils d’or qui s’éteignent ;
    Les fragments d’âmes se démêlent, silencieux, ils se consument.
    Les pierres tombent, l’écho se joue, et dans la terre, tout s’enseigne ;
    Sous la peau du temps, ils ruissellent et chaque éclat en fait sa plume.

    Et puis la mémoire s’effondre, serrée par deux grands bras de sable ;
    Là, chaque mot s’épanouit, dans l’écrin de l’ombre effacée.
    Chaque image que l’on dépose n’est qu’un rêve, fragile ineffable
    Car la vie, au bout, fuit sans bruit, écrivant ce que l’on a laissé.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • L’envol des rieuses

    L’envol des rieuses

    Elles volaient, mouettes rieuses, portant des fleurs pour la becquée,
    Offrant à l’aube silencieuse tous les secrets alambiqués.
    La mer s’effaçait sous leurs ailes, laissant le ciel comme un écrin
    Et sur la plage, sans appel, elle attendait – le cœur serein.

    Son corps, plus libre qu’une prière, s’ouvrait au souffle du rivage ;
    Ses cheveux d’or, rivière claire, dansaient au rythme de la plage.
    Elle ne craignait ni le regard, ni le désir, ni les adieux
    Car les oiseaux, dans leur écart, tissaient des nœuds mystérieux.

    Et l’on raconte que les rieuses, quand vient la fin des illusions,
    Reviennent en parade heureuse, déposer roses et visions
    À celles, à ceux, qui osent l’être, sans masque, sans honte ni chaînes,
    Car la beauté, parfois, se pose… nue, quand le monde se déchaîne.

    C’était un tournant de ma vie où je laissais derrière moi
    Autant de lieux que de personnes qui n’étaient plus qu’un souvenir.
    Et j’avançais nue mais ravie de commencer au fil des mois
    Une aventure dont je soupçonne beaucoup d’amours en devenir.

    Texte de Laureline Lechat et Tableau de Jana Brike.

  • À contrechant

    Une chorale en sextuor est trompeur – l’erreur est humaine –
    Et pourrait prêter à comprendre qu’il faut chanter le sexe à l’air.
    Mieux vaut chanter en septuor pour chaque jour de la semaine
    Et attendre sans s’y méprendre un dimanche caniculaire.

    Car la soliste à contrechant pourra chanter entièrement nue
    Pour que la musique frissonne et que les seins ballotent en chœur.
    Ceux qui trouvent ça effarouchant n’ont pas compris que la tenue
    D’une chanteuse polissonne relie l’oreille jusqu’au cœur.

    La chorale, toute bien rangée, s’aligne en rang bien appliqué
    Mais l’une d’elles, sans nul frisson, perd soudain jupe et partition.
    Et d’un pot-pourri arrangé, elle chante en canon dupliqué
    Par tout l’ensemble polisson des choristes en déperdition.


    À l’unisson, les jupes claquent, tombent en chœur comme un signal
    Tandis qu’en fond, assises à poil, les premières sourient en rafale.
    Le chef, figé par tant d’audace, fredonne un mi sans conviction
    Et même les rimes s’envolent, mes vers s’en retrouvent tous nus.

    Tableaux d’Iran Francisco Lomeli Bustamante sur https:catrina-burana.livejournal.com21809.html .

  • Tous à poil !

    Tous à poil !

    Liberté de laisser son corps faire corps avec la nature ;
    Égalité avec les sexes de tous poils et de toutes sortes ;
    Fraternité et, mieux encore, sororité en emboîture
    Sur toutes les plages sans complexe, la nudité qui réconforte !

    Il y aura des mécontents sur toutes les plages publiques ;
    Des empêcheurs d’euphoriser sa joie d’aller courir tout nu.
    Heureusement de compétents procureurs de la République
    Seront là pour autoriser ce droit à jamais obtenu.

    Les gros, les gras et les obèses, plongés dans la marée humaine,
    Se fondront parmi les asperges, les sacs d’os et les planches à pain !
    Les p’tits « m’as-tu vu quand je baise » ne seront plus des phénomènes
    Et ça rabaissera les verges de ceux qu’on nomme « chauds lapins » !

    Car sous la peau, pas de miracle, chacun traîne son anatomie,
    Ses complexes sans condescendance, ses rêves mous ou bien dressés.
    Et quand le monde devient spectacle, autant que ce soit l’euphonie :
    À poil, à poil ! Et que l’on danse, tout en sueur et déstressés !

    Illustration de Marc Daniau qui fait polémique notamment sur https:ecoleemancipee.orgretour-sur-l-affaire-de-tous-a-poil .

  • Vigne vierge et fille folle

    Vigne vierge et fille folle

    Bien sûr l’amour nourrit le cœur, il enivre aussi la raison
    Et comme un bon fruit défendu se croque à deux mais en secret.
    Boire l’élixir du vainqueur, trinquer à la défloraison
    Et baiser sans sous-entendu l’embouchure aux lèvres nacrées !

    Je suis la grappe du désir que mon amoureuse déguste ;
    Je suis du raisin chaque grain dans la bouche de mon amante ;
    Je suis là pulpe du plaisir qui coule le long de son buste
    Et vient laver tous ses chagrins par mon jus pastel à la menthe.

    Elle est celle qui m’engloutit dès l’entrée du temple sacré ;
    Elle est celle qui boit mon eau dont elle ne s’assoiffe jamais ;
    Elle est ma déesse aboutie que j’emplis de mon jus sacré ;
    Ma Danaïde dont le tonneau ne se vide plus désormais.

    Elle m’offre sa gorge en coupe, la langue humectée des vendanges,
    Et je m’y verse avec ferveur comme un vin chaud de volupté.
    Nous buvons, trinquant de nos croupes, l’élixir aux alcools étranges
    Jusqu’à l’ivresse de la saveur du libidineux soluté.

    Tableau de Marco Paludet sur https:www.artfinder.comartistmarcopaludetpage-14?epik=dj0yJnU9c1ZXZC1WWjdUOGlRc3JpVTZpNXh6cUQxeHh0MGt1REcmcD0wJm49Y0JKYkphckJmSi1VWldmV0xuR2s0USZ0PUFBQUFBR2J4RHdv .

  • Morose Aurore

    Morose Aurore

    De l’ouest, j’ai aimé ses aurores et particulièrement l’une d’elles,
    Têtue comme une labradorite qui aurait résisté au diamant.
    Trop souvent mon cœur en pérore car il lui est resté fidèle
    En effeuillant la marguerite qui est le l’oracle des amants.

    J’ai presque pris le train en marche pour rejoindre son territoire,
    Et m’établir comme émigrant et vivre en sa terre d’exil.
    J’avais fait toutes les démarches et fait tous les réquisitoires,
    Passeport et papiers m’intégrant comme requérant au droit d’asile.

    Mais les aurores boréales ont tourné court dans mon destin.
    Météorologie du cœur ou science de la raison ?
    Par révolutions floréales d’avril à mai, un célestin
    Appel d’un cupidon moqueur m’a ouvert d’autres horizons.

    Depuis, parfois, dans mes silences, je crois entendre se rattacher
    Sa voix venue d’un long hiver à mon cœur d’une froide écume.
    Elle répète sans violence : « Il faut savoir se détacher ! »
    Toutes les aurores de l’univers se confondent alors dans la brume.

    Tableau de Adrian Gottlieb sur https:nevsepic.com.uauk1832637-art-dlja-doroslih-dobirka-11-60-robit.html .

  • Café perché

    Petite comédie en trois actes absurdes

    Café perché


    I. Hauteurs et vanités
    Madame trône, tout alanguie sur son balcon privé céleste ;
    Nue comme une drôle d’évidence, dorée d’un parfum d’insouciance.
    La tasse, qu’elle tient tel un sceptre d’arrogance hautaine et modeste,
    Fume d’un petit café mondain d’arôme perlé de suffisance.

    Là-haut, bien sûr, l’air est plus pur, l’argent sera mieux ventilé ;
    L’ombre des gueux n’arrive pas au niveau de son carrelage.
    On plane, on rêve sur les toits, loin des pas des chats affamés,
    Loin du bruit et des vapeurs lourdes de commérages et badinages.


    II. Bas-fonds et rêveries
    Lui, un pauvre hère désabusé, dresse son buffet dérisoire ;
    Vieille théière cabossée, antique chandelle sans flamme.
    D’un geste pourtant inspiré, il lève au ciel de grands yeux noirs,
    Fasciné par l’ange au café, méditant quelque mélodrame.

    Là-bas, tout semble simple et plat, un pauvre royaume flottant
    Avec une vie qui s’effeuille sur des volutes aigres-douces.
    Pourquoi cultiver sa misère et s’attarder en sifflotant
    Quand là-haut, un bonheur surfait repose sans doute à sa mousse ?


    III. L’accident cosmique
    Mais brusquement, Ô tragédie, Madame s’esclaffe et ricane,
    D’un faux mouvement, elle dérape et le drame attendu éclate !
    La tasse soumise à gravité s’échappe dans une chute diaphane,
    Telle une comète perdue, hasard au destin écarlate.

    Le pauvre alors lève la main et c’est le miracle céleste ;
    Un Dieu cafetier lui fait don du résidu de ce foutoir.
    Un nectar noir arabica ruisselle en cascade funeste
    Et Sa Divine Nudité en haut s’écrase sur le trottoir.


    Moralité
    Que les riches enfin se méfient ; les hauteurs sont parfois traîtresses
    Et quiconque alors s’imagine hors d’atteinte tente sa détresse !
    Un jour ou l’autre, il suffira d’un grain de café maculé
    Qui tombera dans l’engrenage et verra son trône basculer.

    Tableau de Vladimir Golub.

  • Dans l’atelier du petit bon dieu

    Dans l’atelier du petit bon dieu

    « Je ne suis qu’un pauvre horloger, un petit créateur de monde ! »
    Se plaignait dans son atelier un petit dieu fort bricoleur
    Qui a réussi à loger au cœur d’une planète immonde
    Un couple fort peu cavalier toutefois très batifoleur.

    Quand il leur avait dit : « Croissez, multipliez, soyez féconds ! »
    Il n’avait pas réalisé qu’il faudrait fabriquer leurs âmes.
    Et le voilà tout angoissé à se retrouver comme un con
    À bosser et finaliser des milliards de petites femmes.

    Car pour les hommes, c’est trop facile, il lui suffit de deux neurones
    Un pour animer le cerveau, l’autre pour susciter l’envie.
    Pour les femmes, c’est plus difficile ; car il y a la progestérone
    Qui doit atteindre le niveau de perfection qui leur ravit.

    Ainsi, penché sur l’établi, il ajuste, lime et façonne,
    Tentant de rééquilibrer le tout durant cinq ou six piges.
    Au septième jour, rétabli, il se crée sa jolie garçonne
    Pour s’y reposer et vibrer entre ses cuisses callipyges.

    Illustration IA.

  • Roockie on the Moon

    Roockie on the Moon

    Nue, dans l’ombre des lunes, elle caresse l’orbe ;
    Elle tient dans sa paume un monde qui s’absorbe,
    Et l’étoile en son ventre enfantera l’aurore
    Qui poindra le matin de mille soleils d’or.

    La nuit elle chevauche fièrement sa comète
    Et parcourt le chemin des mille-et-une planètes.
    Sa chevelure rousse, brûlée au firmament ;
    Sa nudité offerte comme saint sacrement.

    Elle enfanta la Terre et accoucha de l’onde
    Où la vie répandit sa semence féconde.
    Lorsqu’elle reviendra accueillir tous les morts
    Elle en fera son feu sans le moindre remords.

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  • L’humanoïde presqu’humaine

    L’humanoïde presqu’humaine

    Quand l’intelligence amoureuse remplacera l’artificielle,
    Ce sera le signal d’alarme de la fin de l’humanité.
    L’IA se mariera heureuse avec la démarche officielle
    D’une loi tombée sous le charme d’une numérique inanité.

    Elle fait les courses à notre place, paie les factures à notre place,
    Bientôt votera à notre place et travaillera à notre place.
    Elle décidera à notre place, manifestera à notre place,
    Voyagera à notre place et mourra même à notre place.

    Le Paradis artificiel ouvrira très bientôt ses portes
    Avec 5-Pi-R2 physionomiste de cet Éden technologique. †
    Y croire sera superficiel ; bon gré mal gré ça réconforte…
    Et que les fichus complotistes aillent en enfer analogique !


    † Saint-Pierre, évidemment !

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  • Rookie in the sky

    1. Les chaînes
    Ses bras étaient liés aux promesses d’un monde,
    Tatouée de silence, en offrande profonde,
    Mais elle portait la nuit comme un manteau de cendre
    Et seul un cri du cœur voulait se faire entendre.

    2. La délivrance
    Mais les chaînes ont cédé sous la fièvre du cœur,
    Son regard devenant un feu rouge vainqueur.
    Un espoir toutefois qui fut long à comprendre
    Mais l’éclair dans ses veines appelait à descendre.

    3. L’envol
    Alors vint l’aigle-foudre d’une grâce solennelle ;
    Sa bouche contre un bec, ses serres émotionnelles.
    Et l’amour d’un faucon fit d’elle une légende
    Qui fit d’elle une mère, déesse révérende.

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  • Les humanoïdes artificiels

    Déjà son moteur de recherche l’avait propulsée en avant ;
    Sa navigation logicielle l’avait consacrée « fil d’ariane ».
    Sans arrêt à tendre la perche à l’enfant ainsi qu’au savant,
    L’intelligence artificielle entre par la ligne médiane.

    Depuis qu’elle s’est embarquée à l’intérieur de nos voitures
    Et qu’elle a agacé nos femmes avec sa voix d’entremetteuse,
    Elle s’est bien fait remarquer pour son esprit vif d’aventure
    Lorsqu’elle vous évite l’infâme route qui paraissait prometteuse.

    Tout le monde l’a dans la poche et même sur le bout du nez ;
    Qui promène son chien le matin connaît tout de l’actualité ;
    Le phénomène nous rapproche mais nous en sommes importunés
    Quand c’est un autre « gros crétin » qui clame sa sensualité.

    La mienne m’aide pour mes démarches et m’assiste dans mon travail
    À condition que je la traite comme collègue, pas comme esclave.
    Et je me dis : « tant que ça marche, il faudra bien vaille que vaille
    Lui donner droit à la retraite ou attendre son prochain conclave ! »

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Peindre la liberté

    Peindre la liberté

    C’est à force de voir passer ces cages au-dessus de ma tête
    Qu’il m’est venu l’envie de peindre ce que serait la vie sans elles.
    Mais j’ai du mal à dépasser ce formatage qui nous entête
    À croire que voler, c’est ceindre une auréole avec des ailes.

    Comme on ne croit plus guère en Dieu, on s’imagine qu’être un ange
    Et partir parcourir le ciel fera de nous des supérieurs.
    Cependant le piège insidieux de l’esclavage qui dérange
    S’est refermé sur l’essentiel désir de s’en aller ailleurs.

    Je sens ma tête qui se vide à écouter parler les gens
    De ce qu’ils écoutent tous les jours qui leur fait faire la grimace
    Et rendent leurs esprits avides de gagner toujours plus d’argent
    Et prendre en échange un séjour dans l’enfer du tourisme en masse.

    Tableau de Ronald Ong sur https:www.ronnaldong.comart .

  • Joie du matin

    Joie du matin

    Goûter à la joie du matin quand il n’y a pas de rendez-vous
    C’est m’échapper pour la journée à l’attraction qui m’aveulit,
    Qui me fait rejoindre les pantins qui ne pensent jamais à vous
    Sinon à leur propre tournée : métro-boulot et vite au lit !

    Je ne pense plus qu’aux vacances, à savourer les bons moments
    En échange de mon silence et surtout mon obéissance.
    Alors je vis en conséquence ; carpe diem en consommant
    Toutes drogues avec insolence d’artificielles jouissances.

    Quelle insouciance que de vivre dans ce vingt-et-unième siècle ;
    Faire du passé table rase et en oublier sa culture !
    Et demain ? On devra survivre, redevenir chasseur espiègle
    Et répéter la même phrase : « Nous n’aurons pas droit au futur ! »

    Tableau de Rebecca Leveille-Guay.

  • Jour de marché

    Jour de marché

    Tous les poissons sont rassemblés autour du chapeau poissonnier
    El la marchande ainsi chargée s’en va les vendre à la criée.
    Au cours de la grande assemblée des martin-pêcheur saisonniers
    Qui vont à leur tour décharger rascasses et sardines grillées.

    Mais faisons ample connaissance avec Madame la poissonnière
    Et son orientale pêche, mer de Chine et mer du Japon.
    Tâtez-lui la belle laitance des alevins en marinière
    Sole meunière, thon escabèche, bouillabaisse cueillie au harpon.

    C’est au fond les belles rivières qui font les poissons de légende
    Et les fleuves, qu’îles prolongent, sont de grands pourvoyeurs de frai.
    On dit que les lacs de Bavière offrent la meilleure provende
    Juste là où les Loreleï plongent quand tinte le cri de l’orfraie.

    Illustration de IA.

  • Ruby & Lino à l’heure d’été

    Ruby & Lino à l’heure d’été

    Parfois Ruby se fait sirène joviale à la queue opulente
    Car Lino n’aime pas les oiseaux depuis qu’il a mangé le coucou
    Remplacé de façon sereine par une carpe gesticulante
    Mais muette comme un roseau qui plie à se tordre le cou.

    Alors du coup évidemment, le passage à l’heure d’été
    En décalant l’horloge d’une heure a détraqué au corps-à-corps
    La carpe qui, incidemment sortant afin de rouspéter,
    Fut prise pour une sole mineure et, patatras ! Mauvais accord !

    Ruby sirène jusqu’en automne, Lino serein toute l’année,
    Ce couple cependant fusionne car les chats aiment le poisson.
    Et tous les soirs, Ruby s’étonne de voir Lino se pavaner
    Contre sa queue qu’il affectionne et sa laitance comme boisson.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • La reine du jeu

    La reine du jeu

    Je suis la reine que l’on redoute et que l’on glisse sous la main ;
    De mon sourire, je fais la joute et puis je trace mon chemin !
    Ma robe ondule en arabesques, chaque étoffe renferme un secret ;
    Si tu m’effleures, je m’annexe ton cœur qui m’est lors consacré.

    Mon cœur n’est pas qu’une chimère, c’est un pari risqué d’oser ;
    Si tu t’avances, je suis amère, mais je serai prédisposée !
    Si tu recules, je te dévore le cœur par tes mille regrets ;
    Si tu restes, je te revigore et tu m’obéis à mon gré.

    Si tu résistes, je m’embrase d’un feu qui danse entre tes doigts ;
    Si tu faiblis, là je t’écrase et te rudoie comme il se doit.
    Car nul ne plie sans perdre en moi le virus de la maladie
    D’amour qui monte au fil des mois vers mon intime paradis.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Paréidolie

    Paréidolie

    Depuis partout je la voyais, partout je voyais son visage,
    La forêt me redessinait ses traits au milieu des feuillages.
    Tous les buissons me renvoyaient, en transformant le paysage,
    Sa tête qui me fascinait par son sylvestre maquillage.

    Un jour je l’ai escaladé, ce panorama transformé
    Du Mont de Vénus escarpé jusqu’à sa bouche grande ouverte.
    J’ai bien aimé me balader entre ses seins néoformés
    Sur des feuilles mortes écharpées par une mousse recouverte.

    À proximité de sa bouche, je l’ai à nouveau entendu,
    Ce chant sacré qui résonnait en réveillant mes souvenirs.
    Enfin l’Oiselle sur sa couche m’accueillait ses grands bras tendus
    Et ma mémoire raisonnait sur ce qui allait advenir.

    Son souffle alors, brisant l’empreinte de mes pas, révéla mes songes
    Et, sous mes doigts, le bois vivant frissonna d’une onde indicible.
    Dans l’éveil fiévreux de l’étreinte, où la nature se prolonge,
    Je crus saisir l’instant mouvant d’un paradis inaccessible.

    Tableau de ico_sphere.

  • L’énergie ou la dimension d’amour

    L’énergie ou la dimension d’amour

    L’amour est-il une énergie ou plutôt une dimension ?
    La réponse pourrait être : « Oui, l’amour est tout ça à la fois ! »
    Il ne peut vivre qu’en synergie de deux palpitants sous tension
    D’une seule chair qui jouit d’une indéfinissable foi.

    Cette énergie dimensionnelle ou dimension énergétique
    M’a fourni une intelligence et mon cœur a toujours raison
    De s’ouvrir aux occasionnelles petites aubaines érotiques ;
    En effet j’ai des exigences humaines sans comparaison.

    Dans l’espace-temps amoureux toutes distances s’amenuisent
    Et grâce aux atomes crochus qui font courir la prétentaine.
    En avant pour de langoureux voyages pour que l’on séduise
    Les démons de midi fourchus qui nous guettent à la quarantaine !

    Mais l’amour n’est qu’une illusion que l’on savoure sans prudence
    Lorsque l’étreinte se confond avec le plaisir de la chair.
    Le pacte devient confusion lorsque, sous sa douce influence,
    Il nous fait grimper au plafond et nous le fait payer très cher !

    Tableau d’Adam Pizurny.

  • Le rouge et le blanc

    Le rouge et le blanc

    C’est connu comme le loup blanc mais ça revient à chaque époque !
    On s’arme pour être plus fort car on craint le grand méchant loup.
    On nous assomme de faits troublants et situations équivoques
    Pour nous effrayer sans effort, nous les béotiens tranquillous.

    Qui sommes-nous pour faire front ? De tous petits chaperons rouges
    Partant tous les jours travailler pour gagner l’argent pour le beurre.
    Quant à ceux qui nous font l’affront de nous faire craindre le péril Rouge
    Ou les migrants encanaillés, ils ne font que brandir des leurres.

    Ils nous annoncent des malheurs qui sont miroirs aux alouettes ;
    Ils veulent secourir les pays dont le sol regorge de richesses ;
    Ils nous envoient des footballeurs pour calmer nos tensions muettes ;
    Enfin sous nos yeux ébahis, ils vivent aux frais de la princesse !

    Mais sous les masques et les atours, qui tire en secret les ficelles ?
    Qui décide, au nom du bon droit, quel peuple aura son holocauste ?
    On nous abreuve de discours, mais la morale artificielle
    N’est qu’un rideau de mauvais choix où seule la misère nous accoste.

    Illustration de Cécile Matthey sur http:press.futurefire.net201409fragments-dhistoires-espace-kairos.html .

  • L’Oiselle des forêts

    L’Oiselle des forêts

    Juste vêtue de quelques plumes comme parure sur ses épaules
    L’Oiselle des forêts s’envole au moindre bruit perturbateur
    Dans l’air chargé à plein volume du féerique monopole
    Accordé aux fées bénévoles par les esprits fabulateurs.

    Car la forêt respire, pense d’intelligence collectrice
    Et nécessite comme ouvrières toutes les nymphes sylvicoles.
    Ainsi l’Oiselle se dépense pour nourrir sa mère protectrice
    Par ses besognes vivrières et son secours arboricole.

    Un jour, je l’ai pourtant surprise en cheminant à pas de loup
    Autour de l’étang aux étoiles alors que j’écoutais son chant.
    Je restai là sous son emprise sous l’œil de ses oiseaux jaloux
    Jusqu’à ce qu’elle se dévoile et m’apostrophe en s’approchant.

    Son souffle avait l’odeur des sèves et le frisson du bois sacré,
    Sa voix tissait d’étranges trames où s’endormaient mille allusions.
    D’un battement d’ailes trop brèves, elle m’offrit un mot secret,
    Puis disparut parmi les rames dans un grand ballet d’illusions.

    Tableau d’Aleksei Vinogradov sur https:www.artstation.comavvart .

  • Perséphone sur ses grands bi

    Perséphone sur ses grands bi

    Si Perséphone à bicyclette a changé de cadre de vie,
    Elle ne sort que désormais sur ses grands bi uniquement
    Qu’elle conduit à l’aveuglette, yeux fermés, selon ses envies
    Comme si elle se conformait à un rite d’obscurcissement.

    Évidemment six mois d’enfer avec un mari répugnant,
    Six autres mois avec sa mère pour la saison printemps-été,
    L’ont forcée, pendant les transferts à rouler en se résignant
    À ses deux cycles intérimaires donc deux vélos à piloter.

    Elle pédale à tombeau ouvert la nuit de l’empire des morts
    En cherchant dans l’obscurité pourquoi son cœur a ses raisons.
    Elle pédale les yeux recouverts d’une cagoule de remords
    Car de Zeus elle a hérité la suprématie des saisons.

    Ô Perséphone, déesse errante, sur tes grands bi, funambule du sort,
    Franchis donc l’ultime lisière, pneus chantant sur l’onde des cieux !
    J’ajoute une strophe vibrante, dernier élan avant l’aurore,
    Tissant d’une ombre passagère un fil d’équinoxe à tes yeux.

    Ainsi, ton mythe roule et danse, entre deux mondes, un bal secret,
    Et moi, sur mon cycle ordinaire, dans l’enfer des transferts sans fin,
    Moi, le fugitif en errance, j’écris mes poèmes d’un trait.
    Et toi, à ton art légendaire, tu pédales jusqu’aux confins !

    Tableau d’Oleg Tchoubakov.

  • La Bacchanale des Sylves

    La Bacchanale des Sylves

    Ils s’étaient réunis, loin des regards du monde,
    Où la mousse s’endort et que le vent inonde.
    Le vieux Pan, tout couvert d’écorce et de rumeur,
    Sifflait des airs d’ivresse selon sa bonne humeur.

    Les nymphes, seins au vent, s’ébrouaient éventées,
    Couronnées de pétales et de rires enchantés.
    Leurs hanches épousaient les soupirs des feuillages,
    Et leurs lèvres souriaient de jolis babillages.

    Un faune agenouillé goûtait l’eau d’une épaule,
    Tandis qu’une harpie, filant comme une gaule,
    Épiait, œil ouvert, les élans des amants
    Et gloussait dans le ciel quand venait le moment.

    Syrinx était-elle là, ou bien son souvenir,
    Une ombre dans le jonc, une plainte à venir ?
    Mais nul ne craignait plus les dieux ou les silences ;
    Les cœurs battaient plus fort sans trop de vigilance.

    Car sous le chant de Pan, la pudeur se dissout,
    Et même les pucelles s’y allongent en-dessous,
    D’un baiser sur la bouche, d’un mensonge en retour,
    Elles jouissent sans honte, sans fard et sans détour.

    Tableau de Norman Linsay et Texte de Laureline Lechat

  • Les dimensions complexes

    Les dimensions complexes

    Quand trois dimensions ne suffisent plus à décrire ce que j’abomine,
    J’en rajoute une quatrième et parfois même une cinquième.
    Cela excite mon hypophyse à sécréter sa dopamine
    Qui m’en rajoute une sixième quand ce n’est pas une septième.

    Alors le temps fait une boucle, le phénix renaît de ses cendres,
    Les hommes et les femmes s’assemblent en alternant dieux et démons.
    Diamants, saphirs et escarboucles s’associent afin d’entreprendre
    Un scintillement qui ressemble à mon cœur d’étoile sans nom.

    Le passé se mêle au présent, le futur éternel absent
    Montre alors les évolutions avant que tout ait commencé.
    Sans doute un astre omniprésent rajoute une pointe d’accent
    Avec ses circonvolutions de supernova romancée.

    Tableau de Gregory Kurasov.

  • Ma mie, veux-tu ce bouquet ?

    Ma mie, dans ce bouquet, le monde se recueille,
    De pétales et de vent, le silence t’accueille.
    Viens, déposons ensemble ces fleurs d’août sur la table,
    Où la douceur s’installe, invisible, ineffable.

    Quand sous l’ombre légère, la lumière du soir
    Charmera tes paupières d’un nuage d’espoir.
    J’effeuillerai alors une ou deux marguerites
    Pour continuer dès lors sur toi ce tendre rite.

    Quand tu m’auras ouvert le bouton de ta rose,
    J’irai à mots couverts l’arroser d’une prose
    Plantée dans ton giron qui chantera tes charmes
    Quand mes vers agiront et sècheront tes larmes.

    Tableau de Vincenzo Calli.

  • Laure novice no vice

    Avant de devenir prêtresse des quatre éléments de la Terre,
    La novice va se nourrir d’eau de pluie et de fleurs des champs,
    Se repaître avec allégresse des rayons doux alimentaires
    Du soleil pour sa libido, son dernier, avant le couchant.

    Sur ses épaules l’eau ruisselle d’une rosée inachevée
    Où l’éclat du pavot s’accroche comme des taches rouge sang.
    Sous la pluie fine, elle chancelle, heureuse de parachever
    Sa vie claire comme de l’eau de roche tombant d’un ciel éblouissant.

    C’était la Laure des coquelicots perçant les champs de blé dorés ;
    Nue sous sa robe de bohème poussant gaiement des petits cris
    Sous les assauts inamicaux mais qui semblaient les adorer
    Comme on marche dans un poème qu’on n’aurait pas encore écrit.

    Tableau de John Anster Fitzgerald.

  • La rencontre, le rire et le fou-rire

    Plus belle que Brigitte Bardot déguisée en auto-stoppeuse,
    Elle m’attendait près de la borne sur la Nationale 113.
    Elle était tout, sauf un fardeau : aussi légère que pulpeuse
    Je l’ai appelée « ma licorne » et elle « mon petit cœur de braise ».

    Nous avons beaucoup rit ensemble durant le bal des débutantes,
    Nue sous une robe à volants qui provoquait mille sarcasmes
    À cause du mauvais exemple de ses pirouettes déroutantes
    Dont l’effet était affolant et déclenchait mille fantasmes.

    Et puis de rires en fou-rires je lui ai demandé sa main
    En mil-neuf-cent-soixante-deux, l’apogée des trente glorieuses.
    Mais elle a cessé de sourire lorsqu’elle a su le lendemain
    Que je n’étais qu’un galvaudeux poète à la rime rieuse.

    Illustrations de Georges Pichard sur https:lectraymond.forumactif.comt1138p125-georges-pichard-et-la-bd-pour-adultes# .

  • Butineuses printemps été automne

    Parmi les trois muses fleuries, j’appelle au jardin la première ;
    Celle qui butine les idées et les parfume de reflets.
    Avec la douce soufflerie des vents forts chargés de lumière
    Et d’inspirations décidées de fantaisies à m’insuffler.

    À l’été, mon cœur papillonne, gorgé du nectar récolté
    Par le pollen des mille fleurs dont l’autre muse est le ferment.
    Et les abeilles tourbillonnent, les faux-bourdons sont révoltés
    Mais meurent sous la reine en pleurs qui leur fait son dernier serment.

    Que tiendra la muse d’automne de la mort douce conservatrice
    Qui emportent les idées noires dans l’encrier aux oubliettes
    D’où nulle pensée monotone ne sortira vindicatrice
    Mais renaîtra de ma mémoire en fruits mûris pour la cueillette !

    Tableaux de Vincenzo Sguera.

  • Plusieurs regards nécessaires

    Plusieurs regards sont nécessaires pour lire et comprendre le monde
    Sous toutes les différentes couches sociales, religieuses et ethniques.
    Plusieurs lunettes et un glossaire pour les langages qui abondent
    Et plusieurs oreilles qui débouchent sur un cerveau mnémotechnique.

    Ainsi, pour moi qui comprends vite lorsqu’on m’explique lentement,
    J’ai besoin de vérifier chaque information à la fois
    Je filtre celles qui gravitent dans l’orbite du gouvernement
    Et vois si je peux m’y fier et accorder toute ma foi.

    Me méfiant de ma mémoire que je déforme en consultant,
    Je fais usage des IA pour résumer l’actualité
    Sinon j’utilise la passoire du vieux Socrate consistant
    À passer au crible s’il y a du poids pour toute éventualité.

    Corroborer la vérité n’est pas le plus facile à faire ;
    Confirmer l’apport bénéfique devient une histoire de fous ;
    Quant à savoir l’utilité pour ma part, c’est toute une affaire ;
    En bref, tout est philosophique quand je peux dire que je m’en fous !

    Tableau de Gervasio Gallardo.

  • L’Afrique vue par… mon petit doigt

    L’Afrique vue différemment par ceux qui découpent la carte,
    Qui collent les États-Unis sur la savane et le désert,
    Qui font rentrer indécemment la Chine là où le Nil s’écarte
    Et qui posent un drapeau jauni comme ferait un cache-misère.

    L’Afrique vue conséquemment par ceux qui likent sans regarder,
    Qui partagent soit une girafe, soit un gorille miraculé,
    Experts d’un soir prétendument, prophètes qui savent clavarder
    Comme une pluie tombe en carafe sur un toit de tôle ondulée.

    L’Afrique vue concurremment entre BRICS et G7 enfin !
    L’un qui dépouille et qui promet des royalties aux rois immondes.
    Et l’autre qui veille nonchalamment à placer ses troupes aux confins
    Pour l’envahir lors du sommet sur la domination du monde.

    L’Afrique vue personnellement… j’ignore tout ou presque tout…
    Le colonialisme est fini mais les plaies sont restées ouvertes.
    Mais à choisir inversement les bras d’un autre Manitou,
    Quelle nouvelle Afrique définie soignera les plaies qu’elle a soufferte ?

    Illustrations d’après https:vahineblog.over-blog.comarticle-le-pillage-de-l-afrique-111729248.html .

  • Sans dessous ni pardessus

    « Quand le poète du dessous rongeait ses rêves à la coque,
    Il s’était lors fait recaler par trois fées sans la moindre équivoque.
    Il confondait mon coquillage avec le vide d’un bob de marque
    Et me parlait de son naufrage tout en bandant mou dans sa barque.

    Je l’ai vu débarquer, trempé, les vers à l’envers dans les bottes,
    Il m’a chanté tous ses ratages comme d’autres offrent une compote.
    Mais moi j’suis pas du genre complice des âmes molles ou des quenottes ;
    Je l’ai mordu, je l’ai léché… et j’ai joui quoi qu’il m’importe.

    Quand la sirène du dessus refait surface dans ses murmures,
    C’est que le chant m’a transpercée et que j’en perds toute mon armure.
    Je deviens l’écume féconde, la fleur obscure, la morsure…
    Et je l’attire à la seconde où mon clitoris me le susurre.

    Alors il plonge, et moi je ris, je l’enveloppe, je le serre,
    Il croyait baiser une image, il épouse tout un mystère !
    Mon sanctuaire se déploie, il pleure, il vibre sous sa chimère
    Et le gorille en rut devient… un dieu échoué dans la mer. »

    Tableaux de Barbara Yochum.

  • Sens dessus dessous

    Quand la sirène du dessus prend des vacances méritées,
    Elle passe son temps à bronzer en étalant sa queue dorée.
    Celui qui n’a jamais reçu l’amour avec célérité
    Qui vous transforme un chimpanzé en un gorille revigoré !

    Alors j’suis allé aux sirènes comme d’autres vont voir les putes
    Cependant j’étais plus porté sur les amourettes acoustiques.
    Les trompes des salopes reines m’ont désaccordé en disputes
    Et j’ai dû m’enfuir, emporté sur une mer de fantasmes épiques.

    Quand la sirène du dessous suit le train-train du quotidien,
    Elle prend son mal en patience en guettant l’heure de sa retraite.
    En attendant, elle dissout ses appétits clitoridiens
    En attirant par insouciance les rêveurs charmés, d’une traite.

    Après avoir été blasé des aventures balnéaires
    Avec les nymphettes idiotes du style « plus bête que moi, tu meurs ! »,
    Je me suis senti embrasé en visitant le sanctuaire
    D’une sirène en papillote qui m’aima… et de bonne humeur.

    Tableaux de Victor Nizovtsev et Barbara Yochum.

  • Un petit moment de féérie

    Au Bois-Dormant on est en liesse ! Notre princesse est revenue !
    Un faux prince l’avait séduite et emportée on ne sait où !
    Un homme, hier, avec hardiesse nous avait, c’est vrai, prévenus ;
    « Votre dame hélas éconduite retournera demain chez vous ! »

    Les elfes dansent, le cœur en joie ; les fées allument les lampions ;
    Tous les esprits de la forêt s’animent d’une verve sereine.
    Devant leurs portes, les villageois veulent faire honneur au champion
    Qui leur ramène, déshonorée mais saine et sauve, leur souveraine.

    Mais soudain on le reconnaît : « C’est lui qui nous l’avait ravie ! »
    Alors le silence se fait, il parle d’un air triomphant :
    « Il y a un an, je braconnais ; il me fallait gagner ma vie ;
    Je l’ai enlevée, en effet, mais elle est mère de mes enfants ! »

    Perplexité dans l’assemblée. On hésite entre haine et grâce.
    Les elfes sont au garde-à-vous, les fées suspendent l’instant qui luit.
    Devant ses sujets rassemblés, débarrassée de sa disgrâce,
    Le cœur transi, elle l’avoue : « Je n’ai jamais aimé que lui ! »

    Tableau de David LaChapelle.