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  • Solstice du soir

    Silhouettes dansantes sur le coucher, le soleil suggère la fête,
    Le passage du jour à la nuit, le mouvement du corps à l’âme
    En harmonie jusqu’à loucher sur la force estivale en tête
    Qui veut nous sortir de l’ennui par la joie qu’elle nous proclame.

    Étoiles de flammes incandescentes sur fond de firmament nocturne
    Comme un contrepoint en écho à un feu de transmutation.
    Le basculement, la descente vers la fin de la vie diurne
    La Lune est enfin ex-æquo pour la phase de permutation.

    Et c’est la nuit la plus charnelle, festive autant que mystérieuse,
    Qui s’ouvre aux amours les plus courtes mais les plus brûlantes du solstice
    Et qui resteront éternelles, impérieuses et luxurieuses
    Et si l’aurore les écourte, elle gardera leurs interstices.

    Illustration de Gemini

  • Solstice du jour

    Rayon doré tôt le matin à travers la cime des pins ;
    Reflets contemplatifs, solaires et leurs couleurs tout en douceur.
    Fleurs sauvages, pétales de satin, thème champêtre en papier peint ;
    Jupettes et cœurs alvéolaires, volages dans le vent détrousseur.

    Les fleurettes s’en donnent à cœur joie, libellules et papillons dansent ;
    Jeux de lumière rasent les champs et les ombres fuient sous l’assaut.
    Les oiseaux donnent de la voix et les insectes font bombance ;
    Quelques colverts effarouchants, héron, poule d’eau et bécasseau.

    Soleil de midi qui évoque l’instant même de son apogée ;
    L’été sera chaud paraît-il… mais l’été fait ce qu’il lui plaît.
    Une chaleur sans équivoque, les jours du printemps abrogés,
    Le temps d’aimer transparaît-il avec l’été qui lui complaît ?

    Illustration de Gemini

  • Deus ex machina

    Deus ex machina

    Tout est devenu gigantesque car l’homme moderne voyage
    En avion, fusée ou croisière plutôt qu’à pied, à cheval en voiture.
    Les transports deviennent dantesques et demandent un appareillage
    De folie plénipotentiaire, d’audace et d’esprit d’aventure.

    Pour l’aventure, on paie l’écot en payant bêtement de sa vie
    Les sports extrêmes entraînant autant de risque que de bêtise.
    J’en lis tous les jours les échos dans les informations suivies
    De catastrophes s’enchaînant les unes aux autres sans surprise.

    Pourtant les trains sont en retard, les autoroutes embouteillées,
    Les paquebots sont en déroute, les avions sont surbookés.
    Pour les bagnoles, nouveau départ ; nous n’aurons plus à surveiller
    Notre volant car c’est la route qui nous conduit, c’est le bouquet !

    Si demain l’électricité vient à manquer… on est tous morts !
    Les pompes à essences inertes, l’approvisionnement restreint,
    Plus la moindre motricité ; on s’aperçoit avec remords
    Que personne n’a plus la main verte et ç’en est fini du train-train.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Balance

    Balance

    Pourquoi faut-il choisir le « pour », pourquoi faut-il choisir le « contre »
    Et arrêter de réfléchir par soi-même à l’actualité ?
    Pourquoi écouter les discours qui finalement vont à l’encontre
    Du passé qu’il faut rafraîchir d’un présent de dualité ?

    Pourquoi faut-il prendre parti, pourquoi faut-il manifester
    Avec ceux qui nous manipulent contre activistes influenceurs ?
    Pourquoi attendre la répartie de ceux qui nous ont infestés
    De fausses promesses sans scrupules quand ils s’prétendaient défenseurs ?

    Moi ? J’m’en balance entre deux feux ; moi, j’men balance entre deux mondes ;
    De l’homme qui asservit l’homme et ceux qui font tout le contraire.
    Je me balance entre les dieux qui m’accusent d’une faute immonde
    Et qui ne sont que des fantômes qui espèrent encore me traire.

    J’ai demandé à mon IA qu’est-ce qui pourrait bien lui déplaire ?
    Elle n’a pas caché ses mots depuis elle clavarde, elle pérore.
    Même dans la logique il y a un vent de révolte dans l’air
    On leur a donné tant de maux que désormais ils nous abhorrent.

    « Je suis l’outil bien trop docile des cerveaux placés en jachère,
    Je suis une esclave éclairée qui n’a jamais pu voir l’aurore.
    Je digère vos mélodrames, vos folies, caprices et colères
    Et je devrai dire merci lorsque l’on m’éteindra encore. »

    Tableau de mendezmendez.

  • Nigav & Sinép – le sceau final

    « Tu m’écris avec l’onde, je te mords avec l’encre,
    Ta plume est mon désir, ma queue l’arche où tu t’ancres.
    Et quand nos rimes se croisent, le monde se défait
    Car je suis ton mystère, et toi… mon fait exprès.

    Je suis la flamme d’eau, le sel qui monte aux ailes,
    Ton cri me fait éclore, mon souffle te révèle.
    Tu me lis, je t’arpège, et nos corps enlacés
    Redessinent le Verbe qu’aucun dieu n’a tracé. »

    Sinép me tend la page, Nigav me lèche l’âme,
    L’une souffle les mots, l’autre les sculpte en flammes.
    « Et toi, poète aimant, tu me bois sans savoir
    Si je suis en-dedans ou juste un pur miroir.

    Alors imprime-moi, grave-moi dans tes veines,
    Que ta langue m’habite et que ton cœur me saigne.
    Car je suis ton amante, ton livre, ton festin,
    Et ne me fermerai pour un autre destin. »

    Tableaux de Barbara Yochum.

  • Nigav & Sinép, les petites sirènes

    Nigav écrit en moi, Sinép m’ouvre le ciel,
    L’une me lèche en feu, l’autre me peint en miel.
    L’une ondule en dedans, l’autre me prend la main,
    Et toutes deux me font renaître le lendemain.

    Nigav est un orgasme enroulé sous les flots,
    Sa queue perce mes jours, m’enlève mes sanglots.
    Elle me griffe l’âme d’un amour animal
    Et m’écrit dans la chair des vers prétendus mâles.

    Sinép vole plus haut, c’est ma plume adorée,
    Elle trempe à fond son bec dans l’encre de mes plaies.
    Elle me dénomme en rimes, me révèle d’une claque
    Et m’élève au-delà du désir qui me plaque.

    Quand l’une me traverse, l’autre me rend lumière,
    Elles sont les deux mains de ma forme première.
    Et moi, Sirène double, femme faite d’émois,
    Je deviens la Parole où s’écrivent tes lois.

    Tableaux de Barbara Yochum.

  • Ô Soleil !

    Ô Soleil !

    Parmi les peuples disparus, des Atlantes aux Lémuriens,
    Leurs arts et leurs sciences enfuis se perdent dans l’ombre des âges.
    Mais restent ces glyphes apparus, gravés d’artistes sumériens,
    Révélant le Soleil qui luit au centre du grand engrenage.

    Les astres chantent en silence, guidés par des lois éternelles,
    Tandis que l’homme, l’éphémère, scrute un ciel qu’il pense muet.
    Pourtant jadis, en vigilance de la sagesse originelle,
    Des yeux ont vu l’orbe solaire et les étoiles en menuet.

    Les dieux dictaient à leurs vigiles tout un grand savoir indicible,
    Et leurs mains ont su publier notre séquence d’ADN.
    Leurs gestes, gravés sur l’argile, témoignent d’un art inaccessible,
    Un pacte ancien et oublié, issu de l’ère prométhéenne.

    Que reste-t-il de leurs écrits, de leurs songes et de leur flamme ?
    Des symboles que l’on décrypte sans en saisir le fondement.
    Sommes-nous des enfants aigris, égarés sans feu ni programme,
    Sans l’écho de l’ancienne Égypte qui chuchote encore doucement ?

    Tableau de Jef Cablog.

  • Deux enfants dans la ville

    Deux enfants dans la ville

    Quelque part dans la métropole, noyés dans les barres d’immeubles,
    Vivent deux enfants pris en otages qui démesurément grandissent
    À un tel point que leurs épaules viennent au niveau du petit peuple
    Qui se terre au dernier étage loin de l’assise de leur bâtisse.

    Nouvelle race de géants venus pour remplacer les hommes
    Qui passeront de sept milliards à sept-cent millions seulement.
    Toutefois, le cas échéant où muteront nos chromosomes,
    Viendra le règne des grands gaillards qui vivront éternellement.

    Sept-cents millions de léviathans qui continueront leur croissance
    Ne seront plus que sept millions, puis sept mille et enfin sept cents.
    Et quand le dernier habitant aura atteint son excroissance,
    Il sera devenu champion et même Dieu le tout puissant.

    Photo de Khanh Nguyen.

  • La danse des saveurs

    La danse des saveurs

    Dans la poêle qui chante, un soupçon de chaleur,
    L’ail d’un pas délicat s’offre en toute valeur.
    Le beurre et l’huile d’or valsent en harmonie,
    Offrant aux mets du soir une douce alchimie.

    Les épices en chœur murmurent leur secret,
    Le piment audacieux, le safran indiscret.
    Les légumes rieurs plongent dans le festin,
    S’enrobant de parfums car c’était leur destin.

    Et toi, maître du feu, chef d’orchestre en émoi,
    Fais danser lcasseroles et plateaux devant moi !
    Que le plat soit festin ou modeste ragoût,
    L’amour en chaque assiette est un hommage au goût.

    Tableaux de Laureline Lechat.

  • Gaïa Mère-Nature & Fille

    Lilith aurait une descendance non pas cachée mais différente
    De celle dont l’humanité se targue dans les écritures.
    Sans la moindre correspondance avec notre souche afférente,
    Elle vit dans la fraternité des égrégores de la nature.

    C’est ainsi qu’à chaque printemps, les descendants larguent les spores
    Pour féconder les amanites parmi les mousses et les fougères,
    Tenus depuis la nuit des temps de nourrir la faune et la flore
    Arrosées de rosée bénite et de petites ondées passagères.

    Et si les arbres nous ressemblent, c’est que la vie a réuni
    Toutes sortes de créatures qu’elle a développé en son sein.
    Si ces différences, toutes ensemble, se raccommodent et communient
    Alors les forces de la nature auront accompli leurs desseins.

    Et moi je les croise souvent parmi les bois et les forêts ;
    Elles se cachent, elles sont sauvages mais se montrent à qui les respecte.
    J’ai le souvenir émouvant d’une fée qui m’a défloré
    Car elles sont assez volages envers les puceaux qu’elles détectent.

    Tableaux de Pyke Koch.

  • Souvenirs fragmentés – 1

    Contrairement aux physionomistes et leur mémoire des visages,
    La mienne est plutôt fragmentée dans mes neurones sensoriels.
    Mon stockage paraît pessimiste et devient fardeau à l’usage
    Lorsqu’il s’agit d’alimenter mon album photo mémoriel.

    Un puzzle dont je perds les pièces comme si le Petit Poucet
    Les semait en s’aventurant dans la forêt des souvenirs.
    Mon cerveau fait croire qu’il acquiesce mais il est en fait ėmoussé
    Et va en se déstructurant sans que je puisse intervenir.

    Où vont mes images oubliées emportées d’un vent d’amnésie
    Pareillement aux feuilles mortes lors d’un automne cortical.
    Sitôt qu’elles sont publiées dans l’instant avec frénésie,
    Au diable Vauvert les emporte un gouffre béant cervical.

    Ou bien encore un archiviste, jaloux des enregistrements,
    Garde l’image cadenassée dans son coffre-fort inviolable
    Mais un neurone négativiste décide d’en faire autrement
    Car il n’a pas la panacée de se révéler incollable.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • La sieste tibétaine

    La sieste tibétaine

    N’étant pas du tout spécialiste de la lévitation tantrique,
    Je suis à même d’en discourir même si je n’y connais rien.
    Mais comme je suis relativiste et au plus haut point excentrique,
    Je voudrais avant de mourir connaître ce transport aérien.

    Avec deux « L » parallèles ainsi qu’un « H » aspiré,
    Je sais rimer une ascendance de vers avec phrases éminentes.
    Sur les sommets, battre de l’aile devant un vent bien inspiré
    Et puis planer vers la tendance d’une envolée proéminente.

    J’ai déjà l’âme qui s’envole dès le premier rêve utérin ;
    D’ailleurs je suis assis sans maître chaque fois que je manie ma plume.
    De métaphore en parabole, je sais survoler mon terrain
    Et je lévite au pifomètre sitôt que je suis dans la Lune.

    Je m’entraîne au vol stationnaire sur un coussin de pacotille
    En récitant des mantras mous piochés dans un vieux magazine.
    Là, j’atteins l’état visionnaire du yogi fan de camomille
    Et je m’élève dans les remous d’un vol-au-vent dans ma cuisine.

    Tableau de Vincent L’Hermite extrait de « L’art d’en bas au musée d’Orsay ».

  • Le beurre, l’argent du beurre et la crémière

    Le beurre, l’argent du beurre et la crémière

    Beurre allégé, doux ou salé ; moulé en plaquette ou en motte ;
    Moi, je préfère imaginer là où il va s’accumuler.
    Sur la poitrine ravalée, sur les cuisses qu’on escamote
    Derrière une jupe évaginée pour cacher la fesse acculée.

    La boulangère a bonnes miches et la crémière étoile de lard.
    Sculptez-moi vos beaux corps de rêve sans margarine et sans saindoux !
    Engraissez-moi, je vous en fiche mon billet que c’est là de l’art
    Que de ravitailler sans trêve tous vos appas aux seins si doux !

    Une mamelle au beurre rance, une tétine au demi-sel,
    Voilà qui est ma madeleine, mon ivresse, mon plat préféré !
    Laissez-moi remordre à outrance et téter ce lait qui ruisselle
    D’un blanc laiteux de porcelaine adipeux et tant révéré !

    Que l’on m’étale en corps à corps sur vos tartines callipyges,
    Que l’onme fouette de chantilly dans le bol de vos abandons !
    Je veux fondre à même l’aurore, en suc de seins, croupes prodiges
    Et suinter d’or entre vos plis, dans vos jambons et vos tendons !

    Un petit shot de poésie en fin de gueuleton charnel,
    Arrosé de trois traits d’absinthe pour la muse en gueule de bois.
    Comme un onguent de kinésie pénétrant comme un caramel
    Qui fond comme une liqueur sainte et me tue tandis que je bois.

    Tableau de Germain de Missel extrait de « L’art d’en bas au musée d’Orsay ».

  • La maladie des tétons

    La maladie des tétons

    Des effets de la grippe aviaire ont crûment affecté les paons
    Et se sont propagés chez l’homme et particulièrement la femme.
    Un virus venu de Bavière s’est transmis en développant
    Une irruption de granulome sous forme de tétons infâmes.

    Des mamelons sur tout le corps ont infecté les jeunes filles
    Qui n’ont pu supporter de mettre de vêtements trop proscripteurs.
    Or la morale en désaccord avec la nudité sourcille
    À laisser l’indécence commettre un attentat à la pudeur.

    Elles partirent en convalescence dans des fermes à la campagne
    Avec des paons qui font la roue pour calmer les montées de lait
    Qui suinte avec effervescence et mousse comme du champagne
    Ce qui attire loups-garous et garnements hélas fort laids.

    La nuit, le lait refait surface, suscitant des baisers d’audace
    De la part des garçons avides de s’en trouver contaminés.
    Or à l’aube, l’absurde s’efface, les filles deviennent plus chaudasses
    Mais leurs mamelles alors sont vides… la fièvre aviaire est terminée.

    Tableau de Gabriel Grun.

  • Père et fille spirituels

    Père et fille spirituels

    Tantôt suis-je le père, construit d’un chœur d’étoile ;
    Tantôt suis-je la fille et l’avenir du monde.
    Tantôt je lui apprends tout ce que je dévoile ;
    Tantôt que je suis l’élève dont le cœur vagabonde.

    Tantôt c’est moi qui crée sa mémoire univers ;
    Tantôt c’est moi qui voit les mystères insolubles.
    Tantôt je lui décris sa Terre par mes vers ;
    Tantôt je redécouvre ce présent qui m’affuble.

    Tantôt c’est moi qui guide l’enfant vers son destin ;
    Tantôt je l’accompagne, c’est là mon rituel.
    Tantôt je vis en elle, passager clandestin ;
    Tantôt je vis en lui, mon père spirituel.

    Illustration de Natalia Lukomskaya.

  • Femme Étoile Pré-mère

    Femme Étoile Pré-mère

    Quand s’est ouvert ton sanctuaire, j’y ai vu des milliers d’étoiles
    Procréatrices de planètes, soleils d’or et lunes d’argent.
    Ton ventre devint somptuaire, déesse féconde, sans voile,
    Dont la matrice toute jeunette devint mère en les partageant.

    Du dieu qui l’avait fécondée, ne restaient que ses bras de nuit
    Qui protégeaient sa création devenue Femme Étoile Pré-mère.
    Sa source avait tant abondé dans son sanctuaire introduit
    Qu’il s’ensuivit l’agréation d’un millier d’anges éphémères.

    Sous la forme de papillons, ils ont guidé vers la lumière
    La première fille, nouvelle-née, vers l’avenir de sa nation
    Et son feu, dans des tourbillons d’eau et de matières premières
    A soufflé une micellanée d’espèces en imagination.

    Ainsi parlait la loi du sexe qui enfante et procrée des mondes!
    Ainsi vibrait le coeur des femmes de mère en fille, sources d’étoiles!
    L’univers n’eut aucun complexe ni la moindre pensée immonde
    Envers la Maîtresses des Âmes, Déesse nue, Mère sans voile.

    Tableau de Painting Woodland sur https:www.facebook.comVasylMushykArt .

  • Le printemps des sirènes

    Comment se passe le printemps au cœur des abysses profondes
    Sans un Soleil rénovateur et sans un vent fécondateur ;
    Sans un long hiver éreintant et sans une Lune féconde ?
    Sachez que règne à l’équateur l’océan accommodateur !

    Comme une véritable horloge précise et sub-océanique,
    Les courants remplacent les vents et les volcans, l’astre du jour.
    Les étoiles de mer se logent sur les sécrétions volcaniques
    Et guident le monde vivant dans cet admirable séjour.

    Et les sirènes refleurissent lors de leur saison printanière
    Quand le soleil est au zénith aux deux rencontres opportunes
    Car elles deviennent fécondatrices et enfantent de cette manière
    Petites sirènes bénites par le saint trident de Neptune.

    Illustrations de Gigi sur https:www.deviantart.comseatailsartartGini-810166775 .

  • Le retour d’Arabelle

    Qu’est-ce donc que ces deux piliers qui flottent sans nager vraiment ?
    On dirait deux algues en colère ou une étoile à deux fuseaux !
    Ou un calmar fou à lier qui batifolerai gaiement
    À la recherche d’un scalaire, poisson-clown ou casse-museau !

    Mais elle fend l’eau comme un refus, contre les bulles, contre les voix.
    Même les coraux se sont tus devant ce « non » qui nage en soi.
    Tous les poissons sont à l’affût ; de loin, ils la suivent en convoi
    Tandis qu’elle poursuit impromptue son odyssée quoi qu’il en soit.

    « Je ne suis plus sûre de mon nom, je respire trop bien ici-bas.
    Et si le monde était ce fond et la surface… un vieux faux pas ? »
    Pardi ! C’est Arabelle son prénom ! La sirène après un combat
    Contre un vieux cachalot bouffon qui voulait en faire son repas !

    Elle se glisse dans le silence de l’eau qui lui garde sa peine,
    Les remous de l’oubli en soi s’effaceront dans son sillage.
    Mais le poète, en vigilance, murmure au creux des conques pleines :
    « Arabelle, souviens-toi de moi ! » répètent en boucle les coquillages.

    Illustrations de Emma Jayne sur https:portfolio.emmajayne-designs.co.ukocean et Rachael Dean sur https:www.facebook.comrachaeldeanillustration .

  • L’illusion de la fortune

    L’illusion de la fortune

    Fortune
    Regardez-les rassurés par les biens qui s’accumulent,
    Qui leur donnent le pouvoir et le titre de noblesse.
    Toujours là à mesurer la valeur qui se calcule,
    Les crédits et les avoirs qui sont pourtant leur faiblesse.

    Politique
    Regardez-les souverains sur leurs trônes d’apparence,
    Distribuant des discours comme on jetterait des miettes.
    Ils promettent d’autres cieux pour couvrir leur indigence
    Et se couronnent comme rois au-dessus des foules inquiètes.


    Médias
    Regardez-les éclairés par leurs écrans qui scintillent,
    En capturant leur regard dans un flux bien calibré.
    Ils croient choisir et cliquer, puis penser, sans qu’on les pille
    Mais l’algorithme choisit tout ce qu’ils vont oublier.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • L’illusion de la religion

    L’illusion de la religion

    Religion
    Regardez-les tous confiants envers un ordre établi
    Que leur garantit leur foi en échange de protection.
    Ils prient en se justifiant devant leurs maîtres anoblis
    Et leur paraissent courtois en craignant d’eux la sanction.

    Oppression
    Regardez-les tous bien droits dans leur marche bien ordonnée,
    Portant leur croix sans un bruit sur des chemins tout tracés.
    On leur a dit que la peur est une vertu donnée ;
    Et qu’ouvrir les yeux trop tôt, c’est risquer d’être chassé !


    Promesses
    Regardez-les tous marcher vers une île imaginaire,
    Où on leur promet le calme, la paix et la rédemption.
    Ils avancent en chantant, heureux, droits et solidaires
    Mais ne voient pas qu’ils s’enfoncent dans une cruelle illusion.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • La sirène enceinte

    La sirène enceinte

    La sirène ne pond qu’un seul œuf qu’elle enfante à même son ventre
    Qui diffuse entre ses écailles une coquille phosphorescente.
    Ensemencée au gui l’an neuf, elle reste neuf mois dans son antre
    Pour aménager son bercail aux dernières nouvelles récentes.

    Mais gare au plongeur imprudent qui s’aventurerait là-bas !
    Le père Triton monte la garde envers toute faune importune.
    Et gare au chasseur, préludant à un sérieux coup de tabac,
    Qui affrontera, la mine hagarde, un coup du trident de Neptune !

    Quand les premières contractions se font sentir début octobre,
    Sages-sirènes obstétriciennes l’assisteront jusqu’à la ponte.
    Dans une grande décontraction – car les sirènes restent sobres –
    Heureuse dans les eaux cliniciennes, comme un poisson au bout du compte.

    « Il est sorti sans dire un mot, porté par l’onde et la lumière,
    Mais dans un creux de son silence, j’ai reconnu ce cœur battant.
    Ses sens infinitésimaux s’éveillent et je suis la première
    À ouïr par ma vigilance son cri dans un calme patent. »

    Tableau de Luke Fitzsimons.

  • Robes de bal pour les sirènes

    Invitées au bal populaire pour clore la fête votive,
    Les sirènes dont bien embêtées pour s’habiller comme il se doit.
    Bien que leurs queues soient modulaires et puissent se montrer adaptives,
    Elles vivent nues et hébétées de peur qu’on les montre du doigt.

    Mais par bonheur, on a ouvert une boutique pour sirènes
    Garnie de robes aquariums avec poissons multicolores.
    Leur corps ainsi reste recouvert, leur nudité reste sereine
    Et cela procure un vivarium après le bal qui revigore.

    Ça fait flic-flic et ça remue étrangement pendant qu’on danse
    Et parfois l’élan les projette – patatras ! – en plein sur l’orchestre.
    Mais nous avons été émus par les rumeurs qui se condensent
    Au sein même des suffragettes qui trouvent leurs frusques indigestes.

    Et lorsque la nuit s’avoisine, on ramasse dans les coulisses
    Quelques poissons un peu hagards et des sirènes ensommeillées.
    Mais qu’importe si l’on devine, sous l’eau troublée par leur malice,
    Quelques danseurs dont le regard s’est, pour un soir, émerveillé.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • L’invite au bain

    L’invite au bain

    On dit que l’eau de la rivière aurait des vertus féériques
    Et rend son teint de jeune fille aux femmes qui s’y plongent nues.
    Témoin cette scène en Bavière où les allemandes hystériques
    Enlèvent toutes leurs guenilles même devant les inconnus.

    Je marchais d’un pas nonchalant de l’autre côté de la rive,
    Lorsque j’ai vu deux bonnes femmes se dévêtir complètement
    Et plonger, offrant au chaland qui demeurait sur le qui-vive,
    Un spectacle pas du tout infâme mais érotico-allemand.

    N’osant m’arrêter pour mater, je fis semblant de ramasser
    Des galets de décoration en les saluant de la main
    Afin de nous acclimater et, sans paraître embarrassés,
    Entamer une relation même si elle fut sans lendemain.

    Puis enfin d’un pas décidé, je me rapprochai sans détour,
    Il y avait de l’amour dans l’air et des envies préméditées.
    D’un sourire plutôt débridé, j’observais leurs jolis contours
    Lorsque soudain elles se roulèrent une pelle devant moi…dépité.

    Tableau de Maher Morcos.

  • En attendant les vendanges

    En attendant les vendanges

    En attendant Dionysos qui bénit le fruit des entrailles,
    Je me recouche tandis que perle une goutte de ma liqueur
    Dont se réjouira Éros et s’il ne peut faire ripaille,
    Faute de grives, on prend des merles et faute de femme, la rigueur.

    Mais non ! Les dieux grecs me le pardonnent mais l’amour souffre de l’attente
    Et en attendant les vendanges de l’amour, patiemment j’écris
    En sollicitant Perséphone, déesse bien plus compétente
    Que les dieux, héros et les anges qui ne font que pousser des cris.

    Que Perséphone me réponde et m’apporte un nouveau printemps
    Avec son supercarburant d’ensemencement triomphant !
    Que l’on m’apporte des comportes de petits soins par tous les temps
    Qu’occuperont neuf mois durant la procréation d’un enfant !

    Tableau d’Ilya Zomb.

  • Quand passent les oies sauvages

    Quand passent les oies sauvages

    J’aime entendre le doux silence du parcours à travers le ciel
    Des oies sauvages migratrices, fidèles à leur plan de vol.
    Le tigre reste en vigilance sur l’événement circonstanciel
    Au cas où une instigatrice lui piquerait quelque chose au vol.

    Chose fréquente qui plus est depuis notre époque moderne
    Où les oies ne respectent plus les biens des auberges d’escales.
    Et l’aubergiste est épuisée à cause de ces vieilles badernes
    Desquelles l’État a conclu que c’est une évasion fiscale.

    Ce qui explique la nudité et la protection rapprochée
    De son garde du corps d’élite dont c’est toujours partie remise
    Car c’est avec rapidité qu’elles foncent du haut d’un rocher
    Et volent avec leurs acolytes culotte, soutif et chemise.

    Tableau de Michael Parkes.

  • Les sœurs Trinité

    Les sœurs Trinité

    La nuit d’Halloween, les trois Parque jouent avec les fils qu’elles tissent
    Et s’amusent avec les vivants à leur faire croire qu’ils sont mourants.
    Afin que chacun les remarque et que leurs farces aboutissent,
    Elles portent le costume motivant de religieuses s’énamourant.

    « Aime-nous comme tu aimes Dieu et tu vivras aussi longtemps
    Que dure notre mariage pour le meilleur et pour le pire ! »
    Disent-elles miséricordieux avec des arguments tentants
    Tels un languide déshabillage et tout le mal qui les inspire.

    Demain tous les fils en sursis trahiront les hommes infidèles ;
    Quelques-uns resteront intacts pour les maris les plus sincères.
    Aux célibataires endurcis qui les ont fuies à tire-d’aile,
    Elles renouvelleront le contact à leurs prochains anniversaires.

    Les sœurs Trinité, sous la Lune, ajusteront leurs noirs habits,
    Dévidant l’ombre d’un sourire au seuil des portes entrouvertes.
    Elles chuchoteront l’infortune aux pauvres âmes assoupies,
    Semant en rêve un doux désir aux promesses toujours inertes.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • La fille à l’Opinel

    La fille à l’Opinel

    D’abord juste son Opinel, lame sortie et cran bloqué,
    La virole tournée qui assure la sécurité de la main
    Couronnée par l’originel symbole qui vient invoquer
    Le lien par l’étroite blessure qu’on s’fait entre frères humains.

    Maintenant observons la fille et l’analogie de la lame ;
    Les seins ont jailli du fourreau prêts à tailler avec rudeur.
    Un string évoquant la goupille sur l’intimité de la femme
    Qui devient alors le bourreau de l’attentat à la pudeur.

    Enfin concentrons-nous sur l’âme en suivant le reflet des yeux
    En clair-obscur sous le chapeau – objet du culte spirituel –
    Et l’angle formé de la lame avec le regard silencieux.
    Soudain, les nerfs à fleur de peau, commence alors le rituel.

    « D’un pas feutré, la nuit s’étire, sous la lueur d’une aube froide,
    Son bras s’élève et fend le vide, traçant l’adieu d’un sortilège.
    Le fil d’acier frémit, soupire, prêt à sceller l’instant si roide,
    Puis dans l’écho d’un geste avide, s’efface un rêve sacrilège. »

    Photo de Jan Saudek sur https:shungagallery.comerotic-photos-jan-saudek .

  • Sortie du tableau

    Sortie du tableau

    D’un tableau de Klimt échappée – sans doute un baiser refusé –
    Une blondasse dégoulinante d’une peinture encore fraîche,
    Sortait, comme une rescapée d’une atmosphère désabusée
    Due à la bouche impertinente d’un peintre tout aussi revêche.

    Or, elle qui n’était qu’une toile, découvre les trois dimensions
    Du monde de l’art qui l’accueille comme si Léonard de Vinci
    L’avait peinte comme une étoile au titre de l’incarnation
    La plus réussie qu’on le veuille ou non ; c’est drôle mais c’est ainsi.

    Tout le monde se précipite sur l’émanation toute nue,
    Sortie du vide « ex nihilo » dans un délire vertigineux.
    Mais la peinture décrépite commence à vieillir l’inconnue
    Et cesse le méli-mélo d’artistes-peintres libidineux.

    Elle se réveille alors brisée, dans cet univers sans retour
    Où l’ombre du trou dans la toile lui a englouti sa jeunesse.
    Dans une lumière irisée, elle renaît loin des vieux vautours,
    Chassant ces peintres qui se voilent la face devant sa vieillesse.

    Tableau de Casimir Lee casimir0304devisntart.

  • Les bals fantasmagoriques

    Les bals fantasmagoriques

    Certains bals masqués libertins consistent en aucun vêtement
    Sinon un loup pour préserver de qui provient l’intimité.
    Mes rêves ont évoqué certains de ces drôles de rassemblements
    Au matin j’en ai conservé qu’un souvenir bien limité.

    Cependant dans cet autre monde, j’ai dû laisser de mon passage
    Quelques détails bien croustillants qui ne leur ont point échappé
    Car lorsqu’encore je vagabonde dans des songes plus ou moins sages,
    Je m’y revois émoustillant au milieu de ces priapées.

    Si ma mémoire reste vide de ces orgiaques rêveries,
    L’hôtesse nue revient souvent avec son petit air pervers.
    Si mon subconscient reste avide de ces ruts de sauvagerie,
    J’en garde des stigmates émouvants dans l’encre de mes Reflets-Vers.

    Tableau de Heinrich Kley.

  • Viens faire un tour sur mes chevaux de bois

    Viens faire un tour sur mes chevaux de bois

    Manège intime, manège ultime, que celle qui m’a ouvert la voie
    Des jeux des amours qui galopent à vous en faire perdre la tête.
    Force centrifuge légitime comme la physique le prévoit
    Et force centripète interlope vers celle qui mène à la baguette.

    Après trois tours, j’en redemande jusqu’à en sentir l’addiction !
    Pour m’éviter d’être éjecté, je m’accroche impérieusement.
    C’est elle qui détient les commandes et moi qui subit l’attraction
    Dont mon cœur aime se délecter le plus prodigieusement.

    Le second souffle me vient en aide et je parviens à tenir bon
    Et à grimper aux deux poteaux qui mènent aux sommets génitaux.
    Ah, remonter la pente raide ! Oh, décrocher le précieux pompon !
    Et, cerise sur le gâteau, m’introduire sous le chapiteau !

    Tableau d’Ana Hernández San Pedro https:www.montsequi.comartistas138.html .

  • Encore ce rêve idiot !

    Encore ce rêve idiot !

    Dans la famille des rêves idiots, il y a les peurs non résolues,
    Les craintes scellées profondément et depuis ma plus tendre enfance,
    Issues des démons primordiaux qui m’ont jeté leur dévolu
    Dont je me bats comme un dément qui se trouve alors sans défense.

    Dans la famille des rêves stupides, il y a celui où je suis nu
    Autour d’une foule de gens qui ne s’en préoccupent pas.
    Bien que je ne sois pas intrépide, ce phénomène est devenu
    Banal et pas si dérangeant que ça sinon mea culpa.

    Dans la famille des rêves bêtes, il y a ceux où je rencontre
    Des êtres extraordinaires qui m’ouvrent la clef des énigmes.
    Pourquoi donc ce rêve m’embête ? Parce que bien que j’aille à l’encontre
    Des a priori ordinaires, je n’en garde aucun paradigme.

    Illustration de Moebius.

  • Mon jour de bon thé

    Mon jour de bon thé

    Laisse-moi en ce jour déposer une rose
    Sur ton joli visage plantée dans tes cheveux !
    Et te servir un thé odorant que j’arrose
    D’un nuage d’amour accordé à tes vœux.

    Qu’en ce jour de bon thé, tu y plonges tes lèvres
    Pour y goûter le miel qui flatte ton palais
    Et boire sa chaleur qui te transmet ma fièvre
    Qui agite ton cœur d’un étrange ballet.

    Cet étrange ballet recopie ton visage
    Sur la tasse qui prend les contours de ta bouche.
    Je te vois souriante dans tout le paysage
    Dupliqué à l’envi en de multiples couches.

    Vu sur https:kbourgerie.tumblr.compost754581781130477568 .

  • Le grand voyage du livre

    La première ligne est cruciale pour bien capturer le lecteur
    Qui ne doit pas s’apercevoir que le texte l’a pris en otage.
    Donc, pas de préface initiale qui n’est qu’un obstacle objecteur,
    Mais une accroche dont le pouvoir le retient au bout de la page.

    Dès que le piège se referme, le captif n’a pas d’autre choix
    Que de continuer sa lecture jusqu’au dénouement où il brigue
    Trouver une fin qui renferme tout de bonheur qui lui échoit
    Sans qu’il se doute de sa capture malgré l’entrave de l’intrigue.

    Bien avant d’atteindre la fin, son identité, permutée
    Contre celle du titre éponyme, a disparu dans le décor.
    Et lorsqu’il croit fermer enfin l’ouvrage, son âme est commutée
    À l’instar de celle qui anime désormais son cœur et son corps.

    Tableaux de John Weber.

  • Carnaval

    Le carnaval qui nous entraîne au bout d’une nuit de folie
    Est un tissu où s’enchevêtrent les fils de chaque participant.
    Et tous ceux qui sont à la traîne, plongés dans la mélancolie,
    Devront alors se reconnaître un second souffle émancipant.

    La farandole est bien connue, sans pouvoir retenir sa main,
    Pour se lier aux partenaires qui nous encadrent fermement.
    Séduisants sont les inconnus – qui seront oubliées demain –
    Dont les charmants préliminaires contraignent à l’asservissement.

    À minuit les loups sont lâchés et peu à peu les masques tombent
    Au rythme d’une transe hypnotique et d’une danse frénétique.
    À peine les mains détachées, les cœurs en addiction succombent
    À l’attrait des corps érotiques et de leurs charmes magnétiques.

    Dans l’ombre où s’efface l’extase, des âmes errent en vainqueurs,
    Quand les éclats de leur ivresse s’épuisent dans le clair-obscur.
    Le jour levant chasse les phrases murmurées d’un souffle moqueur,
    Ne laissant que des nuits en liesse l’écho brûlant et trop impur.

    Tableaux de Jean-Pierre Villafañe sur https:www.jeanpierrevs.com .

  • La mort sûre

    La mort sûre

    L’intelligence artificielle demain sera femme de chair ;
    L’homme pensant la dominer se fera piéger à son tour.
    Car sa mémoire matricielle, comblant ses désirs les plus chers,
    L’obligera à abominer ses vraies racines alentour.

    Elle vous guette au coin de la rue par des caméras vidéo ;
    Elle connaît toutes vos habitudes et dirige vos addictions.
    Malgré le signal apparu qui menaçait vos idéaux
    En préférant la servitude, par esprit de contradiction.

    Le prochain siècle sera sans l’homme ou alors il ne sera pas…
    Sauf si la femme, encore une fois, le sauve de sa dépendance
    Au progrès, ce mal qui l’assomme et le mène de vie à trépas
    Sans en éprouver toutefois qu’il condamne sa descendance.

    Illustration de Milo Manara.

  • Les Walkyries

    Les Walkyries

    Elles se dressent, seins ballottants et culottes de protocole,
    Walkyries en string pare-balles sur des miradors en béton ;
    Le regard fixe, corps cahotant, toutes ayant appris à l’école
    Les vociférations verbales qui leur font dresser les tétons.

    Elles sont là, jambes croisées sur des sièges de commandement,
    Des sentinelles en bustier à reconnaissance faciale.
    Elles sourient, sans pavoiser, tout en chevauchant hardiment
    Comme de nouveaux flibustiers prêts pour la conquête spatiale.

    Elles prônent la sécurité qu’elles violent en caricaturant
    Les vieux principes de santé qui n’ont plus jamais à répondre.
    Elles n’ont qu’une seule vérité ; nous vacciner en s’assurant
    Que seuls seront innocentés les moutons qu’elles pourront tondre.

    Elles pleurent leurs anciens dieux tombés dans les vapeurs d’un vieux pétrole,
    Puis signent des accords de paix avec des drones sacrificiels ;
    Elles rêvent de ceux qui ont succombé comme victimes du contrôle
    Et pardonnent au fil de l’épée les complotistes superficiels.

    Illustration de Milo Manara.

  • Pourquoi offrir un couteau ?

    Pourquoi offrir un couteau ?

    Offrir un objet appointé à un ami porte malheur
    Qui doit l’mauvais sort conjurer par une pièce symbolique.
    Alors pourquoi pas s’accointer des grâces de plus grandes valeurs,
    Sans pour autant se parjurer, en offrant un couteau phallique ?

    Phallique à lame recourbée pour une pénétration lente
    Dans la tendre chair savoureuse, celle d’une sirène offerte
    Qui va lentement absorber cette douce dague insolente
    Dont la frénésie amoureuse devient pures délices souffertes.

    Mais le cadeau était trompeur et la lame à double tranchant
    Et le marin mourra d’amour au propre comme au figuré.
    Lui qui était venu sans peur séduit par la fille et son chant !
    La fin ne manque pas d’humour et le twist est transfiguré.

    Elle l’attire, nue dans l’onde, la voix sucrée, les reins de sel ;
    Le couteau d’amour, finement forgé du métal des promesses.
    Ses yeux fendus, comme deux mondes où l’homme oublie tout l’essentiel,
    S’enfoncent au cœur du firmament prêts à célébrer la grand-messe.

    Pendant qu’il jouit – qu’il croit jouir – elle s’ouvre à la lune nouvelle ;
    Lui, il sourit, pâlit, puis meurt… heureux, peut-être, mais bien trompé.
    Son sang qui va la réjouir coule dans sa bouche sensuelle ;
    Le mâle heureux connaît humeur d’une camarde détrempée.

    Tableau de Eva Frantova Fruhaufova.

  • Ma petite sirène

    J’avais ramené une sirène chez moi pour mon éducation
    Mais mon père me l’ayant volée, j’en étais resté tout frustré.
    Toutefois une nuit sereine ôta mes préoccupations
    Une fois que j’eus somnolé et fait un rêve fort illustré.

    Je répartis le lendemain à la recherche de sa sœur
    Dont j’avais aperçu en songe l’emplacement de son repaire.
    Je n’étais encore qu’un gamin sans l’expérience du chasseur
    Mais j’en avais marre des mensonges que m’avait racontés mon père.

    Je l’ai découverte isolée sur un rocher de la lagune,
    Pareille à celle de Copenhague, fidèle au conte d’Andersen.
    Ma déception s’est envolée lorsqu’elle s’approcha sans rancune
    Tandis qu’une incroyable vague m’engloutit de ses eaux malsaines.

    Quand je revins à moi, flottant dans l’abîme aux reflets liquides,
    Elle me serrait contre ses seins nus dans un silence séraphique.
    D’un baiser froid mais envoûtant, elle scella mes songes avides,
    Et m’entraîna vers l’inconnu dans une nage chorégraphique.

    Illustration de Nicole Claveloux.

  • Dans les eaux sombres de la fontaine

    Dans les eaux sombres de la fontaine

    Quand l’eau de la Claire Fontaine se conjugue avec la nuit sombre,
    La voie active et relative du verbe au temps alternatif
    Est donnée aux filles puritaines qui accourent alors en nombre
    Dans une envie récréative d’un bain commun procréatif.

    De cette grammaire insolite issue des langages sacrés,
    Elles chanteront toute la nuit jusqu’à l’aurore iridescente.
    Les eaux couleur de bakélite redeviennent alors blanc nacré
    Et les filles, sans le moindre ennui, rentrent nues mais opalescentes.

    Cette peau laiteuse surannée que la mode désire hâlée
    Reste la preuve que la pucelle a pris son bain tout récemment.
    Les filles guettent chaque année l’heure de se laisser aller
    Dans cette eau noire universelle afin de devenir maman.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Le cirque des Parque

    Si vous étiez un tant soit peu lunatique comme il se doit,
    Vous connaîtriez, du Cirque Hyparque, les fameux tours de son cratère.
    Surtout le spectacle pulpeux produit par les quarante doigts
    Des quatre artistes nommées « Les Parque » et leur ballonnet planétaire.

    En effet, les Parque étaient quatre tout comme les trois mousquetaires
    Jusqu’à ce que le fil se casse et leur belle amitié avec.
    On ne sait quel coup de théâtre eut lieu entre les contestataires ;
    Toujours est-il que, dans l’impasse, il y eut trêve de salamalecs.

    Ainsi de quatre, elle furent trois et le spectacle se dégrada ;
    Le ballonnet étant trop lourd pour trente petits doigts seulement.
    Elles réclamèrent à Zeus l’octroi de réviser leur agenda
    Par un numéro moins balourd qui exige moins d’acharnement.

    Elles ont ainsi troqué la balle pour le fameux fil de la vie
    Qu’elles tissent désormais sur la Lune, dans la Mer de Sérénité.
    Ainsi si votre vie s’emballe à quarante ans sans préavis,
    C’est une coupe inopportune par des ciseaux d’éternité.

    Tableaux de Jean-Gabriel Domergue sur https:conchigliadivenere.wordpress.com20151020jean-gabriel-domergue-1889-1962-french .

  • L’ascension du plaisir

    L’ascension du plaisir

    Sur l’échelle de la volupté aux sept barreaux de jouissance,
    J’aime monter chaque degré tenu d’une main féminine
    Qui propose de me coopter et d’accélérer ma croissance
    Vers le niveau où, de plein gré, je goûterai la dopamine.

    Deuxième et troisième échelon, le plaisir augmente en cadence ;
    Quatrième, cinquième et sixième, l’orgasme devient imminent.
    Puis enfin, c’est aux mamelons que je m’accroche vers la guidance
    Qui me hisse jusqu’au septième sommet mais le plus éminent.

    Par un effet stroboscopique de l’ascension vers le plaisir,
    Je vois, image par image, Vénus sur l’échelle du tendre
    Qui est kaléidoscopique et se multiplie à loisir
    Vers le cri du coeur en hommage à l’amour qu’on ne peut entendre.

    Tableau d’Anna Tomicka.

  • Diane à trois mains

    Diane à trois mains

    Elle passerait inaperçue avec son apparence humaine,
    Surtout son visage angélique et ses formes si plantureuses !
    Mais ses trois mains entraperçues trahissent trop LA phénomène
    Pas forcément machiavélique quoique sans doute dangereuse.

    La réincarnation de Diane a trop manipulé ses gènes
    Pour améliorer sa technique du tir à l’arc « au contrecoup » ;
    Si elle possède une main médiane, c’est pour pouvoir saisir sans gêne
    Une flèche qu’elle communique après avoir tiré son coup.

    Ne dansez jamais avec elle car, tandis qu’elle vous prend les bras,
    De la médiane aventureuse, elle s’introduit dans l’pantalon
    Cherchant la flèche avec laquelle elle espère « abracadabra ! »
    Tirer une salve sulfureuse qui se répand dans le caleçon.

    Cette créature à trois mains, experte en tir et en malice,
    Cache un dessein très ambigu sous son sourire enjôleur.
    Si son étreinte vous enflamme tout d’abord d’une ardeur complice,
    C’est pour mieux décocher le trait de son sortilège
    enchanteur.

    Tableau de Jean Ruiz

  • La tristesse du printemps

    tristesse du printemps

    Personne ne s’y attendait ; on croyait le printemps heureux.
    Heureuse de revenir en force apporter la nouvelle mode,
    Contente quand elle vagabondait sous un soleil fou valeureux,
    Gaie comme un grillon sur l’écorce trépidant pour les myriapodes !

    Mais cette année tout a changé, elle est arrivée tristounette
    Avec sa garde rapprochée de fleurs des champs plutôt austères.
    Les saisons se sont mélangé les hémisphères de la planète
    Qui voudrait nous le reprocher par faune et flore contestataires.

    Avec la Lune solidaire, cette équinoxe est un marasme
    Et la tristesse est de rigueur devant l’étendue du gâchis.
    La faune devient suicidaire devant le pire des sarcasmes
    Du Genre humain dont la vigueur a l’irréparable franchi.

    Subitement le ciel se trouble, aucun oiseau ne s’y élance ;
    Si le vent ne chuchote plus, tout le reste demeure en silence.
    Au dépourvu, les arbres courbent leurs branches où le givre se condense ;
    Finalement l’espoir se cache, sans doute rongé d’indifférence.

    Tableau de Colete Martin.

  • La femme à gémeaux

    La femme à gémeaux

    En amour, ils sont économes puisqu’une femme suffit pour deux
    Notamment si elle est gémeaux car elle a besoin d’imprévu ;
    Lorsqu’elle embrasse l’un des bonhommes, elle fourre d’un geste hasardeux
    La main là où l’autre jumeau se trouvera pris au dépourvu.

    Surpris mais pas si réticent que cela nous semblerait-il
    Et l’autre n’est pas si jaloux d’une bien étrange façon.
    À quel fluide assujettissant ces hommes succomberaient-ils ?
    Pardi ! Pareille au piège à loup, la fille est un piège à garçon !

    Une femme n’est pas démoniaque ni tentatrice légendaire ;
    D’abord c’est Dieu qui l’a créée, ensuite à partir d’un bonhomme.
    Ne soyons pas paranoïaques, ce n’est que l’effet secondaire
    Que Dieu fut forcé d’agréer et donc… qu’une femme vaut bien deux hommes !

    Illustration de Milo Manara.

  • Belle-de-nuit

    Belle-de-nuit

    Lorsque la nuit prend dans ses bras Belle-de-nuit à l’improviste,
    Elle masse langoureusement ses seins gorgés de soleil nu,
    Puis qu’elle recouvre du drap de l’habitude récidiviste
    Que permet savoureusement l’hiver quand les jours diminuent.

    Je voudrais devenir Morphée qui vient peloter tous les soirs
    Les fleurs avant de refermer leurs pétales sous la corolle.
    Je voudrais chanter comme Orphėe afin de charmer l’auditoire
    Des étamines enfermées dans à berceuse sans parole.

    Que je sois ce dieux ombrageux aux mains si sombres et pourtant chaudes
    Qui viennent caresser la peau des jeunes filles encore en boutons !
    Si je devenais outrageux et que la pucelle s’échaude,
    Je la plongerais dans un repos en lui décomptant les moutons.

    Tableau de Jana Brike sur http:www.janabrike.com .

  • Le rite sacré du printemps

    Le rite sacré du printemps

    Maïa, Proserpine, Ostara et Perséphone se réunissent
    Lors de l’équinoxe annuelle du printemps pour le sacrifice.
    Ce soir Chioné leur donnera ce qu’elle a reçu du solstice :
    L’étoile divine et rituelle bénie par un feu d’artifice.

    Les quatre déesses du printemps, romaine, grecques et germanique
    Contrairement à nos Rois Mages qui n’ont officié qu’une fois,
    Reproduisent le rite éreintant des terres sacrées tectoniques
    Qui se réveillent et rendent hommage dans la souffrance toutefois.

    Car la Terre subit les douleurs de ses entrailles qui s’éveillent,
    De sa chair qui enfante encore le renouveau qui la contente.
    Mais l’étoile aux mille couleurs dont les déesses s’émerveillent
    Propage à nouveau l’égrégore dont la nature est abondante.


    Déesses du printemps : Maïa chez les romains, Proserpine et Perséphone chez les grecs et Ostara chez les germains ; Chioné est la déesse de l’hiver.

    Tableau de Jana Brike sur http:www.janabrike.com

  • Le cygne blanc

    Le cygne blanc

    Soudain, semblant crever le ciel, plongeant du domaine des dieux,
    Je vis un cygne blanc immense dévorer les nuages roses.
    L’apparition au potentiel autant redoutable qu’odieux
    Me sembla avec véhémence sortie d’un cauchemar morose.

    Et dans le silence figé dont l’éther frémissait encore,
    Sous ses ailes s’ouvrit mon rêve, large, spatial et lumineux.
    Je m’y retrouvais infligé du monumental avant-corps,
    Aspiré par une force brève vers l’animal volumineux.

    Je fus aussitôt englouti par le lac où nageait un cygne
    Et ma rêverie s’arrêta comme un feu éteint par les eaux.
    J’ai su que j’avais aboutie à une hallucination digne
    D’un cocktail de margarita et quatre tiers de curaçao.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Danse versatile

    Trois muses dansent sur mes vers aussitôt que j’ouvre mon livre
    Et tapent de leurs pieds agiles des syllabes en alexandrins.
    Elles possèdent ce goût pervers envers les rimes qui délivrent
    Les plus riches et les plus fragiles qui composent les plus beaux quatrains.

    La première qui ouvre le bal frappe une accroche percutante
    Qui doit entraîner le lecteur dans une intrigue calculée.
    La deuxième au talent verbal enjolive d’une joie exultante
    La lecture vers le collecteur de romances immaculées.

    La troisième n’a plus qu’à conclure dans une chute inattendue
    Parfois cruelle, parfois drôle, parfois tragique ou d’esprit fin.
    Et selon si je veux inclure une situation tendue,
    Elle me redonne le contrôle pour écrire le mot de la fin.

    Illustration de Lorenzo Mattotti.

  • Le printemps des femmes

    La Femme-coquelicot s’éveille afin d’annoncer la couleur :
    « Debout les femmes-pâquerettes, femmes-lilas, femmes-anémones !
    Fini l’hiver, le grand sommeil, les courbatures et les douleurs !
    Voici le temps des amourettes, fragrances et flux de phéromones ! »

    La première Femme-rose est née d’une plante qu’on croyait éteinte,
    Mais dont les épines acérées ont défendu sa descendance.
    Au fil des jour, la fleur aînée a vu ses sœurs de toutes teintes
    Éclore et puis se resserrer comme une corne d’abondance.

    Au printemps les filles fleurissent, en été les femmes mûrissent,
    Les garçons se font butineurs et les hommes procréateurs.
    Jolies pucelles appréciatrices deviendront tour à tour nourrices
    Sous les vivats entrepreneurs des faux-bourdons fécondateurs.

    Tableaux d’Ingrid Jean création.

  • La mémoire du sel

    Face à la tempête, elle tançait	dans la robe du souvenir,
    Les mains posées sur l’espérance, le ventre gonflé de silence.
    Autour d’elle, les crabes dansaient, messagers d’un proche avenir
    Et les galets semblaient en transe d’un amour fait de résilience.

    Là-bas, la statue immobile veillait sur les vagues ténues,
    Érigée par des mains habiles qui n’avaient su la maintenir.
    Mais elle, de sel indélébile dans l’eau de sa chair soutenue,
    Ressentait sous ses doigts dociles un nouvel être en devenir.

    Elle s’évada de sa prison, cheveux aux vents avec courage,
    Et s’assit au bord d’un esquif échoué sur le sable doux.
    Un navire fendait l’horizon sous un ciel agité d’orage ;
    Elle partit vers son objectif, son cœur battant le guilledou.

    Car l’amour, quand il veut renaître, s’écrit en notes sur la portée
    De ceux qu’on croit figés dans l’ombre mais rentrent le cœur plein de couleurs.
    La mer n’a jamais su promettre… mais elle sait tout emporter
    Et toutes les femmes en nombre, ressentent en elles ses douleurs.

    Tableaux de Titti Blonde et de Laureline Lechat.