Catégorie : 2024

  • Au royaume des borgnes…

    Dans la rue, parmi le p’tit peuple, tous les gens s’épient et se lorgnent
    Les uns les autres avec envie pour monter au cran supérieur
    Mais au royaume des aveugles, les rois élus parmi les borgnes
    N’ont d’yeux que pour être asservis à l’éden fiscal ultérieur.

    Marianne, au-dessus des regards, n’y voit que du feu de leurs yeux
    Qu’elle crève d’envie d’éloigner de son secrétaire à tiroirs
    Celui-là même où hier, hagard, son petit roitelet orgueilleux
    A chu après s’être éborgné par le reflet de son miroir.

    La république des m’as-tu-vu en marche, à cheval, en voiture
    Passe son temps comme un chat à mordre la main du peuple qui le nourrit.
    Et Marianne fort dépourvue, alors qu’arrive la froidure,
    A beaucoup de fil à retordre pour danser avec les souris.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Un sex-toy pour la sirène

    Aussi étrange et méconnu, ce bon vieux lapin de garenne
    Est d’autant drôle et saugrenu que l’est à nos yeux la sirène.
    On imagine mal ses oreilles inadaptées aux profondeurs
    À moins qu’une queue sans pareille lui donne un peu plus de rondeurs.

    Sans doute un marin malicieux et un maître coq facétieux
    Ont concocté cet audacieux hybride supercoquentieux.
    Que va-t-elle faire ? Le manger ou une fonction plus intime ?
    User de sa queue orangée pour un plaisir des plus ultimes… ?

    Cela la changera de la pieuvre et ses huit glorieux tentacules
    Qui lui ont tant donné la preuve que le nombre n’est pas ridicule.
    Cela lui changera la voix qui passera de huit octaves
    À des triolets plus grivois avec plus d’aiguës que de graves.

    Illustration de Carrie Wagner.

  • Fatale la nuit, mortelle le jour

    Ô Sirène sous la pleine Lune et c’est la mer comme en plein jour !
    Ainsi paraît la créature aux délices avantageuses.
    À croire ma bonne fortune tant elle en appelle à l’amour
    Si ce n’était pas sa nature de n’être qu’une naufrageuse.

    Ô Sirène en pleine lumière et c’est l’océan qui s’éteint !
    Ainsi le charme de la chimère sème obscurité autour d’elle.
    À croire qu’une avant-première va se dérouler ce matin
    Si ce n’était une éphémère épectase cruelle et mortelle.

    Illustrations de Marjorie Sarnat sur https://www.marjoriesarnat.com/fan-art .

  • Shéhérazade pop-art

    Tous les harems de nos fantasmes et les soixante-douze vierges,
    Puis la révolution hippie et les femmes émancipées,
    Auraient dû provoquer l’orgasme à commencer par mon concierge,
    Puis tout l’immeuble sans répit de ma société dissipée.

    Shéhérazade doit se morfondre entre les murs de sa prison,
    Elle qui a cru se libérer des traditions phallocratiques.
    Sous la burqa, on peut confondre Fatima, Marie et Lison ;
    Il est temps de délibérer sur la servitude domestique.

    Dieu est grand, sa femme patiente et tous les anges un peu coincés.
    Prions plutôt Sainte-Madame qu’elle relooke un peu ses filles
    Par des tenues plus efficientes et sans oublier d’évincer
    Les maris qui font du ramdam car on aperçoit leurs chevilles.

    Illustration de Nourah.

  • Ce qui vient d’en haut

    Garde-toi bien de tes prières car elles pourraient être exaucées
    Et tu serais bien avancé.e d’en recevoir tous les souhaits.
    Tu ne peux revenir en arrière lorsque les anges ont endossé
    L’obligation de t’agencer ce à quoi ils sont dévoués.

    Si dans ta vie, tu tournes en rond et fais la requête suivante :
    « Changer de vie et de pays, courir l’amour et l’aventure »,
    Tu sentiras les éperons d’une puissance motivante
    Bouter ton dévot ébahi vers une existence plus mature.

    Quand tu demandes un peu de pluie, mets-toi à poil sur le carreau
    Et attends-toi à recevoir toute l’eau du ciel déjà bénie.
    Bientôt viendra un parapluie tenu par un ange faraud
    Qui te proposera de pleuvoir d’amour sur ta neurasthénie.

    Tableau de Silvio Porzionato sur https://www.celesteprize.com/silvioporzionato .

  • La lanceuse de couteaux

    Fille de l’air et sagittaire, dame de pique mais atypique,
    Son jugement tranchera net selon la lame déployée.
    Fille secrète et solitaire qui, selon sa propre logique,
    Vise exactement sans lunette l’objectif sans atermoyer.

    Comme un prolongement de la main, comme un doigt qui atteint la cible,
    La fille est dotée du pouvoir de vous stimuler à distance.
    Elle fait partie des plus-qu’humains capables d’actes impossibles
    Sans doute afin de vous revoir via les couteaux qu’elle vous lance.

    La lame aux dents, la rage au cœur, l’œil acéré, la cible en vue,
    L’âme amazone de sa mère, l’esprit écossais de son père,
    Elle va d’une main de vainqueur régler ce qui était prévu
    Dans le temps le plus éphémère d’un tir gagnant et sans impair.

    Tableau de cellar-fcp.

  • Un dernier vers pour la route

    Plus l’heure s’avançait, plus le jour reculait
    Et plus elle plongeait dans la mélancolie.
    Le trafic diminuait, le flot se régulait,
    Elle attendait secrète, on ne sait quelle folie…

    Plus le temps s’étirait, les ombres s’allongeaient
    Et plus elle sombrait dans un silence épais.
    Plus la nuit arrivait, l’espoir se prolongeait,
    Un mystère pesant et sourd l’enveloppait…

    Enfin il est entré et la fille a souri,
    Ils se sont embrassés et puis ils sont partis.
    Comme ils semblaient contents, le chat et sa souris,
    D’avoir rempli mes vers dans le temps imparti.

    Illustration vue sur https://menblogua.tumblr.com/ .

  • L’ombre de Pharaon

    On connaît la malédiction qui frappe les profanateurs
    Mais on ne sait comment s’étend cette punitive hécatombe.
    La teneur de la prédiction frappe aussi les excavateurs
    Et toute personne qui prétend découvrir un jour une tombe.

    Derrière tout mystère se cache le même éternel féminin ;
    Dans tous les cas, cherchez la femme et vous en trouverez la clef.
    Ainsi le Pharaon s’attache à réserver tout le venin
    De l’épouse la plus infâme pour administrer sa raclée.

    Si par hasard vous découvrez inopinément un tombeau,
    Pas touche à la momie qui dort, la mamie se cache derrière !
    Si vous y êtes obligés, ouvrez mais ne touchez pas aux lambeaux
    Sinon l’ombre de son mentor clora à jamais vos paupières.

    Photo d’Andrea Mary Marshall sur https://andreamarymarshall.com .

  • Réflexions félines en fin d’après-midi

    Le chat et la chatte minaudent, chacun selon ses attributs.
    Le chat vous frôle de son pelage pour réclamer quelques caresses ;
    La chatte se montre plus finaude à l’intérieur de sa tribu
    Et jouera de son pucelage pour devenir votre maîtresse.

    Mais vivre d’amour et d’eau fraîche ne nourrit pas nos citadins.
    Le chat réclame sa pitance avec sa voix de baryton ;
    La chatte s’avère revêche envers le prétendant radin
    Qui paiera pour sa repentance la bague montée sur chaton.

    Que faire en fin d’après-midi tout seul dans son appartement ?
    Le chat dort pour prendre des forces en attendant l’heure de la chasse ;
    La chatte ose la perfidie de se montrer sans vêtement
    À la fenêtre et puis s’efforce d’attirer le chaland qui passe.

    Illustration de Yannick Corboz.

  • Adrastée décontrastée

    Jamais crispée ni contractée, les seins lovés dans le corset,
    Les mamelons faisant pression sans montrer trop d’obscénité.
    Ne semblant pas très impactée par son existence corsée,
    Elle offre au contraire l’expression d’une grande sérénité.

    Lorsqu’elle dégrafe lentement les quatre boutons du gilet
    Qui dévoilent les deux mamelles comme un diable sortant de sa boîte,
    C’est toujours un enchantement de les voir sortir du filet
    Pour nous révéler la femelle de façon la plus adéquate.

    Mais elle n’est ni pute, ni soumise, juste une hôtesse de l’amour,
    Psychologue des cœurs brisés, des timides et des opprimés.
    Elle vous ouvre la chemise et vous caresse avec humour
    Par ses deux tétons irisés votre abdomen tout comprimé.

    Quant à la suite, pardonnez-moi ; j’ai promis de n’en dire mot
    Car tout se fait au pas de course mais vous en êtes transfiguré.
    Je peux vous dire qu’une fois par mois est suffisant pour tous les maux
    Dont elle soulagera vos bourses au propre comme au sens figuré.

    Illustration de Yannick Corboz.

  • L’arbre énergétique

    Au cœur de l’arbre énergétique conversent toutes les racines
    Des expériences génétiques dont les dénouements se dessinent
    Sur toutes les races humaines qui se sont succédé sur Terre
    Dont les fureurs énergumènes ont engendré maints caractères.

    De la racine Polarienne à la branche Hyperboréenne,
    De la racine Lémurienne dans les régions azuréennes
    À la branche de l’Atlantide – selon des traces sahariennes –
    Dont sont nés les nucléotides de la cinquième race aryenne.

    Autrement dit les branches meurent mais leurs énergies se prolongent
    Au-delà de ce qui nous leurre comme la mort et ses mensonges.
    Sans doute le corps est à la Terre ce que l’âme est à l’univers ;
    Un réseau d’étoiles salutaires qu’un Dieu façonne à ciel ouvert.

    Photo de Coles Phillips.

  • À la création

    Nous tous, les créateurs aux quatre coins du globe,
    Agissons en secret dans les mondes invisibles.
    Toutes nos inspirations que l’univers englobe
    Nous nous les partageons en source indivisible.

    Par l’onde musicale et la danse du corps,
    Par l’art de la peinture, celui de la sculpture,
    Par la littérature, le théâtre et encore
    Du cinématographe à toutes les cultures,

    Les artistes transmettent leur levain dans la pâte
    Dont se nourrit la Terre qui enfante les hommes †
    Et la pâte se lève d’une âme télépathe
    Qui diffuse l’amour au sein des chromosomes.

    Tableau d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak
    † et les femmes aussi bien sûr.

  • À la porte des étoiles

    Au-delà du réel de l’univers physique,
    Je sème mes pensées à tous vents dans l’éther,
    Une autre dimension de la métaphysique
    Que les scientifiques jugent si délétère.

    Comme des pissenlits dispersés dans le vent,
    Mes idées vont germer sans que j’en sois le père.
    Elles suivent un courant qui va les soulevant
    Pour les émanciper en des âmes prospères.

    Ainsi je crée des mondes dans mes petits poèmes
    Que je confie au flot des réseaux sur la toile.
    Ils deviennent autonomes et vivent de bohème,
    Puis un jour rejoindront le peuple des étoiles.

    Tableau d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • De la création

    De la Lune croissant, j’ai appris plein de choses
    Et j’ai su écouter la Nature initiée ;
    Une artiste qui crée par les métamorphoses
    Des phases de la Lune au halo nourricier.

    D’un tourbillon d’étoiles ceint dans la Voie Lactée,
    Surgit le nouveau signe de la vie qui se crée.
    Dans un nuage d’anges qui vont se contracter
    Pour donner la naissance à l’animal sacré.

    La Nature et la vie ne font qu’un seul ensemble
    Comme l’homme et le temps, l’espace et la matière.
    Et si mon cœur d’étoile à l’univers ressemble
    C’est que j’en suis partie et de toutes frontières.

    Alors j’ai demandé d’agrandir ma vision,
    De m’ouvrir au secret des autres dimensions.
    J’ai vu de la Nature toutes ses divisions
    Et l’immense pouvoir sacré de l’intention.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • De la porte des étoiles

    Je sondais la forêt, marchant entre les arbres
    D’une allés qui semblait mener vers l’infini.
    Les parterres de feuilles semblaient pavés de marbre
    Déposés par l’automne d’un ordre indéfini.

    J’ai vu à l’horizon percer le croisement
    Qui s’étendait du ciel à la terre et la haie.
    J’ai compris que le rôle de ce reboisement
    Était de me montrer la porte des souhaits.

    Le temps et la matière à l’homme sont des leurres
    La Nature et la Terre en tissent maintes toiles.
    Mais j’ai vu la lumière qui brillait tout à l’heure
    Et l’espace s’est ouvert sur un chemin d’étoiles.

    Et j’ai pu voyager mais sans déplacement
    Car j’ai vu replier dans cet espace-temps
    L’infiniment petit et son accroissement
    Vers l’infiniment grand de mon cœur haletant.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • La république dans la course

    Il nous aura bien fait marcher avec sa République en marche
    Vers un avenir qui ne souffre ni de manque et ni d’excédent.
    Remarquez, on l’a bien cherché à croire qu’avec sa matriarche
    Il nous éloignerait du gouffre pour mieux nous faire tomber dedans.

    Maintenant, c’est au pas de course qu’il faut le suivre autour du monde
    Depuis Davos jusqu’en Afrique selon la grogne réactionnaire.
    Quelques coups de pouce à la bourse pour rassurer tous ceux qui grondent
    En maîtrisant la pompe à fric au gré des puissants actionnaires.

    Hélas rien ne sert de courir alors qu’on est parti sans point
    À son permis de reconduire le roi chez lui lorsque ça urge.
    Ne laissons pas Marianne mourir de chagrin, seule dans son coin
    Et arrêtons de nous conduire comme des moutons de Panurge !

    Illustration de Lorenzo Mattotti.

  • Maquillage médiatique

    Bonne nouvelle les endormis, les neutres et les insignifiants !
    Vous pouvez continuer ainsi, d’autres prennent vos avis en charge.
    Si vous vous sentez des fourmis ou des spasmes vitrifiants,
    C’est juste qu’on vous a aminci l’esprit avec beaucoup de marge.

    Dormez ! Vous êtes recensés comme vieux cons réacs de droite !
    Rêvez ! Vous êtes imposés et l’on vous gèle votre argent !
    Ronflez ! Vos râles insensés rallieront vos pensées étroites !
    Continuez à vous reposer sur l’avis de vos dirigeants !

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • La sirène pieuse

    La sirène avoue-t-elle un culte envers le dieu des océans ?
    Voue-t-elle des rites occultes par des usages bienséants ?
    Remercie-elle souvent Neptune pour sa manne bonifiée
    Lorsqu’elle chante sous la Lune pour les marins sacrifiés ?

    La queue ondulante et soumise, les mains jointes sur le pubis,
    A-t-elle une faute commise qui lui colore ses joues rubis ?
    Elle ferme ses yeux en amande, on dirait qu’elle va pleurer
    Lorsque son cœur parle et demande pardon aux veuves éplorées.

    Bien sûr, elle en a le cœur gros mais ce n’est pas vraiment sa faute.
    Alors quand elle montre les crocs, lorsqu’elle embrasse à marée haute
    Envers le dieu qui l’a conçue dans sa biodiversité,
    Sa proie ne peut être déçue ; c’est sa nature en vérité.

    Tableau de Victor Nizovtsev.

  • La sirène au clair de Lune

    Le clair de lune, pour la sirène, source de régénération,
    Change ses couleurs outremer en coloris psychédéliques.
    Les marins, dans la nuit sereine, tomberont en admiration
    Devant ces clins d’œil éphémères, feux follets méphistophéliques.

    À l’instar des grands prédateurs qui chassent dans les mers profondes,
    La lumière est domestiquée par les sirènes naufrageuses.
    Elles attirent les spectateurs par leurs appâts qui se confondent
    Avec l’enseigne sophistiquée des maisons closes outrageuses.

    Tableaux de Victor Nizovtsev.

  • La sirène en pleine interrogation

    Lorsqu’elle est jeune, la sirène ne croit pas qu’on vive hors de l’eau.
    Certes elle a vu que des oiseaux parcouraient le ciel, hors d’atteinte,
    Mais mener une vie sereine sur des îles dans les bungalows
    Lui paraît complètement maso et d’activités bien restreintes.

    Mais au cours de l’adolescence, d’une manière irrésistible,
    Elle est attirée en surface sans qu’elle comprenne pourquoi.
    Elle fait alors la connaissance de l’être humain indescriptible ;
    Une tête au sourire boniface mais le reste… pas très adéquat.

    D’abord des jambes qui lui donnent un air de monstre à quatre membres
    Et un cinquième riquiqui tantôt raide et tantôt flapi.
    Toujours est-il qu’elle s’abandonne entre ses bras, d’abord se cambre,
    Puis connaît le plaisir exquis lorsqu’il la prend sur le tapis.

    Enfin, cerise sur le gâteau, elle découvre que l’homme est bon ;
    Sa chair est juteuse à loisir et son sang procure du plaisir.
    Elle a compris que les bateaux lui rapportent autant de jambons
    Maintenant qu’elle sait les choisir bien dodus selon ses désirs.

    Tableaux de Piero Schirinzi sur https://poramoralarte-exposito.blogspot.com/2018/11/piero-schirinzi_18.html .

  • Le poids des ans, un trésor ou un fardeau ?

    La pendule d’argent n’est plus dans le salon
    Mais elle ronronne au coin supérieur de l’écran
    Et, du coup, le progrès a chassé Jacques Brel ;
    Ses vieux ne chantent plus mais dansent maintenant.

    La bise ne mord plus et la vieille de somme
    Ne va plus ramasser le bois de ses doigts gourds.
    Si le réchauffement climatique persiste
    Les hivers de Brassens seront surnaturels.

    Quand le dernier poète sera mort pour de bon
    Ses amis qui pleuraient riront tous les dimanches.
    Qu’il est bon de vieillir au vingt-et-unième siècle
    Dans un monde où le temps n’est plus ce qu’il était !

    Tableau de James Jean.

  • Adieu février, bonjour mars

    L’hiver s’accroche en février ; il n’a pas dit son dernier mot
    Avec maintes gelées surprises et ultimes chutes de neige.
    Comme pour frigorifier une dernière fois les animaux
    Et arrêter net la reprise par un terminal sortilège.

    Le vingt-neuf particulièrement, c’est le front entre les saisons ;
    Le printemps viole la frontière et se rapproche des hameaux ;
    Les bourgeons irrégulièrement se silhouettent à l’horizon
    Pour envahir des haies entières et exploser sur les rameaux.

    Comme le verre à moitié vide contre le verre à moitié plein,
    Hiver et printemps contredisent les prévisions du baromètre.
    Si le soleil se montre avide aussitôt la Terre se plaint
    Et réclame une roublardise de giboulées qu’elle peut se permettre.

    Illustration de June Leeloo sur https://havengallery.com/portfolio/june-leeloo-imaginarium .

  • Les deux infinis

    Entre l’image et son reflet stagne un nuage de réflexions
    Qui gravitent autour de l’infime noyau de ce moment présent
    Et viennent un peu plus érafler la minuscule connexion
    De mes pensées les plus intimes avec le temps omniprésent.

    Entre l’univers infini et le plus petit des atomes,
    Mon corps se situe au milieu et l’âme y tourne tout autour.
    Et ce que l’esprit définit comme imperceptibles fantômes
    Sont des mirages qui tiennent lieu à d’éternels allers-retours.

    Il m’est agréable, il me semble, de ne pas savoir où je suis
    Entre ce que je crois réel et ce que je crois illusoire.
    Ce à quoi mon âme ressemble ne donne pas d’eau à mon puits ;
    Après tout le monde est cruel et Dieu, un espoir dérisoire.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Un ange en automne

    Bien pire qu’un singe en hiver – mortel humain sur le départ –
    Se donne un sentiment étrange mon ange qui entre en automne.
    Il a tant fait dans l’univers des faits qui mènent nulle part
    Qu’il a l’impression qu’on le range au musée des nymphes bretonnes.

    Encore beau et désirable, il nettoie ses ailes rouillées,
    Masse ses seins encore fermes et huile sa peau tout ambrée.
    Il se sent comme indésirable dans son paradis verrouillé
    Dans lequel son destin l’enferme dans sa minuscule chambrée.

    Demain va-t-il se réveiller lorsque sonnera le printemps ?
    Les ailes toutes ankylosées devront alors se dérouiller !
    À son regard émerveillé sur l’aube et son soleil pointant
    Je crois qu’il est tout disposé à repartir et vadrouiller.

    Illustrations de SiVousPlay.

  • L’apparition subliminale

    Sans doute pour renouveler le répertoire de mes rêves,
    L’intuition transmet des visions durant mes évanouissements.
    Plus fort est le dénivelé des vues subliminales et brèves,
    Plus fort seront les prévisions sur mon épanouissement.

    Dans les paysages d’automne entre les ombres et la lumière,
    Vont des images fugitives que seul l’inconscient peut capter.
    Quand, dans un décor monotone, apparaît l’impression première
    D’une femme nue sensitive, saurai-je alors m’y adapter ?

    Des petites fées croisent ma route pourtant je ne les vois jamais
    Mais il m’arrive de les comprendre lorsqu’elles me chuchotent à l’oreille.
    Dommage que l’esprit en déroute n’ait pas vu ce que déclamait
    Ma muse que j’aurais pu surprendre nue, dans le plus simple appareil.

    Photo d’Erik Madigan Heck.

  • Reines en noir et blanc

    Que fait la Reine en son manoir lorsque le Roi part à la chasse ?
    Au début elle aimait tirer quelques jolis pions alléchés,
    Puis, avec son cavalier noir, monter ensemble sur des échasses,
    Mais a fini par s’attirer la jalousie de l’évêché.

    Aujourd’hui elle reste au château et organise des salons
    Où elle reçoit ses prétendants qui l’aident à chasser ses tourments.
    Lorsque le roi rentre pataud et l’estomac dans les talons,
    Il est plutôt vilipendant envers ses hôtes les plus gourmands.

    Que fait la Reine en son castel lorsque le Roi part à la guerre ?
    Au début elle aimait jouer avec ses dames de compagnie,
    Puis, avec ses chevaux pastel et quelques compagnons vulgaires
    Mais qui étaient tant dévoués qu’à la fin, elle s’y restreignit…

    Car le Roi au panache blanc, doté d’un naturel jaloux,
    Craignait quelque anguille sous roche et rentrait inopinément,
    Puis demandait sans faux-semblants qui étaient « le » ou « les » filous
    Qui décampaient à son approche par les poternes impunément.

    Photos d’Agnieszka Jopkiewicz.

  • Origines entrelacées

    Lorsque nos pères extraterrestres créèrent l’homme à leur image,
    Ils unirent leurs plus belles femmes aux grands singes sans avenir.
    Si quelques peintures rupestres dans les grottes leur rendent hommage,
    C’est ainsi que nous commençâmes la nouvelle race à venir.

    La première mère à la peau d’or enfanta un conquistador ;
    La deuxième à la peau d’argent eut un enfant intelligent ;
    La troisième à la peau de bronze n’en eut pas un mais plutôt onze ;
    Et celle à la peau de pyrène donna naissance à des sirènes.

    Quelle que soit leur couleur de peau, les femmes s’harmonisent le mieux ;
    Sans doute est-ce dû au pouvoir de conception qui les unit.
    Ces différences fort à propos procréent des enfants merveilleux
    Lorsque l’on croise leurs savoirs et que leurs langues communient.

    Tableau de Jorge González Camarena.

  • Protection rapprochée

    Afin de résoudre le problème concernant les envies charnelles,
    Plutôt que le voile intégral, procurez-vous un protecteur.
    Un animal qui soit l’emblème de vos défenses personnelles
    Contre un outrage magistral qu’opposerait un prédateur.

    Un lion pour femmes cougar qui veulent dérider leurs fesses ;
    Un tigre pour femmes motorisées qui souhaiteraient se faire peloter ;
    Un léopard pour un regard ou un geste d’impolitesse ;
    Et un lynx pour s’autoriser une tenue décolletée.

    Tableaux de David Seguin et de Sterling Brown.

  • La ronde des sorcières

    Depuis le décalage horaire, la nuit tombe inopinément
    Beaucoup plus tôt et il m’arrive de me faire piéger dans les bois.
    En cherchant un itinéraire pour rentrer opportunément,
    Je suis resté sur le qui-vive devant treize sorcières aux abois.

    Entièrement nues en pleine transe, elles invoquaient les dieux anciens,
    Les sorciers de la création, maîtres de tous les éléments,
    En psalmodiant durant leur danse autour d’un feu chiromancien
    Là, en totale lévitation, dans un tourbillon véhément.

    Elles se sont jetées sur moi, m’ont dévêtu entièrement
    Et m’ont drogué de leur tabac dans des délices érotiques.
    Je n’ saurais avec quel émoi décrire avec enfièvrement
    Ce qui, au cours de leur sabbat, fut pour moi fantasmagorique.

    Tableau de Philip Hofmänner.

  • Miroirs d’eau

    Bizarr’ment je peux traverser le miroir liquide en surface
    Et m’ retrouver de l’autre côté sans pour autant être inversé.
    Alice m’a trop longtemps bercé d’illusions par cette interface
    Dont le monde est boycotté par des sceptiques controversés.

    Lorsque j’aperçois mon reflet, j’aimerais qu’il en fasse autant ;
    Qu’il sorte du néant de l’onde même si c’est conflictuel.
    Ce qui serait un camouflet, c’est un reflet ravigotant
    Qui m’accompagne et me seconde, comme un frère jumeau virtuel.

    J’aimerais aussi ma copie incombant au sexe opposé ;
    Moi-même en version féminine aux chromosomes compatibles.
    Bien que ce soit une utopie, la question est déjà posée :
    « La rencontre sera léonine ou au contraire indéfectible ? »

    Comme Morgane « née de la mer », une sirène de transition,
    J’observe dans chaque cours d’eau et chaque rivière, mon image
    Et je m’attends à l’éphémère extraordinaire immersion
    Qui ferait de mon corps lourdaud, deux âmes-sœurs se rendant hommage.

    Photos de Lexi Laine.

  • Bateaux volent !


    Quand je vois des bateaux volants évoluer sur l’horizon,
    Je m’imagine aux antipodes où terres et mer sont à l’envers
    Avec navires décollant de n’importe quand, sans raison,
    Avec des rames telles pseudopodes pour brasser de l’air à revers.

    Ces pays, où le sud est froid et le nord porteur de soleil,
    Qui ressemblent à des mappemondes aux cartes en déclinaison ;
    Des îles sous le vent de l’effroi qu’un vol de migrateurs balaye
    Quand ils s’envolent autour du monde lors des changements de saison.

    Photo de Gloria Illescas.

  • Les droits des animaux

    Une fois la dette remboursée aux colonies qui concoururent
    À l’essor de l’économie des capitaux fondamentaux,
    On verra les humains coursés par les animaux à fourrure
    Qui lorgnent sur la bonhommie des mémères aux jolis manteaux.

    Les bœufs réclameront leur dû, les vaches et les cochons leur cuir,
    Les moutons pleureront leur laine au rayon d’alimentation.
    À chaque espèce sera rendu tout ce qui pourrait nous en cuire
    Si nous résistions hors d’haleine à leurs justes revendications.

    Je rends son aiguille à mon chat, je rends son fusil à mon chien,
    Je rends l’arçon à mon cheval, je rends ses œufs d’or à ma poule.
    Je renonce à tous mes achats de viande et schnitzel autrichien
    Et pour l’océan j’ai l’aval des poulpes, des huîtres et des moules.

    Illustration de Peter de Seve sur https://tanjand.livejournal.com/108193.html#comments .

  • À la mode des gens bizarres de chez nous

    Sculpturale sera la mode ou bien celle-ci nous méprendra !
    Les couturiers toujours bizarres se sont encore surpassés.
    Si la couleur vous incommode, le noir et blanc vous surprendra
    Avec des fleurs et tout le bazar que l’on puisse ou non repasser.

    Juste un collant – fallait oser – un chemisier décolleté
    Et vous voilà reine d’un soir avec le succès garanti.
    On pourrait même supposer que les fleurs vont virevolter
    Lorsque vous voudrez vous asseoir avec le plus beau ressenti.

    Seins nus soulignés de peinture et fleurs de récupération
    Sur un jean noir indémodable bien ajusté au gabarit ;
    Pas de bretelles ni de ceinture, le tout tient par l’opération
    Du Saint-Esprit accomodable avec tous les seins de Marie.

    (Sculptures de Willy Verginer sur https://beautifulbizarre.net/2014/03/31/willy-verginer-finest-flower-sculpture/ .)

  • Le baptême des sirènes

    Baptisées d’eau, les jeunes filles sélectionnées et initiées
    Connaissent le moment crucial de mourir et quitter l’air libre.
    Exorbités comme des billes, les yeux peuvent à peine balbutier
    L’horreur dans l’élément glacial qui leur fait perdre l’équilibre.

    Vient le moment de se noyer et s’inonder à pleins poumons
    D’eau qui transforme les alvéoles qui mutent en branchies salvatrices.
    Cessons de nous apitoyer sur les filles devenues démons
    Et admirons leurs malléoles † devenir queue adaptatrice.

    Les voilà qui ouvrent les yeux sur leurs nouvelles identités.
    Les voici consacrées sirènes que la grâce de Neptune inspire.
    Prônons ce moment merveilleux et acceptons l’immensité
    Du passage des filles sereines pour le meilleur et pour le pire.

    Déjà les poissons font la cour à leurs nouvelles souveraines ;
    Les hippocampes les vénèrent comme maîtresses cavalières.
    Les pieuvres offrent en secours tous leurs tentacules à leurs reines
    Pour le titre de congénères de la milice animalière.

    Fonds d’écrans d’iPhone ; attention une sirène est cachée dedans !
    † Les malléoles sont les chevilles.

  • Tout va très bien avec Marianne

    Avec Marianne assis sans maître,
    Je goûte au vide de la vie.
    Je n’ai pas peur des lendemains,
    Des crises et tout ce qui s’en suit.

    Avec Marianne à six-cents mètres,
    De ses projets je suis avide
    Pour avancer sur le chemin
    Qui m’ôtera ce que je suis.

    Assis au bord du précipice
    Je n’ai aucune méfiance
    Pour faire un grand pas en avant
    Grâce au progrès en confiance.

    Si j’ai plongé dans les abysses
    Par ses mauvaises expériences,
    Que voulez-vous dorénavant
    Qui soit pire que mon insouciance ?

    J’ai bien écouté les Chinois
    Qui m’assurent de prendre du bon temps !
    Bientôt je n’aurai plus à craindre
    C’est simple comme « abracadabra » !

    Notre économie à la noix
    Va s’écrouler dans pas longtemps
    Et ils pourront enfin étreindre
    Le monde entier entre leurs bras.

    Tableau d’Alfred Isac sur https://www.redbubble.com/fr/people/alfred-isac/shop .

  • Un nouveau look pour Marianne

    Le bonnet phrygien aux orties, Marianne arbore ses cornes !
    À se faire ainsi cocufier, la République a décidé
    Que, quand son Roi est de sortie avec son ministre au bicorne,
    À tant faire qu’être statufiée autant aller se suicider.

    Qu’il soit brillantissime énarque ou polytechnicien émérite,
    Qu’a-t-il, ce premier de la classe, de plus que notre Marianne ?
    Mais elle a déjà pris ses marques ; son Manu, elle le déshérite
    Et va botter hors de sa place ce roitelet mégalomane.

    Désormais Marianne va seins nus comme « Femen Républicaine » ;
    Un nouveau parti adapté à la taille de ses bonnets C.
    La « Sans-Culotte » s’insinue dans cette nouvelle dégaine
    Afin de séduire et capter toutes les voix rétrocédées.

    Photo de A. H.

  • Nouvelle queue pour sirène esthète

    Elle fait sa mue de temps en temps, extrait ses jambes de sa queue
    Qui se détache et qui s’en va nourrir quelques poissons voraces.
    Elle n’se repose pas pour autant ; elle produit un fluide visqueux
    Composé de coacervat † tandis qu’elle lit sur sa terrasse.

    Dès la nouvelle queue formée, dans le fourreau ses jambes glissent
    Et nous retrouvons la sirène prête à nager entre deux eaux.
    Sa structure ainsi transformée, elle disparaît dans les abysses
    Pour parader d’un port de reine et frimer dans tous les réseaux.

    † coacervat : Petite gouttelette sphéroïdale de particules colloïdales en suspension.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La vie au grand air

    Océaniquement sirène, tu aimes l’eau, ton élément
    Dans lequel ta jolie queue vibre, aime se nourrir et s’étirer.
    Atmosphériquement sereine, tu aimes l’air évidemment
    Sans lequel ton corps n’est pas libre de s’empresser de respirer.

    Tes jambes recouvertes d’écailles, je les ai vues se transformer ;
    Devenir queue étincelante lorsque tu plonges dans la mer ;
    Redevenir jambes sur les rocailles lorsque tu viens te conformer
    À une vie équivalente à celle des humains éphémères.

    Tu es immortelle sirène, lorsque tu vis dans les légendes
    Mais tu redeviendras mortelle si tu viens vivre hors de ton monde.
    Alors reste libre, ma reine, parmi l’abondante provende
    De l’océan qui te rappelle que tu es la fille de l’onde.

    Illustration de Coles Phillips sur https://www.americanartarchives.com/phillips,c2.htm .

  • En route vers la tendresse !

    Si la voie de la séduction paraît, sur la carte du tendre,
    Comme une route de montagne avec lacets et précipices,
    Sans doute la reproduction de l’espèce a besoin d’attendre
    La plus adaptée des compagnes pour un accouplement propice.

    Mais la route de la tendresse paraît comme une ligne droite
    Qui va directement au but lorsque la barrière est levée.
    Alors le héros se redresse, ses mains deviennent plus adroites,
    Et c’est sur les chapeaux de rut que la vitesse est relevée.

    Après cent mille kilomètres, le véhicule est fatigué ;
    La route pleine de nids de poule et la vitesse limitée.
    Gare alors à l’éthylomètre et les stupéfiants prodigués
    Par le viagra qui rend maboules les fous d’amour illimité.

    Illustration de Raoof Haghighi sur https://www.raoofhaghighi.com/drawings .

  • Comme deux sorcières oubliées

    Ni chat ni chien mais un lapin qui les accompagne partout,
    Une créature biscornue qui vous observe l’air anémique.
    Elles habitent un petit lopin, une cabane, un vrai fourre-tout
    Où elles entassent des cornues et autres instruments alchimiques.

    Les deux sœurs ne sourient jamais comme deux sorcières oubliées
    Un soir du trente-et-un octobre qui seraient restées tout l’hiver
    Et seraient coincées désormais à ce que vous ne les troubliez
    Et que vous leur jetiez l’opprobre pour quelques menus faits divers.

    Comme par exemple de raconter qu’on les a vues sur leurs balais
    Pour aller sous la pleine Lune participer à un sabbat ;
    Ou encore de les affronter tandis qu’elles vous brinquebalaient
    Pour soulager votre rancune et pour vous passer à tabac.

    Finalement elles sont parties après maintes taquineries
    Et après qu’eurent témoigné toutes les bonnes paroissiennes.
    Depuis lors, en contrepartie, contre toutes cochonneries,
    On ne sait comment se soigner car c’étaient nos deux pharmaciennes…

    Tableaux de Brom sur https://www.bromart.com/instagram .

  • Rouler à côté de ses pompes

    Je les appelle « les cons qui roulent » sans leur cerveau resté à quai ;
    Leurs mains sont devenues pilotes et leurs jambes, des machinistes
    Dont les pieds déroulent et enroulent un mouvement de tourniquet
    Comme une danseuse ballote lorsqu’elle tourne sur la piste.

    Mais où se situe la machine et où se dispose l’humain ?
    Les mains rivées sur le guidon relient bras et tête, mécaniques,
    Obligés de courber l’échine si par hasard sur le chemin
    Les jambes-au-corps avaient le don de s’évader dans la panique !

    Quant aux Helvètes à bicyclette, ils s’entraînent dès leur jeune âge ;
    Quel que soit le temps qu’il fera, qu’il vente, qu’il neige ou qu’il grêle,
    Dans le brouillard à l’aveuglette ou sous un orage à la nage,
    C’est le corps qui imposera sa volonté surnaturelle.

    Illustration de Raoof Haghighi sur https://www.raoofhaghighi.com/drawings .

  • Comme deux vestales oubliées

    Comme deux vestales oubliées chargées d’entretenir les flammes,
    L’une de cœur et de raison, l’autre de l’âme et de mon corps.
    Car chaque reflet publié forge et me façonne la lame
    Qui tranche net la déraison d’un monde en total désaccord.

    En Lune noire, tout le mystère jaillit par ma vestale obscure
    Qui alimente les secrets de Dieu, l’Univers et le reste…
    C’est un feu du creux de la Terre, Soleil, Vénus, Mars et Mercure
    Qui monte du foyer sacré entouré de flammèches prestes.

    Le cœur consume la raison s’il est de pierre réfractaire
    Lorsque l’amour brûle en dedans au risque d’y laisser sa vie.
    L’âme éprouve sans cesse le corps pour affûter son caractère
    Comme infernales rages de dents jusqu’à c’qu’elles soient du même avis.

    En pleine Lune, toute la lumière jaillit par ma vestale blanche
    Qui canalise l’origine des étoiles en évolution.
    C’est un feu au cœur des chaumières qui se répand en avalanche
    Comme une passion sauvagine qui nourrit les révolutions.

    Illustrations de Coles Phillips.

  • L’amour sauvage

    Elle voulait goûter tous mes fluides ; mon sperme, mon sang, ma salive
    Et me mordit un peu partout causant mille-et-une ecchymoses.
    N’étant plus vraiment très lucide, elle m’enduisit d’huile d’olive
    Mais qu’elle répandit surtout en me la suçant par osmose.

    Elle absorba toute mon essence me laissant juste assez de forces
    Pour que je puisse récupérer afin de pouvoir recommencer.
    J’eus droit à sa reconnaissance après m’avoir brouté le torse
    Par le plaisir inespéré d’un cannibalisme romancé.

    Photo de Jerry-Jane Pears.

  • Madame Câline & Monsieur Calotte

    Elle se prénomme Câline et Monsieur s’appelle Calotte ;
    Ils forment un drôle de couple, l’amour n’est jamais ajourné.
    Quand il lui monte l’adrénaline, dès qu’il lui ôte sa culotte,
    Tous les deux aussitôt s’accouplent à tout instant de la journée.

    Afin de pouvoir la baiser après le petit déjeuner,
    Il lui dégrafe sa chemise et sa femme aussitôt éprise
    Lui envoie mille-et-un baisers, tous passionnés et déchaînés,
    Tandis que Câline soumise se fait pénétrer sans surprise.

    Il rentre tard sitôt que sonne l’heure où le soleil se dérobe ;
    Elle ne porte qu’une tunique pour mieux accueillir son héros.
    Il l’embrasse et elle frissonne à l’instant où tombe sa robe
    Et après ce rituel tonique, ensemble ils prennent l’apéro.

    Tableaux de Kenne Grégoire.

  • L’amour sans les mains

    Elle voulait me faire prestement l’amour sans y mettre les mains
    Et voulut me déshabiller avec la bouche à pleine dent.
    Elle m’arracha les vêtements d’un tel comportement inhumain
    Que j’ai cru être écharpillé d’une passion sans précédent.

    Quand tomba le dernier bouton, elle me mordilla le menton,
    Puis descendit sous le nombril pour gober le membre viril.
    Et quand elle m’eut vidé les bourses, elle repartit au pas de course.
    Comment après mûr examen faire pour lui demander sa main ?

    Photo de Jerry-Jane Pears.

  • Cours tout nu !

    Nager tout nu, courir tout nu, cheveux au vent et fesses à l’air,
    Qu’il est grisant d’abandonner sa carapace de tissu !
    Tout innocent, tout ingénu, ne demandant d’autre salaire
    À la nature que de donner au cœur ce dont il est issu.

    J’aime voir les seins ballotter, les mamelons se trémousser,
    Les jolies jambes s’écarter et le sexe oser s’exhiber
    L’instant de se déculotter, le moment de se détrousser
    Et de se dire en aparté qu’on est fier de se déshiniber.

    Illustrations de Coles Phillips sur https://www.americanartarchives.com/phillips,c2.htm .

  • L’IA… trop robot pour être vrai !

    Plutôt qu’apporter des lilas, il s’était procuré des roses ;
    Des roses jaunes en bouquet pour attendrir sa Madeleine
    Ou pour séduire sa Dalila ; il s’était ceint de primeroses
    Couronnant d’un toupet coquet sa grosse tête pourtant vilaine.

    L’intelligence artificielle, douée pour les alternatives
    Et les options les plus complexes, reste nulle aux jeux de l’amour.
    Si la femme est superficielle aux yeux de sa mémoire vive,
    Elle cogitera longtemps perplexe contre sa logique glamour.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La rose directrice de Valentine


    Rose des vents pour la marine, rose devant pour Valentine,
    La rose aime se conjuguer selon l’emploi que l’on en fait.
    Juste posée sur la poitrine aidera l’allure enfantine
    À avancer et subjuguer ses admirateurs stupéfaits.

    Du moment que le rouge est mis, on pourra le humer des yeux,
    Goûter sa couleur de la bouche et l’observer par les oreilles.
    Le cap décisif est émis par ses pétales délicieux
    Dont la douce saveur fait mouche semblable à nulle autre pareille.

    Photos de Katya Brook sur https://www.filmconstruction.com/katya-brook-fine-art .

  • Transports amoureux

    Au début, l’amour à vau-l’eau se montre assez imprévisible
    Car pour séduire il faut ouvrir la porte aux nouvelles surprises.
    L’amour pédale sur son vélo avec la grâce assez risible
    De la danseuse qui va souffrir dans les montées et les reprises.

    Et puis l’amour se motorise lorsqu’il a appris le chemin
    Par cœur de la carte du tendre qu’il doit parcourir chaque jour.
    Et si le couple lui autorise, aussitôt en un tournemain,
    Il met la gomme sans attendre, à fond la caisse, avec bravoure.

    Enfin, les quatre roues motrices déploient l’amour et le dépannent
    Pour transporter la maisonnée lorsqu’elle s’évade en vacances.
    Si conducteurs et conductrices font souvent le coup de la panne,
    Il leur faudra arraisonner tout un convoi en conséquence.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Les clefs de la Saint-Valentin

    Saint-Valentin, grand serrurier, sait déverrouiller les problèmes ;
    En tant que maître-cœurdonnier, il connaît toutes les ficelles.
    Cœur intrépide, aventurier, il sait résoudre les dilemmes
    De tous les troubles garçonniers aux retenues des demoiselles.

    Bien sûr, les garçons ont la clef mais ignorent le mécanisme
    De la serrure féminine et toutes ses prolongations.
    Un rossignol peut tout bâcler, en outre induire traumatismes
    Qui grippent, rouillent et éliminent tout acte de fornication.

    Bien sûr, les filles ont la serrure et tout le schéma intérieur
    Mais jugent trop partialement la taille de la clef convenable.
    Saint-Val’, lui, connaît les ferrures de tout calibre supérieur
    Et les clefs idéalement de qualité incontournable.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.