Catégorie : 2022

  • La maison à poisson

    La maison à poisson

    Rien ne va plus dans ma raison qui s’effrite en queue de poisson
    Dans le reflux d’évènement qui obéissent aux vents contraires.
    Je ne sais plus si ma maison construite de main de maçon
    Résistera à l’avènement d’améliorations arbitraires.

    Nouvelle vague, nouvelle mode, les traditions sont secouées ;
    Nouveaux genres contre-nature qui vont à voile et à vapeur.
    Tandis que les dieux se démodent et que leurs prêtres sont engoués,
    Nous subissons la dictature d’un ordre nouveau qui fait peur.

    Les eaux montent, les terres reculent sous l’effet du réchauffement
    Les pluies empoisonnent les sols des particules dans l’atmosphère.
    Tandis que l’état nous accule à nous conduire gauchement
    Vers un futur dont la boussole n’indique que le sens des affaires.

    Illustration de Noelle.T.

  • Contre la montre

    Ma vie va de plus en plus vite pour concourir avec le temps
    Qui m’oppose sa résistance à surconsommer mon essence.
    Tous les obstacles que j’évite sont de plus en plus percutants
    Jusqu’à ce jour de circonstance qui me frappe d’obsolescence.

    Quand vient le mur de la retraite, du handicap ou du chômage,
    Le cheval qui tirait mon cœur rouille, se grippe et fait des erreurs.
    Mes indemnités sont soustraites et Marianne me dédommage
    En m’accordant à contrecœur le droit de vivre dans l’horreur.

    Tableaux de Tomek Sętowski.

  • La Rose qui voulait voir le monde

    La Rose qui voulait voir le monde

    Il était une petite rose, toute timide en son jardin,
    Qui rêvait d’explorer le monde et naviguer dans l’outremer.
    Elle pleurait des rosées moroses dans son bassin périgourdin
    Dont les eaux coulaient, vagabondes, jusqu’aux ouïes des poissons de mer.

    Ce bouche à ouïe aquatique remonta jusqu’aux anciens dieux ;
    Éole alloua l’air du levant, Neptune ses poissons volants.
    Et l’on vit un fantasmatique, étrange carrosse dispendieux
    Promener la rose-des-vents dans un voyage affriolant.

    Après elle a perdu le nord quand elle a passé l’équateur
    Et a exploré l’Antarctique dans ses plus basses latitudes.
    Ce seraient les signaux sonores de quelques câblo-opérateurs
    Qui ont transmis sa fantastique pérégrination dans le sud.

    Collage de Paula Belle Flores sur https:www.iamfy.coshoppaula-belle-flores .

  • Les voyages en poisson-volant

    Les voyages en poisson-volant

    Vendredi, je ne sais pourquoi, je m’envole en poisson-volant
    Pour respirer un air iodé empreint des embruns coralliens.
    Quand vient le moment adéquat, j’en appelle un, batifolant
    Par les vieilles ballades yodlées comme des chanteurs tyroliens.

    Car les meilleures montgolfières, construites en poissons de Bavière,
    Vous siéent les meilleures montures qui vous emporteront au loin
    Toutes les rêveuses sont fières de traverser monts et rivières
    Pour aller braver l’aventure jusqu’au dimanche et faire le point.

    Faire le point sera facile grâce au vol des roses-des-vents
    Qu’il me suffira d’observer pour mes prochains itinéraires.
    Si les vents se montrent graciles, le voyage sera innovant
    Mais devra bien me préserver des coups de foudre temporaires.

    Collage de Margaret Orr sur https:www.redbubble.comfrpeoplehogretshop .

  • L.a S.olution D.ivine

    L.a S.olution D.ivine

    Pour faire un voyage impossible, pour entrouvrir le cours du temps,
    Nous avons besoin de nature et d’alchimie surnaturelle.
    Chacun sa recette accessible au profane et au débutant,
    Mais j’en ai tenté l’aventure avec ma recette personnelle.

    Nul besoin d’alcool ou de drogue, ni de mise en transe excessive,
    Ni de participer en groupe en vue d’être galvanisé,
    Ni consulter un psychologue pour une séance dépressive,
    Ni de subir l’assaut des troupes de films américanisés.

    Je coupe l’emprise des cinq sens qui donne l’image du monde
    Qui, comme le dirait Magritte, n’est qu’un reflet de l’extérieur.
    Je demande une sixième essence dont la révélation m’inonde
    De la réalité écrite dans mon univers intérieur.

    Tableau de Nalinee Diosara sur https:soulconnectionsnalinee.com .

  • Racines infinies et indéfinies

    Aussi petit que soit mon corps, aussi grandes que soient mes racines,
    Je vis sans doute au point central tiré par les branches du temps.
    J’y pense tous les jours encore malgré la jeunesse assassine
    Qui rejette mon rite ancestral pour un futur plus percutant.

    Quelques-uns vivent dans leur bulle détachés de leurs origines ;
    Ils ont dénoncé l’héritage légué par d’ancêtres encombrants.
    Ils prétendent sans préambule être les nouveaux androgynes
    Sans genre et dans l’étiquetage d’un génome abracadabrant.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • L’imagination galopante

    L’imagination galopante

    De l’uniformité du vide jaillit mon imagination
    Comme une envie de galoper au-delà de mon horizon.
    Besoin de carburant avide qui nourrit le cœur de passion,
    Une soif de développer les ouvertures de ma prison.

    Le libre arbitre prétendu est borné par les jeux de rôles
    Que chacun emploie dans le monde en croyant décider sa vie.
    Le mien m’apparaît étendu à une histoire sans parole
    Où la confiance aveugle inonde tous ceux qui sont du même avis.

    Je donne un sens à chaque objet, chaque image raconte une fable,
    Mes jouets deviennent des portes où disparaissent mes éléphants.
    Je suis le verbe et le sujet, le complément indispensable,
    Qui conjugue ce que je transporte du néant vers mon cœur d’enfant.

    Tableau de Rafał Olbiński sur https:www.personalart.plrafal-olbinski?page=8 .

  • Les semeurs de lumière

    Tout en lumière et en couleurs autour du feu de la Saint-Jean,
    De jeunes vierges vont accueillir l’esprit du mâle des forêts.
    On oublie peines et douleurs, ses soucis les plus astringents
    Et on va toutes se recueillir sous la pleine Lune dorée.

    Lorsqu’arrive l’esprit du mâle, les filles intensifient leur danse
    Les garçons entrent dans la ronde qui tourne de plus en plus vite.
    Alors le côté animal plonge tous les couples en transe ;
    Les femmes deviennent fécondes et lancent aux hommes des invites.

    Illustrations de Lavestalu et de Pablo Picasso.

  • La transparence du corps

    La transparence du corps

    Dans l’environnement moderne, je me sens toute transparente
    Égarée dans les conventions où je dois rentrer dans le moule.
    Un simple élément subalterne d’une société indifférente
    À estimer la contention de ceux qui deviennent maboules.

    Dehors, je parais invisible à toute une foule de gens
    Qui m’ignorent complètement quand je leur parle ou les appelle.
    À croire que je suis nuisible à leur confort intransigeant
    Ou que j’ose un empiètement inopportun dans leur chapelle.

    On ne voit que moi, à l’inverse, quand, par malheur, je suis devant ;
    Lorsque j’arrive à un comptoir, ceux qui sont derrière ronchonnent ;
    Dans la rue vide que je traverse, surgit un gars m’invectivant
    Qui se plaint d’un ton péremptoire de son espace que je bouchonne.

    Cette mosaïque égoïste de l’organisation humaine
    Veut que chacun reste à sa place car il y a trop de concurrents.
    Seuls quelques rares utopistes, poètes à la petite semaine,
    Savent qu’il faut rompre la glace et s’il le faut, sortir du rang.

    Tableau de Scott Rohlfs sur www.distinctionart.comexhibitgallery_m.php?showID=131&fltr=prev .

  • Un p’tit coin de paradis

    Pour trouver chaussure à mon pied – ou plutôt une botte à ma cuisse –
    Je restai là, sans parapluie en attendant l’invraisemblable…
    J’attends l’amour, comme il me sied – du plus inattendu qu’il puisse –
    Au p’tit bonheur de l’eau de pluie pour une rencontre inoubliable.

    Lorsque viendra mon amoureux, il éclipsera tout le monde
    Et sous son coin de Paradis, j’apercevrai un arc-en-ciel.
    Et moi, dans ses bras vigoureux, malgré la pluie qui nous inonde,
    Je serai toute ragaillardie blottie sous l’abri substantiel.

    Tableaux de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057426&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • Vivre de chasse et de pêche

    Vivre de chasse et de pêche

    Pour nourrir l’ours qui vit en moi, comment pourrais-je tromper ma faim ?
    Pêcherai-je assez de poissons ? Chasserai-je assez de gibier ?
    Plus je lui donne au fil des mois et plus il atteint les confins
    De l’épuisement des moissons qui déshonore mon herbier.

    À chaque étage de la vie, celle-ci se montre plus cruelle
    Même si l’homme atteint le sommet de la pire monstruosité.
    Cet équilibre pour ma survie s’exprime par ma faim rituelle
    Que je tolère et que j’admets sans la moindre affectuosité.

    Cet ours vorace ne me laisse pas suffisamment de nourriture
    Et me taraude en conséquence dès que je commence un régime.
    Or quand l’estomac me délaisse je suis soumise à sa torture
    Par le supplice de l’appétence devant des plats sublimissimes.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Souris de bibliothèque

    Mes livres renferment, dans leur raison, tout un univers cloisonné
    De pièces aux chapitres dépeints de la couleur de leurs auteurs.
    J’ai plusieurs coins dans ma maison à l’atmosphère empoisonnée
    Par le virus d’Arsène Lupin, prince des emberlificoteurs.

    Je lis, perchée dans une niche, des récits d’anticipation
    Et dans ma capsule exigüe, je relativise les volumes.
    J’ai un banc en forme de péniche pour romans de navigation
    Et pour les histoires ambiguës, toute une literie de plumes.

    Tableaux de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057426&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • Les fruits de Marie

    Les fruits de Marie

    Colchiques dans les prés fleurissent pour fêter la fin de l’été ;
    Le cœur de Marie a mûri et ses fruits garnissent les comportes.
    La Terre, devenue sa nourrice, de ses pluies les a allaités
    Malgré les bourrasques en furie qui entraînent les feuilles mortes.

    Marie met sa plus belle robe pour faire honneur à la Nature
    Avec des pétales de rose en guise de sous-vêtements.
    De l’humus, ses pieds se dérobent pour partir en villégiature
    Avant que les frimas moroses l’enjôlent par leurs empiètements.

    L’hiver la déshabillera et l’endormira sous la neige ;
    Nous n’apercevrons de Marie que ses habits tombés par terre.
    Le printemps la réveillera pour lui offrir, en privilège,
    Des fleurs nouvelles et mûries de pluies et soleil salutaires.

    Tableau de Duy Huynh sur https:www.dessein-de-dessin.comles-peintures-acryliques-surrealistes-de-lacclimatation-culturelle-de-duy-huynh .

  • Le cœur de Marie

    Le cœur de Marie

    Fleurs de soleil et de printemps s’échappent du cœur de Marie
    Et ses sentiments papillonnent tout autour de la floraison.
    Pensées d’amour à chaque instant qu’un ange au petit gabarit,
    Entre ses deux mains, tourbillonne pour se blottir dans sa maison.

    Pluie et rosée, Soleil et Lune, ont veillé au fleurissement
    Et tout l’été s’épanouit car la Terre devient maman.
    Adieu perce-neige et callunes, bienvenue au mûrissement
    Sous le jour qui s’évanouit et les étoiles au firmament.

    Tout finira divinement d’un bouquet de feux d’artifice
    En fleurs pour la reproduction pour être là l’année prochaine.
    L’hiver poindra timidement avec ses jours qui raccourcissent,
    Puis viendra la reconduction d’un cycle de vie qui s’enchaîne.

    Tableau de Duy Huynh sur https:www.dessein-de-dessin.comles-peintures-acryliques-surrealistes-de-lacclimatation-culturelle-de-duy-huynh .

  • Carré de reines – 2

    La Reine de Cœur cherche un mari qui lui donnera beaucoup d’enfants ;
    Un Italien pour l’amuser, un Français ou un Autrichien.
    Hélas le Roi, homme marri, ne s’est pas montré triomphant
    Et la Reine désabusée s’en retourne auprès de ses chiens.

    La Reine de Carreau cherche un amant pour la distraire les jours de pluie
    Et tromper sa mélancolie, tromper son Roi et son ennui.
    Hélas le Roi, sur le moment, a oublié son parapluie,
    Puis les a surpris dans son lit et les a tués cette nuit.

    La Reine de Trèfle cherche un galant pour l’accompagner sur les routes
    Tandis que le Roi se dérobe pour aller jouer au Casino.
    Hélas le Roi mirobolant, éperdu, s’est mis en déroute
    Et ne peut ni payer ses robes, ni les frais de son Valentino.

    La Reine de Pique cherche un chéri juste pour un soir, une nuit ;
    Baiser dans ses draps de satin et puis le jeter en chemin.
    Hélas le Roi, homme aguerri, l’a fait tant jouir à minuit
    De sept orgasmes jusqu’au matin qu’il a droit de rester demain.

    Tableaux de Donatella Marraoni.

  • Carré de reines – 1

    Le Roi de Cœur, homme fidèle cherche sa Reine appropriée ;
    Comme il a l’esprit cavalier, il sait qu’il peut tout pardonner.
    Hélas la Reine est infidèle et ne se fait jamais prier
    Pour rencontrer beaux chevaliers, marquis ou même baronnets

    Le Roi de Carreaux, homme admirable, cherche sa Reine la plus belle
    Avec cuisses bien affermies et une poitrine de rêve.
    Hélas la Reine, fort désirable, qui aime un espion chez les rebelles,
    A fait pénétrer l’ennemi et la fin du Roi fut très brève.

    Le Roi de Trèfle, homme d’argent, cherche sa Reine intelligente
    Avec amplement d’avenant et de l’esprit sous le chapeau.
    Hélas la Reine en partageant d’une manière trop diligente
    Son fonds de commerce à tout venant l’a ruiné et l’a mis capot.

    Le Roi de Pique, homme volage, cherche sa Reine voluptueuse
    Qui sache lui donner au lit, le plaisir, l’amour et l’extase.
    Hélas la Reine, sous son pelage, possède une âme de tueuse
    Et, dès le premier hallali, le Roi est mort d’une épectase.

    Tableaux de Donatella Marraoni.

  • Vive la Reine !

    Vive la Reine !

    « La Reine est folle, folle est la Reine ! » entend-on partout quand on sort.
    Bien sûr, appelé à régner, le nouveau roi porte l’espoir.
    Son épouse se montre sereine ; elle deviendra reine consort
    Même si elle ressemble à l’araignée du soir, signe de désespoir.

    La Reine défunte se retrouve au paradis des souverains
    Où elle regagne ses ancêtres, tous portés sur la gaudriole.
    Mais le plus grand choc qu’elle éprouve, c’est de rejoindre son bourrin
    Au corps laqué, en bois de hêtre, prêt à faire mille cabrioles.

    Savez-vous que la reine est nue sur son fidèle cheval de bois ?
    Terminés les robes pastel, les chapeaux et les uniformes !
    Qui sait que seront devenus ses célèbres chiens qui aboient ?
    Sans doute au chenil du Castel aux niches royales et cruciformes.

    Tableau de Daniel Porada.

  • L’écologie participative

    L’écologie participative

    Comment protéger papillons, abeilles, guêpes et coccinelles,
    Les araignées les plus voraces et les escargots de bourgogne ?
    Comment sauver les oisillons, les hérons et les hirondelles,´
    Les hiboux, chouettes et les rapaces, les cigognes et les éperviers ?

    Alors que c’est tout le contraire ; nous leur sommes tous tributaires !
    Tous les insectes butineurs sont les anges de la Nature
    Et notre présence arbitraire sur la planète est délétère
    Par nos dommages déracineurs qui ne paient même pas la fracture.

    L’homme ayant pillé tout l’été se trouvera bien dépourvu
    Lorsque l’hiver sera venu tandis que la Terre pourrissait.
    Il recherchera, hébété, comment gérer cet imprévu
    Sans les bébêtes malvenues qui cependant le nourrissaient.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Les sirènes modernes

    Les sirènes modernes

    Elles ne sont plus ce qu’elles étaient et la magie est terminée.
    Désormais la sirène moderne a internet et le wifi.
    Tandis qu’autrefois elles guettaient les marins à éliminer,
    Désormais les vieilles badernes viennent visiter leurs profils.

    C’est ainsi qu’ j’ai trouvé la mienne, une sirène alémanique
    Dont les beaux tableaux sur la toile m’avaient pris entre leurs filets.
    J’ai quitté ma vie bohémienne pour une langue germanique
    Qui m’a ouvert mon cœur d’étoile et fermé mes yeux effilés.

    Faites attention quand vous croisez une sirène au téléphone
    Qui promène avec nonchalance son poisson rouge en canne-à-pêche !
    N’essayez pas d’apprivoiser la belle devenue aphone
    Qui répond avec insolence et s’enfuit comme une pimbêche !

    Tableau d’Andrej Mashkovtsev sur https:ghoti-and-us.tumblr.compost180996938912andrej-mashkovtsev-her-good-friend-mackerel .

  • Naïades

    Naïades

    La pêche à l’amour en eaux troubles m’entraîne au bord de la rivière
    Quand le courant fait des remous sous la pleine Lune sereine.
    Dans les reflets qui se dédoublent, là, deux Walkyries de Bavière
    Sortent deux têtes faisant la moue adoucies d’une voix de sirène.

    En m’approchant pour écouter le joli chant des deux naïades,
    Je m’assieds plus loin sur la berge à quelques mètres de la rive ;
    Raisonnablement dégoûté d’être entraîné dans la noyade
    Et de peur qu’elles me submergent, je me cramponne quoi qu’il arrive.

    Mon jeu dut plaire aux ingénues car elles n’ont cessé de chanter
    En exécutant une danse au rythme d’un cantabile.
    Serais-je un poisson devenu dans cette rivière enchantée ?
    Certainement tombé en transes et noyé à l’heure qu’il est !

    Tableau de Neil Welliver.

  • Le professeur d’astronomie

    Le professeur d’astronomie

    Vêtue d’une robe couleur de Lune selon le quartier du moment
    Et d’un corsage où deux soleils n’avaient pu se départager,
    Elle jouait de façon opportune des éclipses sur le firmament
    Avec une Terre presque pareille et une autre désavantagée.

    La nuit tombait sous la calotte qui couvrait le mont de Vénus
    Et l’on ne voyait que deux jambes sortir d’un trou noir mystérieux
    Qui dévoilait une culotte avec des étoiles en bonus
    Aux écoliers assez ingambes pour satisfaire les curieux.

    Moi, j’étais souvent dans la Lune, le regard fixe entre les astres
    Qui rebondissaient sur l’orbite de mon professeur en jupon.
    J’avais l’attention peu commune sur les plis de son épigastre
    Et aujourd’hui Satan m’habite encore au souvenir fripon.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Après l’orage

    Une fois la pluie retombée, je dois essuyer mes injures
    Ravaler ce qui a dépassé de mes esprits trop échaudés
    Hélas, je sais, j’ai succombé à tous mes petits « moi » parjures
    Et mon entourage compassé m’observe d’un air ravaudé.

    Les petits démons sont sortis ; vivent la pluie et les orages !
    Je me sens presque baptisé d’un coup de tabac éméché.
    Orgueil et colère assortis transforment paresse en courage
    Et je ressors traumatisé mais lavé de tous mes péchés.

    (Tableaux de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057426&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic
    Comme je suis épicurien, je ne suis avare ni de gourmandise, ni de luxure et ni d’envie.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Peigner la girafe

    Peigner la girafe

    Je manque souvent de recul lorsque je peigne la girafe
    Avec mes poèmes et mes vers pour décrire la situation
    Malgré les quelques opuscules dont j’ai lu tous les paragraphes
    D’où je crois avoir découvert une partie de la solution.

    Écrire semble une tâche fastidieuse, interminable et inutile
    Car ça n’ébranle ni les murs ni n’en font trembler les moellons.
    Hélas ma plume est insidieuse et s’amuse à l’encre futile
    Mais ce ne sont là que murmures… autant pisser dans un violon !

    Si je n’ai pas réponse à tout, l’arbre qui cache la forêt
    Ne commet pas plus une faute que moi qui bâtit sur le sable.
    Quant aux girafes, le seul atout qui leur permet de dévorer
    Les feuilles et les baies les plus hautes, c’est d’avoir un cou étirable.

    Tableau de Catrin Welz-Stein sur https:www.liberelemo.frgalerie-d-artistes .

  • Avant l’orage

    Mes petits « moi » pèsent trop lourds et chacun veut faire à son tour
    Ce qui lui plaît dans le moment et tous ensemble, évidemment !
    Au matin, je me sens balourd lorsqu’ils me tournent tout autour
    De la tête sans savoir comment m’en dégager rapidement.

    Et quand éclatent les litiges, ces imposteurs à ma décharge
    S’emparent du commandement et me font exploser de rage.
    Les noms d’oiseaux font la voltige tandis que la pression monte en charge
    Mais contre tout entendement, il faut laisser crever l’orage.

    Tableaux de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057426&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • Morceaux choisis

    Morceaux choisis

    Serais-je cette mosaïque de cellules communautaires,
    Serais-je cette société d’organes en collectivité,
    Dont l’obligation prosaïque oblige mon corps tributaire
    Dont le concours à satiété nourrit ma subjectivité ?

    Prenez tous un morceau de moi, qui une main, qui une bouche.
    Mon cœur, je l’ai déjà donné mais j’ai la malle à souvenirs
    Pleine de mes premiers émois lorsqu’il a fallu que je couche
    Pour des amours désordonnées que je n’ai pas su voir venir.

    J’ai la mémoire en bouillon cubes de cultures qui ont trop bouilli
    Mais n’ont perdu ni leur saveur, ni leur p’tit goût de reviens-y.
    Et pour le reste, entre les tubes et les tuyaux c’est un fouillis
    Mais faites-moi donc la faveur de vous en régaler ainsi.

    Tableau de Scott Rohlfs.

  • L’école des voleurs – 2

    Chacun sa méthode de vol ; il n’y a qu’ le résultat qui compte !
    Bien utiliser ses ressources et chercher des vents ascendants.
    Soit négocier son envol quand les secondes se décomptent,
    Soit trouver de meilleures sources et des courants plus abondants.

    Voler plus haut, voler plus gros demandent beaucoup d’énergie ;
    Avoir l’esprit compétiteur et essentiellement pragmatique ;
    Mettre les moyens intégraux de tout le monde en synergie
    Et mentir sur les profiteurs des lois de l’aéronautique.

    Tableaux de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057426&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • Trompette d’or

    Trompette d’or

    Mon chemin monte depuis l’enfance et j’en pensais voir le sommet
    Mais il s’éloigne à l’horizon à chaque étape de ma vie.
    Pente douce à l’adolescence, puis raide dès que je commets
    L’erreur d’sortir de ma prison d’un coup d’audace inassouvie.

    Après c’est le cercle infernal du travail et du rendement
    Et je suis rivé sur les rails d’une attraction où je gravite.
    Le parcours devient machinal, j’obéis aux commandements
    Et le cœur bat dans le poitrail plus fort et de plus en plus vite.

    Alors j’ai sorti ma trompette, une corne d’or de détresse,
    Et j’ai soufflé pour mon salut quel qu’en soit le prix à payer.
    S’est levée une grande tempête qui m’a projeté loin du stress
    Et mon circuit s’est dissolu sur la voie des gens réveillés.

    Illustration d’Anna Octavianovna.

  • L’école des voleurs – 1

    Un jour, il faut quitter le nid et affronter la peur du vide ;
    Assurer sa propre survie en volant de ses propres ailes.
    Mais la nature est un génie qui t’a donné un cœur avide
    De convoler toute ta vie accompagné de ton oiselle.

    Bien sûr, aujourd’hui le progrès a changé la régulation
    De l’état et l’économie – qu’il ne suffit plus de voler.
    Les hommes ont atteint le degré de la super population
    Et ne vivent en autonomie que ceux qui peuvent nous survoler.

    Tableaux de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057426&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • Une blanche et trois noires

    Une blanche et trois noires

    Le musicien reste de marbre apparemment à l’auditoire
    De trois oiseaux noirs suraiguës et une oiselle sans entrave.
    Pour jouer la mélodie de l’arbre, les notes sont rédhibitoires
    Car les corbeaux trillent les aiguës et la colombe chante les graves.

    L’instrument, de ses propres branches sacrifiées pour la musique,
    Résonne d’une âme féconde accordée aux piafs concertistes.
    Tous les mélomanes qu’ils branchent accourent ouïr la liturgique
    Ballade de la forêt profonde avec ses millions de choristes.

    Car la litanie enchantée calme l’ensemble des prédateurs,
    Les ours, les loups, lynx, sangliers, même les hiboux sur leurs mâtures.
    Elle aide les biches à enfanter grâce au tempo pondérateur
    Dont les fréquences sont liées au pouls de la Mère Nature.

    Illustration de JRSlattum.

  • Quel est le peintre de mes rêves ?

    Quel est le peintre de mes rêves ?

    Combien de fois ai-je arpenté l’escalier des vagues turquoise
    Qui mène derrière l’horizon là où naissent les légendes kurdes,
    Dans ce décor parementé de nébulosités narquoises
    Qu’un peintre a, sans autre raison, mélangées dans un rêve absurde ?

    La Pleine Lune évidemment et ses orages magnétiques
    Qui viennent inciter les étoiles à briller comme des soleils
    Et danser dans le firmament de ce fond de ciel hypnotique
    Qu’un peintre a brossé sur la toile de l’univers de mon sommeil.

    Mais quel est ce peintre lubrique qui peint ces décors enchantés
    Où ma nudité s’insinue comme un pinceau émancipé ?
    Sans doute un rêveur excentrique qui m’invite à me transplanter
    Dans ce paradis inconnu et me prie d’y participer.

    Tableau de Tuco Amalfi.

  • Les poissons rouges

    Elle ne mange ni poisson ni crustacé, c’est trop malsain !
    Elle ne prend, comme boisson, que l’eau pure de son bassin.
    Un bassin construit par son père à l’ombre d’un saule pleureur
    Dont le faîte au soleil espère capter son feu en éclaireur.

    Elle l’a transformé en lit, un lit rond comme un aquarium
    Pour noyer sa mélancolie délayée dans son vivarium.
    Elle y dort dès la nuit tombée par-dessous la voute stellaire
    Et s’y laisse aller succomber aux rayons du halo lunaire.

    Comme une Belle-au-Bois-Dormant, elle s’est endormie pour longtemps
    Attendant un Prince Charmant entre quatorze et vingt printemps
    Qui lui fera du bouche-à-bouche en descendant vers le pubis,
    Puis la conduira de sa couche au grand Royaume des Abysses.

    Tableaux de Fernando Vicente.

  • Vacances 2022

    Dans l’esprit de l’homme moderne, la mode des loisirs progresse ;
    Pour chanter, danser tout l’été, il travaille toute l’année.
    L’hiver, il s’engraisse, il hiberne, puis au printemps, à bas la graisse,
    Changement de réalité et vivent les belles peaux tannées !

    Toujours plus haut sur les sommets, cap sur les montagnes enneigées,
    Faire du ski sur les glaciers ou s’éclater en randonnées !
    Des activités consommées pour éviter de gamberger
    Au temps de travail disgracié mais s’amuser, s’abandonner !

    Partout autour de la planète vont les tsunamis de touristes
    Rechercher les émotions fortes et tout ce qui les met en transe.
    Et puis l’on compte les cannettes, les déchets de plus en plus tristes
    Que tous les océans transportent comme souvenirs de vacances.

    Illustrations de Blachon.

  • Trop grande et trop petite

    Trop grande et trop petite

    Trop grande pour moi, ma planète est devenue toute petite ;
    Ses limites incommensurables sont désormais outrepassées.
    Trop vaste pour moi, l’internet est l’évolution contredite
    Par les commerces équitables qui sont à jamais menacés.

    Trop vaste pour moi, l’océan est devenu une poubelle
    Où tout l’inutile s’entasse une fois qu’on l’a consommé.
    Tout le ciel pur et bienséant porte une pollution rebelle
    Qui détruit la faune fugace et la flore bientôt consumée.

    Tout mon petit confort moderne, mes gadgets et mes machins-chouettes,
    Laissent à la Terre des séquelles d’irréversibles désillusions.
    Le progrès n’est qu’une lanterne, un simple miroir aux alouettes
    Qui scie la branche sur laquelle j’ai bâti un monde d’illusion

    Illustration d’Aitch sur https:www.behance.netgallery15369571The-Imaginary-Life-of .

  • Le cauchemar armoricain

    Quand les gaulois furent envahis par les latinos-militaires
    Offrant la civilisation, l’architecture et le latin,
    Ceux qui ne furent pas ébahis se mirent ensemble et résistèrent
    Contre la romaine invasion en l’affrontant soir et matin.

    Quand les gaulois furent matés par les germains dont la prestance
    Poussait l’ordre et l’obéissance par la discipline et la force
    Ceux qui ne furent pas formatés entrèrent alors en résistance
    Pour lutter contre la puissance de l’extermination retorse.

    Quand les gaulois furent immergés par la culture étasunienne
    Portant le rêve américain, le dollar et la providence,
    Ceux qui ne furent pas submergés par la gestion amazonienne
    Restèrent au sol armoricain, au sud-ouest ou en Provence.

    Demain les gaulois survivants resteront seuls à conserver
    Les traditions et leurs cultures qu’ils transmettront à leurs enfants
    Tandis que tous les morts-vivants qui n’ont pas su se préserver
    Ensemenceront la Nature au cimetière des éléphants.

    Tableaux de Mona Edulesco.

  • N’apprend pas à pêcher au vieux poisson

    N’apprend pas à pêcher au vieux poisson

    Ce n’est pas à un vieux poisson qu’on fait le coup de l’hameçon.
    Lui qui a vu passer toute sa vie les vers de toutes ses envies
    Mais qui a su les ignorer car il paraissait timoré
    Devant le fatal traquenard doublé d’un létal cauchemar.

    Or si tout ce qui tombe du ciel est béni, sacré, essentiel,
    Méfions-nous des bonnes aubaines qui tombent d’un camion-benne
    Car celui qui veut t’appâter pour te transformer en pâtée,
    T’offriras tout ce que tu veux et tu y perdras tes cheveux.

    Si la nuit tous les chats sont gris, les poissons gardent leur sang froid
    Et quand on leur envoie un leurre, ils en voient de toutes les couleurs.
    Alors les pêcheurs forts aigris rentrent bredouilles avec effroi
    Et nous les verrons tout à l’heure se plaindre comme souffre-douleurs.

    Tableau de Dan Craig sur https:www.ba-reps.comillustratorsdan-craiganimals .

  • Dans quel sens, le courant ?

    Dans quel sens, le courant ?

    Faut-il que je suive les verts, les bleus, les rouges, les transparents
    Ou encore les poissons d’argent ou les cuivrés ou les dorés ?
    Je peux aussi suivre à l’envers le cours d’eau à contre-courant
    Où hisser une voile partageant le sens du vent subodoré.

    Ma vie a perdu tout son sens depuis que j’ai quitté ma maison
    Et plutôt que suivre un poisson autant me laisser dériver
    Dans le flot de l’omniprésence du temps qui file sans raison
    Mais qui me permet la moisson de tout ce qui peut m’arriver.

    J’ai déjà suivi des études que j’ai également poursuivies ;
    J’ai suivi deux lièvres à la fois mais me suis casée, désormais ;
    J’ai navigué en solitude, puis dans ma vie qui s’ensuivit.
    Quant à trouver la bonne voie ? je crois que je ne le saurai jamais !

    Tableau de Beth Conklin.

  • Fleurs bleues de solitude

    Fleurs bleues de solitude

    Les fleurs bleues de béatitudes m’entraînent à la dualité
    Qui fait choir un rideau de nuit sur mon corps nu comme le jour.
    Ainsi je trompe ma solitude selon toute éventualité ;
    Soit je m’amuse, soit je m’ennuie, soit je ris, soit je fais l’amour.

    Inspire-moi, fleur bleue de droite, mon cœur est un peu timoré !
    Insuffle-moi, fleur bleue de gauche, mon esprit reste un peu balourd !
    Parfois les fleurs sont maladroites et je ne puis que les ignorer,
    Parfois elles provoquent l’ébauche d’une caresse de velours.

    Les fleurs m’invitent à partager leurs petits secrets anodins
    Comme si nous étions regroupées autour d’un banquet, d’un festin.
    Ça papote dans le potager, ça babille au fond du jardin,
    Chacune des plantes attroupées me conseille sur mon destin.

    Tableau de Melchior Lechter.

  • Les enfants papillons

    Depuis les enfants indigo, la couleur change à tire-d’aile ;
    Les gènes étrangers se rassemblent et les mutations s’épanouissent.
    Ils naissent à tire-larigot comme une arrivée d’hirondelles
    Dont les frimousses se ressemblent lorsqu’ils rient et nous éblouissent.

    Sans doute l’effet papillon qui d’ailleurs a battu de l’aile,
    Sans doute les affrontements qui ont entraîné leurs parents.
    Quoi qu’il en soit, les tourbillons de la planète en parallèle,
    Tempêtes et réchauffement, ne sont qu’un symptôme apparent.

    Tableaux de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057426&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • La belle et les bytes

    La belle et les bytes

    IOIO, la femme chimérique se montre souvent bipolaire ;
    Selon l’heure de la journée se modifie son caractère.
    Sur son visage en numérique, apparaît soudain sa colère
    Dès que le soleil s’est tourné de l’autre côté de la Terre.

    Quand vient la nuit, pleine et lunaire avec son halo en zéro,
    La pleine Lune lui entrouvre tous les chiffres qui lui ressemblent.
    Tandis que les autres binaires font changer tous les numéros
    Qui, par parité, se découvrent démultipliés tous ensemble.

    Les uns à la suite des autres, les nuls entourés de zéros,
    Forment des vagues en désordre mais harmonieuses toutefois.
    IOIO alors deviendra vôtre si vous vous offrez en héros
    À la divinité de l’ordre à laquelle vous prêterez foi.

    Rina Sawayama photographiée par John Yuyi sur https:captionscutetodayusa.blogspot.com202105rina-sawayama-cyber-stockholm-syndrome.html .

  • La fin de l’août ? J’en doute !

    La fin de l’août ? J’en doute !

    Un aoûtien ne meurt jamais. D’ailleurs l’été n’est pas fini ;
    Comme si l’août se prolongeait au-delà de l’été indien.
    Un aoûtien vit désormais dans une période indéfinie
    Comme s’il voulait se rallonger de tous les cycles circadiens.

    Un aoûtien descend d’Auguste, cet illustre empereur romain
    Petit-neveu de Jules César, détenteur du mois de juillet.
    Ainsi les deux mois tombent justes, mais l’août triche au bout du chemin
    Allant, au hasard Balthazar, jusqu’en septembre s’éparpiller.

    Ainsi, demain trente-deux août, après-demain le trente-trois
    Jusqu’à l’ultime et excellent trois-cent-soixante-cinq-ou-sixième.
    Le monde adoptera sans doute ce calendrier plutôt adroit
    Qui permet tous les jours de l’an à l’août de faire son grand chelem.

    Illustration du calendrier d’Olga Ert sur https:www.behance.netgallery186943calendar .

  • La navigatrice

    La navigatrice

    Les cheveux couleur de banquise et le visage couperosé
    Témoignent, pour la navigatrice, de toutes ses contrées traversées.
    Les yeux des mers du sud conquises, perturbées de ciels névrosés,
    Content à ma plume inspiratrice ses épopées controversées.

    A-t-elle rencontré des pirates, est-elle elle-même flibustière ?
    Quelle est cette carte au trésor tatouée au-dessus du sein droit ?
    Derrière un regard disparate, l’esprit soustrait son âme altière
    Quant à ses richesses et ses ors, nul ne sait qui y aura droit…

    Ses amants étaient ses héros qui la faisaient rire et rêver
    Et l’entraînaient pour la séduire vers des horizons triomphants.
    Les autres, les numéros zéros, elle ne pensait qu’à leur crever
    Leurs illusions à la réduire en mère couvant ses enfants.

    Tableau de Dino Valls sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201201dino-valls-1959-spanish-surrealist.html .

  • Bain floral

    Bain de fleur ou bain de bonheur, à chacun sa définition !
    Bain de couleurs ou bain d’arômes, à chacun l’ivresse des sens !
    Quelle joie de partir de bonne heure pour découvrir l’exposition
    De tous les tableaux polychromes et de leurs subtiles essences !

    Coquelicots et tournesols, marguerites et pâquerettes,
    Je ne les reconnais pas toutes mais je les aime davantage.
    C’est ainsi que je me console en m’en allant conter fleurette
    À ma planète qui, sans doute, me lègue son plus bel héritage.

    Tableaux de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057426&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • La collectionneuse

    La collectionneuse

    Comme il n’est pire collectionneuse que celle qui s’collectionne elle-même,
    Elle est son propre échantillon de sa collection de poupées.
    Comme elle est bonne confectionneuse, elle est agitée de dilemmes
    Quant à porter un cotillon ou une robe à franges découpées.

    Comme elle ne s’est pas décidée, elle ajuste ses étagères.
    Mais comment présenter son corps dans la meilleure position ?
    Elle n’a pas tout élucidé à part sa tête de mégère
    Bien encastrée dans le décor ténu de son exposition.

    Je l’ai donc ainsi découverte qui d’en haut m’appelait à l’aide
    Car elle s’est retrouvée coincée, nue, dans sa maison de bohème.
    Mais l’expo qui m’était offerte m’a été un bel intermède
    Pour rajouter une pincée de sel à mes petits poèmes.

    Tableau de Dino Valls.

  • Le rêve d’Icare

    Quand tu te sens pousser des ailes pour un projet presqu’impossible,
    N’écoute pas ceux qui t’expliquent que tu n’aboutiras jamais !
    N’aie pas peur d’un excès de zèle, imagine-toi être invincible
    Car ton cheminement implique que tu es seul maître, désormais.

    Bien sûr, il y aura des tempêtes, des vents contraires et des trous d’air
    Mais l’existence terre-à-terre occasionne aussi ses histoires.
    Tu vaincras les entourloupettes, les couacs deviendront secondaires
    Et ton voyage en solitaire deviendra ta propre victoire.

    Tableaux de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057426&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • Lectures coquines

    Lectures coquines

    J’aime les lectures coquines qui cultivent l’imagination
    En lui déblayant le chemin vers des destinations nouvelles.
    Certains ouvrages que je bouquine ouvrent une invagination
    Que se continue à la main pareille au tour de manivelle.

    La masturbation littéraire commence en caressant la page
    Comme la peau de l’écrivain dont le grain excitent mes doigts
    Qui poursuivent leur itinéraire jusqu’à l’envie qui se propage
    De toucher l’organe divin et l’aviver comme il se doit.

    Je garde le meilleur pour la fin lorsque je referme le livre
    Et que je m’apprête à tomber en pâmoison impétueuse
    Lorsqu’une voix de séraphin ouvre mon cœur et lui délivre
    Un rêve où il va succomber sous des amours voluptueuses.

    Photo de Michal Lukasiewicz sur https:poramoralarte-exposito.blogspot.com201604michal-lukasiewicz.html?m=0&hl=es_419 .

  • Chasseuses de chasseurs

    Dès que le matin apparaît, déjà, elle se poste à l’affût,
    vêtue en lièvre premier choix, et guette l’arrivée du chasseur.
    Aussitôt que Nemrod paraît, maligne, elle fait tout un raffut
    Et si l’occasion lui échoit, le gibier devient pourchasseur.

    Aussitôt que le rideau tombe sur les ombres du crépuscule,
    Elle se masque en oiseau de proie et se perche sur les hautes branches
    Mimant le cri de la colombe pour le prédateur ridicule,
    Elle crève les yeux du maladroit mais, par respect, à l’arme blanche.

    Tableaux de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057426&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • L’œil au crépuscule

    L’œil au crépuscule

    Un œil géant dans le désert semblait surgir pour m’observer
    Venu sans doute pour apaiser sa faim et chercher l’aventure.
    Tout comme un loup très peu disert ou bien un renard réservé
    Dardant sa pupille braisée sur l’azur brossé d’argenture.

    Je m’attendais à une voix perçant le firmament voilé
    Pour me dire : « Apprivoise-moi ! Je m’ennuie tant sur ta planète ! »
    Mais seuls les buissons à claire-voie dansaient sous le ciel étoilé
    Agités par un vent sournois qui sifflait entre les dunettes.

    Mais plus le soleil s’affaissait et plus le regard s’acérait
    Tout comme l’œil de la conscience pour moi, esseulé désormais.
    Et plus le jour disparaissait plus sa vision m’exaspérait
    Jusqu’à ce que dans l’insouciance, la nuit ne l’aveugle à jamais.

    Tableau « Eye Over the Desert » de Paul Lehr sur https:70sscifiart.tumblr.com.

  • Sérénité

    Sérénité

    J’aime au plus profond de la nuit ce moment de sérénité ;
    Juste la flamme d’une bougie qui illumine les ténèbres.
    L’infime lumignon qui luit devient source de pérennité
    Et chaque seconde rougie fond dans sa mémoire funèbre.

    Et le présent devient lumière qui brille juste à ce moment ;
    Le temps se consomme en arrière et devient cendre du passé.
    Or l’avenir n’est que poussière car il n’existe pas vraiment
    Sauf dans la foi et la prière envers l’instant à dépasser.

    J’observe la même lueur à soixante-quatre ans passés
    Comme si tous les photons produits se superposaient en ce point.
    Le noir obscur et pollueur n’a plus le droit d’outrepasser
    La flamme que je reproduis dans mon cœur à brûle-pourpoint.

    Tableau de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057426&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • La belle et les bits

    Yoyo – ou IOIO – femme orange est une amatrice de bits ;
    Bitoniau ou bitte d’amarrage avec des uns et des zéros.
    Tout le monde la trouve étrange, personne ne sait où elle habite,
    Ni ne connaît son entourage, ni ne connaît son numéro.

    IOIO, entièrement tatouée de ronds et de petits bâtons
    Ne dit rien mais n’en pense pas moins sur l’argent qu’on lui rémunère.
    Mais appliquée et dévouée, elle procède toujours à tâtons
    Pour ajouter d’autres témoins de sa passion pour le binaire.

    C’est écrit dans ses chromosomes, l’homme XY, la femme XX ;
    Elle ne fait que se montrer nue sous l’action caniculaire.
    Elle digitalise son génome de manière plutôt numérique
    Mais c’est pour mieux nous démontrer sa façon d’être bipolaire.

    Rina Sawayama photographiée par John Yuyi sur https:captionscutetodayusa.blogspot.com202105rina-sawayama-cyber-stockholm-syndrome.html .

  • Le jeu des fous

    Au jeu des fous, les rois déchus sont devenus fous à lier ;
    Les pions suivaient fidèlement et deviennent déséquilibrés.
    Aux reines folles sont échues la monture de leurs chevaliers
    Et même les tours également voient leurs clochers recalibrés.

    Ainsi les fous deviennent rois et prennent la clef du château
    Livrée par l’évêque défroqué, doyen des pièces aliénées,
    Malgré le passage à l’étroit qui leur évite le bateau
    Et dont les cases disloquées oscillent à un rythme effréné.

    Mais toute chose a une fin et les rois fous sont renversés
    Par la vieille reine démente qui était toujours dans la Lune.
    Elle renvoie ces aigrefins avec leurs pairs controversés
    Qui ensemble aussitôt fomentent une insurrection opportune.

    Aussitôt la Lune couronnée, tous les sujets se mettent à rire
    Après avoir du fou pleuré sa folie communicative.
    Mais elle sera vite détrônée par un ministre au faux sourire
    Qui l’a bernée, trompée, leurrée aux élections législatives.

    Tableaux de Leszek Andrzej Kostuj sur http:arteycomunicacion2013.blogspot.com201204leszek-andrzej-kostuj.html .