Catégorie : 2022

  • La dame aux épines

    La dame aux épines

    Jolie femme comme une rose… mais bon, les épines me piquent.
    Je l’aurais volontiers aimée… mais bon, un autre l’a conquise.
    Mon cœur bat de passion morose… mais bon, l’aventure est épique.
    Je l’aurais d’amour essaimée… mais bon, adieu jolie marquise.

    Je pourrais être son amant… mais bon, le danger est trop grand.
    Je pourrais avoir du courage… mais bon, je pourrais m’épuiser.
    Je me reposerais un moment… mais bon, mon dépit est flagrant.
    Je voudrais fuir son entourage… mais bon, je ne puis que me mépriser.

    Bien sûr, reviendrai demain… mais bon, rien ne saurait changer.
    Bien sûr, je l’aimerai encor… mais bon, je n’ai pas de patience.
    Bien sûr, je lui prendrai la main… mais bon, que pourrais-je échanger ?
    Son cœur en dépit de mon corps… mais bon, je mourrai d’impatience.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Les tableaux du pot-aux-roses

    Les tableaux du pot-aux-roses

    Dans ma galerie aux portraits, cherchez la femme, vous trouverez
    Mille petits yeux merveilleux du noisette au myosotis.
    Dans mes aquarelles, trait pour trait, des pupilles énamourées
    Et sous mes tableaux sourcilleux, mille autres regards s’y blottissent.

    Comme un labyrinthe hypnotique aux couloirs d’images moroses
    Qui s’égayent après des virages, l’un après l’autre, vers un fou rire.
    Mon dédale aux zygomatiques débouche sur le pot-aux-roses
    Dans lequel tout votre courage vous force le cœur à sourire.

    Je suis partout, je suis ces yeux et je vous vois, vous, l’invisible,
    L’imperceptible visiteur qui juge chaque ambivalence.
    Je dois vous paraître orgueilleux ou bien tout simplement risible
    Mais mes regards inquisiteurs se nourrissent de votre insolence.

    Tableau de Beth Conklin sur http:bethconklin.blogspot.com201602 .

  • L’évocation du Nécronomicon

    L’évocation du Nécronomicon

    Dans l’obscurité évanouie de la lumière qui l’anime,
    Mes yeux humains ont l’habitude de voir émerger du néant
    Un clair-obscur épanoui qui naît, qui meurt puis, se ranime
    Depuis sa vide platitude immense comme un océan.

    Éclairs mêlés, vert émeraude et complémentaires rubiconds,
    Commencent à dessiner les formes où apparaissent des images.
    Des ténèbres qui me taraudent s’ouvre le Nécronomicon,
    Le Livre sacré qui m’informe que Dieu lui-même me rend hommage.

    Pourtant, je vis d’ingratitude envers la Terre qui m’a fait,
    Envers le Soleil qui m’éclaire, envers la Lune de mes rêves.
    Pourquoi une telle attitude ? Je ne sais ; je suis imparfait.
    Mais ce n’est pas pour me déplaire s’il fallait demain que j’en crève.

    Tableau de Carol Nelson.

  • Mère Nature

    Mère Nature

    Évidemment, tu es née nue. Nue de structures minérales,
    Nue de parure végétale, nue de descendance animale.
    Longtemps tu m’as entretenue, moi, la vie intersidérale
    Venue dans sa forme fœtale d’étoile infinitésimale.

    Mère Nature, ta nudité donnait la grâce à ta beauté ;
    L’humanité t’a revêtue de robe souillée de plastique.
    Tes terres chargées d’humidité où nous aimions tant barboter
    Sont étouffées de détritus jetés par des gens sarcastiques.

    Nue tu étais, masquée tu es, demain tu fermeras tes portes ;
    Une fois l’homme disparu, tu nettoieras tous tes mantras.
    Après ce temps effectué, te sentiras-tu assez forte
    Si une nouvelle espèce apparue te propose un nouveau contrat ?

    Photo de Henny sur https:www.listal.comlistmother-natures-girls .

  • Enfin des coquelicots !

    Enfin des coquelicots !

    Coquelicot, tu m’étincelles avec ton rouge sang si lourd
    Qu’il a dans mon cœur profilé un amour du plus bel effet !
    Coquelicot, tu me rappelles avec ta jupe de velours
    Toutes les robes faufilées de brindilles pour faire des fées !

    Coquelicot, je t’ai cueilli ; coquelicot, tu m’as trahie
    Car tu t’es fané aussitôt que j’ai voulu te conserver.
    Mais de mes larmes recueillies, tu reviens toujours ébahi
    Pour fleurir buttes et coteaux d’un écarlate renversépréservé.

    Coquelicot, tu reviendras quand tu voudras, quand tu pourras
    Car tu es la fleur éternelle qui me renouvelle ma joie.
    De mon cœur rien ne retiendras car dans ta mémoire mourra
    Ma flamme d’amour sempiternelle qui brûle comme un feu grégeois.

    Tableau de Lyse Marion.

  • Le cœur transpercé

    Le cœur transpercé d’une flèche ne guérit plus mais il survit.
    Il survit grâce à l’antidote que l’amour donne au goutte à goutte.
    Sans ce remède, le cœur revêche se sent à l’amour asservi
    Et de carapace se dote car de rencontres se dégoûte.

    Flèche que n’es-tu inaltérable à cette cruelle habitude
    Qui noie l’amour de quotidien qui mithridatise et me blâme !
    Cupidon, ange misérable ! Prends ton venin d’ingratitude
    Et vise le bulbe rachidien pour me le déverser dans l’âme !

    Tableaux de Christian Schloe.

  • Le parfum

    Le parfum

    Du labyrinthe des odeurs jusqu’au dédale des parfums,
    Où vous cachez-vous odorantes petites fragrances de charme ?
    Vous attirez le maraudeur − sans doute alléché aux embruns −
    Qui cherche de ravigotantes essences dépourvues d’alarmes.

    Invisibles et imperceptibles sauf au nez possédant un flair
    Capable de remonter la piste jusqu’à sa profonde racine.
    Sentez-vous cette irrésistible exhalaison qui flotte en l’air,
    Précieux message d’un artiste alchimiste dans son officine ?

    Je suis l’explorateur fidèle − natif du chien, signe chinois −
    Et je recherche les arômes qui me font rêver l’odorat.
    L’amour envoie à tire-d’aile ses phéromones à mon minois ;
    Je flaire leurs pistes jusqu’à Rome vers le forum et l’agora.

    Tableau de Christian Schloe.

  • L’étoile recueillie

    L’étoile recueillie

    Mon cœur d’étoile fut recueilli par la fille du firmament
    Un jour qu’il faillit se noyer dans la mer de sérénité.
    Mon âme s’est enorgueillie quand, présenté à ma maman,
    J’eus l’impression d’être choyé pendant toute une éternité.

    Pour montrer ma reconnaissance, je promis pour autant de vies
    Qu’il y a d’étoiles dans le ciel de vivre dans le cœur des hommes.
    C’est ainsi qu’à chaque naissance, je brille d’un gène qui ravit
    Ce petit homme providentiel dans l’assortiment du génome.

    Peu m’importe si, ici, je brille et si, là, je reste un peu terne ;
    Je représente tout l’ensemble du ciel alternativement.
    Un jour comète qui part en vrille, un jour étoile subalterne,
    L’Univers en moi qui rassemble la vie avec ravissement.

    Tableau d’Alla Tsank sur https:allatsankfineart.comArtist.asp?ArtistID=44641&AKey=B782DLQ2&ajx=1#!pf161943_im7 .

  • La semeuse d’étoiles – 2

    Cueillir les étoiles filantes ne se pratique qu’en pleine Lune.
    La semeuse doit courir très vite ; elle a donc pris une apprentie.
    Une chatte blanche et vigilante qui, au temps jadis, cherchait fortune
    Avec un chat noir anthracite que l’histoire n’a pas démenti.

    La chatte aux yeux couleur de lune est habituée à sa clarté
    Et guette chaque mouvement des fugaces aérolithes.
    Grâce à cette aide, fort opportune, elle sait parfaitement écarter
    Oreilles et yeux jalousement au moindre rayon insolite.

    À l’aide des queues fécondantes des comètes à saturation,
    Le retour des deux émissaires luit d’une intime connivence.
    Cette récolte surabondante promet que la maturation
    Donnera le moût nécessaire à leur élixir de jouvence.

    Illustrations de Noëlle T. sur https:www.noelleillustration.com .

  • La semeuse d’étoiles – 1

    Recueillir toutes les étoiles une nuit de nouvelle Lune,
    Privilégier les plus brillantes accrochées aux faîtes des chênes,
    Se hâter avant que ne se dévoile une première aube inopportune
    Qui repousse l’émoustillante cueillette en lunaison prochaine.

    Prendre le canard omnibus et semer au long du chemin
    Les étoiles dans la rivière qui viennent illuminer ses eaux ;
    Au premier cumulonimbus, prendre son courage à deux mains
    Et quitter vite la civière avant de se tremper les os.

    Il faut attendre une semaine afin que le croissant accueille
    Toutes les étoiles germées comme de minuscules phares
    Qui quittent la petite humaine assise au rebord de sa feuille
    Avant de voir se refermer leurs reflets sous le nénuphar.

    Illustrations de Noëlle T. sur https:www.noelleillustration.com .

  • La politique à trous

    La politique à trous

    N’est pas le dindon de la farce celui qui dupe le renard
    Et parvient à lui faire croire qu’il sera encore président.
    Avec ses ministres comparses, ce roi des décrets combinards
    Prend les ouvriers pour des poires et les transforme en dissidents.

    Eh bien si ! Le rusé compère leur a jeté la poudre aux yeux
    Qui, bien qu’en face de leurs trous, n’ont pas vu l’arnaque venir.
    Tandis que les riches prospèrent avec leurs propos orgueilleux,
    Eux, persisteront peu ou prou à déplorer leur avenir.

    Comment développer sa technique pour mieux marquer ses positions,
    Une fois abusé le corbeau, la cigogne et même le loup ?
    Il n’a qu’à faire parti unique pour écraser l’opposition
    Et brandir bien haut le flambeau de son despotisme filou !

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Plantez des cons !

    Les cons K.O. dans leurs cocons, savez-vous comment les planter ?
    Bourrez-leur la tête de paroles et arrosez-les de promesses !
    Séparez l’ivraie des faucons par un vote qui va supplanter
    Slogans, affiches et banderoles qui ne font que troubler la messe.

    Après les Pâques, bottés en touche, dépouillez les fruits du scrutin
    Et tous seront sympathisants, un peu pourris, vénaux, abscons.
    Ceux qui se planquent sous la souche à déplorer leurs bulletins
    Auront l’effet traumatisant d’avoir été pris pour des cons.

    Tableaux de Maggie Taylor sur https:maggietaylor.com .

  • Bonjour et merci mes petits poissons !

    Telle une anémone de mer et ses poissons-clowns qui l’escortent,
    Elle est aujourd’hui à l’honneur pour rencontrer son capitaine.
    Un vieux marin, un peu amer mais à la belle voix accorte,
    Qui arrive au petit bonheur et vient courir la prétentaine.

    Adieu Ô Capitaine Nemo ! Ravie d’avoir pu satisfaire
    Par mes talents de maraichère leur incomparable appétit.
    Je n’ai pas pu placer un mot et me suis un peu laissé faire
    Mais nous avons fait bonne chère, moi peu mais surtout mes petits.

    Tableaux de Steven Kenny sur https:beautifulbizarre.net20200623steven-kenny-interview .

  • Princesse des temps, prince d’étang

    Le roi fainéant est lève-tard et la Reine toujours à la mode.
    Quant à la princesse, dérangée pour s’en aller à la criée,
    Elle part tout’ seule et sans retard ramener un poisson commode
    Qui lui servira pour ranger ses dessous sans se faire prier.

    Pas de chance ! C’est un prince amoureux qui a acheté le dernier
    Afin d’inviter la princesse à venir chez lui l’admirer.
    Après maints essais langoureux, finalement elle a daigné
    Passer le voir, après confesse, marchander l’objet désiré.

    « Mais… ce poisson n’est pas pratique ! » s’exclame la princesse indignée
    « Où vais-je mettre mes culottes et mes soutifs et mes chaussettes ? »
    Le prince se montrant sympathique lui propose de réaligner
    Les deux nageoires rigolotes pour les transformer en caissettes.

    « C’est beaucoup mieux ! » rétorque-t-elle. « Cela me paraît bien fonctionnel
    Et je devrais vous ramener chez-moi afin de l’installer ! »
    Ne faisant pas dans la dentelle, il se montra sensationnel
    Puis, envoya se promener le roi et la reine emballés.

    Tableaux de Maggie Taylor sur https:maggietaylor.com .

  • Que couve la femmoiseau ?

    Que couve la femmoiseau ?

    La femmoiseau autocritique sait d’expérience que les voleurs
    Lorgnent ses œufs pour les manger – car une famille à nourrir.
    Lors elle adopte une politique qui n’expose que fausses valeurs
    Dans un nid fort bien arrangé par un gardien prêt à mourir.

    Les vrais œufs, bien sûr sont cachés dans des coffres en banque Suisse,
    Dissimulés par des montagnes aux plumes d’apparat grandioses.
    À ce propos, ils sont tachés de mauve tout autant que l’on puisse,
    Sur une coquille champagne qui en assure la symbiose.

    Or, le jour où les œufs éclosent, les mères évaluent leur butin.
    Les mâles sont prêts à voler et se lancent dans la corrida.
    Les femelles restent en maison close mais ce ne sont pas des putains
    Car elle apprennent à convoler avec leurs meilleurs candidats.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • La déesse tricoteuse

    Maille à l’envers, maille à l’endroit, le geste paraît monotone
    Comme la pluie et le beau temps, les saisons, le jour et la nuit.
    Tout cela semble maladroit, sans intérêt et presque atone
    Surtout quand c’est mêlé d’autant d’uniformité que d’ennui.

    Par bonheur, la réputation de la déesse qui tricote
    Mon fil de vie brodé d’amour, est entichée de fantaisie.
    Grâce à sa manipulation des coloris qui ont la cote,
    Mon chemin parsemé d’humour m’apporte maintes frénésies.

    Outre ma vie qu’elle tricote avec ses tresses et ses détresses,
    Elle maille aussi mes revers avec mes chances au fil des jours.
    Parfois la déesse me fricote une idylle avec ma maîtresse,
    Parfois elle réserve par devers moi un agréable séjour.

    Mais crac ! Parfois le fil se casse entre les mailles du filet
    Et je suis tombé plusieurs fois à travers le chas de l’aiguille.
    La seule chose qui me tracasse, c’est de voir ma vie défiler
    De plus en plus vite qu’autrefois quand j’étais ni garçon ni fille.

    Tableaux d’Elena Shlegel sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201308Elena-Shlegel.html .

  • Coup d’audace

    Coup d’audace

    Au jeu d’échecs, trônent deux rois mais il peut y avoir trois reines
    Selon qu’un pion devient champion en atteignant les lignes adverses.
    Mais le Roi, en plein désarroi, face au nombre de souveraines
    Fait allumer tous les lampions pour accueillir ces deux perverses.

    Alors sa Reine devient l’hôtesse et invite chaque partie
    Dans ses appartements dallés de carreaux pleins de chausse-trappes.
    Et disparaissent les drôlesses dans le moindre temps imparti
    Pour punir le rival recalé par ce coup d’audace qui le frappe !

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Son dernier coup de baguette

    Son dernier coup de baguette

    Plus qu’un dernier coup de baguette sur le beau palais en goguette
    Spécifié à la demande, noté sur le bon de commande.
    En effet, le sultan s’ennuie des contes des mille-et-une-nuits
    Et, a précisé Shéhérazade : « Il n’y aura pas de dérobade ! »

    La créatrice sait combien le mieux est l’ennemi du bien.
    Soit elle le laisse inachevé, soit elle le livre parachevé.
    Entre un air de mélancolie et un petit air de folie,
    Elle n’hésite plus et c’est encore à inscrire au livre des records.

    Tableau de Catrin Welz-Stein sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2016031233502041.html .

  • Dans l’ombre du visage

    Dans l’ombre du visage

    Derrière le masque de mon visage siège un esprit, reflet du monde ;
    Reflet de tout ce qu’on m’enseigne, formaté à l’éducation
    Qui voudrait que je sois l’image de cette absurdité immonde
    Qui me contraint et qui me saigne à force de manipulation.

    Comme défense, je porte un casque qui renvoie ce que l’on attend ;
    Qui dit merci, qui dit bonjour, qui dit oui ou non quand il faut.
    Derrière se cache l’esprit fantasque auquel mon caractère tend ;
    Hypocrite mais au goût du jour et ce n’est pas mon seul défaut.

    Tableau de Miles Johnston.

  • Interférences lunaires

    Interférences lunaires

    Le cycle de la Lune m’impose un changement en quatre phases.
    Au premier quartier, mon humeur remonte de mes profondeurs ;
    La nouvelle Lune m’indispose ; la pleine me met en extase
    Et quand elle descend, la rumeur dit que j’ai l’esprit pourfendeur.

    Ce n’est pas tout, c’est même pire, à chaque jour de la semaine,
    Je sens son attraction lunaire capter les eaux de mon visage.
    Le lundi je n’ai rien à dire mais le mardi, je la ramène ;
    Mercredi, je suis lacunaire ; jeudi, je me fais à l’usage.

    Mais Vendredi, je recommence à avoir le sens de la fête
    Et le samedi tout entier je parle toute la journée ;
    Dimanche je clame ma romance à cellecelui qui me tient la tête ;
    Le lendemain, vous le pressentiez, je recommence ma tournée.

    Tableau de Miles Johnston.

  • L’hypnose du jeu

    L’hypnose du jeu

    L’addiction à l’aléatoire crée l’illusion de l’hypothèse
    Selon la loi sur les grands nombres qui favoriserait la chance.
    L’utopie superfétatoire constitue une telle thèse
    Que les joueurs vivent dans l’ombre d’une inévitable malchance.

    Comme un trou noir supermassif qui attire l’argent et le risque,
    Roulette, cartes, machines à sous retiennent leurs proies machiavéliques.
    À corps défendant et passif, le joueur se prive et se confisque
    La capacité d’être absous de cette attraction diabolique.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Épona nuit et jour

    La constellation de Pégase guide notre Épona éblouie
    Qui accompagne ceux dont le cœur d’enfant continue de rêver.
    De la mer aux monts du Caucase, elle offre un parcours inouï
    Dont j’ai été le chroniqueur dans tous mes souvenirs gravés.

    J’ai pu la voir chevaucher nue, dans une robe de rosée
    Aussitôt qu’apparaît l’aurore, et retourner parmi les siens
    Car les chevaux sans retenue lui font accueil bien arrosé
    Malgré les juments qui pérorent avec les oiseaux musiciens.

    (Tableaux d’Elena Shlegel sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201308Elena-Shlegel.html .
    Épona est associée au cheval, animal emblématique de l’aristocratie militaire gauloise, dont les expéditions ont entraîné la diffusion de son culte, plus tardivement à la mule. Son culte cavalier a été accepté globalement par la civilisation romaine. Représentée par une jument et une corne d’abondance, parfois remplacée par une corbeille de fruits, elle est la grande déesse cavalière ou déesse jument.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Tempête rose

    Tempête rose

    L’amour comme une tempête rose dépose un pollen de velours
    Sur le parvis de ma mémoire quand je commence à revenir.
    Il laisse quelques pensées moroses dans le cœur qui devient balourd
    Car il contient dans son semoir toutes les graines du souvenir.

    Sur le chemin de mon retour, je pense à celle que j’ai quittée
    Et me souviens de ses baisers et de la chaleur de ses mains.
    Il me semble qu’aux alentours apparaît en toute équité
    Son tendre visage apaisé lorsque je lui dis « à demain ».

    Tableau de Shiori Matsumoto sur https:iamachild.wordpress.comcategorymatsumoto-shiori .

  • La clef de la maturité

    La clef de la maturité

    Juste derrière les hublots de mes yeux braqués sur le monde,
    L’esprit dirige les manettes de mon fier vaisseau corporel.
    Et pour compléter le tableau, un navigateur le seconde,
    Relié au cœur de la planète par un organe intemporel.

    Mais souvent l’esprit crie trop fort et l’intuition peine à répondre
    Car mon troisième œil est bouché par excès d’incrédulité.
    Seul le cœur peut fournir l’effort pour m’empêcher de me morfondre
    Mais pour cela, il faut l’attoucher d’une preuve de maturité.

    Tableau de Shiori Matsumoto sur https:iamachild.wordpress.comcategorymatsumoto-shiori .

  • L’amour volé

    Brunante
    J’irai te voir à la brunante quand le jour baissera les yeux
    Quand la lumière déclinante hésitera au bord du bleu
    J’irai te voir quand le pelage d’encore chien et bientôt loup
    Assombrira le paysage quand l’horizon deviendra flou.
    Et nous attendrons la noirceur avec moi tu n’auras pas peur.

    Couchante
    Puis quand le soleil fatigué se couchera sur les collines
    Je volerai l’astre rougi pour qu’il me réchauffe le cœur.
    J’irai, sur la Lune intriguée par cette insolite rapine,
    Lire, éclairé par la bougie de cire du soleil moqueur.
    Et nos deux corps effarouchant s’amadoueront en se touchant.

    Imminente
    Avant que l’aube ne décide l’horizon de pointer son nez,
    Je permettrai juste au Soleil d’envoyer un premier rayon
    Pas trop afin qu’il ne dévide toute sa pelote illuminée
    Dont je garderai en sommeil un bout fixé à mon crayon.
    Et nous quitterons nos toisons et tomberons en pâmoison.

    Sonnante
    Ding dong avant que sonne l’heure de l’aurore qui marque son point,
    Je lancerai l’astre à la mer pour faire un dernier ricochet.
    Tandis que changent les couleurs et que le jour revient de loin,
    Nous fuirons son faisceau amer lorsque nous irons nous coucher.
    Et nous n’attendrons pas le jour dérobé pour faire l’amour.

    (Tableaux de Christian Schloe sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201306Christian-Schloe.html?m=1 .
    La première strophe « Brunante » est de la main de la merveilleuse et regrettée Anne Sylvestre.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Les fous du Tarot

    Voulant mener à bonne fin ma folle course vagabonde,
    J’en examinai les arcanes, l’un après l’autre avec ma loupe.
    D’abord je restai sur ma faim puis, en recomptant tout le monde,
    J’y aperçus quelques chicanes révélant toute l’entourloupe.

    Par un tour de force astucieux, deux cartes étaient escamotées
    Pour égarer tous les profanes dans un labyrinthe foldingue.
    C’était un lion malicieux qui jadis les avaient ôtées
    Les jugeant, l’une trop diaphane et l’autre beaucoup trop lourdingue.

    Ce fut la Reine des bâtons – la femme du roi du tambour –
    Qui fit jaillir toute la lumière crue de la dix-neuvième lame.
    Je sortais du rêve à tâtons, aveuglé par le petit jour
    Qui répandait dans ma chaumière la joie du soleil sur mon âme.

    (Tableaux de Catrin Welz-Stein
    Le premier vers est de Georges Brassens.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • En queue de poisson d’avril

    En queue de poisson d’avril

    Février, fin en queue de poissons ; mars, exit d’un coup de bélier ;
    Avril part sur un coup de tête, un coup de cornes de taureau.
    Et voici mai en pâmoison avec ses brins de muguets liés
    Qui s’en vient piquer la vedette au mois qui reste sur le carreau.

    Finalement ce mois d’avril fut un mois assez capricieux
    Avec ses giboulées de mars qui ont joué les attardées,
    Malgré ses coups de vent virils mais aux flamboiements délicieux
    Du Soleil et de sa comparse, la Lune et son halo fardé.

    Illustration du calendrier d’Olga Ert sur https:www.behance.netgallery186943calendar .

  • Penchagramme et pentadrame

    Penchagramme et pentadrame

    Il regardait par la fenêtre comme si sa vie en dépendait.
    D’ailleurs il perdait l’appétit ou bien s’en trouvait constipé.
    Mais il fallait lui reconnaître un cafard qui se répandait
    Et donnait petit à petit une envie de s’émanciper.

    Aujourd’hui reste son reflet car le corps a pris ses vacances
    Dans une maison de campagne où il s’amuse avec fierté.
    Non, ce n’est pas un camouflet mais l’effet d’une conséquence
    D’un chat qui avait pour compagnes la nature et la liberté.

    Tableau de Lisa Parker.

  • L’échelle démocrate

    L’échelle démocrate

    À quelle échelle te fies-tu, toi qui me donnes des leçons
    Assise sur ton piédestal qui te donne l’air prétentieux ?
    Démocratie, te moques-tu des contradictions qui, elles, sont
    Dissimulées comme des vestales gardiennes du feu contentieux ?

    Tu m’évalues comme électeur, tu me voudrais à la hauteur
    À chaque responsabilité du barreau où j’y ai élu
    Mon pied solide et protecteur tandis qu’un contrepoids sauteur
    M’entraîne dans l’imbécilité du mouton la plus absolue.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Le Grand Plan du XXIème siècle

    Le Grand Plan du XXIème siècle

    Ceux qui affirment que le futur ne serait pas écrit d’avance
    Obéissent à ceux qui l’écrivent avec nos destins annotés.
    Chaque journée fait la suture avec le Plan en connivence
    Afin que chacun y souscrive selon sa page numérotée.

    Napoléon laissa à tort les Anglais clore son chapitre
    Qu’Attila – ou bien Attali – avait déjà déterminé.
    Aujourd’hui, on est plus retors ; on laisse un pantin faire le pitre
    À l’Élysée pour l’hallali qui va tous nous exterminer.

    Depuis le siècle précédent, la Terre accuse des accidents
    Avec des attentats prévus pour monter sur ses grands chevaux
    Qui poussent le peuple excédent à émigrer en Occident
    Et sous le couvert d’imprévus nous soumettre à l’Ordre Nouveau.

    Tableau de Shiori Matsumoto sur https:iamachild.wordpress.comcategorymatsumoto-shiori .

  • Dans les nuits froides des abysses

    Dans les nuits froides des abysses

    D’un geste qui sème l’effroi dans le royaume des abysses,
    La sirène qui est moitié-femme hèle ses sujets effarouchés.
    Les poissons gardent leur sang-froid bien que tous ensemble subissent
    Cette corvée jugée infâme mais utile pour la réchauffer.

    Les yeux fermés, elle imagine son peuple aux yeux de merlan frit
    Lui passer entre les aisselles et ses mamelons turgescents.
    Elle en frétille, la sauvagine ! Tandis qu’un frisson s’appauvrit
    Sur sa queue parmi les tesselles au miroitement opalescent.

    Tableau de Christian Schloe.

  • Poisson-Lune

    Poisson-Lune

    Lors du dernier croissant de Lune, certains poissons montent en surface
    Car l’astre évoque leur déesse : la sirène du temps qui passe.
    Elle mime une horloge de fortune avec ses bras qui se déplacent
    Sur le cadran avec prouesse pour les bénir dans cet espace.

    Les animaux marins s’envolent par-dessus les eaux éclairées
    Par la protection solunaire du halo de la réflectance.
    Demain les femelles convolent avec les mâles éthérés
    Par la quintessence lunaire qui favorise leur laitance.

    Tableau de Marta Orlowska sur https:www.behance.netMoonOnRoof .

  • La Kundalini

    La Kundalini

    Nous avons perdu l’appendice qui nous reliait au divin ;
    L’antenne tantrique et sacrée qui a été entérinée.
    Il est possible qu’elle grandisse, en agissant comme un levain
    À partir du chakra nacré de rouge depuis le périnée.

    Alors cette antenne singée comme un prolongement de queue
    Nous aurait connectés à Dieu et là, qu’y a-t-il de plus beau ?
    Et nos téléphones 5G serait un moyen belliqueux
    Pour rendre nos cœurs insidieux comme de vrais petits robots.

    (Tableau de Shiori Matsumoto sur https:iamachild.wordpress.comcategorymatsumoto-shiori
    Kundalini : voir sur https:fr.wikipedia.orgwikiKundalini_(sanskrit)?wprov=sfti1 .)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Langages de fleurs

    J’ai attrapé la maladie nommée « le langage des fleurs »
    Moi, qui n’ suis ni pépiniériste ni partisan de la main verte !
    J’ai ce virus du paradis et son symptôme renifleur
    Que doit ressentir le fleuriste devant ses jeunes pousses ouvertes.

    « Langage » n’est pas approprié puisque leur parole est silence
    Mais leurs phrases sont des odeurs et leurs couleurs, des mots subtils.
    Je ne me suis pas fait prier pour veiller avec vigilance
    Sur les insectes maraudeurs qui n’en veulent qu’à leurs pistils.

    Tableaux de Catrin Welz-Stein.

  • Voyage au bout du Jour et de la Nuit

    Voyage au bout du Jour et de la Nuit

    Assis sur mon vaisseau tournant à plus de mille kilomètresheure,
    Autour de Soleil, je voyage pratiquement cent fois plus vite.
    Qu’il est beau, le jour s’alternant comme un divin chronométreur
    Avec la nuit dans son sillage tandis que moi-même gravite !

    Si je ne suis qu’une cellule comme mes milliards de semblables,
    J’ai l’honneur d’être l’une d’elles et mériter mon existence.
    Ainsi mon âme de libellule butine dans l’invraisemblable
    Tandis que mon cœur d’hirondelle y grappille sa subsistance.

    Sources : https:www.koreus.commodulesnewsarticle1048.html

  • Les baigneuses

    Les baigneuses

    J’aime les baigneuses au clair de Lune ou à l’heure entre chien et loups
    Quand je ne sais si elles sont nues ou vêtues d’un maillot pudique.
    Dans cette lumière opportune, j’imagine d’un regard jaloux
    Qu’elles sont miennes et bienvenues dans mon eldorado lubrique.

    De ma cuisine je les observe me demandant d’un air moqueur
    Quel est l’impudique architecte qui a orienté mes fenêtres
    Face au paradis en conserve comme un vivarium de sirènes
    Qui me nourrit et me délecte jusqu’à m’accélérer le cœur !

    Tableau d’Otto Mueller.

  • Lilith et le serpent

    Lilith et le serpent

    L’histoire finirait ici si Dieu le leur avait permis
    Car Lilith, la première femme, trouvant le serpent à son goût,
    Après maintes péripéties en fit son amant affermi
    Qui, avec un plaisir infâme, assombrit l’Adam de dégoût.

    Ils firent de l’arbre de connaissance un petit nid d’amour parfait
    Jusqu’à ce qu’Adam, fort jaloux, fit tant que Dieu se mit en rage.
    Bien que l’union donnât naissance à quelques fruits un peu surfaits,
    Dieu chassa tous ces morfalous et recommença son ouvrage.

    Tableau de Nicoletta Ceccoli.

  • Pan et la Syrinx

    Pan et la Syrinx

    Nymphe à la grâce immaculée, Syrinx attire les passions
    Dont l’amour paraît le plus cher particulièrement à Pan.
    Comme elle se sent acculée, elle joue son émancipation
    En transmutant son corps de chair en tubes acérés et coupants.

    Avant de métamorphoser son corps entier en un roseau
    Pour échapper aux attentions du Dieu Pan, l’horrible satyre,
    Elle se sent se décomposer des cheveux, du crâne et des os
    En cornes de répréhension qui se prolongent et qui s’étirent.

    Elle offre une ultime vision de son ineffable beauté
    Juste avant la transformation végétale en roseau pensant.
    Inconsolable, en dérision, Pan les taille en tubes biseautés
    Et jouera sa consternation sur un air de flûte en dansant.

    Tableau de Chie Yoshii sur https:theinspirationgrid.compaintings-by-chie-yoshii .

  • Le tour d’Isabelle

    Le tour d’Isabelle

    L’histoire de la Tour de Babel nous a rapporté que les langues
    Avaient été brouillées par Dieu pour punir l’homme de son audace.
    Mais elle ne parle pas d’Isabelle, qui a rendu leurs cœurs exsangues
    Par l’ensorcellement odieux pratiqué par cette blondasse.

    Elle a semé l’amour jaloux dans un matin de zizanie
    Sous une pluie de perfidie afin que chacun se soupçonne.
    Alors on vit les hommes-loups s’enguirlander – quelle avanie ! –
    Si bien qu’en fin d’après-midi personne ne comprenait personne.

    Sculpture d’Isabelle Jeandot.

  • La Reine nue

    La Reine nue

    Malgré la magie des richesses qui ne dure jamais qu’un instant,
    Cendrillon, la Reine moderne, s’est lassée de ces vanités.
    Bye-bye les honneurs de duchesse, adieu les rôles inconsistants
    Dictés par les vieilles badernes et toutes leurs insanités.

    Chaque lumière de la ville qui représente une famille
    Précise la consommation en eau, gaz, électricité.
    Comment vit ce peuple servile sous les ressources qui s’éparpillent
    Gavé de désinformation poussant à l’excentricité ?

    Je ne sais par quel subterfuge elle s’est transformée en ange !
    Sans doute un suicide imbécile un soir ivre de solitude…
    Alors elle a trouvé refuge là où personne ne la dérange
    Excepté un corbeau docile qui nourrit sa vicissitude.

    Tableau de Michael Cheval.

  • Le nid d’anges

    Le nid d’anges

    Depuis les Pâques, quoi qu’on dise, les œufs me font tourner la tête !
    Les enfants tournent en girouettes tout autour de mon nid d’amour.
    On ne parle que de friandises, les chocolats sont à la fête
    Et dès cinq heures, une pirouette pour les cacher avant le jour.

    À peine revenue sous la couette, j’entends crier dans la maison
    Les enfants qui sortent en trombe pour guetter les premières cloches.
    Je vois courir leur silhouettes, explorer les fleurs de saison,
    Secouer les arbres pour que retombent les œufs colorés dans les poches.

    Tableau de Beth Conklin sur http:bethconklin.blogspot.com201602 .

  • Gaie, gaie, Madame Pinson

    Gaie, gaie, Madame Pinson

    J’aimerais connaître chaque oiseau par son petit nom de baptême
    Donné au sortir de son œuf pour la becquée providentielle.
    Je me cacherais dans les roseaux avec une musique à thème
    Pour, tous ensemble, faire un bœuf d’une habileté démentielle.

    Bergeronnette en clef de Do, Chardonneret en La mineur,
    Martin-pêcheur en triolets, une Hirondelle en pâmoison,
    Quatre Alouette pour un rondeau, Coucous et Moineaux jaspineurs,
    Un Étourneau à dos violet et un Pinson pour diapason.

    Et la Fauvette des dimanche, connue pour nous donner le La,
    Chanterait avec la Mésange, le Merle bleu et le Corbeau.
    Et moi qui chante comme un manche, j’entonnerais a capella
    Avec la Grive des vendanges et la Tourterelle à jabot.

    Tableau de Lizzie Riches.

  • La folle du Tarot

    Elle bascula dans le vide, retenue par un parachute
    De grands froufrous et de volants sous ses jupons affriolants.
    Je lui liai, le cœur avide de la préserver de la chute,
    Une corde avec nœud coulant à son pied nu sanguinolent.

    Mais entraînés par la vitesse, nous plongeâmes au fond du bassin
    Et la robe en forme de coquille lui fit un trône d’or pailleté.
    Alors humblement son Altesse, la Reine des coupes offrit le sein
    À un bébé de pacotille, un hippocampe emmailloté.

    Je repartais à pas de loup lorsque la Reine un peu loufoque
    M’ouvrit passionnément, sans trêve, son lit en forme de crocodile.
    Elle me dit « Ne sois pas jaloux des hippos et des bébés phoques !
    Puisque tout ceci n’est qu’un rêve, viens donc me chanter tes idylles ! »

    Tableaux de Catrin Welz-Stein.

  • Le fou du Tarot

    Tonitruant à tous les vents, descendit le roi du bâton
    De l’escalier colimaçon tambourinant devant mon huis :
    « Debout les morts et les vivants ! En avant pour le marathon ! »
    Et, enfourchant son canasson, partit se fondre dans la nuit.

    Je restai là, sur le parvis de l’esplanade circulaire
    En regardant courir les gens qui sortaient du numéro dix.
    Plutôt soucieux pour ma survie de fuir la nuit caniculaire,
    Je montai dans l’encourageant froid qui émanait de l’interstice.

    J’avais encore les oreilles sifflantes d’embrouillamini
    Quand j’arrivai sur la terrasse où trônait une jolie pépée.
    Coiffée d’une charlotte pareille à l’arbre creux offrant son nid
    Je commentai ce qui se passe au 10, rue Abbé-de-l’épée.

    Tableaux de Catrin Welz-Stein.

  • Derrière le rideau de velours

    Derrière le rideau de velours

    Derrière le rideau de velours que nous dépeint l’actualité,
    Ma curiosité m’interpelle d’aller moi-même m’informer.
    Les gros nuages un peu balourds qui nous mettent en dualité
    Forment un décor qui me rappelle une vérité déformée.

    Les Médias – miroir aux alouettes – prêchent le faux pour cacher le vrai
    Car ils sont fondus enchaînés au profit de l’Ordre Nouveau.
    Ils font tourner les girouettes de tous les cons qui les suivraient
    Sauf les complotistes entraînés à ne pas être pris pour des veaux.

    Les épidémies de tempêtes ? Un premier coup d’épée dans l’eau !
    Les guerres éclairs et les tonnerres ? Tout cela nous mène en bateau !
    Après, sans tambour ni trompettes, après Iéna, c’est Waterloo
    Et tous les plus hauts fonctionnaires se servir leur part du gâteau.

    Tableau de Marta Orlowska sur https:www.behance.netgallery4262059Surreal-Storybook-Ladies .

  • Le deuxième tour des moutons

    Le deuxième tour des moutons

    Après un premier tour d’horreur… voici le second tour du pire ;
    Le pire n’étant pas décevant, attendons-nous à toucher le fond.
    Mais au fond, s’il n’y a pas d’erreur, existe une bonde qui aspire
    Nos derniers espoirs motivant ceux qui sont au-dessus du plafond.

    Mais tout est calculé d’avance et les bulletins sont pipés ;
    Les noms à l’encre sympathique retournent leur veste au verso.
    On va payer la redevance à un président constipé
    Qui nous chiera, c’est dramatique, pour mieux emmerder ses serfs sots.

    Illustration de F’murrr.

  • Allume ton poisson !

    Allume ton poisson !

    Entre la Croix et le Croissant ou bien l’Étoile de David,
    J’honore le signe du poisson spécialement le vendredi.
    Je mange sa chair et son sang puis, laisse à mon chat impavide,
    La laitance comme boisson qu’il lape sans le moindre contredit.

    Poissons blancs tout illuminés accompagnent sur mon balcon
    Une sirène et sa baleine qui souffle autant que la tempête.
    Et, n’en déplaise à mon minet, Dieu trouve cela un peu abscons
    Quand l’une chante à perdre haleine et l’autre embouche sa trompette.

    Tableau de Christian Schloe sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201306Christian-Schloe.html?m=1 .

  • La sirène salvatrice

    Contrairement à la légende selon laquelle les sirènes
    Chanteraient afin d’attirer les naufragés pour les noyer,
    La queue qui remplace leurs jambes permet, en position sereine,
    De les happer, les soutirer entre leurs bras apitoyés.

    Ce geste naturel commence au cours du développement
    Du bébé-sirène dans le ventre par une mutation innovée ;
    Les bras entrent en accoutumance et la queue en ballottement
    Donne une intention dont le centre est d’enlacer pour mieux sauver.

    Céramiques de Paul Smith sur https:paulsmithsculptures.co.ukother-ceramics .

  • Le Chronogyre

    Le Chronogyre

    Formé des couches du cerveau empilées par l’évolution
    Expérimentée de tous temps dans notre mémoire ancestrale,
    Nous en déroulons l’écheveau chaque fois qu’une solution
    Jaillit en se répercutant d’une résonance magistrale.

    Et le voyage recommence pelliculé dans l’ADN
    Qui enregistre chaque instant dans nos archives immatérielles.
    Moi, j’y retrouve chaque romance prise entre l’amour et la haine
    Dans l’escalier inconsistant de ma souvenance sensorielle.

    Sculpture d’Ayşe Nida Karakoç.

  • Nature ou civilisée ?

    Nature ou civilisée ?

    « Civilisée ou sauvageonne, laquelle choisirai-je des deux ?
    Pauvre d’amour, riche de biens ? Sécurité ou aventure ?
    Faut-il franchir la ligne jaune et prendre un risque hasardeux
    Ou rester sur ses rails tant bien que mal selon la conjoncture ? »

    Ainsi pensait la mariée dévêtue mais tirant sa robe
    D’un dernier geste contesté mais qui n’est que de parodie.
    Sans doute s’est-elle appariée au bébé nu qui se dérobe
    À l’envie de naître ou rester encore un peu au paradis.

    Photo de Jacky Pernici.