Le Diable

Parler du Diable ou de Satan, c’est pourtant très paradoxal !
C’est comme vouloir prononcer ou parler d’ombre à la lumière.
Qu’on soit victime ou combattant, le dilemme est donc colossal
Mais impossible n’est pas français et la critique est coutumière.

Côté lumière
 On le dit Ange de lumière qui aurait voulu conserver
Toute la puissance du feu pour être ainsi l’égal de Dieu.
Mais après l’impression première, on peut alors mieux observer
Que cela n’était que le vœu du Père miséricordieux.

Ainsi, prenons l’obscurité qui est l’absence de clarté ;
Si difficile à pénétrer, si impossible à obscurcir.
Illuminons en vérité et l’on voit ainsi s’écarter
L’ombre, exposée à perpétrer, se mettre alors à rétrécir.

Cet ange porteur de lumière n’a fait que semer le mensonge
Afin que l’homme ait le pouvoir de distinguer le bien du mal.
Dans l’intimité des chaumières chacun est libre dans ses songes
Et peut choisir d’avoir l’espoir rester humain ou animal.

Dieu est partout, omniprésent, mais il permet tout simplement
À l’humanité de trouver son chemin en l’entretenant.
Les douleurs frappent au présent pour que dans ce rassemblement
L’homme puisse ainsi éprouver que sa vie se vit maintenant.

Mais voici, quand on fait de l’ombre au vrai chemin avec orgueil
Pour devenir riche et puissant, quelqu’un qu’on adore comme un roi,
C’est là que Satan sort du nombre avec ses obstacles, ses écueils
Pour rendre l’homme jouissant des plus terribles désarrois.

Il dit « Mais si Dieu existait, y aurait-il autant de guerres ?
Laisserait-il la cruauté s’il aimait vraiment ses enfants ? »
C’est dans ces quelques mots cités que Satan a semé naguère
Le doute dans le salut ôté, et en ça, il est triomphant.
Côté ombre
Alors, le diable, je l’entends sourdre dans le cœur des victimes
À la recherche du cadavre de celui qui fut leur bourreau.
Les hommes refusent d’absoudre les coups bas les plus intimes
Et Dieu les voit, et ça le navre, ressortir l’épée du fourreau.

Le diable c’est plutôt choisir de se souvenir du malheur
Plutôt que des belles victoires, plutôt que ce qu’on a gagné.
Le diable, c’est laisser moisir ses souffrances et ses rancœurs
Et de brandir les faits d’histoire comme une plainte à témoigner.

Car il faut trouver un coupable qui est la source de tous les maux
Car on n’oublie pas la souffrance et puis on ne pardonne pas.
Tous les sentiments redoutables chargés de haine, chargés de mots
Veulent entretenir l’intolérance jusqu’à ce qu’elle ait son trépas.

Le diable, c’est de voir la misère et ne rien faire pour en sortir.
Le diable, c’est de voir massacrer sa mère et se cacher en ayant peur.
Le diable, c’est de préférer le désert sans jamais ne rien y bâtir.
Le diable, c’est se raconter des chimères et se morfondre dans la torpeur.

Le diable se repaît de la vengeance qu’on impose à ceux qui ont peur.
Le diable aime contrôler les masses et les nourrir de la violence.
Il aime opposer les engeances et décider de leur plaisir
À tuer l’autre avec grimace et suivre les autres en silence.

Alors il se cache dans les églises, il se conduit en terroriste,
Il se dissimule en argent pour effacer l’odeur de mort.
La bête se généralise au fond du cœur des âmes tristes
Qui vivent en se déchargeant de leur venin qu’ils commémorent.

Tableau de Maryvon Riboulet

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