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  • Mickaëllange, mon héron « in »

    Janvier est passé comme un ange
    Aux ailes blanches comme neige
    Et tous les petits animaux
    D’hiberner ou de s’affairer.
    Rouges-gorges, moineaux et mésanges
    Pirouettent en rapides manèges
    De balcons en bains baptismaux
    Afin de s’y désaltérer.

    Ici, dans nos campagnes suisses,
    Les anges ont forme de hérons
    Aux longues jambes emmanchées
    Et d’un corps beau à plein volume.
    Mais bien qu’ils se tapent la cuisse
    Et qu’ils soient de joyeux lurons,
    Ils ne sont guère endimanchés
    Vivant complètement à plume.

    Les mâles, de vrais petits diables
    Et les femelles, des démons
    Qui, contrairement aux cigognes
    Ne nous apportent jamais d’enfant
    Mais plutôt – c’est irrémédiable –
    Volent depuis le sommet des monts,
    Et nous emportent sans vergogne
    Marcassins, lapereaux et faons.

    Or ce n’est pas pour les manger
    Mais au contraire pour les sauver
    De sales nemrods à l’affût
    Qui voudraient leur tirer dessus.
    Vous les verriez, pour les venger,
    À chaque portée innover
    En faisant vacarme et raffut…
    Et les chasseurs s’en vont déçus.

    Tableau de Dino Valls sur https://aphrodisiacart01.wordpress.com/2017/01/17/dino-valls/ .

  • Pourquoi les sorcières ?

    Vers les derniers jours de janvier, lorsque monte la pleine Lune,
    On voit d’étranges feux follets voler en nuées circulaires.
    Les anges n’ont rien à leur envier car c’est la transe inopportune
    De jeunes sorcières affolées qui se trémoussent les fesses à l’air.

    Pourquoi ces sorcières s’envolent à demi-nues sur leurs balais
    Alors qu’il fait si froid là-haut dès qu’on s’élève sur nos montagnes ?
    Il semblerait qu’elles convolent avec des grigris népalais
    Et des diables de Macao qui les acceptent pour compagnes.

    On dit qu’elles les rendent cocus avec leurs balais-godemichets
    Et que pour s’envoyer en l’air, à poil c’est mieux sous les étoiles.
    Et comme elles ont le feu au cul, elles vont au cimetière dénicher
    Quelques costauds patibulaires qui leur tirent les cordons du poêle.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • L’étoile d’araignée

    Suspendue par le fil invisible du temps,
    L’étoile d’araignée fixe un capteur de rêves
    Qui piège les images du rêveur débutant
    Qui s’est laissé leurré une seconde brève.

    Le rêveur aguerri connaît la souricière
    De l’araignée perfide tissant l’attrape-rêve.
    Sa rêverie condense et devient justicière
    Qui, d’un tir en plein centre, l’atteint et puis le crève.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • L’homme-caméléon

    Homme-caméléon, j’assume mais c’est vraiment bien malgré moi
    Qu’hélas je parais transparent dans la société actuelle.
    Comme si je portais un costume couleur du temps, du jour, du mois,
    Filtrant le décor apparent comme une image résiduelle.

    Je n’existe donc nulle part, j’échappe à tous les règlements ;
    Aucun cas ne me correspond sauf la cinquième roue du carrosse.
    Éternellement sur le départ pour changer d’enchevêtrement
    Dont l’administration me pond ses lois qui me cherchent des crosses.

    Étrangement seuls les impôts perçoivent mon halo prolongé ;
    On dirait qu’ils ne voient de moi qu’une source gouvernementale.
    Sans doute par manque de pot, ils n’ont pas d’autres os à ronger
    Et m’envoient plusieurs fois par mois ma quote-part environnementale.

    Photo de Liu Bolin, l’homme caméléon.)

  • L’arbre lumière

    Eh oui, c’est moi l’arbre-lumière, sans orgueil et sans modestie ;
    Né d’innombrables arbres de vie ensemencés dans l’univers.
    Dieu fit de ma graine première Sa sainte quote-part investie
    Après avoir lu le devis et donc accordé son feu vert.

    Sans doute Dieu n’a pas tout lu ; surtout les petits caractères
    Qui ne cautionnaient pas un taux d’évolution illimitée.
    Et c’est pourquoi l’homme évolue avec tous les fruits de la Terre
    Qui s’épuiseront très bientôt à l’échéance délimitée.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • Lotus et bouche cousue

    En Lotus et bouche cousue, je bascule l’interrupteur
    Qui me relie à l’extérieur mais qui n’est qu’une mise en veille.
    Je tente un parcours décousu loin du matériel réducteur
    Et je repars à l’intérieur de mes souvenirs aux merveilles.

    J’aimerais pouvoir arrêter complètement tout mon système,
    Vivre la mort hors de mon corps durant toute une éternité.
    Un beau jour viendrait s’apprêter, mon prince qui me dirait « je t’aime »
    Et dont le baiser en accord redémarrerait mon entité.

    Sans doute ceux qui se suicident ont dû tenter pareille approche
    En laissant aux fruits du hasard le potentiel de revenir.
    Je ne tente pas l’homicide, je voudrais rassurer mes proches ;
    Ce n’est que l’idée de Lazare qui revient de mon avenir.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

    
    

  • Et tournent les étoiles

    Et pourtant tournent les étoiles, tournent le Soleil et la Terre,
    La Lune et ses quartiers lyriques dans la noirceur de mes nuits blanches.
    J’y vois des anges sur ma toile pilotant un hélicoptère
    Aux puits de lumières féériques et qui virevoltent en avalanches.

    Sans doute la roue de la fortune dans laquelle je suis aspiré
    Et entraîné sans que j’en voie ce qui se fomente en coulisses.
    Mais toutes ces lueurs opportunes me révèlent le sens inspiré
    Par un Dieu-Univers aux voies impénétrables de malice.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • La mémoire de Dieu

    Pour Adam je n’ai eu besoin ni de modèle ni d’ébauche ;
    J’ l’ai créé à l’inspiration à partir d’un bon gabarit.
    Mais pour Ève, là j’ai pris grand soin de ne pas avoir deux mains gauches ;
    J’avais plus de motivation ; j’avais des projets pour Marie.

    J’ai bien pétri la terre glaise et modelé deux belles miches,
    Palpé, malaxé ses mamelles, bien fendu son mont de Vénus.
    Après j’ai filé à l’anglaise une fois remis la pouliche
    Afin qu’Adam et sa femelle me fassent des petits en bonus.

    Tableau de Quang Ho et Clay Sculptures.

  • La chamane de la forêt

    Initié par les trois chamanes, j’ai commencé l’enseignement
    Sur les mystères de la Terre et sur l’histoire de l’univers.
    Mais je ne suis pas mythomane et, d’après mes renseignements,
    Je devrais avant tout me taire avant d’écrire ces quelques vers…

    Mais j’ai le droit d’en révéler quelques éléments, à vrai dire ;
    En effet personne n’écoute les vraies valeurs humanitaires
    Car lire, écrire et calculer ne sert à rien sinon prédire
    Un esclavage coûte que coûte envers l’état totalitaire.

    La vérité sur l’existence ainsi que sa finalité
    Serait d’atteindre la dimension de l’amour et la compassion.
    En attendant, la résistance à cette fonctionnalité
    Fait à jamais l’appréhension d’une élite en dépravation.

    Art païen de Naomi Cornock sur https://www.nomeart.com .

  • Les mémoires de Dieu

    Si créer l’homme m’a pris six jours, créer la femme fut plus long.
    En réalité, je dois dire que j’avais commencé par elle.
    Car même Dieu ne fait pas toujours ce qu’il désire ; c’est selon
    Ma résolution à prédire toute l’histoire naturelle.

    En créant les cieux et la Terre, en fait j’ai créé la première
    Essence féminine nue au cœur des étoiles conceptrices.
    Chaque accouchement élémentaire donna un ange de lumière
    Et les suivants sont devenus des âmes autoreproductrices.

    Une fois la femme créée, je l’ai dotée d’un serviteur,
    Cueilleur-chasseur reproducteur, pour l’aimer et la promouvoir.
    Si Adam a su l’agréer, ses fils plutôt inquisiteurs
    Se sont révélés réducteurs et ont usurpé son pouvoir.

    Sculptures de Dan Crossland.

  • Les chamanes de la forêt

    On dit qu’elles sont empoisonneuses, de vraies sorcières maléfiques
    Et qu’il vaut mieux les éviter quand on les voit dans la forêt.
    D’une attitude soupçonneuse, lorsque j’ai vu ces mirifiques
    Femmes en train de léviter, j’ai pris une allure effarée.

    Trop tard ! Elles m’ont pris par la main et m’ont fait boire leur breuvage,
    Une espèce de vin merveilleux qui fait perdre toute volonté.
    J’ai dormi jusqu’au lendemain après huit heures d’esclavage
    Et c’qu’elles m’ont fait, ô mes aïeux, je ne peux vous le raconter.

    J’ai rêvé avoir chevauché toute la nuit, nu comme un loup ;
    Avoir hurlé la gueule ouverte avec une faim dévoreuse.
    Mais nous nous sommes rabibochés ; je n’en suis pas du tout jaloux
    Puisque j’ai fait la découverte de trois chamanes bien généreuses.

    Art païen de Naomi Cornock sur https://www.nomeart.com .

  • Marianne et son premier papillon

    Cette année Marianne a nommé son nouveau premier papillon ;
    Elle l’a sélectionné très jeune, aux ailes à voile et à vapeur.
    Il a bâti sa renommée à gauche parmi les pavillons
    Où les gens riches aisés déjeunent, bon enfant, entre prédateurs.

    Quand Marianne entre en conseil avec son premier papillon,
    On ne sait pas ce qu’ils échangent et quels sont leur rapports secrets.
    Les lépidoptères qui s’asseyent autour du couple nazillon
    Ne trouvent pas que ça dérange l’action qui leur est consacrée.

    Le soir Marianne monte à sa tour et verrouille bien toutes ses portes
    Mais laisse subrepticement une fenêtre sans son loquet.
    Tandis qu’elle renvoie sans détour cafards, cancrelats et cloportes,
    On entend des gémissements sourdre à travers les murs épais.

    Illustration de Moebius.

  • Les positions de Marianne

    Quand Marianne siégeait à gauche, personne n’y croyait vraiment ;
    Bien sûr, un matelas épais flattait ses fesses callipyges.
    Son économie en ébauche termina par un défraiement
    Puisqu’elle quitta son circonspect siège avant l’âge de quarante piges.

    Quand Marianne siège en marche personne se saurait la croire ;
    On ne sait plus où est le centre et ni la gauche et ni la droite.
    On a subi de sa démarche tant de problèmes et de déboires
    Qu’on n’sait pas c’qu’elle a dans le ventre, sans doute quelques pensées étroites.

    Aujourd’hui Marianne nous montre qu’elle en a vraiment plein le dos ;
    De tous ses actes antérieurs, le tout nouveau est débridé.
    Finalement elle va à l’encontre de sa vie et sa libido
    Et donc présente son postérieur à qui saura la dérider.

    (Tableaux de Christian Hook sur https://www.christianhook.com/#!Reclining%20nude/zoom/cu53/image_hf4 .)

  • Dit-on « pêcheuse » ou « pécheresse » ?

    Commettre des actes de pêche en faisant la tournée des bars
    Ou vivre à fond dans le péché dans le lit d’un torrent furieux,
    Pour un homme, rien ne l’en empêche – ça se prononce pareil, point barre –
    Pour une femme, c’est débauché et ça fait jaser les curieux.

    La pécheresse
    M’intéresse ;
    Le premier pas est accompli
    Toutes les barrières sont levées ;
    La femme est libre, je l’aime ainsi

    La pêcheuse
    Est un peu bêcheuse.
    D’ailleurs ça ne fait pas un pli ;
    Une seule chose la fait saliver :
    Surveiller sa ligne amincie.

    Tableau d’Anna Podedworna.

  • Johnny Triton

    S’il existe encore aujourd’hui, il doit vivre dans les abysses ;
    Il doit jouer de la guitare et coucher sur les bancs de sables ;
    Il doit fumer d’autres produits que la coke et le cannabis.
    Johnny le roi de la bagarre, Johnny Triton l’indispensable !

    Il aime les sirènes aux seins nus qu’il charme de ses biscoteaux ;
    Il chante tous les soirs son aubade aux bateaux ancrés dans la rade ;
    Il planque tous ses revenus aux îles aux paradis fiscaux.
    Johnny l’as de la dérobade, Johnny Triton vieux camarade !

    Toutes les femmes qui l’ont aimé chantent partout sa renommée ;
    Tous ses fils partent en tournée aux quatre coins des océans ;
    Son fan-club est tant essaimé que tous ensemble l’ont surnommé :
    Johnny, pour toute la journée, Johnny Triton tu es géant !

    Illustration de GapYBaraAi sur X.

  • La matière, l’espace-temps et tout le reste…


    Quand mes cellules se bigbanguent et créent mon univers interne,
    Une subconscience animale s’établit sans mettre de verbe.
    Dans cet étrange vaisseau qui tangue, une conscience subalterne
    Tente une approche minimale par tout l’amour qu’elle exacerbe.

    La partie peut donc commencer dans ce petit espace-temps
    Entre mon petit microcosme et l’omniprésence de Dieu.
    Ce Dieu qui m’a ensemencé et qui me nourrit tout autant
    Depuis son divin macrocosme qui m’est si miséricordieux.

    Mais je ne sais pas que j’existe ; du moins je n’ai nulle notion
    Des lois qui règnent sur mon corps durant mon voyage éphémère.
    Seule une énergie progressiste me pousse vers la promotion
    Où je vais connaître l’accord qui me lie à ce Dieu : ma mère.

    Tableau de Sergio Arcos.

  • Le cri qui paralyse

    Au karaté, le cri qui tue doit paralyser l’adversaire
    Et seul l’initié le pratique après étude attentionnée.
    Eh bien, les femmes s’évertuent à le produire si nécessaire
    Stoppant l’élan phallocratique d’un mâle mal intentionné.

    À la vitesse de la lumière, plus rapide que celle du son,
    La vue d’une paire de seins frappe le premier coup retors.
    Après la semonce costumière arrive, poussé à l’unisson,
    Le cri strident et assassin qui neutralise le butor.

    Pour cette raison, elles s’entraînent au jardin d’enfant à crier
    Et concourent à grande puissance pour bien s’étalonner la voix
    À vous en filer la migraine avec des désirs meurtriers
    Car avec désobéissance, elles vous poussent dans cette voie.

    Illustration de Yannick Corboz.

  • Où vas-tu, cul nu ?

    Bien sûr, ça devait arriver face aux sans-genres qui s’expriment ;
    Celles qui revendiquent leurs sexes vont être plus démonstratives.
    Trop de tendances ont dérivé ; il fallait bien qu’elles s’expriment
    Par une tenue sans complexe proclamant leurs prérogatives.

    Jusqu’à présent, aller seins nus pour rétablir l’égalité
    Entre les hommes et les femmes n’a pas fait l’unanimité.
    Désormais ce sera « cul-nu » qu’elles iront plébisciter
    La fin de ce sexisme infâme qui rabaisse la féminité.

    Or chaque vulve est différente et offre un caractère unique
    Qui, complémentaire au visage, définit sa propriétaire.
    Et la vision proliférante de ce qu’on cache sous la tunique
    Rehaussera le paysage d’un nouveau look vestimentaire.

    Illustration de Yannick Corboz.

  • Les sorcières modernes

    Entre Halloween et ses sorciers, Harry Potter et ses sorcières,
    On ne sait plus à quel démon ou à quel Satan se vouer !
    Cependant si vous vous forciez à ne pas, de façon grossière,
    Gober l’horreur à pleins poumons tout irait mieux, faut l’avouer.

    Que la magie soit blanche ou noire, ceux qui y croient ouvrent une porte
    Qui par le jeu des courants d’air leur fera claquer les neurones
    Qui feront des trous de mémoire et que le diable les emporte
    S’ils n’y tombent pas, lapidaires avec ses perverses luronnes.

    Photos d’Amanda Valentine sur https://amandavalentinephototherapy.com .

  • Double interprétation du cantique des cantique

    J’adore le cantique des cantiques lorsqu’il nous parle de la femme
    Qui de son corps, qui de ses seins, qui de son cul, qui de ses fesses.
    Il n’est rien de plus érotique et celui qui le trouve infâme
    Doit être ramené au bassin pour son baptême et sa confesse.

    Ce que la bible ne dit pas c’est qu’il faut le méditer nu
    En se caressant la partie décrite dans chaque verset.
    Une chrétienne aux beaux appas serait alors la bienvenue ;
    Elle aurait de la répartie dès qu’elle ouvrirait son corset.

    On sait bien que la fellation est enseignée dans les églises,
    Que protestants et catholiques aiment l’enseigner aux enfants
    Que les prêtres en constellation, au catéchisme, évangélisent
    Par un cantique des cantiques aussi léger qu’un éléphant !!!

    Tableau de Charlie Terrell.

  • Escort-girl ou cover-girl ?

    Quelle est la différence encore entre escort-girl et cover-girl ?
    L’une est-elle une prostituée et l’autre honnête travailleur ?
    Et que fait son garde du corps lorsqu’il escorte une escort-girl ?
    Est-il dès lors habitué ou doit-il regarder ailleurs ?

    Que de questions lorsqu’une femme nous montre son intimité !
    Le fait-elle pour sa liberté ou pour le pouvoir de l’argent ?
    Pourquoi toutes ces pensées infâmes lorsque apparaît la nudité ?
    Autant qu’on puisse en disserter… Non, rien n’est plus départageant !

    Finalement la nudité depuis l’originel péché
    Fait trembler Dieu et tous ses saints dès que l’on voit un bout de chair.
    Serait-ce une stupidité de dire que tout est rattaché
    Au beau sexe, son cul et ses seins et ce, depuis l’ début, mon cher !

    Photo de Hope Dworaczyk.

  • Lilly à l’eau

    Lilly à l’eau, quelle aventure pour une petite sainte nitouche !
    Elle doit avoir un rendez-vous à s’risquer en petite tenue.
    Voyons de près la créature et son allure plus ou moins louche
    Dont le dessein, je vous l’avoue, me semble plutôt saugrenu.

    L’ingénue au bain de minuit n’a pas osé se mettre à poil ;
    Elle croit conserver sa vertu avec ses seuls sous-vêtements.
    Elle s’égare alors dans la nuit avec le reflet des étoiles
    Et de la Lune qui s’évertue à l’éclairer discrètement.

    Déjà l’eau mouillant sa culotte souligne son sexe giron
    Qui semble murmurer des lèvres qu’il attend son prince charmant.
    Les seins transpercent la calotte d’où incessamment surgiront
    Les mamelons durcis de fièvre par un caprice désarmant.

    Tableau de cellar-fcp.

  • La tournée des grandes duchesses

    Le soir, il faut sortir armé pour sa propre sécurité
    Ou bien il faut sortir charmé par sa propre témérité.
    Quand on est belle et séduisante, les meilleures armes restent humaines
    Et une jolie peau bien luisante rapporte à la petite semaine.

    Mais laissez-moi vous présenter la prédatrice des nuits blanches
    Qui viendra vos nuits pimenter du vendredi jusqu’au dimanche.
    On appelle sa chasse privée : « la tournée des grandes duchesses »
    Ceux à qui cela est arrivé y ont perdu toutes leurs richesses.

    Elle porte une robe très légère et bien transparente à souhait
    Élaborée par des lingères spécialisées et dévouées.
    Les mamelons en guise d’appât, le sexe nu en chausse-trappe,
    Aussitôt fait le premier pas, l’homme est cuit sitôt qu’elle l’attrape.

    Tableau de Konstantin Razumov.

  • S.O.S. Père Noël

    « Service après vente, tu parles ! » maugréait Jean-Emmanuel,
    L’arrière-arrière-petit-fils pour tout c’ qui a dysfonctionné.
    Entendre « Tu te magnes, Charles ? » tous les matins depuis Noël
    Pour réparer les maléfices des jouets mal confectionnés !

    Voir toute la sainte journée des jeunes enfants mécontents
    Et tous les parents furibonds dont les mamans surexcitées.
    Puis recommencer la tournée durant trois mois jusqu’au printemps
    Quand le dernier ours moribond est finalement ressuscité.

    Malgré la qualité ISO des confections traditionnelles,
    Des poupées aux jolis minois sont emballées mal contrôlées.
    Par bonheur on a le réseau d’une maintenance prévisionnelle
    Qui flaire les lutins chinois et les bras cassés qu’ont gaulé.

    Illustration de Tom Kilian sur https://www.tkillustration.com/?ssp_iabi=1682696161353 .

  • La vérité sur le Père Noël

    Maintenant qu’enfin est passé Noël, puis la fin de l’année,
    Il est temps de lever le voile sur sa nature originaire.
    Après avoir bien potassé librairies et miscellanées,
    L’authenticité se dévoile sur ce fait extraordinaire.

    D’abord il ne vient pas du nord mais des régions himalayennes ;
    Tout là-haut sur le toit du monde dans les lamaseries enjouées.
    C’est le Yéti, ce grand ténor des voix qui sortent de la moyenne,
    Qui parcourt en une seconde la grande tournée des jouets.

    Tous les lutins sont les enfants qu’il a eu de Marie-Noelle,
    Grande Yétie qui fait marcher son petit monde à la baguette.
    Tous les mois à dos d’éléphants, sont livrées de continuelles
    Fournitures très bon marché toutefois conformes à l’étiquette.

    Il faut voir leurs pattes velues manier marteaux et tournevis ;
    Leurs quatre mains très adaptées redoublent d’efficacité.
    Toute cette bande de chevelus, manœuvres qualifiés et novices,
    Est connue dans la Voie Lactée pour leur célèbre pugnacité.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Météo érotique

    Le matin un brouillard léger perdure au fond de la vallée
    Entre les monts qui apparaissent turgescents au-dessus des nues.
    Son joli ventre rondouillard sera peu à peu avalé
    Par cette brume où disparaissent tous ses appas sans retenue.

    À midi le temps se découvre et donne la pleine lumière
    Du soleil dans des éclaircies qui perdureront jusqu’au soir.
    Si quelques nuages recouvrent − la saison en est coutumière −
    Le ventre qui a un peu forci, une pluie fine pourrait surseoir.

    En fin d’après-midi le vent soulève les plis de sa robe
    Et dénude montagnes et vallons de la plaine au Mont de Vénus.
    Puis le front froid se soulevant de l’ouest où bientôt se dérobe
    Le soleil qui semble un ballon perdu gagnant son terminus.

    Au coucher, les soleils rougissent, empourprent et encensent ses charmes ;
    Un léger voile les fait jouer au jeu du chat et la souris.
    Il est temps que je me blottisse quand le ciel se teinte de parme
    Et que la nuit me fait vouer tout l’amour dont je me nourris.

    Tableaux d’Artland Wandbild.

  • Seins nus aux quatre saisons

    Au printemps ses bourgeons éclosent et sa fleur tendre s’épanouit
    Dès le matin lorsque les feux du soleil de mes yeux l’admirent.
    Le soir dans notre maison close, j’observe le galbe inouï
    De sa poitrine sur mes cheveux et ma joie de les affermir.

    L’été dévoile ses colliers de perles fines et de fruits mûrs
    D’où sort un lait érotisé par la chaleur de ses mamelles.
    Par le chemin des écoliers, je pars juste entre les fémurs
    Et remonte comme hypnotisé vers les tétons de ma femelle.

    L’automne et ses couleurs transmutent sur ses rondeurs ambre et cuivrées
    Avec juste un vert essentiel qui parsème sa touffe tendre.
    Entre ses deux monts, je permute maintes caresses, énivré
    Du parfum doux consubstantiel auquel j’ai seul droit de prétendre.

    L’hiver blanchit ses mamelons comme deux petites congères
    Que mes mains dévalent en luge, puis remontent et puis redescendent.
    Et, cerise sur le melon, les miches de ma boulangère
    Mouillent comme après le déluge lorsque mon amour la transcende.

    Tableaux de Félix Valloton.

  • Vous êtes ici !

    Cette année vous serez ici, dans la capitale olympique
    Aux jeux du cirque confinés en guise d’amélioration.
    Face aux pauvres qui préjudicient la capitale économique,
    L’Élysée est déterminé à poursuivre la spoliation.

    Les bouquinistes éliminés, les studettes réquisitionnées,
    Les SDF évaporés dans les colonies provinciales.
    Bouclé et prédéterminé, le budget est provisionné
    Pour les visiteurs adorés et l’outrecuidance cruciale.

    Je croirai en l’Égalité quand on nourrira l’affamé ;
    Je croirai en la Liberté quand cesseront les galériens.
    Je suis pour la fraternité tant qu’elle n’est pas malfamée
    Et promise aux déconcertés qui n’auront jamais droit à rien.

    Illustration de Jan van Haasteren.

  • Tout ce qui se passe en ville

    Il est cinq heures, déjà j’entends les bruits de la respiration
    De mon quartier qui se réveille au son des postes de radio.
    J’écoute les Klaxons chantants qui prennent en considération
    Les premiers agents qui surveillent que leurs échanges restent cordiaux.

    Six heures, sept heures, chacun s’affaire selon son rythme circadien
    À pied, à vélo, en voiture et en trottinette électrique.
    L’excitation et l’atmosphère jettent les pions du quotidien,
    Ces gentils robots, en pâture au cauchemar psychométrique.

    Assourdissante à la quiétude, sourde aux espaces de silence,
    La ville se veut conséquence de notre évolution humaine
    Et par la force de l’habitude et le manque de vigilance,
    Se rejouent les mêmes plans-séquence pour chaque jour de la semaine.

    Illustration de Tom Kilian sur https://www.tkillustration.com/?ssp_iabi=1682696161353 .

  • La sirène émeraude

    J’aurais aimé la rajouter à ma revue des « Belles vertes »,
    Ces femmes habillées de vert ou aux yeux couleur émeraude.
    Mais chaque fois j’étais rebouté sur mon invitation ouverte
    À la suivre sous le couvert d’une rencontre qui me taraude.

    Car depuis que je l’avais vue nager dans un lac de Bavière
    Dont les eaux sombres vert foncé semblaient lui teinter l’épiderme,
    Je l’avais prise au dépourvu et elle plongea dans la rivière
    Disparaissant comme offensée et bouleversée à long terne.

    Tenez, c’est elle sur la photo que j’ai prise en catimini
    Tandis qu’elle sortait du lagon avant d’ pousser son cri d’alarme
    Demain je planterai un poteau où un mot sans ignominie
    L’invitera dans un jargon que j’espère propice à ses charmes.

    Illustration de Rien Poortvliet.

  • Jumping Nessie’s wave

    Je n’ai jamais su l’animal qu’elle calait entre ses jambes
    Mais sur les vagues il bondissait comme un jeune poulain fringant.
    C’était sans doute un jeune mâle aussi impétueux qu’ingambe
    Car à chaque bond elle glapissait de cris d’extase extravagants.

    Elle chevauchait sur sa monture entièrement nue, sans maillot,
    Dans sa chevauchée impudique à qui elle donnait tout son corps.
    Elle partait à l’aventure en criant plusieurs fois « Taïaut ! »
    Comme à la chasse parodique d’un cerf marin d’au moins dix cors.

    Je l’ai entendue quelquefois partir en l’appelant « Nessie »
    Tandis que j’arpentais la lande tout en admirant sa jeunesse.
    Puis lorsqu’elle n’avait plus de voix, elle rentrait en catalepsie
    En revêtant sa houppelande au huis du château du Loch Ness.

    Tableau de Herbert James Draper.

  • Les génies des eaux

    J’adore les pluies torrentielles car elles sont synonymes de crues
    Et guette la montée des eaux, puis l’arrivée de leurs chimères ;
    Ces créatures démentielles, fées, vouivres ou coquecigrues
    Qui vivent parmi les roseaux sous les déluges éphémères.

    Les génies des eaux se confondent avec cascades et cataractes,
    Se cachent parmi les rochers cherchant leurs victimes innocentes.
    Et plus la rivière est profonde, plus la lumière s’y diffracte
    Et plus la proie vient s’approcher dans une confiance amollissante.

    Parfois l’eau est chargée de boues et de décombres entraînés.
    Qui sait ce que ces prédatrices ont occasionné en amont ?
    Mais l’état y met son tabou sinon la presse déchaînée
    Lâche la manne rémunératrice du tourisme en proie aux démons.

    Tableau d’Adolf Hiremy-Hirschl.

  • L’art de la chasse

    Quand l’arc et la flèche s’alignent sur l’infini de l’horizon
    Et que la main défie le temps qui suspend le vol de la flèche,
    La volonté se fait maligne, enferme sa cible dans la prison
    De l’objectif exécutant la sentence dont l’œil se pourlèche.

    Le jeu du chat et la souris, de la victime et son bourreau,
    Du prédateur et de sa proie ; bref, de la vie tout simplement.
    Comme un goût de poisson pourri, quand l’épée sort de son fourreau
    Et exige qu’on lui paie l’octroi par la mort inflexiblement.

    On parle de l’art de la chasse ; pas de pitié pour le chassé.
    On ne tue pas plus qu’on abat mais on prélève ou on régule.
    Cette novlangue me dépasse qui voudrait le crime effacer
    Pour le remplacer – chapeau bas – par le chef d’œuvre qu’elle émule.

    Tableau de Max Nonnenbruch.

  • Le dernier mot de Shéhérazade

    Shéhérazade eut le dernier mot… enfin on ne s’en souvient plus
    Mais comme elle était une femme, son mec lui a donné raison.
    D’ailleurs je crois que ce chameau qui, à tout son harem, déplut
    Avait perdu l’idée infâme de la tuer hors de sa maison.

    On dit qu’il a tellement souvent perdu le fil qu’il lui fallait
    Un résumé qui grandissait avec les récits de la veille.
    Il dut s’adresser aux couvents pour copier ce qui l’emballait
    Dans des livres qui remplissaient les murs du palais des merveilles.

    Il y eut donc plusieurs saisons entrecoupées de making-off
    Et documentaires à l’appui pour expliquer plusieurs lacunes.
    À la toute dernière oraison, on dut quérir des philosophes
    Qui expliquent encore aujourd’hui que d’idées… ils n’en ont aucune.

    Illustration d’Ana Miralles.

  • Le premier mot de Shéhérazade

    Qu’a pu donc dire Shéhérazade à son premier jour de harem
    Lorsqu’elle apprit l’exécution au matin de la favorite ?
    Elle a du boire une rasade – bien que ce fut jour de carême –
    D’un vin pour son élocution et pour se donner du mérite.

    Quand elle fit face au sultan, un peu gaie et assez pompette,
    Elle eut une telle logorrhée que ses premiers mots se perdirent.
    Mais ce n’était pas insultant. Enfin, sans tambour ni trompette,
    Le padischah dut l’adorer sans pour autant lui interdire.

    Si bien que n’ayant rien compris, il remit à la nuit suivante
    La fornication ajournée pour cause de mal à la tête.
    Et Shéhérazade entreprit d’imaginer une captivante
    Histoire qui lui prit la journée de mille-et-une galipettes.

    Illustration d’Ana Miralles.

  • Gaïa Montana

    Dieu demanda à la montagne de se déshabiller pour lui
    Et de se coucher dans la plaine pour copuler au petit jour.
    Alors Dieu fit de sa compagne l’épouse qui encore aujourd’hui
    Demeure magnifique et pleine de grâce et d’amour pour toujours.

    Mais depuis ce jour de passion, elle reste endormie tout le temps ;
    Dieu aurait dit qu’elle est enceinte et que longue est sa gestation.
    Ayez donc de la compassion envers ce charmant léviathan
    Dont la matrice sacro-sainte enfante avec ostentation !

    (« La femme endormie dans la montagne » : Photo du Mont Susitna à Anchorage en Alaska sur https://www.the-sun.com/news/1283453/sleeping-lady-mountain-alaska-drone-mount-susitna/ .)

  • Au pays des sourds, les chats blancs sont rois

    Beaucoup de chats blancs dans le monde tournent en rond dans les jardins ;
    Ils marchent seuls et vagabondent comme l’éternel paladin.
    Et toi tu erres et exagères à travers les réseaux sociaux
    Pour calmer la forme passagère de tes problèmes les plus cruciaux.

    Lorsque tu chattes tes douleurs dans l’anonymat des réseaux,
    Tu es ce chat blanc sans couleur en train de guetter les oiseaux ;
    Sans le mimétisme adéquat pour te fondre dans le décor,
    Il te manque un je-ne-sais-quoi pour toucher l’esprit et le corps.

    Les chats blancs aux yeux bleus sont sourds, c’est une question de génétique ;
    Hasard au mauvais goût du jour que code un gène frénétique.
    Et toi, plus tu pleures et tu beugles en discutant de faux-semblants
    Et plus ton cœur demeure aveugle et ne fait que rester en plan.

    Tableau de Xuan Loc Xuan.

  • Dans la peau du mouton

    Quand le loup montre patte blanche en menaçant de disparaître,
    Les politiciens écolos souhaitent le réhabiliter.
    Mais il arrive une avalanche de moutons qui, en train de paître,
    Passent sous les crocs du rigolo ravi de l’hospitalité.

    Face au problème corollaire, on fit venir des spécialistes
    Qui proposèrent pour ces gloutons un moyen de contraception.
    Mais les bergères en colère répondirent à ces pugilistes
    « Queu’l loup ne baise pas les moutons mais il les bouffe ! Délectation. »

    Photo d’Anthony Goicolea sur https://papriqueisland.wordpress.com/tag/black-and-white/ .

  • La reine-louve

    Les yeux vairons rouge et marron, la reine-louve aux deux visions
    Voit le réel imaginaire et l’illusoire véritable.
    Avec sa bande de larrons et loups-garous en cohésion,
    Elle paraît extraordinaire et la mort semble inévitable.

    Rassurez-vous, elle ne se montre que lorsqu’on passe l’arme à gauche
    Ou en cas d’accident très grave ou de maladie incurable.
    Sa brusque apparition démontre que votre fin est en ébauche
    Aussi souffrez que je vous grave une épitaphe favorable.

    (Tableau de Kinuko Y. Craft sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2014/03/Kinuko-Craft.html?m=1 .)

  • L’esprit de la forêt

    J’ai croisé le renard surpris de nous retrouver nez à nez ;
    J’ai même stupéfié un chevreuil tombé les quatre fers en l’air ;
    Heureusement sans parti pris – plus rien ne saura m’étonner –
    Ils n’ont pas jeté de mauvais œil sur mon audace singulière.

    La faute en est à l’air du temps qui siffle entre les arbres verts
    Et dont les branches communiquent les transmissions de la forêt.
    Un peu sot, voire débutant, j’ai dû entendre de travers
    Et suivre l’onde botanique glissant sur l’herbe phosphorée.

    Je me suis fait apprivoiser en y revenant chaque jour
    Sans chercher la moindre rencontre avec un habitant des bois.
    Je ne voudrais pas pavoiser mais je crois qu’ils m’aiment d’amour
    Car ils viennent toujours à l’encontre comme s’ils étaient aux abois.

    Art païen de Naomi Cornock sur https://www.nomeart.com .

  • L’oracle de la forêt

    À chacun son totem secret, son inspiration créatrice ;
    À chacun sa source cachée, sa ressource imaginative.
    J’aime les éléments sacrés de la nature génératrice
    Présents sur les signes rattachés de la forêt germinative.

    Toute la flore féminine, force de vie de l’univers,
    Témoigne d’une connaissance gravée depuis la nuit des temps.
    Et le ciel envoie sa quinine quand tombe la neige en hiver
    Pour protéger toute naissance qui émergera au printemps.

    Par toute la sylve étendue comme un oracle horizontal,
    Par tous les arbres hérissés comme ds antennes verticales,
    Leurs prédictions sont entendues par le vent transcontinental
    Dont j’entends les feuilles crisser de leurs délices lexicales.

    « Il neige, sur janvier fiévreux, toute la quinine du ciel » Jean Giraudoux – Provinciales.

    Art païen de Naomi Cornock sur https://www.nomeart.com.

  • Les esprits de la forêt

    Si les esprits de la forêt parlent le langage du cœur,
    J’irai m’égarer la raison dans leurs labyrinthes boisés.
    Je me perdrai dans les fourrés où seuls les animaux moqueurs
    Savent retrouver leurs maisons parmi les ronces apprivoisées.

    Par les chemins vers nulle part, j’ai découvert l’inaccessible ;
    J’ai constaté l’humilité et le pouvoir du lâcher prise.
    J’ai senti tomber les remparts dévoilant mon âme impassible
    Avec la juvénilité de l’enfant devant sa surprise.

    En suivant comme un fil d’Ariane une inspiration dans le vent,
    J’ai maintes fois croisé la route de lièvres, renards et chevreuils.
    Sur la piste des valérianes, le matin au soleil levant,
    J’ai plusieurs fois cassé la croûte avec lutins et écureuils.

    Art païen de Naomi Cornock sur https://www.nomeart.com .

  • Les oracles de la forêt

    Qui sait se taire et observer sans vraiment chercher à comprendre
    Découvrira certains secrets qui ouvrent ses nouveaux devoirs.
    Il veillera à conserver tout ce qu’il souhaitera apprendre
    Sur ses désirs les plus sacrés que sa raison ne saurait voir.

    Les oracles élémentaires, interconnectés aux saisons,
    Renseignent tous les végétaux sur tous les caprices du temps
    Par les minéraux de la Terre sensibles aux combinaisons
    Des alliages entre métaux comme indicateurs percutants.

    D’autre oracles supérieurs dominent aux sommets des montagnes
    Et par la chaîne des vallées, rus, ruisseaux, rivières et torrents.
    Depuis son manteau intérieur, la planète les accompagne
    Par les cheminées exhalées des vieux volcans expectorants.

    Art païen de Naomi Cornock sur https://www.nomeart.com .

  • Le président écoute-t-il ses électeurs ?

    (Le Français écoute-t-il les Français ?)

    Les sondages ont toujours raison de l’avis des français moyens ;
    Parfois l’humeur franchit le point du seuil de l’imbécile heureux.
    C’est à la porte de sa maison que l’on traque le citoyen
    À froid et à brûle-pourpoint, posé par l’agent valeureux.

    Le bilan monte à l’Élysée pour atteindre le président
    Qui va se forger l’opinion qu’il désire sur ses électeurs.
    Mais il est assez malaisé que le résultat évident
    Fasse en sorte que nous obtenions une flopée de détracteurs.

    Alors les médias nous balancent les catastrophes planétaires
    Et nous nous sentons satisfaits de nos petites hausses des prix.
    Après plusieurs mois on relance des réformes inégalitaires
    Puis on sonde les gens stupéfaits d’être toujours des incompris.

    Illustration de Dupuy – Berberian.

  • Juste un sein gauche pour Marianne

    En politique Marianne aime jouer à l’alternance.
    Un jour elle se couvre à droite, un jour elle découvre son cœur.
    Et cette frontière médiane indique son appartenance
    À une oligarchie adroite ou une gauche à contrecœur.

    Mais depuis qu’on l’a ébranlée et forcée à se mettre en marche,
    La république est devenue flou-artistique sur les bords.
    On s’est tous pris une branlée administrée avec panache
    Et avons vu nos revenus toucher le fond et ses abords.

    Ah, que l’esprit des sans-culottes revienne vivre dans son cœur !
    Que l’âme révolutionnaire vienne lui secouer le corps !
    Que demain à coups de calotte elle chasse ce roitelet moqueur
    Et ses ministres factionnaires qui lui donnent des hauts-le-corps !

    Tableau de Travis Schlaht.

  • Neptunia

    Fille de Vénus et de Neptune, on n’lui a pas donné de nom ;
    La mythologie est muette quant à sa mythique existence.
    Mais justement, cette opportune héroïne devient le chaînon
    Manquant de l’énigme désuète qui ne manque pas de substance.

    Elle est sirène par son père et super-sexy par sa mère ;
    Une sorte de Cupidon avec une queue et un trident.
    « Cupidonia » irait de pair mais ça n’a pas plu à Homère
    Alors plutôt qu’un nom bidon, « Neptunia » fut plus évident.

    Bon. Maintenant qu’elle est nommée, sa légende peut commencer
    Et, bien qu’elle soit inconnue, imaginons sa destinée ;
    Créons-lui une renommée bien héroïque et romancée
    Et que ces héros méconnus cessent d’être procrastinés !

    (Tableau de Boris Vallejo sur https://aphrodisiacart01.wordpress.com/2016/07/18/boris-vallejo-julie-bell/ .)

  • Ces merveilleux fous pêcheurs-volants

    Puisque le métier de pêcheur ne nourrit son consommateur
    Qu’à condition d’aller pêcher dans les fonds les plus singuliers,
    Le contrôle de la fraîcheur demeure dans le collimateur
    Des règlements pour empêcher tous les trafics irréguliers.

    Au temps de la Marine à voile, des galères et des montgolfières,
    Les chalutiers s’en revenaient chargés sans se faire prier.
    Il est temps que l’on nous dévoile ce qui rendait les femmes fières
    Quand leurs maris leur ramenaient de quoi revendre à la criée.

    La guilde des poissons volants vantait bordels et garçonnières
    Où des parties de jambes en l’air valaient les tables solunaires.
    C’est du moins en batifolant avec les sirènes poissonnières
    Que ces marins patibulaires cocufiaient leurs partenaires.

    Mais quel rapport me direz-vous avec la pêche miraculeuse ?
    Eh bien les gardes de Neptune qui fréquentaient également
    Ces établissements chelous avaient la langue peu scrupuleuse
    Et révélaient pour quelques thunes les meilleurs des emplacements.

    (Tableaux de Piero Schirinzi sur https://poramoralarte-exposito.blogspot.com/2018/11/piero-schirinzi_18.html .)

  • Chauve-souris mon amour

    Une chambre à coucher étrange, une literie sens dessus-dessous,
    Et la position renversée comme le pendule du tarot.
    Mais la souris en robe orange qui ne portait aucun dessous
    Me demanda de lui verser mille balles pour son maquereau.

    « Mille balles ? Ça vous suce le sang ! » Répondis-je à la pute vampire.
    « À moins que vous ne m’accordiez une remise, je m’en vais ! »
    La belle qui avait l’esprit commerçant, ne voulant pas pour un empire
    Baisser le prix fort stipendié, m’expédia aux vents mauvais.

    Méfiez-vous donc de ces femmes qui vous mettent la tête à l’envers
    Et qui vous mettent sur la paille lors de la première rencontre !
    Autant ses désirs sont infâmes que ses services sont pervers
    Car après avoir fait ripaille, MST viendront à l’encontre.

    L’image a été censurée par Facebook le 06.12.2024.

    Tableau d’Igor Morski.

  • La mexicaine basanée

    Une mexicaine basanée, allongée à même le sol,
    Juste vêtue d’un sombrero, assise sur sa couverture.
    Elle était là à se pavaner, lorsqu’un loueur de parasol,
    Un hidalgo, un sombre héros, surgit en quête d’aventure.

    « Eh bonjour, Madame au corps beau ! Vous êtes vraiment la plus belle
    Et si votre fleur vous ressemble, vous êtes le phénix de la plage ! »
    « Holà, arrête, vilain corbeau ! » Du tac-au-tac fit la rebelle ;
    « Nous ne vieillirons pas ensemble et tu fais d’l’ombre à mon pelage ! »

    Et se jetant sur le goujat, frappé d’un coup de parasol,
    Elle lui dépêcha son refus car l’homme lui avait déplu.
    Quant à ce rustre qui dégagea et qui en perdit la boussole,
    Il partit honteux et confus et jura qu’on n’l’y r’prendrait plus…

    Tableau de Pierpaolo Rovero ; texte inspiré de Marcel en amont de la fontaine.

  • Chatte échaudée

    Lorsque la chatte ose s’ouvrir à une nouvelle aventure,
    Il lui suffit de passer l’pont tout en prenant ses précautions.
    Aussitôt elle va découvrir une montée de température
    Et décrochera le pompon en phase de l’exaltation.

    D’emblée la chatte mouillera du fruit de sa métamorphose
    Jusqu’à en avoir le vertige par l’ivresse de l’allégresse.
    Celui qui la déverrouillera au moment de faire la chose
    Connaîtra aussi la voltige d’une chatte devenue tigresse.

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    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.