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  • La morue à la fraise

    « Morue à la fraise des rois » parait avant tout indigeste
    Mais il me faut vous raconter ses origines outremer.
    C’est un prince à l’esprit étroit qui, voulant écrire sa geste,
    Courut le monde pour affronter chimères et serpents de mer.

    Goûtant aux plaisirs raffinés d’une croisière encanaillée
    Par des favorites en herbe un peu nubiles mais comestibles,
    Le prince, la gueule enfarinée avec la fraise dépenaillée,
    Entendit sortant des ténèbres un joli chant irrésistible.

    Alors le capitaine en rut dirigea tout droit son navire
    Tandis que les filles affolées prenaient canots de sauvetage.
    Mais alors que filent ses putes à l’anglaise, son esprit chavire
    Et tombe dans les flageolets, le vin, les fraises et le potage.

    Alors la sirène goûta son marin à toutes les sauces.
    Aux haricots, elle préféra la saveur sucrée douce-amère.
    Quant aux morues qu’elle envoûta pour escamoter plaies et bosses,
    Elles retournèrent à l’émirat sangloter auprès de leurs mères.

    Tableaux de Maria Helena Brzozowska

  • Diane & Actéon

    Sexualité et nudité sont les deux mamelles du drame
    Qui punissent l’exhibitionniste et condamne ses observateurs.
    Insoutenable crudité qui nécessite tout un programme
    Pour dissimuler les nudistes derrière un mur préservateur.

    On doit le cacher aux enfants sous peine d’agression sexuelle
    Et l’attentat à la pudeur est alors qualifié d’immonde.
    Il est pourtant apostrophant que ces censures consensuelles
    Visent les organes détenteurs de l’exacte origine du monde.

    Tableau de Giuseppe Cesari qui a provoqué une polémique envers des élèves qui auraient détourné les yeux, se seraient sentis offusqués et auraient dit être choqués.

  • À regards éperdus

    Quand je jette un regard sur le monde invisible,
    Je ne sais pas encore ce qu’il ramènera.
    Pourtant s’il erre hagard ainsi qu’imprévisible,
    Il ramène à mon corps ce qui l’enseignera.

    Cette nuit, empruntant l’autoroute des rêves,
    Mes petits yeux ont vu plus vite que la lumière.
    Tout au-delà du temps et de l’espace en grève
    Contre un Dieu révolu de la pire manière.

    Une fois traversé le miroir à fenêtres,
    La voie vers l’inconnu me servit de repère.
    Là, j’ai pu converser avec tous mes ancêtres
    Jusqu’au diable cornu se prétendant mon père.

    Dans mes orbites vides au matin ont jailli
    Mes petits yeux chargés de mille découvertes.
    Mon cœur étant avide d’en avoir recueilli,
    Je les ai émargés sur ma page grand ouverte.

    Tableaux d’Alexander Mcwherter

  • Dis-moi, belle l’es-tu ?

    Dis-moi, tendre et belle laitue, comment goûtes-tu la rosée
    Qui, chaque matin déposée, nourrit la peau de ton visage ?
    Éclose et radieuse, l’es-tu par l’éclat métamorphosé
    D’un or, sur ta peau, apposé d’un matutinal tamisage ?

    Seras-tu chou et à croquer lorsque dans ton jardin intime
    Je viendrai sentir la douceur de ta fleur et de son calice ?
    Là où mon cœur vient évoquer ses sentiments illégitimes
    Que l’amour provoque aux trousseurs de Vénus emplies de malice.

    Ne demande pas au miroir qui ne raconte que fadaises ;
    Ce n’est qu’un sot écornifleur qui réfléchit sans dire un mot.
    Dépose-le dans son tiroir, accepte la photosynthèse
    Qui vient épanouir ta fleur et la transformer en rameau.

    Tableau de Kristin Kwan sur https://www.kristinkwan.com/2019-and-earlier

  • Cher hasard (e)

    C’est par le plus grand des hasards que j‘ai rencontré Shéhérazade,
    Passé la porte du palais croyant entrer dans un hôtel.
    Il n’y avait pas un lézard, alors j’ai bu une rasade
    D’une carafe qui prévalait par rapport aux autres cocktails.

    « Comment ose-tu pénétrer dans ce lieu réservé aux femmes ? »
    Me lança une voix piquée de surprise et d’ignominie.
    « Bonjour…» répondis-je empêtré, « je cherche une chambre, Madame ! »
    Tentai-je de lui expliquer avec maintes parcimonies.

    « Suis-moi ! » Je lui emboîtai le pas parmi les nombreux corridors ;
    Elle me présenta une chambre jolie, spacieuse et confortable.
    « Prendrez vous aussi vos repas ? L’alcool ici est à prix d’or !
    Ce soir c’est poulet au gingembre ; s’il vous plait, mettez-vous à table ! »

    J’eus droit à un petit festin arrosé d’eau fraîche et de vin,
    Puis elle m’installa au lit et ôta tous ses vêtements.
    Je remerciai mon destin d’avoir trouvé l’hôtel divin
    Et pénétrai à la folie l’hôtesse avec halètements.

    Au bout de mille-et-une nuits, je quittai l’hôtel satisfait
    D’ mes nuitées à l’improvisade que je n’oublierais désormais.
    Je ressentais comme un ennui car j’étais assez stupéfait
    D’avoir connu Shéhérazade comme on n’ la connaîtra jamais.

    Tableaux de Gari Melchers

  • Mamelonne, la planète rouge

    Mars n’est pas la seule planète à rougir d’envies dans l’espace
    Pas plus que Vénus ne représente l’unique planète érotique.
    Derrière la barrière des comètes – où nul ne sait ce qui se passe –
    Rayonne la plus séduisante de toutes les étoiles cosmiques.

    La « Galaxie Aréolaire », sœur jumelle de la Voie Lactée,
    Abrite en son sein « Mamelonne », la planète aux calottes chaudes,
    Dotée par deux astres stellaires d’une gravitation impactée
    Que les astronomes étalonnent comme conséquence rougeaude.

    Curieusement la planète est creuse et l’on habite à l’intérieur
    Dans des étendues caverneuses aux parois blanches comme du lait.
    On dit que la vie est heureuse car figée au stade inférieur
    Où les naissances flagorneuses ne se sont jamais déroulées.

    Tableau d’Edward Poynter

  • Comment va, Médusa ?

    Comment s’habille Médusa ? Personne évidemment ne le sait ;
    Les serpents subissant leur mue, Médusa en fait-elle autant ?
    Qu’importe ! Lorsqu’elle médusa sa première proie qui convulsait,
    Elle était encore toute nue et ce n’était pas ergotant !

    Petit à petit cependant, par ses victimes pétrifiées,
    Elle a dû remettre en question le sujet de sa nudité.
    Hélas, les témoins imprudents montrent qu’on ne peut pas s’y fier
    Et l’auteur, à ces suggestions, s’en moque à l’unanimité.

    Médusa, en ce moment même, a-t-elle froid ou pas du tout ?
    Les serpents étant animaux à sang froid, c’est complexifiant !
    Mais elle laisse planer le dilemme car elle s’en sert comme un atout
    Pour l’expliquer à demi-mots d’un regard vous pétrifiant.

    Illustrations de Tom Kilian sur https://www.tkillustration.com/?ssp_iabi=1682696161353

  • Complètement déculetée

    Un premier temps, déculottée pour des raisons professionnelles,
    Un second temps, déculetée pour des raisons plus personnelles.
    L’était temps que l’décolleté passe à l’étape obsessionnelle
    Où les mains puissent se colleter de façon bidirectionnelle.

    Puis viendront burqa ajourées, raccourcies voire transparentes
    Et des voiles énamourés sur intimités apparentes.
    Si, toi aussi, t’as savouré ce genre de tenues marrantes
    Viens donc chez moi j’en tatouerai, sur ta peau, une exubérante.

    Photo de Laurie Hagen sur https://www.lauriehagen.com/portfolio/under-construction

  • Le souffle de vie

    Je m’suis retrouvé transformé en pain d’argile modelé
    Qu’un dieu venait de prélever sur les terres bordant la mer.
    Je n’avais pas l’esprit formé, juste le corps écervelé
    Lorsque je sentis s’élever un souffle immense d’outremer.

    Je me suis ainsi éveillé avec d’étranges sensations ;
    Mon horloge s’est mise à battre, mes poumons se sont animés,
    Mes yeux se sont émerveillés devant la représentation
    D’un monde nouveau à débattre que l’on m’avait légitimé.

    Puis mes oreilles ont entendu la voix du père créateur
    Qui, après son souffle de vie, m’a appelé depuis le ciel.
    Comme j’étais encore étendu, j’ai pris un air appréciateur
    En m’asseyant sur le parvis sous un soleil providentiel.

    J’appris que j’étais fils de Dieu et que bientôt je peuplerais
    La Terre entière de tous les clones que je procréerais, triomphant.
    Sur un ton miséricordieux, il m’a dit que je trouverais
    Bientôt comme un coup de cyclone : l’arrivée d’une femme-enfant.

    Sculptures de Tomàs Barceló sur https://www.artstation.com/artwork/GaeowN

  • La lumière noire

    Mais la plus jolie des lumières restera celle de Lucifer
    Qui créa la lumière noire alors qu’on le croyait déchu.
    On l’appelle « lumière du diable » car on ne la verra jamais
    Sauf à plonger dans les ténèbres ou dans le trou noir de la mort.

    Mais à la vérité personne ne connaît vraiment la lumière ;
    On la voit ou on ne la voit pas et on n’y pense pas plus que ça.
    Et c’est la raison pour laquelle ceux qui ne croient que ce qu’ils voient
    Sont les aveugles originels d’une science pécheresse.

    Moi qui vois la lumière noire en quatre, cinq ou six dimensions,
    Je peux vous dire qu’elle est belle et qu’elle n’a d’yeux que pour moi.
    Et c’est la raison pour laquelle je crois en ce que j’ne vois pas
    Pour ne pas être formaté dans ce monde d’illuminés.

    Il est peu probable que le tableau soit de Tetyana Erhart car il s’agit d’une Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Les sœurs Lares-Issa

    Les Lares-malœil me font pleurer, les Lares-igot me font tirer,
    J’aime bien confier mon foyer aux Lares-Issa qui montent au nez.
    Mais il ne faut pas se leurrer car les deux sœurs sont attirées
    Vers qui va les apitoyer par des malheurs bien mitonnés.

    Après un terrible accident, elles vous répareront le corps ;
    Après une grosse déprime, elles vous chouchouteront le cœur.
    À chaque coup outrecuidant, elles vous aimeront plus encore
    Mais vous récolterez en prime des contrecoups à contrecœur.

    Illustrations de William pour la BD « Les sisters »

  • La lumière blanche

    Dieu dit : « Que la lumière soit ! » et alors la lumière fut
    Mais la lumière était aveugle et la lumière déplut à Dieu
    Car la lumière était opaque – une erreur de fabrication –
    Et Dieu regagna l’atelier pour reprendre tout à zéro.

    Dieu dit : « Que la lumière voie ! » et alors la lumière vit
    Mais elle avait les yeux fermés et ne voyait qu’un rideau noir
    Et Dieu commença à douter ce qui nous prouve que même lui
    Sait pouvoir remettre en question son processus de création.

    Dieu dit : « Que la lumière s’ouvre ! » et la lumière ouvrit les yeux
    Et enfin Dieu dit que c’est bon et qu’il pouvait continuer.
    Il fallut quand même trois essais ce qui fait toute la lumière
    Sur l’homme et la femme ratés… en attendant un nouveau genre.

    Au moins un des tableaux est de Tetyana Erhart.
    Quant aux deux autres, ce sont des images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Gare aux Lares hilares

    Au fait, connaissez-vous les Lares, ces petits dieux de la maison
    Qui veillent sur votre foyer comme assurance domestique ?
    Parfois petits anges hilares ou génies doués de raison ;
    Petits angelots envoyés pour assurer la logistique.

    Je souhaitais deux fées du logis que j’ai vues sur le catalogue
    Mais j’ai vu arriver sinon deux adorables silhouettes
    Issues de la mythologie tenant un étrange monologue
    Dont je n’ai compris que leur nom : les sœurs jumelles Ma & Chen, chouettes.

    Désormais notre appartement est soumis à la surveillance
    De ces deux oiselles nocturnes dont j’ai fini par succomber.
    Si l’une est sombre, apparemment, l’autre est en habit de brillance
    Et sont toutes deux taciturnes mais s’éveillent à la nuit tombée.

    En revanche leurs grands yeux ouverts tout empathiques et pleins de charme
    M’ont transpercé de leur amour par leurs beaux regards adorables.
    Au moindre intrus, là, découvert mes deux lares déclenchent l’alarme
    En hululant avec humour « hou hou vas-tu donc, misérable ! »

    Nos quatre chouettes peintes « Ma », « Chen », « Chou » et « Hette »

  • Un pont entre les différentes cultures

    Qu’il serait bon de rapprocher les langues de tous les pays
    Par un pont socio-culturel qui fasse office de traducteur
    Bien arrimé sur les rochers sans se retrouver envahi
    Par le racisme naturel qui revient toujours destructeur !

    Qu’ils seraient bons les bancs d’école où l’on apprendrait les matières
    Selon la langue naturelle qui convient à chaque partie.
    Organiser des protocoles qui sauraient ouvrir les frontières
    Par l’enseignement structurel des disciplines réparties :

    En français la philosophie et en anglais l’économie ;
    L’histoire du monde en espagnol et la musique en italien.
    En allemand la géographie et en arabe l’astronomie ;
    Il serait assez croquignol d’yodler les maths en tyrolien.

    Mais Dieu, qui s’est mis à brouiller les langues à la Tour de Babel,
    A créé l’homme à son image avec qualités et défauts.
    Et les états nous embrouiller, et les riches en faire de plus belle
    Comme s’il cela leur serait dommage de se comprendre comme il faut.

    Je vous vois les sourcils froncer car il est dur de se comprendre
    Et chasser l’abomination des haines et des appréhensions.
    Anglais, allemand ou français, il serait ludique d’apprendre
    Les bons trucs que chaque nation renferme dans ses traditions.

    Tableau de Jacek Yerka

  • Spirit of Adventure

    Puisque gouverner, c’est prévoir, laissons faire les spécialistes
    Qui savent si bien diriger l’aventure au coin de la rue.
    Surtout s’il se met à pleuvoir des problèmes capitalistes
    Tels que le chômage obligé quand la jeunesse a disparu.

    Confions notre économie aux magnats de l’escroquerie.
    Qui saurait mieux nous protéger qu’un voleur craignant d’être volé ?
    Surtout s’il a la bonhommie et cet air de cachoterie
    Qui sauront mieux nous alléger de notre capital envolé.

    Les pieds-nickelés aux finances, et les Rapetou au budget,
    Arsène Lupin au patrimoine, la bande à Bonnot aux impôts.
    Avec eux plus de manigances, plus de pots-de-vin adjugés
    À ces fieffés putains de moines qui se sucrent sur notre dos.

    J’en ai rêvé, Manu l’a fait et son gouvernement pourri
    S’en va nous déclarer la guerre aux ennemis de ses amis.
    Par un jeu de cause à effet, les machinations lui sourient ;
    Quant aux regrets, il n’en a guère malgré tout ce qu’il nous a mis.

    Claude Lelouch, réalisateur du film « L’aventure c’est l’aventure » avec ses acteurs Johnny Halliday, Charles Gérard, Nicole Courcel, Lino Ventura et Jacques Brel manquent Charles Denner et Aldo Maccione partis draguer les midinettes.

  • La sirène rousse

    Je croyais les sirènes rousses, fruit de mon imagination
    Jusqu’à ce que j’en rencontre une en train de peigner ses cheveux.
    Apparemment ceux-ci repoussent avec tant de fascination
    Que les marins, comme des prunes, tombent tous seuls quand elle le veut.

    Et moi qui suis souvent tombé des dernières pluies précédentes,
    Je me suis laissé fasciner par l’abondante chevelure.
    Le cœur et le sexe bombés par cette tignasse abondante,
    Je m’suis vu mort, halluciné, rongé aux fines dentelures.

    L’homme est bon la plupart du temps mais moi, j’ai du sang de navet ;
    Sans doute dû à mon régime végétarien présupposé.
    Dès le premier croc débutant, son aversion s’est aggravée
    Et plus jamais ne nous revîmes ni n’échangeâmes de baiser.

    Illustration de Warwick Goble

  • Rêve de sirène

    La sirène rêve sur ses deux jambes plutôt qu’une queue, c’est plus sûr
    Afin de n’ pas tomber du lit de la rivière ensommeillée.
    Elle compte les beaux marins ingambes qui sautent comme des moutons mûrs
    Sous les délires et stimuli de ses fantasmes émerveillés.

    Entre deux eaux la sirène songe dans un sommeil paradoxal
    Car les poissons ne dorment pas plus de trois ou quatre secondes.
    Alors le conte est un mensonge car dans le royaume abyssal
    Elle ne rêve que de repas et de bonne chère féconde.

    Quant à moi, c’est tout le contraire ; lorsque je rêve de sirène,
    Je sens ma queue se dilater, s’allonger comme Pinocchio.
    Sans doute le besoin de traire la vache-à-lait toujours sereine
    Aux mamelons chocolatés des geishas-poissons de Tokyo.

    Illustration de Harold Gaze

  • La carte maîtresse

    La vie évoque un jeu de cartes avec ses lames et ses figures,
    Les couleurs de ses religions et la valeur de chaque membre.
    Trop souvent la chance s’écarte vers un jeu de mauvais augure
    Et les coups fourrés sont légion depuis janvier jusqu’en décembre.

    Mais à force de recommencer tous les ans le jeu de la vie,
    On apprend à anticiper et à former des stratégies.
    Le jeu des reines romancé avec les cavaliers ravis
    Permettent de s’émanciper et de trouver son élégie.

    Enfin l’enfant devient adulte et connaît sa carte maîtresse
    Qui conduit à réaliser ce qui répond à ses envies.
    Enfin il gagne et il exulte ; il ne connaît plus la détresse
    Et saura idéaliser la fin du grand jeu de sa vie.

    Collages de Pablo Balzo

  • Le nirvâna

    Prier à deux, entrelacés, permet d’atteindre le nirvâna ;
    Selon certaines positions, le résultat est garanti.
    D’ailleurs Dieu serait mal placé de dire au mec et sa nana
    Qu’il existe une opposition quand l’amour n’est pas pressenti.

    Pour pénétrer à l’intérieur de ce paradis consacré,
    Une petite cérémonie vous ouvre la porte du temple ;
    Quelques frottements ultérieurs sur le Mont de Vénus sacré
    Donnés avec parcimonie font la pénétration plus ample.

    On entre on sort comme au moulin, on fait beaucoup d’allers-retours
    Car dans le temple de la passion, on n’est ni dedans ni dehors.
    Et l’étalon, jeune poulain, aura besoin de quelques tours
    Qu’une prière de compassion bénira d’un confiteor.

    Photo de Susan King

  • À marée basse

    À marée basse, les cavernes tremblent d’un air renouvelé
    Deux fois par jour des vents du large qui soufflent du septentrion.
    Les harmoniques qui gouvernent la note tonique élevée
    Sont issues de sons qui émargent de la corne d’Amphitryon.

    On l’appelle « la chambre d’écho » qui vibre de la voix des dieux
    Qui ne nécessitent nulle église, ni mosquée et ni synagogue.
    Ici, nul besoin de déco, d’or ou de décors dispendieux ;
    Seulement d’un lieu qui fidélise celui qui se veut pédagogue.

    Ainsi les jeunes enseignants viennent écouter les anciens
    Pour en recueillir l’expérience à transmettre aux générations.
    Lorsque les vents se font saignants des égrégores nécromanciens,
    La grotte en filtre la vaillance des héros en vénération.

    Tableau d’Edward Poynter

  • 21 grammes et des poussières

    Des scientifiques ont trouvé vingt-et-un grammes, le poids de l’âme ;
    Âme qui se doit d’être légère pour être jugée admissible.
    Maintenant il reste à prouver le poids du cœur et de la flamme
    Des amours folles et passagères et des passions inextinguibles.

    Le poids de l’esprit sur le corps ? Encore un truc à éclaircir.
    Le poids de l’âme, le poids du cœur ? Assez difficile à admettre.
    Comment sont-ils tous en accord ? L’énigme ne cesse de s’épaissir.
    Le poids qui a le plus de valeur ? Celui du savoir à transmettre…

    Pourtant il reste à établir le poids du bien au cœur du mal,
    Le poids du mal au cœur du bien et puis celui de la folie.
    Enfin nous pourrons rétablir la part du côté animal
    Qu’il reste dans les poils pubiens qui cachent le poids le plus joli.

    Tableau de Rogie Custodio

  • Nous ne nous nourrirons plus !

    Boules de graisse et maisonnettes sont dans leur collimateur
    Et les amis des oiseaux moqués par les ornithos ;
    Cette branche de la planète bouderait les amateurs
    Qui entretiennent un réseau d’anges gardiens incognitos :

    « Ils sont parfaitement capables de passer l’hiver sans effroi
    Et de pouvoir se nourrir aux plus basses températures.
    Ils se servent de leurs plumages pour se protéger du froid
    Et ne craignent de mourir ni de faim ni de froidure. »

    Fi des écolos en herbe qui régentent la planète
    Comme si j’avais attendu leurs conseils pour la sauver !
    Je les laisse à leurs proverbes sur leurs beaux sites internet
    Et prête l’oreille tendue aux oiseaux et leurs couvées.

    Tant pis pour ces parasites et leurs savants rouspétages !
    J’aime les cuicuis fortuits de mes piafs à satiété,
    Les observer en visite à mon quatrième étage
    Et l’enchantement gratuit qu’ils offrent en toute amitié.

    Tableau de Yevgenia Nayberg sur https://www.20min.ch/fr/story/nature-cest-pour-notre-plaisir-que-lon-nourrit-les-oiseaux-en-hiver-611053527629

  • La ronde des cœurs

    Ils ont tous le cœur sur la main comme pour payer l’amour comptant ;
    Ils aiment un peu, passionnément ; ils aiment beaucoup… ou pas du tout.
    Jamais du jour au lendemain on n’aurait parlé tout autant
    D’amour aussi intensément qu’il en est le meilleur atout.

    Elles réfléchissent avec le cœur comme pour en paver leurs pensées ;
    Elles aiment un jour et pour toujours quitte à ce qu’il en perde la tête.
    Elles cherchent à gagner leur vainqueur et aiment le récompenser
    Et reconnaître sa bravoure en copulant comme une bête.

    Eux, ne pensent qu’avec leur membre comme baguette de sourcier
    Qui cherche la bonne fontaine ou la jolie pucelle à prendre.
    Eux, font plutôt du sport en chambre car en amour, c’est pas sorcier,
    Tant qu’ils courront la prétentaine, ils auront toujours à apprendre.

    Nous faisons la ronde des cœurs comme un système planétaire
    Où tout gravite autour du sexe par l’attraction des sentiments.
    Le temps agit à contrecœur envers les heureux solitaires
    En leur offrant la vie complexe qu’ils n’auraient pas eu autrement.

    Collages de Pablo Balzo

  • Station météo

    Une jolie grenouille rose sur l’échelle barométrique
    M’indique la couleur du temps propice à la situation.
    Selon la météo morose, elle reste au seuil hygrométrique ;
    Un pied au sol, l’autre butant sur la première graduation.

    Une éclaircie, elle remonte, les seins au sixième échelon ;
    Un temps vif la fait décoller, la tête à travers l’œil-de-bœuf.
    Parfois l’idiote me fait honte, pointe au plus haut son mamelon
    Qui s’en revient caracoler jusqu’au degré soixante-neuf.

    Un peu d’amour, un peu d’eau fraîche pour récompenser ma grenouille
    Quand elle m’apporte le beau temps et des désirs à essaimer.
    Je caresse ses fesses revêches et, lorsque la bébête mouille,
    Je la récompense d’autant d’une érection pour mieux l’aimer.

    Photo Mark Arbeit

  • La guitaroïde

    Fi des musiques mécaniques aux douze mesures du blues ;
    Vivent les rythmes alternatifs et les mélodies innovantes
    Quand la guitare communique une vibration andalouse
    Sur le ton imaginatif d’une chansonnette émouvante !

    Si la guitare semble neutre, indifférente à la chanson,
    Son âme interne se déforme selon les cordes en vibration
    Quand un doigt doux comme du feutre trouble les basses d’un frisson
    Ou quand un glissé uniforme fugue d’une improvisation.

    La guitare instrument d’amour possède sa carte du tendre ;
    Ici Vénus est acoustique et Cupidon sonorisé.
    Chanson triste ou chanson d’humour, le cœur ne se fait pas attendre
    Et prend une route artistique aux volutes harmonisées.

    Illustration de James Jean sur http://www.jamesjean.com/2021/p1upq8qe17leffgwfuscwz6o8c1qqm

  • Ruby & Lino – 2

    Ça y est, Ruby a décidé : On déménage pour de bon !
    Tout le monde est dans les cartons, particulièrement Lino.
    Les étagères sont évidées et se retrouvent en un bond
    Occupées par notre chaton y vautrant ses abdominaux.

    Ça y est, le linge est emballé, pas de Lino à l’horizon ;
    On entend quelques grattements dans un carton juste en dessous.
    Bien sûr, sitôt redéballé, Lino s’extirpe de sa prison
    En soufflant maladroitement envers sa geôlière à deux sous.

    Ruby rêve d’appartement dans un quartier chic et vivant ;
    Lino rêve de la campagne avec oiseaux à sa portée.
    Il y a comme un flottement sur les épisodes suivants :
    Qui est-ce qui perd, qui est-ce qui gagne à voir son rêve transporté ?

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Ruby & Lino – 1

    Ruby-jolie, femme morose, chérit le vert complémentaire
    À l’atmosphère de ses nuits blanches et ses soucis omniprésents.
    Lino, placide chat au nez rose, aime le giron salutaire
    Pour ronronner entre les hanches à savourer le temps présent.

    Ruby vit seule sans enfant, sans mari pour l’apostropher
    Mais sa mère est au téléphone, la famille n’est jamais trop loin.
    Lino, rentre souvent triomphant avec une souris pour trophée
    Même s’il n’y a jamais personne pour l’apprécier néanmoins.

    Ruby rêve au prince charmant qui s’est perdu dans son royaume,
    Ou tombé dans une oubliette, ou qui a dédaigné sa valeur.
    Lino, derrière les sarments, chasse et surveille son macrobiome
    Pour repérer quelques minettes car c’est la saison des chaleurs.

    Pas de Lino au potager, ce soir c’est la révolution !
    Il a fugué. On ne sait où ? Mais non ! Il dort dans un carton.
    Ruby voudrait déménager mais tourne en circonvolutions.
    Sans doute attend-elle le mois d’août pour dire : « C’est décidé, partons ! »

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Les rois en folie

    Le Roi de Trèfle ou Alexandre règne de janvier à décembre ;
    Après il cesse ses fonctions ; il y a eu la révolution.
    Il s’est exilé en Bretagne chez des cousins de Charlemagne
    Et mène une vie opportune grâce à son immense fortune.

    Le Roi de Cœur s’appelle Charles – c’est Charlemagne dont on parle –
    Et règne sur un grand empire pour le meilleur et pour le pire.
    Car pour le pire, il eut trois fils afin que l’histoire aboutisse
    À une Europe partagée et, par des guerres, saccagée.

    Le Roi de Carreau, alias César – évidemment Jules César –
    Aurait joué de l’hélicon en franchissant le Rubicon
    Et d’ailleurs son déterminisme valait bien cet anachronisme.
    Quoi qu’il en soit, je vous conseille d’aller l’écouter à Marseille.

    Le Roi de Pique ou Roi David dont la bible se montre avide,
    Tua Goliath d’un coup de fronde, c’est ce que l’on dit à la ronde.
    Il écrivit plusieurs poèmes, psaumes et chansons de bohème ;
    Il trouverait aujourd’hui sa voie, en déclamant sa belle voix.

    Jeu de cartes érotique « Le Florentin » de Paul-Émile Bécat, 1955

  • Les reines en folie

    Reine de Trèfle, alias Argine, elle se nommait en fait Régine
    Qui signifie « reine » en latin et ce n’est pas du baratin.
    Elle aimait l’argent avant tout – ce n’est pas son meilleur atout
    Car elle se fait voler son or par son fils qui la déshonore.

    Judith, héroïne biblique, Reine de Cœur, femme publique,
    Coupa la tête de son amant comme il est dit dans les romans,
    À moins que ce soit celle de Jean ou de toute une foule de gens
    Récompensés non sans humour pour l’avoir trop aimée d’amour.

    Rachel, la Reine des Carreaux, née sous le signe du taureau,
    Est également un personnage dont la bible fait l’apanage.
    Toutes celles portant ce prénom ne sont pas toutes au Parthénon
    Mais savent vous donner au lit, dit-on, les meilleurs stimuli.

    Athena, la Reine de Pique, ou Pallas, la déesse épique,
    Symbolisait encore la mort qu’elle donnait sans le moindre remords.
    Que nous reste-t-il de ses charmes sinon le souvenir des armes
    Lorsqu’elle guerroyait aux côtés des héros de l’antiquité ?

    Jeu de cartes érotique « Le Florentin » de Paul-Émile Bécat, 1955

  • Présence de la pyramide

    En attendant que Marianne puisse se hisser elle-même
    Au sommet de la pyramide, les femmes devront prévaloir
    Car franchir la ligne médiane s’avère être un profond dilemme
    Quand c’est le sexe qui intimide les électeurs dans l’isoloir.

    Bien que la beauté soit un gage pour rayonner dans les médias,
    Les femmes entre elles se jalousent, c’est inévitable et ça date.
    Parmi les hommes se dégage la volonté dans l’immédiat
    De faire mordre la pelouse à leurs futures candidates.

    Le sexe est dur pour pénétrer le saint des saints de l’Élysée
    Et les femmes trop intellectuelles pour s’y préparer à l’ENA.
    Je suggère, pour s’en dépêtrer, une rencontre télévisée
    Sur les pratiques sexuelles à l’Assemblée et au Sénat.

    Tableau de Nicolas Blanc

  • La vestale olympique

    De nos jours les jolies vestales ne sont plus des saintes nitouches ;
    Si leur langage est ordurier, leurs tenues le sont tout autant.
    Plus elles sont sur leur piédestal et plus elles paraissent louches,
    Plus elles obtiennent les lauriers et l’admiration des votants.

    Car si elles ont été élues pour mieux représenter la France,
    On se demande comment seront celles des prochaines présidentielles.
    Sans doute putes chevelues montrant leurs charmes à outrance
    À faire trembler les chaperons des quatre vertus essentielles.

    La force de la séduction est devenue une addiction ;
    Toute prudence est révolue, le ridicule ne tue plus.
    La tempérance se mesure à l’aune de sa démesure
    Et la justice, les braillards s’en tamponnent le coquillard.

    Les athlètes du monde entier se déshabillent pour le « Calendrier des Charités », et les photos feront battre votre cœur plus vite sur https://www.boredpanda.com/athletes-charity-calendar-photoshoot-dominica-cuda

  • Jonas & Cie

    Une fois que la baleine a ri, elle est presque dans votre lit
    Qu’il faut prévoir suffisamment robuste envers les soubresauts.
    Préparez-en le gabarit, prévoyez toutes ses folies
    Vous pourrez alors galamment atteindre les fonds abyssaux.

    Comme naîtront maints baleineaux, il faudra loger tout ce monde
    Et lui bâtir tout un village flanqué de quelques aéroports.
    Pour les touristes infernaux et toute leurs marmailles immondes
    Qui viendront voir votre élevage de cétacés sous tous rapports.

    Hélas la mégalomanie de cette industrie du délire
    Finira par tomber à l’eau car la Terre n’est pas assez forte
    Pour abriter cette avanie qui lui remplit la tirelire
    Mais qui selon les écolos en fait les fléaux de toutes sortes.

    Tableau de Roch Urbaniak sur http://rochurbaniak.com/portfolio/items/stary-zegarmistrz

  • Pour dérider la baleine

    Qui déridera la baleine souriant de tous ses fanons,
    Aura titre de fou du roi parmi les princes de Neptune.
    Qui fera rire à perdre haleine, sirènes sexys et canons
    Se fera nommer de surcroît star spirituelle et opportune.

    Gare aux tempêtes de fou rire, aux ouragans de rigolades
    Car un léviathan qui s’esclaffe fait plus d’effet qu’un papillon
    Dont l’ébrouement d’ailes en délire provoqué depuis les Cyclades
    Déclenche des vents qui décoiffent nos élus en plein roupillon.

    Tableaux de Piero Schirinzi sur https://poramoralarte-exposito.blogspot.com/2018/11/piero-schirinzi_18.html

  • La nouvelle position du missionnaire

    Les religions, il faut le dire, mettent les yeux en face des trous ;
    Le judaïsme à cet effet en a placé un dans les draps.
    Le christianisme souhaite interdire la contraception peu ou prou ;
    « La conception est un bienfait, la femme un jour le comprendra. »

    Histoire de mettre son grain de sel, la position du missionnaire
    Gagnerait à mieux s’adapter à l’Islam qui monte à la crête.
    Reste à convertir les donzelles à l’appel réquisitionnaire
    De la position pour capter la puissance divine en levrette.

    Dorota Wojcik photographiée par Mario Sorrenti

  • La fortune dépouillée

    Cette année la bonne fortune aura un rude parti pris ;
    La corne d’abondance à droite mais à gauche assez dépouillée.
    Ainsi ceux qui auront la thune connaîtront la paix de l’esprit
    Tandis que les pauvres qu’ils exploitent subiront une dérouillée.

    C’est pourtant faute à la fortune qui néglige ainsi sa tenue
    Mais comme elle n’avait que deux mains, elle a opté pour la richesse
    C’est pourquoi la brise opportune me l’a dévoilée toute nue
    Et évidemment, c’est humain, je n’ai eu d’yeux que pour ses fesses.

    La fortune m’a proposé un peu d’amour pour quelques pièces
    Que j’ai investies en croyant que mes sens seraient apaisés.
    Je ne pouvais pas supposer les frais requis avec hardiesse ;
    Désormais je suis prévoyant et je ne me fais plus baiser.

    Tableau d’Ernst Friedrich von Liphart

  • Juste l’essentiel qu’il fallait démontrer

    Si plusieurs traits de caractères, le cœur et l’âme, caractérisent,
    Juste un seul bon trait de crayon sait flatter le corps d’une femme.
    Si l’esprit si souvent s’altère devant les maux qui l’électrisent,
    Mon œil en connaît un rayon pour nourrir tout ce qui m’affame.

    Mais quelle courbe, aux mathématiques aussi subtiles que complexes,
    Circonscrit le cercle au pinacle formé du triangle sacré !
    Mieux qu’un portrait astrologique qui trouble le natif perplexe,
    Un beau dessin tient du miracle par sa ligne claire consacrée.

    Illustration de Blanca Miró Skoudy

  • Paris-Ballon

    Que cela vous étonne ou non,
    Paris-Ballon est une femme.
    Rien à voir avec le football
    mais plutôt avec l’érotisme.
    Une Cheerleader de renom,
    reine dans l’art de la réclame
    Fière d’incarner le sex-symbol
    d’un équitable patriotisme.

    Un jour lui naquit un ballon
    en son petit ventre girond ;
    Paris-Ballon devenait mère
    devant son public extasié.
    Alors elle prit du galon
    arborant son trophée tout rond
    Ainsi que deux glandes mammaires
    qui pointaient sous le chemisier.

    Elle accoucha d’un ballonnet,
    aussi bleu que ses tétons rouges ;
    L’enfant qui ne manquait pas d’air
    s’éleva vite en société.
    Comme il grandit, le garçonnet,
    comme il voltige et comme il bouge !
    Venez tous voir au belvédère
    leur spectacle de variétés !

    Tableau de Daniela Uhlig

  • Selon son point de vue

    Je ne suis pas autant lion que j’aurais aimé le montrer
    Et la plupart de mes amis me voient plutôt comme un mouton.
    Je vis pourtant comme un champion, d’ailleurs je suis très concentré
    À braver tous les ennemis que vous et moi, nous redoutons.

    Ce doit être une question d’angle ou bien de valeurs différentes ;
    Les femmes vénales m’évitent, les hommes d’affaires également.
    Si d’aventure je m’étrangle selon comme on me représente,
    Je sais que les regards lévitent par-dessus mon signalement.

    Si vous aussi on vous surnomme « Petite tête », « Petite bite »
    Ou qu’une image mal dégommée tente de vous disqualifier,
    Dites-vous bien que le bonhomme a de la merde dans les orbites
    Ou se la pète sur des sommets où l’esprit s’est raréfié.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Séréna, tendre chimère

    La Séréna m’a seriné
    en tournant sept fois dans sa bouche
    Sa langue fourchue telle un serpent
    tandis que nous parlions ensemble.
    Je n’étais pas rasséréné
    et estimais même très louche
    Qu’elle m’attire en ses arpents
    avec des chaînes par exemple.

    Alors j’ai sorti mon Portable
    avant qu’elle ne se déchaîne
    Car la sirène s’exprima
    d’une plaintive mélancolie.
    Elle devint plus volubile
    lorsqu’elle verrouilla mes chaînes
    Sur la porte et qu’elle m’intima
    l’ordre de la rejoindre au lit.

    Eh bien les vieux mythes sont mités
    sur les amantes religieuses
    Qui ne sont pas celles qu’on croit
    mais des nymphomanes toutefois !
    Elles ne seront jamais imitées
    et leurs prouesses prodigieuses
    Au lit, d’un succès qui s’accroît,
    Font qu’on n’y goûte qu’une fois.

    Illustration de Daniela Uhlig sur https://poramoralarte-exposito.blogspot.com/2016/10/daniela-uhlig_18.html?m=0&hl=es_419

  • Les origines stellaires

    À choisir entre un cœur d’étoile et un cœur de Lune implanté,
    Je préfère une lignée stellaire plutôt qu’une branche pointue.
    Et toutes les âmes en toile de fond qui m’auront transplanté
    Seront fières d’être parcellaires dans le corps qui me constitue.

    Et je renie de tout mon cœur ce faux péché originel
    Dont les religions font leur joug pour asservir leurs suppliciés
    Et ce Dieu semant la rancœur n’est rien d’autre qu’un criminel
    Qui joue de nous comme un joujou dans son enfer maléficié.

    Illustration de Lan Truong

  • Médusa, tendre chimère

    La Médusa m’a médusé
    en tournant sept fois sa coiffure
    De serpents mêlant sifflements
    dans notre communication.
    Voilà pourquoi j’ai refusé
    car il y avait trop de friture
    Pour se parler paisiblement
    sans créer de vindication.

    Alors j’ai sorti mon miroir
    et l’ai tourné vers Médusa
    Que le regard fit éclater
    pour sept bonnes années de malheur.
    Mais elle ouvrit grand son tiroir
    dont le contenu m’amusa :
    Préservatifs chocolatés
    qui embaumaient sous la chaleur.

    Eh bien la légende qui prétend
    qu’elle paralyse ses amants
    Est infondée car au contraire
    nos amours furent des plus heureuses.
    Nulle toxine sécrétant
    un poison concomitamment
    Sauf le nectar que j’ai pu traire
    de sa poitrine généreuse.

    Illustration de Daniela Uhlig sur https://poramoralarte-exposito.blogspot.com/2016/10/daniela-uhlig_18.html?m=0&hl=es_419

  • L’ineffable beauté

    Ineffable et insoutenable, la beauté ne se reproduit
    Ni sur l’image d’un tableau ni sur une photographie.
    Seul le miroir serait capable d’en renvoyer un sous-produit
    Inversé derrière un hublot d’impossible iconographie.

    Ni raison ni définition, le beau n’a pas d’explication ;
    On l’adore tout simplement aussitôt le premier regard.
    Pis ! Avec ou sans finition, avec ou sans complication,
    Le beau se suffit amplement à lui-même à tous les égards.

    Les belles femmes s’interrogent devant l’image réfléchissante :
    « Aurai-je bien la préférence, m’en sortirai-je avec panache ? »
    En effet personne ne déroge à la loi cruelle et cassante
    Qui vous juge sur l’apparence sans connaître ce qu’elle cache.

    Tableau de James Jean sur https://theresaryan.wordpress.com/2010/03/30/in-the-jeans-an-interview-with-james-jean .

  • L’idée d’avoir un chien m’a traversé…

    J’ai eu l’idée d’avoir un chien ; cela m’a traversé l’esprit
    Mais je vis en appartement et je ne veux pas son mépris.

    J’ai eu l’idée d’avoir un chien ; cela m’a traversé le cœur
    Mais le sortir trois fois par jour… je le ferais à contrecœur.

    J’ai eu l’idée d’avoir un chien ; cela m’a traversé le corps
    Mais Monsieur mon propriétaire ne me donne pas son accord.

    J’ai eu l’idée d’avoir un chien ; cela a traversé mon âme
    Mais comme je suis un peu jaloux, j’ai peur qu’il préfère ma femme.

    Puis j’ai pensé avoir un chat ; cela plaisait à ma compagne
    Mais il était neurasthénique et je l’ai mis à la campagne.

    Aujourd’hui j’nourris les oiseaux ; je leur ai mis une mangeoire,
    Une piscine et un jet d’eau pour s’en servir de pataugeoire.

    Illustration de James Jean sur http://www.jamesjean.com/2021/p1upq8qe17leffgwfuscwz6o8c1qqm .

  • Les as en folie

    L’As de Trèfle, il faut le savoir, est l’hôte qui sait recevoir
    La suite du Deux jusqu’au Dix et les figures qui se gaudissent
    Dans son palais encourageant ses propres blanchiments d’argent ;
    L’As de trèfle, il faut l’avouer, est une canaille enjouée.

    L’As de Cœur se montre vainqueur en épousant le Deux de Cœur ;
    Ensemble ils procréeront le Trois jusqu’au Dix, Valet, Dame et Roi.
    Deux As de Cœur, cela arrive mais la famille à la dérive
    Provoquera des cas sociaux soumis à des juges impartiaux.

    L’As de Carreau, planque ses sous, de façon sens dessus dessous ;
    Du Deux au Dix, en fin de mois, toute la famille est en émoi
    Mais il s’en va crier famine auprès des Figures qui ruminent
    Et l’expédient à la bataille se faire tuer vaille que vaille.

    L’As de Pique monte la garde, armé d’une grande hallebarde
    Pour défendre un château de cartes comme décrit sur la pancarte
    Qui montre un bien immobilier où tous seront domiciliés,
    Du Deux au Dix, au rez-de-chaussée et les Figures sont exhaussées.

    Jeu de cartes érotique « Le Florentin » de Paul-Émile Bécat, 1955.

  • Les valets en folie

    Le Valet de Trèfle – dit Lancelot – ne s’laiss’pas aller à vau-l’eau ;
    Il aime la Reine Guenièvre avec tant d’amour, tant de fièvre,
    Qu’il en fait un défi au Roi : pourquoi pas un ménage à trois ?
    Mais en amour comme à la guerre, des alliés, on n’en a guère…

    Lahire, le Valet de cœur, compagnon d’armes souvent vainqueur,
    A aimé Jeanne la pucelle qui lui disait : « Tu m’ensorcelles ! »
    D’un caractère colérique mais d’une bravoure homérique,
    Il a su donner à sa dame une histoire d’amour haut de gamme.

    Hector, le Valet de carreau, n’est pas avocat au barreau,
    N’a pas fait la guerre de Troie mais a quand même servi deux Rois ;
    De Charles VII à Louis XI, il eut la médaille de bronze
    Du grand Ordre de Saint-Michel dont il avait gravi l’échelle.

    Hogier enfin, Valet de Pique, fut l’un des compagnons épiques
    Et fidèles de Charlemagne au cours de nombreuses campagnes.
    En l’an huit cent, le Petit Prince, présent lors du sacre de Reims,
    Accrocha sa rose fragile à ce colosse aux pieds d’argile.

    Jeu de cartes érotique « Le Florentin » de Paul-Émile Bécat, 1955

  • Le monde méli-mélo

    Toutes les petites cellules qui forment les gouvernements
    Ont besoin du nerf de la guerre donc d’argent frais à disposer.
    C’est ainsi qu’il faut que pullulent misère, remords et tourments
    Pour des états qui n’en ont guère, du moins c’est c’qu’on peut supposer.

    Les pays riches ainsi financent la fabrication d’armements
    Qui vont alimenter les luttes et tous les conflits présumés.
    Ils revendent avec pertinence celles votées au parlement
    Qui provoqueront des volutes de gens qui partent en fumée.

    Enfin pour endormir le peuple et l’abandonner lâchement,
    On se livre au trafic de drogue dont on sélectionne les vendeurs
    Qui reverseront en aveugle les profits d’enrichissements
    Aux mosquées, églises, synagogues ; l’opium même de ces pourfendeurs.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Marianne méli-mélo

    Depuis lors que feu-Notre-Dame n’est plus la flèche de Paris,
    L’Élysée fait feu de tout bois et Marianne est toute nue,
    Voici pourquoi nous décidâmes d’aller surveiller le mari
    Qui met Marianne aux abois et les Français disconvenus.

    Sans doute trop de ministères, de bureaucrates, de fonctionnaires,
    De régions, de départements, de cantons, communes et villages,
    De la Provence au Finistère, d’élus véreux et débonnaires
    Ont effilé le parlement à force de batifolages.

    Avec des patchworks de couleurs, cousus de fil blanc national,
    On a pris trop de libertés tissées dans l’illégalité.
    Les gilets jaunes dans la douleur de leurs luttes inter régionales
    Ne cesseront de manifester contre ces inégalités.

    Heureusement la reine-mère a voulu se renouveler
    En se retroussant et les manches et ses jupons républicains.
    Sauf que ses deux implants mammaires sont tombés et ont révélé
    Des attributs entre les hanches contenant tout le Saint-Frusquin.

    Collages de Laura Heine.

  • Cendrillon, la sirène à l’étoile

    En souvenir d’un bal masqué qui finit en queue de poisson,
    Cendrillon conserva l’étoile qui ornait son soulier de vair.
    Le petit prince estomaqué noya son spleen dans la boisson
    Et nul ne souleva le voile du mystère à peine recouvert.

    C’était sans compter sur le lien qui unissait les deux étoiles
    Car le prince avait recueilli celle abandonnée dans la fuite.
    Bien que les récifs coralliens soient loin pour un bateau à voile,
    Il embarqua enorgueilli et se lança à sa poursuite.

    Je ne sais plus qui renonça du prince ou de notre sirène
    À son royaume ou ses abysses pour souffrir une adaptation.
    Toujours est-il qu’on annonça auprès du Roi et de la Reine
    Qu’il fallait que tous deux subissent de sérieux cours de natation.

    Reproduction de Chéri Hérouard pour « La Vie Parisienne ».

  • La poussée d’Andromède

    Je sais la poussée d’Archimède
    Sur tous les corps plongés dans l’eau ;
    En revanche celle d’Andromède
    Me paraît plus sortir du lot.

    Si un corps masculin quelconque
    Nage comme un têtard débutant,
    Jusqu’à présent on ne vit onques
    Une grenouille en faire autant.

    Or Andromède, c’est bien connu,
    Nous a comblé cette lacune
    En observant les ingénues
    Qui plongeaient nues dans la lagune.

    Une fois dans leur élément,
    Les jeunes nymphettes sereines
    Se transforment délibérément
    Peu à peu en jolies sirènes.

    Leurs jambes se couvrent d’écailles,
    Des branchies se joignent aux poumons
    Et l’on voit parmi les rocailles
    Des anges devenir démons.

    Car le menu de la semaine
    N’est pas de soupe de poisson
    Mais composé de viande humaine
    Et du sang pour toute boisson.

    Navigateurs autour du monde,
    Sachez que la physique exige
    Même si cela paraît immonde
    Son quota car sirène oblige !

    Les loups de mer vous le diront :
    « Il n’y a pas plus belle mort
    Qu’abandonner ses avirons
    Pour une sirène, sans remords ! »

    Tableau de George Barbier.

  • Les contes de la chatte perchée

    À chacun son truc, sa méthode	pour glaner son pain quotidien,
    Trouver l’idée au goût du jour qu’un vent de bienvenue m’apporte.
    Quand ce problème m’incommode, j’ai un Joker clitoridien ;
    Une muse qui répond toujours à une panne de la sorte.

    Je vais les chattes consulter quand je manque d’inspiration,
    Notamment celle qui est perchée sur une branche inaccessible.
    Je pallie la difficulté en simulant l’admiration
    Envers son allure recherchée par des louanges les plus sensibles.

    Je m’avance ainsi, goguenard, m’allant courir la prétentaine
    Comme le ferait un garde suisse s’en allant chasser la hulotte.
    Sans doute inspirée du renard et du corbeau de La Fontaine,
    La belle ouvre ses grandes cuisses… et laisse tomber sa culotte.

    Je m’en empare et je regagne ma page vierge où je dépose,
    En douce en tirant les rideaux, la culotte fraîchement pêchée.
    Ainsi les lauriers que je gagne et sur lesquels je me repose
    Proviennent de la libido du conte d’une chatte perchée.

    Le « te » de conte ne devrait pas se prononcer

    Illustration de Didier Cassegrain sur http://sansanfire.centerblog.net/rub-artiste-didier-cassegrain-.html .