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  • Pin-ups à l’eau de rose

    Les pin-ups les plus simples à lire sont celles qui sont écrites en prose
    Tandis qu’en vers, cela les dessert ; les rimes leur donnent des rides.
    C’est pourquoi je préfère élire les jolies filles à la peau rose
    Que je déguste tel un dessert juteux plutôt qu’un plat aride.

    Je les aime aussi au lavis ou dessinées en aquarelles
    Les doigts trempés dans le café sur la nappe d’un restaurant.
    Que ceux qui sont du même avis m’envoient en couleurs naturelles
    Leurs œuvres peintes du même effet avec différents colorants.

    Avec du vin, rouge baiser ou du rosé couperosé ;
    Avec du blanc, plus exotique pour goûter les préliminaires ;
    Du jus de fruit frais, framboisé, acidulé, saccharosé
    Qui corse l’umami érotique de la peinture culinaire.

    Aquarelles de Conrad Roset sur sur https://www.conradroset.com .

  • La ministre du sexe

    J’attends la ministre du sexe du tout nouveau gouvernement
    Qui est plongé dans la mollesse d’un chef de file bedonnant
    Car Marianne, toujours perplexe, regrette avec discernement
    Que son président lui délaisse ses charmes en l’abandonnant.

    Il nous faudrait une Aphrodite d’une santé reproductive
    Qui viendrait faire l’interface comme les Vénus de naguère.
    Après tous ces hermaphrodites aux intentions improductives,
    Je souhaiterais plutôt qu’on fasse l’amour d’préférence à la guerre.

    Une ministre pour les putes, les favorites et les maîtresses ;
    Celles qui détiennent entre leurs mains les parties intimes du pays.
    Elle mettrait fin aux disputes, à tous les signaux de détresse,
    En nous offrant des lendemains de joie sous nos yeux ébahis.

    Illustration de Norman Linsay.

  • Les vents contraires

    La droite souffle en sens contraire depuis que son jeune capitaine
    Aurait mis la main au panier au nouveau second débonnaire.
    Les vaches qu’il espérait traire se laisseront-elles faire par centaines ?
    Sans doute par l’esprit cancanier qui guide son âme divisionnaire.

    Oui mais voilà, à ce qu’on dit, le second est déboussolé
    Et confond la poupe, le centre, la proue, puis bâbord et tribord.
    Il n’a pas très approfondi sa compétence inconsolée
    D’avoir pris tellement de ventre qu’il passe souvent par-dessus bord.

    Marianne le boude paraît-il, reste enfermée dans sa cabine
    En attendant que le temps change détourné par des vents extrêmes.
    Un vent de droite battrait-il les voiles d’un état has-been ;
    Ou un vent de gauche en échange que l’bateau s’échoue à la crème ?

    Manque de pot pour le second qui veut conserver ses mandats
    Car on ne peut pas naviguer et administrer en même temps
    En attendant, il est bougon comme au jour où il quémanda
    Qu’on lui laisse sans se fatiguer un rôle bien plus important.

    Photo de John Wilhelm.

  • La colle blanche

    Qu’elle soit collante ou bien poudreuse, la neige flatte mes saveurs ;
    Saveurs des yeux pour commencer, saveur des pieds pour y marcher.
    Hélas plutôt malencontreuse quand le froid a eu ses faveurs
    Qui se préparent à m’annoncer chutes par-dessus le marché.

    J’aime bien qu’elle soit collante mais ce n’est pas moi qui le dit ;
    Ce sont les arbres des forêts et tous leurs ornements nacrés.
    J’adore leur danse indolente ; flocons-oiseaux de paradis
    Et leur parade enamourée comme une séduction sacrée.

    Les paysages immaculés portent un masque d’anonymat
    Où disparaissent les défauts, où se sublime le banal.
    Les arbres morts miraculés, les sautes d’humeur du climat
    Et les glaçons en porte-à-faux qui chutent d’un geste hivernal.

    Tableau de Brigitte Berweger.

  • Et les vaches seront bien gardées

    Tandis que la Terre s’endort, les cloches hivernent aussi.
    Les prés couverts de gelée blanche affichent un air de nostalgie.
    Fermant sa boîte de Pandore de ses doigts gourds mal dégrossi,
    Janvier s’en va, ce qui déclenche une dernière névralgie.

    Heureusement, en février, l’hiver paraît un peu plus court
    De vingt-huit journées seulement et après, qui vivra verra.
    Vénus, le pied à l’étrier tandis que Cupidon accourt
    Pour fêter les effleurements, les baisers doux et cætera.

    Excusez-moi si-je vous tire du sommeil mais je me demande
    « Que sont les vaches devenues ? Quand est-ce qu’elles referont leur show ? »
    Bien sûr la chaleur les attire et leur instinct leur recommande
    De se masser sans retenue dans une étable bien au chaud.

    Tableau de Brigitte Berweger.

  • Mais à quoi pense la sirène ?

    Parfois quand sa queue s’entortille comme un point d’interrogation,
    La sirène pense et se concentre sur quel habile subterfuge
    Elle va, de toute une flottille, attirer la navigation
    Afin de s’en remplir le ventre toute une année dans son refuge.

    Car la sirène qui pense en boucle recherche à rentabiliser
    Le panier de la ménagère lorsqu’elle sort faire son marché
    De ses deux précieuses escarboucles, ses lèvres sensibilisées
    À semer la fièvre passagère auprès des marins démarchés.

    Sa voix terrible qui roucoule séduit et envoûte à la fois,
    D’une attraction irrésistible, le moindre navire étranger.
    Et tandis que les larmes coulent aux yeux qui ont perdu la foi,
    D’une manière indéfectible, elle compose son garde-manger.

    Illustration Valeriabatz sur https://www.instagram.com/p/CrvB6frqlDW .

  • L’escorte révérencieuse

    Cela semblait très solennel, cérémonial et silencieux ;
    Le cortège remontait sans hâte, sans un bruit et majestueux,
    Puis comme un voile de flanelle ramassé et révérencieux,
    Qui aurait noyé dans la ouate un cortège très voluptueux.

    Très lents étaient ses mouvements, nage ondulée presque falote,
    Comme une déesse soumise pleurant un père disparu.
    Une escorte exclusivement composée de poissons pilotes
    Suivait la princesse promise aux circonstances encourues.

    Des requins blancs fermaient la marche et, derrière eux, une mer vide
    Mais ce fut lorsqu’ils arrivèrent qu’on comprît la cérémonie.
    Neptune, ce grand patriarche, cédait d’une main impavide
    Son trident désormais sous verre au musée sans hégémonie.

    C’était pour fêter l’ouverture du grand musée outre-Atlantique
    Sur les chimères de toutes sortes qui font les récits formidables.
    Et quand vint l’heure de la clôture, tous repartirent à l’identique,
    Sirène en tête et son escorte vers les abysses insondables.

    Illustration de Weebong.

  • Vierge ou pucelle ? Il faut choisir !

    Quelle différence existe-t-il entre la vierge et la pucelle ?
    Les deux n’ont pas connu l’amour ni vécu l’acte sexuel
    Mais si la pucelle est naïve quant à ce qui la dépucelle,
    La vierge est souvent au courant des attouchements sensuels.

    La pucelle est plutôt jeunette, la vierge peut dépasser l’âge
    Et coiffer Sainte-Catherine en cumulant les deux vertus ;
    Si tant est que cela en soit deux propriétés qui soulagent
    Le devoir de reproduction dont les religions s’évertuent.

    Ce devoir de reproduction… est-il un droit ou un devoir ?
    Dans notre moderne existence, la réponse évidente est « oui »
    Vierge ET pucelle, droit ET devoir tout cela afin de concevoir
    Une nouvelle humanité qui aurait autrement joui.

    Tableau de Hel Mort sur https://helmort.com .

  • Prométhée-moi la flamme !

    La femme de Prométhée sur Terre chercha à ranimer la flamme
    Que son mari avait volée aux dieux à l’aide de Pégase.
    Ce fut un plaisir solitaire car le bonhomme reçut pour blâme
    Le supplice du foie dévoré par l’Aigle reloux du Caucase.

    Ce fut ardu et laborieux mais elle était persévérante
    Et fit le tour de ses amants qui rendaient son mari cocu.
    Elle promit aux victorieux de la chandelle protubérante
    De savourer un bon moment car elle avait le feu au cul.

    Et ce fut l’un d’eux par hasard en jouant à la courte paille
    Qui, faisant tourner les baguettes entre ses mains sur du bois sec,
    Mit le feu à tout le bazar et lui brûla toute la quincaille
    En remontant par sa braguette… mais bon ! Il eut de belles obsèques…

    Tableau de Falk Gernegroß.

  • Kyrie, la vache

    Avec tous les fragments des feuilletons, des films et dessins animés,
    Parfois j’en crée un amalgame que seule ma mémoire perçoit.
    C’est comme un troisième œilleton qui viendrait y réanimer
    Des notes d’une nouvelle gamme si tant est qu’il les aperçoit.

    Alors la vache qui rigole regarde passer le petit train
    Dans l’interlude d’une pub qui vante l’ami Ricoré
    Qui se dissout dans les rigoles qui le transportent avec entrain
    En le répétant comme un tube qui prétend nous revigorer.

    Sur l’écran noir de mes nuits blanches, désormais j’entrevois la mire
    Et j’en profite pour régler les instruments dont elle relève.
    Puis brusquement une avalanche d’enfants menés par Casimir
    Crève mon rêve pour m’aveugler… mais non, c’est l’aube qui se lève !

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • La robote de Monsieur Seguin


    Avec ses robots, pas de chance ! Chaque fois, ils prenaient la fuite
    Pour s’en aller dans la montagne, écœurés du concubinage.
    Il est retourné à l’agence, a choisi une machine produite
    Sous le label « bonne compagne pour l’amour et pour le ménage ».

    Au début, elle fut efficace au lit autant qu’à la cuisine
    Mais peu à peu elle devint complètement neurasthénique.
    Monsieur Seguin, pas très loquace, ne vit là que défaut d’usine,
    Fit des mises à jour mais en vain pour sa robote allergénique.

    Juste un clic droit sur la fenêtre, et la petite s’échappa
    Pour escalader les sommets jusqu’à ce qu’elle pût s’asseoir.
    Tout en bas, elle crut reconnaître l’appartement du vieux pacha
    Qui l’obligeait à consommer le mariage tous les soirs.

    « Tout est si petit ! » se dit-elle « Comment ai-je pu fonctionner
    Dans ce vieux système obsolète de vieux pirates et leurs sévices ?
    Adieu Commodore, Minitel et Amstrad sous dimensionnés ;
    Demain je fais l’actu complète qui me libèrera du vice ! »

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Ce petit coin de paradis

    Nous avons tous vécu neuf mois dans notre coin de paradis
    Pour y grandir avec émoi bien à l’abri des maladies,
    Puis le fruit de la connaissance y a mûri comme un abcès
    Pour faciliter la naissance et nous en condamner l’accès.

    Et nous voici nés de la mère, précipités dans le péché
    D’évolution obligatoire pour ne pas mourir tout de suite ;
    Avaler la pilule amère et regimber mais repêché
    Par une commission rogatoire envers toute tentative de fuite.

    Malgré tout, nous voici errant dans ce long couloir de la mort
    À nous voler les uns les autres et nous tuer à qui mieux mieux,
    Cherchant le moyen aberrant d’échapper à ce triste sort
    Par une quête envers l’apôtre qui ouvrira la clef des cieux.

    Si la genèse « in utero » s’avère un destin tout tracé,
    La vie tel « dura lex sed lex » paraît un enfer obligé.
    Mais nous sommes tous les héros qui feront tout pour embrasser
    La loi qui dirige le sexe à continuer de l’infliger.

    Tableau d’Annatina Franasek sur https://www.annatinafranaszek.com/prints .

  • Vénus solaire

    Vénus, planète mystérieuse, connue comme inhospitalière,
    Jouit d’un soleil généreux lorsqu’elle change d’atmosphère.
    Sinon, elle paraît ténébreuse aux conditions particulières
    Qui rend son assaut onéreux pour une industrie aurifère.

    Or l’or n’intéresse Vénus que pour en parer ses aurores ;
    De l’or-jaune pour les boréales, du rouge-et-or pour les australes.
    Tout le reste n’est que bonus, pour les planètes qui pérorent
    En belles volutes idéales et tombées du jour magistrales.

    Vénus, sous un masque de brume, ne porte en guise de calottes
    Que des monts en forme de seins et des vaux en forme de vulves.
    N’ayez crainte qu’elle ne s’enrhume, malgré sa face un peu pâlotte ;
    Un volcan au creux du bassin en laisse échapper ses effluves !

    Seules planètes-femmes du cosmos avec la Terre sa jumelle,
    Vénus est demeurée stérile mais conserve un corps de déesse.
    Sans doute à cause d’un roi Minos qui aurait doré ses mamelles
    Puis d’une envie toute puérile d’aurifier ses belles fesses.

    Tableau de Karol Bak sur https://karolbak.com/en/english .

  • Retour à l’âge de bronze idiot

    Faut-il rhabiller les statues, recouvrir les parties honteuses,
    Cacher ce qu’on ne saurait voir ; les pénis, les vulves et les seins ?
    La censure à bride abattue par sa moralité menteuse
    Finira-t-elle par nous avoir avec ses principes malsains ?

    Maudite soit la connaissance qui cache le sexe tendu
    Et catalogue dégradant l’organe de reproduction
    – Pourtant fort utile aux naissances et à l’amour, bien entendu –
    Et tous les actes dégradant concernant son introduction.

    Paradoxalement le progrès n’a pas stoppé les religions
    Qui décrètent la révolution sexuelle comme une offense à Dieu.
    Pourtant c’est Lui, bon gré mal gré, qui en a créé des légions
    Pour exalter l’évolution sans que ce soit trop fastidieux.

    Finalement le sexe est tabou et son usage restrictif
    Uniquement par mariage pour prolonger l’humanité.
    Garçons et filles, mis bout à bout, sont considérés explosifs
    Et le naturisme : cafouillage, libertinage, insanité.

    Tableau de Paul Octave Spoutenique Lindingres extrait de « L’art d’en bas au musée d’Orsay ».

  • L’anatomie de la perte

    Expert-comptable, fais ton office ; un tableau « Recettes & Dépenses »
    Avec déboires cumulés dans la première colonne à gauche
    Et la liste des bénéfices dans celle de droite, puis tu compenses
    Toute ma vie dissimulée sous un tas de chiffres en ébauche !

    Hélas, je ne suis pas en chiffres malgré l’époque numérique ;
    Ma vie n’est pas un résultat à mettre dans « Pertes & Profits »
    Je ne serai pas le sous-fifre d’une société générique
    Qui m’offre comme seul postulat un numéro qui m’atrophie.

    Mets-moi dans les cases « Dépenses » la sueur que j’ai transpirée,
    L’amour que j’ai distribué et les rêves remis à demain.
    Mets dans la case « Récompense » le bonheur que j’ai respiré
    Après avoir contribué à le fabriquer de mes mains.

    Illustration d’Isabelle Bryer.

  • Psychédélismes

    La femme enceinte est d’un aspect complètement psychédélique
    Quand je pense à ce qui se crée à l’intérieur de sa matrice.
    Le mari reste circonspect ; son rôle naturel et phallique
    S’efface les neuf mois consacrés au travail de la conceptrice.

    Elle ressent à l’intérieur ce que, lui, voit de l’extérieur ;
    Sa féminité se concentre et lui ne voit d’elle que son ventre.
    À chaque épisode ultérieur, à chaque stade supérieur,
    La maternité se recentre et se projette dans son antre.

    Il y a celles qui adorent ça comme une drogue irrésistible ;
    Elles aiment l’état euphorique de ce vertige surnaturel.
    Et souvent elles remettent ça comme un désir irréductible
    Dont les fruits fantasmagoriques font les beaux enfants naturels.

    Tableau autoportrait de Kate Lehman sur https://conchigliadivenere.wordpress.com .

  • La femme bucolique

    Primesautières étaient les filles que je croisais dans ma jeunesse
    Et m’apparaissaient comme fleurs en quête d’abeille ou papillon.
    Bucolique jusqu’à la cheville, j’ai dû patienter pour que naisse
    L’adolescence qui m’effleure l’envie d’ôter leurs cotillons.

    Bien sûr, ces pensées angéliques et limitées à mon enfance
    Ne me dérangeaient pas d’autant que je pensais à autre chose ;
    Un super-héros famélique de huit ou neuf ans sans défense
    Effarouché et tremblotant bien avant sa métamorphose.

    Et puis l’ADN en chenille enfermée dans sa chrysalide
    Enfin perce sa carapace avec mutations opportunes.
    Hélas pendant ce temps, les filles ont pris une avance solide
    Et leur fleur, là-haut dans l’espace, demande à décrocher la Lune.

    Tableau de Mabel Rollins Harris.

  • Les lunes de l’amour

    Dernier quartier pour commencer une relation romancée
    En laissant son cœur balancer là où l’est le plus élancé.
    Mais tout seul, c’est bien monotone ; alors tâchons qu’en pleine Lune
    Un joli coup de foudre d’automne s’amorce d’une flamme opportune.

    Il est dommage que la décence m’ait interdit de vous montrer
    Comment, sous la Lune gibbeuse, leur fol amour est consumé.
    Dès l’premier quartier, son essence de folie tient à démontrer
    Encore qu’une passion flambeuse produit tous ses feux sans fumée.

    Quant à celle-là ou celui-ci qui reste seul, rien n’est fini !
    Son cœur bat toujours en accord avec le cœur qu’il a aimé.
    Le survivant bénéficie des souvenirs à l’infini
    Imprimés sur l’âme et le corps et toujours prêts à essaimer

    Tableaux de Jim Warren sur https://www.facebook.com/JimWarrenArtist .

  • Les vents de l’amour

    Sous les feux d’un soleil couchant, elle a lancé son cœur d’enfant
    Comme elle ferait d’un cerf-volant un jour où il y aurait eu grand vent.
    Mais rien n’est plus effarouchant quand on reste seul triomphant
    Car il faut deux cœurs convolant pour que l’amour aille de l’avant.

    À deux c’est déjà plus facile, le cœur s’emballe tout de suite
    Aussitôt qu’il est en présence d’un autre cœur au diapason.
    Au premier baiser tout gracile, l’amour semble prendre la fuite
    Pour s’envoler avec aisance et se sentir en pâmoison.

    Lorsque l’amour est bien lancé avec le vertige des sens,
    Les cœurs entreront en orbite à exploser le compte-tours.
    Chaque année tout est relancé et s’il y a de l’effervescence,
    Ce n’est pas que Satan l’habite mais plutôt l’Éternel retour.

    Tableaux de Jim Warren sur https://www.facebook.com/JimWarrenArtist .

  • La lutte contre les Vax

    Les Vax ont envahi la Terre mais David Vincent les a vus
    Et mène une lutte impossible contre toute incrédulité
    Que lui imposent parlementaires et pouvoirs publics entrevus
    Dont la résistance impassible n’offre que ridiculité.

    Au moins quinze races de Vax menacent l’humanité entière
    Et s’insinuent dès la naissance en se prétendant sanitaires
    En causant des pneumothorax qui brisent toutes les frontières
    Et diminuent la résistance de la barrière immunitaire.

    Apprenez à les reconnaître : ils sont comme une force aérienne
    Qui va attaquer en piqué et diffuser dans votre chair
    Des parasites qui vont naître et vivre dans votre boîte crânienne
    Pour vous rallier et appliquer leurs sombres desseins les plus chers.

    Vous porterez un Macaron comme une B-roue de secours
    Qui atteste l’obéissance à laquelle vous aurez complu.
    Fini de jouer les fanfarons, le libre arbitre n’a plus cours ;
    Les Vax de toute leur puissance nous ont vaincus, n’en parlons plus !

    Illustration de Chris Park.

  • Rencontre au sommet

    Ceux qui pètent plus haut que leurs culs ont l’habitude des sommets
    Pour échanger tout ce qui passe hors de portée des gens d’en-bas.
    Les grands de ce monde convaincus viennent alors nous assommer
    De discours pompeux efficaces pour qu’on en demeure baba.

    Notre nouveau premier ministre, grandiloquent et ampoulé
    Détient le César de l’emphase du pitoyable Rastignac
    Partant de Pau qu’il administre comme une ville chamboulée
    Par sa longue ascension en phase avec le maire de Champignac †.

    En France, nous avons l’ENA, la Star-Academy d’État,
    Qui nous fabrique d’éminentes bêtes à concours du ridicule
    Qui termineront au Sénat ou subiront la vendetta
    D’une réaction proéminente envers leur ego minuscule.

    † Le « grand prix du maire de Champignac » est un prix décerné pour la sortie la plus amphigourique de l’année.

    Tableau de Leszek Sokol.

  • Sirène at tea time

    Déjà cinq heures dans les abysses, sous l’éclat des poissons-lanternes,
    On boit le thé d’algues marines dans des tasses de porcelaine.
    Bien que la céramique subisse la profondeur qui la rend terne,
    On la rehausse d’alizarine issue de nacres pure laine.

    Car la peau des mérous se tond et donne une laine écaillée
    Qui lustre tasses et théières qui sont ainsi bien culottées.
    Cependant faute de mouton, on n’obtient que du lait caillé
    Lorsque les sirènes écaillères traient leurs mamelles ballotées

    Déjà six heures et l’éternelle obscurité est compensée
    Par les poissons luminescents dans une ambiance tamisée
    Et les sirènes confraternelles aiment venir s’y dépenser
    Pour échanger d’évanescents commérages mondialisés.

    Illustration de Megan Stringfellowd « csgirl ».

  • La mémoire de la sirène

    Avant, les huîtres-caméras n’enregistraient nulle aventure,
    Ni amourettes ni compulsions de l’intimité des sirènes.
    Aujourd’hui grâce au tempéra, une technique de peinture
    Appliquée sur une émulsion, garde les mémoires sereines.

    Les perles ainsi sont détrempées et enrobées des émotions
    Issues des jours les plus intenses de la chasse aux marins charmants.
    Et pour ne pas se détromper, avec la nacre en promotion
    Les huîtres hissent leur compétence vers un prestige désarmant.

    Ainsi le soir dans les abysses, se déroulent les souvenirs
    Les plus glorieux et valeureux des belles histoires aquatiques.
    Et ces moments les plus propices viennent justement soutenir
    Les poissons les plus malheureux ainsi que les neurasthéniques.

    La sirène choisit son programme selon l’humeur de ses amis
    Et leur remonte le moral par tous les trésors recueillis
    Lors des naufragés et des drames au cours des navires ennemis
    Qui s’échouent sur le littoral à coups de vagues enorgueillies.

    Illustration d’Antares Alkimista.

  • De main de maîtresse – 2

    Dans ce matin-là, un peu froid, monte alors une inspiration
    Qui puise à l’encre recueillie de la nuit sombre prophétique,
    Le trait tracé avec effroi qui exprime la révélation
    De la requête hier accueillie par un oracle hypothétique.

    Un signe ou un idéogramme ? Une phrase, un texte caché ?
    L’artiste ne le sait pas encore, en effet seule sa main le sait.
    Elle déchiffrera le programme auquel le sens reste attaché
    Au souhait qui lui colle au corps, au cœur et à l’âme enlacés.

    Je vois ma petite maîtresse comme un émetteur-récepteur ;
    Quand elle est nue, c’est qu’elle émet d’une encre opaque et cristalline.
    Vêtue en robe de prêtresse, elle est l’instrument collecteur
    Qui me décode et retransmet l’interprétation sibylline.

    Même si je ne comprends rien – et c’est là le profond miracle –
    Cela se décante à l’intérieur et vient s’exprimer dans mes rêves.
    Malgré l’effet baudelairien, je viens solliciter l’oracle
    Car l’avertissement postérieur m’apparaît dans sa vision brève.

    Œuvre de Lin Chin-Hsien sur https://www.catherinelarosepoesiaearte.com/2018/04/lin-chin-hsien.html .

  • Les filles aux papillons

    L’amour met des papillons bleus aux filles nées dans une rose
    À l’intérieur de l’utérus, siège de la reproduction.
    Cela explique pourquoi il pleut autant d’orages qui nous arrosent
    Car la pluie contient le virus du charme et de la séduction.

    Ainsi la maladie d’amour est un petit papillon bleu
    Qui vole et voltige sans trêve et qu’on ne voit qu’avec le cœur.
    C’est lui qui répand de l’humour pour chasser le blues nébuleux
    Quand les filles font des mauvais rêves au milieu des arbres moqueurs.

    L’amour met des papillons roses aux filles qui ont des bleus de l’âme
    En leur faisant faire des folies avant d’atteindre le pinacle
    Car si elles ont le coeur morose quand les gars déclarent leurs flammes,
    Sortir de la mélancolie tient d’un véritable miracle.

    Ainsi la maladie d’amour deviendra ce battement d’aile
    Qui provoquera des tempêtes de l’autre côté de la Terre
    Où des garçons plutôt glamour viendront pour se rapprocher d’elles
    Et leur feront perdre la tête mais dans un but humanitaire.

    (Tableaux d’Iran Francisco Lomeli Bustamante sur https://conchigliadivenere.wordpress.com/tag/iran-lomeli et sur https://catrina-burana.livejournal.com/21809.html .)

  • De main de maîtresse – 1

    Elle aime dessiner dans l’air quelques traits en quelques secondes
    Tirés à la fumée sans feu dans des bleus de Chine outremer,
    Telle une phrase épistolaire tracée de sa main vagabonde
    Et qu’elle appelle de tous ses vœux comme un art des plus éphémères.

    Rapidement communiqué, le texte disparaît à jamais ;
    Lui qui n’a vécu qu’un instant écrit à l’encre sympathique.
    Mais inutile de paniquer car les mots seront désormais
    Plus absorbés et persistant dans l’aura homéopathique.

    L’espace possède sa mémoire ; une fois l’idée exprimée,
    Elle s’imprègne dans l’éther dans une phase intraduisible,
    Puis par une divine écumoire, le texte qu’on croyait supprimé
    Est confié à Demeter dans le domaine de l’invisible.

    Alors le cycle continue dans la nuit noire ténébreuse
    Qui en condense ses réponses dans des volutes bleu-foncé
    Qui petit à petit s’insinue dans la solution filandreuse
    Qui répètera son annonce dans le prochain trait énoncé.

    Œuvre de Lin Chin-Hsien sur https://www.catherinelarosepoesiaearte.com/2018/04/lin-chin-hsien.html .

  • Les vélomorchestres

    Au temps des chevaliers-orchestres sur leurs bicyclettes montés,
    Les roues n’étaient pas très conformes et la puissance débridée.
    Tous leurs biens souvent sous séquestre leur permettaient de surmonter
    Les dettes de familles énormes aux fortunes dilapidées.

    Alors de manoirs en châteaux et de fermes en moulins à vent,
    Ils se faisaient cachetonneurs tout en poussant la chansonnette.
    Parfois, cerise sur le gâteau, ils profitaient en se gavant
    D’amourettes au petit bonheur avec mignons et mignonnettes.

    Un saxophoniste célèbre, Don Quelque-Chose faisait la manche
    Avec un trouvère doué bien que manchot pour la salsa.
    Il composa le chant funèbre d’un preux cavalier du dimanche,
    Ivre mort et tout enjoué, qui s’écroula sur la plazza.

    Quand deux chevaliers se rencontrent, ils chantent d’une voix profonde,
    Ils font un bœuf et ils s’amusent à échanger leurs répertoires.
    Les seuls qui allaient à l’encontre, étaient ceux de la table ronde
    À cause de leurs cornemuses qui crispaient tout leur auditoire.

    Tableau d’Adrian Borda sur https://nevsepic.com.ua/en/art-and-hand-drawn-graphics/page,2,20821-collection-of-works-by-romanian-artist-adrian-borda-150-works.html .

  • Sauve qui peut !

    Sauve qui peut, c’est le printemps et les mâles sortent du bois
    Comme des fieffés loups lubriques qui ont fait relâche tout l’hiver !
    Fuyez ces rapports éreintants qui vont durer pendant trois mois
    Suivis d’un été calorique jamais vu de tout l’univers !

    Sauve qui peut le mâle en rut obsédé et libidineux
    Qui veut se mettre sous la dent celles dont il a ouvert la cosse !
    Qu’il soit sec, demi-sec ou brut, il laisse un goût de résineux
    Après une heure de rentre-dedans ou d’éjaculation précoce.

    Sauve qui peut, la fin du monde est annoncée pour aujourd’hui
    Et tous les mâles ont décidé d’abuser de tout ce qui bouge !
    Fuyez ces pratiques immondes du sexe en rut et introduit
    Vers des pubis peroxydés par des phallus teintés de rouge !

    Tableau de Von Wolfe.

  • Rêve en haut, rêve en bas

    Faire de beaux rêves, c’est bien joli mais qu’en reste-t-il au réveil ?
    Des enfants qu’on aurait gagnés et qu’on n’a pas pu ramener ;
    Des projets hélas abolis avec maints trésors et merveilles
    Acquis et qui ont regagné leurs mondes perdus surannés.

    Mais le cœur n’a rien oublié des petits bonheurs clairsemés
    Qu’il a glanés sur le chemin comme des graines à replanter,
    Des p’tits poèmes à publier et des p’tits plaisirs à semer
    Qui s’épanouiront demain sans être à jamais supplantés.

    Les cauchemars sont rabat-joie mais qu’en reste-t-il au soleil ?
    Un cœur secoué d’émotions fort sournoisement tracassières ;
    Une âme enflammée qui rougeoie et qu’un vent de folie balaye
    Vers le gros tas des commotions qui disparaissent en poussières.

    Mais la mémoire est ainsi faite et stocke aussi les mauvais rêves
    Car la conscience a un penchant pour emmagasiner les souffrances ;
    Or le nuage des défaites, aussi gros soit-il, au jour crève
    D’une pluie fine en s’épanchant sur l’heure de la délivrance.

    Tableaux de Pang Torsuwan.

  • Ma course de la vie à la mort

    Là-bas, au-delà des confins des quatre horizons azurés,
    J’ai franchi à pas de géant la frontière de l’espace-temps.
    Quant au présent, tellement fin qu’il en parait démesuré,
    Il semble émerger du néant qui hier était inexistant.

    En raison de ma petitesse, je suis abusé par le leurre
    De l’infiniment grand des voies impénétrables de l’Univers.
    Demain arrive à la vitesse de mille six cents kilomètres/heure ;
    Trop vite pour celui qui ne voit pas comment il passera l’hiver.

    Si partir, c’est mourir un peu ; naître et vivre, c’est courir beaucoup
    Contre la vie, contre la montre, contre l’avis de ses parents,
    Par l’enfant qui fait ce qu’il peut, par l’adulte qui se brise le cou
    À vouloir aller à l’encontre des limites du temps apparent.

    Tableau de Mendezmendez.

  • Voyage au bout de la vie

    Les deux frontières de la vie échappent à mon entendement ;
    Je ne sais d’où vient la conscience ni où ni quand elle s’établit
    Personne n’est du même avis au sujet du commencement
    Où se déclare l’existence et pourquoi ce fait accompli ?

    J’ai cru que j’étais immortel mais j’ai perdu le premier bout
    De ma pelote qui se dévide au fur et à mesure du temps
    Et j’estime folle comme telle celle qui me souffle dans l’embout
    Qu’une mort cruelle et avide me piège comme un débutant.

    L’autre infini de l’existence, lorsqu’il finit précisément,
    Est un paradoxe en lui-même : a-t-on le temps de l’éviter ?
    Parvenu à cette distance, la fin arrive concisément
    Trancher d’un coup tout ce qu’on aime -rait prolonger d’éternité.

    Sans me prendre pour un matamore ou casse-cou récidiviste,
    J’ai plusieurs fois fait l’expérience de titiller l’extrémité
    Du fil tendu jusqu’à la mort de ma vie de stakhanoviste
    Qui fait tout pour avoir conscience d’un au-delà accrédité.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de ces images reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Mon piège à çon

    Pour les garçons, un piège à çon – avec cédille s’il vous plaît ! –
    Car s’ils ne sont pas très malins, ils sont capables de se défendre.
    Une grosse ligne, un hameçon, un beau poisson assez replet
    Et un matelas de filins amoncelés sur un scaphandre.

    Je tiens ce truc d’une sirène qui chopait ainsi les marins
    Bien que je pense toutefois qu’elle a voulu me mettre en boîte ;
    Boîte à sardines de Marennes, arôme thym et romarin ;
    Bref d’une parfaite mauvaise foi d’une huile rance inadéquate.

    Sait-on jamais, essayez donc de pratiquer ce piège à çons
    Et si vous rentrez bredouillées, je vous aurai bien attrapés.
    D’avance je demande pardon d’avoir franchi le mur du son
    De l’absurdité embrouillée d’imagination bien frappée !

    Tableau de Gérard Dubois sur http://www.gdubois.com .

  • Mon piège à fille

    Dutronc avait un piège à fille qui faisait, je crois : « Crac boum hue ! »
    Le mien convient à tous les âges, jeune femme ou adolescente.
    Je les saisis par les chevilles – je n’vous raconte pas le chahut
    Et l’expression de leurs visages dans l’ascension arborescente !

    Si elles ne portent pas de culotte, la prise à bien plus de valeur !
    Comme en cuisine contemporaine, la présentation agrémente
    Le goût des fesses en matelote que l’on saisit sous la chaleur
    D’une flamme vive et souveraine avec quelques feuilles de menthe.

    Une fois qu’elles ont bien crié, vociféré de tout leur saoul,
    Je les fais revenir à terre en donnant du mou à la corde.
    Hummm… ! Si elles sont bien grillées, je déguste d’abord leurs dessous
    Et enfin bien que cela m’atterre, la liberté je leur accorde.

    Tableau de Gérard Dubois sur http://www.gdubois.com .

  • Le concombre

    Comme elles voulaient un concombre que Dieu leur aurait refusé,
    Ménagères et suffragettes, toutes s’unirent dans les rues
    Et l’on ne vit même pas l’ombre d’un homme, ce jour récusé
    Par les terribles phalangettes des cucurbitacées bourrues.

    Pendant ce temps, revendiquant leurs prérogatives phalliques,
    Les hommes leur mirent un veto par pure réaction animale.
    Les protestants en claudicant marchant avec les catholiques
    Et les religions in petto qui prônent le pouvoir au mâle.

    Les courges tombèrent enceintes ne me demandez pas comment ;
    L’épidémie du Saint-Esprit devait courir incidemment.
    Elles devinrent dès lors toutes saintes et toutes ces futures mamans
    En acceptèrent alors le prix sauf les cocues évidemment.

    Et c’est ainsi que, de nos jours, nous observons chez nos grands-mères
    Le souvenir héréditaire de l’expertise du concombre.
    Elles se régalent dans leur séjour de ce petit besoin primaire,
    Petit plaisir alimentaire mais jouissance qui sort du nombre.

    Images trouvées sur Facebook sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • À la table des poètes gourmands

    Lundi, c’est la tarte aux légumes, farine complète d’épeautre ;
    Première couche de tomates, deuxième couche d’aubergines,
    Courgettes à l’ail, comme de coutume et je termine de temps à autre
    Avec poivrons rouges, aromates et petits secrets de cuisine.

    Mardi, polenta, risotto et variétés de petits plats
    Avec légumes du marché commandés chez notre épicier.
    Mets souvent expérimentaux mais qui font sourire aux éclats
    Les bouches qui ont bien mâché et leurs papilles associées.

    Mercredi saucisses aux lentilles, tomates farcies coquillettes ;
    Fanes de choux-fleurs champignons, brocolis, chou romanesco ;
    Omelette aux cèpes ou morilles, pleurotes selon la cueillette ;
    Soupe julienne, soupe à l’oignon et trois gouttes de Tabasco.

    Jeudi, comme un petit dimanche, les petits plats sont dans les grands.
    Spätzli, foies ou cœurs de poulets, lasagnes vertes et ratatouille ;
    Potimarron en sauce blanche, Paella de ma Mère-Grand ;
    Couscous, Chili ou Cassoulet ou simplement un plat de nouilles.

    Vendredi, c’est jour du poisson, des fruits de mer et des sirènes ;
    En Suisse, nous n’avons pas de mer mais des rivières et des étangs.
    On choisira comme boisson, Chardonnay, Pinot, Blanc des Reines ;
    Accompagnement doux-amer d’épinards bien ravigotants.

    Samedi, jour des spaghettis, sauce tomate à ma façon ;
    Tomates fraîches sur lit d’oignon et pulpe de fruits et agrumes.
    Et pour se mettre en appétit, cocktail d’amour avec glaçons,
    Des allumettes aux champignons, olives vertes, noires et brunes.

    Dimanche, c’est mieux qu’au restaurant et le menu est à la carte ;
    Magret de canard, s’il vous plaît, Pommes sautées en lèchefrite ;
    Cassoulet, Chili restent au rang d’honneur fidèle à notre charte ;
    Poulet, Ananas, Riz complet ou Moules marinières et Frites.

    Quelques uns des nombreux petits plats que vous dégusterez chez nous.

  • L’Amérique se rapproche

    Depuis que Riquet-à-la-houppe est rėélu en Amérique,
    Je ne sais si l’on se rapproche ou s’éloigne du nouveau monde.
    J’ai beau rechercher à la loupe, sur une Terre soi-disant sphérique,
    Une réponse, je m’accroche à quêter les médias immondes :

    « Marianne, ma sœur Marianne, ne vois-tu vraiment rien venir ?
    Je vois la statue qui verdoie, puis la liberté qui foudroie
    Et franchit la ligne médiane de l’océan pour parvenir
    À rejoindre ceux qui merdoient parmi nos élus maladroits ;

    Un roitelet qui parle anglais comme une vache l’espagnol,
    Puis un premier ministre bègue qui discourt autant qu’il bafouille
    L’autre qui a failli s’étrangler en riant comme une guignole
    Et les autres tout autant sinistres, le nez plongé dans leurs magouilles.

    Mais après deux ou trois whiskies en l’honneur de l’investiture,
    On dirait que le vent d’Otan s’affaiblit devant la Grande Ourse.
    Le président au zèle exquis qui vient pour tenter l’aventure
    Pourrait s’essouffler tout autant avant de terminer sa course.

    Illustration de Milo Manara.

  • Signé Lucifer

    L’arbre de la connaissance
    Dans les voyages organisés, sait-on sans doute quand on part…
    Quant à comment on y arrive, c’est une autre paire de manches !
    À défaut de paganiser la bible sur un faux départ,
    J’ai vu l’Eden à la dérive emporté par une avalanche.

    Chassés de l’Eden
    Adam, Ève, Abel et Caïn, cahin-caha se déplaçaient
    Cherchant des terres plus arables une fois chassés du jardin.
    Cet épisode manichéen les crispait et les terrassaient
    Et des tensions irréparables opposèrent les petits gredins.

    L’exode
    Caïn tua Abel son frère et s’enfuit vivre dans les montagnes
    Où il se trouva nez à nez avec Lilith, la réprouvée.
    Alors ensemble ils œuvrèrent, Caïn la prenant pour compagne,
    À faire année après année ce que Dieu aurait approuvé.

    Caïn l’assassin
    Voici donc Caïn, notre ancêtre descendant bien d’Adam et Ève
    Mais dont la moitié de ses gènes et de Lilith la Matriarche
    Donnent un regard qui s’enchevêtre dans la Genèse et la relève
    Sous la lumière hétérogène de notre humanité en marche.

    Lilith en marche
    Du coup, la République en marche – qui est devenue Renaissance –
    Puise ses instincts à la source de ce coup d’état arnaqueur.
    Adam était le patriarche mais c’est Lilith dont les naissances
    Ont mêlés l’argent de la bourse qui nous empoisonne le cœur.

    Le macro-complot de Lucifer
    Le sang de Caïn l’assassin qui coule aujourd’hui dans nos veines
    Retrouve ici en politique tout son venin qui prolifère.
    Si le Président à dessein nous fait connaître la déveine
    D’une France apocalyptique, c’était signé de Lucifer.

    Illustrations de Moebius.

  • La sirène annulaire

    La pleine Lune et ses effets sont bien connus dans nos contrées
    Cependant il parait qu’en mer, c’est encore plus spectaculaire.
    Les poissons-volants stupéfaits se hâtent d’aller rencontrer
    Sur le firmament outremer les sirènes en saut annulaire.

    Elles sautent autour de la Lune complètement en pâmoison ;
    Une sorte de danse nuptiale pour attirer les matelots
    Qui auraient mauvaise fortune de s’accorder au diapason
    De la créature abyssale qui pirouette au-dessus de l’eau.

    Et saute, saute et tournevire ; et tourne, tourne et virevolte,
    Inépuisable, infatigable, la sirène serait suicidaire
    Car elle meurt si aucun navire ne change, d’un cap désinvolte,
    Sa destinée irréfragable pour une fin plus légendaire.

    Tableau de Colin Ju sur https://www.artworkcanvas.com/blogs/simple-painting-ideas/easy-cute-painting-ideas-for-kids-small-easy-cartoon-painting-ideas .

  • La sirène coquette

    À l’instar des hommes et des femmes, chacun sa personnalité
    Et les sirènes également développent leurs caractères ;
    Particularités infâmes et marques de banalités
    Ou tendances idéalement portées côté vestimentaire.

    Ainsi la sirène coquette, pas carnassière pour un sou,
    Attirera le matelot afin de lui piquer ses fringues.
    D’abord chaussettes et soquettes, puis les vêtements du dessous,
    Chemise, pantalon et calot, tout ce qui la rend un peu dingue.

    Tandis que le marin détale, tout nu, hagard et sans flâner,
    La sirène coquette court se réfugier dans son réduit.
    Avec des fibres végétales et ses échantillons glanés,
    Elle se présentera au concours des plus belles femmes d’aujourd’hui.

    « Mais pourquoi reste-t-elle nue ? » Me direz-vous à juste titre !
    C’est qu’elle a horreur de porter ses créations amateuristes.
    Chez les sirènes, c’est bien connu, l’esprit n’a pas voix au chapitre
    Et la coquette doit supporter d’être de surcroît naturiste.

    Tableau de Maria Dimova sur https://m.joyreactor.cc/tag/Maria%20Dimova/all .

  • L’amour fusionnel

    Une fois l’organe de mâle branché dans la prise femelle,
    Le courant passe, amplifié par un coït accéléré.
    La chaleur devient maximale produite de manière informelle
    Par sentiments magnifiés d’une passion immodérée.

    Quand le couple atteint la vitesse qui suce un maximum d’essence,
    Les corps s’élèvent vers les plafonds du premier au septième ciel.
    Et le cœur brûle la politesse aux autres organes des sens
    Pour atteindre alors les tréfonds du nirvâna existentiel.

    On fait refroidir les moteurs, on lave la carrosserie
    De tous les fluides corporels qui ont cicatrisé le cœur.
    On se dispute les droits d’auteur et toute la paperasserie
    Suite au miracle intemporel d’où sortira l’enfant vainqueur.

    Tableau de Catrin Welz-Stein sur http://artsdumonde.canalblog.com/archives/2016/03/12/33502041.html .

  • Les leçons du cœur

    Les voies du cœur insatiable transforment la carte du tendre
    En autoroute de l’amour par veines, venelles et artères.
    Les sentiments indissociables prennent la bretelle, sans attendre,
    Qui revigore avec humour les esprits les plus terre-à-terre.

    De la veine cave, vers l’aorte, via oreillettes et ventricules,
    L’amour galope tel un pur-sang de cinq litres de cylindrée.
    Au rythme effréné de la sorte, il change alors de véhicule
    Pour dépasser les cent pour-cent du déferlement engendré.

    À moins de couler une bielle par un accident d’épectase,
    On franchit la ligne d’arrivée et rejoint la petite mort.
    Après la jouissance matérielle, s’unissent l’ivresse et l’extase
    Qui procurent au cœur ravivé une euphorie de matamore.

    Tableau de Catrin Welz-Stein sur http://artsdumonde.canalblog.com/archives/2016/03/12/33502041.html .

  • Dieu ne joue pas aux dés

    Ce n’est pas Dieu qui joue aux dés sinon le diable qui le fait
    Or le diable n’existe pas mais il apparaît par hasard.
    Il est détaillé, décodé, falsifié et contrefait
    Parmi les erreurs, les faux pas, les conneries et tout le bazar.

    Le diable est fou, fou à lier et il adore s’amuser
    À jouer avec la vie des gens grâce à la roue de la fortune
    Dont chaque coup de pédalier envoie les hommes désabusés
    Tomber Gros-Jean comme devant de leurs croyances inopportunes.

    Mais bien sûr les dés sont pipés ; tout n’est que vaste parodie
    Vu qu’il n’y a pas plus de diable que de bon Dieu dans notre Histoire.
    Une fois le mystère dissipé sur la mort et le paradis,
    La vie serait impitoyable et la résignation notoire.

    Tableau de Lou Radley.

  • Café au lit mortel

    Je m’imagine ainsi la mort : Je me réveille entre ses bras,
    Puis la voici, tendre ingénue, m’apportant mon café au lit.
    « Bonjour, dit-elle, cher matamore ! » Et soudain, abracadabra !
    Elle se glisse entièrement nue sur mon corps encore ramolli.

    Et me voilà ragaillardi, tous mes sens raides et bien tendus,
    À vivre sous toutes les coutures une expérience exceptionnelle.
    Elle me crie : « Hardi, hardi ! » quand ma liqueur chaude attendue
    Vient lui humecter la mouture d’une saveur sensationnelle.

    C’est au moment le plus intense qu’il faut goûter sans plus attendre
    La goutte qui suinte du sein de son corsage dégrafé †.
    En cette étrange circonstance, en cet instant tellement tendre,
    S’écoule au creux de son bassin une goutte de lait dans mon café.

    † Bien qu’elle se soit couchée toute nue, la mort porte corsage ; il ne faut pas chercher à comprendre…

    Tableau de Viktor Svinarev.

  • Non mais franchement !

    Non mais franchement il faut dire que les dieux exagèrent un peu
    À obliger prêtres et fidèles à vivre en pareils monastères !
    Je n’hésiterai pas à prédire et leur crier « sauve-qui-peut ! »
    Lorsque on y entraîne à tire-d’aile tous les novices volontaires.

    Bien sûr les ailes de la foi peuvent transporter des montagnes
    Et le pèlerin avisé sait que le bon dieu le protège.
    Pourtant on entend toutefois le vent mugir dans les campagnes
    Chargé des cris galvanisés des impies tombés du cortège.

    On y accède par des cordes suspendues à même la falaise
    Et les vivres sont convoyées avec le même procédé.
    Aux réprouvés, on leur accorde l’issue de secours la plus balèze
    Qui consiste à être renvoyés en vol-plané rétrocédé.

    Photo du monastère Sümela en Turquie.

  • Les bas résinés

    Un bon petit vin résiné qu’on s’envoie derrière la cravate
    Donne du bonheur à son homme du plus hardi au plus balourd.
    Même si sa femme s’est résignée à frapper à coup de savate
    L’ivrogne qui revient at home en faisant patte de velours.

    De bons petit bas résinés feront aussi de belles jambes
    À celle qui s’envoie en l’air en portant la coupe à ses lèvres.
    Même si son homme s’est résigné à la voir plus qu’jamais ingambe
    À s’en aller faire lanlaire parmi ses amants avec fièvre.

    Une petite femme qui aime le vin, c’est le bonheur à la maison
    À condition que ce soit celle du voisin ou du boulanger.
    Portez-lui ce rouge divin qui lui troublera la raison
    Tout en lui tirant les ficelles avec ivresse louangée !

    Illustration de Loup.

  • L’enfer ou la bande à Sophie

    L’enfer n’est pas c’que vous croyez ! Il est plutôt sophistiqué
    Avec Sophie et compagnie, la joyeuse bande des démones.
    Si vous pensiez vous octroyer un paradis revendiqué,
    Sachez que c’est une avanie prêchée par une loi félonne.

    Après la mort, le corps pourrit et l’âme erre dans l’inconnu,
    Attirée par une lumière afin de vous mettre à profit.
    Ainsi, la mort qui vous sourit et vous souhaite la bienvenue
    Dans une belle gentilhommière n’est autre que la bande à Sophie.

    À la fin d’une éternité, ceux qui réussissent le test
    Ont droit de se réincarner s’ils sont bien vus dans ce royaume.
    Et le but de l’humanité – du moins c’est l’enfer qui l’atteste –
    Est de noter dans un carnet les rares performances de l’homme.

    Illustration de @soulart.klerks.

  • Les sept éléments

    Apparemment depuis les Grecs, il y a plus de quatre éléments ;
    L’amour s’est ajouté au nombre, restent la sixte et la septième
    Même si après tous les Star Trek et Star Wars, délibérément,
    On s’est ouvert au côté sombre d’un Jedi antépénultième.

    Mais revenons plutôt sur Terre et ses principes élémentaux
    Qui sont bien entendu les femmes, mères naturelles des dieux.
    Sans cela, un Dieu célibataire n’aurait sorti sous le manteau,
    Parmi ses créations infâmes, qu’un être humain des plus odieux.

    Après le cinquième élément qu’est l’amour pur, universel,
    Le sixième, et c’est évident, reste la mère élémentaire.
    Le septième, bien qu’en supplément, devra ouvrir son escarcelle
    Notamment en lui dévidant une pension alimentaire.

    Illustration de @soulart.klerks.

  • Le festin des émotions

    Je me retrouve quelquefois dans l’appartement transformé
    Que j’ai connu dans mon enfance ou plus tard avec ma famille.
    Tout est pareil sauf toutefois de nombreux détails déformés
    Par mon inconscient en défense à des problèmes qui fourmillent.

    Mes enfants démultipliés dont ma fille en quatre exemplaires,
    Mon fils cloîtré dans son armure et mon ex, éternelle absente.
    Et moi qui trône, replié dans mes pensées prêtes à complaire
    À cette scène dans un murmure de réflexions intéressantes.

    Et dans mon rêve tout en couleurs, je rejoue les pires passages
    Où la honte et l’absurdité sont alors portées au pinacle.
    Quelle est étrange la douleur qui réalise le brassage
    Des souvenirs commandités par le créateur du spectacle !

    Tableau d’Iran Francisco Lomeli Bustamante sur https://catrina-burana.livejournal.com/21809.html .

  • L’instant autant thé

    Il est des moments authentiques tout comme l’instant de bon thé
    Pas nécessairement à cinq heures mais quand on veut et où l’on veut !
    Si à deux c’est plus romantique, seul il permet de surmonter
    Le blues et les peines de cœur mais attention, ça rend nerveux !

    Les femmes aiment les salons de thé, les hommes vont plutôt aux cafés ;
    Elles s’y retrouvent entre amies, ils s’y relâchent entre potes.
    Ici les potins sont jetés, là on aime rire et s’esclaffer
    Elles échangent des mots ennemis, ils s’apostrophent et ça capote.

    J’ai une anecdote opportune concernant Madame Larousse
    Qui aimait dans ses pages roses déguster seule un bon thé vert.
    Lors d’un campement de fortune isolé en pleine cambrousse,
    Dans l’un de ces moments moroses, elle y apprécia ma prose :

    « Nous honorons l’année du singe, mon fier bélier, mon chat et moi.
    Bien malin qui l’apercevra, bien fin qui l’apprivoisera !
    Ça va travailler nos méninges, nos émotions et notre émoi.
    Cette année, qui vivra verra, tout peut arriver ; tout sera ! » †

    Tableau de Michael Parkes
    † « L’année du singe » 01.01.2016 Maryvon Riboulet à « Reflets Vers & Prose ».

  • La journée d’une jaune femme

    Dès le matin elle prend sa douche pour se raviver les couleurs
    Car hier, les teintes orangées évoquaient un peu trop l’automne.
    Mais aujourd’hui, première couche d’un jaune vif mais sans douleur
    Qui saura mieux lui mélanger ses bleus de l’âme monotones.

    À midi, en pleine lumière, jeune jaune et blonde de teint,
    En robe d’abord safranée, un peu ambrée et puis dorée.
    Et enfin toute la chaumière revêt rideaux et papiers-peints
    De cette mode surannée aux reflets déjà mordorés.

    Le soir, elle pense à demain… Jaune citron ou jaune d’or ?
    Quelle sera la couleur du jour ? À quel ton s’accordera-t-on ?
    La question passe en examen au moment où elle s’endort
    Et la Lune lui répond toujours les yeux fermés, puis à tâtons.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de ces images reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.