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  • De la famille des Oiseaux

    Depuis plusieurs mois maintenant j’ai ouvert quelques maisons d’hôtes
    Mais pour oiseaux uniquement, sur mon balcon précisément.
    Au début juste un peu de pain que j’ai pétri et cuit moi-même
    Pain complet avec fruits confits, noisettes, amandes et cardamone.

    Boules de graisse énergétiques aux quatre coins de la terrasse ;
    Plusieurs parfums pour les fins becs de ces mésanges à la hupette.
    Du blé glané mais pas volé à la lisière des forêts
    Et du maïs après récolte abandonnés au bord des champs.

    J’avais proposé du millet soit à la carte, soit au buffet
    Mais tous ces snobs me l’ont boudé comme nourriture pour perroquets
    Jusqu’à c’qu’un oiseau plus malin que les autres vienne s’aventurer
    Et apprécie comme un gourmet et aille le vanter aux autres.

    Une cabane suspendue pour les oiseaux bardes-chanteurs
    Avec buffet à volonté ; graines du pays sélectionnées.
    Une maison sise en terrasse pour les passereaux en retraite
    Avec mangeoires sur la piscine et jet d’eau en décoration.

    Tableaux de Daniel Merriam.

  • Le parcours de Marianne

    Quel parcours fantasmagorique que celui de la République
    Que Marianne suit depuis plus de deux siècles maintenant.
    Cinq fois elle a changé catégorique de constitution qui explique
    Qu’elle voudrait voir sortir du puits la Vérité la soutenant.

    Apparemment ce n’est pas gagné ; le jeu et les dés sont pipés ;
    Le jeu de l’oie a égaré la clef de la case prison ;
    Aux échecs se sont castagnés les joueurs bien trop dissipés
    Les partis sont contrecarrés de ne rien voir à l’horizon.

    Elle a essayé la marelle afin d’atteindre le paradis
    Mais une pluie est survenue et ses tracés sont effacés.
    Il reste bien une passerelle qui ne couterait pas un radis
    Mais un roitelet est venu couler son bateau fracassé.

    Marianne aurait plus de chance à courir la carte du tendre
    En croquant chacun des amants après une nuit à l’Élysée.
    Il n’y aurait plus eu d’urgence à concourir sans plus attendre
    Au pouvoir qui évidemment deviendrait lors diabolisé.

    Tableau d’Audrey Kawasaki.

  • Parité bien ordonnée

    Marianne veut la parité mais elle est seule à l’exiger.
    Plus tout à fait dorénavant ; les élus sont déterminés.
    Or dans la grande hilarité, tous les ministres ont transigé :
    « On va tous se mettre en avant, maquillés et efféminés ! »

    Elisa-bête Sous-Bérou sera la première ministre ;
    Emmanuelle de la Valse, deuxième sirène d’Outremer.
    Géraldine Darmaninoux, pour une justice plus sinistre
    Et une brunette dégueulasse pour un intérieur très sommaire.

    Nos ministres ainsi travestis devront marcher d’un pas femelle
    Sur la frontière très étroite qui sépare les hommes de femmes.
    Si vous avez l’œil averti, ne les quittez pas d’une semelle
    Vous les verrez de gauche à droite faire des courbettes infâmes.

    Tableaux de Jean-Pierre Villafañe sur https://www.jeanpierrevs.com .

  • M. & Mme Fisher-Mermaid

    Le temps passe sur les rencontres mais les rencontres ne passent pas
    Et le vieux pêcheur marseillais aime toujours sa vieille sirène.
    Ils gardent leurs enfants tout contre leur cœur et à chaque repas
    Noël ou Pâques, ces grassouillets reviennent embrasser leur mère.

    Mère qui a bien bourlingué bien que devenue franco-suisse
    Loin des mers et des océans, bien loin des abysses sauvages,
    Mais elle a su ribouldinguer de manière à ce qu’elle puisse
    Se faire la belle sur son séant en peignant tous ses vieux rivages.

    Ses vieux rivages de Bretagne, du Maroc et des îles hellènes
    Avec un ancien flibustier qui l’a auparavant distraite.
    Aujourd’hui elle est la compagne qui, entre Rimbaud et Verlaine,
    Écoute le langage châtié de son poète à la retraite.

    Illustration de Jessica Warrick.

  • Prière à Neptune

    Celle qui veut devenir sirène doit prier de cette position :
    Nue, accroupie dans la baignoire, les mains jointes et les pieds levés.
    Psalmodier d’une voix sereine l’incantation sous condition
    Que l’eau salée de la Mer Noire les ait très longuement lavées.

    Il faut la foi et la patience qui seront bien récompensées
    Lorsque fusionneront ses membres en une queue toute en rondeurs.
    Dès qu’elle en aura conscience, elle sera alors dispensée
    De vivre seule dans sa chambre pour gagner les grandes profondeurs.

    Plaise à Njörd et plaise à Neptune de lui accorder leurs faveurs
    Si la novice a de la voix et le corps bien proportionné
    Là où le corps ressemble à la Lune leur sera de toute saveur
    Et lui feront découvrir la voie enchanteresse et passionnée.

    Tableau de Valéria Ko.

  • Par la voie du chat pitre

    Lorsque la lecture commence, le lecteur tombe dans son livre,
    Par les portes juste entrouvertes que l’auteur place un peu partout,
    Et disparaît dès la romance où il espère ainsi revivre
    D’autres nouvelles découvertes pour ses fantasmes touche-à-tout.

    Par un fil rouge, un lapin blanc, une souris ou un chat roux,
    Il entre au pays des merveilles de l’autre côté du miroir.
    Intrigues, ruses et faux-semblants, périodes calmes et de courroux
    Vont s’enchaîner pour que s’éveille la mémoire du fond du tiroir.

    Mais il n’a pas voix au chapitre et ne reste qu’un témoin muet
    Qui ressent les joies, les tristesses et qui espère rencontrer
    Un bateau-ivre et un chat pitre, lesquels sauront le transmuer
    En ce Hobbit dans la détresse qui devient roi de la contrée.

    (Tableau de Debra « Shorra » Mason sur https://www.designstack.co/2014/09/surreal-digital-micro-universes.html .)

  • Bain debout

    Les bains debout m’ont étirée bien que je les préfère assis
    Mais c’est ce qu’a recommandé mon médecin nature aux pattes
    Dont j’ai fini par soutirer discrètement de sa pharmacie,
    Et sans me faire réprimander, quelques remèdes allopathes.

    Alors ma ligne, ainsi soit-elle, est redevenue filiforme
    Comme quand j’étais jeune fille aux paires de jambes spaghetti
    Qui plongent de ma jarretelle entre mes cuisses fusiformes
    Et retombent sur mes chevilles quand ce n’est pas en confettis.

    De grâce, ne me demandez plus l’adresse du naturopathe
    Et l’établissement prévu pour ma thalassothérapie !
    Si mon exposé vous a plu, sachez que je suis nymphopathe,
    Grâce à un masseur imprévu qui s’est pris les pieds dans le tapis.

    Depuis je ne prends que des douches, debout avec l’aide médicale
    Qui me nettoie les orifices de haut en bas, de bout en bout.
    Comment faudrait-il que je couche pour rester à la verticale
    Afin que je vous immisce mes comptes à dormir debout ?

    Tableau d’Aimé Barraud.

  • Les trois Grâces

    Vous me croirez si vous voulez ; j’ai vu l’appartement témoin
    Que nous aurons au Paradis, du moins pour celui qui y croit.
    Dans un songe, j’ai vu débouler – rêve bien réel néanmoins –
    Un Saint-Pierre de parodie et les trois Grâces de surcroît.

    Les trois Grâces se sont occupées de toute mon installation
    Comme des esclaves dévouées bien que je n’sois pas misogyne.
    Dans une case inoccupée, elles m’ont fait la révélation
    Qu’à chaque péché avoué, j’aurais droit à c’que j’imagine.

    Or comme j’ai bonne mémoire j’ai eu mes mille-et-une nuits
    Que j’ai pu reporter trois fois tout au long de l’éternité.
    Ne croyez pas tous ces grimoires qui vous disent qu’on s’y ennuie
    Mais n’oubliez pas toutefois de noter vos insanités.

    Tableau d’August Macke sur fr.muzeo.com/artiste/august-macke .

  • Mes petites cases-mémoires

    Sans me comparer aux fichiers que contient mon ordinateur,
    Mes petites cases mémoires ont un système d’exploration
    Dont le défaut de conchier mes pensées est révélateur
    Lorsque j’y stocke mes idées noires qui perdent leur coloration.

    Mes souvenirs demeurent intacts tant que je n’y repense pas
    Mais chaque fois que j’y reviens, j’en déforme le contenu.
    Y aurait-il un faux-contact dans mes synapses ici-bas
    Qui expliquerait ce que devient ce qu’j’croyais avoir retenu ?

    Matière grise, substance blanche trop exposées à la lumière
    De mes révélations oiseuses finiront par être illisibles
    Voilà pourquoi une avalanche de défaillances coutumières
    Trouent ma mémoire stripteaseuse de façon d’plus en plus visible.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Briseurs de frontières

    « La propriété c’est le vol ! » Disait Brissot ou bien Proudhon ?
    On n’sait pas à qui appartient la phrase, ça commence à bien faire !
    Prenons le taureau par le col et secouons-lui le bourdon
    En apportant notre soutien aux briseurs de murs mortifères.

    À bas les murailles immenses, à bas les cloîtres et les prisons !
    Brisons le mur de l’ignorance qui rend les esprits hermétiques !
    Et honni soit qui mal y pense et veut limiter l’horizon
    Pour établir l’intolérance envers ce qu’il croit hérétique !

    Qui a la clef du paradis s’est fait spolier comme un novice ;
    Je le sais car il n’y a ni mur, ni maison, aucune frontière.
    N’en faites pas une maladie mais la propriété est un vice
    Et tombera comme un fruit trop mûr pour l’éternité tout entière.

    Illustration de Moebius.

  • Baiser métissé

    Baiser au goût café au lait, bisou citron ou chocolat ;
    Tous les goûts sont dans la nature surtout lorsqu’ils sont métissés
    D’attrait salé, olé-olé, de saveur sucrée, oh la la,
    Pour bien mélanger la mouture d’une humanité épicée.

    Métis, quarterons, sang-mêlé seront les humains de demain
    À l’ADN consolidée par ses gènes complémentaires
    Et chaque brin entremêlé des couleurs à portée de main ;
    Ceux qui en jaunissent à l’idée feraient sans doute mieux de se taire.

    Quant à moi, méditerranéen,j’ai un quart de sang italien,
    Un quart sans doute d’espagnol, un quart de la France profonde.
    Quant au dernier quart… Lémurien ? Atlante ou néandertalien ?
    Mon ADN est tartignole ; je crains que je ne le confonde.

    Tableau de Pablo Picasso.

  • La Sphinge

    Revêtue d’un pelage mauve éclaboussé d’éclats d’étoiles,
    Fille du Sphinx et de lynxesse, la Sphinge aime les bains de Lune
    Qui flatte sa prêtresse fauve en l’enveloppant de son voile
    Qui lui donne rang de princesse pour toute la nuit opportune.

    Les écorces égratignées d’or des arbres lui servant de trône,
    S’apparenteront aux grimoires qui narreront son épopée.
    Mais pour l’instant, elle s’endort dans la nature qui lui prône
    Sa dévotion dans ses mémoires des racines à la canopée.

    On la dit « bête », on la dit « femme », « sorcière à la petite semaine » ;
    On dit qu’elle se nourrirait d’hommes qu’elle chasserait dans la contrée.
    Mais ces comparaisons infâmes trahissent la bêtise humaine
    Qui reste « mystère et boule de gomme » sauf pour ceux qui l’ont rencontrée.

    Tableau de Vasylina sur https://www.deviantart.com/vasylina/gallery .

  • Sortir de ma carapace

    Pour sortir de ma carapace, j’avais tout fait dans ma jeunesse
    Mais celle-ci, consolidée si fort par mes propres limites
    Aux murs beaucoup trop efficaces m’a demandé tant de finesse
    Qu’elle m’en aura fait trépider bien pire qu’un bernard-l’ermite.

    Après chaque mésaventure, j’en ai enlevé les trois-quart
    Par un accident de moto pour ma première séparation ;
    Puis un accident de voiture afin de sortir du placard
    Et des mois passés à l’hosto pour m’arracher de l’attraction.

    Au dernier quart, dernier verrou, je sortirai transfiguré.e
    Comme une planche garnie de clous que l’on enlèverait un à la fois
    Mais resterait criblée de trous et à jamais défigurée.
    J’en serai meurtri.e peu ou prou mais enfin libre toutefois.

    Illustration de Naoyuki Kato.

  • À la mère des Villevieille

    Elle m’apparaissait hors du temps ; je n’la voyais qu’une fois par an,
    La matriarche Villevieille, vieille sorcière au nez crochu.
    Mon grand-père, comme un débutant, nous l’avait en tant que parent
    Ramenée du pays des merveilles, sauf que c’était l’ange déchu.

    Autant avare en sentiments qu’en argent et en héritage,
    Elle offrait généreusement une bouteille de sirop
    Qui n’durait pas infiniment – on n’en avait pas davantage –
    Cependant fort heureusement je n’ai d’autre souvenir en trop.

    Dans la famille des Villevieille, j’ai l’impression d’être amputé
    De la jambe gauche maternelle et les racines ascendantes.
    À moins qu’un ange ne surveille nos propres destins imputés,
    Je conserve une sempiternelle appréhension condescendante.

    Tableau de Daniel Merriam.

  • À la mère des Villeneuve

    Je la devinais éternelle, ayant traversé plusieurs siècles,
    Présente à chaque pan de l’histoire de l’arbre généalogique.
    Je la savais très maternelle et d’un naturel très espiègle
    Avec sa bonhomie notoire malgré son corps pathologique.

    Elle recevait sur son trône, un fauteuil en chêne massif,
    Ses arrières-petits-enfants dont elle adoucissait les noms
    D’une prononciation qui prône encore un souvenir passif
    Dont les « R » roulaient triomphants sur la route de nos prénoms.

    Si la mort l’a canonisée sur la tombe d’un cimetière,
    Son âme est toujours en chemin quelque part dans l’air et le vent.
    Sans doute elle a harmonisé le cœur d’une famille entière
    Et j’en découvrirai demain la nostalgie en me levant.

    Tableau de Daniel Merriam.

  • De la famille des Villevieille

    La dynastie des Villevieille paraît une forêt de noms
    Couvrant la moitié de la ville, peut-être même la nation.
    Familles riches et modestes, familles pauvres et misérables,
    Un univers en expansion où l’amour s'est trop dispersé.

    Vieilles familles italiennes, lombardes, romaines et vénitiennes,
    Qui ont émigré au hasard des famines de toutes sortes,
    Voulant partir en Amérique et faisant l’escale provisoire
    Qui finissait au bout du quai de la mer Méditerranée.

    Qui du banquier, qui du boucher, qui du tailleur, du savetier,
    Ils étaient de tous les métiers, ils étaient de toutes les castes.
    Vieil oncle au pays de cocagne, un autre revenant d’Espagne,
    Qui de l’Afrique occidentale, qui de l’Asie méridionale.

    J’en ai gardé leurs caractères dans mes quarante-six chromosomes,
    Et mes cheveux couleur de jais, et mes yeux de biche aux abois.
    Sans doute est-ce la destinée de la future humanité
    De partager au maximum son patrimoine et son génome.

    Tableaux de Daniel Merriam.

  • De la famille des Villeneuve

    Dans la dynastie Villeneuve, les pierres que sont les humains
    Bâtissent les grandes familles, hommes et femmes de demain.
    Mais si les hommes représentent les événements de l’histoire,
    Les femmes en seraient le ciment qui soude les maisons entre elles.

    Les Villeneuve du nord au sud, d’est en ouest et au-delà,
    Témoignent sur le territoire de la géographie humaine.
    Mais si les hommes donnent leurs noms aux boulevards et avenues,
    Les femmes à chaque numéro ont fait naître plusieurs enfants.

    D’hier, d'aujourd’hui et de demain, en temps de guerre, en temps de paix,
    Les Villeneuve ont fait l’histoire et l’ont écrite à leur façon.
    Mais si des hommes fiers ont conquis les plus belles et grandes batailles,
    Les femmes ont soigné leurs blessés et soulagé leurs estropiés.

    Il n’est pas de plus beau métier que diriger l’humanité
    Vers une destinée sereine et un avenir rassurant.
    Mais si les hommes ont instauré la discipline des traditions,
    Les femmes pour chaque héros, sont mères, compagnes et filles.

    Tableaux de Daniel Merriam.

  • Marianne désabusée

    L’un de ces matins, fatiguée, sur les marches de l’Élysée,
    Marianne tentera de séduire un beau garde républicain,
    Au bel uniforme astiqué, dévoué et fidélisé
    Très enclin à se reproduire hors du contexte américain.

    Car Marianne est harassée par la pression de l’Amérique,
    Car Marianne est étouffée par l’oppression du roitelet,
    Car Marianne est terrassée par les décisions homériques
    De ses ministres qui ont tout fait avant de la voir chanceler.

    Doit-elle attendre les élections ou doit-elle partir pour de bon
    Avant que l’autre ne bafouille : « Chérie ne me qui-quitte pas ! » ?
    Doit-elle attendre une érection de ce gros morceau de jambon
    Dont les efforts partent en quenouille à force de mea-culpa.

    Tableau d’Audrey Kawasaki.

  • Suivez mes chiens !

    La chasse à courre à l’Élysée
    Reste un service réservé
    À une élite dont les chevilles
    Lui permettront de courir vite.

    Les ébats sont télévisés
    Entre une Marianne préservée
    Et des élus qui s’égosillent
    Dans un marasme qui s’invite.

    Car Marianne est très à cheval
    Sur l’aspect de la séduction
    Et ne s’offrira qu’au vainqueur
    Dont tous les coups lui sont permis.

    Dans la campagne qu’elle dévale
    Elle maintient en addiction
    Tous les candidats qui, en chœur,
    Vocifèrent en frères ennemis.

    Quand le jour de la chasse arrive.
    Marianne nue, immaculée,
    Montre son cul comme Fanny
    Et – ça y est ! – les chiens sont lâchés.

    Taïaut ! Tout part à la dérive
    Quand Marianne est acculée
    À se faire – quelle avanie ! –
    Baiser par un ours mal léché.

    Tableau de Maximilian Liebenwein sur https://slavikap.livejournal.com/17437112.html .

  • Saint-Valentin dans l’encrier

    J’avais versé dans l’encrier un peu d’eau de ma vie en rose
    Diluée dans mes idées noires pour décrire ma vie en vers ;
    J’ai vu mon âme décrier et manifester par ma prose
    Toutes les passions, de mémoire, se raconter à cœur ouvert.

    J’ai perçu dans les taches d’encre la fusion de mes âmes-sœurs
    Et toutes mes vies antérieures mêlées d’amours et de douleurs.
    Ici, lorsque nos deux cœurs s’ancrent pour le meilleur et la douceur ;
    Là, quand nos matrices intérieures enfantent de nouvelles couleurs.

    Alors sur l’encre encore humide, j’ai soufflé toutes mes espérances
    Afin que l’oracle dévoile nos fruits d’amours conceptuelles.
    Une carte du tendre timide s’est tracée avec assurance
    Sur un chemin rempli d’étoiles et de naissances perpétuelles.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Gare à Cupidon !

    Cupidon joue au mikado
    Souvent avec les amoureux
    En retirant les vêtements
    Sans éveiller les partenaires.
    Il déshabille les ados
    De lents mouvements langoureux
    Qui n’osaient pas timidement
    Commencer les préliminaires.

    Le T-shirt puis le pantalon,
    Le chemisier, la mini-jupe,
    Le soutif qui résiste un peu
    Mais on se débrouille à tâtons.
    Puis la main sur le mamelon
    Et comme la fille n’est pas dupe,
    Elle glisse la sienne comme elle peut
    Á la recherche du bâton.

    Quand cette irrésistible envie
    Vous frappe au mois de février,
    Pardi, c’est le virus d’amour
    Et le printemps de l’effeuillage
    Dont Saint-Valentin vous convie
    Et pour cela vous devriez
    Vous vêtir un peu plus glamour
    En l’honneur du déshabillage.

    Si jamais la vague de froid
    Sévit cruellement ce jour-là,
    Gardez-vous de sortir à deux
    Car Cupidon n’attend que ça.
    Bien que l’on sente avec effroi
    L’air glacial qui met son holà,
    On enlève ses habits coûteux
    Et on s’réchauffe couci-couça.

    Illustration de Jean-Adrien Mercier sur https://honesterotica.com/illustrator/jean-adrien-mercier .

  • Les sirènes au cirque

    Les sirènes courent au chapiteau se régaler des baladins,
    Des musiciens, des comédiens qui font la tournée de Neptune.
    Illico, presto, subito, elles s’asseyent sur les gradins
    Avec les clowns costumédiens et leur bonne humeur opportune.

    Arrivent les hommes-poissons, adeptes des hommes-grenouilles,
    Et les sirènes folles de joie plongent en chœur dans le bassin.
    Elles font de baisers la moisson, puis ensemble elles s’agenouillent
    Pour leur chanter à pleine voix une chanson de Joe Dassin :

    Celle où « …Tous les sifflets de train, toutes les sirènes de bateau
    Ont chanté cent fois la chanson d’un Eldorado d’Amérique… »
    Et de courir avec entrain en abandonnant le plateau
    Pour filer sous les étançons pour des relations homériques.

    Le lendemain, ils sont partis, le cirque et la ménagerie ;
    Le tout a été démonté et transporté au petit jour.
    Les sirènes en prennent leur parti car de leurs courtisaneries
    Avec leurs meilleures volontés naîtront le fruit de leurs amours.

    Tableau d’Ana Hernandez San Pedro.

  • Ma première sirène

    Non, jamais de la vie, je ne puis l’oublier,
    La première sirène avec qui j’ai couché.
    Tout comme les premiers vers que j’ai dû publier
    Suite à cette expérience où j’ai pu la toucher.

    Ses seins au goût marin, sa bouche au goût de sel,
    Ses mains aux tentacules qui lui servaient de doigts ;
    Sa queue souple et charnue, son sexe de pucelle
    Qui découvrait ce jour l’humain comme il se doit.

    Ce qu’elle m’a chanté au creux de mon oreille,
    Je l’entendrai toujours lorsque je pense à elle.
    L’épectase obtenue, à nulle autre pareille,
    M’a envoyé au ciel et depuis j’ai des ailes.

    Tableau de Tracey Harris sur https://www.artepintu.com/2019/04/tracey-harris-pintora-realista.html .

  • Les p’tits oiseaux sur la tête

    À force de tourner en rond continuellement dans sa tête,
    Le p’tit oiseau s’est échappé par une oreille à la sauvette.
    Il a cueilli aux environs quelques brindilles et des herbettes
    Et une fois son nid retapé, il a appelé sa fauvette.

    Le chant dut plaire à l’ingénue qui se laissa donc féconder
    Pour pondre un œuf et même trois devant le beau mâle excité
    S’impatientant de la venue des oisillons dévergondés
    Qui, se sentant vite à l’étroit, piaillaient avec vivacité.

    Quant à la fille, la tête lourde et les oreilles pleines de cris,
    Elle eut l’étrange vocation d’aviser ses colocataires
    Qui lui ont fait l’oreille sourde et, ainsi qu’il était écrit
    Sur le contrat de location, avertirent le propriétaire.

    Au matin elle s’est réveillée sans nid et sans les oisillons ;
    Le soleil à peine disposé à percer sa lumière opaque.
    Elle aperçut émerveillée par la fenêtre à croisillons
    Des œufs savamment déposés car nous étions lundi de Pâques.

    Photo d’Inge Schuster.

  • L’infini intérieur

    Trop souvent franchi la frontière des rêves axés sur la vaillance,
    Remontent les craintes et les peurs qui ont poussé depuis l’enfance.
    Peu importe ma mémoire entière ou parsemée de défaillances ;
    Dans cette insolite vapeur, j’en suis le héros sans défense.

    Alors le grand combat commence dans une autre réalité
    Où les chemins qui mènent à Rome sont déformés par l’inconnu
    Qui s’ouvre vers une romance ou un sujet d’actualité,
    Ou un lieu d’horreur à l’arôme pestilentiel qui s’insinue.

    Dans le labyrinthe des rêves, dans certains couloirs récurrents,
    Une étrange attraction m’attire comme un vieux réflexe animal.
    Sans doute faut-il que je crève mon quota d’abcès supurants
    Afin de tourner en satire les événements qui font mal ?

    Quelques corridors de bonheur me délivrent leur dopamine
    Par des rêveries érotiques dont le corps et le cœur s’enflamment.
    Parfois les dieux me font l’honneur de m’apporter leurs vitamines
    En me révélant l’hypnotique véritable valeur de l’âme.

    Illustration de Digitaltech2.

  • Esprit, es-tu là ?

    Afin d’invoquer les défunts, le guéridon est inutile
    Et je préfère le miroir hermétique à tous les remords.
    Bien qu’il s’en exhale un parfum assez subtil voire futile,
    L’incommensurable couloir m’entrouvre la porte des morts.

    Issus d’un passé englouti dans un trou noir de l’univers,
    Voici ma mère, voilà mon père, voici mes frères et mes sœurs
    Dont les mémoires ont abouti depuis le seuil de leur hiver
    À montrer, comme je l’espère, mon arbre de vie précurseur.

    Mon âme-sœur alors m’embrasse de ses bras d’un feu empathique
    Dont je sens l’amour pénétrer en moi et rougir comme un poêle.
    Et je sens la passion vorace de l’énergie télépathique
    D’une vestale perpétrer le brasier de mon cœur d’étoile.

    Illustration de ToiVarg.

  • Soudain la Morte Saison

    Je l’ai vue, la Morte Saison qui se baignait dans un étang,
    Admirant sa beauté moirée sous la pleine Lune étoilée.
    Je ne sais pour quelle raison elle semblait défier les temps,
    Immobile, figeant la soirée dans une éternité voilée.

    Sans doute aurais-je dû partir, sans doute aurais-je dû rester,
    Mais le temps, s’étant arrêté, prenait mes pensées de vitesse.
    Seul mon cœur a su compatir à cette grâce manifestée
    Par l’instant magique apprêté et a osé l’impolitesse.

    Je suis donc resté tout le temps qu’elle a passé à avancer
    Et s’enfoncer dans l’eau glacée, les yeux fermés en continu.
    Juste une brise souffletant m’a permis de recommencer
    Un flot de pensées déplacées par l’apparition survenue.

    Tableau de Jana Brike.

  • Le « gros » principe d’Archimède

    De son maillot de marguerites, rien ne résista davantage
    À la pénétration soudaine de sa personne dans l’eau fraîche
    Malgré l’impression favorite qui lui procurait l’avantage
    De dissimuler sa bedaine et taire les remarques revêches.

    Sinon, qu’il est doux le remède de s’en aller s’éclabousser
    En sautant pour se délasser de la jetée au bout du port.
    Et se sentir, tel Archimède, en train de juger la poussée
    Produite par l’eau déplacée suite à l’immersion de son corps.

    Plus gros sera le corps plongé, plus efficace sera l’effet
    Alors plutôt que vous moquer des vieilles baleines sur les plages,
    Admirez le « splash » allongé suivi de grands cris stupéfaits
    Qui laisseront interloqués les spécialistes du naufrage !

    Illustration de Daune Bryers.

  • La métamorphose

    À l’instar de Gregor Samsa métamorphosé en insecte,
    Un jour j’ai été transformé en couchant avec Médusa,
    Femme-serpent qui m’offensa par une piqûre suspecte
    Qui, dans nos deux corps déformés, pénétra et se diffusa.

    Mais le coït était si fort que je ne sentis pas venir
    Les écailles me couvrir le corps lentement de la tête aux pieds
    Comme je redoublais d’effort pour conserver le souvenir
    Dans le Grand livre des records je n’ai pas flairé le guêpier.

    L’orgasme vint et il advint que nos deux chairs n’en faisaient qu’une ;
    Je restai, la queue déployée une heure ou deux à lézarder.
    Puis dans le marais poitevin je m’établis dans la lagune
    Guettant mes proies pour les noyer lorsqu’elles venaient s’y hasarder.

    Les 2 Illustrations de Luigi Seraphinianus pour son « Codex Seraphinianus » ont été censurées par Facebook au jour de la parution ; le 3ème Tableau est de Denis Gordeev.

  • J’en mettrais ma main au feu

    Elle est arrivée les yeux blancs pour m’annoncer sans faux-semblants
    Qu’elle était prête à partager un petit coin aménagé,
    Qu’elle affectionnait mon humour, que nous pourrions vivre d’amour,
    D’eau fraîche et du feu de nos âmes brûlant ensemble d’une même flamme.

    Je sais l’amour pareil au train qui entre en gare avec entrain
    Et dans lequel il faut monter de toute sa bonne volonté,
    Faute de quoi il partira, mon cœur alors en pâtira,
    Sauf que s’il faut partir à point ´faut pas le faire à brûle-pourpoint.

    J’y mettrais bien ma main au feu mais ce n’est pas ce que je veux :
    Si elle m’a demandé ma main pour graver sur le parchemin
    Un pacte qui nous unira toute une vie qui finira
    Pour le meilleur et pour le pire… pourquoi donc est-ce que je transpire ?

    Soudainement j’ai démasqué cette vestale de bal masqué
    Qui doit demeurer vierge et pieuse par obligation religieuse.
    Si elle me propose son corps c’est par devoir et pire encore
    Afin d’offrir en sacrifice mon cœur pour son feu d’artifice.

    Tableau de Tenia sur https://theinspirationgrid.com/surreal-digital-paintings-by-tenia .

  • Le jeu du pendu

    J’aime jouer au jeu du pendu avec les filles, voici pourquoi :
    À moi la potence dressée, la corde et la strangulation ;
    Pour elles, comme il est défendu le moindre supplice adéquat,
    Elles voient la règle transgressée d’un strip-tease en adéquation.

    À la première lettre fausse, elles enlèvent un vêtement
    Tandis qu’elles dressent mon gibet à la moindre erreur de ma part.
    Lorsque je tombe dans la fosse, elles gagnent bien évidemment
    Sinon elles m’auront exhibé tous leurs charmes qui me désemparent.

    J’opte pour un vocabulaire avec mots rares et difficiles
    Afin d’avoir toutes mes chances et mes déboires amincis ;
    Aux concurrentes vernaculaires dotées d’un dialecte plus facile,
    J’accorde à leur intelligence de faux espoirs… mais c’est ainsi.

    Hélas je dois arrêter là ma plaidoirie car j’ai perdu
    Et l’une m’a ouvert la trappe sans que ma défense ne plaide.
    Mon adversaire se révéla bien plus coriace et plus mordue
    De mots avec des chausses-trappes venant du patois de son bled.

    Tableau de Tenia sur https://theinspirationgrid.com/surreal-digital-paintings-by-tenia .

  • Le fil d’Ariane – 4

    Celui qui garde son réseau comme une fortune précieuse,
    Deviendra riche de contacts en théorie comme en pratique.
    Qui est libre comme l’oiseau et vit ses envies capricieuses
    Gardera son pouvoir intact d’une indépendance empathique.

    Comme je suis ce que je mange, je suis ce à quoi je me branche
    Et soit je suis mes propres choix, soit je suis un chemin tracé.
    Est-ce que cela me dérange de prendre une voie qui m’embranche
    Vers la destinée qu’on m’échoit ou que j’ai moi-même embrassée ?

    Vivre est un enchevêtrement de choix et choses compliquées ;
    Ceux qui en tirent les ficelles sont souvent les plus corrompus.
    On ne peut pas faire autrement, c’est une science appliquée
    Comme une énergie qui ruisselle et ne peut être interrompue.

    Tableau de Rick Haim.

  • Le fil d’Ariane – 3

    Les humains jouent avec l’argent plus facilement qu’avec le cœur ;
    Les chats jouent avec les souris, c’est une loi de la nature.
    Tout irait bien en partageant la route entre ses frères et sœurs
    Mais gare à celui qui sourit béatement dans sa voiture.

    On fait rentrer les étrangers pour la main d’œuvre de demain
    Bien qu’on construise avec entrain, le bâtiment fait banqueroute.
    L’environnement est en danger, il faut s’y reprendre à deux mains
    Alors on augmente les trains, on agrandit les autoroutes.

    Mais pour passer à l’électrique… aura-t-on assez de courant ?
    Mais pour installer la 5G… aura-t-on assez de réseau ?
    Mais pour faire comme en Amérique… sera-t-on assez concurrents ?
    Sinon après l’avoir singée, nous finirons tous dans son zoo.

    Tableau de Rick Haim.

  • Le fil d’Ariane – 2

    De jour en jour, de mois en mois, sournoisement le fil s’embrouille
    Le réseau des institutions devient un sac de nœuds gordiens.
    Les députés sont en émoi, les ministres partent en vadrouille
    Et quant à la constitution on en voit trembler les gardiens.

    Rien ne va plus, les jeux sont faits et c’est bientôt la banqueroute ;
    Tous les budgets sont dépassés et on emprunte à l’étranger
    La dette qui hier nous étouffait arrive à la fin de la route
    Et l’expérience du passé croupit dans les dossiers rangés.

    Bonne nouvelle cependant, il n’y en a plus pour très longtemps ;
    Il paraîtrait que nos ressources sont épuisées depuis des lustres.
    Ce n’est pas en vilipendant l’ensemble de ses habitants
    Que l’État poursuivra sa course vers l’utopie qui s’en illustre.

    Tableaux de Rick Haim.

  • Le fil d’Ariane – 1

    Marianne suit son fil d’Ariane pour sortir de l’imbroglio
    Pas celui qui noue la raison ; plutôt celui qui nuit au cœur.
    Comme un bouquet de valériannes qui saoule son petit nobliau
    Qui aurait perdu sa maison et en garderait la rancœur.

    Mais que s’est-il alors passé dans les couloirs du labyrinthe ?
    Le nœud des affaires d’état serait-il donc indénouable ?
    Marianne se sent dépassée de sentir resserrer l’étreinte
    Du pouvoir et des vendettas qui se révèlent inavouables.

    Alors si c’était à refaire, Marianne remonterait sur le trône,
    Couronne en tête qui objecte et sceptre en main qui invective
    Qu’elle brandirait à chaque affaire louche et véreuse dont on prône
    Le politiquement correct pour masquer l’allure subjective.

    Tableaux de Rick Haim.

  • Oui Marianne, fais-le moi encore !

    S’il te plaît Marianne, refais-le moi encore
    La dissolution brute de l’Assemblée Nationale !
    Secoue-moi ce panier de crabes d’Albacore
    Et boute donc le feu aux multinationales.

    Inspire-leur un vent de motions de censure
    Et fais botter le cul au premier ministrable.
    Gros-Jean comme devant, la honte leur assure
    Une déculottée des plus administrables.

    Ouvre tes larges fesses et plonge le Sénat
    Au plus profond de toi dans ta chair la plus tendre !
    Après neuf mois passés dans l’étroit mécénat,
    Ils sentiront qu’ils ne perdent rien pour attendre.

    Illustration d’Oskar Garvens.

  • Marianne démaillottée

    Le premier ministre à Mayotte dit avoir mouillé sa chemise
    Hélas ce n’était pas la sienne mais celle de Marianne, hautaine
    Et furieuse qu’on la démaillote et la déshonore, soumise
    Comme une péripatéticienne de la droite républicaine.

    Tandis que l’autre bafouillait de paroles aussi dévastées
    Que l’île nue dont un cyclone a nettoyé ses habitants ;
    Et tandis qu’il en cafouillait, l’ancien ministre décontractée
    Rigolait car c’était un clone borné et incapacitant.

    Un autre vint mener la valse qui agaça les mahorais
    Déçus de s’en aller danser après en avoir déchanté.
    Et avant qu’ils en éprouvassent les conséquences abhorrées,
    Ils se mirent à pas cadencés envers Marianne à chanter :

    « Si le Roi savait ça, Marianne, Marianne, si le Roi savait ça,
    À ta robe de dentelle, tu n’aurais plus jamais droit,
    Marianne, si le roi savait ça. » †

    Tableau d’Ivan Loubennikov
    † extrait de la chanson « Le prisonnier de la tour » par Edith Piaf.

  • Le jacuzzi des sirènes – 2

    Vieilles sirènes, que faites-vous quand sonne l’heure de la retraite ?
    Remettez-vous la queue au stock des costumes traditionnels,
    Tous vos colliers, tous vos bijoux et toutes vos bottes secrètes
    Pour aller à Vladivostok goûter aux bains émotionnels ?

    En bikini, la clope au bec ou à poil, un verre à la main,
    On se retrouve au jacuzzi des femmes-poissons pensionnées.
    Caviar servi par des Ouzbeks autochtones dont le tournemain
    Ferait pâlir de jalousie des serveurs malintentionnés.

    Lorsqu’elles invitent un homme – parce que dans l’homme tout est bon –
    Toutes s’en régalent d’amour du sexe comme une croquembouche.
    Enfin elles noient le bonhomme et en dégustent les jambons
    Avec un sourire glamour qui leur illumine la bouche.

    Photo de Moni Haworth.

  • Le jacuzzi des sirènes – 1

    On s’entend bien entre sirènes ; lorsqu’un navire est capturé
    Par l’association océane des amatrices de gibelotte.
    Après des agapes sereines de loups de mer ligaturés
    Soumis au feu érotomane d’un grand méchoui en matelote.

    On se détend bien juste après pour aider à la digestion
    Dans le trou normand encavé avec fenêtre sur la mer.
    On se délecte des apprêts de la chasse à courre en question
    Avec les âmes chouravées à la marine intérimaire.

    Neptune nourrit ses enfants et leur décerne des étoiles
    Pour la cuisine élaborée du consortium des maîtres queues.
    Et les meilleurs chefs triomphants reçoivent leurs prix que dévoile
    Une pluie d’or corroborée par tous les dieux du monde aqueux.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Tourisme interstellaire

    Vous êtes-vous déjà révolté contre les hordes de touristes
    En les vouant aux gémonies ou encore au diable vauvert ?
    Eh bien vous allez virevolter pour les vacances futuristes
    Qui viennent sans cérémonie sur notre Terre se mettre au vert.

    Saturniens qui ne tournent pas rond, Vénusiens en manque d’amour,
    Martiens empourprés, nébuleux et Jupitériens triomphants
    Arrivent comme des fanfarons, à nos dépens et sans humour,
    Faire un safari fabuleux avec nos femmes et nos enfants.

    Entendez-vous dans l’atmosphère rugir ces féroces soucoupes
    Qui atterrissent dans nos champs et défigurent nos campagnes ?
    Mais pas de souci à se faire ; de toutes manières, ça vous la coupe,
    Nous sommes tous vendus aux marchands de rêves aux astres de cocagne.

    Illustration de Stjepan sur https://www.facebook.com/stjepanm550 .

  • L’ultra vision sans fil

    Un troisième œil comme émetteur pour se transmettre nos pensées ;
    Un réseau partout disponible afin de répandre l’amour ;
    Un nouvel homme prometteur en tant qu’humain récompensé
    D’avoir été incompatible… Dieu ne manque vraiment pas d’humour !

    Car le réseau existe déjà mais se relie au féminin
    Par l’intuition toute assignée qui communique avec le cœur.
    Jamais Adam ne partagea ce rayonnement pourtant bénin
    Avec les fils de sa lignée à l’esprit trop alambiqueur.

    Tableaux de Chema Mendez sur https://foundation.app/@mendezmendez .

  • La femme-chatte

    Dieu, qui avait l’aspect d’un Chat créa la femme à son image
    Et comme Dieu trouvait ça bon, il ronronna avec les anges.
    Lucifer alors se pencha sur elle pour lui rendre hommage
    Puis s’enfuit comme un vagabond que la paternité dérange.

    La femme accoucha d’un chaton qui mordillait à belles dents
    Ses mamelons gorgés de lait dont il lui pelotait les seins.
    Lucifer revint à tâtons curieux de voir son fils Adam
    Qui curieusement s’appelait Ève ; en effet c’était à dessein.

    Eh oui ! La première version de la divine création
    Était des chattes engendrées d’une démoniaque animale.
    Et Dieu entrant en aversion fit de sa propre imprécation
    Un nouveau visage calandré à une créature mâle.

    Montage de blowyourmindai.

  • Vénus versus Cupidon

    Bien que la Lune évoque un arc qui tire des étoiles filantes,
    Elle ne transperce aucun cœur et ne sait pas les repriser
    Mais un fil tissé par les Parque dans une fibre rutilante
    Saura réparer la rancœur des amours mortes et méprisées.

    Comment Vénus fait-elle alors pour catalyser l’étincelle
    Qui va mettre le feu aux poudres comme de l’or dans les genêts ?
    Sans doute un rayon incolore qui déclenche chez les jouvencelles
    Le grand pouvoir du coup de foudre sur les garçons encore benêts.

    Cupidon sait mieux nous convaincre, en faisant flèche de tout bois,
    Qu’il est capable d’embraser les cœurs sur de grandes distances ;
    Ou comment l’amour saura vaincre lorsque sa fléchette flamboie
    Sur le réceptacle abrasé des amoureux sans résistance.

    Eh bien Vénus ou Cupidon, du cœur, le mystère demeure
    Et si nous savions reproduire ces coups de foudre entre les gens,
    Nous serions Dieu qui décidons soit que l’on vive ou que l’on meure
    D’amour en laissant s’introduire un rayon de lune d’argent.

    Tableaux de Josiah Hill-Meyer.

  • Shiva là, là, là

    Qui donc se cache derrière Shiva si ce ne sont ses sœurs jumelles
    Qui se collent comme son ombre en laissant dépasser les bras.
    Ainsi partout où Elle va, elles se plaquent les mamelles
    Afin de marcher sans encombre dans son dos et sans embarras.

    Une femme peut en cacher une autre ; Shiva en dissimule deux autres
    Si on ne connaît pas leurs noms, tel est simplement leur désir.
    De l’amour, elles sont les apôtres, c’est pourquoi lorsqu’elles se vautrent
    Dans un lit, c’est le Trianon du nec plus ultra du plaisir.

    Shiva vit donc en synergie et ainsi bien plus efficace
    Pour les caresses prodiguées et le ménage pratiqué.
    Elles développent une énergie qui la rend bien plus perspicace
    Par trois cerveaux investigués aux mathématiques appliquées.

    Tableau de Hel Mort sur https://helmort.com .

  • Ruby & Lino – 5

    Ruby s’ennuie, Lino aussi au cœur de la Suisse profonde ;
    Sans doute l’effet du progrès qui affecte les environs
    Car les paysans s’associent pour que la faune se morfonde
    À quitter leurs champs à regret, blés, maïs, choux et potirons.

    Plus d’insectes et donc plus d’oiseaux ; le silence règne dans la campagne.
    On n’entend même plus les enfants leur mettre du sel sur la queue !
    Ruby s’informe sur les réseaux, ses voisines et ses compagnes
    Mais la nature se défend contre ces humains belliqueux.

    Lino, tous les jours au rapport, inspecte tous les alentours ;
    On tond, on coupe, on débroussaille, on fait beaucoup de bruit pour rien.
    Les animaux n’ont plus l’apport que leur conféraient les contours
    Des jardins et la boustifaille de larves d’ordre bactérien.

    Lino devient neurasthénique, la nostalgie du temps passé
    Lorsque la faune regorgeait des fruits et du sel de la terre.
    Ruby devient psychasthénique et se sent alors dépassée
    Et commence à voir ses projets s’anéantir sans commentaire.

    Illustrations d’Eva Zentner sur https://es.pinterest.com/pin/351912465663737 .

  • Prudence tous azimuts

    Un œil sur le présent, un œil sur le passé,
    Un œil sur l’avenir et tous les trois ensemble,
    Puis le cœur sur la main et l’esprit compassé,
    L’âme accrochée au corps, ce à quoi je ressemble.

    Pourtant je ne crains rien du passé révolu ;
    Pourtant je n’ai pas peur d’un futur immature
    Qui n’est pas accompli et où tout évolue
    Dans un présent sujet à mille mésaventures.

    Mais voilà, la prudence éclaire mon chemin ;
    Mais voici l’intuition me donne confiance ;
    C’est la force de l’être extrêmement humain
    Du moins quand tous les sens fonctionnent en défiance.

    Tableau de Hel Mort sur https://helmort.com .

  • Deux mains droites

    L’artiste, comme une femme enceinte qui ressent la vie dans son ventre,
    Ressent à son tour dans ses mains autant de vies qu’il a de doigts.
    Les pouces, opposition succincte, s’éloignent et tantôt se recentrent
    Tel l’insatiable benjamin narguant ses frères, comme il se doit.

    Comme tout interprétation d’une exposition musicale,
    Chaque doigt se fait l’instrument que les deux pouces alors orchestrent.
    Aux index la désignation d’une précision chirurgicale,
    Aux majeurs, la force indûment utile aux rôles dextre et senestre.

    Annulaires et auriculaires ont cette impression d’inutile
    Comme un joueur de picolo qui sent sa dépréciation.
    Mais les pouces, chefs protocolaires, ne les jugent jamais futiles
    Ni superflus, ni rigolos mais dus à l’interprétation.

    Il en est qui ont deux mains gauches, il en est qui ont deux mains droites
    Parmi ces artistes doués, il en est des exceptionnels
    Dont les menottes hier en ébauche deviendront demain plus adroites
    Lorsqu’elles seront toutes dévouées aux chefs-d’œuvre sensationnels.

    Tableaux de Mary DeLave.

  • Sur un air de bohème

    Profonde est la forêt secrète, sonore est le vent de la plaine,
    Sauvage est la faune discrète, furtive est la douce Violaine.
    Son violon fuse entre les arbres, les notes ouvrent les fleurs des champs,
    Les animaux restent de marbre du plus gentil au plus méchant.

    Le lynx dresse une queue attentive et ses pinceaux tirent l’oreille ;
    Le renard sur la préventive est d’une attention sans pareille.
    Voici la grive musicienne qui dodeline de son chant ;
    Voilà la Lune magicienne et son halo à contrechant.

    Et moi je passe entre les lignes pour en recueillir un poème
    Avec des rimes qui soulignent la nuit sur un air de bohème.
    Et la musique continue au point du jour quand sonne l’heure
    De dire adieu à l’inconnue qu’amabile en rêve je pleure.

    Tableau de Myrtille Henrion Picco sur https://conchigliadivenere.wordpress.com.

  • L’hiver indien

    Quatre saisons par convention entre les pôles et les tropiques ;
    La saison sèche et la mousson entre capricorne et cancer ;
    L’été indien en conjonction et l’hiver indien atypique ;
    Gaïa n’éveille aucun soupçon sur la façon dont elle s’en sert.

    Je laisse les quatre saisons aux concertos de Vivaldi ;
    J’abandonne l’été indien au récital de Joe Dassin ;
    Je me consacre à la raison pour laquelle la Terre s’enhardit
    De son hiver amérindien en veste à franges et mocassins.

    L’hiver indien, morte saison, pour flore, faune et êtres humains.
    C’est la période pour honorer ceux qui sont partis à jamais
    Rejoindre l’ancestrale maison de leurs ancêtres dont le chemin
    Part du milieu de la forêt d’où ils s’élèvent désormais.

    Voyez à travers la fumée monter les âmes délivrées
    Du fardeau et des exigences du matériel au quotidien.
    Les corps ont été consumés, les descendants sont enivrés
    Des substances de même engeance qu’un flux céphalo-rachidien.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de ces images reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • L’évolution du lapin

    L’emblème des feuilles de chênes provient d’une constellation
    Appelée « Trou Blanc du Conil » mais située on ne sait où…
    Il n’empêche que, l’année prochaine, on saluera l’apparition
    D’une galaxie juvénile dont l’emblème s’ornera d’un houx.

    L’année suivante sera dédiée au lièvre de Jean de Lafontaine
    Qui offre, pour le prix de deux, trois chauds lapins triangulaires
    Un ménage à trois étudié afin de courir la prétentaine
    Avec trois lièvres galvaudeux pour de meilleurs préliminaires.

    Enfin aux années bissextiles, un carré de quatre lapins
    Comme un trèfle à quatre pétales soient quatre cœurs à partager
    Pour rendre les sexes érectiles afin de mettre le grappin
    Sur plus de lapines fatales, des plus jeunes aux plus âgées.

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    Source inconnue. Si l’auteur de ces images reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.