Tout navire, avant son baptême, a droit à son cérémonial Afin d’affermir sa carène et de consolider ses voiles. Selon la saison et le thème, selon le site régional, Il a droit au ban de sirènes ou au firmament des étoiles.
Moi-même, jeune bâtiment, un trois-mâts fraîchement armé, Je fus baptisé sans remords d’une manière douce-amère ; Ma marraine m’avait gentiment déniaisé pour mieux me charmer Et l’artimon bandant à mort, je pénétrai la haute mer.
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Entre la flèche du Sagittaire et la Reine du Capricorne, Une treizième constellation en dessinait son côté face. C’était bien avant que la Terre bascule sur son axe morne Et que la vie en gestation ne transparaisse à sa surface.
Mais n’est pas Cupidon qui veut car la flèche rata sa cible Et se planta sur le point même qui deviendrait l’axe nouveau. Or, s’il s’en fallu d’un cheveu que la vie conclut l’impossible, Dans le zodiaque, aucun emblème incontestable ne le prévaut.
Avant de devenir Terre-Mère, la jeune Gaïa dut grandir Au cœur des étoiles filantes dont elle fut excellente élève. Si son enfance fut éphémère, elle sut néanmoins resplendir Le sixième jour, midi pétante, pour accueillir Adam et Ève.
Gaïa déesse de la Terre règne malgré ses habitants Dont les animaux trop placides et les humains trop turbulents Rendent son jardin délétère et ses océans dégoûtants. Alors, Elle pleure de pluies acides des torrents de larmes truculents .
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Les charmes de l’Égypte ancienne, entretenus par Cléopâtre Qui prenait ses bains entourée des plus belles filles pubères, Ont donné aux cartomanciennes des affaires de cœur à débattre Grâce à leurs cartes détourées du Livre Sacré Syllabaire.
L’Atlantide eut aimé transmettre ses connaissances émerveillées Dans un grimoire aux feuilles d’or orné d’Europe et son Taureau. Mais le temps n’a su nous remettre quelques arcanes dépareillées Dont tout le mystère s’endort dans l’antique jeu du tarot.
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D’abord le fou charme la Reine par son caractère astucieux Qui permet de damer le pion au Roi lorsqu’il part à la chasse. De sa jolie voix de sirène, elle leur promet un audacieux Avenir doré de champion ou héros si leurs cœurs trépassent.
Promu chevalier, à son tour, il transmet son métier des armes Aux jeunes recrues qu’il entraîne pour servir leurs maîtres et leur Roi. Mais il enferme dans la tour ceux qui n’ont cédé à ses charmes Ou ont opté suivre la Reine sans pour autant payer l’octroi.
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Il ne faut pas courir deux lièvres à la fois ; Ne pas viser deux buts sinon perdre les deux. Mais si les lièvres courent de partout à la fois, Je risque d’être imbu d’en sacrifier l’un d’eux.
Je ne peux pas passer par deux portes ouvertes Et si elles sont fermées, je dois chercher plus loin. Avec un œil ouvert sur chaque découverte ; Les deux pour confirmer si j’en sens le besoin.
Mais deux lièvres à moitié n’en font pas un complet. Un bon tiens ne vaut-il mieux que deux tu l’auras ? L’amour doit être entier au risque d’incomplet Comme celui si fertile de ma chère Laura.
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Le charmeur égrène de sa vie les perles toujours savoureuses Contenues dans le florilège de ses amours les plus loquaces. Si son auditoire est ravi de ses aventures amoureuses, Il lui offre le privilège d’en écouter les plus cocasses.
Puis, le flot de belles paroles devient un grappin qui tournoie Garni au bout d’accroche-cœurs et de pensées subliminales. Tout va trop vite ! À tour de rôle, chacun des petits mots sournois Plante le drapeau du vainqueur sur sa conquête libidinale.
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Tandis que le cœur bat trop vite et que le corps poursuit sa course, L’esprit projette ses désirs sur l’écran vierge de mon âme. Peu à peu, le cœur s’y invite, le corps s’y abreuve à sa source Et mes petits « moi », à loisir, se réjouissent du programme.
Ainsi l’existence déroule le film intime de ma vie À la poursuite des amours qui m’entraînent dans d’autres histoires Tandis que ma mémoire enroule toutes les anecdotes ravies Que reverront avec humour mes petits « moi » contradictoires.
Dans la forêt des nuits profondes aux arbres peints en clair-obscur, Jamais étoile ne pénètre fors un petit rayon de Lune. Mais quelques herbes vagabondes tendent leurs limbes et leurs nervures Vers l’astre pour s’y reconnaître ; bruyères, genêts et callunes.
Petite musique de Lune jouée sur un halo léger Semble animer des feux follets entre les bois reconnaissants. Quelques farfadets de fortune se mettent alors à galéjer Et soudain s’enfuient, affolés, au premier cri du jour naissant.
Dominant les quatre éléments, le Mont-Saint-Michel ne déroge Ni aux lois des flux telluriques ni à la règle des marées. Même le cours du temps véhément ne ralentit pas son horloge Qu’il soit météorologique ou d’un présent contrecarré.
Plusieurs histoires s’y rencontrent dans le dédale de ses rues Depuis l’époque gallo-romaine jusqu’à Arthur et Pendragon. Même les dieux vont à l’encontre de leurs religions disparues ; Seule une force surhumaine maintient Michel et son dragon.
Jeudi, les quartiers de la Lune croissent ou décroissent à volonté. Les éphémérides le confirment et l’astronomie en fait foi. Quoi qu’il en soit, cette opportune faculté de désorienter Son monde, à mon avis, affirme que l’astre nous ment plusieurs fois.
Vendredi, le Soleil, la Lune et la Terre avaient rendez-vous Et l’astrologie en profite pour m’annoncer plein de bonheur Bien qu’une chance inopportune se soit glissée, je vous l’avoue, Comme une éclipse à la va-vite pressentie en bien tout honneur.
Samedi, j’attends les étoiles qui mentent nettement moins souvent Et j’en appelle à la Grande Ourse sans pour autant la prendre au mot Car voici qu’un nuage voile le ciel au moment émouvant Où elle me révèle la source originelle de tous mes maux.
Lundi, je sens le blues qui monte avec la première marée Qui m’apporte du vague à l’âme à l’idée de recommencer À rajouter à mon décompte un nouveau jour à démarrer, Attiser, surveiller sa flamme sans pour autant le romancer.
Mardi, le cœur à marée basse fait l’inventaire de la place Qu’il occupe sur cette plage, sur cette tranche de ma vie. J’observe tout ce qu’il s’y passe, chaque seconde qui remplace La précédente au recyclage et qui se répète à l’envi.
Mercredi, j’ai oublié l’heure et j’ai raté la marée haute. Tant mieux car Madame la Lune m’agace avec ses haut-le-cœur. Je cesse d’obéir au leurre de monter ou baisser la cote De mon moral à la fortune des phases de l’astre moqueur.
Blanche-Neige s’est faite piquer et son auréole a noirci ; Sa robe est devenue toute sale et son histoire n’est plus drôle. La sorcière a su s’appliquer diaboliquement, cette fois-ci, En inondant toutes les salles de son château par du pétrole.
Ainsi finissent tous les contes, entachés par de l’argent sale ; Les fées délèguent leurs pouvoirs à la magie du capital. Tant et si bien, au bout du compte, qu’elles ont ouvert des succursales Qui offrent un philtre à promouvoir qui vous conduit à l’hôpital.
Photo de charme vue sur https://sacredcharm.tumblr.com
La fée de l’essence, elle-même, est venue soutenir les troupes Qui roulent tout autour de la Terre dans leurs beaux camions tout chromés. Tout feu tout flamme, tout que qu’elle aime communiquer à chaque croupe, Donne une énergie salutaire à la justice qu’on nous promet.
Mesdames, ne prenez pas ombrage si l’amour leur monte à la tête ! Messieurs, ne soyez pas jaloux, si les femmes au volant s’en mêlent ! Car pour lutter contre l’outrage des restrictions qui nous embêtent, Il faut sans cesse hurler « au loup ! » lorsque nos ressources s’emmêlent.
Mais ce qui devait arriver est arrivé finalement ; À force d’être exterminés, les poissons deviennent insolents. Avec des oiseaux motivés, ils ont croisés leurs filaments D’ADN prédéterminés à produire des poissons volants.
Et les voici crevant l’écran des aquariums et des fenêtres ! Les voilà perçant la surface de toutes calottes glaciaires ! Ainsi foncent les oiseaux à cran et tous les alevins à naître Qui réclament l’ultime face-à-face contre l’humanité carnassière.
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Pourquoi du poisson aux chrétiens et des croissants aux musulmans ? C’est le secret du Vendredi mais pas celui de Robinson. Mais quoi qu’il en soit, l’entretien de cette légende ridiculement Pèse dans le monde des érudits bouddhistes, juifs et franc-maçons.
J’en ai fait ce pianoquarium pour poissons muets comme une carpe Qui permet de communiquer avec des bulles de toutes sortes. Mon piscicole auditorium sous l’action de mes métacarpes M’a dit d’cesser d’polémiquer ; chacun voit midi à sa porte.
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Si je devais mourir un jour, je voudrais que ce soit la nuit ; Un jour éclipsé par ma vie qui cesse de donner sa lumière. Comme le soleil revient toujours, je continuerai sans ennui Ce long voyage dont le devis est signé d’une âme plénière.
Intemporel sera ce jour et sa nuit fuira hors du temps ; Mon corps reviendra à la Terre et l’âme rejoindra le ciel ; Mon cœur quittera ses poids lourds qui ont pesé à chaque instant Chaque battement élémentaire et épuisé son potentiel.
Parfois elle m’interdit l’accès à mon nécessaire à écrire Lorsqu’elle pense mécanique ma façon de vivre en ce monde. Alors elle crève l’abcès et mes outils sont à proscrire Tant que ma bouche reste laconique avec des pensées vagabondes.
Alors le cœur s’en va puiser dans la mer des larmes amères Les idées qui ont décanté depuis que je les y ai versées. Et j’extrais jusqu’à m’épuiser de cette mémoire mammaire Une encre qui a fermenté de mes remords controversés.
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Le même paysage immobile voyage pourtant dans le temps ; Les jours le transforment à leur guise et les nuits le métamorphosent Avec une encre indélébile puisée dans les trous noirs distants Et dont l’empreinte se déguise dans les reflets d’anamorphoses.
Ainsi la Lune se reflète et la Voie Lactée réfléchit Dans l’eau dormante dont les rives se teintent d’un conte de fées. Mon coeur d’étoile me soufflette dans l’obscurité qui fléchit Que mon canot à la dérive lui aussi en subit l’effet.
Toutes les roses ont des épines, apparemment pour se défendre Mais les cactus ont des piquants, probablement plus convaincants. Si les ronces et les aubépines ont des arguments à pourfendre, Le cactus, plus communiquant, possède un pouvoir requinquant.
Le Mezcal et la Tequila, deux eaux-de-vie bleues et piquantes Relèvent l’agave au sommet des plantes les plus épineuses. Si la boisson obnubila l’armée d’Espagne conquérante, Cortès en a tant consommé qu’il l’a sacrée faramineuse.
Qui de la Terre ou bien du Ciel exerce-t-il son plus bel art ? La Terre féminine enfante ce que le Soleil lui engendre. Comme si le geste essentiel du dessin suivait un scénar Écrit par la vie qui enchante de tout son talent à revendre.
Quel enthousiasme au crépuscule quand le soleil salue le monde Sous les applaudissements dorés de la nature rougeoyante ! Puis, au moment où il bascule, à la toute dernière seconde, Un rayon vert sur les forêts, ultime ovation chatoyante.
J’ai retrouvé ce vieux carnet de toutes mes conquêtes incarnées Avec ses rayures et ses coches au grenier dans un vide-poches. Quelques photos un peu jaunies qui ne m’ont pas très rajeuni Et en postface évocatrice, leurs propres notes réprobatrices.
Nos désirs font interférence mais après tout, quelle différence ? L’homme serait-il dépareillé à voir sa femme ainsi rayée ? Les rayons aux cuisses fessues et l’ombre bras-dessus bras-dessous Forment un érotisme subtil sur les courbes les plus ductiles.
Pour effeuiller la Marguerite, ôtez-lui chacun des pétales ; Pour dévêtir la Valentine, laissez-lui faire son strip-tease Avec sa musique favorite jusqu’à la phase capitale Où, comme un coup de guillotine, paraît l’objet de convoitise.
Dansez, bandez sans trop penser ; cueillez l’amour et son pistil ! Butinez, goûter, pénétrez dans son petit jardin secret ! Arrosez sans vous dépenser ; les fruits nécessitent un subtil Entretien sans cesse perpétré durant neuf mois à lui consacrer !
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Prométhée exprima sa flamme à Valentine, sa bonne âme Qu’il comptait éblouir d’un feu – du moins tel était-il son vœu – Mais Zeus jugeant cet acte infâme – voler le feu pour une femme – L’aurait condamné quasiment à un terrible châtiment.
Fort heureusement sa promise, pendant ce temps s’était permise De survoler le Mont Caucase en chevauchant ce bon vieux Pégase. Et c’est ainsi qu’à chaque fois que l’aigle voulait gober le foie Elle lui ruait dans les brancards et ce, jusqu’au prochain rencard.
Finalement tout s’arrangea et même Zeus les dédommagea Après l’incident passager et leur permit de partager Avec les hommes ce feu sacré à condition d’y consacrer Une journée dédiée à la femme pour en perpétuer la flamme.
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Mon cœur rêve d’îles désertes où l’on vit nu dans l’insouciance Comme si le singe, tapi en moi, restait dans son arbre éploré. Mon âme se montre diserte pour refouler l’insignifiance Du progrès qui met en émoi l’esprit sans cesse amélioré.
Redevenir homme des bois et retourner à la nature ? Il semblerait qu’il soit trop tard car le temps reste irréversible. Les remords font le contrepoids avec la triste conjoncture Aux regrets toujours en retard sur ses effets imprévisibles.
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La nuit, capté par l’inconscient, le flux de mes rêves s’anime Et passe à travers la passoire de l’esprit en demi-sommeil. Il puise dans mon subconscient mes désirs les plus unanimes Et se répand dans ma mémoire puis, fond comme neige au soleil.
Entre l’émetteur mystérieux et le récepteur défaillant, Beaucoup de songes se précipitent dans l’abîme des trous du savoir. Combien de messages impérieux, transmis d’un souffle prévoyant, Tombent dans l’âme décrépite qui n’a pas su les promouvoir ?
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Les monstres marins ressurgissent quand on ne s’y attendait plus ; On les avait dit disparus, éradiqués par le progrès. Pourtant les alarmes rugissent comme s’ils étaient en surplus Et pour cette fois apparus annoncer le temps des regrets.
Autant de fléaux sont passés et ont englouti nos cités Et l’humanité n’a cessé de recommencer son histoire. On ne compte plus les trépassés, les guerres et les atrocités Sans que la vie ait progressé par-dessus-tout vers sa victoire.
Aujourd’hui la moindre tempête est synonyme d’apocalypse ; Le moindre rhume qui éternue menace toute la Terre entière. On prend la poudre d’escampette et l’intelligence s’éclipse Devant un virus inconnu qui franchit toutes les frontières.
Bientôt ma ville submergée vivra d’une vie aquatique ; Mon long courrier naviguera vers des latitudes sereines. Mais je le verrai converger par les couloirs sud-Atlantique Surtout lorsqu’il rappliquera pour ensemencer nos sirènes.
Cette nuit, ma ville sous-marine allume ses feux de positions Et attire ainsi mon navire qui vire de tribord à bâbord. Le capitaine alors s’arrime à l’ancre à sa disposition Et hèle celles dont le cœur chavire mais accepte de grimper à bord.
Un an plus tard, sur le retour, les sirènes avec leurs enfants Qui ont affermi leurs poumons reviennent aux eaux maternelles. Chacun de plonger à son tour afin de rentrer triomphant Retrouver leurs hommes-saumons dans leurs abysses paternelles.
À force de courber l’échine et accepter les oppressions Braillées par les ânes dociles qui entretiennent sa folie, L’homme devient une machine qui s’agite selon les pressions Exercées par des imbéciles dans une sourde mélancolie.
Pareil au zèbre dont les rayures le distinguent dans la savane, L’homme oppressé devient la proie des fauves qui ouvrent la chasse. Pour échapper à la souillure, il passe à des actions profanes Pour s’enfuir du chemin de croix vers lequel l’étau/l’état le pourchasse.
En vérité, tout est toxique, tout est poison écornifleur Malgré une belle apparence et l’envie de croquer dedans. La beauté paraît dyslexique avec le langage des fleurs Dont la grammaire fait carence à dater de la pomme d’Adam.
Tous les petits démons sucrés n’y font pas, non plus, exception ; Leur séduction nous turlupine et nous abuse à contrecœur. Même si le féminin sacré est d’immaculée conception, Telle une rose et ses épines, sa flamme vous brûlera le cœur.
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La chatte de Madame Seguin serait la plus belle du monde D’après les on-dit répétés que j’ai perçus dans l’escalier. Combien en ont eu le béguin ? Combien d’amoureux à la ronde Sortent par ces mots hébétés, las, essoufflés sur le palier ?
J’ai souhaité connaître la chose et sous un prétexte un peu sot, Je sonnai en catimini et entrai l’air intéressé… Une femme nue prenait la pose, sa chatte agitait un pinceau Et m’annonça : « Presque fini ! Pourquoi êtes-vous tous si pressés ?
Dans le noir et blanc de mes rêves, souvent se détache une teinte Qui souligne en fausses couleurs un message issu de mon âme. Quelquefois la nuance est brève mais souvent elle met son empreinte Comme pour accentuer la douleur d’un cri qui surgit de la trame.
Marquées au fer rouge du cœur, combien de blessures profondes Remontent étrangement la nuit après des années d’amnésie ? Comme si l’eau de la rancoeur après avoir rejoint d’autres ondes Passées sous les ponts de l’ennui se teint d’une encre de jalousie.
Tableaux d’Izumi Kogahara sur http://touchofcolorr.blogspot.com/2015/11/izumi-kogahara.html?m=1
À l’instar du fameux phénix qui renaît toujours de ses cendres, L’équivalent existerait mais qui renaîtrait de ses glaces. Sans démonstration trop prolixe, il suffit d’attendre décembre Et voir en quoi consisterait le spécimen qui le remplace.
Dès l’instant des premiers frimas, vient comme une mort à rebours, Une sorte de printemps renversé qui apparaît lors du solstice. Alors dans ce microclimat dans les campagnes, loin des bourgs, Renaît la chimère inversée qui évoque un phénix factice.
Photo de Tammy Shrive sur https://www.thefabulousweirdtrotters.com
Tant mes souliers ont voyagé depuis l’aube de mes premiers pas, Tant mes souliers se sont usés d’avoir couru sur les remparts. Mes pieds s’y sont apanagés avec ampoules et sparadrap Et tout mon cuir désabusé se craqueler de toutes parts.
Mais ils m’ont tellement soutenus que je n’ saurais prétériter Leur soutien en toute occasion, sauts d’obstacles et ainsi de suite. Et les pieds d’une femme nue, observés avec témérité, Me prétextent une conclusion ou l’envie de prendre la fuite.
Rien à dire contre le silence qui lui tient lieu de forteresse Comme un interdit humiliant qui la hisse au-delà de moi. Malgré toute ma vigilance à trouver ce qui l’intéresse, Je me heurte au mur résiliant qui met tous mes sens en émoi.
Tous mes essais pour contourner son nid d’aigle le furent en vain ; Hautes murailles garnies de ronces, gens protecteurs de toutes sortes. Alors je m’en suis retourné lentement comme il en convînt Car, n’obtenant nulle de réponse, il fallait bien que je m’en sorte.
Tableau d’Izumi Kogahara sur http://touchofcolorr.blogspot.com/2015/11/izumi-kogahara.html?m=1
Je l’ai zoomée à la folie de mon télescope indiscret, La Sainte-Nitouche d’en face de l’autre côté de la rue. Elle trouble ma mélancolie en me dévoilant les secrets De l’intimité efficace d’un sein brusquement apparu.
Pourtant elle sait que je l’observe et le soir en levant nos verres Nous trinquons ensemble à distance avec un sourire convenu. Cependant elle, sur la réserve, me signifie d’un doigt sévère Qu’elle m’oppose toute résistance même en s’affichant toute nue.
Tableau de Thierry Marchal sur http://www.marchalexpo.com/oeuvres_thierry_marchal.htm
Beaucoup trop d’histoires ont coulé dans l’eau sous les ponts de chez nous À propos des coups de colère pour la bergère envers ses chats. Depuis tout le temps écoulé, il apparaît que son courroux N’était pas si spectaculaire que celui qu’on lui reprocha.
Si les chatons buvaient son lait, à peine trait de ses brebis, Ils chassaient aussi tous les rats en échange de leur pitance. Mais son mari, homme fort laid, obnubilé par le débit Traquait les chats, ces scélérats, et les maintenait à distance.
Alors la bergère en colère chassa son avare de mari À grands cris et coups de bâton qu’on entendit sur plusieurs lieues. Depuis, les chants épistolaires l’ont échauffée au bain-marie Et le lait du pauvre chaton s’y est répandu au milieu.
Tableau de Thierry Marchal sur http://www.marchalexpo.com/oeuvres_thierry_marchal.htm
J’eusses aimé croquer comme Adam dans le fruit de la connaissance, Découvrir le péché de chair, la gourmandise et la luxure ! Faire, en premier, tout un ramdam, semer la désobéissance Parmi les angelots si chers en en leur jetant les épluchures.
J’eusses aimé vivre sans retenue avec Lilith en naturistes Au paradis revendiqué au nom de notre liberté. Puis, Ève et ses sœurs, toutes nues, aux perspectives futuristes, Auraient vécu sans polémiquer leur éternelle puberté.
Tableau de Rafal Olbinski sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2016/12/Rafal-Olbinski.html
L’art de conjuguer sa maison à sa voiture donne raison À la tendre similitude d’agrémenter ses habitudes. Un vaisseau de pierre immobile, un véhicule automobile, Pour profiter du temps qui passe, repasse et qui courbe l’espace.
Jaune citron, un peu acide dénote un caractère lucide Comme un soleil en solitaire qui roule tout autour de la Terre. Monsieur, Madame, couple charmant, ont dû échanger le serment De ne voir pour tout coloris qu’un jaune paille ou canari.
Dans la nuit soudaine et violette, chacun se retrouve au point d’eau À l’heure lunaire indiquée à la Corne de Rhinocéros. Les animaux sur la sellette, les prédateurs en commandos, Un curieux mélange imbriqué de faune paisible et féroce.
Éléphants et hippopotames et tous les autres pachydermes Chacun conduit sa caravane sous la houlette des léviathans. Puis, quand l’obscurité entame, d’une nuit qui tombe à son terme, Sa primauté sur la savane, l’Esprit de l’Afrique les attend.
Fleuri de rose vénitien, le Grand Canal semble tranquille Sous l’odeur des lotus éclos qui l’endort dans ses rêves roses. Un marchand de sable phénicien coupe les eaux de la presqu’île Afin de gagner son enclos sous un ciel d’aurore morose.
Originaire de Phénicie, au sable si rose et si fin, Il répand les parfums d’orient tout autour de l’Adriatique. Le tourisme bénéficie jusqu’à ses ultimes confins De ce trafic répertoriant toutes les dépendances hypnotiques.
Dans la nuit noire, les chatons excellent au jeu des silhouettes ; Velours au bout des ripatons, ils aiment jouer les girouettes. Eux, savent d’où vient la lumière qu’ils renvoient pareil à un phare Postés au bas d’une chaumière d’une fixité que rien n’effare.
Minet, derrière sa fenêtre, joue comme à la télévision Et prend son temps pour reconnaître où voler quelques provisions. S’il observe le temps qui passe, la météo et les infos, Il cherche à faire un coup d’audace car à tout âge, les chats sont faux.
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Je m’accompagne naïvement le cœur d’enfant dans les contrées À la recherche d’un espace où le temps n’a pas d’importance. Je communique tardivement mais il est temps de rencontrer Cette entrevue que j’outrepasse à travers le temps à distance.
Tiens ! Me voici sous le grand chêne avec l’ami imaginaire Qui était promu seul confident et détenteur de tous mes biens. Et moi je rétablis la chaîne entre mon présent ordinaire Et mon passé se dévidant vers l’avenir qui est le mien.
Je me souviens de son guichet qui s’ouvrait à même son tronc Et son visage souriant suivant mes pensées surannées, Ma timidité affichée et mes allures de poltron, Sans savoir que l’ami brillant, c’était moi, dans plusieurs années.
Le roi de droite hache le temps pour ne pas perdre une seconde. Son temps, précieux comme l’argent, est minutieusement compté. Économe du moindre instant, il fait payer à tout le monde Un impôt qu’il va partageant avec ses amours escomptées.
Mais la Reine, elle ne compte pas ; l’amour ne sait pas ce défaut. La Reine attend impatiemment que son roi cesse cette addiction. Le temps, quand il part au combat, suspend son vol en porte-à-faux ; Elle s’en va chercher galamment un réconfort à l’affliction.
Le roi de gauche, d’un amour ivre, ne fait pas les choses à moitié ; Dans sa tête, le temps peut trotter avec ses courses contre la montre ! Lui, c’est un homme du temps de vivre, du temps d’aimer et de châtier Et quand la Reine vient s’y frotter, impétueuse est la rencontre.
Il est interdit de mourir sous peine d’aller en prison Car la mort devient illégale et votre vie obligatoire ! L’idée n’a cessé de nourrir cette suprême guérison Que l’homme espère sans égale, orgueilleuse et jubilatoire.
Mais l’homme dans cet ouroboros devra réviser sa copie Car l’excès de reproduction devient super population. À moins que la mort, plus féroce, vienne braver cette utopie Et passe à la surproduction de virus en circulation.
Dans un pays imaginaire, l’air est imposé par l’état Qui vous oblige à respirer au moyen d’un adaptateur ; Grosse machine poitrinaire mais encore en version bêta Dont le design est inspiré de nos anciens aspirateurs.
Évidemment tout le monde triche car le sommeil n’est pas taxé Et le virus du sommeil frappe tous les systèmes immunitaires. Et comme on ne prête qu’aux riches, ceux-ci se trouvent surtaxés À cause des pauvres qui s’attrapent tous un coma communautaire.
Tableau de Robert Heindel sur http://todaysinspiration.blogspot.com/2013/11/another-look-at-robert-heindel.html?m=1
Quand Dieu parlait aux animaux, ceux-ci l’écoutaient en silence Mais ses échanges avec Ève lui donnaient du fil à retordre. Il en parla à demi-mot, car il n’aimait pas l’insolence, À Adam, son meilleur élève, afin qu’il y mette de l’ordre.
Celui-ci à bout d’arguments s’en alla trouver la Licorne Lui proposant d’intervenir grâce à son don de télépathe. Ainsi dans un grand dénuement, Elle alla proposer sa corne À Ève qui la vit venir se dandinant des quatre pattes.
Avec Ève, l’organe phallique fit des miracles coutumiers Comme y réussissait son homme quand il désirait décharger. Mais le serpent machiavélique les invita sous le pommier Et embrocha autant de pommes que la licorne pouvait charger.
Elles mangèrent le fruit défendu en bénissant l’initiative. Ainsi Dieu punit le serpent, Adam et Ève, puis, la licorne. Les trois premiers furent descendus de toutes leurs prérogatives Et la licorne, à ses dépens, perdit et son nom et sa corne.
Sculpture d’Elya Yalonetski sur https://www.artfinder.com/artist/yalonetski/?epik=dj0yJnU9UzF4ZnFPcUhzaTJuMmE0SkNpN0JwQ2lBQmJVd3NuY2cmcD0wJm49OUZRY0NvdERBUlFTYUhyQkdTWGR5USZ0PUFBQUFBR0hFTG8w
Il faut pêcher vers l’extérieur encore plus loin, en haute mer Car les poissons ont disparu de nos rivières et nos étangs. Et moi, cloîtrée à l’intérieur de mon confinement amer, J’ai trop d’étiquettes parcourues, labellisées au fil du temps.
Le thon a payé son octroi à l’imposition de la pêche ; Le hareng sort de temps en temps garni de sauce rémoulade ; La sardine à l’huile à l’étroit avec les pilchards escabèche Et le saumon sont mécontents du mercure qui les rend malades.
Cupidonia largue ses flèches toutes ensemble en une seule fois Pour décocher le maximum de prétendants à ses avances. Si d’aventure elle se pourlèche à l’idée de plusieurs renvois De consentements optimums, elle devra tenir la cadence.
Cupidonia, organisée, possède plusieurs cordes à son arc ; Autant de chambres, autant de lits afin d’accueillir tout le monde. Comment peut-elle totaliser tant d’amours et mener sa barque ? Répondez donc à sa folie et… attendez qu’elle vous réponde.
Enfermé dans sa tour d’ivoire, il regardait passer le temps, Regarder s’écouler le fleuve de son impassible existence. À chaque heure il savait prévoir les habitudes des habitants Qu’il fasse soleil ou qu’il pleuve… Ô éternelle inconsistance.
J’en ai vu des maisons semblables avec les mêmes locataires Qui comptabilisent le monde comme une gare ferroviaire. Les histoires invraisemblables animent leurs vies terre-à-terre, Spectateurs à chaque seconde du temps au fil de la rivière.
Tel est, condamné dans sa tour, le sort de notre ancien champion Qui a chuté au jeu de l’oie sur la case de la prison. Dès lors, Il doit passer son tour en attendant qu’un autre pion Tombe sous le coup de la loi et lui ouvre son horizon.
Tableau de Richard Johnson sur http://www.richardjohnsonillustration.co.uk