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  • Vendredi, mangez du lapin !

    Je vois les feuillets s’effeuiller au fil de mon éphéméride
    Sept fois par semaine – quelle aubaine ! – mon régime suit la marée :
    Lundi, du poisson persillé ; mardi, la fête à la bourride ;
    Mercredi, sole marocaine ; jeudi, bigorneaux bigarrés.

    Mais point de poisson vendredi, la mer m’a posé un lapin.
    Qu’à cela ne tienne – de garenne – j’en quémande de toute ma fièvre !
    Notre pêcheur, sans contredit, aussitôt lance son grappin
    Et nous remonte de sa carène une sirène à moitié lièvre.

    Du vendredi soir au dimanche, durant deux jours, durant trois nuit,
    Je l’aimerai passionnément et jusqu’à la dernière arête.
    Le goût de sa douce chair blanche m’aura profondément séduit
    Au point que, sans désagrément, ce n’est pas demain que j’arrête.

    Illustration de Dominic Murphy sur https://www.dominicmurphyart.co.uk/down-the-rabbit-hole

  • Rêves destructeurs

    Est-ce que les rêves destructeurs se heurtent contre les rochers
    Que la mémoire a endigués pour lutter contre la tristesse ?
    Les bons moments reconstructeurs se regroupent pour s’accrocher
    À l’avenir se conjuguer avec mon présent en détresse.

    Seulement voilà, il faut bouger, il faut se lancer à l’assaut ;
    Alors je plonge dans la peur qui ressemble à une montagne.
    Je laisse aller les préjugés qui tournoient comme des lassos
    Et qui me frappent de stupeur afin d’éviter que je gagne.

    Les entraves tombent si j’y crois car il n’existe aucun miracle
    Que celui de prendre le train qui s’arrête pile devant mes yeux.
    Doutant, sur mon chemin de croix, de pénétrer dans l’habitacle,
    J’ai trop laissé passer l’entrain de tant de projets merveilleux

    Tableau de Cyril Rolando sur https://mymodernmet.com/cyril-rolando-surreal-digital-art

  • L’habit de souffrance

    Il a tellement porté mes cris noués dans sa robe de douleur
    Et de souffrances encore ouvertes à l’échancrure de mon cou,
    Qu’un jour j’ai déclaré proscrit ce vieux vêtement refouleur
    Qui gardait mes plaies recouvertes et m’augmentait les contrecoups.

    Je l’ai dressé sur mon passé comme épouvantail à mémoire
    Pour effrayer mes vieux démons qui tenteraient de revenir.
    Jamais l’un d’eux n’a dépassé sans être, d’un coup d’assommoir
    Désenchanté à pleins poumons à la vue de ce souvenir.

    La gravité fait le bonheur de tous les pauvres imbéciles
    Qui se complaisent à prendre au sérieux tout ce qui peut l’être au tragique.
    Malgré cela, j’ai eu l’honneur d’utiliser sa préhensile
    Capacité d’un impérieux lancer de fronde gravifique.



    « La gravité est le bonheur des imbéciles. » Charles de Montesquieu.

    Photo de Mulch Media Gallery sur http://www.mulchmedia.com/gallery/default.aspx?moid=547

  • Le chat et la souris sur le net

    Comme elles ont troqué leur balai pour l’aspirateur dernier-cri,
    Elles ont remplacé leur grimoire par l’ordinateur connecté
    Au plus gigantesque ballet du net auquel elles ont souscrit
    Dont la capacité mémoire dépasse le téraoctet.

    Les prédictions astrologiques ont pris un sacré coup de fouet
    Grâce au chat qui prend la souris et la dirige d’un air savant.
    Selon les lois de la logique, s’il s’en sert comme d’un jouet,
    Le résultat sera pourri mais c’était déjà comme ça avant.

    Tableau de Tristan Elwell

  • Nostradamus est démodé

    Avec ses softs sous MS-DOS, son Apple II, son Ibéhème
    Et ses processeurs en huit bits, il devait être déboussolé.
    Les prévisions, quel sacerdoce ! Ses oracles sont tout un poème
    Avec ses vers tous pleins de mythes et ses listings tous gondolés.

    Nostradamus en Version II n’a pas obtenu plus de gloire ;
    Il provoquait lui-même les crises qu’il avait prédites symboliques.
    Il s’est montré si galvaudeux qu’il était le seul à les croire
    Et c’est ainsi que, sans surprise, il brûla en place publique.

    Illustration de Gray Morrow

  • Le combat des chefs

    L’œil droit voulait être le chef : « c’est moi qui oriente l’homme ! »
    L’œil gauche voulait être le chef : « c’est moi qui repère les femmes ! »
    Le nez voulait être le chef : « c’est moi qui sent les phéromones ! »
    Le cerveau voulait être le chef : « c’est moi qui contient toute l’âme ! »

    La bouche voulait être le chef : « c’est moi qui embrasse, ma foi ! »
    Les lèvres voulaient être le chef : « c’est nous qui prêtons à sourire ! »
    La langue voulait être le chef : « c’est moi qui m’ retourne sept fois ! »
    Les dents voulaient être le chef : « c’est nous qui éclairons le rire ! »

    Le crâne voulait être le chef : « c’est Moâ qui ai toute ma tête ! »
    Les oreilles voulaient être le chef : « c’est nous qui portons les lunettes ! »
    Le cou voulait être le chef : « c’est moi qui fait tourner la tête ! »
    Finalement, pour faire bref, le couperet trancha tout net !

    Illustration de Junji Ito

  • Mardi, entre le Soleil et la Lune

    En fait, le Soleil me surveille de l’aube jusqu’au crépuscule.
    Il joue le Gardien de mes jours et mon Geôlier durant mes nuits.
    Dès le matin, Il me réveille par petits faisceaux minuscules
    Jusqu’au soir où, fin du séjour, black-out entre onze heures et minuit.

    Je Le trompe une fois par mois avec ma maîtresse Lunaire ;
    Nous attendons qu’Il soit couché et qu’Il dorme à rayon fermé.
    Puis, toute la nuit, quel émoi ! Quelles amours extraordinaires
    Donnent à la Lune effarouchée le désir de se transformer !

    Première semaine de grossesse, Elle disparaît dans ses quartiers ;
    Son ventre s’arrondit sans cesse … point de Soleil à l’horizon ;
    Troisième semaine, une princesse paraît sous le regard altier
    Du Soleil qui, avec rudesse, me reconduit dans ma prison.

    Tableau de Six N. Five

  • Problèmes de cœur

    Seulement à peine quelques jours après la fête des amoureux,
    Saint-Valentin voit son service de l’après-vente saturé.
    Passé la nouba de l’amour, les cœurs retombent langoureux
    Et viennent se plaindre de sévices et positions dénaturées.

    Alors on répare les cœurs à l’atelier du cœurdonnier
    Qui recoud les peines d’amour et vidange les peaux de chagrin.
    Il redonne un peu de vigueur aux coups de foudre prisonniers
    Qui n’ont pas pu venir à jour à cause d’un pénible train-train.

    Tableaux de Catrin Welz-Stein sur http://artsdumonde.canalblog.com/archives/2016/03/12/33502041.html

  • Lundi, selon comment je suis luné(e)

    Mon cœur, ce drôle de pendule, décide après hésitation
    Comment choisira-t-il l’ébauche du jour avec incertitude…
    Selon si les artères ondulent à droite avec excitation
    Ou si les veines oscillent à gauche avec plus de mansuétude.

    S’il reste fixe, je reste au lit attendant que ça redémarre
    Car à force de le remonter tous les soirs, parfois il se bloque
    Comme un métronome ramolli par les rêves et les cauchemars
    Où il doit sans cesse affronter les décisions les plus loufoques.

    Tableaux de Catrin Welz-Stein sur http://artsdumonde.canalblog.com/archives/2016/03/12/33502041.html

  • Le paradis sans elle ?

    Afin de plaire aux phallocrates, Dieu créa Adam sans la femme
    Et le plaça au Paradis sans désir et sans tentation.
    L’homme régna en autocrate sur les animaux sans fantasme
    Et eut pour le prix d’un radis la Terre pour sa sustentation.

    Que croyez-vous qu’il arriva dans ce nirvâna enchanté ?
    Il resta sans conversation, sans plaisir de la connaissance.
    Tant sa bêtise dériva que Dieu, lui-même fort déchanté,
    Gomma sans tergiversation l’erreur et son obsolescence.

    Alors Dieu eut l’idée du siècle : L’erreur étant inévitable,
    Il refit l’homme d’après brouillon et se consacra à la Femme !
    Avec un caractère espiègle et une audace irréfutable,
    Elle transforma le couillon en lui développant son âme.

    Tableau de Wojtek Siudmak

  • Croissant de Lune

    Au premier croissant de ma muse, j’observe sa rotondité ;
    Quand elle est pleine, je m’amuse à tâter sa fécondité.
    Au dernier croissant une averse tombe en vers hexadécimaux
    Et la nouvelle me renverse quand je suis père de jumeaux.

    Après maintes révolutions, Lune rousse et éclipses solaires,
    J’ai vite pris la résolution d’en peindre nos rapports lunaires.
    Ma muse m’a donné tant d’enfants aux yeux brillants comme des étoiles
    Que je les ai brossés triomphants dans tout l’univers de ma toile.

    Lorsque la Lune ralentit et ma muse tourne moins vite,
    Ce sont mes peines ressenties qui freinent quand elle gravitent
    Autour de mon âme assoiffée de leurs lumières inspiratrices
    Que, sur ma tête décoiffée, elles répandent en bienfaitrices.

    Photo de Plamena Koeva

  • Le peuple de la mer

    Au milieu des eaux peu profondes parmi les récifs coralliens,
    Une nouvelle humanité chante une ultime litanie.
    Celle de l’expression féconde via le continent australien
    Et d’autres nationalités de toutes les océanies.

    Là, hommes et femmes de pierre forment un cromlech humanoïde
    Pour rappeler le peuple ancien parti au fin fond des abysses.
    Les ondes chargées de prière se transmettent en sinusoïdes
    Jusqu’aux archipels tahitiens et renvoient l’écho d’Anubis.

    Peuples Atlantes, d’Égypte ancienne, d’Hyperborée et Lémurie
    Demeurent à jamais disponibles envers le monde du silence.
    Philosophies platoniciennes issues d’idéologies mûries
    Restent à jamais incompatibles avec leurs cercles en vigilance.

    Sculptures sous-marines de Jason deCaires Taylor

  • Fééries

    Jeu de la poudre, jeu des chevaux, jeu de la guerre, jeu du courage,
    Pour honorer un mariage, pour célébrer une naissance.
    Parures et grands écheveaux font plus que force ni que rage
    Avec leurs tirs de mitraillage, symboles de reconnaissance.

    Tous les fusils à poudre noire crépitent et simulent la charge
    Pour repousser les ennemis et protéger femmes et enfants.
    Les cavaliers jouent de mémoire, en louvoyant de long en large,
    D’ancestraux combats retransmis d’un peuple fier et triomphant.

    Pratiques anciennes d’Afrique, le bruit des sabots galopants
    Et le feu des salves nourries persévèrent au-delà du temps
    Dans les souvenirs féériques qui vont en se développant
    Sous les ovations des houris qui sourient aux exécutants.

    Tableaux d’Anne Delplace sur http://www.anne-delplace.com/peinture-huile.php

  • Messages du passé

    Toute la lumière du passé, comme le phare au crépuscule,
    Renvoie son appel lumineux pour guider les hommes égarés.
    Pourtant, nous sommes dépassés par les mensonges ridicules
    Que nos cadors faramineux profèrent pour nous effarer.

    J’en appelle à l’intelligence, la prudence et la tempérance
    Pour ne pas nous laisser berner par les feux de ces naufrageurs !
    On nous ballotte dans l’urgence pour masquer la prépondérance
    À, nous-mêmes, nous gouverner sans leurs coup fourrés ravageurs

    Tableau de Wojtek Siudmak

  • Tracer la ligne rouge

    Le gouvernement a décidé de peindre une frontière rouge
    Au milieu de toutes les villes pour diviser les complotistes.
    D’un côté, les intimidés qui ni n’avancent ni ne bougent
    Pour éviter la guerre civile avec les anticonformistes.

    On prévoit aussi des lignes jaunes pour séparer les religions ;
    Des murs aux couleurs arc-en-ciel pour ceux qui contrarient leur sexe ;
    On partagera chaque zone selon que nous privilégions
    Quoi que ce soit, non essentiel, mais qu’il faudrait mettre à l’index.

    Tableau de Jimmy Lawlor

  • Histoires d’amour libres

    Petit oiseau, petit poisson	s’aimeront un jour d’amour tendre
    Lorsqu’à l’instar du Créateur, je bâtirai mon nouveau monde.
    Un monde où, au temps des moissons, l’air et le vent pourront prétendre
    À se marier à la moiteur des rivières chaudes et vagabondes.

    L’onde aussi légère que l’air, l’air alourdi de compassion,
    Rencontreront un équilibre dans des amours plus ou moins sages.
    Des poissons-volants similaires à des anges en lévitation
    Convoleront en amour libre avec des oiseaux de passage.

    Illustration de Vladimir Gvozdariki sur http://klimtbalan.blogspot.com/2012_02_01_archive.html

  • La voix de sa mère

    Partout elle recherchait sa mère depuis qu’elle les avait quittés
    Pour les abysses éternelles aux eaux chatoyantes et nacrées.
    Malgré la mémoire éphémère de son départ précipité,
    Elle compulsait les maternelles origines de son chant sacré.

    Héritière de son ouïe fine – des oreilles en colimaçon –
    Elle disposait des coquillages là, tout autour de son séant,
    Pour écouter la voix divine, assise sur sa queue de poisson,
    Dont remontait le babillage par le réseau des océans.

    Tableau de Shiori Matsumoto sur https://iamachild.wordpress.com/category/matsumoto-shiori

  • L’étoile féminine

    Elles jouent aux réseaux neuronaux d’une manière chamanique,
    Reliées aux quatre éléments, les membres prolongés de dendrites.
    Et par le plexus coronal lié à l’âme océanique,
    Elles reçoivent en supplément la mémoire de l’eau circonscrite.

    La femme faible et singulière n’est qu’une toute petite parcelle
    Mais ensemble et reconnectées, elles sont le cinquième élément ;
    Celui qui transmet la lumière du grand amour universel
    Que chaque homme peut collecter auprès d’elles…

    …intellectuellement
    …perpétuellement
    …rituellement
    …sexuellement
    …spirituellement.

    Photo d’Anzheld

  • Angélina

    Les étoiles en tombent du ciel : Dieu et ses anges sont des femmes !
    Les hommes en consternation n’ont plus d’ seins à qui se vouer.
    Les phallocrates superficiels trouvent cette révélation infâme
    Et les prêtres en prosternation ont tous les boules sans l’avouer.

    Finalement quelle justice ! Dieu est Divinité Sauvage
    Qui aux hommes a donné ses filles pour les aimer les unes les autres.
    Mais plutôt qu’ils s’y convertissent, ils ont réduit en esclavage
    Ces productrices de famille sur lesquelles ces messieurs se vautrent.

    Photo de charme vue sur https://sacredcharm.tumblr.com

  • Femme fatale

    Partout l’idéal féminin, femmes fatales inoubliables,
    Est multiplié à l’envi et fleurit dans les magazines.
    L’esthétique devient bénin et la beauté impitoyable
    S’obstine à provoquer l’envie par tout l’attrait qui l’avoisine.

    La maladie de la splendeur fait chez les garçons et les filles
    Autant de dégâts qu’un cyclone dont les effets sont ravageurs.
    Petits ensembles pourfendeurs, mini-jupes et talons aiguilles
    Et de faux-seins en silicone comme des phares naufrageurs.

    Photo d’Amanda Diaz

  • Le Grand Livre de la femme – 3

    Les filles naissent dans les roses… alors pourquoi cacher la chose ?
    Les garçons naissent dans les choux… alors pourquoi sont-ils tabous ?
    Il est étrange que l’instrument réduit à son seul dénuement
    Provoque l’abomination et même sa discrimination !

    Est-ce son côté animal qui est l’origine du mal ?
    Est-ce la fente mystérieuse qui serait antireligieuse ?
    L’homme éprouve-t-il de la honte à ne pas y trouver son compte ?
    Ou est-ce qu’il perd le contrôle quand il entrevoit sa corolle ?

    Espérons qu’un jour se dérobe le tabou caché sous les robes
    Et que l’on accorde au vagin le même privilège qu’à l’engin
    Que l’homme est si fier de brandir – et cherche même à agrandir –
    Et qu’enfin la libération du sexe entre en opération !

    Tableau d’Aykut Aydoğdu sur https://www.behance.net/gallery/45715277/Set

  • Le Grand Livre de la femme – 1

    Si le Grand Livre de la Femme ne commence qu’au chapitre deux,
    C’est que l’histoire a occulté la première femme créée.
    On dit que cette partie infâme concernait le rôle hideux
    De Lilith dont la faculté était de n’ pas être agréée.

    Du coup, le Grand Livre est tronqué et les femmes sont désarmées
    Mais, fort heureusement pour elles, j’en ai retrouvé quelques pages.
    Celles-ci avaient été planquées par Adam, lui-même, alarmé
    Par l’inévitable querelle, « Qui sera le chef d’équipage ? »

    En résumé, je vous l’avoue, les femmes auraient dû être chef
    Car Lilith s’est montrée capable de plus de réflexion qu’Adam.
    Ainsi l’homme en moi se dévoue à le répéter derechef :
    Rendons la femme responsable et nous l’appellerons « Madame ! »

    Tableau d’Aykut Aydoğdu sur https://www.behance.net/gallery/45715277/Set

  • À s’en baigner l’œil

    D’aussi belles sinusoïdes de la physique humanoïde
    Démontrent la topologie dont la femme est mathémagie.
    Les fesses, jolis hémisphères, dégagent toute une atmosphère
    Dont les courbes sur les contours s’apparentent aux plus beau atours.

    Deux beaux seins en forme de pomme rappellent la chute de l’homme
    Qui préféra mieux les croquer quitte à être par Dieu escroqué.
    Car le créateur de la femme serait divinité infâme
    Si l’on devait rester affable devant la beauté ineffable.

    Tableau de Pierre-Auguste Renoir

  • Trempez-moi dans l’eau, trempez-moi dans l’huile

    Il est, dans la peinture à l’eau, une touche d’humidité
    Qui avantage les corps nus de toutes leur féminité.
    Jolies sirènes et angelots offrent à profit leur nudité
    Et même les démons cornus jouissent de leur masculinité.

    Rendons à la peinture à l’huile toute sa lumière vivante
    Qui semble ouvrir une fenêtre vers un paradis à portée.
    Quels que soient la main et le style, la femme en est plus captivante
    Lorsque sous le pinceau du maître, sa vénusté est rapportée.

    Tableau de Pierre-Auguste Renoir

  • Au regard où vont les choses

    La façon de voir la nature appartient au cœur de l’artiste
    Car l’œil ne sait que regarder, seul le cœur sait apprécier.
    Lui seul voit la température qui lui plait ou bien qui l’attriste
    Et sait jeter ou bien garder le sentiment associé.

    Le peintre sait fermer les yeux pour voir les couleurs invisibles,
    Il oriente son appareil contre toute normalité.
    Il ne voit pas le merveilleux ; il l’extrait de l’imprévisible
    Qui vient parler à son oreille des nouvelles tonalités.

    Je laisse l’œil se promener dans l’image et, sans polémique,
    J’écoute sa petite voix qui me raconte son histoire.
    Je n’ suis pas poète chevronné des écoles académiques
    Et je cherche ma propre voie aux dépends de mon auditoire.

    Illustration de François Ravard

  • Ô réseaux sociaux magiques !

    Mon chat et moi, nous connaissons beaucoup d’amis sur les réseaux.
    À lui, les petites souris ; à moi tous les jolis minets.
    Mon chat et moi, nous conversons avec de nombreux noms d’oiseaux
    Aux intentions souvent pourries qui sont sitôt éliminées.

    Si je suis souvent sanctionnée, mon chat fait patte de velours.
    Je n’en retire que des censures ; lui, n’en reçoit que commentaires.
    Sachant comment cela fonctionnait, sous le pseudo un peu balourd
    De « chatte soignant les blessures », j’expose mon cœur de panthère.

    Illustration de Marija Tiurina sur https://www.behance.net/gallery/81309017/Artwork-born-during-my-art-residency-in-Finland?tracking_source=best_of_behance_big_covers

  • Rouge-Vert-Bleu

    Ma vie en rouge, je la revois dans mon passé qui se contracte
    Où plus rien ne saurait changer, rien que le fruit de l’expérience.
    Car la jeunesse rien ne prévoit ; elle s’amuse et se dévontracte,
    Inconsciente d’avoir échangé insouciance contre clairvoyance.

    Ma vie en vert, je la subis dans mon présent presque immobile
    Que je peux encore modifier sous les contraintes qu’on m’impose.
    Mes aspirations, mes lubies, mes objectifs et mes mobiles
    Peuvent encore se personnifier selon tout ce dont je dispose.

    Ma vie en bleu, je la suppose dans un futur hypothétique
    Où auront été accomplies mes tentatives et stratégies.
    Mais mon cœur et mon corps s’opposent à trouver la voie prophétique
    Entre une vieillesse assouplie ou une mort en léthargie.

    Tableaux d’Izumi Kogahara sur http://touchofcolorr.blogspot.com/2015/11/izumi-kogahara.html?m=1

  • Connaissez-vous Marie-Antoinette ?

    Connaissez-vous Marie-la-Mode ? Celle, à la mode de chez nous,
    Qui faisait trembler tout Versailles tant elle ne restait pas en place ?
    Ses exigences malcommodes mettaient ses servantes à genoux
    Et les murs encore en tressaillent jusqu’à la Galerie des Glaces.

    Quant à l’affaire du collier qui aurait fait perdre la tête
    À son ministre des finances sur leur régime marital,
    Les chansonniers et paroliers en ont écrit tant d’épithètes
    Que pour en voir la pertinence, il faudrait une boule de cristal.

    Marie-Antoinette dépensière ? Les deux termes assez se ressemblent !
    Évidemment la femme triche pour mieux compenser ses souffrances.
    Si « romancière » et « financière » en amour riment souvent ensemble,
    Son cœur est resté en Autriche mais sa tête à jamais en France.

    Photos d’Alexia Sinclair sur https://beautifulbizarre.net/2015/02/20/alexia-sinclairs-rococo-black-eye-gallery

  • La prochaine génération singée

    Après toutes ces pandémies sensées nous faire évoluer,
    Nos enfants montreront les signes d’une mutation nécessaire.
    Tout le corps de l’Académie se devra donc d’évaluer
    Les hommes et les femmes dignes de figurer dans ses glossaires.

    Des chats, nous aurons les oreilles orientées pour la 5G ;
    Des chiens, nous aurons l’odorat pour flairer les cours malhonnêtes ;
    Nos mains ne seront plus pareilles mais plutôt aptes à singer
    Nos leaders dont le mentorat nous réduira en marionnettes.

    Tableaux de Shiori Matsumoto sur https://iamachild.wordpress.com/category/matsumoto-shiori

  • Le miroir à deux faces

    Ces deux façons de voir le monde et qui divise encore les hommes
    Se reproduit à chaque fois qu’un seuil du savoir est franchi.
    Qu’on les juge purs ou immondes, tous les chemins mènent à Rome ;
    Après, tout est question de choix – qu’on en soit ou non affranchi.

    Les vaccins tuent-ils davantage que les virus qu’ils garantissent ?
    Les pandémies sont-elles dues aux effets de la pollution ?
    Quels sont tous les désavantages des avancées qui ralentissent
    La vie pour une mort prétendue être la meilleure solution ?

    Tableau de Masaru Shichinohe sur https://freewechat.com/a/MzUyMjQ0MjkwMw==/2247503907/1

  • Une rose pour la sirène – 2

    Depuis que la sirène est veuve, elle voue un culte à ses roses
    Qu’elle cultive en souvenir de son vieux marin regretté.
    Elle a su surmonter l’épreuve et remonter son cœur morose
    Par un jardin plein d’avenir pour les vieux couples retraités.

    Elle a grossi, évidemment, car le parfum de rose énivre
    Tant l’âme que son corps distille une rémanente liqueur.
    Ainsi l’amour, les sentiments pèsent autant que leurs poids en livres
    Et la sirène des Antilles en fait sa richesse du cœur.

    Tableau de Victor Nizovtsev sur https://www.catherinelarosepoesiaearte.com/2016/08/victor-nizovtsev-new.html

  • Une rose pour la sirène – 1

    Un vieux marin à la retraite cherchait sirène pour ses vieux jours
    Lorsqu’un spécimen de l’espèce se présenta sur son chemin.
    Alors, le vieillard, d’une traite, lui offrit comme preuve d’amour
    Une rose par délicatesse afin d’y demander la main.

    Mais comment son petit oiseau fit-il pour aimer sa queue tendre ?
    Sachez que tous les amoureux vivent et d’amour et d’eau fraîche.
    Ils ont dû entre les roseaux plus de mille fois s’y reprendre
    Mais, sous leurs efforts langoureux, naquit un triton dans leur crèche.

    Tableau de Victor Nizovtsev sur https://www.catherinelarosepoesiaearte.com/2016/08/victor-nizovtsev-new.html

  • L’amour instantané

    Instantanément d’une flèche, l’amour s’insinue dans le cœur
    D’où va partir un feu ardent pour raviver les braises éteintes.
    Subitement une flammèche surgit d’un sourire moqueur
    Qui s’embrase en regard mordant puis, dans la chaleur d’une étreinte.

    Cupidon maîtrise son art et la science des poisons
    Qui transmet ce virus mortel qu’est paradoxalement la vie.
    Encore plus rusé qu’un renard, il guette ses proies à foison
    Pour décocher ses immortels traits de désir qui les ravit.

    L’amour ne dure qu’un instant mais l’on se jure fidélité
    Pour y construire sa chapelle et y fonder une famille.
    Cupidon revient nonobstant continuer l’hérédité
    Avec ses flèches de rappel enduite d’amour qui fourmille.

    Tableau de Joshua May

  • Printanière & Floréale

    J’ai longtemps cru que le soleil se prolongeait en février
    Et que l’éveil de la nature n’était que juste conséquence.
    J’ai cru que le vent qui balaye les perpétuels genévriers
    Répondait à la signature d’un renouveau plein d’éloquence.

    Il est bizarre autant qu’étrange qu’aucun honneur ne soit rendu
    Envers la jeune Floréale, cette petite fée printanière.
    C’est elle qui décore d’orange et de rouge-et-or répandus
    Cette renaissance idéale dans les étendues sapinières.

    Tableau de Joshua May

  • L’Héroïne des naissances

    Cousus de soies, de fibroïnes et garnis de duvet moelleux,
    Les célèbres sacs des cigognes font la renommée des naissances.
    L’honneur revient à l’héroïne au savoir-faire fabuleux
    Qui les expédie sans vergogne sans obtenir reconnaissance.

    Incroyable, mais pourtant vrai, Nul ne connaît son origine !
    D’ailleurs beaucoup croient dans les choux et d’autres font confiance aux roses.
    Seule, la messagère en livrée sait que l’étrange sauvagine
    Qui envoie chaque petit boutchou, prime ainsi ceux qui font la chose.

    Tableau de Joshua May

  • Le porte-voix

    Ceux qui écrivent au kilomètre romans d’amours et d’aventures
    Possèdent la plume musclée à l’encre sans doute éventée.
    Ceux qui racontent au pifomètre leurs vies à cheval, en voiture,
    Détiennent une voix renâclée à force de tant se vanter.

    Moi, je n’ai pas de portevoix, pas d’éditeur de best-sellers,
    Pas de slogan télévisé ni pub dans le moindre recoin.
    Je suis seul à tracer ma voie sans le dernier scoop harceleur ;
    Mon seul public fidélisé me lit souvent au petit coin.

    Tableau de Jarosław Jaśnikowski sur http://morbius.unblog.fr/2019/01/08/imaginart-jaroslaw-jasnikowski

  • Feue la Reine des pommes

    La Reine de cœur perdit la foi envers la doctrine Descartes
    Car le bon sens qu’elle partageait royalement avec son roi
    Se répandit tout à la fois parmi les sujets de ses cartes
    Dont le mauvais sens ravageait tous les cœurs en plein désarroi.

    Elle brûla en place publique, devant tous, sa carte maîtresse
    Et tous ses titres de noblesse et jeta sa couronne aux orties.
    Elle proclama la république accueillie avec allégresse
    Mais éprouva quelques faiblesses une fois, de ce guêpier, sortie.

    Mais la Reine ne perd point la tête à l’instar de Marie-Antoinette ;
    Elle gagne la cour d’Angleterre avec Newton qui l’ensorcelle.
    Grâce à une pomme épithète — révolution sur la planète —
    Ensemble, ils remettent à la Terre son attraction universelle.

    Tableau de Michael Cheval sur http://chevalfineart.com/portfolio/new-releases

  • Divin bassin

    Sur les fléaux de ses aiguilles, les deux plateaux sont équivoques
    Car cette balance divine pèse et juge le cœur des hommes.
    Déjà à peine petite fille, les petits garçons se provoquent
    Afin de plaire à la gamine et accéder à son royaume.

    Partie sans cesse en équilibre qui fascine et mène le monde
    Aux yeux obsédés par deux fesses qui abritent le saint des saints.
    Le cœur est pris, on n’est plus libre, en une fraction de seconde.
    J’y voue un culte, je le confesse, je suis un fêlé du bassin.



    Pour l’anecdote, je me suis fait trois fractures au bassin après ma chute de 15 m.

    Tableau de Carlos Maria Ferreira Soto

  • Juste au corps

    Mon corps cloisonné m’a beaucoup donné :
    Dans le poumon droit, l’esprit à l’étroit ;
    Dans le poumon gauche, des rêves en ébauche ;
    Blotti dans le cœur, un peu de liqueur ;
    Calé dans le foie, un manque de foi ;
    Clos dans l’estomac, mes petits formats ;
    Tassé dans le rein, du gros sel marin ;
    Et par l’intestin, s’enfuit mon destin.

    Dans un œil je loge une grande horloge,
    Dans l’autre je range un regard étrange.
    Jusqu’au râtelier monte un escalier
    En colimaçon pour mes deux garçons
    Qui vont à l’école entre mes épaules
    Faire les fantassins au creux du bassin.
    Tandis que mes filles descendent aux chevilles
    Pour faire la fête criant à tue-tête.

    J’ai dans mes deux seins, comme médecin,
    La crème du lait, un petit filet
    Qui coule à l’abri jusqu’à mon nombril
    Et dont le nectar est bu sans retard.
    Après l’écrémage, j’en fait du fromage ;
    Mon petit mari le soir s’en nourrit.
    Et puis, dans la chambre, j’étire mes membres,
    Le jour se dérobe, j’enlève ma robe.

    Illustration Photo Sculpture Tableau de Enrica Campi

  • Zéro Zéro Sextuor

    Double-zéro-un… connais pas ; Double-zéro-deux… pas du tout
    Et jusqu’à Double-zéro-six, je n’en ai aucun souvenir.
    Pourtant personne ne s’y trompa, Double-zéro-sept fut partout
    Incarné par tant de sosies que je n’ sais lequel retenir.

    J’ai beaucoup aimé le premier, un écossais de pure souche
    Dont « Goldfinger » fit les honneurs qui m’ont jusqu’à ce jour complu.
    L’autre dandy, c’est coutumier, voulut en remettre une couche,
    Quant aux autres, au petit bonheur, le public aime et moi non plus.

    Pierce Brosnan, Roger Moore, Sean Connery, George Lazenby, Timothy Dalton et Daniel Craig. Quant aux actrices, une seule table n’aurait pas suffi.

  • La fille aux yeux hybrides

    Fille de sirène, sans doute, et d’un bel elfe assurément,
    Un jour mon fils l’a ramenée ; il l’avait prise en ses filets.
    Elle avait l’air d’être en déroute et parlait démesurément
    Aux accents de Méditerranée d’une langue pointue effilée.

    Quoi qu’il en soit, ils se marièrent malgré toutes mes incertitudes
    Et partirent ensemble à Bordeaux se rapprocher de l’Atlantique.
    Je ne sais quelle fut leur carrière mais ils eurent une multitude
    D’enfants tritons assez lourdauds et de sirènes romantiques.

    Photo de Joaquin Acevedo

  • Dans la tête

    Il pourrait paraître incroyable qu’aussi simple soit mon labyrinthe,
    Mais mes instincts organisés ont trouvé leur terrain d’entente.
    Mes phobies les plus effroyables, tapies aux impasses succinctes,
    Surgissent désorganisées et laissent place à la détente.

    Évidemment quand vient la nuit, mon cerveau reptilien s’anime ;
    Le petit avion dans la tête brasse l’air dans un tintamarre ;
    Tous les vieux démons de minuit courent sous brassard anonyme
    Et se rassemblent pour la fête au festival des cauchemars.

    Mais tout cela n’est qu’illusion cachée derrière ce dédale,
    Un peu comme un jeu vidéo conçu pour exploser le score.
    Mes neurones, à contribution dans les replis de l’encéphale,
    Triomphent dans un rodéo dont ils battent tous les records

    Illustration de Meluseena

  • L’école du charme

    La sirène, devenue moderne, séduit les femmes plus que les hommes
    Sauf que, plutôt que les noyer, elle les enchante, s’il vous plaît !
    Fi des marins, vieilles badernes, vivent les coquines amazones
    Dont l’amour sait s’apitoyer d’orgasmes vocaux décuplés !

    Celles qui cherchent la bonne école de la jouissance au féminin
    N’ont pas besoin de GPS à la voix de fausse sirène.
    Demandez Madame Nicole, au 4, rue Saint-Saturnin,
    Et découvrez, je vous l’ confesse, le chant langoureux d’une reine.

    Tableau de Gustave Gélinet extrait de la BD « La Sirène des pompiers » dessinée par Zanzim

  • Sirénologie

    Depuis que j’ai approfondi mes connaissances sur les sirènes,
    Elles m’acceptent à condition de prendre un poisson pour parrain.
    J’en ai choisi un, arrondi, que j’appelle « Simon de Cyrène »
    Car il me croit, sans conviction, grand ambassadeur des marins.

    J’ai donc passé mes examens à l’université Neptune
    Et j’ai été promu « Triton » lors du grand bal de fin d’année.
    Je n’suis plus qu’à moitié humain mais à l’apparence opportune
    D’un amphibien en demi-thon et demi-homme simultanés.

    Illustration de Charles Santore

  • Vivre avec une sirène

    J’avais commandé sur le Net une « Femme-Poisson authentique »
    Garantie à vie, s’il vous plaît, et « satisfait ou remboursé » !
    Écologique pour la planète, elle a traversé l’Atlantique
    Pour me parvenir au complet dans une caisse renforcée.

    « Avant le tout premier usage, baignez-la trois jours et trois nuits ! »
    Collé comme avertissement pour obtenir « bon résultat ».
    J’ai commencé son arrosage que j’ai terminé à minuit
    Et pris un rafraîchissement glaçons et triple-margarita.

    Soixante-douze heures passées, elle frétillait là, dans mon lit
    Et moi, comme un poisson dans l’eau, j’ai honoré sept fois ma reine.
    Quant à elle, elle s’est surpassée et m’a aimé à la folie
    À en devenir ramollos, ma queue et celle de la sirène.

    Kristen Mcmenamy photographiée par Tim Walker sur http://visualoptimism.blogspot.com/2013/12/far-far-from-land-kristen-mcmenamy-by.html?m=1

  • Toutes ces autres sirènes

    Dans le Grand Livre des Sirènes – que Dieu n’aurait pas imprimé –
    Existent d’autres créatures que la femme en queue de poisson
    Qui n’ont pas besoin d’oxygène ni de belle voix pour s’exprimer
    Sans faire offense à la nature ni lui faire de contrefaçon.

    Les femmes au corps de raie manta préfèrent les eaux tropicales
    Et leurs belles ailes delta permettent les belles prouesses.
    Elles ont acquis leur potentat après des luttes syndicales
    Grâce à leur voix de célesta qui ont fait d’elles des déesses.

    Les femmes-pieuvres – ou femmes-poulpes – vivent dans les eaux boréales
    Dans les abysses où leur fortune est de récolter des godasses.
    Il paraît que c’est là leur coulpe d’avoir volé les céréales
    Du jardin privé de Neptune qui les a puni de l’audace.

    Illustrations de Viccolate, HTG17 et Ryan Firchau

  • Tout va bien !

    Quand la mer aura retiré tout le poids de ses tsunamis
    Qu’elle déverse sur les terres pour protester à sa manière,
    Tous les survivants attirés à contrer les épidémies
    Se retrouveront solidaires pour reconstruire leurs tanières.

    « Tout reviendra-t-il comme avant ? » Pense-t-on prématurément
    Comme si les blessures ouvertes ne laissaient point de cicatrices.
    Il faudra vivre dorénavant dans un présent assurément
    Éclairé par les découvertes de son histoire évocatrice.

    Illustration de François Ravard

  • La crête de la vague

    Comme il fallait bien s’y attendre, lorsque la houle atteint la crête,
    Toute la vague alors déferle et se fracasse sur les brisants.
    Observez la tension se tendre lorsque la foule est enfin prête
    À faire cesser le Clochemerle d’un gouvernement méprisant !

    Tandis que la vague se forme sous la forte impulsion de l’onde,
    Toute la masse s’accumule pour écouler son énergie.
    Tandis que le poids des réformes à force de peser sur le monde
    Pousse le peuple et le stimule à s’opposer en synergie.



    « Clochemerle » est un roman de Gabriel Chevallier qui offre une description sans indulgence de la vie des habitants dans un village du Beaujolais, avec leurs préoccupations sexuelles et dévorantes, leur goût de l’argent, leurs vieilles haines, les divisions entre catholiques et républicains, les ambitions des uns et des autres… Hommes politiques, militaires sont particulièrement brocardés, ainsi que la haute administration.

    Illustration de François Ravard

  • Méchante sirène

    C’est dans un sinistre « glou-glou » que le marin trouva la mort,
    Transbahuté sous la carène, lui qui espérait tant l’amour.
    Périr en mer, pour un marlou, belle fin pour ce matamore
    En manque d’air pour la sirène, lui, qui souffrait du mal d’humour.

    Regardez-la sur son rocher, dans son angélique innocence
    Qui obtiendrait l’acquittement et le Bon Dieu sans confession !
    Personne ne peut s’accrocher à vaincre sa concupiscence
    Et l’amour pragmatiquement finit toujours en queue de poisson.

    Tableaux de Gustave Gélinet extrait de la BD « La Sirène des pompiers » dessinée par Zanzim

  • Les femmes-poissons dans l’intimité

    Dans l’intimité du foyer du nid d’amour de son marin,
    La sirène a peint les mémoires de son univers maritime.
    Son cœur, encore apitoyé de ses souvenirs utérins
    Marquant sa naissance en mer noire d’un mariage illégitime.

    Sa mère était femme de mer, son père était marin au pair,
    Ils étaient jeunes et insouciants, ils se sont aimé tendrement.
    Mais le beau-père, un homme amer, voulant une lignée prospère
    Envoya son fils inconscient dans un sévère encadrement.

    La femme-pieuvre possède aussi des mémoires à n’en plus finir
    Tatouées sur ses tentacules aux ventouses impitoyables.
    Une fois sa jeunesse dégrossie, elle vit ses amants survenir
    Chacun dardant ses testicules dans des étreintes inoubliables.

    Elle pondit tant d’œufs à berger, qu’on l’appela « Octopussy »
    Elle doit ce drôle de sobriquet aux mâles qui s’y devaient mourir.
    Mais après avoir gambergé tant de grossesses, non sans souci,
    Elles eut huit fois huit poulpiquets, soixante-quatre calmars à nourrir.

    Illustrations de Maxine Vee