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  • Une légère erreur d’adaptation

    Dans les méandres féminins d’une rêveuse aventurière
    À l’oreille rafistolée de laine et d’un nœud papillon,
    Pour la fille, je reste intraitable : avec ses petits faux-semblants,
    Elle a l’air d’avoir picolé et de piquer un roupillon !

    Alors là, c’est n’importe quoi ! Je voudrais voir l’accessoiriste
    Et parler au metteur-en-scène de sa folle interprétation !
    Quant aux trucages inadéquats qui feraient rire un rigoriste,
    C’est la goutte d’eau qui m’assène un coup chargé d’imprécations !

    Tableaux d’Akiko Ijichi

  • Enfin février s’en va !

    Il était temps, les p’tits amis, que février largue les voiles,
    S’envole jusqu’à l’année prochaine et nous souhaite un heureux séjour.
    Au revoir, hiver ennemi, nous coucherons à la belle étoile
    Dès que printemps-été enchaînent un soleil avec de beaux jours !

    Pauvre et vain mois de février ! Cependant, en bien tout honneur,
    Avec vingt-huit jours, la froidure n’a pas tellement l’air triomphant.
    Alors cessons de décrier ce mois où parfois le bonheur
    Tant que la neige et le froid durent apporte la joie aux enfants.

    Illustration du calendrier d’Olga Ert sur https://www.behance.net/gallery/186943/calendar

  • Mortes saisons

    À l’instar du Père Noël, que fait Valentine au printemps
    Et tout le restant de l’année sans s’occuper des amoureux ?
    Sans doute avec Marie-Noëlle, elles s’en vont prendre du bon temps
    Et ensemble s’en vont glaner quelques gadgets bien vigoureux.

    Vantentine dans des films X s’perfectionne au Kamasutra
    Et dans des cercles échangistes recherche de nouvelles queues.
    Marie-Noëlle, plus prolixe, s’en va prêcher Zarathustra
    Dans les milieux écologistes contre leurs propos belliqueux.

    Quoi qu’il en soit, elles en reviennent avec de nouvelles expériences ;
    Valentine à l’hiver prochain saura faire flèche de tout bois ;
    Marie-Noëlle, quoi qu’il advienne, nous ramène une luxuriance
    De bidules, de trucs, de machins en braderie, vendus au poids.

    Illustration de Rian Hughes sur le thème « Valentina » de Guido Crepax

  • Chaud lapin puceau

    Je ne suis pas né chaud lapin pourtant j’ai dû le devenir ;
    L’apprenti-sourcier de l’amour en moi doit rechercher sa source.
    Auprès des filles au tapin, j’ai laissé la force venir
    En progressant, jour après jour, pour mieux développer mes bourses.

    Bien sûr, derrière chaque femme se dissimule un labyrinthe
    Où mon lapin doit s’exercer à atteindre le fruit convoité.
    Si j’aime bien ces portes infâmes qui demandent efforts et étreintes,
    Je me méfie des huis percés, branlants, rouillés et déboîtés.

    Je sais ouvrir toutes les lèvres et les serrures difficiles ;
    On me reconnaît ce talent d’en courir plusieurs à la fois.
    De lapin, je devins un lièvre ; finalement c’était facile
    De composer ces vers galants mais libidineux toutefois.

    Tableau de Nicoletta Ceccoli sur https://ilmondodimaryantony.blogspot.com/2013/08/gli-incubi-celesti-di-nicoletta-ceccoli.html

  • Interconnexions

    L’interconnexion intérieure lorsque je me relie à toi
    À travers la littérature que tu m’écris au fil du temps,
    Atteint la couche supérieure qui crève et dépasse les toits
    Des limites que ma nature n’aurait pu vaincre, même en luttant.

    L’interconnexion extérieure lorsque je lis entre tes lignes,
    En suivant les pas que tu sèmes pour m’inonder de ta présence,
    Me guide vers l’étape ultérieure où je vais découvrir un signe
    Et bien d’autres dont tu parsèmes mon avenir en suffisance.

    Illustrations de Jean-Pierre Gibrat

  • Sous le toit d’un rêve fou

    Sous la voûte d’une nuit blanche où se dessine l’invisible,
    Je vois dans la lumière noire tous les départs vers l’impossible.
    Comme un arbre aux multiples branches infinies et indivisibles
    Qui représentent la mémoire de toutes mes options possibles.

    Plus fou se révèle le songe, plus forte est la témérité
    Qui m’accompagnera demain dans une autre réalité.
    Le rêve trie tous les mensonges pour en extraire la vérité
    Qui me montrera le chemin selon ma sensualité.

    Illustration de Jean-Pierre Gibrat

  • Le dernier bonheur du jour

    Quand se clôture ma journée qui se referme comme un livre
    Et comme tous ses autres tomes de l’aventure qui est en cours,
    J’entreprends une autre tournée ; le prochain rêve qui me délivre,
    De mes angoisses et des fantômes qui ont jalonné mon parcours.

    Avant de partir dans ce rêve, je consulte une inspiration,
    Un mot, une lettre, un roman qui sollicite une réponse.
    L’intuition doit être très brève afin que la libération
    Sélectionne le meilleur moment qui servira de bande-annonce.

    Illustrations de Jean-Pierre Gibrat

  • Sol’œil couchant sur mer de larmes

    J’aime l’iris à l’horizon du soleil qui cligne de l’œil
    Lorsqu’il me darde un rayon vert pour me souhaiter bonne espérance.
    Et quand la Terre est en prison de ses souffrances et ses écueils,
    Il ouvre en grand tout l’univers ravivant sa persévérance.

    Observez les yeux dans les yeux le regard de l’astre couchant
    Qui reflète l’âme de Dieu et ses voies incommensurables.
    Souvent clément et merveilleux, parfois terrible, effarouchant,
    Mais toujours miséricordieux envers nos conflits incurables.

    Tableau d’Alexander Grey

  • L’attente gauloise

    L’attente s’en va en fumée sans rien laisser qu’un peu de cendres
    Sur lesquelles le temps soufflera vers une amnésie dominante.
    Juste des pensées consumées par l’esprit qui aime descendre
    Vers le cœur qui m’insufflera l’espoir d’une fin imminente.

    L’attente cesse brusquement, le train de vie reprend son cours
    Qui m’emporte avec mes pensées que j’enferme dans ma valise.
    Mon rêve né fantasquement soudain n’est plus d’aucun secours
    Mais j’y reviendrai dépenser d’autres absurdes psychanalyses.

    Illustration de Jean-Pierre Gibrat

  • À la recherche de Dame Nature

    Difficile de se représenter Dame Nature concrètement ;
    Sans doute faut-il l’imaginer lorsqu’elle était vierge et nubile.
    Mais étant moi-même exempté de remonter discrètement
    Dans mon génome enraciné dans l’ADN, c’est difficile.

    Pourtant dans mes rêves éveillés, j’ai aperçu ma créatrice
    Naissant elle-même du néant, laissant le champ libre aux envies.
    Dans cet Éden émerveillé, elle a établi sa matrice
    Pour créer terres et océans pour, enfin, abriter la vie.

    Un jour, elle s’est mise en couleurs – c’était là son premier printemps –
    Et accordé le sacrifice de sa nature alimentaire
    Pour accoucher dans la douleur deux humains âgés de vingt ans
    Dont je suis à moitié leur fils et à moitié fils-de-la-Terre

    Créations de Kathryn Blake sur https://www.artstation.com/artwork/Z53mnm

  • Du côté des belles dames du temps jadis

    J’aime déshabiller le temps et lui ôter la carapace
    De la vieillesse dont il enduit la peau des beautés éphémères.
    Mot fugitif, presque insultant, qui évoque le temps qui passe
    Et qui tristement éconduit le souvenir de nos grands-mères.

    Le curseur du temps dans leurs rides où sont gravées leurs émotions
    Fait chanter l’écho de leurs cœurs avec une ardeur impatiente.
    Combien de jours, de nuits torrides, avec l’amour en promotion
    Ont induit les rires moqueurs de leurs jeunesses insouciantes ?

    Les belles dames du temps jadis, quelque part immortalisées
    Par les vibrations de leurs âmes qui pulsent en ondes maternelles,
    Pour que jamais ne s’affadissent leurs présences cristallisées,
    Nous ont intégré ce sésame comme une intuition éternelle.

    Photos de Marie Doro, Maude Fealy, Ione Bright & Paulette Navier

  • Rétro Boulot Robot

    Métro-boulot, c’est terminé puisque les gens télétravaillent
    Quitte à se mettre en maladie pour continuer la comédie
    Sauf les patrons déterminés à interdire, vaille que vaille,
    Ceux qui commencent le vendredi pour déborder sur le lundi.

    Moi, je propose qu’on adapte l’homme dans une nouvelle ambiance
    Avec des résidences-bureaux, wifi dans les salles-de-bains,
    5G partout afin qu’il capte mais avec auto surveillance
    Afin qu’il devienne un bourreau de travail, féru du turbin.

    Gageons qu’ici quelques années, nous verrons l’esclave du progrès
    Aussitôt né aussitôt fait, conditionné de son vivant
    À vivre sa vie condamné à produire contre son gré
    Et puis, dépassé son forfait, recyclé et… place au suivant !

    Illustration de Jeff Drew sur jeff drew – ART STORE: Prints & More! (jeffdrewpictures.com)

  • Ils sont déjà parmi nous !

    Si j’osais gratter le vernis des personnalités en vogue,
    Sans doute je vous révèlerais leurs origines extraterrestres.
    Par ailleurs s’il m’était permis de montrer leurs peaux analogues,
    Leurs couleurs vous rappelleraient l’écho des peintures rupestres.

    Car depuis des millions d’années, les riches un jour ont débarqué
    Sur la Terre des pauvres hommes afin de les apprivoiser,
    Les dresser et les condamner à travailler sans remarquer
    Qu’eux-mêmes, dans leurs chromosomes, ont l’avenir ratiboisé.

    Illustration de Jeff Drew sur jeff drew – ART STORE: Prints & More! (jeffdrewpictures.com

  • L’entraînement de la sirène

    Muscler l’organe phonatoire ouvre de nouvelles dimensions
    Sur la plus mortelle des armes dont on ne voit pas la couleur.
    Le chant n’est plus aléatoire mais soumis à la distension
    Des cordes vocales qui charment par une indicible douleur.

    Bien au-delà de la souffrance qui traverse ses deux hémisphères,
    Le marin perd sa volonté comme le taureau dans l’arène.
    Reproduit alors à outrance sur les mers de la planisphère,
    Il nourrit les faits racontés sur la légende des sirènes.

    Illustrations de Nadezhda Illarionova sur https://www.artstation.com/artwork/krP1z

  • Le chant des sirènes

    Souvent la sirène révise l’art de son chant avant l’épreuve
    Qui la consacrera peut-être diva, soliste, enchanteresse.
    L’examen sera vicelard car sa voix doit fournir la preuve
    Qu’elle nécessite nul sonomètre pour qu’un marin s’y intéresse.

    Parmi toutes les prétendantes qui briguent le titre envié,
    Elle se souvient de sa marraine et ses précieux enseignements
    Sur les vocalises ascendantes durant tout le mois de janvier
    Où elle a pratiqué, sereine, expérience et entraînement.

    Illustrations de Nadezhda Illarionova sur https://www.artstation.com/artwork/krP1z

  • En avant vers de nouvelles lectures !

    Aussitôt terminé sa livre de nourriture, ma monture
    Me ménage un nouveau voyage vers d’autres pays à connaître.
    Avec sa soif qui me délivre pour une nouvelle aventure
    Qui met mon cœur au prélavage afin de le faire renaître.

    Ainsi tout mon être renaît au corps d’une nouvelle histoire ;
    L’esprit nu de toute conscience et l’âme remplie d’émotions.
    Tout ce que je ne comprenais de la vie deviendra notoire
    Car la lecture est d’expérience mon moyen de locomotion.

    Illustration de Rudi Hurzlmeier sur https://www.margarethe-illustration.com/rudi-hurzlmeier.html

  • Le baiser poison

    Un éclair dans ses cheveux blancs qui flashe dans ses cheveux sombres
    Et un coup de foudre amoureux d’affamer le couple avachi…
    D’où le thon cru, tranché, troublant qui nourrira dans la pénombre
    D’un suc amer et langoureux les deux amants de ses sushis.

    Après l’amour, poisson fumé ou poisson cru sont excellents !
    Il donne un goût de reviens-y aux baisers âpres et iodés.
    Et quand l’amour est consumé, il suffit d’un poisson-volant
    Pour retrouver la fantaisie en vue de s’y raccommoder.

    Illustration d’Enki Bilal

  • Comme une araignée au plafond

    Mon poids descend sur la balance comme une araignée du plafond
    Qui m’affole pour que je sache qu’elle signe un matin de chagrin
    Avec mes peurs qui recommencent à me faire toucher le fond
    Pour remonter avec panache dès que l’espoir remoud son grain.

    Les démons sucrés de la vie sont trop durs à éliminer ;
    Chaque bouchée de friandise m’ancre un peu plus au désespoir.
    Ce Dieu odieux sera ravi, lui qui m’avait déterminé(e)
    À souffrir de ma gourmandise et d’un ventre rond sans espoir.

    Tableau de Shiori Matsumoto

  • Les contes de la petite-fille l’Oie

    Adieu tous les comptes à rebours vers les confins à l’eau de rose
    Qui mettaient un terme aux histoires des contes de ma grand-mère l’Oie !
    À moi les frais et les débours des quotidiens les plus moroses
    Car j’ai remporté la victoire entre bons et mauvais alois !

    Adieu tous les destins tracés, adieu royaumes dépravés !
    La nouvelle génération ne croit plus aux contes de fées.
    Ou plutôt elle veut embrasser une existence désentravée
    De toute commisération envers des croyances échauffées.

    Les vieilles oies du Capitole de mon héritage génétique
    Sonnent encore et toujours l’alarme lorsque le monde est envahi
    Par des propos qui rafistolent les vieilles querelles frénétiques
    Avec jérémiades et larmes dans notre jeunesse ébahie !

    Photo de Clare Ahalt sur https://www.clareahaltphotography.com/blog/portrait-photographer-potomac-md

  • L’éponge aux cauchemars

    Tu pourrais prendre une bouée pour te sauver lors d’un naufrage ;
    Moi, je te conseille une éponge pour te garder des cauchemars.
    Sa texture sait amadouer les pires offenses et outrages
    Lorsqu’un mauvais rêve s’allonge avec sirènes et tintamarres.

    Elle gonfle au fur et à mesure jusqu’à occuper tout l’espace
    Et capture dans chaque orifice les trous de mémoire douloureux.
    Elle compense la démesure d’une catastrophe qui passe
    Et qui pourrait faire son office de ton spleen le plus rigoureux.

    L’Ave Maria de nos péchés disparaît d’un seul coup d’éponge ;
    Les jours de pluie sont absorbés et les douleurs sont délavées.
    Grand merci d’avoir empêché cette nuit ces fétides songes
    Dont le venin s’est résorbé de mon esprit désenclavé !

    Tableau de Salvador Dali

  • Les cheveux de la passion

    Un peu de feu dans tes cheveux pour me réchauffer dans ton lit ;
    Un peu de braise dans le foyer de ta coiffure académique !
    Je donnerai tout ce que tu veux pour raviver à la folie
    La flamme que je veux choyer dans ton corps aux formes alchimiques !

    Si la longueur de ta crinière est proportionnelle à ton charme,
    Tu es la Vénus flamboyante qui attise mon excitation !
    Si la couleur de ta bannière ressemble à un signal d’alarme,
    Tu te montres ainsi prévoyante envers le feu de ma passion !

    Nika Cole photographiée par Chantelle Dosser sur https://redlipstickresurrected.tumblr.com/post/176502996720/nika-cole-aka-nika-m-cole-russian-b-barnaul

  • Malins, les p’tits martiens !

    Maman, les p’tits martiens pervers qui vont et viennent chaque nuit
    Dans leurs vaisseaux à formes humaines, sont-ils vraiment prémonitoires ?
    Maman, les p’tits bonshommes verts qui montent et descendent à grand bruit
    L’escalier toute la semaine, sont-ils vraiment rédhibitoires ?

    L’un d’eux m’a dit qu’il pourrait être, si j’étais né au mois de mai,
    Mon paternel extraterrestre lors d’une banale performance.
    D’autres prétendent se reconnaître comme géniteurs présumés
    Qui m’auraient, à la Saint-Sylvestre, donné un peu de leurs semences.

    Maman, suis-je fils d’un alien venu chercher pour pas trop cher
    Un peu de bonheur qui exauce son appétit pour ta corolle ?
    Et si je suis végétalien, c’est à cause d’avoir vu ta chair
    Consommée à toutes les sauces quand tu passes à la casserole !

    Illustration d’Olivia

  • Béni soit le fruit de vos entrailles ! – 2

    Trois-cent soixante-cinq occasions de nourrir la route du ventre
    Par ses étapes gastronomiques marquant anniversaires et fêtes.
    Mes trois repas à profusion ont convergé au barycentre
    De ma nature physionomique qui tend à la sphère parfaite.

    Au gui l’an neuf, j’ai éclaté de tous mes trésors amassés
    Protides, glucides et lipides que mon corps stocke comme graisse.
    L’âme hépatique s’est épatée, le corps tassé s’est fracassé
    Avec cet appétit stupide qui insidieusement m’agresse.

    Mes chromosomes carnassiers de mes ancêtres carnivores,
    Mes régimes végétariens de mes racines végétales,
    Mes rafraîchissements disgraciés, alcoolisés, budgétivores,
    Tout cela n’a servi à rien sauf pour une épargne létale.

    Tableau de Kagoshima sur https://www.shockblast.net/ai-shinohara-worx

  • En quête d’ailleurs

    Je suis en transit dans ce monde où je n’accepte nulle attache
    Et où j’attends à chaque instant de sauter dans un train qui passe.
    Mais cela ne prend qu’une seconde ; si ma vigilance s’en détache
    Je reste suspendu au temps et reste coincé(e) dans l’impasse.

    Or, si je n’ai pour tout bagage que le sac de mes souvenirs,
    Si je ne porte que l’habit de mes connaissances acquises,
    Alors aussitôt je dégage et prends le train de l’avenir
    Vers des gens de mon acabit selon mes qualités requises.

    Illustrations de Jean-Pierre Gibrat

  • Réflexions au fil de l’eau

    Toutes ces gouttes au fil de l’eau pareilles au flot de mes pensées,
    Pareilles au flux du genre humain, pareilles aux nuages qui passent,
    Partent dans l’oubli, à vau-l’eau, un autre cycle où dépenser
    Leurs vies vers un nouveau chemin, nouveau monde et nouvel espace.

    Qu’il est hypnotique l’effet de l’existence qui s’écoule
    Et qui m’attire comme un aimant de ressentiments magnétiques !
    Sans doute vers l’univers des fées d’où ma propre magie découle
    Et qui revient comme un amant sentimental et pathétique.

    Illustration de Jean-Pierre Gibrat

  • Les couronnes des reines

    Après avoir tiré les Rois, on continue avec brio
    À se préoccuper des reines non pas vraiment pour les tirer
    Mais les honorer toutes les trois puisqu’elle forment un trio
    Dont l’association pérenne est assidûment désirée.

    Commémorons Épiphanie, Reine magicienne oubliée,
    Puis consacrons la Chandeleur, Reine des crêpes et des chandelles !
    Célébrons enfin Stéphanie, Reine qui n’a rien publié
    À ce jour mais dont la valeur reviendra comme l’hirondelle !

    Que feront les reines au printemps ? Elles prendront leurs quartiers d’été
    Bronzer de Pâques à l’Assomption jusqu’en automne, fin des vacances.
    Puis elles reviendront en leur temps avec leurs trois rois répéter
    Contre toutes nos présomptions, les mêmes faits sans conséquences.

    Tableaux de Georgia Th sur https://justlikehopey.tumblr.com/post/114981137204/georgia-th/amp

  • Les voyages perpétuels

    À la ville, comme à la campagne, les cœurs solitaires s’assemblent
    Pour trouver un terrain d’entente et pour naviguer de conserve.
    Ainsi, compagnons et compagnes cherchent la voie qui leur ressemble
    Et répondra à leurs attentes et à ce que l’avenir réserve.

    Tous les voyages sont chaotiques – on dit qu’ils forment la jeunesse –
    Et l’amour n’aime ni la routine ni le quotidien ressassé ;
    Il se cherche un milieu biotique pour s’épanouir en finesse
    Afin que ses fruits s’agglutinent sur les tuteurs entrelacés.

    Alors les cœurs partent en voyage sur de grandes lignes érotiques
    Ou pour dormir en wagon-lit ou batifoler en croisière.
    Et puisque l’amour n’a pas d’âge, vers une retraite exotique,
    Ils s’aimeront à la folie sur le chemin du cimetière.

    Car l’amour ne s’arrête pas là où la mort figure une escale
    Mais il repart en fusionnant pour procréer un nouvel être.
    Ni Paradis, ni Walhalla, ni aucune évasion fiscale,
    Mais un retour occasionnant des épopées au kilomètre.

    Illustrations de Pascal Campion sur https://positivr.fr/pascal-campion-dessins-couple/?amp

  • Le choix du prince

    L’électrice, en démocratie, possède le pouvoir de choisir
    À l’opposé, en monarchie, elle se doit d’embrasser son prince.
    Sans doute qu’en théocratie, les dieux élus règnent à loisir ;
    Peut-être même qu’en anarchie, c’est plutôt le peuple qui grince.

    L’idéal serait d’essayer chaque prétendu président
    Et passer une nuit d’amour pour savoir s’il est un bon coup.
    S’il passe son temps à grasseyer comme tous ses véreux précédents,
    Dans tel cas, on pourra toujours voter en lui tordant le cou.

    À force de nous prendre pour des nouilles et de nous plumer comme un œuf,
    On se rassemble à la Bastille afin de le montrer du doigt.
    Et s’il fait comme la grenouille qui veut être grosse comme un bœuf,
    Laissons-le enfler des chevilles et éclater comme il se doit.

    Tableau de Lisa Aisato sur https://www.aisato.no

  • Ces pies qui chantent faux

    Au royaume des pies voleuses, tout ce qui brille n’est pas d’or ;
    Si la pie blanche voit tout en noir, la noire aussi, quoi qu’il en soit.
    Le problème de ces enjôleuses tient à s’ méfier quand on dort
    D’être volé, dans son manoir, par beaucoup plus voleur que soi.

    Par ailleurs, les pies sont menteuses et ne parlent que sous un masque
    Afin de montrer patte blanche et tromper ainsi les moutons.
    Bien que la pratique soit honteuse et que personne ne les démasque,
    Elles continuent tous les dimanches à nous resserrer les boutons.

    Les pies chantent faux à Davos, à Paris, dans tous les pays
    Et les pies volent allègrement d’une manière déloyale.
    Certaines pies roulent en carrosse et leurs sujets restent ébahis
    Quand l’un’ d’elles, par dénigrement, crache dans la soupière royale.

    Tableau d’Aaron Jasinski sur https://www.taringa.net/+arte/aaron-jasinski-pinceladas-nostalgicas-parte-2_hrdb0 ainsi que sur https://www.aaronjasinski.com

  • La sirène novice

    Point besoin d’être née sirène pour être promue au statut
    De la compagnie des princesses et futures reines des mers.
    Or pour accéder à l’arène et être élève de l’institut,
    Il suffit d’immerger ses fesses et développer ses pieds palmaires.

    Ainsi la fille devient novice et vit en totale immersion
    Dans un séminaire aquatique où elle restera cloîtrée.
    Nourrie aux saintes écrevisses, elle subira la conversion
    De ses jambes problématiques en une queue idolâtrée.

    On lui apprendra à chanter et amplifier son organe
    Pour une chasse consacrée à son régime bienséant
    Par des formules enchantées enseignées par la fée Morgane
    Dont les connaissances sacrées priment dans tous les océans.

    Illustration de Mark Ryden

  • Une sirène pas comme les autres

    Fi des queues en colimaçon pleines d’arêtes et de nageoires ;
    Vivent les queues en tentacules pour mieux étreindre ses victimes !
    La mer, c’est bon pour les poissons ; idem les mares et pataugeoires !
    Refusons tous ces ridicules clichés sur notre vie intime !

    Elle a pris un appartement avec vue sur les vallées suisses ;
    Elle y reçoit peu de matelots car elle leur préfère les bergers.
    Mais elle y cajole ses amants entre ses si nombreuses cuisses
    Que plus d’un de ces rigolos redemandent à s’y héberger.

    Elle y consent et les invite à partager tous ses repas
    Et garnit ainsi son frigo de gigots, épaules et cuisseaux.
    Tout un petit monde gravite, chimères plus ou moins sympas,
    Avec lesquelles, tout de go, elle partage les meilleurs morceaux.

    Tableau de Nicoletta Ceccoli sur https://ilmondodimaryantony.blogspot.com/2013/08/gli-incubi-celesti-di-nicoletta-ceccoli.html

  • L’ami Ricoré

    Mon vieil ami, le pique-assiette, qui s’invitait tous les matins
    Contre mon gré au déjeuner, a fini par prendre racine.
    Aujourd’hui j’en fait la cueillette que je mélange avec du thym
    Pour clôturer notre dîner par une douce médecine.

    Il venait toujours en retard et inventait mille prétextes
    Pour justifier l’importance et nous vanter sa marchandise.
    Hâbleur, fanfaron et vantard, sortant un mot de son contexte,
    Il renversait les circonstances pour les adapter à sa guise.

    L’arbre qui cache la forêt, c’est un peu lui en quelque sorte ;
    On ne parlait plus que de lui d’un bout à l’autre des réseaux.
    Maintenant l’ami Ricoré qui pousse à deux pas de ma porte,
    Me réveille quand le soleil luit par le chœur de tous ses oiseaux.

    Illustration de Lisa Aisato sur https://salg.aisato.no/butikk/digitaltrykk

  • Fils de l’homme pour ma pomme !

    La pomme est contre toute envie l’arbre qui cache la forêt ;
    Elle occulte tous les désirs et les passions les plus succinctes.
    Toute l’essence de la vie s’épuise jusqu’à s’évaporer
    En interdisant tout plaisir au nom d’une censure sainte.

    Est-ce le péché originel qui limite mes prétentions
    Comme une entrave à des pensées que j’aurais osé m’infliger
    Ou bien l’enfer obsessionnel pavé des meilleures intentions
    Afin d’éviter d’offenser ce qu’un Dieu aurait exigé ?

    Cette limite obsessionnelle finit par occulter ma vue
    Et ne montre que du péché par son traitre et fourbe contrôle.
    Fi de ces lois conventionnelles où tout a déjà été prévu
    Pour me brider et m’empêcher d’échapper à leurs jeux de rôles !

    Tableau de René Magritte

  • Enfin seuls !

    Finis déguisements idiots, fausse barbe et fausse bedaine !
    Adieu, vieux traîneau obsolète, rennes de bois, maintes clochettes !
    Bonjour les bienfaits primordiaux de trois-cent-dix jours de fredaine
    À galoper sur la sellette à la croupe de ma bichette !

    Le Père Noël n’existe plus pour les onze mois de l’année
    Et je redeviens Petit Prince, je vous le dis en vérité.
    Si ma visite vous a plu en passant par la cheminée,
    Souffrez que maintenant j’en pince pour des vacances bien méritées !

    Pour vos prochains bons de commande, envoyez en poste restante
    Vos désirs pour l’année prochaine adressés à Marie Licorne.
    Car ma chérie, à ma demande, sera ma précieuse assistante
    Pour dépouiller à la douzaine tous vos courriers d’un coup de corne.

    Illustration de Lisa Aisato sur https://www.aisato.no/andre-illustrasjoner

  • L’école des voyeurs

    Pour appâter l’œil des voyeurs que j’élève dans mon atelier,
    Je dois leur fournir des modèles, principalement des femmes nues.
    Auprès des meilleurs pourvoyeurs de la fine fleur des bordeliers,
    J’obtiens les meilleures donzelles dodues, callipyges et charnues.

    « Petits, petits, les apprentis ! Ouvrez grand vos yeux impudiques !
    Goûtez ces formes appétissantes, buvez dans la courbe du tendre ! »
    La nourriture est garantie naturelle et biologique,
    Conciliante et obéissante envers ce que l’on peut attendre.

    Vous cherchez un travail facile ? Bien rémunéré, sans fatigue ?
    Il n’y a rien d’illégitime à montrer votre plasticité !
    Nourrir l’œil n’est pas difficile envers celui qui investigue ;
    Exposez vos parties intimes et vous serez plébiscitées !

    Maryam Motamedi Masoudieh devant le tableau « L’artiste et son école » de Franz Nolken

  • L’amour en bateau

    Quand Valentin mène en bateau sa Valentine au fil de l’eau,
    Il ne voit qu’elle évidemment et passe ses jours à l’attendre.
    Pour elle, il bâtit des châteaux, la moindre balade à vélo
    Devient voyage d’agrément sur l’infinie route du tendre.

    Mais le rêve qu’il se construit est-il celui de sa chérie
    Ou est-ce un décor de théâtre où il lui joue la comédie ?
    N’aura-t-il pas que l’usufruit de l’objectif qu’il renchérit
    Avec ses pensées opiniâtres à moins qu’elle n’y remédie ?

    En amour, on ne compte pas. On verra bien au fil du temps
    Si l’image s’est estompée dans le grand fleuve de la vie.
    L’amour aux multiples appâts flétrit ou dure-t-il longtemps ?
    Si vous pouvez me détromper, communiquez-moi votre avis.

    Illustrations de Tran Nguyen

  • Raton-chasseur

    L’exclusivité de l’amour n’est pas donnée qu’à Cupidon
    Et au quatorze février certains font flèche de tout bois.
    Notamment le raton glamour à qui d’ailleurs nous validons
    Le titre du manouvrier qui met les femelles aux abois.

    Raton-laveur devient chasseur quand la nécessité fait loi
    Pour éviter le temps perdu à conter fleurette aux ratonnes.
    Pas besoin de vibromasseur ! Qu’y-a-t-il de meilleur aloi
    Qu’une flèche d’amour éperdu plantée dans un cœur qui détone ?

    Illustration de Lily Seika Jones sur https://insomniac-arrest.tumblr.com/post/705913673751920640/thecollectibles-art-by-lily-seika-jones

  • Le piège de la Saint-Valentin

    Ainsi Vénus se promenait les bras croisés derrière le dos,
    Entièrement nue et sans complexe, les seins libres à s’enorgueillir.
    Personne ne se méprenait sur l’état de sa libido
    Car elle présentait son sexe comme une fleur à recueillir.

    Devant cette offre intéressante, quelques cupidons attirés
    D’abord se laissèrent surprendre, puis opinèrent toutefois.
    Mais cette Vénus oppressante mue par un désir inspiré
    Exigea de se faire prendre par tous ses amants à la fois.

    Évidemment, c’était un piège car la Vénus était plombée
    Par des escrocs, après enquête, qui vantaient leurs médicaments.
    Ils eurent beau faire des bains de siège, ils finirent tous par succomber
    À une crise de la quéquette qui enfla précipitamment.

    Je vous en prie, tous, prenez garde la nuit de la Saint-Valentin ;
    Si vous croisez Vénus à poil, gardez la queue et le sang froid !
    Bien sûr, c’est vous que ça regarde mais vous serez ces galantins
    Dont tiendra les cordons du poêle votre poète avec effroi.

    Sculpture d’Ernst Seger

  • L’eau de l’oubli

    Lorsque j’ai bu l’O de l’oubli, comme l’O d’un ensemble vide,
    Son visage avait disparu avec ses yeux, sa bouche en cœur.
    La fille n’a pas fait un pli, à corps perdu, l’esprit avide
    De se faire happer par la rue pour y diluer toute rancœur.

    Je crois que ses yeux m’ont souri et que sa bouche m’a avalé
    Comme une amante religieuse qui m’aurait fait perdre la tête.
    Volte face comme la houri de mon paradis dévalé
    Dans la maladie contagieuse et fatale d’une amourette.

    Et je regarde le gyrophare pulser sur son corps ambulant
    Qui emporte dans ses paquets ma mémoire et mes souvenirs.
    La mort rapide et sans fanfare m’a piqué en m’inoculant
    L’amnésie non contre-attaquée que je n’avais pas vu venir.

    Tableau d’André Kohn

  • Paris par la fenêtre

    Je n’ai vu de Paris que l’interface sombre
    D’un écran cathodique d’une vie noire et blanche.
    Puis de fausses couleurs sont nées de la pénombre
    Pour projeter son cœur sur l’écran des dimanches.

    Je l’ai connue plus tard quand elle m’a fait la cour ;
    Paris était la femme et moi son mâle errant.
    Mais le charme épuisé des arrogants discours
    Ne m’a point retenu, j’étais trop différent.

    Je la vois aujourd’hui, cette ville lumière,
    Vieille cité qui sait encore séduire autant.
    Qui verrait à présent sa vérité première
    Saurait que l’éternelle dame résiste au temps.

    Sa séduction rayonne mais j’y suis hermétique
    J’ai fui les grandes villes à l’air empoisonné.
    Les hasards m’ont conduit sur les terres helvétiques
    Et Paris sous son globe m’apparaît cloisonnée.

    Tableau de Marc Chagall

  • Au fil du courrier du cœur

    Quand tu te trouves au bord du gouffre, accroche-toi au téléphone
    Et compose le numéro de l’assistance aux cœurs perdus.
    Que tu te plaignes ou que tu souffres, tu pourras rejoindre la faune
    De ceux qui se voulaient héros et meurent anonymes, éperdus.

    Sans doute avec de la patience – un proverbe chinois le dit –
    Tu y verras passer le corps de tes ennemis oubliés.
    Sinon attire leur confiance, nourris-toi de leurs tragédies
    Et tu pourras toujours encor en parler et les publier.

    Tableaux de Shiori Matsumoto

  • La revanche du bonhomme en pain d’épice

    Révolution chez les amantes, les laïques et les religieuses !
    Les bonhommes ne perdent plus la tête pour une partie de jambes en l’air.
    À moins qu’on ne nous le démente par une pirouette prodigieuse,
    Ils sont partis à la conquête des droits dont ils sont titulaires.

    Désormais, pour la parité, ils goûtent avant d’être mangés
    La garniture dont ils enrobent les vêtements de leurs promises.
    Tandis qu’en solidarité, lorsque le tout est mélangé,
    Elle ôte et lui offre sa robe comme si elle lui était soumise.

    Après qu’il eut été mangé, croqué et sucé jusqu’à l’os,
    Il ne resta plus que la tige de ce bonhomme en pain d’épice.
    C’la dut alors la démanger, la fille, de s’enfiler gratos,
    En coupant court à tout litige, son petit bâton de réglisse.

    Tableau de Nicoletta Ceccoli sur https://vigilantcitizen.com/latestnews/disturbing-mkultra-and-child-abuse-paintings-displayed-on-billboards-in-italy

  • L’entre deux mondes

    Monde intérieur imaginaire qui me rappelle d’où je viens,
    Qui fait sonner les expériences acquises de mes vies antérieures.
    J’aime tant son imaginaire qu’à travers lui, je me souviens
    De l’écho d’une clairvoyance vers l’itinéraire ultérieur.

    Monde extérieur immatériel car j’appréhende sa matière,
    Sa dureté et ses dangers à jamais de moi différents.
    Pourtant l’organe sensoriel qui me fait vivre toute entière
    Lui est à la fois étranger et cruellement afférent.

    Je suis ce monde intermédiaire, je suis assis sur la fenêtre
    Avec la peur de basculer dans un destin irréversible.
    Comme une question subsidiaire qui me décidera à naître
    Pour une vie immaculée de mes mémoires inaccessibles.

    Illustration de Jean-Pierre Gibrat

  • L’amante religieuse en herbe

    Comme il faut bien qu’elle s’habitue,
    les bonhommes en pain d’épice
    Sont principales gâteries
    qui enchanteront sa jeunesse :
    « Je te grignote et je te tue
    à petit bout mais sans malice ;
    J’aime ta camaraderie
    et ta saveur toute en finesse ! »

    Elle chantonnait cette comptine
    en dégustant chaque bouchée
    De ses petits amis sucrés
    à la tête aromatisée.
    Petite habitude enfantine
    qui allait plus tard déboucher
    Sur une litanie consacrée
    à ses victimes traumatisées.

    Comme elle n’a pas beaucoup d’amis,
    elle prend son déjeuner au lit
    De la rivière au chocolat
    en compagnie de ses copains ;
    Pour ne pas avoir d’ennemi,
    elle va au bout de sa folie
    En grignotant sans tralala
    sa bonne bouille en massepain.

    Dans son école des Nougatines
    de l’ordre des Saintes Amantes,
    Elle apprendra l’anatomie
    et le meilleur côté des hommes :
    Leurs têtes en chocolatine
    battues dans du thé à la menthe,
    Bases de la gastronomie
    inscrite dans ses chromosomes.

    Tableaux de Nicoletta Ceccoli sur https://ilmondodimaryantony.blogspot.com/2013/08/gli-incubi-celesti-di-nicoletta-ceccoli.html ainsi que sur https://www.irancartoon.com/site/artists/nicoletta-ceccoli

  • Nourrir son imaginaire

    Nourrir son imagination exige en guise d’introduction
    Un sens aussi vrai qu’un mensonge qui grandira avec le temps.
    Le cœur d’enfant en gestation développera son addiction
    Avec des rêves et des songes qui se bousculent à contretemps.

    Bien sûr, au train où vont les choses, son appétit grandit encore,
    Devient de plus en plus exigeant et tout son cœur s’en réconforte.
    Le plaisir se métamorphose en lui transformant tout son corps
    Et son esprit intransigeant envers des émotions plus fortes.

    Au printemps, premières amours, tout son être s’épanouit
    Mais dès qu’on lui pose un lapin, l’imagination se rebiffe.
    Elle se console non sans humour sur ses désirs évanouis
    Avec un pignon de sapin pour un besoin impératif.

    Tableaux de Nicoletta Ceccoli sur https://ilmondodimaryantony.blogspot.com/2013/08/gli-incubi-celesti-di-nicoletta-ceccoli.html

  • L’échange de pouvoirs

    L’une eut le sceau, l’autre eut l’anneau et, à la fin de leur mandat,
    La gauche changea avec la droite le pouvoir contre l’opposition.
    Et l’on tomba dans le panneau car par la suite on s’amenda
    Par des élections maladroites sur de nouvelles impositions.

    Bien qu’elles soient à l’opposée, les deux sœurs en réalité
    Sont similaires et seules diffèrent leurs coiffures et leurs maquillages.
    Bien que leurs choix soient supposés être en totale rivalité,
    Elles sont pareilles et se confèrent au même goût du magouillage.

    Sœur Emmanuelle Omicron et Sœur Dégâts-de-la-Marine
    Forment un couple de même sexe, mêmes dogmes hypothétiques.
    Elles ont gagné le « prix citron » pour le talent qu’elles entérinent
    À jouer la comédie complexe du remaniement politique.

    Tableau de Mao Hamaguchi

  • Raminagrobis

    Quand sonne l’anthropophobie dans le courant de l’existence,
    Rabats-toi sur les animaux envers qui tu pourras plaider.
    Prends garde à Raminagrobis qui trouvera sa subsistance
    À se restaurer de tes maux en faisant semblant de t’aider.

    Beaucoup de chats de circonstance font mine de patte de velours
    Mais donneront un coup de griffe si tu leur manques d’attention.
    Quand ils te promettent assistance, ils recherchent un ami balourd
    Qui nourrira ces escogriffes de leur entière soumission.

    Sans doute l’État fait de même en nous promettant protection
    Pour vivre aux frais de la princesse et de notre naïveté.
    Ils disent régler nos problèmes tout en faisant la collection
    De nos biens et de nos richesses taxées pour leur oisiveté.

    Tableau de Mark Ryden

  • Sauver le dernier poisson

    Il n’a pas l’air dans son assiette, le p’tit poisson du vendredi
    Péché, lavé et congelé directement au chalutier !
    Adieu écailles en paillettes, bonjour pané du mercredi,
    Filets carrés et morcelés, darnes découpées sans pitié !

    Faut-il sauver le dernier poisson ? Interdire sa consommation ?
    Mettre à l’index la bouillabaisse, les fruits de mer et l’aïoli ?
    Maquereau qui trouble la boisson du loup de mer en privation,
    Es-tu en hausse ou à la baisse chez ton mareyeur aboli ?

    Illustration d’Enki Bilal

  • La sirène et son fils

    L’évènement est assez rare mais il se produit toutefois
    Quand les marins se mettent en quatre à satisfaire la sirène.
    Car celle-ci n’est pas avare en brochettes de cœurs et de foies,
    Plats aphrodisiaques à débattre mais stimulants en œstrogènes.

    Si bien que quelques mois plus tard, tout le ferment de leur laitance
    Donne naissance à un triton, moitié humain moitié poisson.
    Un fils qui saura sans retard démontrer toute sa prestance
    Avec sa voix de baryton qui monte depuis son caleçon.

    Tableaux de Malene Reynolds Laugesen

  • Trop au lit

    L’est trop au lit pour être honnête, ma voisine du dernier étage
    Dont j’entends branler le sommier et couiner les ressorts rouillés.
    Elle pousse aussi la chansonnette pour pimenter le ballotage
    Lorsque l’amant est coutumier par sept fois de la dérouiller.

    Quand je la croise dans l’ascenseur, qu’elle me dit ses « bonjour chéri »,
    Je lui réponds timidement sans oser saisir l’occasion.
    Bien que je sois libre-penseur et au jeu d’l’amour aguerri,
    J’ai peur qu’elle crie avidement mon nom à travers les cloisons.

    J’ai honte mais je dois vous le dire, j’y suis monté vendredi soir
    Car elle m’a demandé de l’aide pour monter son lit IKEA.
    Comme vous auriez pu le prédire, hélas, je n’ai pas pu surseoir
    À l’essayer ; aussi je plaide coupable au crime indélicat.

    Tableau de Charles J. Dwyer sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2011/10/charles-j-dwyer-1961-wisconsin.html?m=1