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  • Je suis Camélia

    Camélia lit en négatif par rapport aux médias modernes
    Car la télé et le ciné lui semblent bien trop intrusifs.
    Ses amis, eux végétatifs, la traitent de vieille baderne
    Et préfèrent se vacciner d’après les médias abusifs.

    Alors serait-elle complotiste en choisissant par elle-même
    De se renseigner à la source et comparer les documents ?
    Elle est simplement duettiste et joue la partition qu’elle aime
    Avec les lignes qu’elle course dans sa culture, résolument.

    Elle est femme du vingtième siècle qu’elle transporte avec ses livres
    Qui la rattachent à ses racines comme un cocon sécurisé.
    D’ailleurs ses lectures espiègles au fil des journées la délivrent
    Des médiocrités assassines des réseaux sociaux divisés.

    (Tableau de Djabril Boukhenaïssi © Galerie Sator sur https://www.connaissancedesarts.com/depeches-art/prix/jappartiens-a-une-generation-qui-a-vecu-toute-son-existence-avec-en-bruit-de-fond-le-mot-disparition-djabril-boukhenaissi-premier-laureat-du-art-environment-prize-11186469/ .)

  • Décensurer le sein


    Sans doute pour décensurer le sein et mettre fin aux tabous,
    Faudrait-il l’imprimer partout, sur les affiches et sur les murs ?
    Mais lorsqu’il vient s’aventurer, qu’il en dépasse juste un bout,
    On abomine par-dessus tout ledit impudique fruit mûr.

    Soyons sincères avec le sein qui s’insère si bien dans la vie
    Car sa rondeur est si jolie et si divinement féminine !
    Au fond, qu’y a-t-il de plus sain et plus opportun qu’une envie
    De savourer à la folie ces si adorables poitrines ?

    Mais dans le contexte actuel où le genre est mis en balance
    Par des femmes qui n’acceptent plus d’être des humains sexués,
    Le sein, organe sexuel, devient complexe d’ambivalence
    Et bien qu’à l’enfant il ait plu, j’entends ses censeurs le huer.

    Tableau de Charlotte Combe.

  • Le chien qui rapporte

    À force de jeter un bâton à son toutou qui le rapporte,
    Lorsqu’elle jette son linge sale il continue à faire pareil ;
    Elle doit y aller à tâtons pour reprendre au pas-de-la-porte
    Ses dessous lorsqu’elle lui cavale après dans le plus simple appareil.

    Tous les jours le jeu recommence à croire qu’elle le fait exprès
    Et qu’elle dresse le clébard volontairement à dessein. †
    J’imagine un soir de romance, la belle servant ses apprêts
    À l’amant louchant du regard qui de son cul, qui de ses seins.

    Tableau de Konstantin Razumov sur https://lerars.livejournal.com/279021.html
    † pléonasme écrit volontairement et à dessein.

  • Le Modèle standard manquerait-il de poésie ?

    Entre l’électromagnétisme, les particules subatomiques,
    Les interactions nucléaires – une faible, une forte, c’est insidieux –
    Le principe du mimétisme s’appliquerait à la physique
    Car la science statutaire semble vouloir imiter Dieu.

    Si les savants qui sont des prêtres, quarks et leptons qui sont des anges,
    Prennent la mécanique quantique comme le culte de l’univers,
    Comment alors vont transparaître le cœur et l’âme en échange
    D’un rôle dans le champ du cantique si celui-ci est découvert ?

    La science manque de poésie et sans doute d’imagination
    Car on ne perçoit l’infini que par nos cinq sens limités.
    Je n’incite pas à l’hérésie ni ne cherche de divination
    Mais tout cet embrouillamini ne fait pas l’unanimité.

    (Théorie du « Modèle standard de la physique des particules » sur https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Mod%C3%A8le_standard_(physique_des_particules)?wprov=sfla1 .)

  • Pas tous à la fois ! – 2

    Tout le monde voudrait plonger dans la fontaine de jouvence
    Pour satisfaire et au jeunisme et au diktat de la beauté.
    On voudrait aussi prolonger sa vie dans la même mouvance,
    En appeler à l’eugénisme et sa nouvelle communauté.

    Mais quand tout l’monde sera beau, jeune héros photogénique,
    Les critères alors changeront en nouvelles bases fallacieuses.
    Nous ressemblerons à des robots mécanisés et transgéniques
    Les pin-ups se démarqueront comme anomalies disgracieuses.

    Quand tous les gens auront vingt ans, la jeunesse deviendra banale
    Et l’âge mûr sera recherché comme signe de maturité.
    Alors je garde mes printemps et mes rides phénoménales
    Avec le statut haut perché de plénitude bien méritée.

    Tableau de Aks Misyuta sur https://www.itsnicethat.com/articles/aks-misyuta-art-270619 .

  • Alexandre et Bucéphale

    ce soit la monture qui ait choisi son cavalier.
    Quant à ce qui est de pourfendre pour des conquêtes triomphales,
    On dut attendre que mature le conquérant animalier.

    Or comme en attestent les sources, elle a bel et bien existé
    Cette relation singulière, unique dans l’histoire équestre.
    On dit qu’il battait à la course tous ceux qui auraient persisté
    À défier à la régulière n’importe quelle épreuve terrestre.

    Tableau d’Adrien Deggan.

  • Le soir chez les uns et les autres

    Dans nos résidences modernes où nos vies sont superposées,
    Les voisins font partie du lot de la routine quotidienne.
    Lorsque s’éteignent les lanternes, tous vont ensemble se reposer,
    Puis repartiront au boulot tous les matins en file indienne.

    Les postes de télévisions clignotent à toutes les fenêtres ;
    Au moment des informations, soit on complote, soit on sanglote.
    On se soulage en prévision pendant la pub pour son bien-être
    Tandis que fusent les sommations pour économiser la flotte.

    En période de transhumance, les gens ne vivent plus chez eux
    Mais dans le ciel en avion ou sur la route comme d’habitude.
    La continuité des vacances distingue les actifs des oiseux
    Et, comme déjà nous le savions, pour ces derniers… quelle quiétude !

    (Illustration de Pierpaolo Rovero sur http://lambidextre.over-blog.com/2020/03/le-dessin-du-jour-pierpaolo-rovero.html .)

  • La fille aux couteaux

    Aveuglée par une injustice, elle officiait comme partenaire
    À un mexicain basané, lanceur de couteau patenté.
    Craignant une erreur subreptice, fatale ou extraordinaire,
    L’avait la tête enrubannée d’un joli foulard argenté.

    Jusqu’au jour où elle décida de le fixer droit dans les yeux
    Dont le regard, sans faire exprès, sous les feux de la rampe, brilla.
    Hélas, elle l’intimida et lors d’un lancer audacieux
    La fine lame passa si près que l’homme au sombrero cria.

    Pourtant, plus de peur que de mal, elle remit alors son bandeau
    Et le spectacle recommença sans risquer la crise cardiaque.
    Il paraît même que l’animal exigea pour leur libido
    Que la belle au sang chaud pansa ses propres yeux paranoïaques.

    Tableaux de Gill Del-Mace sur https://artandcollectors.com/collections/gill-del-mace-b-1947 .

  • Fata Morgana

    Le verbe « Que la lumière soit ! » à lui seul creva les ténèbres
    Comme un mirage apparaissant dans le néant évanescent.
    N’étant pas là, ça va de soi, personne aujourd’hui ne célèbre
    La première image naissant dans l’univers opalescent.

    Quand la première graine germa pour donner ses fruits à la Terre,
    Personne n’a vu le miracle qui ne faisait que commencer.
    Et lorsque la mer renferma la première faune élémentaire,
    Nul n’a consulté quelque oracle sur l’évolution annoncée.

    Eh bien, Mesdames et Messieurs, il y eut une observatrice
    À chaque étape fondamentale depuis la création du monde.
    Dieu absorbé et minutieux dans son énergie créatrice,
    C’est sa femme, plus sentimentale, qui en filma chaque seconde.

    On l’appelle Fata Morgana mais jamais Dieu n’en parlera ;
    Il jalouse toute allusion à celle qui le désarçonne.
    Si vous voyez cette nana dans le désert du Sahara
    Ce n’sera pas une illusion mais la meuf à Dieu en personne.

    Le deuxième tableau est d’Alex Fitch. Quant aux trois autres, ce sont des images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Cauchemars récurrents

    Je cauchemarde chaque nuit quand mon cerveau fait le bilan
    Des catastrophes journalières épicées d’insécurité.
    J’ai beau recompter mes ennuis comme des moutons jubilants,
    La nuit reste inhospitalière à un sommeil bien mérité.

    J’apprends des nouvelles du monde, la mort d’une foule de gens
    Dont je ne connaîtrais jamais les causes indéterminables ;
    Les mêmes informations immondes toujours à cause de l’argent
    Qui n’entretiendra désormais qu’hélas des guerres interminables.

    Heureusement, souvent je rêve au paradis de mes envies
    Peuplé d’images de bohème dont j’assume être collecteur.
    J’apprécie ces petites trêves auxquelles mon cœur est asservi
    Et j’en nourris tous mes poèmes pour les semer chez mes lecteurs.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Arrête Marianne arrête !

    J’aime bien les résolutions quand elles améliorent ma vie
    Sans perturber mon entourage et quand elles font gagner du temps.
    Je ne donne pas l’absolution à Mariane et ses envies
    D’un luxe qui me décourage et qui me semble fort inquiétant.

    Voici janvier et ses réformes qui vont nous faisander l’année ;
    La hausse des prix régulière et la baisse du pouvoir d’achat.
    Il faudrait qu’elle soit plus conforme à notre vie emboucanée,
    Cette Mariane singulière soumise aux ordres du pacha !

    Mariane arrête de nous passer la corde au cou, elle est usée !
    Mariane arrête de nous piquer avec tes vaccins délétères !
    Mariane arrête de repasser tous les cinq ans à l’Élysée
    Pour nous refaire paniquer de taxations supplémentaires !

    Tableau d’EvyeniaArt sur https://www.artstation.com/evyeniaart .

  • La sirène bleue

    Dans les flots bleus, elle se cache grâce à un curieux mimétisme
    Qui lui fait prendre la couleur de l’atmosphère et du décor.
    Elle se recouvre alors de taches qui suivent un fluide magnétique
    Qui se propage sans douleur progressivement sur tout le corps.

    Lorsqu’elle émerge sur le rivage pour se mêler parmi les hommes
    Elle paraît chic dans un maillot digne des plus grands couturiers.
    Aux moments forts de l’estivage, elle sort souvent en binôme
    Avec un matelot fayot ou un marin aventurier.

    Amateur de Bodybuilding, je les repère facilement
    Et joue à les accompagner pour voir ce qui va se passer.
    Parmi les tours et les buildings, elles parviennent habilement
    À mettre la main au panier des passants dès lors dépassés.

    Bodypainting de Lymari Millot sur https://www.nadyasonika.com/gallery/item/mystique/ .

  • La sirène des temps modernes

    Depuis le siècle des lumières et l’explosion industrielle,
    Les bateaux ont perdu leurs voiles et sont équipés de moteurs.
    Or les sirènes, les premières, ont dû adapter des kyrielles
    De stratagèmes qui dévoilent qu’elles suivent d’ardents promoteurs.

    Ce sont les tours-opérateurs qui affrètent les grandes croisières
    Et qui engagent les sirènes pour en charmer les traversées.
    Par leurs chants rémunérateurs et leur séduction outrancière,
    Les recettes sont bien plus sereines et les pertes moins controversées.

    Ça ne plait pas à tout le monde notamment aux divas, aux stars,
    Aux Castafiores d’opérette, Shellalas, Ginas et Gigis.
    En revanche à chaque seconde une sirène superstar
    Fait vendre dans les supérettes du PQ à son effigie.

    Tableau d’Armand Baltazar sur https://www.kaifineart.com/armandbaltazar .

  • « Pan » dans le cœur !

    Malgré le paon de Cléopâtre mais du fait des pans de sa robe,
    Antoine a trouvé l’ouverture qui pouvait atteindre son cœur.
    Sans couper les cheveux en quatre, il suffisait que se dérobe
    Une intrusion dans la texture pour plonger la main du vainqueur.

    En descendant par la colonne qui mène au bassin des plaisirs,
    Il a parcouru la vallée sacrée de l’académicienne.
    Et plus il tâte, il étalonne le terrain qui mène au désir
    Et plus sa victime affalée de mouiller sa chatte égyptienne.

    Tableau de Joseph Christian Leyendecker.

  • Les cervolistes

    Les cerveaux lents prennent leur temps ; ils sont minutieux et précis.
    Les cerfs-volants des débutants commencent par des formes classiques ;
    Un peu de toile que l’on tend sur des baguettes étrécies
    Qui voleront en disputant les forces d’attraction physiques.

    Après ils deviennent cervolistes comme le faon devient un cerf ;
    Si l’hiver, ils cassent du bois, ils recommenceront au printemps.
    Les filles en sont des spécialistes car elles ont tout le nécessaire :
    Une ligne fine, un petit poids, le cœur léger à chaque instant.

    Tableaux de Catherine Chauloux sur https://catherinechauloux.com/les-peintures/ .

  • L’expérience alchimique

    Quand l’expérience est réussie, l’alchimiste alors la répète
    Autant de fois que nécessaire jusqu’à l’effet inattendu.
    Puis agir avec minutie et se mouiller la salopette
    Mais avant tout, soyons sincères, avoir de la corde de pendu.

    Il devra des milliers de fois diluer dans l’eau son mélange
    Et le réduire à petit feu, puis enfin tout recommencer.
    Seul l’initié aura la foi et obtiendra la poudre orange
    Qui, conformément à ses vœux, deviendra la pierre annoncée.

    Ainsi la pierre philosophale qui transmute le plomb en or
    Demande des années de pratique et maints échecs à transformer.
    Se creuser autant l’encéphale finit par faire perdre le nord
    Et les apprentis névrotiques s’y verront souvent réformés.

    (Tableau de Kinuko Y. Craft sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2014/03/Kinuko-Craft.html?m=1 .)

  • Sur le thème « mange-moi »

    L’automne m’ouvre l’appétit et je me nourris des couleurs
    De champignons de toutes sortes, cèpes bolets et amanites
    Mais juste en chromothérapie qui ne donne aucune douleur
    Et dont les pieds fessus m’apportent comme une source d’eau bénite.

    L’hiver, leurs galbes se transforment en petites fées des forêts
    Dont le pied évoque leurs jambes et le chapeau leurs jolies robes
    Pleines de lamelles uniformes et de dentelles élaborées
    Pour que leurs petits culs ingambes à ma vue, furtifs, se dérobent.

    Quant aux racines mandragores, carottes, navets et radis,
    Ce sont autant de fées sans têtes perdues pour quelques feux follets.
    Jaillissant comme des égrégores avec une soif de paradis,
    Elles répondent à mes requêtes sans pour autant être affolées.

    Alors je croque à belles dents leurs fesses dodues à souhait
    Car elles vivent alors en moi entre le cœur et la raison.
    Elles me font du bien en dedans et comme elles me sont dévouées,
    Je les conserve durant neuf mois dans le cellier de ma maison.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de ces images reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • La nuit des chats oniriques noir & blanc

    Quand de chats tu rêves la nuit en noir et blanc uniquement
    Peu importe alors si le nombre dépasse ton entendement.
    Nonobstant la quantité nuit à un bon endormissement
    Mais sitôt qu’ils sortent de l’ombre, gare à ton désenchantement.

    Car ils vont sauter sur tes songes qu’ils vont prendre pour des souris ;
    Ils vont griffer tes cauchemars afin qu’ils soient plus éprouvants.
    Ils te diront dans un mensonge que tu es nue comme une houri
    Et qu’un lubrique zigomar va se branler en te trouvant.

    Au premier matou onirique, s’il est blanc va le caresser.
    S’il est noir, appelle ton chien, ton cheval ou ton perroquet ;
    Lâche-le sur ce vampirique chat avant qu’il t’ait agressé
    Et aussitôt, mine de rien, disparaîtra ce paltoquet.

    Photo d’Adina Rafaila.

  • Tempête dans un verre d’eau

    La cybernétique excellente créera des femmes sur mesure
    Dessinées sur ordinateur, imprimées en 3D couleur.
    On choisira de succulentes et généreuses créatures
    Damant le pion au Créateur en les accouchant sans douleur.

    Pour les femmes, l’homme enfin parfait sera disponible à souhait,
    Chanteur de charme irrésistible, danseur de tango argentin.
    Elles pourront lui prendre un forfait d’attentions les plus dévouées
    Afin de faire l’impossible : chaque jour la Saint-Valentin.

    Pour les hommes, comme les voitures, il leur faudra de beaux châssis,
    Airbags de série résistants et multiprises érotisées
    Qui montent en température assurant la suprématie
    Du conducteur en l’assistant de positions favorisées.

    La guerre des sexes n’aura pas lieu et les genres seront bien gardés.
    La révolution érotique ? Tempête dans un verre d’eau !
    À trouver le juste milieu, j’ai beau chercher et regarder
    L’avenir sonnera robotique pour nos futures libidos.

    (Montage photo de Jung Won Park sur https://cgfrog.com/incredible-3d-character-designs-and-game-fantasy-art-works-by-jung-won-park/ .)

  • La nuit des chats oniriques en couleur

    Quand de chats tu rêves la nuit en rouge en jaune, en bleu, en vert
    Ou en indigo, c’est bon signe : la couleur est déterminante.
    Si le chat noir et blanc te nuit et te fait rêver de travers,
    Le chat de couleur te désigne une destinée dominante.

    Le chat rouge, symbole du sang, indique une bonne santé ;
    Le chat jaune comme un soleil, de très beaux jours en perspective.
    Le chat vert, emblème puissant, signale une soirée enchantée
    Et le chat bleu, juste au réveil, pointe une surprise affective.

    Mais l’indigo est compliqué, il faut trouver son complément ;
    Le chat violet ou lie-de-vin a plusieurs interprétations.
    Inutile de t’expliquer que la couleur est l’élément
    Qui te rapproche du divin mais aussi des complications.

    Tableau de Daniel Patrick Kessler.

    
    

  • Nouvelle mode Homme/Femme

    Quelle sera la prochaine mode dans ce vingt-et-unième siècle ?
    Des vêtements climatisés ou des corps nus bien maquillés ?
    Pour ceux qui vivent aux antipodes, de jolis tatouages espiègles
    Ou une peau chromatisée sur des motifs bien habillés.

    Le corps durera plus longtemps, les femmes auront toujours vingt ans
    Un bodybuilding pour la plage, un nouveau look pour chaque jour.
    Une robe couleur de printemps qui puisse se porter à plein temps
    Et qui permette l’accouplage par un déshabillé glamour.

    À l’instar du caméléon, se confondre dans le décor,
    Devenir participatif, soucieux de l’environnement
    Ou par liaison de nucléons qui tisseraient sur tout le corps
    Un plasma représentatif de nos propres raisonnements.

    Tableaux de Daniel Loveday sur https://www.artfinder.com/artist/daniel-loveday .

  • Tempête d’étoiles

    L’Europe sème ses étoiles sous l’ombre immense que le taureau
    Étend au cours de leur voyage vers la liberté de s’aimer.
    Soudain quelque chose se voile au-dessus des champs pastoraux ;
    On entend comme un mitraillage dans le firmament clairsemé.

    Sans doute Zeus qui s’est trahi car il s’était dissimulé
    Sous l’apparence d’un taureau et s’est pris un coup asséné
    Par la belle Europe ébahie de s’être fait manipuler
    Par des stratagèmes immoraux sans cesser de l’ morigéner.

    Europe sème désormais ses quelques étoiles en solitaire
    Et se refuse à tous les dieux qui font des plans sur la comète.
    Elle restera vierge à jamais et Zeus lui sera tributaire
    D’une rente au montant dispendieux qu’assidûment il lui soumette.

    Illustration de Valera Lutfullina

  • Poussière d’étoile

    Je cherche les nuits alchimiques où l’air, chargé de météores,
    Permet aux âmes en errance de redevenir persistantes.
    Dans l’atmosphère cyclothymique, les voix qui s’expriment au-dehors
    Prennent soudain une apparence de nitescences intermittentes.

    Si je décompose un éclair qui jaillit et zèbre le ciel
    Avec ses flammes de cristal qui s’échangent entre terres et nues,
    Je vois les feux follets bleu-clair d’un flambeau accrémentitiel
    Agité par une vestale vers des anges circonvenus.

    La Terre agit comme un aimant d’impact météorologique
    Dont l’énergie qui ascensionne porte ses souffrances et ses cris.
    Bien sûr la science dément ce phénomène liturgique
    Et les religions n’en mentionnent aucun écho dans leurs écrits.

    Illustration de Charles Vess pour le roman de Neil Gaiman

  • Pervers Noël

    Pervers Noël cache son jeu toute l’année à l’atelier
    En créant des contrefaçons de nos voitures électriques.
    Bien sûr, nous connaissons l’enjeu de ce bonhomme fou à lier :
    Attirer filles et garçons par ses tendances égocentriques.

    Les poupées qui disent « Maman ! » conditionnent les petites filles
    À souhaiter très rapidement pouvoir rencontrer les garçons,
    Ceux-là même qui, innocemment poussifs à l’esprit de famille,
    Sont amenés perfidement à jouer dans leurs caleçons.

    Pervers Noël qui sévissait les nuits de décembre dans les rues
    A enfin été arrêté par la police persévérante
    Pour les crimes qu’il assouvissait et ce matin a comparu
    Devant le juge décrété suite aux plaintes proliférantes.

    Tableaux de Matt Watts

  • La couleur de l’amour

    Bleu comme la première nuit qui rendit l’amour électrique ;
    Nos premiers frissons qui parcourent nos corps sensibles et tendus.
    Bleue comme l’aurore qui luit au petit matin féérique
    Sur deux amoureux qui concourent à figer le temps suspendu.

    Blanc comme la deuxième nuit qui rendit l’amour éternel ;
    Nos premiers baisers qui apaisent cette soif de nous reconnaître.
    Blanche comme la liqueur qui fuit de par l’organe maternel
    Qui accueille celui qui la baise de l’envie d’un enfant à naître.

    Rouge comme la troisième nuit qui rendit les amours fécondes ;
    Nos premières cellules échangées pour le meilleur et pour le pire.
    Rouge comme la vie qui se poursuit dans la matrice rubiconde
    Où pulse à l’abri du danger un petit ange qui soupire.

    Illustrations de Lorenzo Mattotti

  • Pas peur du loup

    Si la peur du Grand Méchant Loup a disparu de nos écrans,
    Elle est remplacée par l’effroi des épidémies et des guerres.
    Et pour ne pas faire de jaloux, la météo nous met à cran
    En nous menaçant d’un grand froid sur nos ressources délétères.

    Et si tout ça n’était qu’un leurre destiné à dissimuler
    Un nouvel ordre économique pire que ceux qu’on a connus ?
    Je pourrais vous prouver sur l’heure que tout cela est simulé
    Mais on me traiterait de comique ou complotiste reconnu !

    Illustration de Nadezhda Illarionova sur https://www.artstation.com/artwork/krP1z

  • La justice éminente

    Éminente ou bien dominante, la justice est-elle un fléau ?
    Plane-t-elle au-dessus de nous comme une épée de Damoclès ?
    La question est impertinente car elle invoque les idéaux
    De ceux qui mettent à genoux les gueux sans la moindre noblesse.

    La loi est dure mais c’est la loi et dures sont les forces de l’ordre
    Lorsqu’elles sont manipulées d’une main lourde et radicale
    Car il n’est pas de bon aloi de laisser les pauvres chiens mordre
    Les maîtres qui ont stipulé que leur gestion est amicale.

    Tableau de Sidwill-cg sur DeviantArt

  • Copains comme poisson-chat

    Comment vivre d’amour et d’eau fraîche entre un poisson et un chaton
    Lorsqu’il semble contre nature d’unir ces familles ennemies ?
    Le chat se montre assez revêche à se tremper les ripatons
    Quant au poisson, si d’aventure il sort de l’eau, il en frémit.

    Alors copains comme poisson-chat c’est comme croire qu’une sirène
    Pourrait aimer son matelot autrement que dans son assiette.
    Mais seul Lucifer s’y pencha et Dieu tira vite la sirène
    Et cet accouplement ballot finit au fond d’une oubliette.

    Tableau de Jean Metzinger

  • La nuit de la sirène

    Ayant chanté toute la journée, le chant de la sirène fond
    Dans la nuit noire et étoilée d’une petite mort trop brève.
    Mais le marchand dans sa tournée de sable d’un sommeil profond
    Lui permet de se dévoiler dans le cœur du dormeur qui rêve.

    Et dans mes rêves, je la sens, la douce caresse de velours
    D’une voix qui vient et m’enveloppe dans la capture de mes songes.
    Et cette douleur, j’y consens car l’esprit devenu balourd
    Cède à celle qui développe sa vérité comme un mensonge.

    Mon cœur me crée des insomnies pour résister à la charmeuse
    Mais j’y succombe au petit jour – quel oubli stupide et bénin !
    Je n’émets nulle calomnie du fond de mon âme dormeuse
    Car j’y succomberai toujours ; c’est mon idéal féminin.

    Tableau d’Auguste Raynaud

  • Les impudiques

    Deux ou trois morceaux de tissus, si petits mais si importants
    Qu’il suffit que l’un soit ôté pour que l’impudeur soit levée.
    La morale dont on est issu semble invraisemblable pourtant
    Hommes et femmes mal culottés sont jugés très mal-élevés.

    C’est pourquoi je suis chocolat lorsque je publie une image
    Où j’oublie de flouter un sein ou pire une partie intime.
    Sans doute que j’ai choqué là, avec préjudices et dommages,
    La société par mes desseins et mes poèmes illégitimes.

    Illustration de Sarah-Jane Szikora sur https://www.museum-of-art.net/rooms/walk/2817

  • L’angelle déchue

    Celle qui aimait tant la lumière brilla tant d’amour avec elle,
    Tant de fois avec tant d’ardeur, avec ses photons compagnons,
    Que neuf mois après, une première, en fait pas n’importe laquelle :
    Apparut sous son débardeur l’angelle enceinte d’un lumignon.

    On critiqua Luciféra, on l’envoya purger sa faute
    Dans l’obscur cul de basse-fosse qui servait à Dieu de poubelle.
    Et c’est ainsi qu’on transféra l’enfant sur la fameuse côte
    – L’histoire serait-elle vraie ou fausse ? – qui rendit la femme rebelle.

    Illustration de Sarah-Jane Szikora sur https://www.museum-of-art.net/rooms/walk/2817

  • La femme improbable

    Dieu créa l’homme à son image et l’homme ainsi bien inspiré
    Souhaiterait co-créer la femme selon sa propre estimation :
    « Il faut qu’elle lui rende hommage après qu’il ait bien transpiré
    Et qu’elle soit tout feu tout flamme en voie de domestication. »

    Pourtant Dieu n’est pas misogyne puisqu’il a lui-même élevé
    Une Terre sortie du néant et un homme sorti de la glaise.
    Par transition, dès l’origine, la femme à la côte prélevée
    Devrait régner de son séant comme supérieure… à Dieu ne plaise !

    Tableau de René Magritte

  • La femme introuvable

    8 mars, c’est la journée des femmes ; il était bon d’entériner
    Un jour pour nous y retrouver dans tous leurs progrès accomplis.
    Mais il reste beaucoup d’infâmes problèmes à éliminer
    Avant qu’elles puissent en éprouver une condition assouplie.

    Mais il ne faut pas en montrer le caractère sexuel
    Que ce soit dans leurs chromosomes ou bien dans leurs parties intimes.
    « On » aurait ainsi démontré que leurs comportements gestuels
    Troublent et conditionnent les hommes à en devenir les victimes.

    Tableau de René Magritte

  • La libération de l’esprit

    Marre de tirer des lignes droites, marre de suivre un chemin tracé ;
    Un jour j’ai quitté la raison pour suivre la folie du cœur.
    Sans doute suis-je maladroite, sans doute apparais-je déplacée,
    Une étrangère dans sa maison sous les yeux des anges moqueurs.

    Mais j’ai agrandi l’horizon en me confrontant aux problèmes
    Non pas ceux que j’avais appris mais ceux-là qui me faisaient peur.
    Je suis sortie de la prison qui n’a que l’ordre pour emblème
    Et qui condamne avec mépris les gens à voile et à vapeur.

    Illustration de Sarah-Jane Szikora sur https://www.museum-of-art.net/rooms/walk/2817

  • La honte de la famille

    Si jamais je n’ai su rentrer dans notre moule familial
    Ce n’est pas la faute à mon père, ni à ma mère, ni à mes sœurs ;
    Je n’ai pas pu me concentrer sur notre système trivial
    Où chacun de ses membres n’espère qu’agir comme ses prédécesseurs.

    Mais pour montrer ce que je suis, je dois me dénuder un peu
    Et ça perturbe l’entourage et les enfants de la patrie.
    Toutes les sanctions que j’essuie me font crier « sauve qui peut ! »
    Et c’est pourquoi, avec courage, j’ai quitté l’ingrate fratrie.

    Illustration de Sarah-Jane Szikora sur https://www.museum-of-art.net/rooms/walk/2817

  • Nourrir son Ego

    Qu’il est divin, qu’il est subtil, le goût de l’ego supérieur
    Ainsi que le démon sucré de la satisfaction de soi !
    Qu’il est excitant, érectile, le plaisir du moi intérieur
    Qui fond comme un signe sacré dans la bouche qui le reçoit.

    Plus craquant que mon cœur, tu meurs ! Plus beau que mon âme, tu rames !
    Plus vif que mon esprit, t’es gris ! Plus noble que mon corps, t’es mort !
    Seule ma personne a la primeur du destin que Dieu lui programme
    Et si les autres en sont aigris, je n’en éprouve aucun remords.

    Si j’ai pu raisonner ainsi dans ma jeunesse égocentriste,
    Le goût a changé de saveur au profit de pensées plus prudes
    Car cet ego s’est aminci de son narcissisme intégriste
    Sans doute grâce à la faveur de chutes de plus en plus rudes.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Recomposition matinale

    Quand j’étais jeune, à mon réveil, je devais tout réassembler
    Et regrouper mes souvenirs éparpillés dans mes pensées.
    Ce que j’avais connu la veille était resté désassemblé
    Et j’appréhendais l’avenir d’une jeunesse à dépenser.

    C’était devenu machinal et j’avais pris cette habitude
    De ruminer tout un passé pour suivre les mêmes sillons.
    C’était loin d’être original de refaire avec lassitude
    Toujours cett’ routine ressassée qui tuait l’effet papillon.

    Puis j’ai cassé ce casse-tête et laissé le cœur s’exprimer,
    Puis l’esprit de contradiction a pris la route des vacances.
    Ainsi l’ordinaire, trouble-fête, s’étant retrouvé supprimé,
    Je passe mon temps sans addiction à m’amuser d’extravagance.

    Tableau d’Aaron Jasinski sur https://www.taringa.net/+arte/aaron-jasinski-pinceladas-nostalgicas-parte-2_hrdb0 ainsi que sur https://www.aaronjasinski.com

  • Au pays des machines

    Malice au pays des machines, Georges en courant le lapin blanc
    Trouva l’autre côté du monde – bien trop robot pour être vrai –
    Peuplés d’hommes qui courbent l’échine et subissent tout en tremblant
    Sans réfléchir une seconde à vivre libre comme ils devraient.

    Mais pour sortir de ce système, je dois chasser les illusions
    Et cesser de croire au miracle du capital discrédité.
    Je veux découvrir d’autres thèmes que ceux de la télévision
    Et ne plus consulter l’oracle d’une science accréditée.

    Tableau d’Aaron Jasinski sur https://www.taringa.net/+arte/aaron-jasinski-pinceladas-nostalgicas-parte-2_hrdb0 ainsi que sur https://www.aaronjasinski.com

  • Dresser le coq ovin

    Pour qu’il soit doux comme un mouton, maître-Coq, dès qu’il est poussin,
    Commence son apprentissage avec sa coquetière-ovine.
    En livrée, chemise à boutons de manchettes et en mocassins,
    Il subit le droit de cuissage selon la recette angevine :

    « Faites revenir plusieurs fois le coquelet au beurre rance
    Et laissez-le bien reposer à la cocotte automatique.
    Délayez le cœur et le foie avec du vin de préférence
    Et dressez le plat disposé sur un lit d’herbes aromatiques. »

    Tableau de Shiori Matsumoto

  • La plume de l’ange

    Le temps passait seul, sans son ange qui n’avait pu se libérer
    Et j’écrivais à cœur perdu, l’esprit crissant sur le papier.
    Lorsque dans la lumière orange d’un crépuscule réverbéré,
    Une plume blanche, éperdue, vint atterrir juste à mes pieds.

    La nuit était-elle tombée ou était-ce entre chien et loup ?
    Toujours est-il qu’un ange blanc se posa à proximité.
    Et moi bien sûr, j’ai succombé, ce qui rendit le temps jaloux
    Qui suspendit l’ange tremblant entre deux airs illimités.

    J’ai pris sa plume que j’ai trempée à l’encre d’une nuit sans Lune
    Et j’ai raconté cette histoire du temps et de l’ange qui passent.
    Plaise au lecteur que j’ai trompé avec cette idée opportune
    Qu’il prenne conscience notoire de mes errances dans l’espace.

    Illustration d’Andrej Mashkovtsev

  • Miss Caméléonne

    Sans doute un prénom qui déteint sur ses tenues vestimentaires
    Tant celles-ci sont assorties aux murs de son appartement.
    Quant à ses cheveux et son teint, également complémentaires,
    Ils s’adaptent à chaque sortie au ton de ses emportements.

    Point ne s’arrête son mimétisme à sa peau et ses vêtements ;
    En effet tout son caractère prend la couleur de l’air du temps.
    Conséquence du magnétisme de la Terre et ses éléments
    Sur cette fille pleine de mystères mais qui se dévoile pourtant.

    J’ai connu Miss Caméléonne au cours d’une de mes tournées
    Celle-là même la plus étrange, je dirais même atmosphérique.
    Elle venait de Sierra Leonne et, le soir en fin de journée,
    Elle prenait la couleur orange d’un coucher de soleil d’Afrique.

    Tableau de Louis Treserras sur http://wombart.net/emotion-research-by-louis-treserras

  • L’œil, l’expression et l’impression

    L’œil, miroir indiscret de l’âme, reflète mon étonnement
    Devant tout ce que je découvre et que j’ai du mal à comprendre.
    Mais il trahit souvent la flamme dont fuse le rayonnement
    Des raisonnements que j’entrouvre sur le peu que j’ai pu apprendre.

    L’œil, sentinelle défensive, explore mon environnement,
    Attentive à ce qui se passe derrière son intime frontière.
    Parfois elle se montre offensive pour pallier le foisonnement
    Des imprévus qui la dépasse et la font trembler toute entière.

    L’œil, porte-parole du cœur, exprime mes ressentiments
    Comme les joies et les pressions sur ce que j’ai envie de vivre.
    Il sait occulter mes rancœurs, mes craintes et mes sentiments
    Et ne renvoie que l’expression de mon intérieur comme un livre.

    Illustrations de Jean-Pierre Gibrat

  • Réflexions lunaires

    J’aime ma fenêtre propice aux réflexions fort opportunes
    De son miroir qui me démontre sa silencieuse complétude
    Au seuil des meilleures auspices que m’envoie un rayon de Lune
    Qui perce et qui vient à l’encontre de mon cœur chargé d’inquiétudes.

    Lune, Ô ma Lune taciturne, que me révèle l’avenir
    À travers la neige qui tombe d’une incertitude impassible.
    J’en appelle à l’astre nocturne dont le halo sait convenir
    À m’indiquer ce qui m’incombe dans la nuit de tous les possibles.

    C’est l’heure où je vais me coucher, lorsque le temps se superpose
    Que m’apparaît la direction vers laquelle je dois lâcher prise
    Je laisse mon cœur accoucher du germe que le jour dépose
    Quand le soleil en érection m’illuminera sans surprise.

    Illustrations de Jean-Pierre Gibrat

  • En avant vers le progrès !

    Bien que trop beau pour être vrai, le progrès amène les robots
    À s’occuper de nos enfants rivés à leurs petits écrans.
    Si cet avenir nous effraie, c’est pourtant nos efforts globaux
    Du savoir-faire ébouriffant qui aujourd’hui nous mettent à cran.

    Si les écoles de demain prennent la même direction,
    On fera l’école buissonnière dans des campagnes virtuelles
    Où les gosses en un tournemain pirateront leurs corrections
    Soit, avec l’art et la manière, ou par bêtises perpétuelles.

    Devant l’abîme de l’ignorance, ils feront un pas en avant
    Ainsi tout sera résolu sans la moindre contradiction.
    Ne voyant nulle incohérence à ce phénomène aggravant,
    Rejetons notre dévolu sur nos propres actuelles addictions.

    Illustration de Jeff Drew sur jeff drew – ART STORE: Prints & More! (jeffdrewpictures.com)

  • Le p’tit bateau dans la tête

    J’ai eu ma période « bicyclette » avec p’tit vélo dans la tête
    Et puis ma période « évasion » avec un tout p’tit avion.
    Aujourd’hui j’ai celle que je veux, un p’tit bateau dans les cheveux
    Et mon ange gardien qui y rame, qui rame, qui rame… tout un programme !

    Lorsque je cherche à m’échapper des infos qui ont dérapé
    Vers des catastrophes en vagues et des politiques qui divaguent,
    Lorsqu’on nous mène tous en bateau avec – cerise dur la gâteau –
    Des mensonges gros comme une maison, mon cœur fuit hors de ma raison.

    Et je viens retrouver mon ange dans ma cervelle de rechange :
    Ma barque nommée « L’intrépide » pour fuir toutes ces idées stupides
    Et arrêter de ruminer sur les crises indéterminées
    Qui me soufflent dans la figure comme oiseau de mauvais augure.

    Illustration de Lisa Aisato sur https://www.aisato.no/andre-illustrasjoner/#itemId=55830f07e4b0d670c6fc3e2b

  • La pêche originale

    Quand Dieu créa l’eau des rivières, elle était fort alcoolisée
    – Sans doute deux anges farceurs jouant aux apprentis chimistes.
    On remonta sur la civière les premiers thons diabolisés
    Par le breuvage dont la noirceur n’était pas des plus optimistes.

    Puis Dieu créa l’homme-poisson ; les anges virent que c’était bon
    Et furent les premiers à pêcher l’Adam et l’Ève en pleine ivresse
    Car les bougres épris de boisson – eaux-de-vie, vodka et bourbon –
    N’avaient vraiment pu s’empêcher de siffler l’eau enchanteresse.

    Ainsi Dieu punit tout le monde à coup de foudre et de déluge
    Et dilua l’eau de la Terre, puis rajouta un peu de sel.
    À point, la planète féconde put enfin servir de refuge
    Au nouvel homme propriétaire ; ange et démon universel.

    Tableau de Scott G. Brooks sur https://www.scottgbrooks.com/product-category/giclee-prints

  • Comment j’ai trouvé mon Vendredi

    C’est en voyant passer les gens, perpétuellement sans relâche,
    Sortir leur chien trois fois par jour, toujours par le même chemin,
    Que j’acquis un poisson d’argent, docile, aux nageoires un peu flaches,
    Pour fuir mon tranquille séjour sans stresser, la laisse à la main.

    Ensemble nous suivons la rivière où je le laisse aller nager
    Car il adore s’éclater à outrepasser les cascades.
    Sauf pour les transports ferroviaires où j’ai dû lui aménager
    Un aquarium hélas refusé par un vieux contrôleur maussade.

    Quand les animaux domestiques subiront la montée des eaux,
    Ils accueilleront dans leurs rangs toute la faune piscicole.
    Plaise à mon esprit scolastique d’ouvrir grand les portes des zoos
    Pour créer à contre-courant ce concept comme un cas d’école.

    Illustration d’Omar Rayyan

  • La femme à plume

    Une femme à poil, c’est attirant, une femme à plume, c’est chavirant !
    J’aime lorsqu’elle ouvre ses ailes et dévoile, de la demoiselle,
    Ses petits seins comme deux œufs, petit équipement oiseux
    Dont je me tâte sur l’optimisme de leur aérodynamisme.

    Une femme à plume, mère poule, j’en aurais tant été maboule,
    Bien coucouné sous son plumage, la tétant pour lui rendre hommage.
    Petit oiseau devenu grand trouverait oiselle de son rang
    Pour convoler en tutélaire manière de s’envoyer en l’air.

    Photo Yves Saint Laurent sur http://devorahmacdonald.blogspot.com/2012/08/blog-post.html

  • Derrière le masque

    Les yeux sont le reflet de l’âme mais, derrière un masque moqueur,
    Ils sont comme un miroir sans tain qui m’observe sans être vu.
    Je ne leur porte pas un blâme mais où sont donc les yeux de cœur
    Derrière ce regard hautain de toute vertu dépourvu ?

    Souvent d’autres visages affichent de véritables jeux de rôles,
    Bourreau, défenseur ou victime et parfois les trois à la fois.
    Personnellement je m’en fiche et je vous en donne ma parole ;
    Derrière ma figure intime, il n’est que mon acte de foi.

    Illustrations d’Alessandra Lemos

  • Ôtons le voile !

    Ôtons le voile sur la censure et, pourquoi pas, sur les seins sûrs !
    Les seins qu’il ne faut pas qu’on touche du moins sur les saintes nitouches.
    Sans désacraliser la femme, ni porter de propos infâme,
    Mais en rendant au mamelon son grade et même du galon.

    Vraiment cette partie du corps paraît taboue et plus encore ;
    Lorsqu’elle allaite son enfant, certains trouvent ça infamant.
    Moi, qui n’ai pas tété au sein, j’estime ces jugements malsains
    Et si j’avais de la poitrine, je l’exposerais en vitrine.

    Tableau de Konstantin Razumov