Catégorie : 2024

  • Fin de saison

    En fin de saison la sirène rejoint les poissons migrateurs
    Qui partent pour des eaux plus chaudes situées dans l’autre hémisphère.
    En traversant les eaux sereines à l’approche de l’équateur
    Leurs queues deviennent plus rougeaudes mais cela, c’est une autre affaire.

    Mais revenons à la sirène dont les amants sont malheureux
    Car elle n’avait pas son pareil pour passer à la casserole
    Déglacée d’un vin de Touraine dont l’alcool rend le mâle heureux
    Et raffermit son appareil pour mieux lui percer la corolle.

    Adieu sirène de mon cœur, rendez-vous au prochain printemps
    Et si tu me ponds des fillettes ramènes m’en les plus jolies !
    Je passerai à contrecœur un hiver des plus éreintants
    En m’astiquant la zigounette quand je serai seul dans mon lit.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Une faim de lion-des-mers

    Désolé, vous n’auriez pas dû voir cette scène épouvantable
    De sirènes ayant partagé leur repas avec l’équipage.
    Ce passage est assez ardu car, à peine sorties de table,
    Elles ont, les autres passagers, conviés au prochain étripage.

    Avec un appétit de lion, les deux sœurs, sirènes gloutonnes,
    Ont besoin d’un bateau par jour, marins, capitaine et touristes.
    Ces monstres incarnent les trublions les plus dangereux qui détonnent
    Par rapport aux plaisants séjours parmi les Vénus folkloristes.

    Adieu la vie, adieu les femmes ! Mon bateau est arraisonné ;
    J’ai été trompé par les vents qui m’ont fait parvenir le chant
    De ces deux créatures infâmes qui vont bientôt m’assaisonner
    Et voici qu’à peine l’écrivant… – Aïe ! – je m’ fais bouffer sur le champ.

    Tableau de Daniel Landerman.

  • Autoportrait de Mona Lisa

    Lorsque Mona réapparaît, vêtue d’une robe couleur de nuit
    Dont l’intensité de l’étoffe reflète toutes les étoiles,
    C’est comme si elle accaparait tout le firmament qui ne luit
    Plus que de l’éclat théosophe d’un dieu prisonnier dans sa toile.

    Nul ne sait qui est la vestale qui se comporterait ainsi
    Comme gardienne des ténèbres ou comme chasseuse de lumière.
    Depuis peu, le doute s’installe d’après Leonard de Vinci
    Qui nous aurait peint son célèbre chef-d’œuvre de vérité première.

    Toutefois dans son clair-obscur, la ressemblance est déroutante
    Car la Joconde n’apparaît point comme une vestale trompée
    Mais plutôt comme dioscure, épouse d’un dieu, envoûtante,
    Dont le sourire paraît de loin briller d’un mystère estompé.

    Illustration de Mina Velicastelo.

  • Fleur de lumière

    Seule et nue, par les nuits sans Lune, elle va se baigner dans l’étang
    À la lueur d’un nénuphar dont la fleur semble un feu follet.
    Or cette fleur est opportune car elle brille en reflétant
    Sa peau luisante dont le fard absorbe les ultra-violets.

    Immergée de lumière noire, elle plonge alors complètement
    Sous la surface sombre et glacée au cœur du silence ivoirin.
    Elle disparaît de la mémoire de l’eau dans un halètement
    Et puis semble se déplacer dans les royaumes sous-marins.

    Elle ressort quand la fleur s’éteint comme si l’énergie absorbée
    L’avait toute régénérée d’une nuit de nouvelle Lune.
    Si le feu semble avoir déteint sur son corps vierge et résorbé,
    Il pulse alors pour vénérer cette vestale de fortune.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • La Reine de paille

    C’était un royaume très pauvre ; le Roi et la Reine étaient pauvres,
    Chevaliers et valets très pauvres et les serfs encore plus pauvres.
    Le roi était né sur la paille, la reine s’habillait de paille,
    Tous les hommes et femmes de paille ne faisaient pas souvent ripaille.

    L’histoire aurait bien plus s’arrêter là mais, fort heureusement pour moi,
    La Reine enfin se révéla enceinte au bout de quelques mois.
    L’enfant paré de cheveux d’or apporta richesse au pays ;
    L’on s’extasia devant le Cador de toute la contrée ébahie.

    La Reine se fit un costume fagoté de blés d’or en gerbes
    Qui devint, comme de coutume, la mode des princesses en herbe.
    L’ancien pauvre Roi devint riche mais bien sûr, il y avait un truc ;
    Un jour on s’aperçut de la triche : le Prince portait une perruque !

    Photo d’Agnieszka Jopkiewicz.

  • Kaloma

    Sur de vieilles photos fuchsia, Kaloma se réfugia
    Pour les hanter et occuper les épreuves aux bords découpés.
    Elle préférait le noir et blanc pour y transparaître en tremblant
    À moitié nue presque impudique, juste un voile en guise de tunique.

    Elle habitait un ossuaire et déambulait en suaire,
    Le corps encore bien enrobé, elle sortait à la dérobée,
    Pointant les mamelles opulentes de sa poitrine corpulente,
    Les yeux fixés, observateurs, sur l’intrépide spectateur.

    Quand je l’ai vue, je l’ai aimée ; hélas le portrait consumé
    Disparaissait entre les grains du cliché remplit de chagrin
    Formant un brouillard si épais qu’on l’aurait coupé à l’épée.
    « Adieu Kaloma, à Dieu vat ! » Dis-je à l’aura qui s’esquiva.

    Photo de M. L. Pressler.

  • La gardienne du temps

    La mort a détrôné les Parques qui n’ont plus droit à la parole
    Et a éliminé Saint-Pierre à la porte du Paradis.
    Elle a nommé une aristarque †, une spécialiste des jeux de rôles,
    Une sorte de comique-troupière, une cerbère de parodie.

    À l’aide d’un dé à vingt faces – l’icosaèdre précisément –
    Elle décide la destination de votre âme après votre mort.
    Que cela ou non vous satisfasse, vous obéirez posément
    Sans mettre de l’obstination à éprouver quelques remords.

    Vous pouvez vous réincarner ou bien repartir à zéro ;
    Passer dix mille ans en enfer ou dans le néant éternel.
    Elle consigne dans son carnet la destinée de ses héros
    Dont elle gère les transferts d’un soin quasiment maternel.

    † Un aristarque est un critique minutieux et sévère.

    Illustration d’Oozium.

  • Cœur rebelle

    Vous qui cherchez du répondant à vos avances incessantes,
    Son cœur – pas si facile à prendre – déconcerte ses prétendants !
    D’ailleurs elle trouve redondant toutes vos phrases abêtissantes ;
    Vous avez fini par l’apprendre mais à vos dépends, cependant.

    Toutes les lettres enflammées, tous les poèmes romanesques
    N’ont jamais attendri son cœur ni même obtenu de réponse.
    Moi-même qui lui ai proclamé tout mon amour chevaleresque
    N’ai alors souffert que rancœur et une réticence absconse.

    Elle est de la race des femmes qui ne s’intéressent pas aux hommes
    Pour des motifs souvent physiques ou voire de compétition.
    Le sexe lui paraît infâme peu ou presque humiliant en somme
    Et le pouvoir phallocratique, une hérétique imposition.

    Tableau d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • Une souris dans ma bibliothèque

    Mignonne allons voir si ta fleur s’épanouit entre les livres
    Comme dans un herbier à l’envers duquel on ôterait chaque feuille.
    D’une main fébrile, j’effleure chaque feuillet qui me délivre
    La fin du suspense pervers… à condition que tu le veuilles.

    Je lirai la carte du tendre sur le parchemin de ton dos
    Et tâterai du bout des doigts le verso de ta peau surprise.
    Sois plus sensuelle à attendre le point fort de la libido
    Lorsqu’à la fin, comme il se doit, tu sens l’orgasme qui te grise.

    Tableau de Dino Valls sur https://aphrodisiacart01.wordpress.com/2017/01/17/dino-valls/ .

  • Autant en emporte le temps

    Autant en emporte l’orage lorsque les torrents sont en crue
    Et que leurs eaux tumultueuses transforment les berges boueuses.
    Bien plus que force ni que rage, les caprices du temps – qui l’eut cru ? –
    Avec leurs pluies majestueuses tirent une langueur bien joueuse.

    Autant en emporte le vent, après la pluie vient le beau temps
    Et les dents-de-lion en profitent pour sécher akènes à aigrettes.
    Mais voici du soleil levant monter le souffle du printemps :
    « Adieu houppettes néophytes ! » Disent leurs mères qui les regrettent.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • Mais où vont les chats ?

    La chatte mouille mais ne coule pas ; qui plus est jamais ne se noie ;
    Parmi ses neuf vies antérieures, celle du poisson reste assumée.
    C’est pourquoi son meilleur repas sera le même que les Danois :
    Thon de qualité supérieure, harengs et sardines fumés.

    D’ailleurs Chat-rente maritime et Chat-long sur Saône en témoignent :
    Ils sont amis des maraîchers, marins d’eau douce et capitaines.
    Avec le poissonnier, intime ; bien que quelquefois il l’empoigne
    Pour le plonger effarouché dans l’eau du bassin d’Aquitaine.

    Le chat et la chatte en chaleurs s’immergent dans les jeux de l’amour
    Dans un concert de miaulements et coups de griffes en escouades.
    Les matous sont plus cavaleurs et les minettes plus glamour,
    Et l’on retient finalement que chat échaudé craint l’eau froide.

    Illustration d’Allan Brakusfor.

  • Monopoles y a – 2

    Les hommes ont cru que le progrès leur apporterait l’opulence
    Mais ils sont contraints à payer pour que les riches s’enrichissent.
    Les femmes ont cru que le travail allait enfin les libérer
    Mais elles aussi ont dû payer pour une pseudo liberté.

    Pendant ce temps grâce aux médias, « On » leur montre l’actualité
    Des pays pauvres qui ont faim et du chômage en progression.
    Pendant ce temps grâce aux églises, aux mosquées et aux synagogues
    « On » maintient un ordre mondial, chacun chez soi, Dieu pourvoira.

    Dès que l’enfant prend le chemin des institutions de l’état,
    Il est aussitôt formaté pour servir de chair à produire.
    À la maison, c’est la télé qui continue l’apprentissage
    Pour devenir gentil robot, fourmi besogneuse et soumise.

    « Nous avons créé et financé le mouvement féministe en mettant la femme au travail et en faisant croire que cela les libérerait. Cela nous a permis de taxer le travail des 2 sexes et de confisquer l’éducation des enfants pour mieux les formater ! » David Rockefeller.

    Tableau « la vérité au pouvoir » de Mear One sur https://www.buzzfeednews.com/article/dennishuynh/compelling-political-art-near-the-dnc.

  • Mais où va le chat ?

    Bien sûr, dans l’eau les minets râlent car ce n’est pas leur élément ;
    Ils préfèrent comme terrain de chasse tout un domaine à leur portée.
    Parmi la faune littorale, les chats ne sont pas tellement
    L’espèce la plus efficace que la Nature ait apportée.

    Pourtant plongez un chat dans l’eau ; il n’a pas besoin d’Archimède
    Et sa poussée scientifique pour nager instinctivement.
    Certes, il a l’air un peu ballot durant ce petit intermède
    Mais sa technique honorifique le sauve rétrospectivement.

    La queue en forme de périscope et les yeux comme deux hublots,
    Il saura ainsi s’acharner à vivre si le cas lui échoit.
    D’ailleurs le chat dans l’horoscope chinois gagne sur tous les tableaux :
    Il est la prudence incarnée et opte pour les meilleurs choix.

    Illustrations d’Allan Brakusfor.

  • Sirènes aux corps rompus

    Qui saurait mieux noyer le poisson que l’assemblée des océans
    Où tous les ministres sont des reines vivant aux frais de la princesse ?
    Et pour détourner la moisson, remplir son compte bienséant,
    Qui mieux qu’une bande de sirènes saura mieux pomper nos richesses ?

    Comment une simple sirène qui a fait de longues étuves
    Aux Açores bonnes pour leurs piments pourrait montrer moins de rigueur ?
    La République pourtant sereine renfermerait-elle dans ses cuves
    Du vice plein de boniments qui lui donnerait sa vigueur ?

    Mais il y a pire que les sirènes dans l’aréopage chauvin :
    Requins aux dents longues acérées, pieuvres à l’encre opaque et noire,
    Orques qui tournent dans l’arène et louvoient entre pots-de-vin
    Et les merlus incarcérés dont on a perdu la mémoire.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Le monde vu par les sirènes

    Pour les sirènes, tout est fluide, tout est flou, tout est nuancé.
    En politique c’est pareil ; tout est trouble, on ne saurait voir
    Les pots-de-vin qui en liquide tombent aux mains influencées
    Par un judicieux appareil manipulé par le pouvoir.

    Pour les sirènes, c’est à la voix qu’on pêche les marins dodus.
    En politique également, depuis tant de temps révolus,
    On cherche la meilleure voie et les meilleurs chemins tordus
    Pour parvenir au parlement, grand lieu de magouille absolu.

    Pour les sirènes, tout finit le plus souvent en queue de poisson.
    En politique au même titre, par le journal télévisé
    Et des programmes mal définis ou des mensonges par omission,
    On finit par faire le pitre tout au sommet de l’Élysée.

    Illustration de Gillianrm Kavanagh sur http://rmkavanagh.ie/paintings-2010 .

  • Les sirènes-volantes

    À force de me raconter autant d’histoires de sirène,
    Je finis par banaliser leur aspect extraordinaire.
    Je suis obligé de compter sur la foi plus ou moins sereine
    Des gens qui vont analyser mes poèmes imaginaires.

    L’imaginaire sans frontières a dépassé les océans ;
    Toute une branche de chimères a évolué à la volée.
    Leurs queues d’or, dont elles étaient fières, se sont dressées sur leur séant
    Et un plumage assez sommaire leur a permis de s’envoler.

    Désormais les sirènes volantes ne s’attaquent plus qu’aux bateaux
    Mais aussi aux avions qui passent qu’elles pénètrent par les soutes.
    Si leurs queues jadis flageolantes faisaient des mouvements patauds,
    Leur vitesse aujourd’hui dépasse le mur du son, sans aucun doute.

    Tableau de James Fodor.

  • Les sirènes modernes

    Les temps modernes ont apporté depuis des siècles millénaires
    Les derniers cris de la technique aux sirènes en soif de confort.
    Les airs qui passent à leur portée depuis les vents tourbillonnaires
    Deviennent stéréophoniques diffusés dans les transistors.

    Depuis qu’elles écoutent la mode, les sirènes sont au goût du jour ;
    Elles affichent des tatouages qui leur permettent d’aller seins nus.
    Étant donné qu’aux antipodes, l’été établit son séjour,
    Bronzent sous un ciel sans nuage ces dangereuses inconnues.

    Illustrations de Sara Ray.

  • Pièces de rechange intersexes

    Bonne nouvelle pour les transgenres ; la mode accède à leurs désirs !
    On va trouver des pantalons avec des sexes dessinés :
    Frocs à zizis seront d’un genre plus vrai que nature à loisir
    Et frocs à chattes pour étalons qui se sentent plus efféminés.

    La censure ne pourra rien dire puisque les sexes sont couverts ;
    Les T-Shirts à grosses poitrines vont s’arracher dès le printemps.
    On ne saurait les interdire ; l’humain, à visage découvert,
    Poura enfin mettre en vitrine ce à quoi son souhait prétend.

    Tableau de Dino Valls sur https://aphrodisiacart01.wordpress.com/2017/01/17/dino-valls/ .

  • L’amplificateur énergétique

    Stonehenge n’aurait jamais livré ses impénétrables secrets ;
    Le site aurait été bâti comme instrument d’astronomie.
    Parfois quelques druides en livrée officient les gestes sacrés
    Pour œuvrer avec empathie la Terre et son agronomie.

    Également amplificateur des sources d’énergies cosmiques
    Il rayonnerait aux équinoxes d’un rayon à chaque interstice ;
    Ainsi que planificateur selon les signes astrologiques
    Qui, n’étant pas très orthodoxes, ne se déclenchent qu’aux solstices.

    Le site de Stonehenge aurait été bâti afin d’observer à l’horizon la position du soleil levant lors du solstice d’été et d’établir ainsi le calendrier solaire. Les architectures de pierres levées subsistent en partie parce qu’elles ont été reprises pendant des centaines d’années.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak.

  • Musickaëlle, l’amie pinson

    Il est des terres de légendes, en Suisse, en France comme ailleurs,
    Et les fées grimées en oiselles n’échappent pas aux tradition.
    Entre les buissons de lavande peuvent surgir d’un air railleur
    Des nymphes, jeunes demoiselles, en fugaces apparitions.

    Je ne sais si c’est un pinson, rossignol, rouge-gorge ou geai,
    Mais tous les matins sur sa branche, Musickaëlle fait son aubade.
    Tellement couverte de pinçons sur la poitrine dégorgée
    Qu’on jurerait des notes blanches, noires et rondes à la cantonade.

    Je ne faisais que l’écouter mais à présent je l’examine
    Grâce à mes jumelles marines et leur zoom assez rapprochant :
    Sous son plumage velouté, la belle gazelle a bonne mine
    Et de son jabot, deux tétines dodelinent au rythme du chant.

    Dans son écrin, elle est sauvage, ma belle chanteuse si farouche
    Qu’elle fuit dès qu’elle entend un bruit ou qu’un chien se jette à ses trousses.
    Je ne sais si elle est volage mais tous les soirs elle découche
    Avec des jeunes à peine instruits avec lesquels… qu’est-ce qu’elle glousse !

    Tableau de Dino Valls sur https://aphrodisiacart01.wordpress.com/2017/01/17/dino-valls/ .

  • Mickaëllange, mon héron « in »

    Janvier est passé comme un ange
    Aux ailes blanches comme neige
    Et tous les petits animaux
    D’hiberner ou de s’affairer.
    Rouges-gorges, moineaux et mésanges
    Pirouettent en rapides manèges
    De balcons en bains baptismaux
    Afin de s’y désaltérer.

    Ici, dans nos campagnes suisses,
    Les anges ont forme de hérons
    Aux longues jambes emmanchées
    Et d’un corps beau à plein volume.
    Mais bien qu’ils se tapent la cuisse
    Et qu’ils soient de joyeux lurons,
    Ils ne sont guère endimanchés
    Vivant complètement à plume.

    Les mâles, de vrais petits diables
    Et les femelles, des démons
    Qui, contrairement aux cigognes
    Ne nous apportent jamais d’enfant
    Mais plutôt – c’est irrémédiable –
    Volent depuis le sommet des monts,
    Et nous emportent sans vergogne
    Marcassins, lapereaux et faons.

    Or ce n’est pas pour les manger
    Mais au contraire pour les sauver
    De sales nemrods à l’affût
    Qui voudraient leur tirer dessus.
    Vous les verriez, pour les venger,
    À chaque portée innover
    En faisant vacarme et raffut…
    Et les chasseurs s’en vont déçus.

    Tableau de Dino Valls sur https://aphrodisiacart01.wordpress.com/2017/01/17/dino-valls/ .

  • Pourquoi les sorcières ?

    Vers les derniers jours de janvier, lorsque monte la pleine Lune,
    On voit d’étranges feux follets voler en nuées circulaires.
    Les anges n’ont rien à leur envier car c’est la transe inopportune
    De jeunes sorcières affolées qui se trémoussent les fesses à l’air.

    Pourquoi ces sorcières s’envolent à demi-nues sur leurs balais
    Alors qu’il fait si froid là-haut dès qu’on s’élève sur nos montagnes ?
    Il semblerait qu’elles convolent avec des grigris népalais
    Et des diables de Macao qui les acceptent pour compagnes.

    On dit qu’elles les rendent cocus avec leurs balais-godemichets
    Et que pour s’envoyer en l’air, à poil c’est mieux sous les étoiles.
    Et comme elles ont le feu au cul, elles vont au cimetière dénicher
    Quelques costauds patibulaires qui leur tirent les cordons du poêle.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • L’étoile d’araignée

    Suspendue par le fil invisible du temps,
    L’étoile d’araignée fixe un capteur de rêves
    Qui piège les images du rêveur débutant
    Qui s’est laissé leurré une seconde brève.

    Le rêveur aguerri connaît la souricière
    De l’araignée perfide tissant l’attrape-rêve.
    Sa rêverie condense et devient justicière
    Qui, d’un tir en plein centre, l’atteint et puis le crève.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • L’homme-caméléon

    Homme-caméléon, j’assume mais c’est vraiment bien malgré moi
    Qu’hélas je parais transparent dans la société actuelle.
    Comme si je portais un costume couleur du temps, du jour, du mois,
    Filtrant le décor apparent comme une image résiduelle.

    Je n’existe donc nulle part, j’échappe à tous les règlements ;
    Aucun cas ne me correspond sauf la cinquième roue du carrosse.
    Éternellement sur le départ pour changer d’enchevêtrement
    Dont l’administration me pond ses lois qui me cherchent des crosses.

    Étrangement seuls les impôts perçoivent mon halo prolongé ;
    On dirait qu’ils ne voient de moi qu’une source gouvernementale.
    Sans doute par manque de pot, ils n’ont pas d’autres os à ronger
    Et m’envoient plusieurs fois par mois ma quote-part environnementale.

    Photo de Liu Bolin, l’homme caméléon.)

  • L’arbre lumière

    Eh oui, c’est moi l’arbre-lumière, sans orgueil et sans modestie ;
    Né d’innombrables arbres de vie ensemencés dans l’univers.
    Dieu fit de ma graine première Sa sainte quote-part investie
    Après avoir lu le devis et donc accordé son feu vert.

    Sans doute Dieu n’a pas tout lu ; surtout les petits caractères
    Qui ne cautionnaient pas un taux d’évolution illimitée.
    Et c’est pourquoi l’homme évolue avec tous les fruits de la Terre
    Qui s’épuiseront très bientôt à l’échéance délimitée.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • Lotus et bouche cousue

    En Lotus et bouche cousue, je bascule l’interrupteur
    Qui me relie à l’extérieur mais qui n’est qu’une mise en veille.
    Je tente un parcours décousu loin du matériel réducteur
    Et je repars à l’intérieur de mes souvenirs aux merveilles.

    J’aimerais pouvoir arrêter complètement tout mon système,
    Vivre la mort hors de mon corps durant toute une éternité.
    Un beau jour viendrait s’apprêter, mon prince qui me dirait « je t’aime »
    Et dont le baiser en accord redémarrerait mon entité.

    Sans doute ceux qui se suicident ont dû tenter pareille approche
    En laissant aux fruits du hasard le potentiel de revenir.
    Je ne tente pas l’homicide, je voudrais rassurer mes proches ;
    Ce n’est que l’idée de Lazare qui revient de mon avenir.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

    
    
  • Et tournent les étoiles

    Et pourtant tournent les étoiles, tournent le Soleil et la Terre,
    La Lune et ses quartiers lyriques dans la noirceur de mes nuits blanches.
    J’y vois des anges sur ma toile pilotant un hélicoptère
    Aux puits de lumières féériques et qui virevoltent en avalanches.

    Sans doute la roue de la fortune dans laquelle je suis aspiré
    Et entraîné sans que j’en voie ce qui se fomente en coulisses.
    Mais toutes ces lueurs opportunes me révèlent le sens inspiré
    Par un Dieu-Univers aux voies impénétrables de malice.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • La mémoire de Dieu

    Pour Adam je n’ai eu besoin ni de modèle ni d’ébauche ;
    J’ l’ai créé à l’inspiration à partir d’un bon gabarit.
    Mais pour Ève, là j’ai pris grand soin de ne pas avoir deux mains gauches ;
    J’avais plus de motivation ; j’avais des projets pour Marie.

    J’ai bien pétri la terre glaise et modelé deux belles miches,
    Palpé, malaxé ses mamelles, bien fendu son mont de Vénus.
    Après j’ai filé à l’anglaise une fois remis la pouliche
    Afin qu’Adam et sa femelle me fassent des petits en bonus.

    Tableau de Quang Ho et Clay Sculptures.

  • La chamane de la forêt

    Initié par les trois chamanes, j’ai commencé l’enseignement
    Sur les mystères de la Terre et sur l’histoire de l’univers.
    Mais je ne suis pas mythomane et, d’après mes renseignements,
    Je devrais avant tout me taire avant d’écrire ces quelques vers…

    Mais j’ai le droit d’en révéler quelques éléments, à vrai dire ;
    En effet personne n’écoute les vraies valeurs humanitaires
    Car lire, écrire et calculer ne sert à rien sinon prédire
    Un esclavage coûte que coûte envers l’état totalitaire.

    La vérité sur l’existence ainsi que sa finalité
    Serait d’atteindre la dimension de l’amour et la compassion.
    En attendant, la résistance à cette fonctionnalité
    Fait à jamais l’appréhension d’une élite en dépravation.

    Art païen de Naomi Cornock sur https://www.nomeart.com .

  • Les mémoires de Dieu

    Si créer l’homme m’a pris six jours, créer la femme fut plus long.
    En réalité, je dois dire que j’avais commencé par elle.
    Car même Dieu ne fait pas toujours ce qu’il désire ; c’est selon
    Ma résolution à prédire toute l’histoire naturelle.

    En créant les cieux et la Terre, en fait j’ai créé la première
    Essence féminine nue au cœur des étoiles conceptrices.
    Chaque accouchement élémentaire donna un ange de lumière
    Et les suivants sont devenus des âmes autoreproductrices.

    Une fois la femme créée, je l’ai dotée d’un serviteur,
    Cueilleur-chasseur reproducteur, pour l’aimer et la promouvoir.
    Si Adam a su l’agréer, ses fils plutôt inquisiteurs
    Se sont révélés réducteurs et ont usurpé son pouvoir.

    Sculptures de Dan Crossland.

  • Les chamanes de la forêt

    On dit qu’elles sont empoisonneuses, de vraies sorcières maléfiques
    Et qu’il vaut mieux les éviter quand on les voit dans la forêt.
    D’une attitude soupçonneuse, lorsque j’ai vu ces mirifiques
    Femmes en train de léviter, j’ai pris une allure effarée.

    Trop tard ! Elles m’ont pris par la main et m’ont fait boire leur breuvage,
    Une espèce de vin merveilleux qui fait perdre toute volonté.
    J’ai dormi jusqu’au lendemain après huit heures d’esclavage
    Et c’qu’elles m’ont fait, ô mes aïeux, je ne peux vous le raconter.

    J’ai rêvé avoir chevauché toute la nuit, nu comme un loup ;
    Avoir hurlé la gueule ouverte avec une faim dévoreuse.
    Mais nous nous sommes rabibochés ; je n’en suis pas du tout jaloux
    Puisque j’ai fait la découverte de trois chamanes bien généreuses.

    Art païen de Naomi Cornock sur https://www.nomeart.com .

  • Marianne et son premier papillon

    Cette année Marianne a nommé son nouveau premier papillon ;
    Elle l’a sélectionné très jeune, aux ailes à voile et à vapeur.
    Il a bâti sa renommée à gauche parmi les pavillons
    Où les gens riches aisés déjeunent, bon enfant, entre prédateurs.

    Quand Marianne entre en conseil avec son premier papillon,
    On ne sait pas ce qu’ils échangent et quels sont leur rapports secrets.
    Les lépidoptères qui s’asseyent autour du couple nazillon
    Ne trouvent pas que ça dérange l’action qui leur est consacrée.

    Le soir Marianne monte à sa tour et verrouille bien toutes ses portes
    Mais laisse subrepticement une fenêtre sans son loquet.
    Tandis qu’elle renvoie sans détour cafards, cancrelats et cloportes,
    On entend des gémissements sourdre à travers les murs épais.

    Illustration de Moebius.

  • Les positions de Marianne

    Quand Marianne siégeait à gauche, personne n’y croyait vraiment ;
    Bien sûr, un matelas épais flattait ses fesses callipyges.
    Son économie en ébauche termina par un défraiement
    Puisqu’elle quitta son circonspect siège avant l’âge de quarante piges.

    Quand Marianne siège en marche personne se saurait la croire ;
    On ne sait plus où est le centre et ni la gauche et ni la droite.
    On a subi de sa démarche tant de problèmes et de déboires
    Qu’on n’sait pas c’qu’elle a dans le ventre, sans doute quelques pensées étroites.

    Aujourd’hui Marianne nous montre qu’elle en a vraiment plein le dos ;
    De tous ses actes antérieurs, le tout nouveau est débridé.
    Finalement elle va à l’encontre de sa vie et sa libido
    Et donc présente son postérieur à qui saura la dérider.

    (Tableaux de Christian Hook sur https://www.christianhook.com/#!Reclining%20nude/zoom/cu53/image_hf4 .)

  • Dit-on « pêcheuse » ou « pécheresse » ?

    Commettre des actes de pêche en faisant la tournée des bars
    Ou vivre à fond dans le péché dans le lit d’un torrent furieux,
    Pour un homme, rien ne l’en empêche – ça se prononce pareil, point barre –
    Pour une femme, c’est débauché et ça fait jaser les curieux.

    La pécheresse
    M’intéresse ;
    Le premier pas est accompli
    Toutes les barrières sont levées ;
    La femme est libre, je l’aime ainsi

    La pêcheuse
    Est un peu bêcheuse.
    D’ailleurs ça ne fait pas un pli ;
    Une seule chose la fait saliver :
    Surveiller sa ligne amincie.

    Tableau d’Anna Podedworna.

  • Johnny Triton

    S’il existe encore aujourd’hui, il doit vivre dans les abysses ;
    Il doit jouer de la guitare et coucher sur les bancs de sables ;
    Il doit fumer d’autres produits que la coke et le cannabis.
    Johnny le roi de la bagarre, Johnny Triton l’indispensable !

    Il aime les sirènes aux seins nus qu’il charme de ses biscoteaux ;
    Il chante tous les soirs son aubade aux bateaux ancrés dans la rade ;
    Il planque tous ses revenus aux îles aux paradis fiscaux.
    Johnny l’as de la dérobade, Johnny Triton vieux camarade !

    Toutes les femmes qui l’ont aimé chantent partout sa renommée ;
    Tous ses fils partent en tournée aux quatre coins des océans ;
    Son fan-club est tant essaimé que tous ensemble l’ont surnommé :
    Johnny, pour toute la journée, Johnny Triton tu es géant !

    Illustration de GapYBaraAi sur X.

  • La matière, l’espace-temps et tout le reste…


    Quand mes cellules se bigbanguent et créent mon univers interne,
    Une subconscience animale s’établit sans mettre de verbe.
    Dans cet étrange vaisseau qui tangue, une conscience subalterne
    Tente une approche minimale par tout l’amour qu’elle exacerbe.

    La partie peut donc commencer dans ce petit espace-temps
    Entre mon petit microcosme et l’omniprésence de Dieu.
    Ce Dieu qui m’a ensemencé et qui me nourrit tout autant
    Depuis son divin macrocosme qui m’est si miséricordieux.

    Mais je ne sais pas que j’existe ; du moins je n’ai nulle notion
    Des lois qui règnent sur mon corps durant mon voyage éphémère.
    Seule une énergie progressiste me pousse vers la promotion
    Où je vais connaître l’accord qui me lie à ce Dieu : ma mère.

    Tableau de Sergio Arcos.

  • Le cri qui paralyse

    Au karaté, le cri qui tue doit paralyser l’adversaire
    Et seul l’initié le pratique après étude attentionnée.
    Eh bien, les femmes s’évertuent à le produire si nécessaire
    Stoppant l’élan phallocratique d’un mâle mal intentionné.

    À la vitesse de la lumière, plus rapide que celle du son,
    La vue d’une paire de seins frappe le premier coup retors.
    Après la semonce costumière arrive, poussé à l’unisson,
    Le cri strident et assassin qui neutralise le butor.

    Pour cette raison, elles s’entraînent au jardin d’enfant à crier
    Et concourent à grande puissance pour bien s’étalonner la voix
    À vous en filer la migraine avec des désirs meurtriers
    Car avec désobéissance, elles vous poussent dans cette voie.

    Illustration de Yannick Corboz.

  • Où vas-tu, cul nu ?

    Bien sûr, ça devait arriver face aux sans-genres qui s’expriment ;
    Celles qui revendiquent leurs sexes vont être plus démonstratives.
    Trop de tendances ont dérivé ; il fallait bien qu’elles s’expriment
    Par une tenue sans complexe proclamant leurs prérogatives.

    Jusqu’à présent, aller seins nus pour rétablir l’égalité
    Entre les hommes et les femmes n’a pas fait l’unanimité.
    Désormais ce sera « cul-nu » qu’elles iront plébisciter
    La fin de ce sexisme infâme qui rabaisse la féminité.

    Or chaque vulve est différente et offre un caractère unique
    Qui, complémentaire au visage, définit sa propriétaire.
    Et la vision proliférante de ce qu’on cache sous la tunique
    Rehaussera le paysage d’un nouveau look vestimentaire.

    Illustration de Yannick Corboz.

  • Les sorcières modernes

    Entre Halloween et ses sorciers, Harry Potter et ses sorcières,
    On ne sait plus à quel démon ou à quel Satan se vouer !
    Cependant si vous vous forciez à ne pas, de façon grossière,
    Gober l’horreur à pleins poumons tout irait mieux, faut l’avouer.

    Que la magie soit blanche ou noire, ceux qui y croient ouvrent une porte
    Qui par le jeu des courants d’air leur fera claquer les neurones
    Qui feront des trous de mémoire et que le diable les emporte
    S’ils n’y tombent pas, lapidaires avec ses perverses luronnes.

    Photos d’Amanda Valentine sur https://amandavalentinephototherapy.com .

  • Double interprétation du cantique des cantique

    J’adore le cantique des cantiques lorsqu’il nous parle de la femme
    Qui de son corps, qui de ses seins, qui de son cul, qui de ses fesses.
    Il n’est rien de plus érotique et celui qui le trouve infâme
    Doit être ramené au bassin pour son baptême et sa confesse.

    Ce que la bible ne dit pas c’est qu’il faut le méditer nu
    En se caressant la partie décrite dans chaque verset.
    Une chrétienne aux beaux appas serait alors la bienvenue ;
    Elle aurait de la répartie dès qu’elle ouvrirait son corset.

    On sait bien que la fellation est enseignée dans les églises,
    Que protestants et catholiques aiment l’enseigner aux enfants
    Que les prêtres en constellation, au catéchisme, évangélisent
    Par un cantique des cantiques aussi léger qu’un éléphant !!!

    Tableau de Charlie Terrell.

  • Escort-girl ou cover-girl ?

    Quelle est la différence encore entre escort-girl et cover-girl ?
    L’une est-elle une prostituée et l’autre honnête travailleur ?
    Et que fait son garde du corps lorsqu’il escorte une escort-girl ?
    Est-il dès lors habitué ou doit-il regarder ailleurs ?

    Que de questions lorsqu’une femme nous montre son intimité !
    Le fait-elle pour sa liberté ou pour le pouvoir de l’argent ?
    Pourquoi toutes ces pensées infâmes lorsque apparaît la nudité ?
    Autant qu’on puisse en disserter… Non, rien n’est plus départageant !

    Finalement la nudité depuis l’originel péché
    Fait trembler Dieu et tous ses saints dès que l’on voit un bout de chair.
    Serait-ce une stupidité de dire que tout est rattaché
    Au beau sexe, son cul et ses seins et ce, depuis l’ début, mon cher !

    Photo de Hope Dworaczyk.

  • Lilly à l’eau

    Lilly à l’eau, quelle aventure pour une petite sainte nitouche !
    Elle doit avoir un rendez-vous à s’risquer en petite tenue.
    Voyons de près la créature et son allure plus ou moins louche
    Dont le dessein, je vous l’avoue, me semble plutôt saugrenu.

    L’ingénue au bain de minuit n’a pas osé se mettre à poil ;
    Elle croit conserver sa vertu avec ses seuls sous-vêtements.
    Elle s’égare alors dans la nuit avec le reflet des étoiles
    Et de la Lune qui s’évertue à l’éclairer discrètement.

    Déjà l’eau mouillant sa culotte souligne son sexe giron
    Qui semble murmurer des lèvres qu’il attend son prince charmant.
    Les seins transpercent la calotte d’où incessamment surgiront
    Les mamelons durcis de fièvre par un caprice désarmant.

    Tableau de cellar-fcp.

  • La tournée des grandes duchesses

    Le soir, il faut sortir armé pour sa propre sécurité
    Ou bien il faut sortir charmé par sa propre témérité.
    Quand on est belle et séduisante, les meilleures armes restent humaines
    Et une jolie peau bien luisante rapporte à la petite semaine.

    Mais laissez-moi vous présenter la prédatrice des nuits blanches
    Qui viendra vos nuits pimenter du vendredi jusqu’au dimanche.
    On appelle sa chasse privée : « la tournée des grandes duchesses »
    Ceux à qui cela est arrivé y ont perdu toutes leurs richesses.

    Elle porte une robe très légère et bien transparente à souhait
    Élaborée par des lingères spécialisées et dévouées.
    Les mamelons en guise d’appât, le sexe nu en chausse-trappe,
    Aussitôt fait le premier pas, l’homme est cuit sitôt qu’elle l’attrape.

    Tableau de Konstantin Razumov.

  • S.O.S. Père Noël

    « Service après vente, tu parles ! » maugréait Jean-Emmanuel,
    L’arrière-arrière-petit-fils pour tout c’ qui a dysfonctionné.
    Entendre « Tu te magnes, Charles ? » tous les matins depuis Noël
    Pour réparer les maléfices des jouets mal confectionnés !

    Voir toute la sainte journée des jeunes enfants mécontents
    Et tous les parents furibonds dont les mamans surexcitées.
    Puis recommencer la tournée durant trois mois jusqu’au printemps
    Quand le dernier ours moribond est finalement ressuscité.

    Malgré la qualité ISO des confections traditionnelles,
    Des poupées aux jolis minois sont emballées mal contrôlées.
    Par bonheur on a le réseau d’une maintenance prévisionnelle
    Qui flaire les lutins chinois et les bras cassés qu’ont gaulé.

    Illustration de Tom Kilian sur https://www.tkillustration.com/?ssp_iabi=1682696161353 .

  • La vérité sur le Père Noël

    Maintenant qu’enfin est passé Noël, puis la fin de l’année,
    Il est temps de lever le voile sur sa nature originaire.
    Après avoir bien potassé librairies et miscellanées,
    L’authenticité se dévoile sur ce fait extraordinaire.

    D’abord il ne vient pas du nord mais des régions himalayennes ;
    Tout là-haut sur le toit du monde dans les lamaseries enjouées.
    C’est le Yéti, ce grand ténor des voix qui sortent de la moyenne,
    Qui parcourt en une seconde la grande tournée des jouets.

    Tous les lutins sont les enfants qu’il a eu de Marie-Noelle,
    Grande Yétie qui fait marcher son petit monde à la baguette.
    Tous les mois à dos d’éléphants, sont livrées de continuelles
    Fournitures très bon marché toutefois conformes à l’étiquette.

    Il faut voir leurs pattes velues manier marteaux et tournevis ;
    Leurs quatre mains très adaptées redoublent d’efficacité.
    Toute cette bande de chevelus, manœuvres qualifiés et novices,
    Est connue dans la Voie Lactée pour leur célèbre pugnacité.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Météo érotique

    Le matin un brouillard léger perdure au fond de la vallée
    Entre les monts qui apparaissent turgescents au-dessus des nues.
    Son joli ventre rondouillard sera peu à peu avalé
    Par cette brume où disparaissent tous ses appas sans retenue.

    À midi le temps se découvre et donne la pleine lumière
    Du soleil dans des éclaircies qui perdureront jusqu’au soir.
    Si quelques nuages recouvrent − la saison en est coutumière −
    Le ventre qui a un peu forci, une pluie fine pourrait surseoir.

    En fin d’après-midi le vent soulève les plis de sa robe
    Et dénude montagnes et vallons de la plaine au Mont de Vénus.
    Puis le front froid se soulevant de l’ouest où bientôt se dérobe
    Le soleil qui semble un ballon perdu gagnant son terminus.

    Au coucher, les soleils rougissent, empourprent et encensent ses charmes ;
    Un léger voile les fait jouer au jeu du chat et la souris.
    Il est temps que je me blottisse quand le ciel se teinte de parme
    Et que la nuit me fait vouer tout l’amour dont je me nourris.

    Tableaux d’Artland Wandbild.

  • Seins nus aux quatre saisons

    Au printemps ses bourgeons éclosent et sa fleur tendre s’épanouit
    Dès le matin lorsque les feux du soleil de mes yeux l’admirent.
    Le soir dans notre maison close, j’observe le galbe inouï
    De sa poitrine sur mes cheveux et ma joie de les affermir.

    L’été dévoile ses colliers de perles fines et de fruits mûrs
    D’où sort un lait érotisé par la chaleur de ses mamelles.
    Par le chemin des écoliers, je pars juste entre les fémurs
    Et remonte comme hypnotisé vers les tétons de ma femelle.

    L’automne et ses couleurs transmutent sur ses rondeurs ambre et cuivrées
    Avec juste un vert essentiel qui parsème sa touffe tendre.
    Entre ses deux monts, je permute maintes caresses, énivré
    Du parfum doux consubstantiel auquel j’ai seul droit de prétendre.

    L’hiver blanchit ses mamelons comme deux petites congères
    Que mes mains dévalent en luge, puis remontent et puis redescendent.
    Et, cerise sur le melon, les miches de ma boulangère
    Mouillent comme après le déluge lorsque mon amour la transcende.

    Tableaux de Félix Valloton.

  • Vous êtes ici !

    Cette année vous serez ici, dans la capitale olympique
    Aux jeux du cirque confinés en guise d’amélioration.
    Face aux pauvres qui préjudicient la capitale économique,
    L’Élysée est déterminé à poursuivre la spoliation.

    Les bouquinistes éliminés, les studettes réquisitionnées,
    Les SDF évaporés dans les colonies provinciales.
    Bouclé et prédéterminé, le budget est provisionné
    Pour les visiteurs adorés et l’outrecuidance cruciale.

    Je croirai en l’Égalité quand on nourrira l’affamé ;
    Je croirai en la Liberté quand cesseront les galériens.
    Je suis pour la fraternité tant qu’elle n’est pas malfamée
    Et promise aux déconcertés qui n’auront jamais droit à rien.

    Illustration de Jan van Haasteren.

  • Tout ce qui se passe en ville

    Il est cinq heures, déjà j’entends les bruits de la respiration
    De mon quartier qui se réveille au son des postes de radio.
    J’écoute les Klaxons chantants qui prennent en considération
    Les premiers agents qui surveillent que leurs échanges restent cordiaux.

    Six heures, sept heures, chacun s’affaire selon son rythme circadien
    À pied, à vélo, en voiture et en trottinette électrique.
    L’excitation et l’atmosphère jettent les pions du quotidien,
    Ces gentils robots, en pâture au cauchemar psychométrique.

    Assourdissante à la quiétude, sourde aux espaces de silence,
    La ville se veut conséquence de notre évolution humaine
    Et par la force de l’habitude et le manque de vigilance,
    Se rejouent les mêmes plans-séquence pour chaque jour de la semaine.

    Illustration de Tom Kilian sur https://www.tkillustration.com/?ssp_iabi=1682696161353 .

  • La sirène émeraude

    J’aurais aimé la rajouter à ma revue des « Belles vertes »,
    Ces femmes habillées de vert ou aux yeux couleur émeraude.
    Mais chaque fois j’étais rebouté sur mon invitation ouverte
    À la suivre sous le couvert d’une rencontre qui me taraude.

    Car depuis que je l’avais vue nager dans un lac de Bavière
    Dont les eaux sombres vert foncé semblaient lui teinter l’épiderme,
    Je l’avais prise au dépourvu et elle plongea dans la rivière
    Disparaissant comme offensée et bouleversée à long terne.

    Tenez, c’est elle sur la photo que j’ai prise en catimini
    Tandis qu’elle sortait du lagon avant d’ pousser son cri d’alarme
    Demain je planterai un poteau où un mot sans ignominie
    L’invitera dans un jargon que j’espère propice à ses charmes.

    Illustration de Rien Poortvliet.