Catégorie : 2024

  • La sirène pieuse

    La sirène avoue-t-elle un culte envers le dieu des océans ?
    Voue-t-elle des rites occultes par des usages bienséants ?
    Remercie-elle souvent Neptune pour sa manne bonifiée
    Lorsqu’elle chante sous la Lune pour les marins sacrifiés ?

    La queue ondulante et soumise, les mains jointes sur le pubis,
    A-t-elle une faute commise qui lui colore ses joues rubis ?
    Elle ferme ses yeux en amande, on dirait qu’elle va pleurer
    Lorsque son cœur parle et demande pardon aux veuves éplorées.

    Bien sûr, elle en a le cœur gros mais ce n’est pas vraiment sa faute.
    Alors quand elle montre les crocs, lorsqu’elle embrasse à marée haute
    Envers le dieu qui l’a conçue dans sa biodiversité,
    Sa proie ne peut être déçue ; c’est sa nature en vérité.

    Tableau de Victor Nizovtsev.

  • La sirène au clair de Lune

    Le clair de lune, pour la sirène, source de régénération,
    Change ses couleurs outremer en coloris psychédéliques.
    Les marins, dans la nuit sereine, tomberont en admiration
    Devant ces clins d’œil éphémères, feux follets méphistophéliques.

    À l’instar des grands prédateurs qui chassent dans les mers profondes,
    La lumière est domestiquée par les sirènes naufrageuses.
    Elles attirent les spectateurs par leurs appâts qui se confondent
    Avec l’enseigne sophistiquée des maisons closes outrageuses.

    Tableaux de Victor Nizovtsev.

  • La sirène en pleine interrogation

    Lorsqu’elle est jeune, la sirène ne croit pas qu’on vive hors de l’eau.
    Certes elle a vu que des oiseaux parcouraient le ciel, hors d’atteinte,
    Mais mener une vie sereine sur des îles dans les bungalows
    Lui paraît complètement maso et d’activités bien restreintes.

    Mais au cours de l’adolescence, d’une manière irrésistible,
    Elle est attirée en surface sans qu’elle comprenne pourquoi.
    Elle fait alors la connaissance de l’être humain indescriptible ;
    Une tête au sourire boniface mais le reste… pas très adéquat.

    D’abord des jambes qui lui donnent un air de monstre à quatre membres
    Et un cinquième riquiqui tantôt raide et tantôt flapi.
    Toujours est-il qu’elle s’abandonne entre ses bras, d’abord se cambre,
    Puis connaît le plaisir exquis lorsqu’il la prend sur le tapis.

    Enfin, cerise sur le gâteau, elle découvre que l’homme est bon ;
    Sa chair est juteuse à loisir et son sang procure du plaisir.
    Elle a compris que les bateaux lui rapportent autant de jambons
    Maintenant qu’elle sait les choisir bien dodus selon ses désirs.

    Tableaux de Piero Schirinzi sur https://poramoralarte-exposito.blogspot.com/2018/11/piero-schirinzi_18.html .

  • Le poids des ans, un trésor ou un fardeau ?

    La pendule d’argent n’est plus dans le salon
    Mais elle ronronne au coin supérieur de l’écran
    Et, du coup, le progrès a chassé Jacques Brel ;
    Ses vieux ne chantent plus mais dansent maintenant.

    La bise ne mord plus et la vieille de somme
    Ne va plus ramasser le bois de ses doigts gourds.
    Si le réchauffement climatique persiste
    Les hivers de Brassens seront surnaturels.

    Quand le dernier poète sera mort pour de bon
    Ses amis qui pleuraient riront tous les dimanches.
    Qu’il est bon de vieillir au vingt-et-unième siècle
    Dans un monde où le temps n’est plus ce qu’il était !

    Tableau de James Jean.

  • Adieu février, bonjour mars

    L’hiver s’accroche en février ; il n’a pas dit son dernier mot
    Avec maintes gelées surprises et ultimes chutes de neige.
    Comme pour frigorifier une dernière fois les animaux
    Et arrêter net la reprise par un terminal sortilège.

    Le vingt-neuf particulièrement, c’est le front entre les saisons ;
    Le printemps viole la frontière et se rapproche des hameaux ;
    Les bourgeons irrégulièrement se silhouettent à l’horizon
    Pour envahir des haies entières et exploser sur les rameaux.

    Comme le verre à moitié vide contre le verre à moitié plein,
    Hiver et printemps contredisent les prévisions du baromètre.
    Si le soleil se montre avide aussitôt la Terre se plaint
    Et réclame une roublardise de giboulées qu’elle peut se permettre.

    Illustration de June Leeloo sur https://havengallery.com/portfolio/june-leeloo-imaginarium .

  • Les deux infinis

    Entre l’image et son reflet stagne un nuage de réflexions
    Qui gravitent autour de l’infime noyau de ce moment présent
    Et viennent un peu plus érafler la minuscule connexion
    De mes pensées les plus intimes avec le temps omniprésent.

    Entre l’univers infini et le plus petit des atomes,
    Mon corps se situe au milieu et l’âme y tourne tout autour.
    Et ce que l’esprit définit comme imperceptibles fantômes
    Sont des mirages qui tiennent lieu à d’éternels allers-retours.

    Il m’est agréable, il me semble, de ne pas savoir où je suis
    Entre ce que je crois réel et ce que je crois illusoire.
    Ce à quoi mon âme ressemble ne donne pas d’eau à mon puits ;
    Après tout le monde est cruel et Dieu, un espoir dérisoire.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Un ange en automne

    Bien pire qu’un singe en hiver – mortel humain sur le départ –
    Se donne un sentiment étrange mon ange qui entre en automne.
    Il a tant fait dans l’univers des faits qui mènent nulle part
    Qu’il a l’impression qu’on le range au musée des nymphes bretonnes.

    Encore beau et désirable, il nettoie ses ailes rouillées,
    Masse ses seins encore fermes et huile sa peau tout ambrée.
    Il se sent comme indésirable dans son paradis verrouillé
    Dans lequel son destin l’enferme dans sa minuscule chambrée.

    Demain va-t-il se réveiller lorsque sonnera le printemps ?
    Les ailes toutes ankylosées devront alors se dérouiller !
    À son regard émerveillé sur l’aube et son soleil pointant
    Je crois qu’il est tout disposé à repartir et vadrouiller.

    Illustrations de SiVousPlay.

  • L’apparition subliminale

    Sans doute pour renouveler le répertoire de mes rêves,
    L’intuition transmet des visions durant mes évanouissements.
    Plus fort est le dénivelé des vues subliminales et brèves,
    Plus fort seront les prévisions sur mon épanouissement.

    Dans les paysages d’automne entre les ombres et la lumière,
    Vont des images fugitives que seul l’inconscient peut capter.
    Quand, dans un décor monotone, apparaît l’impression première
    D’une femme nue sensitive, saurai-je alors m’y adapter ?

    Des petites fées croisent ma route pourtant je ne les vois jamais
    Mais il m’arrive de les comprendre lorsqu’elles me chuchotent à l’oreille.
    Dommage que l’esprit en déroute n’ait pas vu ce que déclamait
    Ma muse que j’aurais pu surprendre nue, dans le plus simple appareil.

    Photo d’Erik Madigan Heck.

  • Reines en noir et blanc

    Que fait la Reine en son manoir lorsque le Roi part à la chasse ?
    Au début elle aimait tirer quelques jolis pions alléchés,
    Puis, avec son cavalier noir, monter ensemble sur des échasses,
    Mais a fini par s’attirer la jalousie de l’évêché.

    Aujourd’hui elle reste au château et organise des salons
    Où elle reçoit ses prétendants qui l’aident à chasser ses tourments.
    Lorsque le roi rentre pataud et l’estomac dans les talons,
    Il est plutôt vilipendant envers ses hôtes les plus gourmands.

    Que fait la Reine en son castel lorsque le Roi part à la guerre ?
    Au début elle aimait jouer avec ses dames de compagnie,
    Puis, avec ses chevaux pastel et quelques compagnons vulgaires
    Mais qui étaient tant dévoués qu’à la fin, elle s’y restreignit…

    Car le Roi au panache blanc, doté d’un naturel jaloux,
    Craignait quelque anguille sous roche et rentrait inopinément,
    Puis demandait sans faux-semblants qui étaient « le » ou « les » filous
    Qui décampaient à son approche par les poternes impunément.

    Photos d’Agnieszka Jopkiewicz.

  • Origines entrelacées

    Lorsque nos pères extraterrestres créèrent l’homme à leur image,
    Ils unirent leurs plus belles femmes aux grands singes sans avenir.
    Si quelques peintures rupestres dans les grottes leur rendent hommage,
    C’est ainsi que nous commençâmes la nouvelle race à venir.

    La première mère à la peau d’or enfanta un conquistador ;
    La deuxième à la peau d’argent eut un enfant intelligent ;
    La troisième à la peau de bronze n’en eut pas un mais plutôt onze ;
    Et celle à la peau de pyrène donna naissance à des sirènes.

    Quelle que soit leur couleur de peau, les femmes s’harmonisent le mieux ;
    Sans doute est-ce dû au pouvoir de conception qui les unit.
    Ces différences fort à propos procréent des enfants merveilleux
    Lorsque l’on croise leurs savoirs et que leurs langues communient.

    Tableau de Jorge González Camarena.

  • Protection rapprochée

    Afin de résoudre le problème concernant les envies charnelles,
    Plutôt que le voile intégral, procurez-vous un protecteur.
    Un animal qui soit l’emblème de vos défenses personnelles
    Contre un outrage magistral qu’opposerait un prédateur.

    Un lion pour femmes cougar qui veulent dérider leurs fesses ;
    Un tigre pour femmes motorisées qui souhaiteraient se faire peloter ;
    Un léopard pour un regard ou un geste d’impolitesse ;
    Et un lynx pour s’autoriser une tenue décolletée.

    Tableaux de David Seguin et de Sterling Brown.

  • La ronde des sorcières

    Depuis le décalage horaire, la nuit tombe inopinément
    Beaucoup plus tôt et il m’arrive de me faire piéger dans les bois.
    En cherchant un itinéraire pour rentrer opportunément,
    Je suis resté sur le qui-vive devant treize sorcières aux abois.

    Entièrement nues en pleine transe, elles invoquaient les dieux anciens,
    Les sorciers de la création, maîtres de tous les éléments,
    En psalmodiant durant leur danse autour d’un feu chiromancien
    Là, en totale lévitation, dans un tourbillon véhément.

    Elles se sont jetées sur moi, m’ont dévêtu entièrement
    Et m’ont drogué de leur tabac dans des délices érotiques.
    Je n’ saurais avec quel émoi décrire avec enfièvrement
    Ce qui, au cours de leur sabbat, fut pour moi fantasmagorique.

    Tableau de Philip Hofmänner.

  • Miroirs d’eau

    Bizarr’ment je peux traverser le miroir liquide en surface
    Et m’ retrouver de l’autre côté sans pour autant être inversé.
    Alice m’a trop longtemps bercé d’illusions par cette interface
    Dont le monde est boycotté par des sceptiques controversés.

    Lorsque j’aperçois mon reflet, j’aimerais qu’il en fasse autant ;
    Qu’il sorte du néant de l’onde même si c’est conflictuel.
    Ce qui serait un camouflet, c’est un reflet ravigotant
    Qui m’accompagne et me seconde, comme un frère jumeau virtuel.

    J’aimerais aussi ma copie incombant au sexe opposé ;
    Moi-même en version féminine aux chromosomes compatibles.
    Bien que ce soit une utopie, la question est déjà posée :
    « La rencontre sera léonine ou au contraire indéfectible ? »

    Comme Morgane « née de la mer », une sirène de transition,
    J’observe dans chaque cours d’eau et chaque rivière, mon image
    Et je m’attends à l’éphémère extraordinaire immersion
    Qui ferait de mon corps lourdaud, deux âmes-sœurs se rendant hommage.

    Photos de Lexi Laine.

  • Bateaux volent !


    Quand je vois des bateaux volants évoluer sur l’horizon,
    Je m’imagine aux antipodes où terres et mer sont à l’envers
    Avec navires décollant de n’importe quand, sans raison,
    Avec des rames telles pseudopodes pour brasser de l’air à revers.

    Ces pays, où le sud est froid et le nord porteur de soleil,
    Qui ressemblent à des mappemondes aux cartes en déclinaison ;
    Des îles sous le vent de l’effroi qu’un vol de migrateurs balaye
    Quand ils s’envolent autour du monde lors des changements de saison.

    Photo de Gloria Illescas.

  • Les droits des animaux

    Une fois la dette remboursée aux colonies qui concoururent
    À l’essor de l’économie des capitaux fondamentaux,
    On verra les humains coursés par les animaux à fourrure
    Qui lorgnent sur la bonhommie des mémères aux jolis manteaux.

    Les bœufs réclameront leur dû, les vaches et les cochons leur cuir,
    Les moutons pleureront leur laine au rayon d’alimentation.
    À chaque espèce sera rendu tout ce qui pourrait nous en cuire
    Si nous résistions hors d’haleine à leurs justes revendications.

    Je rends son aiguille à mon chat, je rends son fusil à mon chien,
    Je rends l’arçon à mon cheval, je rends ses œufs d’or à ma poule.
    Je renonce à tous mes achats de viande et schnitzel autrichien
    Et pour l’océan j’ai l’aval des poulpes, des huîtres et des moules.

    Illustration de Peter de Seve sur https://tanjand.livejournal.com/108193.html#comments .

  • À la mode des gens bizarres de chez nous

    Sculpturale sera la mode ou bien celle-ci nous méprendra !
    Les couturiers toujours bizarres se sont encore surpassés.
    Si la couleur vous incommode, le noir et blanc vous surprendra
    Avec des fleurs et tout le bazar que l’on puisse ou non repasser.

    Juste un collant – fallait oser – un chemisier décolleté
    Et vous voilà reine d’un soir avec le succès garanti.
    On pourrait même supposer que les fleurs vont virevolter
    Lorsque vous voudrez vous asseoir avec le plus beau ressenti.

    Seins nus soulignés de peinture et fleurs de récupération
    Sur un jean noir indémodable bien ajusté au gabarit ;
    Pas de bretelles ni de ceinture, le tout tient par l’opération
    Du Saint-Esprit accomodable avec tous les seins de Marie.

    (Sculptures de Willy Verginer sur https://beautifulbizarre.net/2014/03/31/willy-verginer-finest-flower-sculpture/ .)

  • Le baptême des sirènes

    Baptisées d’eau, les jeunes filles sélectionnées et initiées
    Connaissent le moment crucial de mourir et quitter l’air libre.
    Exorbités comme des billes, les yeux peuvent à peine balbutier
    L’horreur dans l’élément glacial qui leur fait perdre l’équilibre.

    Vient le moment de se noyer et s’inonder à pleins poumons
    D’eau qui transforme les alvéoles qui mutent en branchies salvatrices.
    Cessons de nous apitoyer sur les filles devenues démons
    Et admirons leurs malléoles † devenir queue adaptatrice.

    Les voilà qui ouvrent les yeux sur leurs nouvelles identités.
    Les voici consacrées sirènes que la grâce de Neptune inspire.
    Prônons ce moment merveilleux et acceptons l’immensité
    Du passage des filles sereines pour le meilleur et pour le pire.

    Déjà les poissons font la cour à leurs nouvelles souveraines ;
    Les hippocampes les vénèrent comme maîtresses cavalières.
    Les pieuvres offrent en secours tous leurs tentacules à leurs reines
    Pour le titre de congénères de la milice animalière.

    Fonds d’écrans d’iPhone ; attention une sirène est cachée dedans !
    † Les malléoles sont les chevilles.

  • Tout va très bien avec Marianne

    Avec Marianne assis sans maître,
    Je goûte au vide de la vie.
    Je n’ai pas peur des lendemains,
    Des crises et tout ce qui s’en suit.

    Avec Marianne à six-cents mètres,
    De ses projets je suis avide
    Pour avancer sur le chemin
    Qui m’ôtera ce que je suis.

    Assis au bord du précipice
    Je n’ai aucune méfiance
    Pour faire un grand pas en avant
    Grâce au progrès en confiance.

    Si j’ai plongé dans les abysses
    Par ses mauvaises expériences,
    Que voulez-vous dorénavant
    Qui soit pire que mon insouciance ?

    J’ai bien écouté les Chinois
    Qui m’assurent de prendre du bon temps !
    Bientôt je n’aurai plus à craindre
    C’est simple comme « abracadabra » !

    Notre économie à la noix
    Va s’écrouler dans pas longtemps
    Et ils pourront enfin étreindre
    Le monde entier entre leurs bras.

    Tableau d’Alfred Isac sur https://www.redbubble.com/fr/people/alfred-isac/shop .

  • Un nouveau look pour Marianne

    Le bonnet phrygien aux orties, Marianne arbore ses cornes !
    À se faire ainsi cocufier, la République a décidé
    Que, quand son Roi est de sortie avec son ministre au bicorne,
    À tant faire qu’être statufiée autant aller se suicider.

    Qu’il soit brillantissime énarque ou polytechnicien émérite,
    Qu’a-t-il, ce premier de la classe, de plus que notre Marianne ?
    Mais elle a déjà pris ses marques ; son Manu, elle le déshérite
    Et va botter hors de sa place ce roitelet mégalomane.

    Désormais Marianne va seins nus comme « Femen Républicaine » ;
    Un nouveau parti adapté à la taille de ses bonnets C.
    La « Sans-Culotte » s’insinue dans cette nouvelle dégaine
    Afin de séduire et capter toutes les voix rétrocédées.

    Photo de A. H.

  • Nouvelle queue pour sirène esthète

    Elle fait sa mue de temps en temps, extrait ses jambes de sa queue
    Qui se détache et qui s’en va nourrir quelques poissons voraces.
    Elle n’se repose pas pour autant ; elle produit un fluide visqueux
    Composé de coacervat † tandis qu’elle lit sur sa terrasse.

    Dès la nouvelle queue formée, dans le fourreau ses jambes glissent
    Et nous retrouvons la sirène prête à nager entre deux eaux.
    Sa structure ainsi transformée, elle disparaît dans les abysses
    Pour parader d’un port de reine et frimer dans tous les réseaux.

    † coacervat : Petite gouttelette sphéroïdale de particules colloïdales en suspension.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • La vie au grand air

    Océaniquement sirène, tu aimes l’eau, ton élément
    Dans lequel ta jolie queue vibre, aime se nourrir et s’étirer.
    Atmosphériquement sereine, tu aimes l’air évidemment
    Sans lequel ton corps n’est pas libre de s’empresser de respirer.

    Tes jambes recouvertes d’écailles, je les ai vues se transformer ;
    Devenir queue étincelante lorsque tu plonges dans la mer ;
    Redevenir jambes sur les rocailles lorsque tu viens te conformer
    À une vie équivalente à celle des humains éphémères.

    Tu es immortelle sirène, lorsque tu vis dans les légendes
    Mais tu redeviendras mortelle si tu viens vivre hors de ton monde.
    Alors reste libre, ma reine, parmi l’abondante provende
    De l’océan qui te rappelle que tu es la fille de l’onde.

    Illustration de Coles Phillips sur https://www.americanartarchives.com/phillips,c2.htm .

  • En route vers la tendresse !

    Si la voie de la séduction paraît, sur la carte du tendre,
    Comme une route de montagne avec lacets et précipices,
    Sans doute la reproduction de l’espèce a besoin d’attendre
    La plus adaptée des compagnes pour un accouplement propice.

    Mais la route de la tendresse paraît comme une ligne droite
    Qui va directement au but lorsque la barrière est levée.
    Alors le héros se redresse, ses mains deviennent plus adroites,
    Et c’est sur les chapeaux de rut que la vitesse est relevée.

    Après cent mille kilomètres, le véhicule est fatigué ;
    La route pleine de nids de poule et la vitesse limitée.
    Gare alors à l’éthylomètre et les stupéfiants prodigués
    Par le viagra qui rend maboules les fous d’amour illimité.

    Illustration de Raoof Haghighi sur https://www.raoofhaghighi.com/drawings .

  • Comme deux sorcières oubliées

    Ni chat ni chien mais un lapin qui les accompagne partout,
    Une créature biscornue qui vous observe l’air anémique.
    Elles habitent un petit lopin, une cabane, un vrai fourre-tout
    Où elles entassent des cornues et autres instruments alchimiques.

    Les deux sœurs ne sourient jamais comme deux sorcières oubliées
    Un soir du trente-et-un octobre qui seraient restées tout l’hiver
    Et seraient coincées désormais à ce que vous ne les troubliez
    Et que vous leur jetiez l’opprobre pour quelques menus faits divers.

    Comme par exemple de raconter qu’on les a vues sur leurs balais
    Pour aller sous la pleine Lune participer à un sabbat ;
    Ou encore de les affronter tandis qu’elles vous brinquebalaient
    Pour soulager votre rancune et pour vous passer à tabac.

    Finalement elles sont parties après maintes taquineries
    Et après qu’eurent témoigné toutes les bonnes paroissiennes.
    Depuis lors, en contrepartie, contre toutes cochonneries,
    On ne sait comment se soigner car c’étaient nos deux pharmaciennes…

    Tableaux de Brom sur https://www.bromart.com/instagram .

  • Rouler à côté de ses pompes

    Je les appelle « les cons qui roulent » sans leur cerveau resté à quai ;
    Leurs mains sont devenues pilotes et leurs jambes, des machinistes
    Dont les pieds déroulent et enroulent un mouvement de tourniquet
    Comme une danseuse ballote lorsqu’elle tourne sur la piste.

    Mais où se situe la machine et où se dispose l’humain ?
    Les mains rivées sur le guidon relient bras et tête, mécaniques,
    Obligés de courber l’échine si par hasard sur le chemin
    Les jambes-au-corps avaient le don de s’évader dans la panique !

    Quant aux Helvètes à bicyclette, ils s’entraînent dès leur jeune âge ;
    Quel que soit le temps qu’il fera, qu’il vente, qu’il neige ou qu’il grêle,
    Dans le brouillard à l’aveuglette ou sous un orage à la nage,
    C’est le corps qui imposera sa volonté surnaturelle.

    Illustration de Raoof Haghighi sur https://www.raoofhaghighi.com/drawings .

  • Comme deux vestales oubliées

    Comme deux vestales oubliées chargées d’entretenir les flammes,
    L’une de cœur et de raison, l’autre de l’âme et de mon corps.
    Car chaque reflet publié forge et me façonne la lame
    Qui tranche net la déraison d’un monde en total désaccord.

    En Lune noire, tout le mystère jaillit par ma vestale obscure
    Qui alimente les secrets de Dieu, l’Univers et le reste…
    C’est un feu du creux de la Terre, Soleil, Vénus, Mars et Mercure
    Qui monte du foyer sacré entouré de flammèches prestes.

    Le cœur consume la raison s’il est de pierre réfractaire
    Lorsque l’amour brûle en dedans au risque d’y laisser sa vie.
    L’âme éprouve sans cesse le corps pour affûter son caractère
    Comme infernales rages de dents jusqu’à c’qu’elles soient du même avis.

    En pleine Lune, toute la lumière jaillit par ma vestale blanche
    Qui canalise l’origine des étoiles en évolution.
    C’est un feu au cœur des chaumières qui se répand en avalanche
    Comme une passion sauvagine qui nourrit les révolutions.

    Illustrations de Coles Phillips.

  • L’amour sauvage

    Elle voulait goûter tous mes fluides ; mon sperme, mon sang, ma salive
    Et me mordit un peu partout causant mille-et-une ecchymoses.
    N’étant plus vraiment très lucide, elle m’enduisit d’huile d’olive
    Mais qu’elle répandit surtout en me la suçant par osmose.

    Elle absorba toute mon essence me laissant juste assez de forces
    Pour que je puisse récupérer afin de pouvoir recommencer.
    J’eus droit à sa reconnaissance après m’avoir brouté le torse
    Par le plaisir inespéré d’un cannibalisme romancé.

    Photo de Jerry-Jane Pears.

  • Madame Câline & Monsieur Calotte

    Elle se prénomme Câline et Monsieur s’appelle Calotte ;
    Ils forment un drôle de couple, l’amour n’est jamais ajourné.
    Quand il lui monte l’adrénaline, dès qu’il lui ôte sa culotte,
    Tous les deux aussitôt s’accouplent à tout instant de la journée.

    Afin de pouvoir la baiser après le petit déjeuner,
    Il lui dégrafe sa chemise et sa femme aussitôt éprise
    Lui envoie mille-et-un baisers, tous passionnés et déchaînés,
    Tandis que Câline soumise se fait pénétrer sans surprise.

    Il rentre tard sitôt que sonne l’heure où le soleil se dérobe ;
    Elle ne porte qu’une tunique pour mieux accueillir son héros.
    Il l’embrasse et elle frissonne à l’instant où tombe sa robe
    Et après ce rituel tonique, ensemble ils prennent l’apéro.

    Tableaux de Kenne Grégoire.

  • L’amour sans les mains

    Elle voulait me faire prestement l’amour sans y mettre les mains
    Et voulut me déshabiller avec la bouche à pleine dent.
    Elle m’arracha les vêtements d’un tel comportement inhumain
    Que j’ai cru être écharpillé d’une passion sans précédent.

    Quand tomba le dernier bouton, elle me mordilla le menton,
    Puis descendit sous le nombril pour gober le membre viril.
    Et quand elle m’eut vidé les bourses, elle repartit au pas de course.
    Comment après mûr examen faire pour lui demander sa main ?

    Photo de Jerry-Jane Pears.

  • Cours tout nu !

    Nager tout nu, courir tout nu, cheveux au vent et fesses à l’air,
    Qu’il est grisant d’abandonner sa carapace de tissu !
    Tout innocent, tout ingénu, ne demandant d’autre salaire
    À la nature que de donner au cœur ce dont il est issu.

    J’aime voir les seins ballotter, les mamelons se trémousser,
    Les jolies jambes s’écarter et le sexe oser s’exhiber
    L’instant de se déculotter, le moment de se détrousser
    Et de se dire en aparté qu’on est fier de se déshiniber.

    Illustrations de Coles Phillips sur https://www.americanartarchives.com/phillips,c2.htm .

  • L’IA… trop robot pour être vrai !

    Plutôt qu’apporter des lilas, il s’était procuré des roses ;
    Des roses jaunes en bouquet pour attendrir sa Madeleine
    Ou pour séduire sa Dalila ; il s’était ceint de primeroses
    Couronnant d’un toupet coquet sa grosse tête pourtant vilaine.

    L’intelligence artificielle, douée pour les alternatives
    Et les options les plus complexes, reste nulle aux jeux de l’amour.
    Si la femme est superficielle aux yeux de sa mémoire vive,
    Elle cogitera longtemps perplexe contre sa logique glamour.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • La rose directrice de Valentine


    Rose des vents pour la marine, rose devant pour Valentine,
    La rose aime se conjuguer selon l’emploi que l’on en fait.
    Juste posée sur la poitrine aidera l’allure enfantine
    À avancer et subjuguer ses admirateurs stupéfaits.

    Du moment que le rouge est mis, on pourra le humer des yeux,
    Goûter sa couleur de la bouche et l’observer par les oreilles.
    Le cap décisif est émis par ses pétales délicieux
    Dont la douce saveur fait mouche semblable à nulle autre pareille.

    Photos de Katya Brook sur https://www.filmconstruction.com/katya-brook-fine-art .

  • Transports amoureux

    Au début, l’amour à vau-l’eau se montre assez imprévisible
    Car pour séduire il faut ouvrir la porte aux nouvelles surprises.
    L’amour pédale sur son vélo avec la grâce assez risible
    De la danseuse qui va souffrir dans les montées et les reprises.

    Et puis l’amour se motorise lorsqu’il a appris le chemin
    Par cœur de la carte du tendre qu’il doit parcourir chaque jour.
    Et si le couple lui autorise, aussitôt en un tournemain,
    Il met la gomme sans attendre, à fond la caisse, avec bravoure.

    Enfin, les quatre roues motrices déploient l’amour et le dépannent
    Pour transporter la maisonnée lorsqu’elle s’évade en vacances.
    Si conducteurs et conductrices font souvent le coup de la panne,
    Il leur faudra arraisonner tout un convoi en conséquence.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Les clefs de la Saint-Valentin

    Saint-Valentin, grand serrurier, sait déverrouiller les problèmes ;
    En tant que maître-cœurdonnier, il connaît toutes les ficelles.
    Cœur intrépide, aventurier, il sait résoudre les dilemmes
    De tous les troubles garçonniers aux retenues des demoiselles.

    Bien sûr, les garçons ont la clef mais ignorent le mécanisme
    De la serrure féminine et toutes ses prolongations.
    Un rossignol peut tout bâcler, en outre induire traumatismes
    Qui grippent, rouillent et éliminent tout acte de fornication.

    Bien sûr, les filles ont la serrure et tout le schéma intérieur
    Mais jugent trop partialement la taille de la clef convenable.
    Saint-Val’, lui, connaît les ferrures de tout calibre supérieur
    Et les clefs idéalement de qualité incontournable.

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    Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • La Saint-Valentin de Marianne

    Puisqu’une fois n’est pas coutume, Marianne voit la vie en rose ;
    Elle a décoré son palais et attend son prince charmant.
    Mais pas plus d’homme que de costume dans les couloirs vides et moroses ;
    Elle qui pensait se régaler se trouve sur les charbons ardents !

    Mais où sont passés Roméo, Manu, Pascal et Valentin
    Qu’elle avait invités ce soir pour une partie de jambes en l’air ?
    Aucune caméra-vidéo ne montre le moindre pantin
    Ni quidam qui pourrait surseoir à faire retomber sa colère.

    Elle a fini par découvrir ses mecs dans la salle des fêtes,
    Le cul à l’air à s’enfiler comme on joue à saute-mouton.
    Voyant tous ces anus s’ouvrir, notre Marianne stupéfaite
    Les a forcés à défiler en les tenant par les roustons.

    (Photo de Cassie Sambia sur https://www.instagram.com/cassiesamji/?utm_source=ig_embed&ig_rid=5678c28f-9d7a-4903-a97d-8b9f11af7c15&ig_mid=C32D3FFE-01D9-4CE6-BE56-8199AEFD4132# .)

  • Valentine échaudée

    Si chat échaudé craint l’eau froide, chatte échaudée craint l’amour fou !
    On lui a promis tellement d’être sautée qu’elle en déchante.
    D’ores et déjà, toute une escouade lui est passée sur le minou
    Et après l’écartèlement, Marianne est devenue méchante.

    Déjà pour traverser la rue afin de trouver du travail,
    Elle s’est faite baisée dix fois par de sinistres boniments.
    Puis à la gare, il apparut qu’elle ne valait, vaille que vaille,
    Rien pour les contrôleurs grivois qui l’ont poinçonnée hardiment.

    Tous ont, au conseil des ministres, tenté de la sodomiser
    À grands coups de quarante-neuf/trois les uns à la suite des autres.
    La croupe est pleine et enregistre tant de saillies atomisées
    Qu’elle reconnaît à son endroit le surnom des queues qui s’y vautrent.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
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  • Saint-Valentin dans les abysses

    Cupidon a son homologue dans le royaume des abysses
    Et Saint-Valentin, un confrère pour les quatorze févriers.
    Saint-Espadon le sexologue pique les amants qui s’assoupissent
    Alors que Saint-Pierre au contraire les feraient plutôt frétiller.

    Saint-Espadon, à l’éperon leste et rapide, vous décoche
    Des coups de foudre aiguillonnés qui cabre la queue des sirènes.
    Quant à Saint-Pierre, le chaperon, il a toujours dans sa sacoche
    Un filtre qui fait bouillonner les saintes nitouches les plus sereines.

    (Tableau de Boris Vallejo sur https://aphrodisiacart01.wordpress.com/2016/07/18/boris-vallejo-julie-bell/ .)

  • Quand ça fond, fond, fond !

    La nuit du quatorze février, nuit la plus chaude par excellence,
    Valentine passe sa journée à évacuer toute sa chaleur.
    Le soir, déjà tout enfiévrée, au mépris de toute indécence,
    Elle commence sa tournée des grands ducs les plus cavaleurs.

    Comme elle veut battre le record du nombre de copulations,
    Elle enchaîne les soupirants qui font la queue impatiemment.
    Elle se donne de tout son corps à toute une population
    Venue l’aider en espérant tirer son coup indolemment.

    À minuit c’est l’heure des comptes et Valentine a bien gagné
    Le titre de Fornicatrice, la plus grande de tous les temps.
    Dans certains night-clubs, on raconte qu’elle y vient nue, accompagnée
    D’une gorille intimidatrice pour chasser les incompétents.

    Tableau de Timo Kähara sur https://timokahara.com/portrait-drawings .

  • Valentine au soleil

    À la Saint-Valentin, débute le printemps
    Car les graines d’amour commencent à germer.
    Et déjà le soleil rayonne à chaque instant
    Pour réveiller les œufs qui sont encore fermés.

    Quand l’amour a frappé, le cœur irréversible
    Se met à bourgeonner d’envies et de projets.
    Les caprices marcottent de désirs impossibles
    Qui pourtant réussissent car rien n’est abrogé.

    Rendez-vous l’an prochain, à la Saint-Valentin,
    Vous verrez la récolte de nos fruits de l’amour.
    Des filles aux joues roses et leurs rires enfantins ;
    Des garçons pleins de fougue et du sens de l’humour.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Le Grand Chaperon Rouge

    Le Petit Chaperon a grandi, son addict pour les loups aussi,
    Et quand vient la Saint-Valentin, sa soif d’amour grandit d’autant.
    Juste une robe en organdi pour qu’elle n’ait l’air d’avoir grossi
    À consommer les galantins qui se succèdent au fil du temps.

    Le chaperon, appétissant à première vue, est bien trompeuse
    Car la mignonne se sustente du cœur de son amant épris.
    Si l’amour est abêtissant, par contre il nourrit la gouapeuse
    Avec sa meute impénitente qui n’a pour lui que du mépris.

    C’est triste mais il faut bien le dire, le chaperon rouge a viré
    De bord et changé de crémerie en ce qui concerne la morale.
    Perrault aurait pu le prédire, lui qui était très attiré
    À lui faire des coquineries dans ses fadaises immorales…

    Tableau de Timo Kähara sur https://timokahara.com/portrait-drawings .

  • Valentine pour tous

    À chaque Valentin, sa seule Valentine ;
    À chaque cœur fervent, sa partenaire éprise.
    L’énergie de l’amour entoure et agglutine
    Tous les cœurs solitaires, tous frappés par surprise.

    Imaginez l’amour, personne aux mille bras
    Pour étreindre les cœurs qui passent à sa portée.
    Imaginez l’éclair d’un « abracadabra »
    Qui ouvre votre organe pour s’y téléporter.

    Toutes les femmes ensemble ne sont qu’une seule chair
    Qui aime sans compter tous les hommes à aimer.
    L’Amour, comme Kali, soit l’être le plus cher,
    Est la Source de vie qui cherche à s’essaimer.

    Tableau « Liminia » d’Andrew Gibbons sur https://www.artstation.com/artwork/1adze .

  • Mentalla Valentina

    Elle use tant de stratagèmes dans ses mille histoires d’amour
    Qu’elle en oublie le principal : comment le garder avec elle ?
    Il a beau lui dire « je t’aime », elle renvoie au petit jour
    Le petit garde municipal et n’en garde aucune séquelle.

    Depuis qu’elle s’est fait élire maire, Valentine s’occupe de tout
    Notamment des gardes champêtres et des gardiens municipaux
    Qu’elle dorlote comme une mère et les dresse comme toutous
    Qui viennent chaque nuit se repaître de relations à fleur de peau.

    Or les quatorze févriers lors du conseil municipal,
    Elle note ses administrés pour leur valeur patriotique
    Qui donne à ce jour férié titre d’arbitre archétypal
    Pour compter et enregistrer les meilleurs agents érotiques.

    Tableau de Joshua Mays.

  • Valentine enceinte de glace

    Elle vous paraît froide pareil au bloc de glace,
    Distante voire snob, bêcheuse et prétentieuse.
    Sans doute est-il utile de vous mettre à sa place
    Et revoir votre approche pataude et malicieuse.

    Votre regard la perce et sous ses vêtements
    Vous ne voyez que formes et appas sexuels.
    Ce sont vos yeux qui givrent par votre entêtement
    À ignorer le poids de son intellectuel.

    Voilà, vous lui parlez, la glace commence à fondre ;
    Voilà, vous souriez, tout son corps se ranime ;
    Voilà, vous l’écoutez, elle daigne vous répondre ;
    Voilà, vous l’embrassez et tout son cœur s’anime.

    Photo de Stephane Fugier.

  • Regard sur l’avenir

    Valentine attend Valentin qui ne viendra que mercredi
    Et fait mille suppositions sur ce que sera la soirée.
    Se montrera-t-il galantin ou jouer a-t-il la comédie
    Et dans quelles dispositions sera ce sacré enfoiré ?

    Car elle pardonne mais n’oublie pas toutes les précédentes fois
    Où ce sagouin s’est annoncé, l’a baisée, puis s’est en allé.
    Mais ce soir au moindre faux pas, elle lui plante un direct au foie,
    Et une fois sa gueule défoncée, sur Facebook ira le signaler.

    « Mais ne soyons pas pessimiste ! » se dit en son for intérieur
    Notre Valentine échaudée par toutes ses fêtes maudites
    Qui se suivent toujours extrémistes quant à l’étape supérieure
    Qui consiste à échaffauder comment survivre à l’heure dite.

    Illustration de Loish sur https://twitter.com/loishh .

  • La nymphe de la Saint-Valentin

    Serait-ce un rouge-gorge ? Serait-ce un rossignol
    Qui m’apporte un message de l’élu de mon cœur ?
    Bien-aimé italien, hidalgo espagnol,
    Un amant de passage, un athlète vainqueur ?

    J’ai tant donné d’amour aux hommes de ma vie
    Que je ne sais choisir quelqu’un qui me ressemble.
    N’en voudrais-je qu’un seul pour une seule envie,
    Ou tous l’un après l’autre ou même tous ensemble ?

    Vous me croyez volage mais je ne suis que femme
    Femme-enfant, femme-mère, épouse et concubine.
    Tant pis si je déplais, si je parais infâme ;
    Tant mieux si je me plais à être votre copine.

    Vous me plaisez aussi, surtout le p’tit oiseau
    Qui se dresse pour moi et m’offre du plaisir.
    Rendez-vous sur ma page, située sur les réseaux
    Qui vous dévoileront l’objet de vos désirs.

    Illustrations de Yaxin the Faun.

  • Le renard en automne

    Le renard roux durant l’automne nourrit sa nature gloutonne ;
    Mais les corbeaux s’en vont flâner et prennent tout c’qu’il y a à glaner.
    Or lui souvent rentre bredouille de cette uniformité rouille
    Tandis que les oiseaux criards montrent un engouement égrillard.

    Maître Renard en addiction à la fable et aux traditions
    En cherche un, un peu plus benêt que les autres, un petit jeunet.
    Dès qu’il l’avise sur sa branche, compère en a les coudées franches
    Et de sa bouche en cul de poule montre qu’il en a dans la ciboule.

    Mais l’oiseau n’était pas tombé de la dernière pluie plombée ;
    Après avoir atteint le pompon, l’eau avait coulé sous les ponts.
    De bec à oreille de corbeau, ils ont tous repris le flambeau
    Et la leçon pour le rusé vaut qu’ son stratagème est usé.

    Tableau d’Iris Scott sur https://www.thisiscolossal.com/2013/05/oil-finger-paintings-by-iris-scott/ .

  • Adieu janvier, bonjour février

    Janvier est passé tellement vite qu’on est déjà en février
    Avant d’avoir réalisé qu’on a franchi la fin du mois.
    Le temps décolle, le temps lévite, et, d’une manière enfiévrée,
    Il sera réactualisé avec le nouvel an chinois.

    Chacun voit midi à sa porte sur l’ensemble de la planète
    Mais aux deux pôles, rien ne va plus, six mois de jour, six mois de nuit.
    Si chaque matin nous apporte une nouvelle journée nette
    Elle est bien trop vite conclue ; c’est déjà le soir, je m’ennuie.

    Passer le temps, tuer le temps, meubler le temps, ça prend du temps
    Et vingt-quatre heures n’ont pas suffi pour faire tout ce que je voulais.
    Le temps perdu n’est pas content mais il se venge en m’imputant
    Un retard qui s’intensifie et qu’hier déjà je refoulais.

    Illustration de June Leeloo sur https://havengallery.com/portfolio/june-leeloo-imaginarium .

  • Sirènes grassouillettes

    Entre vaguelettes et ondelettes, là où la surface est moirée,
    Le soleil baigne au crépuscule ses adeptes du rayon vert.
    Ainsi les sirènes rondelettes batifolent en fin de soirée
    Et n’ont pas peur du ridicule pour émerger à découvert.

    Perles noires et perles surfines, perles à l’orient le plus nacré,
    Leur rondeur rend irrésistible une attraction si séduisante
    Qu’elle agit comme une endorphine sur tout ce qui nous est sacré.
    Piège d’un charme indescriptible, chute d’amour euphorisante.

    On dit que les enfants des îles partent les affronter la nuit ;
    Ceux qui reviennent n’en parlent pas, le cœur tombé dans l’oubliette.
    Les autres ont élu domicile là où personne ne leur nuit :
    Entre les bras et les appas de leurs sirènes grassouillettes.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Anges ou démons ?

    Ange ou démon que ce printemps qui vous réveille la nature,
    Qui tire la faune du sommeil et la flore en feu d’artifice ?
    Démon tant il est éreintant de subir les températures
    De cet insolite soleil dont vous sentez le bénéfice.

    Ange ou démon que cet été qui vous embrase les cultures
    Par des millions de fleurs des champs que vont butiner les abeilles ?
    Ange qui vient vous répéter, dans des vents de désinvolture,
    Floraisons et fruits aguichants qui vous rempliront les corbeilles.

    Ange ou démon que cet automne qui vous assombrit vos soirées
    Au détriment de la lumière qui meurt en fin d’après-midi ?
    Démon aux langueurs monotones dans les paysages moirés
    D’ambre jusque dans les chaumières comme une douce maladie.

    Ange ou démon que cet hiver qui vous recouvre du manteau
    De neige au froid soporifique qui arrête l’horloge terrestre ?
    Ange vengeur de l’univers aux principes fondamentaux
    Qui d’un trépas frigorifique vous met les terres sous séquestre.

    Tableaux de Karol Bak sur http://www.andegemon.com/blog/karol-bak.html .

  • Grand branle-bas sur l’hallali

    Exit toutes les bêtes à cornes, les bêtes aux longues dents, les morses,
    Les éléphants et les licornes, dès janvier l’histoire se corse !
    Le Roi a dépassé les bornes, son second quant à lui s’efforce,
    En tirant une gueule triste et morne, de veiller à la moindre entorse.

    Quelle est donc cette révolution qui nous secoue la république ?
    Juste un petit remaniement ministériel chez notre Roi
    Qui a pris la résolution de braver la clameur publique
    Qui en a marre du ralliement à l’article quarante-neuf trois.

    Un premier ministre aux dents longues, une Reine au genre caché,
    Ça brouille les cartes et ça s’appelle « noyer l’poisson à l’étouffée » !
    Il est temps de sonner le gong et tous ensemble s’attacher
    À faire sortir de sa chapelle ce diable d’homme empatufé.

    Illustration de Maximiliano Moretto.

  • Double Je


    Avant Marianne allait de droite à gauche alternativement ;
    Désormais elle joue à la fois des deux sans passer par le centre.
    Par une ruse très adroite, elle a brouillé massivement
    Ses électeurs qui toutefois dans l’isoloir se déconcentrent.

    Avant Marianne se voyait très bien par son œil directeur
    Comment diriger le pays avec ordre et sécurité.
    Là, elle ne fait que louvoyer sous la lumière des projecteurs
    Entre les français ébahis et les gilets jaunes irrités.

    Avant Marianne paraissait grande et nous inspirait confiance
    Car sa justice était garante pour nous protéger du malheur.
    Aujourd’hui si le peuple gronde et s’il exprime sa méfiance,
    Elle s’en fout comme de l’an quarante et veille sur ses propres valeurs.

    Tableau d’Eva Gamayun.