Catégorie : 2024

  • Ruby & Lino – 2

    Ça y est, Ruby a décidé : On déménage pour de bon !
    Tout le monde est dans les cartons, particulièrement Lino.
    Les étagères sont évidées et se retrouvent en un bond
    Occupées par notre chaton y vautrant ses abdominaux.

    Ça y est, le linge est emballé, pas de Lino à l’horizon ;
    On entend quelques grattements dans un carton juste en dessous.
    Bien sûr, sitôt redéballé, Lino s’extirpe de sa prison
    En soufflant maladroitement envers sa geôlière à deux sous.

    Ruby rêve d’appartement dans un quartier chic et vivant ;
    Lino rêve de la campagne avec oiseaux à sa portée.
    Il y a comme un flottement sur les épisodes suivants :
    Qui est-ce qui perd, qui est-ce qui gagne à voir son rêve transporté ?

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Ruby & Lino – 1

    Ruby-jolie, femme morose, chérit le vert complémentaire
    À l’atmosphère de ses nuits blanches et ses soucis omniprésents.
    Lino, placide chat au nez rose, aime le giron salutaire
    Pour ronronner entre les hanches à savourer le temps présent.

    Ruby vit seule sans enfant, sans mari pour l’apostropher
    Mais sa mère est au téléphone, la famille n’est jamais trop loin.
    Lino, rentre souvent triomphant avec une souris pour trophée
    Même s’il n’y a jamais personne pour l’apprécier néanmoins.

    Ruby rêve au prince charmant qui s’est perdu dans son royaume,
    Ou tombé dans une oubliette, ou qui a dédaigné sa valeur.
    Lino, derrière les sarments, chasse et surveille son macrobiome
    Pour repérer quelques minettes car c’est la saison des chaleurs.

    Pas de Lino au potager, ce soir c’est la révolution !
    Il a fugué. On ne sait où ? Mais non ! Il dort dans un carton.
    Ruby voudrait déménager mais tourne en circonvolutions.
    Sans doute attend-elle le mois d’août pour dire : « C’est décidé, partons ! »

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Les rois en folie

    Le Roi de Trèfle ou Alexandre règne de janvier à décembre ;
    Après il cesse ses fonctions ; il y a eu la révolution.
    Il s’est exilé en Bretagne chez des cousins de Charlemagne
    Et mène une vie opportune grâce à son immense fortune.

    Le Roi de Cœur s’appelle Charles – c’est Charlemagne dont on parle –
    Et règne sur un grand empire pour le meilleur et pour le pire.
    Car pour le pire, il eut trois fils afin que l’histoire aboutisse
    À une Europe partagée et, par des guerres, saccagée.

    Le Roi de Carreau, alias César – évidemment Jules César –
    Aurait joué de l’hélicon en franchissant le Rubicon
    Et d’ailleurs son déterminisme valait bien cet anachronisme.
    Quoi qu’il en soit, je vous conseille d’aller l’écouter à Marseille.

    Le Roi de Pique ou Roi David dont la bible se montre avide,
    Tua Goliath d’un coup de fronde, c’est ce que l’on dit à la ronde.
    Il écrivit plusieurs poèmes, psaumes et chansons de bohème ;
    Il trouverait aujourd’hui sa voie, en déclamant sa belle voix.

    Jeu de cartes érotique « Le Florentin » de Paul-Émile Bécat, 1955

  • Les reines en folie

    Reine de Trèfle, alias Argine, elle se nommait en fait Régine
    Qui signifie « reine » en latin et ce n’est pas du baratin.
    Elle aimait l’argent avant tout – ce n’est pas son meilleur atout
    Car elle se fait voler son or par son fils qui la déshonore.

    Judith, héroïne biblique, Reine de Cœur, femme publique,
    Coupa la tête de son amant comme il est dit dans les romans,
    À moins que ce soit celle de Jean ou de toute une foule de gens
    Récompensés non sans humour pour l’avoir trop aimée d’amour.

    Rachel, la Reine des Carreaux, née sous le signe du taureau,
    Est également un personnage dont la bible fait l’apanage.
    Toutes celles portant ce prénom ne sont pas toutes au Parthénon
    Mais savent vous donner au lit, dit-on, les meilleurs stimuli.

    Athena, la Reine de Pique, ou Pallas, la déesse épique,
    Symbolisait encore la mort qu’elle donnait sans le moindre remords.
    Que nous reste-t-il de ses charmes sinon le souvenir des armes
    Lorsqu’elle guerroyait aux côtés des héros de l’antiquité ?

    Jeu de cartes érotique « Le Florentin » de Paul-Émile Bécat, 1955

  • Présence de la pyramide

    En attendant que Marianne puisse se hisser elle-même
    Au sommet de la pyramide, les femmes devront prévaloir
    Car franchir la ligne médiane s’avère être un profond dilemme
    Quand c’est le sexe qui intimide les électeurs dans l’isoloir.

    Bien que la beauté soit un gage pour rayonner dans les médias,
    Les femmes entre elles se jalousent, c’est inévitable et ça date.
    Parmi les hommes se dégage la volonté dans l’immédiat
    De faire mordre la pelouse à leurs futures candidates.

    Le sexe est dur pour pénétrer le saint des saints de l’Élysée
    Et les femmes trop intellectuelles pour s’y préparer à l’ENA.
    Je suggère, pour s’en dépêtrer, une rencontre télévisée
    Sur les pratiques sexuelles à l’Assemblée et au Sénat.

    Tableau de Nicolas Blanc

  • La vestale olympique

    De nos jours les jolies vestales ne sont plus des saintes nitouches ;
    Si leur langage est ordurier, leurs tenues le sont tout autant.
    Plus elles sont sur leur piédestal et plus elles paraissent louches,
    Plus elles obtiennent les lauriers et l’admiration des votants.

    Car si elles ont été élues pour mieux représenter la France,
    On se demande comment seront celles des prochaines présidentielles.
    Sans doute putes chevelues montrant leurs charmes à outrance
    À faire trembler les chaperons des quatre vertus essentielles.

    La force de la séduction est devenue une addiction ;
    Toute prudence est révolue, le ridicule ne tue plus.
    La tempérance se mesure à l’aune de sa démesure
    Et la justice, les braillards s’en tamponnent le coquillard.

    Les athlètes du monde entier se déshabillent pour le « Calendrier des Charités », et les photos feront battre votre cœur plus vite sur https://www.boredpanda.com/athletes-charity-calendar-photoshoot-dominica-cuda

  • Jonas & Cie

    Une fois que la baleine a ri, elle est presque dans votre lit
    Qu’il faut prévoir suffisamment robuste envers les soubresauts.
    Préparez-en le gabarit, prévoyez toutes ses folies
    Vous pourrez alors galamment atteindre les fonds abyssaux.

    Comme naîtront maints baleineaux, il faudra loger tout ce monde
    Et lui bâtir tout un village flanqué de quelques aéroports.
    Pour les touristes infernaux et toute leurs marmailles immondes
    Qui viendront voir votre élevage de cétacés sous tous rapports.

    Hélas la mégalomanie de cette industrie du délire
    Finira par tomber à l’eau car la Terre n’est pas assez forte
    Pour abriter cette avanie qui lui remplit la tirelire
    Mais qui selon les écolos en fait les fléaux de toutes sortes.

    Tableau de Roch Urbaniak sur http://rochurbaniak.com/portfolio/items/stary-zegarmistrz

  • Pour dérider la baleine

    Qui déridera la baleine souriant de tous ses fanons,
    Aura titre de fou du roi parmi les princes de Neptune.
    Qui fera rire à perdre haleine, sirènes sexys et canons
    Se fera nommer de surcroît star spirituelle et opportune.

    Gare aux tempêtes de fou rire, aux ouragans de rigolades
    Car un léviathan qui s’esclaffe fait plus d’effet qu’un papillon
    Dont l’ébrouement d’ailes en délire provoqué depuis les Cyclades
    Déclenche des vents qui décoiffent nos élus en plein roupillon.

    Tableaux de Piero Schirinzi sur https://poramoralarte-exposito.blogspot.com/2018/11/piero-schirinzi_18.html

  • La nouvelle position du missionnaire

    Les religions, il faut le dire, mettent les yeux en face des trous ;
    Le judaïsme à cet effet en a placé un dans les draps.
    Le christianisme souhaite interdire la contraception peu ou prou ;
    « La conception est un bienfait, la femme un jour le comprendra. »

    Histoire de mettre son grain de sel, la position du missionnaire
    Gagnerait à mieux s’adapter à l’Islam qui monte à la crête.
    Reste à convertir les donzelles à l’appel réquisitionnaire
    De la position pour capter la puissance divine en levrette.

    Dorota Wojcik photographiée par Mario Sorrenti

  • La fortune dépouillée

    Cette année la bonne fortune aura un rude parti pris ;
    La corne d’abondance à droite mais à gauche assez dépouillée.
    Ainsi ceux qui auront la thune connaîtront la paix de l’esprit
    Tandis que les pauvres qu’ils exploitent subiront une dérouillée.

    C’est pourtant faute à la fortune qui néglige ainsi sa tenue
    Mais comme elle n’avait que deux mains, elle a opté pour la richesse
    C’est pourquoi la brise opportune me l’a dévoilée toute nue
    Et évidemment, c’est humain, je n’ai eu d’yeux que pour ses fesses.

    La fortune m’a proposé un peu d’amour pour quelques pièces
    Que j’ai investies en croyant que mes sens seraient apaisés.
    Je ne pouvais pas supposer les frais requis avec hardiesse ;
    Désormais je suis prévoyant et je ne me fais plus baiser.

    Tableau d’Ernst Friedrich von Liphart

  • Juste l’essentiel qu’il fallait démontrer

    Si plusieurs traits de caractères, le cœur et l’âme, caractérisent,
    Juste un seul bon trait de crayon sait flatter le corps d’une femme.
    Si l’esprit si souvent s’altère devant les maux qui l’électrisent,
    Mon œil en connaît un rayon pour nourrir tout ce qui m’affame.

    Mais quelle courbe, aux mathématiques aussi subtiles que complexes,
    Circonscrit le cercle au pinacle formé du triangle sacré !
    Mieux qu’un portrait astrologique qui trouble le natif perplexe,
    Un beau dessin tient du miracle par sa ligne claire consacrée.

    Illustration de Blanca Miró Skoudy

  • Paris-Ballon

    Que cela vous étonne ou non,
    Paris-Ballon est une femme.
    Rien à voir avec le football
    mais plutôt avec l’érotisme.
    Une Cheerleader de renom,
    reine dans l’art de la réclame
    Fière d’incarner le sex-symbol
    d’un équitable patriotisme.

    Un jour lui naquit un ballon
    en son petit ventre girond ;
    Paris-Ballon devenait mère
    devant son public extasié.
    Alors elle prit du galon
    arborant son trophée tout rond
    Ainsi que deux glandes mammaires
    qui pointaient sous le chemisier.

    Elle accoucha d’un ballonnet,
    aussi bleu que ses tétons rouges ;
    L’enfant qui ne manquait pas d’air
    s’éleva vite en société.
    Comme il grandit, le garçonnet,
    comme il voltige et comme il bouge !
    Venez tous voir au belvédère
    leur spectacle de variétés !

    Tableau de Daniela Uhlig

  • Selon son point de vue

    Je ne suis pas autant lion que j’aurais aimé le montrer
    Et la plupart de mes amis me voient plutôt comme un mouton.
    Je vis pourtant comme un champion, d’ailleurs je suis très concentré
    À braver tous les ennemis que vous et moi, nous redoutons.

    Ce doit être une question d’angle ou bien de valeurs différentes ;
    Les femmes vénales m’évitent, les hommes d’affaires également.
    Si d’aventure je m’étrangle selon comme on me représente,
    Je sais que les regards lévitent par-dessus mon signalement.

    Si vous aussi on vous surnomme « Petite tête », « Petite bite »
    Ou qu’une image mal dégommée tente de vous disqualifier,
    Dites-vous bien que le bonhomme a de la merde dans les orbites
    Ou se la pète sur des sommets où l’esprit s’est raréfié.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Séréna, tendre chimère

    La Séréna m’a seriné
    en tournant sept fois dans sa bouche
    Sa langue fourchue telle un serpent
    tandis que nous parlions ensemble.
    Je n’étais pas rasséréné
    et estimais même très louche
    Qu’elle m’attire en ses arpents
    avec des chaînes par exemple.

    Alors j’ai sorti mon Portable
    avant qu’elle ne se déchaîne
    Car la sirène s’exprima
    d’une plaintive mélancolie.
    Elle devint plus volubile
    lorsqu’elle verrouilla mes chaînes
    Sur la porte et qu’elle m’intima
    l’ordre de la rejoindre au lit.

    Eh bien les vieux mythes sont mités
    sur les amantes religieuses
    Qui ne sont pas celles qu’on croit
    mais des nymphomanes toutefois !
    Elles ne seront jamais imitées
    et leurs prouesses prodigieuses
    Au lit, d’un succès qui s’accroît,
    Font qu’on n’y goûte qu’une fois.

    Illustration de Daniela Uhlig sur https://poramoralarte-exposito.blogspot.com/2016/10/daniela-uhlig_18.html?m=0&hl=es_419

  • Les origines stellaires

    À choisir entre un cœur d’étoile et un cœur de Lune implanté,
    Je préfère une lignée stellaire plutôt qu’une branche pointue.
    Et toutes les âmes en toile de fond qui m’auront transplanté
    Seront fières d’être parcellaires dans le corps qui me constitue.

    Et je renie de tout mon cœur ce faux péché originel
    Dont les religions font leur joug pour asservir leurs suppliciés
    Et ce Dieu semant la rancœur n’est rien d’autre qu’un criminel
    Qui joue de nous comme un joujou dans son enfer maléficié.

    Illustration de Lan Truong

  • Médusa, tendre chimère

    La Médusa m’a médusé
    en tournant sept fois sa coiffure
    De serpents mêlant sifflements
    dans notre communication.
    Voilà pourquoi j’ai refusé
    car il y avait trop de friture
    Pour se parler paisiblement
    sans créer de vindication.

    Alors j’ai sorti mon miroir
    et l’ai tourné vers Médusa
    Que le regard fit éclater
    pour sept bonnes années de malheur.
    Mais elle ouvrit grand son tiroir
    dont le contenu m’amusa :
    Préservatifs chocolatés
    qui embaumaient sous la chaleur.

    Eh bien la légende qui prétend
    qu’elle paralyse ses amants
    Est infondée car au contraire
    nos amours furent des plus heureuses.
    Nulle toxine sécrétant
    un poison concomitamment
    Sauf le nectar que j’ai pu traire
    de sa poitrine généreuse.

    Illustration de Daniela Uhlig sur https://poramoralarte-exposito.blogspot.com/2016/10/daniela-uhlig_18.html?m=0&hl=es_419

  • L’ineffable beauté

    Ineffable et insoutenable, la beauté ne se reproduit
    Ni sur l’image d’un tableau ni sur une photographie.
    Seul le miroir serait capable d’en renvoyer un sous-produit
    Inversé derrière un hublot d’impossible iconographie.

    Ni raison ni définition, le beau n’a pas d’explication ;
    On l’adore tout simplement aussitôt le premier regard.
    Pis ! Avec ou sans finition, avec ou sans complication,
    Le beau se suffit amplement à lui-même à tous les égards.

    Les belles femmes s’interrogent devant l’image réfléchissante :
    « Aurai-je bien la préférence, m’en sortirai-je avec panache ? »
    En effet personne ne déroge à la loi cruelle et cassante
    Qui vous juge sur l’apparence sans connaître ce qu’elle cache.

    Tableau de James Jean sur https://theresaryan.wordpress.com/2010/03/30/in-the-jeans-an-interview-with-james-jean .

  • L’idée d’avoir un chien m’a traversé…

    J’ai eu l’idée d’avoir un chien ; cela m’a traversé l’esprit
    Mais je vis en appartement et je ne veux pas son mépris.

    J’ai eu l’idée d’avoir un chien ; cela m’a traversé le cœur
    Mais le sortir trois fois par jour… je le ferais à contrecœur.

    J’ai eu l’idée d’avoir un chien ; cela m’a traversé le corps
    Mais Monsieur mon propriétaire ne me donne pas son accord.

    J’ai eu l’idée d’avoir un chien ; cela a traversé mon âme
    Mais comme je suis un peu jaloux, j’ai peur qu’il préfère ma femme.

    Puis j’ai pensé avoir un chat ; cela plaisait à ma compagne
    Mais il était neurasthénique et je l’ai mis à la campagne.

    Aujourd’hui j’nourris les oiseaux ; je leur ai mis une mangeoire,
    Une piscine et un jet d’eau pour s’en servir de pataugeoire.

    Illustration de James Jean sur http://www.jamesjean.com/2021/p1upq8qe17leffgwfuscwz6o8c1qqm .

  • Les as en folie

    L’As de Trèfle, il faut le savoir, est l’hôte qui sait recevoir
    La suite du Deux jusqu’au Dix et les figures qui se gaudissent
    Dans son palais encourageant ses propres blanchiments d’argent ;
    L’As de trèfle, il faut l’avouer, est une canaille enjouée.

    L’As de Cœur se montre vainqueur en épousant le Deux de Cœur ;
    Ensemble ils procréeront le Trois jusqu’au Dix, Valet, Dame et Roi.
    Deux As de Cœur, cela arrive mais la famille à la dérive
    Provoquera des cas sociaux soumis à des juges impartiaux.

    L’As de Carreau, planque ses sous, de façon sens dessus dessous ;
    Du Deux au Dix, en fin de mois, toute la famille est en émoi
    Mais il s’en va crier famine auprès des Figures qui ruminent
    Et l’expédient à la bataille se faire tuer vaille que vaille.

    L’As de Pique monte la garde, armé d’une grande hallebarde
    Pour défendre un château de cartes comme décrit sur la pancarte
    Qui montre un bien immobilier où tous seront domiciliés,
    Du Deux au Dix, au rez-de-chaussée et les Figures sont exhaussées.

    Jeu de cartes érotique « Le Florentin » de Paul-Émile Bécat, 1955.

  • Les valets en folie

    Le Valet de Trèfle – dit Lancelot – ne s’laiss’pas aller à vau-l’eau ;
    Il aime la Reine Guenièvre avec tant d’amour, tant de fièvre,
    Qu’il en fait un défi au Roi : pourquoi pas un ménage à trois ?
    Mais en amour comme à la guerre, des alliés, on n’en a guère…

    Lahire, le Valet de cœur, compagnon d’armes souvent vainqueur,
    A aimé Jeanne la pucelle qui lui disait : « Tu m’ensorcelles ! »
    D’un caractère colérique mais d’une bravoure homérique,
    Il a su donner à sa dame une histoire d’amour haut de gamme.

    Hector, le Valet de carreau, n’est pas avocat au barreau,
    N’a pas fait la guerre de Troie mais a quand même servi deux Rois ;
    De Charles VII à Louis XI, il eut la médaille de bronze
    Du grand Ordre de Saint-Michel dont il avait gravi l’échelle.

    Hogier enfin, Valet de Pique, fut l’un des compagnons épiques
    Et fidèles de Charlemagne au cours de nombreuses campagnes.
    En l’an huit cent, le Petit Prince, présent lors du sacre de Reims,
    Accrocha sa rose fragile à ce colosse aux pieds d’argile.

    Jeu de cartes érotique « Le Florentin » de Paul-Émile Bécat, 1955

  • Le monde méli-mélo

    Toutes les petites cellules qui forment les gouvernements
    Ont besoin du nerf de la guerre donc d’argent frais à disposer.
    C’est ainsi qu’il faut que pullulent misère, remords et tourments
    Pour des états qui n’en ont guère, du moins c’est c’qu’on peut supposer.

    Les pays riches ainsi financent la fabrication d’armements
    Qui vont alimenter les luttes et tous les conflits présumés.
    Ils revendent avec pertinence celles votées au parlement
    Qui provoqueront des volutes de gens qui partent en fumée.

    Enfin pour endormir le peuple et l’abandonner lâchement,
    On se livre au trafic de drogue dont on sélectionne les vendeurs
    Qui reverseront en aveugle les profits d’enrichissements
    Aux mosquées, églises, synagogues ; l’opium même de ces pourfendeurs.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Marianne méli-mélo

    Depuis lors que feu-Notre-Dame n’est plus la flèche de Paris,
    L’Élysée fait feu de tout bois et Marianne est toute nue,
    Voici pourquoi nous décidâmes d’aller surveiller le mari
    Qui met Marianne aux abois et les Français disconvenus.

    Sans doute trop de ministères, de bureaucrates, de fonctionnaires,
    De régions, de départements, de cantons, communes et villages,
    De la Provence au Finistère, d’élus véreux et débonnaires
    Ont effilé le parlement à force de batifolages.

    Avec des patchworks de couleurs, cousus de fil blanc national,
    On a pris trop de libertés tissées dans l’illégalité.
    Les gilets jaunes dans la douleur de leurs luttes inter régionales
    Ne cesseront de manifester contre ces inégalités.

    Heureusement la reine-mère a voulu se renouveler
    En se retroussant et les manches et ses jupons républicains.
    Sauf que ses deux implants mammaires sont tombés et ont révélé
    Des attributs entre les hanches contenant tout le Saint-Frusquin.

    Collages de Laura Heine.

  • Cendrillon, la sirène à l’étoile

    En souvenir d’un bal masqué qui finit en queue de poisson,
    Cendrillon conserva l’étoile qui ornait son soulier de vair.
    Le petit prince estomaqué noya son spleen dans la boisson
    Et nul ne souleva le voile du mystère à peine recouvert.

    C’était sans compter sur le lien qui unissait les deux étoiles
    Car le prince avait recueilli celle abandonnée dans la fuite.
    Bien que les récifs coralliens soient loin pour un bateau à voile,
    Il embarqua enorgueilli et se lança à sa poursuite.

    Je ne sais plus qui renonça du prince ou de notre sirène
    À son royaume ou ses abysses pour souffrir une adaptation.
    Toujours est-il qu’on annonça auprès du Roi et de la Reine
    Qu’il fallait que tous deux subissent de sérieux cours de natation.

    Reproduction de Chéri Hérouard pour « La Vie Parisienne ».

  • La poussée d’Andromède

    Je sais la poussée d’Archimède
    Sur tous les corps plongés dans l’eau ;
    En revanche celle d’Andromède
    Me paraît plus sortir du lot.

    Si un corps masculin quelconque
    Nage comme un têtard débutant,
    Jusqu’à présent on ne vit onques
    Une grenouille en faire autant.

    Or Andromède, c’est bien connu,
    Nous a comblé cette lacune
    En observant les ingénues
    Qui plongeaient nues dans la lagune.

    Une fois dans leur élément,
    Les jeunes nymphettes sereines
    Se transforment délibérément
    Peu à peu en jolies sirènes.

    Leurs jambes se couvrent d’écailles,
    Des branchies se joignent aux poumons
    Et l’on voit parmi les rocailles
    Des anges devenir démons.

    Car le menu de la semaine
    N’est pas de soupe de poisson
    Mais composé de viande humaine
    Et du sang pour toute boisson.

    Navigateurs autour du monde,
    Sachez que la physique exige
    Même si cela paraît immonde
    Son quota car sirène oblige !

    Les loups de mer vous le diront :
    « Il n’y a pas plus belle mort
    Qu’abandonner ses avirons
    Pour une sirène, sans remords ! »

    Tableau de George Barbier.

  • Les contes de la chatte perchée

    À chacun son truc, sa méthode	pour glaner son pain quotidien,
    Trouver l’idée au goût du jour qu’un vent de bienvenue m’apporte.
    Quand ce problème m’incommode, j’ai un Joker clitoridien ;
    Une muse qui répond toujours à une panne de la sorte.

    Je vais les chattes consulter quand je manque d’inspiration,
    Notamment celle qui est perchée sur une branche inaccessible.
    Je pallie la difficulté en simulant l’admiration
    Envers son allure recherchée par des louanges les plus sensibles.

    Je m’avance ainsi, goguenard, m’allant courir la prétentaine
    Comme le ferait un garde suisse s’en allant chasser la hulotte.
    Sans doute inspirée du renard et du corbeau de La Fontaine,
    La belle ouvre ses grandes cuisses… et laisse tomber sa culotte.

    Je m’en empare et je regagne ma page vierge où je dépose,
    En douce en tirant les rideaux, la culotte fraîchement pêchée.
    Ainsi les lauriers que je gagne et sur lesquels je me repose
    Proviennent de la libido du conte d’une chatte perchée.

    Le « te » de conte ne devrait pas se prononcer

    Illustration de Didier Cassegrain sur http://sansanfire.centerblog.net/rub-artiste-didier-cassegrain-.html .

  • Tout ce que je fais avec de la peinture et du vin

    J’aurais aimé être un héros, un justicier, un chevalier ;
    Sauver la veuve et l’orphelin, ramener les morts à la vie.
    Ne pas donner qu’un numéro de sauvetage mais rallier
    Les rois, les gueux, les fifrelins, riches et pauvres, tous ravis.

    Mais la vie n’est pas la justice ; la vie n’a aucune morale ;
    Ce qui importe, c’est de vivre et tant pis si les autres en meurent.
    Tenter d’ouvrir un interstice dans ces pratiques successorales,
    C’est bien joli dans certains livres mais n’a jamais changé les mœurs.

    Alors je hume l’atmosphère, je peins de jolis paysages,
    J’écris des poèmes pervers, des graves et des drôles et d’amour.
    Je fais le peu que je sais faire, en espérant que ton visage
    Sourira en lisant mes vers comme au petit bonheur du jour.

    Tableau de Jinglejude sur https://www.inprnt.com/gallery/jinglejude/ .

  • Bzzzénitude

    Si personne ne leur conteste	une sorte de principat
    Sur toutes pollinisations et l’entretien de nos cultures,
    Je ne les aime ni les déteste mais surtout ne les mange pas
    Car dans notre urbanisation leur rôle n’est pas une sinécure.

    Je n’aime pas, lorsque je suis zen, les entendre zinzinabuler !
    Je n’aime pas, quand je veux dormir, rester toute la nuit en éveil
    À entendre, treize à la douzaine, les moustiques confabuler
    Un trafic avec des fourmis qui me passent entre les oreilles.

    Plus mon ennemi est petit, inversement proportionnel,
    Plus il m’agace, plus il me nuit et plus il me pourrit la vie.
    Mais quel est donc cet appétit à rendre mon émotionnel
    À devoir subir jour et nuit leur bourdonnement inassouvi ?

    Ne cherchez pas le verbe zinzinabuler ; je l’ai inventé pour les besoins de la cause.

    Illustration de Peter de Seve sur https://tanjand.livejournal.com/108193.html#comments .

  • Fusion des corps – 2

    Après sa fonction mécanique, l’amour est mieux qu’un GPS ;
    Il vous emmène où vous voulez à condition de l’écouter.
    Si le modèle est britannique, baisez à gauche la déesse
    Sinon, adroite et défoulée, vous pourrez même la goûter.

    À froid, seuls les préliminaires feront un starter perspicace
    Et si les deux airbags durcissent, tétez des deux boutons ensemble.
    Une longueur extraordinaire n’est pas vraiment plus efficace
    Mais il faut qu’avec l’orifice le piston vigoureux s’assemble.

    Après cent mille kilomètres, entretenez le véhicule ;
    Vérifiez la suspension, comment le châssis se redresse.
    Si elle vire à l’éthylomètre n’ayez pas peur du ridicule ;
    Arrêtez-vous à propension mais le feu au cul en détresse.

    Illustration d’Alphachanneling sur https://alphachanneling.com .

  • À l’heure du goûter

    Un cérémonial qui commence par un temps de préparation ;
    Regrouper tous les ustensiles et les ingrédients consacrés.
    Préférer à la performance le geste et la concentration ;
    Plus l’alchimie est difficile et plus le goûter est sacré.

    Quand il est prêt, je le déguste et cet instant est complaisant ;
    Le goût est toujours différent comme rebelle aux habitudes.
    Le temps s’arrête pour être juste en accord avec le présent
    Qui devient alors déférent envers mon besoin de quiétude.

    Illustrations de James Jean sur http://www.jamesjean.com/2021/p1upq8qe17leffgwfuscwz6o8c1qqm .

  • Les cinq éléments

    L’homme est de feu, la femme d’eau et doivent rester les pieds sur terre.
    Mais comme l’amour est dans l’air et donne un cinquième élément,
    Pour activer la libido et concilier leurs caractères,
    Son travail est spectaculaire et, on peut le dire, dément.

    Cupidon n’est qu’un commercial ; il fait se conclure l’affaire
    Aux deux parties qui vont signer un pacte à durée variable.
    Seul le SAV est crucial pour construire ou bien pour défaire
    L’amour qui leur est assigné au potentiel multipliable.

    En cas de panne du moteur, il n’y a pas de garantie ;
    Les cœurs fêlés sont réparables ou défectueux à jamais.
    Une faute envers les droits d’auteur sur la famille est ressentie
    Comme un divorce irrémédiable pour celui ou celle qui l’aimait.

    Mais tout ça n’est que théorie et l’amour aime la pratique
    Car il ne croit que ce qu’il voit et il aime à s’en souvenir.
    Il faut croire a posteriori qu’il est une loi mathématique
    Qui prouve que l’amour est la voie la plus probable de l’avenir.

    Une Illustration de Divinasincronia et une autre image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Fusion des corps – 1

    Quand l’amour devient combustion, les deux cœurs ont un appel d’air
    Et le feu va de l’un à l’autre brûlant sous l’emprise des sens.
    Le piston en double injection dans la culasse récipiendaire
    Entre, sort, rentre et puis se vautre comme dans une explosion d’essence.

    Tel un moteur à quatre mains, à quatre temps synchronisés ;
    Plusieurs vitesses au plancher et parfois même à propulsion ;
    Tout terrain selon les chemins et positions préconisées
    Pour mieux jouir et déclencher les plus orgasmiques pulsions.

    Quand le moteur à des ratés, il lui arrive de caler ;
    Pour ne pas noyer le moteur, laisser la bête reposer.
    Inutile de baratter ou de bourrer en décalé ;
    Mieux vaut demander à l’auteur d’attendre d’être mieux prédisposé.

    Illustration d’Alphachanneling sur https://alphachanneling.com .

  • Les Pâquis sur le fil d’avril

    Son nettoyage de printemps achevé, le géant se tourne
    Vers l’avenir qui, par un fil d’éternité, lui communique
    Ce qui va passer par le temps où les météores séjournent
    Et quel sera donc le profil à adopter en sens unique.

    Le temps qui passe ? Peu lui importe ! Immortel est notre géant
    Que les bâtisseurs d’univers ont érigé comme témoin.
    Le temps qu’il fait en quelque sorte ? Il s’en moque sur son séant ;
    Il a traversé tant d’hivers qu’un de plus ou bien un de moins…

    En fait, le géant se demande – car il est de pierre vivante –
    S’il va devoir recommencer à voir la civilisation
    Se montrer toujours plus gourmande jusqu’à provoquer la suivante
    Qui va devoir sur sa lancée faire plus d’abominations.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Adieu mars, bonjour avril

    Voilà que notre bonne vieille Terre a quitté l’orbite de Mars
    Pour s’en aller par une fronde courir la gueuse auprès d’Avril.
    Cela m’inquiète et cela m’atterre car tout ceci n’est qu’une farce
    Étant donné le ciel qui gronde devant cette orbite en péril.

    Car Avril est traître à sa race, celle des beaux mois printaniers,
    Et nous allons tous regretter les giboulées du mois dernier.
    Avec les tristes Saints-de-glace qui poussent tous les casaniers
    À s’enfermer et grelotter sous un climat balivernier.

    Avril se découvre d’un fil pour nous charmer de ses attraits
    Et nous voici hypnotisés nous croyant déjà en été.
    Hélas, elle cache son profil car derrière son joli portrait
    De belles journées érotisées, l’est une bombe prête à péter.

    Illustration de June Leeloo sur https://havengallery.com/portfolio/june-leeloo-imaginarium .

  • Le renouveau des Pâquis

    Comme une fois n’est pas coutume, cette année, les géants de Pâques
    Nous ont célébré un printemps de couleurs inhabituelles.
    Dès le matin, un beau costume de rayons de soleil opaques
    A orné leurs crânes suintants d’une impression spirituelle.

    Vers midi, on les vit verdir d’une eau qui couvrait leurs frimousses
    Et leur donnait l’air printanier, tous recouverts de jeunes pousses.
    Ils étaient cocasses, à vrai dire, avec le visage plein de mousse
    Dans un sourire chicanier et une grosse tignasse rousse.

    Le soir tout s’est un peu fané mais le ciel a contribué
    À perpétuer le souvenir de cette Pâque un peu spéciale.
    On les vit tous se pavaner, promettant de distribuer
    La même joie dans l’avenir qu’ils firent en ce moment crucial.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Les œufs prisonniers

    C’est un p’tit poussin prisonnier qui m’a fait parvenir sa lettre
    Par un vaguemestre geôlier soudoyé je ne sais comment…
    C’était un p’tit œuf saisonnier qu’hier je m’étais fais remettre
    Par ce facteur épistolier qui ne parlait que l’ottoman.

    J’ai essayé de déchiffrer le premier œuf avec Google
    Mais perse, turc ou ottoman, pour moi c’est toujours du chinois.
    Lors j’ai maudit cet empiffré qui voulait se payer ma gueule
    Lorsque je vis à ce moment que de l’œuf sortait un minois.

    « Coucou ! » piaula-t-il en français – car il connaissait cette langue –
    « Je suis un p’tit poussin perdu qui enfin savoure sa victoire ! »
    Si, de comprendre, j’ai renoncé en sortant le Piaf de sa gangue,
    J’ai prié ma plume éperdue de narrer cette étrange histoire.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Les olympiades sexuelles

    Mettre au rancard les bouquinistes et déloger les étudiants
    A fait tellement couler d’encre que l’état a dû renoncer
    À bouger les protagonistes du sexe en les expédiant
    Là où les marins jettent l’ancre sur Quais de Seine défoncés.

    L’idée semblait bonne d’ailleurs de bien délasser nos athlètes
    Pour évacuer les tensions accumulées durant l’effort
    Et récompenser les meilleurs avec quelques jolies starlettes
    Dans une chambre en demi-pension sinon complète pour les plus forts.

    On ne sait qui des députés, des ministres ou du chef d’état,
    A bien pu émettre l’idée des jeux olympiques du sexe.
    Mais vu combien sont réputés avoir pratiqué sur le tas
    Les harcèlements validés, la question peut rendre perplexe.

    Illustration d’Alan Aldridge & Andy Warhol sur https://rockthebonnie.com/2021/02/21/andy-warhol-alan-aldridge-chelsea-girls .

  • Joe Paris Parade

    « Joe Paris », notre super-héros, bouleverse nos habitudes
    En nous promettant la folie d’une ridicule olympiade.
    Mais reprenons donc à zéro le récit de cette folitude
    Depuis la rue de Tivoli, ministère des Jérémiades :

    Exit les bouquinistes aux quais, le sport remplace la culture ;
    Exit les étudiants des Cités U réquisitionnées par l’état ;
    Les véhicules sont aux taquets car le trafic se restructure
    Pour laisser passer la cohue des touristes et des Lolitas.

    Mais qui est donc ce « Joe Paris » ? Habite-t-il à l’Élysée ?
    Vit-il à l’Hotel Matignon ? Loge-t-il à l’Hôtel-de-ville ?
    Si l’on mesure le gabarit des conneries réalisées
    C’est qu’le ridicule a pignon sur rue dans ce siècle servile.

    C’est « donner du pain et des jeux » à la nouvelle société
    Qui n’a de préoccupation que ses voyages et ses loisirs.
    Tout porte à croire que l’enjeu est de fournir à satiété
    Son addiction à la nation dont le cœur commence à moisir.

    Illustration d’Ugo Gattoni sur https://www.paris.fr/pages/une-fresque-spectaculaire-en-tete-d-affiche-des-jeux-de-paris-2024-26446
    et quelques restrictions sur https://web.supervan.fr/blog/jo-2024-le-guide-complet-des-interdictions-de-circulation-a-paris-et-en-ile-de-france-en-17-cartes .

  • La sirène et son doudou

    Pour rêver au marin dodu, la sirène serre son doudou
    Pour évoquer sa queue fluette avec la nageoire caudale.
    Mais elle l’a tant distordue que le poisson tout guilledou
    Nage pas trop comme il le souhaite, on dirait même qu’il pédale.

    Quand la sirène prend son bain car elle prend son bain voyez-vous
    Comme vous-même changez d’air faute de vous changer les idées.
    Il lui manque son chérubin ; alors son doudou se dévoue
    Et vient de façon solidaire et amoureuse la dérider.

    Depuis quelques temps on observe dans les mers chaudes équatoriales
    Des poissons qui tournent en rond, en cause leurs nageoires voilées.
    La science sous toute réserve pense à la trace mémoriale
    De traumatismes qui seront un jour ou l’autre dévoilés.

    Tableaux de Piero Schirinzi sur https://poramoralarte-exposito.blogspot.com/2018/11/piero-schirinzi_18.html .

  • L’art étrange de l’ethnologie

    Dans deux ou trois millions d’années, je me serai réincarné
    Dans la nouvelle créature dominante de la nature.
    Serai-je alors dédouané de continuer à m’acharner
    À rechercher ma nourriture et nourrir ma progéniture ?

    Je recommencerai l’histoire, peindrai des fresques sur les murs,
    Réinventerai l’écriture et ses instruments scolastiques.
    Puis mes descendants, c’est notoire, trouveront un bout de fémur
    Au milieu de la sépulture de mes animaux domestiques.

    Ils en déduiront sûrement que j’étais un hominidé
    Qui ne descendait pas du singe mais des canins ou des félins.
    Ils réfléchiront mûrement, puis me classeront canidé ;
    Une espèce dont les méninges avaient un côté chevalin.

    Illustration de Moebius.

  • À nu les vacances bien méritées !

    Pour éviter les attentats un peu partout sur la planète,
    Il nous suffirait d’embarquer comme notre maman nous a fait.
    Et par l’action des potentats qui rendraient le tourisme net
    De tout vêtement démarqué et du moindre petit effet.

    Première classe sans chemise, deuxième classe sans pantalon ;
    Plus besoin de contrôle poussé, à peine juste un doigt dans le cul.
    On pourra faire une remise à ceux qui n’ont ni mamelon,
    Ni poireau à peine émoussé s’ils n’en étaient pas convaincus.

    Dans le froid de nos métropoles, chacun s’habille chaudement ;
    Pendant ce temps aux antipodes, on court tout nu, y’a pas d’outrage.
    Ici, on montre un bout d’épaule, on entend des ronchonnements ;
    Là-bas, vive la nouvelle mode : Bodypainting et tatouage !

    Attendons-nous aux changements dont l’évolution est issue ;
    Une vague de naturisme va surgir avec frénésie,
    Proposer des appartements et résidences « sans tissu »
    Et indexer le voyeurisme comme condamnable hérésie.

    Illustrations de Peter de Seve sur https://tanjand.livejournal.com/108193.html#comments .

  • De mes rêves à ma réalité

    Je cauchemarde rarement mais rêve d’anges bien souvent ;
    Anges sans aile ni auréole mais aux attributs féminins.
    Aux cauchemars, les parements d’anges déchus mais émouvants
    Sont portés sur la gaudriole et vaudevilles léonins.

    Or lorsque je suis réveillé, je les soupçonne de s’accoupler ;
    Relations plurisexuelles dont je sens me percer les cornes.
    Traîtres, mes rêves émerveillés, fourbes cauchemars, s’il vous plaît,
    Mes obsessions complexuelles brisent mon cœur et puis l’écornent !

    J’ai rêvé d’un ménage à trois, mes songes tournent à l’obsession
    Et, que je les maîtrise ou pas, la nuit je retourne au charbon.
    Finalement très à l’étroit, mes fantasmes ont pris possession
    De tout mon être, mea culpa, et je vis mes rêves pour de bon.

    Tableau de Boris Vallejo sur https://aphrodisiacart01.wordpress.com/2016/07/18/boris-vallejo-julie-bell/ .

  • L’amour, source de vie

    Passés les premiers crève-cœurs des premières neiges d’hiver,
    Qu’il est bon de se rapprocher de l’amour sauvage central !
    Il suffit de joindre deux cœurs selon les lois de l’univers
    Pour voir la chaleur s’accrocher aux deux âmes et leur corps astral.

    L’amour hiberne pour longtemps et c’est sa moindre qualité ;
    Il faut le temps de coucounner, de s’aimer et puis d’enfanter.
    Après c’est déjà le printemps ; l’heure est à la natalité
    Et, après avoir pouponné, viendra celle de déchanter.

    Déchanter, car c’est un humain et l’humain n’a pas de mémoire ;
    Alors les parents en automne sont peu à peu déboussolés.
    Les conseils donnés au gamin passent au travers de l’écumoire
    De l’ado qui se pelotonne dans son coin, l’air inconsolé.

    L’hiver enterre les grands-parents, les jeunes deviennent parents
    De mêmes sexes, ou différents, ou ni foufoune, ni zigounette.
    Quant aux enfants, c’est transparent, on est en plein flou apparent
    Entre tous les belligérants qui nous pourrissent la planète.

    Illustrations de JRSlattum sur https://www.deviantart.com/jrslattum/gallery/all .

  • Madame de Castelnaudary

    J’ai connu Madame du Barry – qu’on appelait aussi Comtesse –
    Quand elle, sans tambour ni trompette, a dû fuir la révolution.
    Cachée à Castelnaudary chez une sévère – mais juste – hôtesse
    Affublée d’une salopette comme dernière solution.

    La du Barry n’était pas sotte mais, travailleuse de surcroît,
    Elle éleva quelques cochons pour rentrer dans son personnage.
    D’ails, de poireaux en échalotes, au cours de mon chemin de croix,
    J’ai, du prestige berrichon, fait mon propre pèlerinage.

    Désormais je venais de loin pour son célèbre cassoulet,
    Terrines, pâtés du Berry et petits plats attentionnés.
    Dieu et le Diable me sont témoins que je m’y suis souvent saoulé
    D’un appétit fort aguerri et de papilles passionnées.

    Tableau de Daniel Merriam.

  • Rose-Mariana, le dernier souvenir qui me reste

    Une autre fois, j’ai reconnu Rose-Mariana presque nue
    Qui poussait son petit vélo comme si tout allait à vau-l’eau.
    Me paraissant désappointée, je m’suis permis de l’accointer
    Pour lui proposer mes services sans en encourir ses sévices.

    Elle ne portait plus son chapeau, n’avait presque rien sur la peau,
    Excepté un gilet sans manches enroulé autour de ses hanches.
    Elle prétendait avoir crevé et ne pouvait plus manœuvrer
    Or j’ai bien vu que sa bécane lui faisait le coup de la panne.

    Évidemment je l’ai suivie et ma léthargie s’ensuivit ;
    Comme la toute première fois, j’étais hypnotisé, ma foi.
    Je me rappelle sa silhouette poussant ainsi sa bicyclette,
    Mes yeux posés sur son bassin qui se déhanchait à dessein.

    Plus tard, regagnant mes pénates, j’ai pris une feuille blanche et mate
    Avec mes crayons de couleur pour y coucher dans la douleur
    La dernière image qui me reste de cette aventure un peu preste
    Qui me met, sens dessus-dessous, mes derniers souvenirs dissous.

    La photo, je ne sais pas mais le tableau est d’Igor Shulman.

  • Manette versus joysticks

    Si l’homme a une grosse manette, la femme a deux petits joysticks
    Qui lui occupent les deux mains là où l’homme n’en utilise qu’une.
    Cela explique sur la planète qu’au jeu de l’amour orgastique,
    Il est encore long le chemin pour satisfaire chacun chacune.

    En parlant du jeu de l’amour, y a-t-il vainqueur ou con vaincu ?
    Est-ce que les préliminaires sont moins cotés que les fantasmes ?
    Quand je veux faire un peu d’humour, je parle à l’arrêt de mon cul
    Qui aussitôt, en missionnaire, repart vers un nouvel orgasme.

    Sculpture de Qi Sheng Luo sur https://www.li-an.fr/zolies-images/sculpture-hyperrealiste-geek-qi-sheng-luo/ .

  • Rose-Mariana, je ne sais plus ce qui se passe

    Rose-Mariana joue double jeu, montre ses seins, cache ses yeux,
    Porte un triple collier d’épines serti d’une rose-aubépine.
    Elle est farouche et tout le monde la juge vulgaire et immonde
    Comme une sorcière un peu louche, mi sournoise, mi sainte-nitouche.

    On m’a averti : « Prenez garde ! Derrière son voile, elle vous regarde
    Et si vous croisez son regard, n’aurez droit à aucun égard !
    Si elle enlève son chapeau, c’est pour vous changer en crapaud
    Et si elle vous parle, courez donc sinon vous serez moribond ! »

    Évidemment un coup de vent, un jour que je passais devant,
    A fait s’envoler son chapeau, j’avais les nerfs à fleur de peau.
    Je l’ai rattrapé et tendu à l’ingénue, bien entendu,
    Qui, n’étant pas embarrassée, s’en est sitôt débarrassé.

    Elle me dit : « Je ne suis pas sage ! » Je réponds : « Je suis de passage ! »
    Elle me prie de l’accompagner en me remettant son panier…
    Après je ne me souviens plus si je lui ai plu ou bien déplu
    Mais je suis tombé en quenouille sans pour autant être grenouille.

    Tableaux d’Ina lukauskaite.

  • Le ticket gagnant

    Quand je pense à la fin du monde, il me faudra trouver le port
    Et un navire qui appareille pour le voyage dans l’au-delà.
    À la toute dernière seconde, j’aurai un titre de transport
    Trouvé sans doute dans l’oreille d’un chat en habit de gala.

    Parmi tous les billets d’accès au vaisseau interplanétaire
    Qui nous transportera ailleurs, il y a un billet gagnant
    Dont le prix sera surtaxé par les conventions monétaires
    Qui désigneront le convoyeur en chef et son rôle assignant.

    Personne ne le connaîtra, ce sera l’homme sans visage
    Ou la bonne femme anonyme qui dirigera en secret.
    Donc nul ne se compromettra dans un complot qu’on envisage
    À chaque fois que s’envenime la bonne entente consacrée.

    Si c’est un homme est-ce que sa femme tiendra sa langue suffisamment ?
    Si c’est une femme, c’est kif-kif pour la confidentialité…
    La solution, sans être infâme, serait de nommer savamment
    Un asexué sur notre esquif mais… bonjour la jovialité !

    (Collages Handiedan sur https://handiedan.com/digital-art.html .)

  • Le billet rose

    La question du sexe taraude quand on arrive au paradis :
    Quel sera notre partenaire durant toute une éternité ?
    Les petites vierges faraudes resteront-elles comme on l’a dit ?
    Une réponse bien débonnaire serait d’une opportunité.

    Bonne nouvelle pour les élus ! Toutes les vierges sont des hommes
    Car nous appartiendrons au sexe féminin, tous sans exception.
    Les anges promus au salut n’ayant, eux, aucun chromosome,
    Nous feront l’amour sans complexe sans besoin de contraception.

    Pour les femmes et les invertis, pas de changement au programme
    Mais pour les hommes quelle déception ! Personne ne l’avait prévu.
    N’avoir pas été avertis nous fait réaliser le drame
    Pressenti dès la conception du monde avec cette bévue.

    On nous donnera des billets roses en échange de nos services…
    Mais bon ! Après tout pourquoi pas… on ne sait jamais avec Dieu.
    Allez ! Quittez cet air morose ! Sans doute y aura-t-il un vice
    Et passer de vie à trépas sera plus miséricordieux !

    (Collage Handiedan sur https://handiedan.com/digital-art.html .)

  • Les billets d’or

    Comme c’est bientôt la fin du monde, il va falloir appareiller
    Pour n’importe où, on trouvera bien quelque chose dans l’espace ;
    Partout où l’homme vagabonde et où la femme saura veiller
    À sa famille qu’elle couvera et aimera quoi qu’il se passe.

    Évidemment c’est limité. Les places sont chères à gagner
    Et même très cher pour les riches et quant aux pauvres, on va trouver…
    Un stratagème bien imité voire un concours accompagné
    D’un grand jeu où l’on perd et triche, télévisé et approuvé.

    Supposons que nous sommes partis et que tout le monde est casé.
    Comme Noé, le patriarche, on groupera dans les cabines
    Des couples et, en contrepartie, les genres tri- et monophasés,
    Puis chacun vivra dans son arche à se regarder la trombine.

    (Collages Handiedan sur https://handiedan.com/digital-art.html .)

  • Les billets verts

    Au Paradis comment payer les soixante-douze vierges promises
    Et l’assurance-vie éternelle sera-t-elle prise en charge ou non ?
    Ces deux questions non étayées dans les écritures commises
    Sont importantes et solennelles car rien n’avancera sinon.

    Bien sûr, l’économie divine est l’une des voies insondables
    Que Dieu se réserve souvent quand c’est trop compliqué pour nous.
    Mais cela dit, je le devine, les vierges étant invendables,
    Elles seront parquées au couvent, les anges leur servant de nounous.

    Si la règle au Monopoly est de plumer ses adversaires,
    Je me demande quel objectif sera visé au Paradis !
    Bien malhonnête pour être poli paraît cet Éden de faussaire…
    Je penche pour un vol collectif (un viol ?) et nous n’aurons pas un radis !

    (Collages Handiedan sur https://handiedan.com/digital-art.html .)