Catégorie : 2023

  • Tempête d’étoiles

    L’Europe sème ses étoiles sous l’ombre immense que le taureau
    Étend au cours de leur voyage vers la liberté de s’aimer.
    Soudain quelque chose se voile au-dessus des champs pastoraux ;
    On entend comme un mitraillage dans le firmament clairsemé.

    Sans doute Zeus qui s’est trahi car il s’était dissimulé
    Sous l’apparence d’un taureau et s’est pris un coup asséné
    Par la belle Europe ébahie de s’être fait manipuler
    Par des stratagèmes immoraux sans cesser de l’ morigéner.

    Europe sème désormais ses quelques étoiles en solitaire
    Et se refuse à tous les dieux qui font des plans sur la comète.
    Elle restera vierge à jamais et Zeus lui sera tributaire
    D’une rente au montant dispendieux qu’assidûment il lui soumette.

    Illustration de Valera Lutfullina

  • Poussière d’étoile

    Je cherche les nuits alchimiques où l’air, chargé de météores,
    Permet aux âmes en errance de redevenir persistantes.
    Dans l’atmosphère cyclothymique, les voix qui s’expriment au-dehors
    Prennent soudain une apparence de nitescences intermittentes.

    Si je décompose un éclair qui jaillit et zèbre le ciel
    Avec ses flammes de cristal qui s’échangent entre terres et nues,
    Je vois les feux follets bleu-clair d’un flambeau accrémentitiel
    Agité par une vestale vers des anges circonvenus.

    La Terre agit comme un aimant d’impact météorologique
    Dont l’énergie qui ascensionne porte ses souffrances et ses cris.
    Bien sûr la science dément ce phénomène liturgique
    Et les religions n’en mentionnent aucun écho dans leurs écrits.

    Illustration de Charles Vess pour le roman de Neil Gaiman

  • Pervers Noël

    Pervers Noël cache son jeu toute l’année à l’atelier
    En créant des contrefaçons de nos voitures électriques.
    Bien sûr, nous connaissons l’enjeu de ce bonhomme fou à lier :
    Attirer filles et garçons par ses tendances égocentriques.

    Les poupées qui disent « Maman ! » conditionnent les petites filles
    À souhaiter très rapidement pouvoir rencontrer les garçons,
    Ceux-là même qui, innocemment poussifs à l’esprit de famille,
    Sont amenés perfidement à jouer dans leurs caleçons.

    Pervers Noël qui sévissait les nuits de décembre dans les rues
    A enfin été arrêté par la police persévérante
    Pour les crimes qu’il assouvissait et ce matin a comparu
    Devant le juge décrété suite aux plaintes proliférantes.

    Tableaux de Matt Watts

  • La couleur de l’amour

    Bleu comme la première nuit qui rendit l’amour électrique ;
    Nos premiers frissons qui parcourent nos corps sensibles et tendus.
    Bleue comme l’aurore qui luit au petit matin féérique
    Sur deux amoureux qui concourent à figer le temps suspendu.

    Blanc comme la deuxième nuit qui rendit l’amour éternel ;
    Nos premiers baisers qui apaisent cette soif de nous reconnaître.
    Blanche comme la liqueur qui fuit de par l’organe maternel
    Qui accueille celui qui la baise de l’envie d’un enfant à naître.

    Rouge comme la troisième nuit qui rendit les amours fécondes ;
    Nos premières cellules échangées pour le meilleur et pour le pire.
    Rouge comme la vie qui se poursuit dans la matrice rubiconde
    Où pulse à l’abri du danger un petit ange qui soupire.

    Illustrations de Lorenzo Mattotti

  • Pas peur du loup

    Si la peur du Grand Méchant Loup a disparu de nos écrans,
    Elle est remplacée par l’effroi des épidémies et des guerres.
    Et pour ne pas faire de jaloux, la météo nous met à cran
    En nous menaçant d’un grand froid sur nos ressources délétères.

    Et si tout ça n’était qu’un leurre destiné à dissimuler
    Un nouvel ordre économique pire que ceux qu’on a connus ?
    Je pourrais vous prouver sur l’heure que tout cela est simulé
    Mais on me traiterait de comique ou complotiste reconnu !

    Illustration de Nadezhda Illarionova sur https://www.artstation.com/artwork/krP1z

  • La justice éminente

    Éminente ou bien dominante, la justice est-elle un fléau ?
    Plane-t-elle au-dessus de nous comme une épée de Damoclès ?
    La question est impertinente car elle invoque les idéaux
    De ceux qui mettent à genoux les gueux sans la moindre noblesse.

    La loi est dure mais c’est la loi et dures sont les forces de l’ordre
    Lorsqu’elles sont manipulées d’une main lourde et radicale
    Car il n’est pas de bon aloi de laisser les pauvres chiens mordre
    Les maîtres qui ont stipulé que leur gestion est amicale.

    Tableau de Sidwill-cg sur DeviantArt

  • Copains comme poisson-chat

    Comment vivre d’amour et d’eau fraîche entre un poisson et un chaton
    Lorsqu’il semble contre nature d’unir ces familles ennemies ?
    Le chat se montre assez revêche à se tremper les ripatons
    Quant au poisson, si d’aventure il sort de l’eau, il en frémit.

    Alors copains comme poisson-chat c’est comme croire qu’une sirène
    Pourrait aimer son matelot autrement que dans son assiette.
    Mais seul Lucifer s’y pencha et Dieu tira vite la sirène
    Et cet accouplement ballot finit au fond d’une oubliette.

    Tableau de Jean Metzinger

  • La nuit de la sirène

    Ayant chanté toute la journée, le chant de la sirène fond
    Dans la nuit noire et étoilée d’une petite mort trop brève.
    Mais le marchand dans sa tournée de sable d’un sommeil profond
    Lui permet de se dévoiler dans le cœur du dormeur qui rêve.

    Et dans mes rêves, je la sens, la douce caresse de velours
    D’une voix qui vient et m’enveloppe dans la capture de mes songes.
    Et cette douleur, j’y consens car l’esprit devenu balourd
    Cède à celle qui développe sa vérité comme un mensonge.

    Mon cœur me crée des insomnies pour résister à la charmeuse
    Mais j’y succombe au petit jour – quel oubli stupide et bénin !
    Je n’émets nulle calomnie du fond de mon âme dormeuse
    Car j’y succomberai toujours ; c’est mon idéal féminin.

    Tableau d’Auguste Raynaud

  • Les impudiques

    Deux ou trois morceaux de tissus, si petits mais si importants
    Qu’il suffit que l’un soit ôté pour que l’impudeur soit levée.
    La morale dont on est issu semble invraisemblable pourtant
    Hommes et femmes mal culottés sont jugés très mal-élevés.

    C’est pourquoi je suis chocolat lorsque je publie une image
    Où j’oublie de flouter un sein ou pire une partie intime.
    Sans doute que j’ai choqué là, avec préjudices et dommages,
    La société par mes desseins et mes poèmes illégitimes.

    Illustration de Sarah-Jane Szikora sur https://www.museum-of-art.net/rooms/walk/2817

  • L’angelle déchue

    Celle qui aimait tant la lumière brilla tant d’amour avec elle,
    Tant de fois avec tant d’ardeur, avec ses photons compagnons,
    Que neuf mois après, une première, en fait pas n’importe laquelle :
    Apparut sous son débardeur l’angelle enceinte d’un lumignon.

    On critiqua Luciféra, on l’envoya purger sa faute
    Dans l’obscur cul de basse-fosse qui servait à Dieu de poubelle.
    Et c’est ainsi qu’on transféra l’enfant sur la fameuse côte
    – L’histoire serait-elle vraie ou fausse ? – qui rendit la femme rebelle.

    Illustration de Sarah-Jane Szikora sur https://www.museum-of-art.net/rooms/walk/2817

  • La femme improbable

    Dieu créa l’homme à son image et l’homme ainsi bien inspiré
    Souhaiterait co-créer la femme selon sa propre estimation :
    « Il faut qu’elle lui rende hommage après qu’il ait bien transpiré
    Et qu’elle soit tout feu tout flamme en voie de domestication. »

    Pourtant Dieu n’est pas misogyne puisqu’il a lui-même élevé
    Une Terre sortie du néant et un homme sorti de la glaise.
    Par transition, dès l’origine, la femme à la côte prélevée
    Devrait régner de son séant comme supérieure… à Dieu ne plaise !

    Tableau de René Magritte

  • La femme introuvable

    8 mars, c’est la journée des femmes ; il était bon d’entériner
    Un jour pour nous y retrouver dans tous leurs progrès accomplis.
    Mais il reste beaucoup d’infâmes problèmes à éliminer
    Avant qu’elles puissent en éprouver une condition assouplie.

    Mais il ne faut pas en montrer le caractère sexuel
    Que ce soit dans leurs chromosomes ou bien dans leurs parties intimes.
    « On » aurait ainsi démontré que leurs comportements gestuels
    Troublent et conditionnent les hommes à en devenir les victimes.

    Tableau de René Magritte

  • La libération de l’esprit

    Marre de tirer des lignes droites, marre de suivre un chemin tracé ;
    Un jour j’ai quitté la raison pour suivre la folie du cœur.
    Sans doute suis-je maladroite, sans doute apparais-je déplacée,
    Une étrangère dans sa maison sous les yeux des anges moqueurs.

    Mais j’ai agrandi l’horizon en me confrontant aux problèmes
    Non pas ceux que j’avais appris mais ceux-là qui me faisaient peur.
    Je suis sortie de la prison qui n’a que l’ordre pour emblème
    Et qui condamne avec mépris les gens à voile et à vapeur.

    Illustration de Sarah-Jane Szikora sur https://www.museum-of-art.net/rooms/walk/2817

  • La honte de la famille

    Si jamais je n’ai su rentrer dans notre moule familial
    Ce n’est pas la faute à mon père, ni à ma mère, ni à mes sœurs ;
    Je n’ai pas pu me concentrer sur notre système trivial
    Où chacun de ses membres n’espère qu’agir comme ses prédécesseurs.

    Mais pour montrer ce que je suis, je dois me dénuder un peu
    Et ça perturbe l’entourage et les enfants de la patrie.
    Toutes les sanctions que j’essuie me font crier « sauve qui peut ! »
    Et c’est pourquoi, avec courage, j’ai quitté l’ingrate fratrie.

    Illustration de Sarah-Jane Szikora sur https://www.museum-of-art.net/rooms/walk/2817

  • Nourrir son Ego

    Qu’il est divin, qu’il est subtil, le goût de l’ego supérieur
    Ainsi que le démon sucré de la satisfaction de soi !
    Qu’il est excitant, érectile, le plaisir du moi intérieur
    Qui fond comme un signe sacré dans la bouche qui le reçoit.

    Plus craquant que mon cœur, tu meurs ! Plus beau que mon âme, tu rames !
    Plus vif que mon esprit, t’es gris ! Plus noble que mon corps, t’es mort !
    Seule ma personne a la primeur du destin que Dieu lui programme
    Et si les autres en sont aigris, je n’en éprouve aucun remords.

    Si j’ai pu raisonner ainsi dans ma jeunesse égocentriste,
    Le goût a changé de saveur au profit de pensées plus prudes
    Car cet ego s’est aminci de son narcissisme intégriste
    Sans doute grâce à la faveur de chutes de plus en plus rudes.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Recomposition matinale

    Quand j’étais jeune, à mon réveil, je devais tout réassembler
    Et regrouper mes souvenirs éparpillés dans mes pensées.
    Ce que j’avais connu la veille était resté désassemblé
    Et j’appréhendais l’avenir d’une jeunesse à dépenser.

    C’était devenu machinal et j’avais pris cette habitude
    De ruminer tout un passé pour suivre les mêmes sillons.
    C’était loin d’être original de refaire avec lassitude
    Toujours cett’ routine ressassée qui tuait l’effet papillon.

    Puis j’ai cassé ce casse-tête et laissé le cœur s’exprimer,
    Puis l’esprit de contradiction a pris la route des vacances.
    Ainsi l’ordinaire, trouble-fête, s’étant retrouvé supprimé,
    Je passe mon temps sans addiction à m’amuser d’extravagance.

    Tableau d’Aaron Jasinski sur https://www.taringa.net/+arte/aaron-jasinski-pinceladas-nostalgicas-parte-2_hrdb0 ainsi que sur https://www.aaronjasinski.com

  • Au pays des machines

    Malice au pays des machines, Georges en courant le lapin blanc
    Trouva l’autre côté du monde – bien trop robot pour être vrai –
    Peuplés d’hommes qui courbent l’échine et subissent tout en tremblant
    Sans réfléchir une seconde à vivre libre comme ils devraient.

    Mais pour sortir de ce système, je dois chasser les illusions
    Et cesser de croire au miracle du capital discrédité.
    Je veux découvrir d’autres thèmes que ceux de la télévision
    Et ne plus consulter l’oracle d’une science accréditée.

    Tableau d’Aaron Jasinski sur https://www.taringa.net/+arte/aaron-jasinski-pinceladas-nostalgicas-parte-2_hrdb0 ainsi que sur https://www.aaronjasinski.com

  • Dresser le coq ovin

    Pour qu’il soit doux comme un mouton, maître-Coq, dès qu’il est poussin,
    Commence son apprentissage avec sa coquetière-ovine.
    En livrée, chemise à boutons de manchettes et en mocassins,
    Il subit le droit de cuissage selon la recette angevine :

    « Faites revenir plusieurs fois le coquelet au beurre rance
    Et laissez-le bien reposer à la cocotte automatique.
    Délayez le cœur et le foie avec du vin de préférence
    Et dressez le plat disposé sur un lit d’herbes aromatiques. »

    Tableau de Shiori Matsumoto

  • La plume de l’ange

    Le temps passait seul, sans son ange qui n’avait pu se libérer
    Et j’écrivais à cœur perdu, l’esprit crissant sur le papier.
    Lorsque dans la lumière orange d’un crépuscule réverbéré,
    Une plume blanche, éperdue, vint atterrir juste à mes pieds.

    La nuit était-elle tombée ou était-ce entre chien et loup ?
    Toujours est-il qu’un ange blanc se posa à proximité.
    Et moi bien sûr, j’ai succombé, ce qui rendit le temps jaloux
    Qui suspendit l’ange tremblant entre deux airs illimités.

    J’ai pris sa plume que j’ai trempée à l’encre d’une nuit sans Lune
    Et j’ai raconté cette histoire du temps et de l’ange qui passent.
    Plaise au lecteur que j’ai trompé avec cette idée opportune
    Qu’il prenne conscience notoire de mes errances dans l’espace.

    Illustration d’Andrej Mashkovtsev

  • Miss Caméléonne

    Sans doute un prénom qui déteint sur ses tenues vestimentaires
    Tant celles-ci sont assorties aux murs de son appartement.
    Quant à ses cheveux et son teint, également complémentaires,
    Ils s’adaptent à chaque sortie au ton de ses emportements.

    Point ne s’arrête son mimétisme à sa peau et ses vêtements ;
    En effet tout son caractère prend la couleur de l’air du temps.
    Conséquence du magnétisme de la Terre et ses éléments
    Sur cette fille pleine de mystères mais qui se dévoile pourtant.

    J’ai connu Miss Caméléonne au cours d’une de mes tournées
    Celle-là même la plus étrange, je dirais même atmosphérique.
    Elle venait de Sierra Leonne et, le soir en fin de journée,
    Elle prenait la couleur orange d’un coucher de soleil d’Afrique.

    Tableau de Louis Treserras sur http://wombart.net/emotion-research-by-louis-treserras

  • L’œil, l’expression et l’impression

    L’œil, miroir indiscret de l’âme, reflète mon étonnement
    Devant tout ce que je découvre et que j’ai du mal à comprendre.
    Mais il trahit souvent la flamme dont fuse le rayonnement
    Des raisonnements que j’entrouvre sur le peu que j’ai pu apprendre.

    L’œil, sentinelle défensive, explore mon environnement,
    Attentive à ce qui se passe derrière son intime frontière.
    Parfois elle se montre offensive pour pallier le foisonnement
    Des imprévus qui la dépasse et la font trembler toute entière.

    L’œil, porte-parole du cœur, exprime mes ressentiments
    Comme les joies et les pressions sur ce que j’ai envie de vivre.
    Il sait occulter mes rancœurs, mes craintes et mes sentiments
    Et ne renvoie que l’expression de mon intérieur comme un livre.

    Illustrations de Jean-Pierre Gibrat

  • Réflexions lunaires

    J’aime ma fenêtre propice aux réflexions fort opportunes
    De son miroir qui me démontre sa silencieuse complétude
    Au seuil des meilleures auspices que m’envoie un rayon de Lune
    Qui perce et qui vient à l’encontre de mon cœur chargé d’inquiétudes.

    Lune, Ô ma Lune taciturne, que me révèle l’avenir
    À travers la neige qui tombe d’une incertitude impassible.
    J’en appelle à l’astre nocturne dont le halo sait convenir
    À m’indiquer ce qui m’incombe dans la nuit de tous les possibles.

    C’est l’heure où je vais me coucher, lorsque le temps se superpose
    Que m’apparaît la direction vers laquelle je dois lâcher prise
    Je laisse mon cœur accoucher du germe que le jour dépose
    Quand le soleil en érection m’illuminera sans surprise.

    Illustrations de Jean-Pierre Gibrat

  • En avant vers le progrès !

    Bien que trop beau pour être vrai, le progrès amène les robots
    À s’occuper de nos enfants rivés à leurs petits écrans.
    Si cet avenir nous effraie, c’est pourtant nos efforts globaux
    Du savoir-faire ébouriffant qui aujourd’hui nous mettent à cran.

    Si les écoles de demain prennent la même direction,
    On fera l’école buissonnière dans des campagnes virtuelles
    Où les gosses en un tournemain pirateront leurs corrections
    Soit, avec l’art et la manière, ou par bêtises perpétuelles.

    Devant l’abîme de l’ignorance, ils feront un pas en avant
    Ainsi tout sera résolu sans la moindre contradiction.
    Ne voyant nulle incohérence à ce phénomène aggravant,
    Rejetons notre dévolu sur nos propres actuelles addictions.

    Illustration de Jeff Drew sur jeff drew – ART STORE: Prints & More! (jeffdrewpictures.com)

  • Le p’tit bateau dans la tête

    J’ai eu ma période « bicyclette » avec p’tit vélo dans la tête
    Et puis ma période « évasion » avec un tout p’tit avion.
    Aujourd’hui j’ai celle que je veux, un p’tit bateau dans les cheveux
    Et mon ange gardien qui y rame, qui rame, qui rame… tout un programme !

    Lorsque je cherche à m’échapper des infos qui ont dérapé
    Vers des catastrophes en vagues et des politiques qui divaguent,
    Lorsqu’on nous mène tous en bateau avec – cerise dur la gâteau –
    Des mensonges gros comme une maison, mon cœur fuit hors de ma raison.

    Et je viens retrouver mon ange dans ma cervelle de rechange :
    Ma barque nommée « L’intrépide » pour fuir toutes ces idées stupides
    Et arrêter de ruminer sur les crises indéterminées
    Qui me soufflent dans la figure comme oiseau de mauvais augure.

    Illustration de Lisa Aisato sur https://www.aisato.no/andre-illustrasjoner/#itemId=55830f07e4b0d670c6fc3e2b

  • La pêche originale

    Quand Dieu créa l’eau des rivières, elle était fort alcoolisée
    – Sans doute deux anges farceurs jouant aux apprentis chimistes.
    On remonta sur la civière les premiers thons diabolisés
    Par le breuvage dont la noirceur n’était pas des plus optimistes.

    Puis Dieu créa l’homme-poisson ; les anges virent que c’était bon
    Et furent les premiers à pêcher l’Adam et l’Ève en pleine ivresse
    Car les bougres épris de boisson – eaux-de-vie, vodka et bourbon –
    N’avaient vraiment pu s’empêcher de siffler l’eau enchanteresse.

    Ainsi Dieu punit tout le monde à coup de foudre et de déluge
    Et dilua l’eau de la Terre, puis rajouta un peu de sel.
    À point, la planète féconde put enfin servir de refuge
    Au nouvel homme propriétaire ; ange et démon universel.

    Tableau de Scott G. Brooks sur https://www.scottgbrooks.com/product-category/giclee-prints

  • Comment j’ai trouvé mon Vendredi

    C’est en voyant passer les gens, perpétuellement sans relâche,
    Sortir leur chien trois fois par jour, toujours par le même chemin,
    Que j’acquis un poisson d’argent, docile, aux nageoires un peu flaches,
    Pour fuir mon tranquille séjour sans stresser, la laisse à la main.

    Ensemble nous suivons la rivière où je le laisse aller nager
    Car il adore s’éclater à outrepasser les cascades.
    Sauf pour les transports ferroviaires où j’ai dû lui aménager
    Un aquarium hélas refusé par un vieux contrôleur maussade.

    Quand les animaux domestiques subiront la montée des eaux,
    Ils accueilleront dans leurs rangs toute la faune piscicole.
    Plaise à mon esprit scolastique d’ouvrir grand les portes des zoos
    Pour créer à contre-courant ce concept comme un cas d’école.

    Illustration d’Omar Rayyan

  • La femme à plume

    Une femme à poil, c’est attirant, une femme à plume, c’est chavirant !
    J’aime lorsqu’elle ouvre ses ailes et dévoile, de la demoiselle,
    Ses petits seins comme deux œufs, petit équipement oiseux
    Dont je me tâte sur l’optimisme de leur aérodynamisme.

    Une femme à plume, mère poule, j’en aurais tant été maboule,
    Bien coucouné sous son plumage, la tétant pour lui rendre hommage.
    Petit oiseau devenu grand trouverait oiselle de son rang
    Pour convoler en tutélaire manière de s’envoyer en l’air.

    Photo Yves Saint Laurent sur http://devorahmacdonald.blogspot.com/2012/08/blog-post.html

  • Derrière le masque

    Les yeux sont le reflet de l’âme mais, derrière un masque moqueur,
    Ils sont comme un miroir sans tain qui m’observe sans être vu.
    Je ne leur porte pas un blâme mais où sont donc les yeux de cœur
    Derrière ce regard hautain de toute vertu dépourvu ?

    Souvent d’autres visages affichent de véritables jeux de rôles,
    Bourreau, défenseur ou victime et parfois les trois à la fois.
    Personnellement je m’en fiche et je vous en donne ma parole ;
    Derrière ma figure intime, il n’est que mon acte de foi.

    Illustrations d’Alessandra Lemos

  • Ôtons le voile !

    Ôtons le voile sur la censure et, pourquoi pas, sur les seins sûrs !
    Les seins qu’il ne faut pas qu’on touche du moins sur les saintes nitouches.
    Sans désacraliser la femme, ni porter de propos infâme,
    Mais en rendant au mamelon son grade et même du galon.

    Vraiment cette partie du corps paraît taboue et plus encore ;
    Lorsqu’elle allaite son enfant, certains trouvent ça infamant.
    Moi, qui n’ai pas tété au sein, j’estime ces jugements malsains
    Et si j’avais de la poitrine, je l’exposerais en vitrine.

    Tableau de Konstantin Razumov

  • Une légère erreur d’adaptation

    Dans les méandres féminins d’une rêveuse aventurière
    À l’oreille rafistolée de laine et d’un nœud papillon,
    Pour la fille, je reste intraitable : avec ses petits faux-semblants,
    Elle a l’air d’avoir picolé et de piquer un roupillon !

    Alors là, c’est n’importe quoi ! Je voudrais voir l’accessoiriste
    Et parler au metteur-en-scène de sa folle interprétation !
    Quant aux trucages inadéquats qui feraient rire un rigoriste,
    C’est la goutte d’eau qui m’assène un coup chargé d’imprécations !

    Tableaux d’Akiko Ijichi

  • Enfin février s’en va !

    Il était temps, les p’tits amis, que février largue les voiles,
    S’envole jusqu’à l’année prochaine et nous souhaite un heureux séjour.
    Au revoir, hiver ennemi, nous coucherons à la belle étoile
    Dès que printemps-été enchaînent un soleil avec de beaux jours !

    Pauvre et vain mois de février ! Cependant, en bien tout honneur,
    Avec vingt-huit jours, la froidure n’a pas tellement l’air triomphant.
    Alors cessons de décrier ce mois où parfois le bonheur
    Tant que la neige et le froid durent apporte la joie aux enfants.

    Illustration du calendrier d’Olga Ert sur https://www.behance.net/gallery/186943/calendar

  • Mortes saisons

    À l’instar du Père Noël, que fait Valentine au printemps
    Et tout le restant de l’année sans s’occuper des amoureux ?
    Sans doute avec Marie-Noëlle, elles s’en vont prendre du bon temps
    Et ensemble s’en vont glaner quelques gadgets bien vigoureux.

    Vantentine dans des films X s’perfectionne au Kamasutra
    Et dans des cercles échangistes recherche de nouvelles queues.
    Marie-Noëlle, plus prolixe, s’en va prêcher Zarathustra
    Dans les milieux écologistes contre leurs propos belliqueux.

    Quoi qu’il en soit, elles en reviennent avec de nouvelles expériences ;
    Valentine à l’hiver prochain saura faire flèche de tout bois ;
    Marie-Noëlle, quoi qu’il advienne, nous ramène une luxuriance
    De bidules, de trucs, de machins en braderie, vendus au poids.

    Illustration de Rian Hughes sur le thème « Valentina » de Guido Crepax

  • Chaud lapin puceau

    Je ne suis pas né chaud lapin pourtant j’ai dû le devenir ;
    L’apprenti-sourcier de l’amour en moi doit rechercher sa source.
    Auprès des filles au tapin, j’ai laissé la force venir
    En progressant, jour après jour, pour mieux développer mes bourses.

    Bien sûr, derrière chaque femme se dissimule un labyrinthe
    Où mon lapin doit s’exercer à atteindre le fruit convoité.
    Si j’aime bien ces portes infâmes qui demandent efforts et étreintes,
    Je me méfie des huis percés, branlants, rouillés et déboîtés.

    Je sais ouvrir toutes les lèvres et les serrures difficiles ;
    On me reconnaît ce talent d’en courir plusieurs à la fois.
    De lapin, je devins un lièvre ; finalement c’était facile
    De composer ces vers galants mais libidineux toutefois.

    Tableau de Nicoletta Ceccoli sur https://ilmondodimaryantony.blogspot.com/2013/08/gli-incubi-celesti-di-nicoletta-ceccoli.html

  • Interconnexions

    L’interconnexion intérieure lorsque je me relie à toi
    À travers la littérature que tu m’écris au fil du temps,
    Atteint la couche supérieure qui crève et dépasse les toits
    Des limites que ma nature n’aurait pu vaincre, même en luttant.

    L’interconnexion extérieure lorsque je lis entre tes lignes,
    En suivant les pas que tu sèmes pour m’inonder de ta présence,
    Me guide vers l’étape ultérieure où je vais découvrir un signe
    Et bien d’autres dont tu parsèmes mon avenir en suffisance.

    Illustrations de Jean-Pierre Gibrat

  • Sous le toit d’un rêve fou

    Sous la voûte d’une nuit blanche où se dessine l’invisible,
    Je vois dans la lumière noire tous les départs vers l’impossible.
    Comme un arbre aux multiples branches infinies et indivisibles
    Qui représentent la mémoire de toutes mes options possibles.

    Plus fou se révèle le songe, plus forte est la témérité
    Qui m’accompagnera demain dans une autre réalité.
    Le rêve trie tous les mensonges pour en extraire la vérité
    Qui me montrera le chemin selon ma sensualité.

    Illustration de Jean-Pierre Gibrat

  • Le dernier bonheur du jour

    Quand se clôture ma journée qui se referme comme un livre
    Et comme tous ses autres tomes de l’aventure qui est en cours,
    J’entreprends une autre tournée ; le prochain rêve qui me délivre,
    De mes angoisses et des fantômes qui ont jalonné mon parcours.

    Avant de partir dans ce rêve, je consulte une inspiration,
    Un mot, une lettre, un roman qui sollicite une réponse.
    L’intuition doit être très brève afin que la libération
    Sélectionne le meilleur moment qui servira de bande-annonce.

    Illustrations de Jean-Pierre Gibrat

  • Sol’œil couchant sur mer de larmes

    J’aime l’iris à l’horizon du soleil qui cligne de l’œil
    Lorsqu’il me darde un rayon vert pour me souhaiter bonne espérance.
    Et quand la Terre est en prison de ses souffrances et ses écueils,
    Il ouvre en grand tout l’univers ravivant sa persévérance.

    Observez les yeux dans les yeux le regard de l’astre couchant
    Qui reflète l’âme de Dieu et ses voies incommensurables.
    Souvent clément et merveilleux, parfois terrible, effarouchant,
    Mais toujours miséricordieux envers nos conflits incurables.

    Tableau d’Alexander Grey

  • L’attente gauloise

    L’attente s’en va en fumée sans rien laisser qu’un peu de cendres
    Sur lesquelles le temps soufflera vers une amnésie dominante.
    Juste des pensées consumées par l’esprit qui aime descendre
    Vers le cœur qui m’insufflera l’espoir d’une fin imminente.

    L’attente cesse brusquement, le train de vie reprend son cours
    Qui m’emporte avec mes pensées que j’enferme dans ma valise.
    Mon rêve né fantasquement soudain n’est plus d’aucun secours
    Mais j’y reviendrai dépenser d’autres absurdes psychanalyses.

    Illustration de Jean-Pierre Gibrat

  • À la recherche de Dame Nature

    Difficile de se représenter Dame Nature concrètement ;
    Sans doute faut-il l’imaginer lorsqu’elle était vierge et nubile.
    Mais étant moi-même exempté de remonter discrètement
    Dans mon génome enraciné dans l’ADN, c’est difficile.

    Pourtant dans mes rêves éveillés, j’ai aperçu ma créatrice
    Naissant elle-même du néant, laissant le champ libre aux envies.
    Dans cet Éden émerveillé, elle a établi sa matrice
    Pour créer terres et océans pour, enfin, abriter la vie.

    Un jour, elle s’est mise en couleurs – c’était là son premier printemps –
    Et accordé le sacrifice de sa nature alimentaire
    Pour accoucher dans la douleur deux humains âgés de vingt ans
    Dont je suis à moitié leur fils et à moitié fils-de-la-Terre

    Créations de Kathryn Blake sur https://www.artstation.com/artwork/Z53mnm

  • Du côté des belles dames du temps jadis

    J’aime déshabiller le temps et lui ôter la carapace
    De la vieillesse dont il enduit la peau des beautés éphémères.
    Mot fugitif, presque insultant, qui évoque le temps qui passe
    Et qui tristement éconduit le souvenir de nos grands-mères.

    Le curseur du temps dans leurs rides où sont gravées leurs émotions
    Fait chanter l’écho de leurs cœurs avec une ardeur impatiente.
    Combien de jours, de nuits torrides, avec l’amour en promotion
    Ont induit les rires moqueurs de leurs jeunesses insouciantes ?

    Les belles dames du temps jadis, quelque part immortalisées
    Par les vibrations de leurs âmes qui pulsent en ondes maternelles,
    Pour que jamais ne s’affadissent leurs présences cristallisées,
    Nous ont intégré ce sésame comme une intuition éternelle.

    Photos de Marie Doro, Maude Fealy, Ione Bright & Paulette Navier

  • Rétro Boulot Robot

    Métro-boulot, c’est terminé puisque les gens télétravaillent
    Quitte à se mettre en maladie pour continuer la comédie
    Sauf les patrons déterminés à interdire, vaille que vaille,
    Ceux qui commencent le vendredi pour déborder sur le lundi.

    Moi, je propose qu’on adapte l’homme dans une nouvelle ambiance
    Avec des résidences-bureaux, wifi dans les salles-de-bains,
    5G partout afin qu’il capte mais avec auto surveillance
    Afin qu’il devienne un bourreau de travail, féru du turbin.

    Gageons qu’ici quelques années, nous verrons l’esclave du progrès
    Aussitôt né aussitôt fait, conditionné de son vivant
    À vivre sa vie condamné à produire contre son gré
    Et puis, dépassé son forfait, recyclé et… place au suivant !

    Illustration de Jeff Drew sur jeff drew – ART STORE: Prints & More! (jeffdrewpictures.com)

  • Ils sont déjà parmi nous !

    Si j’osais gratter le vernis des personnalités en vogue,
    Sans doute je vous révèlerais leurs origines extraterrestres.
    Par ailleurs s’il m’était permis de montrer leurs peaux analogues,
    Leurs couleurs vous rappelleraient l’écho des peintures rupestres.

    Car depuis des millions d’années, les riches un jour ont débarqué
    Sur la Terre des pauvres hommes afin de les apprivoiser,
    Les dresser et les condamner à travailler sans remarquer
    Qu’eux-mêmes, dans leurs chromosomes, ont l’avenir ratiboisé.

    Illustration de Jeff Drew sur jeff drew – ART STORE: Prints & More! (jeffdrewpictures.com

  • L’entraînement de la sirène

    Muscler l’organe phonatoire ouvre de nouvelles dimensions
    Sur la plus mortelle des armes dont on ne voit pas la couleur.
    Le chant n’est plus aléatoire mais soumis à la distension
    Des cordes vocales qui charment par une indicible douleur.

    Bien au-delà de la souffrance qui traverse ses deux hémisphères,
    Le marin perd sa volonté comme le taureau dans l’arène.
    Reproduit alors à outrance sur les mers de la planisphère,
    Il nourrit les faits racontés sur la légende des sirènes.

    Illustrations de Nadezhda Illarionova sur https://www.artstation.com/artwork/krP1z

  • Le chant des sirènes

    Souvent la sirène révise l’art de son chant avant l’épreuve
    Qui la consacrera peut-être diva, soliste, enchanteresse.
    L’examen sera vicelard car sa voix doit fournir la preuve
    Qu’elle nécessite nul sonomètre pour qu’un marin s’y intéresse.

    Parmi toutes les prétendantes qui briguent le titre envié,
    Elle se souvient de sa marraine et ses précieux enseignements
    Sur les vocalises ascendantes durant tout le mois de janvier
    Où elle a pratiqué, sereine, expérience et entraînement.

    Illustrations de Nadezhda Illarionova sur https://www.artstation.com/artwork/krP1z

  • En avant vers de nouvelles lectures !

    Aussitôt terminé sa livre de nourriture, ma monture
    Me ménage un nouveau voyage vers d’autres pays à connaître.
    Avec sa soif qui me délivre pour une nouvelle aventure
    Qui met mon cœur au prélavage afin de le faire renaître.

    Ainsi tout mon être renaît au corps d’une nouvelle histoire ;
    L’esprit nu de toute conscience et l’âme remplie d’émotions.
    Tout ce que je ne comprenais de la vie deviendra notoire
    Car la lecture est d’expérience mon moyen de locomotion.

    Illustration de Rudi Hurzlmeier sur https://www.margarethe-illustration.com/rudi-hurzlmeier.html

  • Le baiser poison

    Un éclair dans ses cheveux blancs qui flashe dans ses cheveux sombres
    Et un coup de foudre amoureux d’affamer le couple avachi…
    D’où le thon cru, tranché, troublant qui nourrira dans la pénombre
    D’un suc amer et langoureux les deux amants de ses sushis.

    Après l’amour, poisson fumé ou poisson cru sont excellents !
    Il donne un goût de reviens-y aux baisers âpres et iodés.
    Et quand l’amour est consumé, il suffit d’un poisson-volant
    Pour retrouver la fantaisie en vue de s’y raccommoder.

    Illustration d’Enki Bilal

  • Comme une araignée au plafond

    Mon poids descend sur la balance comme une araignée du plafond
    Qui m’affole pour que je sache qu’elle signe un matin de chagrin
    Avec mes peurs qui recommencent à me faire toucher le fond
    Pour remonter avec panache dès que l’espoir remoud son grain.

    Les démons sucrés de la vie sont trop durs à éliminer ;
    Chaque bouchée de friandise m’ancre un peu plus au désespoir.
    Ce Dieu odieux sera ravi, lui qui m’avait déterminé(e)
    À souffrir de ma gourmandise et d’un ventre rond sans espoir.

    Tableau de Shiori Matsumoto

  • Les contes de la petite-fille l’Oie

    Adieu tous les comptes à rebours vers les confins à l’eau de rose
    Qui mettaient un terme aux histoires des contes de ma grand-mère l’Oie !
    À moi les frais et les débours des quotidiens les plus moroses
    Car j’ai remporté la victoire entre bons et mauvais alois !

    Adieu tous les destins tracés, adieu royaumes dépravés !
    La nouvelle génération ne croit plus aux contes de fées.
    Ou plutôt elle veut embrasser une existence désentravée
    De toute commisération envers des croyances échauffées.

    Les vieilles oies du Capitole de mon héritage génétique
    Sonnent encore et toujours l’alarme lorsque le monde est envahi
    Par des propos qui rafistolent les vieilles querelles frénétiques
    Avec jérémiades et larmes dans notre jeunesse ébahie !

    Photo de Clare Ahalt sur https://www.clareahaltphotography.com/blog/portrait-photographer-potomac-md

  • L’éponge aux cauchemars

    Tu pourrais prendre une bouée pour te sauver lors d’un naufrage ;
    Moi, je te conseille une éponge pour te garder des cauchemars.
    Sa texture sait amadouer les pires offenses et outrages
    Lorsqu’un mauvais rêve s’allonge avec sirènes et tintamarres.

    Elle gonfle au fur et à mesure jusqu’à occuper tout l’espace
    Et capture dans chaque orifice les trous de mémoire douloureux.
    Elle compense la démesure d’une catastrophe qui passe
    Et qui pourrait faire son office de ton spleen le plus rigoureux.

    L’Ave Maria de nos péchés disparaît d’un seul coup d’éponge ;
    Les jours de pluie sont absorbés et les douleurs sont délavées.
    Grand merci d’avoir empêché cette nuit ces fétides songes
    Dont le venin s’est résorbé de mon esprit désenclavé !

    Tableau de Salvador Dali

  • Les cheveux de la passion

    Un peu de feu dans tes cheveux pour me réchauffer dans ton lit ;
    Un peu de braise dans le foyer de ta coiffure académique !
    Je donnerai tout ce que tu veux pour raviver à la folie
    La flamme que je veux choyer dans ton corps aux formes alchimiques !

    Si la longueur de ta crinière est proportionnelle à ton charme,
    Tu es la Vénus flamboyante qui attise mon excitation !
    Si la couleur de ta bannière ressemble à un signal d’alarme,
    Tu te montres ainsi prévoyante envers le feu de ma passion !

    Nika Cole photographiée par Chantelle Dosser sur https://redlipstickresurrected.tumblr.com/post/176502996720/nika-cole-aka-nika-m-cole-russian-b-barnaul