Catégorie : 2022

  • Les œufs embrouillés

    Quand je suis toi et tu es moi, nous nous sentons très bien ensemble,
    Assis sur un nuage vert en ignorant le temps qui passe,
    Les jours qui filent au fil du mois, les gens qui passent et se ressemblent,
    Perdus au fond de l’univers dans une bulle de l’espace.

    J’aime tes lèvres au goût de fraise quand je me nourris de baisers
    Et je te partage en retour mon cœur mûri à l’eau-de-vie.
    Jusqu’à ce que nos corps de braise arrivent enfin à s’apaiser,
    Ça redémarre au quart de tour tellement forte est notre envie.

    Mais un jour les œufs sont brouillés, il a neigé sur yesterday !
    Les anges de l’amour ont fui les champs de fraise pour toujours.
    Les sentiments sont verrouillés, l’amour lance un dernier « Mayday ! »
    Hélas, les Beatles aujourd’hui ne répondent plus aux goûts du jour.



    Pour l’anecdote, « œufs brouillés » a failli être le titre de la chanson « yesterday » mais c’était en 1965… cela ne pouvait pas être pire qu’en 2022…

    Tableau de Michael Cheval sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2011/03/michael-cheval.html

  • Les portes cachées

    Plus je m’enferme dans les bois et plus je m’ouvre à la nature
    Comme une porte s’ouvrirait sur tout ce que mon cœur devine.
    Si l’univers pensait à moi lorsque je pars à l’aventure,
    Cette pensée m’assouvirait le cœur jusqu’à l’âme divine.

    Alors je fais mes expériences et je frappe à toutes les portes,
    Surtout celles qui sont cachées dans le quotidien ordinaire.
    Et dans le flot d’invariances que chaque jour banal m’apporte,
    S’ouvre toujours un panaché de choses extraordinaires.

    Tableaux de Rafal Olbinski sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2016/12/Rafal-Olbinski.html

  • Diane chasseresse d’amourettes

    Cupidon se fait remplacer parfois par Diane chasseresse
    Qui bande son arc un peu mou car elle agit à contrecœur.
    Lorsqu’elle voit un couple s’embrasser avec un peu trop de caresses,
    Elle s’impatiente et fait la moue si cela s’étire dans la langueur.

    Alors elle décoche une flèche sur les deux amants langoureux
    Enduite d’un aphrodisiaque pour activer leur libido.
    Dans la seconde, se pourlèchent plus vivement les amoureux
    Qui passent vite à d’orgiaque parties de la bête-à-deux-dos.

    Illustration de René Follet

  • Le dieu BoD

    Au commencement, BoD a créé l’encre noire et le papier blanc
    Puis, il a dessiné les cases, dans le premier recueil broché.
    Sur un scénario agréé avec des héros ressemblants,
    L’histoire, à la première occase, a, son lectorat, accroché.

    Aussitôt son premier réflexe fut de forcer la production
    Afin de croître et multiplier la bonne bande dessinée.
    Aussi mes frères, sans complexe et mes sœurs, sans introduction,
    Bénissez l’album publié tant que vous serez confinés !

    Illustration de René Follet

  • L’appétit sauvage

    La femme, d’un appétit sauvage, croque l’amour à pleines dents,
    Croque-monsieur pour commencer, croque-madame pour terminer,
    Soumet l’amour en esclavage, domine tous ses prétendants,
    Exige une vie romancée auprès de ses petits minets.

    Elle se nourrit de succulentes délicatesses parfumées
    À l’arôme des fleurs du mâle et ses ardeurs toutes puissantes.
    Elle s’engorge de truculentes flammes de passions consumées
    Pour ses délices animales et ses voluptés jouissantes.

    Illustration de Silvio Cadelo

  • Châtelaine à dorer

    La châtelaine adore prendre un bain de soleil
    Quand l’aurore lui dore son château en sommeil.
    Du haut de son donjon, nue, les bras élevés
    Exécute un plongeon d’un geste inachevé.

    Mais elle reste en suspens, accrochée aux nuages,
    La transe participant à l’ovation suave.
    Elle aime s’offrir, le corps vers l’aube envahissante,
    À Vénus dont l’accord la rend si ravissante.

    Illustration de Robert E. McGinnis

  • M’énerve avec son tam-tam !

    M’énerve, la voisine à faire du tam-tam,
    À faire hurler son chien, faire pleurer son gamin !
    J’entends de ma cuisine son éternel ramdam,
    L’organe œsophagien au cri presqu’inhumain.

    Aux matines sonnantes l’orchestre se déchaîne ;
    Au toutou ses abois, au gniard ses jérémiades.
    La voisine tonnante, une occasion prochaine,
    Je lui bats de mes doigts les fesses en marmelade.

    Illustration de Robert E. McGinnis

  • La paléontologue nue

    L’âme audacieuse de la jeunesse et l’expérience du passé
    Singulièrement se combinent dans la fille au pardessus vert.
    Comment devint-elle patronnesse des fossiles et des trépassés ?
    Emmenons-la dans la cabine pour l’explorer à cœur ouvert !

    Une fois ôtée la carapace de la demoiselle, sa tenue,
    Toute nue sous la gabardine, démontre l’impudeur notoire.
    Dans le musée, rien ne se passe, alors elle a entretenu
    Une réputation de gourgandine au département de préhistoire.

    Illustration de René Follet

  • L’air du large

    Lorsque je parle avec moi-même, je me détache du présent
    Et je discute du passé ou, pourquoi pas, de l’avenir.
    Mais il n’en naît aucun dilemme puisque je reste omniprésent
    Avec mes pensées ressassées qui ne cessent de revenir.

    Je m’en vais prendre l’air du large auprès des oiseaux de passage
    Que rien ne retient en arrière et rien ne pousse plus en avant.
    Ainsi je vide et je recharge mes accus comme un décrassage
    Et je reviens l’âme moins fière mais le cœur éternel rêvant.

    Illustration de René Follet d’après le personnage de Corto Maltèse créé par Hugo Pratt

  • Coquelicots in Blues

    L’hiver, manquant cruellement de coquelicots et bleuets,
    Força mon cœur aux rêveries via le tropique du capricorne
    Où Vénus, habituellement, déesse au corps long et fluet,
    Prenait ses bains dans les prairies aux reflets bleus de salicornes.

    Je vis sur sa peau argentine des tatouages entrelacés
    Comme pudique calicot imprimé à même le buste.
    Une ceinture serpentine, autour de ses reins, enlacée,
    Ornementée de coquelicots paracheva ce songe auguste.

    Astrid Blue photographiée par Agnieszka Lorek sur https://blueastrid.tumblr.com/post/175440929458/httpswwwfacebookcombluexastrid

  • Au jeu du chat et la souris

    Au jeu du chat et la souris, j’aimerais bien jouer à trois…
    Tantôt le chat, ce gros matou qui niche au creux de ton giron ;
    Tantôt la souris bien nourrie au fond de ton boyau étroit ;
    Tantôt la femme aux beaux atouts et ses amants, joyeux lurons.

    Au jeu du chat et la souris, j’aimerais bien jouer à quatre…
    Déguisé en un chat qui dort et qui te pelote les seins ;
    Baiser la bouche qui me sourit par ma langue vive et folâtre
    Qui, comme ton conquistador, pénètre au creux du saint des saints.

    Tableau de Anna Silivonchik sur https://www.thinkfeelart.com/anna-silivonchik

  • Le vieil homme, la sirène et la mer

    Le fabuleux combat épique entre un vieil homme et un Merlin
    Eut pour témoin une sirène qui suivit de près leur embrouille.
    Santiago, vieux pêcheur typique et un jeune garçon, Manolin,
    Partaient en mer, l’âme sereine mais rentraient tous les soirs bredouilles.

    Le vieux partit tout seul au large pour mettre fin à sa malchance
    Et mena une lutte acharnée contre un espadon gigantesque.
    Mais il ne put le mettre en charge et la sirène eut l’obligeance
    De lui conseiller d’ajourner son opération titanesque.

    Elle lui redonna du courage car il était temps qu’il s’arrête
    Et le soigna par ses massages, oui mais en tout bien tout honneur.
    Elle l’aida au découpage et de la tête et de l’arête
    Afin d’offrir par ce message qu’il avait trouvé son bonheur.

    Tableau de Anna Silivonchik sur https://www.thinkfeelart.com/anna-silivonchik

  • Comme un lundi bourgeonnant

    Lundi aurait pu être vert s’il était dédié au soleil
    Afin d’honorer la nature du premier jour de la semaine.
    Avec l’accord de l’Univers qu’un vent de comètes balaye,
    Lundi serait la signature de notre société humaine.

    Lundi aurait pu être rose s’il était dévoué aux fleurs
    Afin d’adorer les jardins et le bonheur à la campagne
    Qui réjouirait les cœurs moroses vidés de douleurs et de pleurs
    En invitant les citadins entre compagnons et compagnes.

    Lundi aurait pu être d’or s’il était coté à l’amour
    Plutôt qu’au fric qui fait l’affront d’être la seule raison de vivre.
    Mais le dimanche, tout le monde s’endort pour courir dès le petit jour
    Pour, à la sueur de son front, gagner le ticket pour survivre.

    Photos de Blake Kathryn sur https://trendland.com/blake-kathryns-sleek-3d-collaboration-with-fendi

  • Comme un lundi fleuri

    Lundi, jour bleu de la semaine, darde tout son soleil d’azur
    Aux premières heures du matin loin de la grisaille des villes.
    Cependant la marée humaine bat la cadence et la mesure
    Pour obtenir le quota atteint de son existence servile.

    Lundi, jour en accord au « La » de la nature chromatique
    Aux premiers oiseaux de l’aurore qui saluent la pointe du jour.
    Toutefois, l’homme est déjà las d’une expression fantomatique
    À écouter ceux qui pérorent pour lui oppresser son séjour.

    Lundi, jour au goût velouté de la primeur du potager
    Aux premières grappes mûries qui nous embaument les jardins.
    Néanmoins à n’en pas douter, l’homme passe son temps partagé
    Entre le risque de pénurie, le chômage et son coup de gourdin.

    Photos de Rhonda Buss sur http://rhondabuss.blogspot.com/2014/03/monday-morning-inspiration_24.html

  • Le confinement de Babel

    À force d’être confinés et pliés au télé-travail,
    Ils ont cherché à s’occuper dans les sous-sols qui avoisinent.
    Les couples se sont recombinés en un chaud caravansérail
    Et les naissances ont décuplé dans l’antichambre des voisines.

    Ils ont agencé les greniers, les caves et les dépendances
    Et comme ça ne suffisait plus, ils ont élevé les étages.
    Aujourd’hui, on ne peut pas le nier, leurs tours ont une telle importance,
    Qu’ils vivent heureux, bien sûr reclus, mais pour on n’sait quel héritage !

    Illustration de Marija Tiurina

  • L’affaire O’Micron

    By Jove ! Bon sang ! Mais c’est bien sûr ! L’O’Micron, c’est la marque jaune !
    Selon les uns, c’est l’ennemi et, selon les autres, un mirage.
    Les uns veulent qu’on les rassure, les autres refusent qu’on leur donne
    Un « passe » contre la pandémie qui les réduit en esclavage.

    Depuis Satan recombiné en un virus éparpillé,
    Les nouveaux dieux pharmaceutiques nous ont convertis à leur secte :
    « Frères et sœurs reconfinés, laissez-nous vous entortiller
    Par ce vaccin eucharistique qui tue plus qu’il ne vous infecte ! »

    Illustration de René Follet d’après les personnages d’Edgar P. Jacobs

  • La sorcière confirmée

    Au bout de la septième année, l’apprentie devient confirmée
    Maîtresse-amante de l’amour, experte des enchantements.
    Elle vit nue, la peau tannée par les plaisirs millésimés
    De mille-et-une, nuit et jour, pratiques de l’envoûtement.

    Dans la journée, elle s’enferme dans sa maison d’aspect revêche
    Pour se régénérer le corps dans sa fontaine de jouvence
    Qui lui procure les seins fermes, le dos droit et les cuisses fraîches
    Afin de battre tous les records et satisfaire ses exigences.

    Illustration de Robert E. McGinnis

  • L’apprentie-sorcière

    Ce soir, elle sera confirmée apprentie-sorcière débutante
    Lors de l’épreuve d’admission à sa requête solennelle.
    Elle va devoir s’affirmer simple mortelle exécutante
    Réclamant la disparition de son enveloppe charnelle.

    Intégralement nue et offerte aux rayons de la pleine Lune,
    Elle demande d’unir à son âme l’éternel féminin sacré.
    L’ancienne vie qu’elle a soufferte va céder à une opportune
    Nouvelle forme, nouvelle femme au corps divinement nacré.

    Illustration de Robert E. McGinnis

  • Épiphanie, c’est fini !

    Il semblerait que, cette année, l’épiphanie n’ait rien donné !
    Pas un seul petit jésus-christ n’a poussé dans les écuries !
    Pas le moindre petit messie ; hélas, le problème s’épaissit !
    Pas plus de sauveur que de cœur que dans celui d’un bookmaker.

    Aussi Chrétiens, mes très chers frères, Musulmans, Coptes et vos confrères,
    Je vous propose d’enterrer nos religions intempérées ;
    De ne plus féconder nos femmes par des prérogatives infâmes ;
    Et de tourner six ou sept fois nos crises de manque de foi.

    Illustration de Zainab Faidhi sur https://zainabfaidhi.com/the-onion/hmo78y9pj62iqwfdyjjypnms7wvsku

  • Commandée, payée, livrée – 3

    Regardez-moi ce petit lot que j’ai acheté récemment !
    Une carrosserie dessinée par des artistes italiens ;
    Au bas mot : cinquante kilos d’érotisme en plus d’agréments
    Pour célibataires confinés, ministres, énarques ou normaliens.

    Garde-robe en abonnement car on ne lave plus, on jette !
    La nourriture est variée selon les moindres occasions ;
    Caviar d’Iran, tout bonnement, pour que vous puissiez faire la fête,
    Amuses-bouches appariés et gâteries à profusion.

    Mais – un conseil – n’achetez pas le modèle qui fait des marmots.
    Bien sûr, vous aurez l’avantage d’une poitrine généreuse
    Mais vous verrez fondre ses appas et s’envenimer tous les maux
    Qui coûteront – désavantage ! – des prises d’options onéreuses.

    Illustration de David Wright

  • L’œil Annie-mâle

    La femme sait percer les hommes et l’homme sait scanner les femmes ;
    Elle, d’un petit regard en arrière vous a déjà dévalué ;
    Lui, son regard fait un slalom entre les courbes de la dame
    Puis, la contourne par derrière pour, en 3D, l’évaluer.

    Le potentiel de l’œil du mâle est poussé à son paroxysme ;
    Il déshabille à la seconde et pénètre par la pensée.
    Si, rétrograde et animal, il est jugé pour son sexisme,
    Son imagination féconde n’en sera point récompensée.

    Illustrations de Pierre Brenot

  • Commandée, payée, livrée – 2

    Il reste le choix cornélien : organique ou bien robotique ?
    L’organique est plus naturelle, la robotique artificielle.
    L’un, à la base machiavelien, l’autre sans doute trop synthétique
    La première plus culturelle, la seconde plus superficielle.

    Pour éviter une marâtre, une Folcoche « vipère au poing »,
    Le service d’achats, des plus sévères, se fournira à l’étranger ;
    L’après-vente sera acariâtre, sur les retours en tous les points
    Et assurera que les mégères sont ni reprises, ni échangées.

    Un peu comme à la Loterie, on gagnera le premier lot
    Ou bien un lot de consolation ristourné à la braderie.
    Certes, à la fin, les moqueries finiront par tomber à l’eau
    Puisque il n’y aura pas violation mais simple camaraderie.

    Photo de Tim Walker

  • Le cygne détend

    C’est fou ce qu’un cygne détend quand tu le serres dans tes bras
    Et qu’il te serre entre ses ailes en tête-à-tête et cou-à-cou !
    Bien sûr, c’est un signe des temps de faire communiquer ses chakras
    À l’ordinaire et avec zèle pour un bien-être au moindre coût.

    Et s’il n’y a pas assez de cygnes, on prendra de vilains canards
    Puisqu’en principe ils le deviennent au bout du conte d’Andersen ;
    Sinon, les coqs sont aussi dignes que les poules sont le panard.
    Que l’ornithologie advienne « La » nouvelle thérapie saine !

    Illustration de Demelsa Haughton sur http://www.demelsahaughton.co.uk

  • Commandée, payée, livrée – 1

    La vie se résume aujourd’hui à commander notre bonheur,
    Puis, attendre sa livraison et le payer à échéance.
    La nourriture et les produits nécessaires à nos bonnes mœurs,
    Car il n’y a nulle raison que nous tombions en déchéance.

    On achète facilement du sexe mais quant aux femmes… ça ballotte ;
    C’est dommage car les catalogues nous en proposent de tous les âges.
    J’aurais bien choisi, sans complexe, celles qui montrent leurs culottes
    Sur la Redoute, Paris en Vogue, où j’ai mouillé toutes les pages.

    Puisqu’internet est à la mode, un jour ma Startup lancera
    Un rayon « femmes à tout faire » ; « épouses, bonnes ou courtisanes ».
    Comme à tout âge on s’accommode d’accessoires, elle lancera
    Bien packagée, un savoir-faire d’une habileté partisane.

    Karen Elson photographiée par Tim Walker sur https://anneofcarversville.com/style-photos/2018/9/17/idzyd9trvhf34zjv4feyk2d9d8sl3y

  • Hieronymus


    Exit le jardin des délices, ils ont dû sortir de leur bulle
    Et affronter, le cul à l’air, tous les dangers de la nature.
    Ils se sont couverts de pelisses et ont opté, sans préambule,
    D’oublier les impopulaires sanctions des saintes écritures.

    Mais aujourd’hui, rien ne va plus ! Dieu est interdit de séjour.
    Le sexe est devenu tabou et la reproduction infâme.
    Toutefois il n’est pas exclu que l’être humain parvienne un jour
    À un avenir qui tienne debout mais sans les hommes et sans les femmes.

    Extrait du tableau Hieronymus de Jérôme Bosch et revu par Tim Walker

  • Le cerf blanc morose

    Au pays des biches moroses, les cerfs sont blancs évidemment
    Mais quand celles-ci sont aux abois, ceux-là ne les entendent pas.
    On leur peint les sabots en rose afin que les sourdingues amants
    Leur fassent des signes avec les bois et puissent devenir papas.

    Il faudrait bien trouver la cause à une telle absurdité ;
    Les éleveurs perdent patience et tout le cheptel diminue.
    Qu’est-ce qui provoque leur psychose et entraîne leur surdité ?
    Sans doute qu’ils ont pris conscience de leur friande déconvenue…

    Tableaux de Daria Petrilli

  • La clef du cœur

    Lorsque vient le temps des secrets, la pudeur devient primordiale
    Et le cœur, sur sa défensive, exige la fidélité.
    Seul, un petit oiseau s’agrée des communications cordiales
    Par son allure inoffensive et sa célèbre intégrité.

    Bien sûr ! C’est l’oiseau messager, qui distribue les confidences
    Selon si la clef qui s’agréée correspond à l’expéditeur.
    Si les petits flirts passagers cherchent encore leurs correspondances,
    Ils ont beau faire de simagrées, ils ne seront point créditeurs.

    À chaque amour, chaque alliance, une combinaison éprouvée
    Dont seul l’amant et seule l’amante peuvent s’affranchir comme un tampon.
    Hélas il y a des défaillances et il aurait été prouvé
    Que des fausses clefs infamantes circuleraient sous les jupons.

    Tableau de Daria Petrilli

  • Le fol amour à Paris

    Décidément la Tour Phallique attire encore les amoureux
    Du mois de mars au Champ-de-Mars jusqu’aux confins automne-hiver.
    Le feu au cul des basiliques laisse Cupidon langoureux
    Décochant ses flèches éparses en les lorgnant d’un œil sévère.

    Après tout la Dame de Fer peut s’imposer en chaperon
    Puisqu’elle veille sur Paris et tous les couples illégitimes
    Qui vraiment n’ont pas à s’en faire car Elle bénit ces fanfarons
    Qui viennent tromper les maris et les épouses légitimes.

    Remercions Monsieur Eiffel d’avoir posé ce baromètre
    Qui note le temps des amours et les passions dans les chaumières.
    Car il suffit d’une étincelle pour faire monter le thermomètre
    Des coups de foudre au petit jour sur Paris, la ville lumière.

    Tableaux d’Andrei Protsouk

  • Aquatic love – 3

    Depuis les lacs verts de Bavière jusqu’enfin le Lac de Constance,
    Nous suivrons la route du tendre en naviguant sur ses cours d’eau.
    Nous remonterons les rivières jusqu’à leurs sources en circonstance
    Pour faire fondre sans attendre l’éclat de notre libido.

    La Suisse, côté allemand, nous y boirons dans ton calice
    Les eaux-de-vie alémaniques vives comme tes cuisses fraîches.
    Nous irons dans le Lac Léman nager lorsque le soir pâlissent
    Les chaînes de montagnes titaniques qui l’abreuvent de torrents revêches.

    En descendant par l’Italie, du Piémont à la Vénétie,
    Nous prendrons les lacs romantiques aux coups de foudre surannés.
    Et quand sonnera l’hallali de nos douces péripéties,
    Nous vivrons d’amours authentiques dans la mer Méditerranée.

    Illustrations de Lorenzo Mattotti

  • Le patient Zorro

    Savez-vous porter le masque à la mode de chez nous ?
    On le porte sur la bouche, bien remonté sur le nez.
    Mais ne soyez pas fantasques et ne portez pas un loup
    Qui vous donnerait l’air farouche parmi les gens confinés.

    Mais en cas de pénurie, quand nous manquerons de tout,
    Vous pourrez voler aux riches leurs biens et tout leur argent.
    Vous vengerez l’incurie du gouvernement ripoux
    En rendant tous les bakchiches à toutes les petites gens.

    Tableaux de Daria Petrilli

  • Le magasin des suicides

    Venez goûter dans nos boutiques la joie d’ôter l’envie de vivre ;
    À consommer ou à offrir mais à déguster lentement.
    Cercueils cirés à l’encaustique, cordes à pendu qui vous délivrent
    De votre angoisse de mourir pour vivre plus rapidement.

    Apportez à vos belles-mères un flacon de bouillon d’onze heures,
    La cigarette du condamné et l’ultime verre de rhum.
    Le temps d’aimer si éphémère permet la mort dont la valeur
    N’attend point le nombre d’années pour faire souffrir son bonhomme.

    Photo de Paul Kurucz

  • Mosaïques – 2

    Rien ne se perd rien ne se crée, tout se transforme à volonté !
    La matière sait recombiner ses atomes et son énergie.
    Quant à la question consacrée au salut de l’âme escompté,
    Dieu nous a tous embobinés dans l’espace-temps en synergie.

    Je suis noyé en mosaïques dans tous les humains de la Terre
    Je suis vous et vous êtes moi dans une création d’illusions.
    Et l’incarnation prosaïque dont je ne suis que locataire
    Sonne le bail en fin de mois sans garantir de conclusion.

    Nous voulons tous la même chose ; vivre et survivre après la mort
    Et nous voudrions que de flot d’âmes ait une raison d’exister.
    Sans doute la métamorphose ne laissera aucun remords…
    En attendant, Messieurs, Mesdames, vivez, mourrez sans insister !

    …mourrez dans la perplexité !
    …mourrez devant l’adversité !

    Tableaux de Natalia Shatrova

  • Mosaïques – 1

    Dans le désordre naturel de l’expression de l’existence,
    La beauté apparait au cœur de ce qui cache le mystère.
    J’y cherche l’ordre surnaturel d’un Dieu ou bien de sa présence
    Comme si j’étais chroniqueur de la vérité de la Terre.

    Tout ce qui s’emboite en accord avec les lois de l’esthétique
    Semble avoir été désiré par quelque artiste fantastique.
    J’aspire à trouver le raccord afin d’en percer l’authentique
    Secret des dieux pour soutirer tout l’enseignement scolastique.

    Une fois que tout est en ordre, rien ne va plus, tout est faussé !
    Je n’ai fait que mettre des noms sans rien comprendre à leur essence.
    Tant pis si je dois en démordre car ma quête, loin d’être exaucée,
    M’aura entrouvert un chaînon pour éveiller ma connaissance.

    Tableaux de Natalia Shatrova