Catégorie : 2022

  • La reine entre deux rois

    Le roi de droite hache le temps pour ne pas perdre une seconde.
    Son temps, précieux comme l’argent, est minutieusement compté.
    Économe du moindre instant, il fait payer à tout le monde
    Un impôt qu’il va partageant avec ses amours escomptées.

    Mais la Reine, elle ne compte pas ; l’amour ne sait pas ce défaut.
    La Reine attend impatiemment que son roi cesse cette addiction.
    Le temps, quand il part au combat, suspend son vol en porte-à-faux ;
    Elle s’en va chercher galamment un réconfort à l’affliction.

    Le roi de gauche, d’un amour ivre, ne fait pas les choses à moitié ;
    Dans sa tête, le temps peut trotter avec ses courses contre la montre !
    Lui, c’est un homme du temps de vivre, du temps d’aimer et de châtier
    Et quand la Reine vient s’y frotter, impétueuse est la rencontre.

    Tableaux de Victor Nizovtsev

  • L’éternité perpétuelle

    Il est interdit de mourir sous peine d’aller en prison
    Car la mort devient illégale et votre vie obligatoire !
    L’idée n’a cessé de nourrir cette suprême guérison
    Que l’homme espère sans égale, orgueilleuse et jubilatoire.

    Mais l’homme dans cet ouroboros devra réviser sa copie
    Car l’excès de reproduction devient super population.
    À moins que la mort, plus féroce, vienne braver cette utopie
    Et passe à la surproduction de virus en circulation.

    Illustration de Yulya Shironina

  • Le passe en manque d’air

    Dans un pays imaginaire, l’air est imposé par l’état
    Qui vous oblige à respirer au moyen d’un adaptateur ;
    Grosse machine poitrinaire mais encore en version bêta
    Dont le design est inspiré de nos anciens aspirateurs.

    Évidemment tout le monde triche car le sommeil n’est pas taxé
    Et le virus du sommeil frappe tous les systèmes immunitaires.
    Et comme on ne prête qu’aux riches, ceux-ci se trouvent surtaxés
    À cause des pauvres qui s’attrapent tous un coma communautaire.

    Tableau de Robert Heindel sur http://todaysinspiration.blogspot.com/2013/11/another-look-at-robert-heindel.html?m=1

  • Ève et la licorne

    Quand Dieu parlait aux animaux, ceux-ci l’écoutaient en silence
    Mais ses échanges avec Ève lui donnaient du fil à retordre.
    Il en parla à demi-mot, car il n’aimait pas l’insolence,
    À Adam, son meilleur élève, afin qu’il y mette de l’ordre.

    Celui-ci à bout d’arguments s’en alla trouver la Licorne
    Lui proposant d’intervenir grâce à son don de télépathe.
    Ainsi dans un grand dénuement, Elle alla proposer sa corne
    À Ève qui la vit venir se dandinant des quatre pattes.

    Avec Ève, l’organe phallique fit des miracles coutumiers
    Comme y réussissait son homme quand il désirait décharger.
    Mais le serpent machiavélique les invita sous le pommier
    Et embrocha autant de pommes que la licorne pouvait charger.

    Elles mangèrent le fruit défendu en bénissant l’initiative.
    Ainsi Dieu punit le serpent, Adam et Ève, puis, la licorne.
    Les trois premiers furent descendus de toutes leurs prérogatives
    Et la licorne, à ses dépens, perdit et son nom et sa corne.

    Sculpture d’Elya Yalonetski sur https://www.artfinder.com/artist/yalonetski/?epik=dj0yJnU9UzF4ZnFPcUhzaTJuMmE0SkNpN0JwQ2lBQmJVd3NuY2cmcD0wJm49OUZRY0NvdERBUlFTYUhyQkdTWGR5USZ0PUFBQUFBR0hFTG8w

  • Vendredi en bocal

    Il faut pêcher vers l’extérieur encore plus loin, en haute mer
    Car les poissons ont disparu de nos rivières et nos étangs.
    Et moi, cloîtrée à l’intérieur de mon confinement amer,
    J’ai trop d’étiquettes parcourues, labellisées au fil du temps.

    Le thon a payé son octroi à l’imposition de la pêche ;
    Le hareng sort de temps en temps garni de sauce rémoulade ;
    La sardine à l’huile à l’étroit avec les pilchards escabèche
    Et le saumon sont mécontents du mercure qui les rend malades.

    Illustration de Marija Tiurina

  • Cupidonia

    Cupidonia largue ses flèches toutes ensemble en une seule fois
    Pour décocher le maximum de prétendants à ses avances.
    Si d’aventure elle se pourlèche à l’idée de plusieurs renvois
    De consentements optimums, elle devra tenir la cadence.

    Cupidonia, organisée, possède plusieurs cordes à son arc ;
    Autant de chambres, autant de lits afin d’accueillir tout le monde.
    Comment peut-elle totaliser tant d’amours et mener sa barque ?
    Répondez donc à sa folie et… attendez qu’elle vous réponde.

    Source : https://issuu.com/lofficiel_levant/docs/ol62/71?epik=dj0yJnU9RkcwLWF3Q0Jyd2RxZlh0Wm5JSTB6TTBKUTZaNWcyOC0mcD0wJm49b2VLNl9RRVgxUl8yN2t4UzZWSjdUZyZ0PUFBQUFBR0hDNzV3

  • Croisements et transits

    Enfermé dans sa tour d’ivoire, il regardait passer le temps,
    Regarder s’écouler le fleuve de son impassible existence.
    À chaque heure il savait prévoir les habitudes des habitants
    Qu’il fasse soleil ou qu’il pleuve… Ô éternelle inconsistance.

    J’en ai vu des maisons semblables avec les mêmes locataires
    Qui comptabilisent le monde comme une gare ferroviaire.
    Les histoires invraisemblables animent leurs vies terre-à-terre,
    Spectateurs à chaque seconde du temps au fil de la rivière.

    Tel est, condamné dans sa tour, le sort de notre ancien champion
    Qui a chuté au jeu de l’oie sur la case de la prison.
    Dès lors, Il doit passer son tour en attendant qu’un autre pion
    Tombe sous le coup de la loi et lui ouvre son horizon.

    Tableau de Richard Johnson sur http://www.richardjohnsonillustration.co.uk

  • La mécanique du kamasutra

    Dans la machine de l’amour, les engrenages se déchaînent ;
    Toutes les articulations entraînent un moteur de plaisir.
    Un peu d’huile, un soupçon d’humour, oindront jusqu’à l’année prochaine
    Les rouages de la passion sur tous les ressorts du désir.

    Le kamasutra mécanique, soumis aux lois de la physique,
    Demande beaucoup d’énergie et planifie ses rituels.
    Au début, un peu de technique mais, après beaucoup de pratique,
    Le tout s’anime en synergie d’un mouvement perpétuel.

    Et pour fêter la chandeleur, étalez-la comme une crêpe ;
    Elle tiendra le manche de la poêle bien huilée et toute brûlante.
    Par petits gestes batifoleurs, fourrez-la de crème et de cèpes
    Et digérez l’ensemble à poil au cours d’une sieste succulente.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • La femme qui partait en fumée

    Au printemps, les filles de joie en amour font feu de tout bois ;
    En été, les filles embrassées rougissent et leurs cœurs s’embraser ;
    À l’automne, fille devient femme et les grands sentiments s’enflamment ;
    En hiver, d’amours consumées, les femmes partent en fumée.

    Le cœur agit comme un creuset où les passions sont abrasées
    Puis, chauffées aux feux de l’amour toute la nuit jusqu’au petit jour.
    Enfin sous l’empire des sens, le corps brûle de toute son essence
    Et l’esprit vient s’acheminer par l’âme en forme de cheminée.

    Photo de Smwallday

  • Toute la misère du monde

    Les Africains, les Kosovars et tous les désorientés
    N’apportent pour toute richesse qu’un ADN à bonifier.
    Jamais de France et de Navarre, l’assaut ne fut tant commenté
    Par ceux qui se désintéressent d’une planète à unifier.

    Aujourd’hui beaucoup d’animaux sont acclimatés à la ville
    Et commencent à frapper aux portes pour réclamer un pied-à-terre.
    Ainsi les besoins minimaux de notre société civile
    Vont s’adapter, en quelque sorte, à tout habitant de la Terre.

    Tableau de Marion Peck sur http://miroirmagazine.com/2012/11/04/marion-peck

  • La princesse et le marque-page

    « La princesse et le petit pois » reste le moyen efficace
    Pour reconnaître la fine fleur parmi les boutons putatifs.
    J’avance un argument de poids chez les libraires perspicaces
    À glisser, d’un mot qui affleure, un marque page figuratif.

    Seule une lectrice assidue remarquera le madrigal
    Et appréciera la valeur du cœur d’un galant bouquiniste.
    Et tous les autres individus resteront frustrés sans égal
    D’une vie sans la moindre chaleur d’une romance opportuniste.

    Tableau de Vladimir Kush sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2012/10/Vladimir-Kush.html

  • Le cœur sur la main

    Tout ce que j’ai à vous offrir et qui me vient de mes parents
    Est réduit à mon appareil reproducteur et génital.
    Mais combien de fruits à mûrir dans ce jardin accaparant
    Qui sonnent, à nul autre pareil, comme un suprême récital !

    Serait-ce le fruit du hasard ou sagesse de l’évolution
    Qui font recombiner nos gènes en transmutations héritables
    Vers l’excellence d’un Mozart qui ferait sa révolution
    Ou le génie d’un Diogène qui cherche un homme véritable ?

    Tableau de Ekat sur http://www.ekat.fr/peinture-blanches.html

  • Tout ce qui me passe par la tête

    Une fois le grand nettoyage effectué dans ma maison,
    Dans tout le cœur, dans tout le corps, reste celui de mon esprit
    Où ont dormi, gens de voyage, anges et démons en déraison,
    Qui ont battu tous les records pour remporter le premier prix.

    Infos, intox, non recyclables iront à l’incinérateur ;
    Vos mises en boîte de conserve dans les containers à métaux ;
    Vos convictions invraisemblables feront rire les narrateurs
    Et j’autorise qu’ils s’en servent sans qu’il n’y ait droit de veto.

    Illustration de Marija Tiurina

  • En déballant ce que j’ai dans le cœur

    Au printemps, les grands nettoyages permettent de vider tout le corps
    De tout ce qu’il a assimilé durant toute la morte saison.
    À commencer par un voyage pour aller battre des records
    Dans ce qui est dissimulé dans mes mémoires sans raison.

    Puis, tout ce que j’ai sur le cœur est vidangé par les artères ;
    Après, je purge la vieille cave, la veine et le système porte ;
    La bile, cette amère liqueur, et tous les fluides délétères
    Finissent dans la fosse concave en compost de natures mortes.

    Quand tout est lavé et vidé, je remplis de petits bonheurs ;
    Belles images dans la mémoire, avec coups de cœurs en folie ;
    Les amitiés consolidées sont inscrites au tableau d’honneur
    Et j’efface de tous mes grimoires toute trace de mélancolie.

    Illustration de Marija Tiurina

  • Trois matins de Shéhérazade

    Au gui l’an neuf tout recommence, Shéhérazade se met en transe
    Après sa nuit bleue et profonde, elle déguste un thé au jasmin.
    Elle redémarre une romance avec intrigues à outrance
    Pour que le Sultan se morfonde à patienter jusqu’à demain.

    À Pâques ou à la Trinité, la vie, la mort s’enchaînent encore
    Comme une éternelle routine qui vit qui meurt et puis, renaît.
    Perpétuelle féminité qui rythme neuf mois de son corps
    Depuis les prémices enfantines dont les amours tambourinaient.

    À Noël comme au réveillon, Shéhérazade se fait vieille ;
    Les mille-et-une nuits corrodent un peu le cœur, beaucoup la femme.
    Elle guette le premier rayon d’un soleil que trop longtemps veillent
    Ses yeux fatigués émeraude brillant sur les bleus de son âme.

    Costumes du ballet « Shéhérazade » de Nicolas,Rimsky-Korsakov par Boris Israelevich Anisfeld

  • Jardinières des quatre saisons

    Comment avoir une main verte lorsque j’ai le cœur à l’envers ?
    Peut-être avec des fleurs à rire, rire jaune de préférence.
    Les Jonquilles me déconcertent, les tournesols sont un calvaire
    Lorsque je les vois parcourir d’Est en Ouest leurs révérences.

    Comment paraître un peu fleur bleue lorsque j’affiche un air morose ?
    Sans doute avec des fleurs couleur d’un ciel d’azur et pastoral.
    Les hortensias trop globuleux, les myosotis pas assez roses
    Et l’agapanthe d’une pâleur à me rabaisser le moral.

    Comment écrire à l’eau de rose quand j’écris des poèmes tristes ?
    Probablement des fleurs du mal trempées dans un parfum de joie.
    J’ai des coquelicots dans ma prose avec des épines du christ
    Mais si leur rouge est optimal, l’encre est d’un effet rabat-joie.

    Et comment offrir des fleurs blanches à celle qui se marie demain
    Et qui me blesse ainsi le cœur par les épines du mariage.
    Hélas je pleurerai dimanche et jetterai sur le chemin
    Toutes mes bouquets avec rancœur et ma boîte de coloriage.

    Photos d’Endo Ayumi

  • Cachés, masqués, violés

    Pour vivre heureux, vivons cachés mais pas ensemble, s’il vous plaît
    Car je sens des mains baladeuses et des intentions impudiques.
    Jamais ne pourrez détacher cette attraction qui vous complaît
    Arguant la nature galvaudeuse et le beau sexe fatidique.

    Aujourd’hui tout est inversé ; pour vivre heureux, vivons masqués ;
    Cachons notre naïveté derrière un passe sanitaire
    Jusqu’à ce que soient renversés ces polichinelles fantasqués
    Qui nous plongent en lasciveté dans un régime totalitaire.

    Illustration de Marija Tiurina

  • En queue de poissons rouges

    Tout finit en queue de poisson quand tout débute par la peur
    Car à trop noyer le poisson, il finit cuit à la vapeur.
    Fi de ces sérums incolores, ces eaux de mer pour V.I.P.,
    Ces catastrophes indolores et la vaccinothérapie !

    Et si tous ces milliards de doses finissent par aller dans la mer,
    Les poissons auront l’overdose d’effets secondaires amers.
    Bientôt quand j’irai à la pêche, je risque à mon tour d’être happé
    Par tous les revanchards revêches de la lignée des rescapés.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Le bal des sirènes sans-gène

    J’ai reçu une invitation dans l’aquarium de mon poisson.
    Une enveloppe bleue nacrée, toute petite et qui flottait
    Presque comme en lévitation, à la surface comme un glaçon.
    Je lus ce petit mot sacré avec la voix qui chevrotait :

    « Cher Monsieur, vous êtes invité au bal des sirènes sans-gène.
    Lundi soir, juste après la douche, approchez-vous, nu, du bocal.
    Plongez dans sa concavité et n’ayez crainte pour l’oxygène ;
    Nous vous ferons du bouche-à-bouche pour un petit bonheur buccal. »

    Illustration de Scott Gustafson sur http://madamkartinki.blogspot.com/2012/12/scott-gustafson-1.html

  • Ses vendredis à elle

    Elle voulait changer d’atmosphère et se retirer de ce monde
    Où ne reste nulle île déserte ni oasis en plein désert.
    Les montagnes ou la stratosphère lui donnant des nausées immondes,
    La mer apparut plus ouverte et les poissons pas moins diserts.

    Elle a échangé son local qui sentait trop l’air confiné,
    Étanchéifié ses fenêtres et rempli d’eau l’appartement.
    Puis elle a passé le bocal avec deux doigts d’air comprimé
    Enfin elle s’est sentie renaître et son poisson, également.

    Photo de Sophie Black

  • La beauté du futur

    Hier, les critères de beauté flattaient les grasses silhouettes
    Et les grands peintres ont exposé leurs plus aimables corpulences.
    Mais aujourd’hui, mal fagotées, les femmes se montrent fluettes
    Au risque d’être indisposées et emmenées en ambulance.

    Gageons que la mode optera pour le retour des rondelettes
    Et Barbie-Boudin relookée rendra aux grosses leur prestige.
    Jamais ton gras ne cachera, finies les cuisses maigrelettes
    Et bienvenue sur le Touquet Ô Vénus aux fesses callipyges !

    Photo de Carolina Mizrahi

  • Saint-Michel-l’Ange

    Quand le matin, les mots s’échappent dans le brouillard de mes pensées,
    Je lâche prise au descriptif de ce spectacle féerique.
    Pas une émotion ne réchappe à l’œil du cœur récompensé
    Justifiant ce droit perceptif par son pouvoir allégorique.

    Et lorsque la lumière change, les mots se vident de leur sens
    Car ils me paraissent éphémères devant la beauté indicible.
    J’écoute le vent qui échange ses impressions dans cette essence
    Où le verbe ne peut que se taire sinon d’une prose invisible.

    Photos de Mathieu Rivrin

  • Amsterdam

    Drôles de dames à Amsterdam dans chaque immeuble, à chaque étage !
    Comme une maison de poupées issue d’un faux conte de fées.
    Car ne vous trompez point de dame ! Ces fées-ci ne sont pas très sages !
    Plutôt fessues, tête coupée, plutôt sorcières échauffées.

    Elles traversent les cloisons et communiquent par les greniers,
    Par les toits et les cheminées et par les caves les plus proches.
    Le Sabbat en toutes saisons se fête avec les chaudronniers
    Qui se sont tous acheminés pour mourir d’amour à la broche.

    Photo de Arden_nl

  • Et Dieu a dit « volez ! »

    Combien sont-ils affolants, ces merveilleux fous volants
    Dans leur drôles de machines qui nous font dresser l’échine.
    Sur les ailes de la foi, plus près de Dieu toutefois,
    Ils ne craignent le vertige, eux, les rois de la voltige !

    Si tu as le vent en poupe et que rien ne te la coupe,
    Choisis ton baptême de l’air dans un avion similaire.
    Tu y croiseras les anges et, si l’avion les dérange,
    Ils t’accorderont tes ailes si le pilote fait trop de zèle.

    Source clipmass.com

  • L’hôtel du virage

    Ce n’est pas l’hôtel du rivage mais plutôt celui du virage
    Et la marée est remplacée par des coups de freins bien placés.
    Venez y dormir toutefois, ne serait-ce qu’au moins une fois,
    Pour assister aux accidents célèbres dans tout l’Occident.

    Ne cherchez pas ! Il est en Suisse. Hélas je crains que l’on ne puisse
    Y loger sans passe sanitaire ! Dommage, il était salutaire
    D’y dormir la fenêtre ouverte afin de faire comme découverte,
    La montée des non-rescapés par-delà les monts escarpés.

    L’hôtel Belvédère est un hôtel situé sur la route du col de la Furka près du glacier du Rhône dans le canton du Valais en Suisse – Photographié par Tom Juenemann

  • Au pas de la pie

    Au pas de la pie qui chante, la queue basse, la tête haute,
    Avec la garde montante, nous marchons sans faire de faute.
    Sonne trompette éclatante, sonne, résonne et tressaute
    Sous la cadence battante du tambour qui ravigote !

    À l’école des maraudeurs, des voleurs, des chapardeurs,
    Nous apprenons la discipline sous l’égide de la pie voleuse.
    Marchant au pas du rôdeur, pas feutrés avec ardeur,
    Entraînés pour la rapine, c’est nous la Garde Enjôleuse.

    Photo de Fatihcindemirrr

  • L’onde du souvenir

    Si j’écris « DIEV » à la romaine, il est l’anagramme du « VIDE »
    Telle la vie liée à la mort qui ne sont qu’un reflet changeant.
    Ainsi s’écoule ma semaine au fil du souvenir avide
    De celle qui laisse tant de remords derrière mon cœur si exigeant.

    J’aperçois partout son essence dans la Lune aux rayons d’albâtre
    Qui se combinent à la pénombre pour en révéler son image.
    Fantomatique évanescence dont mon cœur ne cesse de battre
    Quand je me réfugie dans l’ombre d’une prière à son hommage.

    Tableaux de Rob Gonsalves sur https://www.boredpanda.com/magic-realism-paintings-rob-gonsalves/?utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic

  • Ondes mâles et femelles

    Les énergies antagonistes contribuent à nos décisions
    Comme synergie de deux forces masculine et féminisante.
    Ces deux acteurs protagonistes jouent un rôle de précision
    Sur une Terre qui s’efforce vers une vie fertilisante.

    J’aime écouter mon intuition comme un écho complémentaire
    Qui me souffle le sens du vent pour en utiliser la force.
    Ensemble, sans compétition, nos deux egos supplémentaires
    Font l’effet d’un soleil levant repoussant les ombres retorses.

    Tableaux de Rob Gonsalves sur https://www.boredpanda.com/magic-realism-paintings-rob-gonsalves/?utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic

  • L’étoile mouvante

    Que ne suis-je tortue, ma maison sur le dos
    Avançant lentement au rythme des saisons ?
    Que ne suis-je escargot dont la seule libido
    Est d’être hermaphrodite sans aucune raison ?

    Mais je ne suis que torture et je cours et je cours
    À la course à l’argent à la course du temps.
    La vie prend ma valeur pour en suivre le cours,
    Lui faut monter la cote par des krachs rebutants.

    Suis-je encore vivant quand j’arrête la course
    En voyant tous les autres accélérer leur pas ?
    Hors du temps désormais autour de la Grande Ourse,
    Je ne suis qu’une étoile échappée du combat.

    Illustration de Marija Tiurina

  • L’oiseau et son modèle

    Vêtue de robe de rosée, fleurie d’un rayon de soleil,
    Elle apparut au maître-oiseau comme un modèle, comme une idée.
    La muse métamorphosée en déesse en demi-sommeil
    Émergeant entre les roseaux inspira l’artiste décidé.

    L’oiseau, un peintre méconnu dont la carrière battait de l’aile,
    Livra une toile immortelle malgré la critique timorée.
    Hélas pour la belle ingénue, celle-ci n’eut droit à pareil zèle
    Et retourna dans l’éternelle et bien mystérieuse forêt.

    Illustration d’Emmanuel Lepage

  • Amours d’antan, d’hier et d’aujourd’hui

    Amours d’antan, datant d’autant d’années que de nouvelles lunes
    Résonnent encore dans l’Histoire, Égypte ancienne et Rome antique.
    Reines et rois omnipotents ou gentilshommes de fortune
    Nous ont légué ce goût notoire pour les épopées romantiques.

    Amours d’hier et d’avant-hier restent sur les photographies
    Le témoignage des passions de nos grands-pères pour nos grand-mères.
    Familles pauvres ou condottières avec ou sans biographies
    Nous ont laissé la compassion envers d’impossibles chimères.

    Les amours d’aujourd’hui s’accordent avec les rêves de princesses,
    Avec l’argent et les voyages, avec les shows télévisés,
    Avec ruptures et discordes, avec problèmes de grossesses…
    Pour rire après le troisièmes âge de toutes nos billevesées.

    Illustrations de Mike Willcox

  • Mes ballets d’école

    Si j’endors tous ces petits « moi » qui veulent diriger ma vie,
    J’arrive alors à retrouver le chemin de mon âme pure.
    Et je retrouve avec émoi tous ces fragments avec envie
    Qui se réveillent pour m’éprouver et m’allouer cette coupure :

    Dans le globe de mon enfance, dansaient des ballets merveilleux
    Sur des musiques féeriques et des pays imaginaires.
    Mes petits neurones sans défense, encore en état sommeilleux,
    Pensaient en idées génériques pas encore extraordinaires.

    Dans le flou de l’adolescence, ils se sont mis à tournoyer
    Sous l’effet de testostérone dictée par mes pressentiments.
    Tous mes sens en effervescence s’en retrouvaient soudain noyés
    Afin que le cœur fanfaronne à éprouver ses sentiments.

    Aujourd’hui le cœur accélère ou bien la Terre tourne trop vite
    Et moi, j’orbite dans mon refuge autour d’un ballet endiablé.
    Toutes mes pensées parcellaires quittent mes neurones et lévitent
    Sous cette force centrifuge produite par un monde accablé.

    Photos de Tim Walker

  • Laisse se démerder ton meilleur ennemi

    Depuis longtemps que l’on m’invite à partager le feu des dieux,
    M’accepte-t-on comme chasseur ou comme gibier potentiel ?
    Au premier réflexe j’évite de rencontrer ces gens odieux
    Malgré l’attrait d’une âme-sœur ou d’un ami circonstanciel.

    Je fais semblant d’être en mesure d’être mis sur un piédestal
    Mais des courants antagonistes m’échauffent et mon cœur et mon âme.
    Quand le feu de la démesure brise tous mes vœux de vestale,
    Là, je deviens protagoniste et réagis tout feu tout flamme.

    Ainsi quand la littérature et le cinéma me préparent
    À un avenir pragmatique où l’élite sera épurée.
    J’y vois des signes contre-nature visant à ce que l’on sépare
    Les sceptiques des fanatiques pour mieux aller à la curée.

    Illustration de couverture de Ted Benoît pour « L’affaire Francis Blake »

  • La métamorphose du démerdard

    À force d’être complotiste, à force d’être démerdard,
    À force d’être confinés, j’en subis toute l’évolution.
    Forcé d’être indépendantiste envers l’état qui brandit son dard,
    Harassé d’être dominé, mon corps fait sa révolution.

    Ainsi toute ma tête explose de tous ses réseaux neuronaux
    Et met l’hippocampe en duplex avec l’hypophyse et ses lobes.
    Ensuite ma mémoire implose et par ses canaux coronaux
    Mon cœur surgit dans ce complexe avec le chaos qui l’englobe.

    Illustration de Marija Tiurina

  • La renaissance de Vénus

    Les anciens dieux sont partagés ; se faire oublier ou revenir ?
    Jupiter se sent trop âgé d’avoir perdu ses souvenirs ;
    Vénus hésite en désespoir entre mariage et célibat ;
    Et Mars a perdu tout espoir de gagner son dernier combat.

    Mais Vénus reste divisée ; vivre d’amour n’est pas facile.
    Elle a sa copie révisée ; vivre d’eau fraîche est difficile.
    Même si tant de larmes a pleuré et qu’elle en garde une peau tannée,
    Même si les dieux se sont leurrés, elle viendra seule pour cette année.

    Photo de Saint Twenty

  • Mes vendredis

    Sans doute, le goût du souvenir des neufs mois au fond de la mère,
    Me donne envie de m’isoler dans cette retraite aquatique.
    Ce présent au triste avenir me rend son atmosphère amère
    Et je refuse, désolé, d’inspirer son air apathique.

    Plutôt que de porter un masque, je mets la tête dans un bocal
    Et j’y passe mes vendredis avec deux alevins ballots.
    Dès que je m’accoutume au casque, j’inonderai tout mon local
    Afin de vivre, sans contredit, heureux comme un poisson dans l’eau.

    Photo d’Ahmed Hassan sur https://www.behance.net/gallery/85430133/Portrait-01?tracking_source=curated_galleries

  • Comme une fleur

    À ton calice,
    Femme facile,
    Je bois la vie
    Jusqu’à la lie.

    Mais tes pétales,
    Femme fatale,
    Si capitales
    Me sont létales.

    Mourir d’amour,
    Ô bonnes mœurs !
    Mourir d’humour
    De bonne humeur.

    Si au printemps,
    Tu refleuris.
    Depuis longtemps,
    J’aurai guéri.

    Tableau de Catrin Welz-Stein

  • Ouvertures nocturnes

    Les nuits m’offrent des ouvertures matérielles et spirituelles.
    Et le travail d’une requête dont l’esprit veut se sustenter
    Évoque au corps une aventure auprès d’agapes rituelles.
    Selon la teneur de l’enquête, l’âme saura s’en substanter.

    Juste une fraction, je découche pour ce combustible nocturne
    Surtout si son aura lunaire devient vitamine mentale
    Qui passe direct dans la bouche chargée d’effluences opportunes
    Absentes d’alcool lacunaire comme un supplice de Tantale.

    Tableaux de Michael Cheval

  • Après la vie, la mort, etc.

    Et puis un jour, je pourrirai sans avoir vécu de mes vers ;
    Et puis un jour, je mourrirai de mes petits textes pervers ;
    Et puis un jour, je nourrirai de ma poussière l’Univers ;
    Et puis un jour, je sourirai à la mort, nu et découvert.

    Mon cœur d’étoile explosera sans doute vers un nouveau monde ;
    Mon nouveau corps se dotera d’autres énergies vagabondes ;
    Mon esprit se déridera de toutes ses pensées immondes
    Et mon âme s’écoulera dans les rivières furibondes.

    Tableau de Jaroslaw Jasnikowski

  • Envers et contre tout modèle

    À l’impossible nul n’est tenu mais comment fuir les conventions ?
    Le peintre a besoin de sa toile et l’illustrateur du papier.
    Picasso, lui, s’est abstenu de respecter les proportions
    Du moins, c’est ce que nous dévoilent ses femmes peintes à cloche-pied.

    Les gueules cassées de ses tableaux m’évoquent un désir de rupture
    Avec les chemins tout tracés que l’instruction m’a imposés.
    Heureusement, par le hublot d’une avant-gardiste peinture,
    Je peux l’inconnue embrasser derrière un masque supposé.

    Tableau de Rafal Olbinski sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2016/12/Rafal-Olbinski.html

  • Loup-out – la mort inconditionnelle

    Encore une année opportune à embrasser la démesure
    Avec des loups aux grandes dents qui nous invitent à les suivre.
    Aurai-je la bonne fortune de vivre au fur et à mesure
    Tout en restant indépendant à tout le mal qui va s’ensuivre ?

    Ô Président qui a brillé dans la campagne démagogique,
    Tu es devenu loup-garou dans une nuit de terrorisme.
    Entends le peuple qui a crié contre tes lois pathologiques
    Lancées sur les chapeaux de roues sur la voie du totalitarisme.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Aïda

    J’échangerais ton cœur de pierre, belle Aïda, contre le mien
    Qui pulserait dans ta poitrine tout le poison de mon amour.
    Je souffre que tu sois si fière à préférer un égyptien,
    Beau général qui me chagrine de trouver grâce à tes atours.

    Mais j’ai découvert l’antidote qui me guérit de l’attraction
    Qu’exerce ton cœur de silex qui m’étincelle chaque jour.
    Juste pour clore l’anecdote, j’ai exercé cette abstraction
    Par l’action d’un cœur en pyrex qui résiste au feu de l’amour.

    Tableau de Rafal Olbinski sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2016/12/Rafal-Olbinski.html

  • Loup-in – l’amour inconditionnel

    Encore une année opportune à embrasser sans démesure
    Tous nos meilleurs amis fidèles et nos ennemis repentis.
    Choisissons la bonne fortune d’aller au fur et à mesure
    Nous envoler à tire-d’aile vers un avenir garanti.

    De nos erreurs, nos expériences forment les meilleurs des bâtons
    Pour progresser en confiance et dans le respect de chacun.
    Ouvrons-nous à la clairvoyance et n’avançons plus à tâtons
    Dans un chaos de méfiance mais vers des accords opportuns.

    Sculpture de Paul Smith

  • Mariée à la mer

    En robe de vagues déferlantes, la Mer se marie à la Terre
    Qui la féconde de son sel et de sa pâture organique.
    Soudain l’aurore étincelante clame l’union élémentaire
    Par ses rayons qui étincellent sur le pourtour océanique.

    Le vent crie : « Vive la mariée ! » et le soleil oint de lumière
    Le mariage Terre-Mer en leur souhaitant beaucoup d’enfants.
    Nos deux éléments appariés créeront la matière première
    Dont se nourriront les chimères et tous leurs héros triomphants.

    Source photogriffon.com

  • Lune profonde

    Après neuf mois de traitement sous l’effet de l’action lunaire,
    Mon enfant est né cette nuit au bord de la mer silencieuse.
    J’ai commencé l’allaitement et senti mon lait liminaire
    Couler par un courant induit par une force délicieuse.

    J’aime venir me recueillir dans cette profonde moiteur
    Tamisée par la Pleine Lune qui nous inonde de lumière.
    Je laisse l’enfant t’accueillir de ses petits yeux convoiteurs
    Qui découvrent sur la lagune ta resplendissance première.

    Tableau de Tair Zairov

  • Lune extatique

    Pleine, Ô ma Pleine, Lune, Ô ma Lune, arrose-moi de ta pâleur !
    Baigne ma peau d’opalescence, oins-moi de ton argent nacré !
    Je viendrai à l’heure opportune t’offrir mon corps et sa chaleur
    Afin de t’offrir mon essence issue du féminins sacré !

    Je viendrai, nue, sur la colline recevoir la bénédiction
    Que tu as enfantée de l’astre par son amour illimité.
    Couchée sur les fleurs violines, j’écouterai les prédictions
    De cette graine qui s’encastre dans ma profonde intimité.

    Tableau de Karl Bang

  • Totale immersion – 2

    La femme arrosée par amour embellira sa pépinière ;
    À l’abri d’une protection contre la grêle et les tempêtes !
    Bien orientée selon le jour ou les nuits de Lune plénière
    Et entretenue d’affection, voire même de galipettes.

    La femme emballée par amour deviendra femme à part entière ;
    Toutefois sans l’asphyxier et la priver de liberté !
    Au contraire, faites-lui la cour en la libérant des frontières
    Et en sachant l’apprécier au point d’en être déconcerté.

    La femme écrite avec amour nourrira vos rêves d’azur ;
    Toutefois sachez varier et agrémenter son empire.
    Pimentez-lui avec humour la vie au fur et à mesure
    Et vous serez appariés pour le meilleur et pour le pire.

    Photos de Patty Carroll sur https://www.anothermag.com/art-photography/gallery/10112/patty-carroll-domestic-demise/2https://www.anothermag.com/art-photography/gallery/10112/patty-carroll-domestic-demise/2

  • Totale immersion – 1

    La femme implantée dans l’amour deviendra bonne jardinière ;
    Toutefois faites attention à bien conserver la main verte !
    Arrosez-la au fil des jours de votre passion coutumière ;
    Cédez à toutes ses prétentions et sa fleur vous sera ouverte.

    La femme plongée dans l’amour deviendra la fée du logis ;
    Toutefois avec vigilance, ne faites pas tourner la sauce !
    Agrémentez-lui son séjour avec tact et psychologie ;
    Sachez pratiquer l’abstinence quand ses humeurs sont à la hausse.

    La femme rimée par l’amour devient cantique des cantiques ;
    Toutefois cent fois sur le métier, vous remettrez-vous à l’ouvrage !
    L’amant au cœur de troubadour trouvera l’amour authentique
    En commençant par l’amitié pour terminer en mariage.

    Photos de Patty Carroll sur https://www.anothermag.com/art-photography/gallery/10112/patty-carroll-domestic-demise/2https://www.anothermag.com/art-photography/gallery/10112/patty-carroll-domestic-demise/2

  • Les démerdards au front

    Retour du front, les démerdards, puisque c’est leur nom désormais,
    Rentrent la tête échevelée, les yeux fatigués, plein de larmes.
    En lambeaux, les porte-étendards et les pancartes déformées
    Attestent les dénivelés entre le peuple et les gendarmes.

    En souvenir des communards, des maquisards, des partisans
    Qui ont dressé des barricades pour la liberté défendue,
    Trébuchant sous les traquenards, se relevant cicatrisant,
    Saluons ces joutes camarades dans tout les pays répandues.

    Illustration de Marija Tiurina sur https://www.behance.net/gallery/110334827/Medium-and-large-works-of-2020

  • Les démerdards confinés

    Révolution dans la maison, on y est tous fidélisés ;
    Tous les samedis, on se démerde, on se rassemble, on s’émoustille.
    On s’prépare selon les saisons, de l’Étoile aux Champs-Élysées.
    Aux manifs boulevard Malesherbe, jusqu’à la place de la Bastille

    Tandis que la première garde affronte les forces de l’ordre,
    L’arrière garde se retranche pour s’informer sur les réseaux.
    Tous les non-vaccinés regardent le Président se faire mordre
    Et chacun s’en paie une tranche en lui prêtant des noms d’oiseaux.

    Illustration de Marija Tiurina sur https://www.behance.net/gallery/110334827/Medium-and-large-works-of-2020