Catégorie : 2020

  • Mesdemoiselles de l’Abondance

    Elles s’échangent des promesses et des histoires de conquêtes
    À guetter le prince charmant, son château, son or et ses thunes.
    Elles le jurent et le confessent : c’est en maniant la quéquette
    Qu’elles obtiendront le serment d’un mariage de fortune.

    Elles possèdent un capital qui n’attend pas les intérêts
    Qu’elles ne dépenseront qu’une fois pour un bon investissement.
    Si capital et génital riment, il ne faut pas espérer
    Que cela marche à chaque fois, songez à l’avertissement.

    Si le mari, sur le papier, paraît beau comme un grand seigneur
    Avec une situation établie aux quatre horizons,
    Il est parfois, c’est casse-pieds, roi de la pince-monseigneur
    Et, selon les fluctuations, vous vous retrouverez en prison.

    Tableau de Yana Fefelova

  • Amour et pragmatisme

    « Qu’importe le sens du chemin si nous parvenons à nos buts, ! »
    Disait un homme pragmatique qui ne pensait qu’en conquérant.
    « Il m’importe d’aimer encore demain ce que j’ai semé au début ! »
    Répondit la femme romantique dont le cœur est prépondérant.

    Tableau de Mara Berendt Friedman

  • Au pays des lunes bleues

    Elle rend les femmes si belles, cette lune au croissant d’argent
    Qu’elles prennent au premier quartier un bain lunaire et salutaire !
    Surtout les jeunes demoiselles qui réclament d’avantageants
    Bijoux de chez Dior ou Cartier auprès d’amoureux volontaires.

    Elle rend fermes les poitrines, cette lune au croissant sacré
    Qu’elles abusent de ce bain à faire pâlir les étoiles.
    Comme les stars dans les vitrines aux pulpeux attributs nacrés
    Qui vous voient les yeux dans les seins juste vêtues d’un moindre voile.

    Elle rend bombés les bassins, cette lune au croissant cornu
    Qu’elles font la danse du ventre bien balancée, bien déhanchée.
    Et vous, au nom de tous les saints, sentez un appétit charnu
    Avec un charme qui vous rentre direct dans le cœur épanché.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Au pays des chevaux bleus

    Les chevaux bleus du baromètre trônaient avec incongruence,
    Objets rococo pittoresques des souvenirs à l’imparfait.
    Je voyais le temps en omettre petit à petit les nuances
    De ces animaux picaresques pour se venger du temps qu’il fait.

    Les chevaux bleus sur le manège concurrençaient facilement
    Les autos, les hélicoptères et les cochons les plus fripons.
    Et je suis fier du privilège de les avoir habilement
    Fait se chevaucher ventre à terre afin d’attraper le pompon.

    Les chevaux bleus du chariot, de la carte VII du tarot,
    M’ont souvent tiré en avant avec la force de l’audacieux.
    J’ai constaté ce scénario quand, me trouvant sur le carreau,
    J’ai su reprendre les devants d’un mouvement noble et gracieux.

    Tableaux de Laurel Burch

  • Monsieur et Madame de l’Abondance

    Tandis que Monsieur thésaurise, économisant chaque centime,
    Madame, elle, dilapide toute sa vie en abondance.
    Tandis que Monsieur mémorise ses entremises les plus intimes,
    Madame, d’un geste rapide, dispense avec force et outrance.

    Que croyez-vous qu’il arriva quand vint le temps des intérêts ?
    Monsieur dût rembourser le prêt que sa vie avait emprunté ;
    Madame fut tout empourprée d’en jouir avec volupté.
    Et tout ce qui en dériva, c’est qu’ils durent coopérer.

    Tableaux de Yana Fefelova

  • La ballade de Valentin & Valentine

    Au moyen d’un piètre escalier qu’elle devait escalader
    Valentine aimait écouter Valentin qui jouait du violon.
    Elle s’allongeait sur le palier et lui, aimait la balader
    Sur des airs, vous vous en doutez, accordés au La d’Apollon.

    Dès qu’ils purent se marier, ils partirent, prédisposés
    À profiter de leurs promesses à voyager en sac-à-dos.
    Ils dormirent désappariés à cause des lits superposés
    Car les auberges de jeunesse, c’est pas toujours l’Eldorado !

    Pour agrémenter le retour, ils achetèrent une voiture
    À un gars qui baragouinait que c’était une Torpédo.
    Comme ils faisaient souvent l’amour, ils ont compté leurs courbatures
    Dues à leurs sièges qui couinaient au rythme de leur libido.

    Tableaux de Zurab Martiashvili

  • Valentine qui pense

    Toutes ces histoires d’amour dont se vantent le cœur des autres,
    Selon l’ordonnance du jour et les usages où l’on se vautre !
    Mon corps de femme mécanique doit-il sans cesse être introduit ?
    Mon cœur en devient tyrannique et s’émancipe dès aujourd’hui.

    Autoportrait de Leonor Fini

  • Valentine qui fait Tilt !

    Il me fallait vingt centimes mettre dans la fente prévue à l’effet
    Pour secouer son corps qui s’emballe et l’ébranler à bras le corps.
    Je lui montrais qui est le maître, mais j’aimais bien ses doigts de fée
    Lorsqu’elle dynamisait mes balles pour battre le dernier record.



    Vingt centimètres, c’était aussi la longueur pour tirer le levier.

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    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Dans la foule

    L’humanité vit l’indigence et le public crie « Indulgence ! »
    L’homme vit sous l’inquisition de l’état des impositions.
    Le secret de polichinelle de son péché originel
    Se perd dans la foule du peuple qui suit comme un troupeau aveugle.

    Tableau d’Olivier Suire-Verlay

  • Les proies de la mer

    Les dents de la mer mangent les petits
    Que mangent les gros, de plus en plus gros.
    Intégraux.
    Puis elles regroupent les âmes des morts
    Qui partent en vagues caresser les plages.
    Voyage.
    Les dents de la mer ont bon appétit,
    Ont l’eau à la bouche, à avoir les crocs.
    Allegro.
    Le souvenir reste, la mémoire mord
    Parfois d’une trace le long du rivage.
    Passage.

    Un phénomène rare, paraît-il de la part de Maria Gaspar Leal

  • Le roseau désaltéré

    L’eau bénite de ma planète, depuis le baptême de ma bouche,
    Déverse sa grâce divine jusqu’à mon cœur par mon réseau.
    Issue du cycle des comètes, la vie dont l’univers accouche
    Transmet son chœur des origines au plus faible de ses roseaux.

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  • L’hippocampe ancestral

    De mon hippocampe ancestral, un vieux cauchemar magistral,
    Dans les abysses de ma mémoire, dans les neurones de mes armoires.
    Cette peur bleue reste enfouie dans le réseau de mon fouillis,
    D’araignées et calmars géants que mes nuits extraient du néant.

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    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • La naissance de l’ange

    Cette conception primordiale prévalait sur tout les projets
    Car Dieu voulait l’ange impeccable avant d’entreprendre son œuvre.
    S’il jugea la Terre cordiale, l’humanité fut abrogée
    Mais avant ce choix irrévocable il réfléchit à la manœuvre.
    Gare à la fi-i-i-ille !

    Comment agir pour injecter de l’amour dans le cœur du mâle ?
    Dieu reprit, de l’ange, ses côtes et son immaculée perfection.
    Pour ne pas être suspecté de truquer le bel animal,
    Il y substitua une côte prétendant une correction.
    Gare à la fi-i-i-ille !

    L’homme dormait profondément comme l’aurait fait un nouveau-né
    Quand la femme se réveilla dans le fourbi d’une roulotte.
    Alors la belle effrontément, le menant par le bout du nez,
    D’un strip-tease l’émerveilla et lui usurpa la culotte.
    Gare à la fi-i-i-ille !

    Dommage pour le magnifique tableau d’Omar Ortiz qui a été censuré par Facebook

  • L’autre aéronautique

    Si les frères américains Wright ou le français Clément Ader
    S’étaient plantés dans leurs calculs à propos des plus lourds que l’air,
    Nous volerions sans copyright, sans licence auxquelles on adhère,
    Et, avec un peu de recul, nous voguerions en montgolfières.

    Par la vapeur nous volerions et par l’hélium nous planerions
    Au-dessus des bois et forêts, au-delà des mines à charbon.
    Que de forêts nous couperions ! Que de terres nous ravagerions !
    Que voulez-vous ? C’est le progrès ! Tant pis pour l’indice carbone.



    Les Américains Wilbur (1867-1912) et Orville (1871-1948) Wright effectuèrent le premier vol motorisé et dirigé à partir d’un engin plus lourd que l’air. D’abord des cerfs-volants et des planeurs biplans puis, en 1900, les premiers vols expérimentaux et enfin, leur vol historique le 17 décembre 1903.
    Le tout premier à avoir fait décoller un appareil est toutefois Clément Ader, un ingénieur français, en 1890. La différence entre le premier vol d’Ader et celui des frères Wright concernait surtout la maniabilité de l’avion. Alors que Clément Ader exécuta le premier vol non dirigé, l’appareil des frères Wright était en mesure d’effectuer des virages.

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    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • La vierge solaire

    Depuis l’aurore, Mademoiselle, accorde ses rayons solaires.
    Juste par jeu, pour iriser les cimes des arbres enflammés.
    Impertinente comme l’oiselle qui occasionne la colère
    Des noctambules dégrisés hagards d’un sommeil réclamé.

    En plein midi, Mademoiselle, projette sa pleine lumière.
    Juste d’un feu, pour attiser les cœurs d’amour se consumer.
    Irrespectueuse comme l’oiselle qui vient gazouiller la première
    Sur les crêtes aromatisées puis, qui disparaît en fumée.

    Au crépuscule, Mademoiselle, s’habille d’une étole orange.
    Juste un enjeu, pour annoncer le temps des amours de demain.
    Épanouie comme l’oiselle qui stridule avec les mésanges
    Quelques chants d’amour prononcés pour les amoureux en chemin.

    Tableau de Sulamith Wulfing

  • La vierge lunaire

    La pleine lune du lundi serait féconde, c’est ce qu’on dit.
    La jeune vierge énamourée y vient la nuit la savourer.
    Son bel amoureux s’en dispense, reste à l’abri, c’est ce qu’on pense.

    Soudain la vierge entend un cri, sans doute que c’était écrit.
    Un appel derrière les fourrés : « Ma belle, près de moi, accourrez ! »
    Et les deux amants faire ensemble l’amour, du moins, c’est ce qu’il semble.

    La pleine lune du mardi, les autres jours, et même pis.
    Les amants recommenceront, les amants se prononceront.
    Dimanche, ils vont se marier, ils ne s’en sont pas fait prier.

    La pleine lune, demain décroît, elle forme un « C », c’est ce qu’on croit.
    Tous les amants s’épanouir et puis, leur nuit s’évanouir.
    Bientôt la lune disparaît, elle est nouvelle, à ce qu’il paraît.

    Tableau de Sulamith Wulfing

  • Les femmes solaires

    Puisque la femme éclaire l’âme tandis que l’homme est lunatique,
    Il faudrait renverser les rôles du pouvoir des deux luminaires.
    Le féminin montre sa flamme, le masculin en revendique
    Toute la gloire, ce n’est pas drôle mais plutôt extraordinaire.

    Cependant celui qui comprend et s’éveille à la clairvoyance,
    Deviendra un homme accompli car ce n’est pas si compliqué.
    Alors si la femme entreprend de sauver notre défaillance,
    Ouvrons nos cœurs, qu’ils soient remplis de leurs connaissances impliquées !

    Tableaux d’Annelie Solis

  • Les voyages du nord

    Au pays du jour éternel, au-delà du septentrion
    Où le soleil brille à minuit d’une clarté perpétuelle,
    J’aime la chaleur fraternelle de mon fidèle amphitryon
    Dont la présence jamais ne nuit à mes attentes spirituelles.

    Mais ce pays perd son soleil au temps de la domination
    Pour une période de jeûne et de méditation profonde
    Où nous nous mettons en sommeil et subissons la condition
    Du vieux temps qui deviendra jeune sans pour autant qu’on s’en morfonde.

    Tableaux de Stephen T. Johnson

  • Au pays des femmes rousses

    Si le pays des femmes rousses est plus facile à parcourir
    Que le pays des femmes à barbe, rien ne sert de s’y précipiter.
    Les voyagistes vous détroussent, les changements vous font courir
    Et les agences vous bombardent n’importe où, sans lucidité.

    Le pays des cheveux roussis se situe en terres inconnues ;
    On dit que seules les sorcières savent comment s’y trimballer.
    Pour un voyage sans souci, optez pour un truc reconnu :
    Suivez les traces de poussière qui s’échappent de leurs balais.

    Cheveux de feu, cheveux de braise, cheveux ardents, cheveux cuivrés,
    Beaucoup de qualificatifs et tous les titres de noblesse.
    Personnellement, à Dieu ne plaise, où elles iront, je les suivrai
    Autant je reste admiratif de leurs coiffures de diablesses.

    Tableaux de Lou Shabner

  • Au pays des femmes bleues

    Quand les chiens cessent d’aboyer au passage de la caravane,
    Les gens du voyage abandonnent les rênes aux chevaux débridés.
    Les chemins qu’ils vont côtoyer ne sont pas connus des profanes
    Mais des espèces qui coordonnent l’ordre des géométridés.

    Les femmes bleues restent une énigme, une légende à ce qu’on dit.
    Elles proviendraient d’Atlantide ou au-delà d’Hyperborée.
    Mais quel qu’en soit le paradigme qui subsiste encore aujourd’hui,
    Il en subsiste un trait splendide dans leurs mythes élaborés.

    Une asiatique en bleu de chine, une autre en lapis-lazuli ?
    Une africaine en bleu de jade, une indonésienne en saphir ?
    Elles sont partout, je l’imagine, dans les rêves et leurs stimuli,
    Mais disparaissent en galéjade au moindre souffle du zéphyr.



    Les Géométridés appartiennent aux familles des papillons de nuit et aux chenilles arpenteuses qui suivent des chemins connus de ces seuls initiés.

    Tableaux de Vladimir Tretchikoff

  • À bon port

    De la naissance jusqu’à la mort, je dois tracer ma destinée
    Parfois voguant sur handicap, ou chavirant par accident,
    Jusqu’à arriver à bon port, vers mon mouillage prédestiné.
    L’essentiel, c’est garder le cap sans perdre le nord, ni l’occident.

    Aquarelle de Dusan Djukaric

  • La chevauchée de Constance

    Par une nuit d’hiver, glacial, un hiver rude et rigoureux,
    Dans sa hâte, une cavalière cherche à atteindre l’autre berge
    Du lac, un désert impartial, pas même un arbre vigoureux.
    Croyant la terre hospitalière, la cavalière fonce à l’auberge.

    Passée la traversée cruciale, elle rejoint son amoureux.
    Or, là-bas, tous sont solidaires à l’amazone qui émerge
    Puis, réalise l’aplomb spécial de son exploit aventureux
    Et tombe évanouie à terre fors l’audace qui la submerge.



    Vieille légende allemande de la chevauchée du lac de Constance.

    Tableau « Quincabelle » de Carrie Vielle

  • Labyrinthes

    Le progrès en marche nous apporte un bonheur mérité ;
    Le temps inscrit ses marques sur la planète opprimée.
    La science prolonge la vie et nous allons tous hériter
    D’un patrimoine dépassé et d’un futur déprimé…

    Des papiers que le vent promène,
    Des plastiques que la mer transporte,
    Des canettes que les chemins acheminent,
    Des mousses que les rivières emportent
    Des dioxydes de carbone que le trafic propage,
    Des cris que les villes transmettent,
    Des nitrates que l’agriculture parsème,
    Des particules que l’atmosphère colporte,
    Des virus que le tourisme diffuse,
    Des incendies que les forêts transfèrent,
    Des métaux lourds que les nappes transvasent,
    De la rouille que les abîmes renferment,
    Du pétrole que les plages éparpillent,
    De la mort que la vie répercute.

    Illustration de Daniel Garcia

  • L’arbre de transmission

    Du ciel, mon père, ce héros, m’a fait gravir, marche après marche,
    L’escalier de la connaissance et mes degrés d’adolescence.
    Sans recommencer à zéro, j’ai perpétué mon patriarche
    En transmettant dès mon enfance, le savoir de l’arborescence.

    Illustration de Daniel Garcia

  • Les mots du voyage

    Lorsque j’aurai quitté les plaines pour m’envoler vers les montagnes,
    Je vous écrirai du futur à l’encre de mes plumes d’anges.
    Ondées de mots de porcelaine ruisselleront dans les campagnes ;
    Vous en boirez la signature là où pluies et vents se mélangent.

    Tableau « bon voyage » de Carrie Vielle

  • L’éclaircie

    Quand les orages auront lavé la sécheresse qui m’oppresse
    Dans les ruelles de l’ennui des villes où je ne sais plus vivre,
    L’éclaircie, sur les rues pavées, brillera comme une caresse
    Du soleil qui naît de la nuit, du jour qui m’ouvre un nouveau livre.

    Aquarelle de G. Galante

  • La mémoire arménienne

    On raconte qu’une arménienne qui naviguait vers Odessa
    Vit le soleil dans la Mer Noire qui brillait d’un bel avenir.
    Mais comme elle était daltonienne, plus tard elle le confessa,
    Elle crut qu’un pan de sa mémoire remontait de ses souvenirs.

    Tableau de Armen Vahramyan

  • À l’arménienne

    Les Italiens parlent beaucoup, surtout d’amour avec les mains,
    Les amoureux parlent beaucoup, surtout d’amour avec les yeux,
    Les imbéciles parlent beaucoup, surtout lorsqu’ils n’ont rien à dire,
    Les Arméniens bavardent moins mais savent honorer la bouche.

    Car un client qui apprécie reviendra sans doute demain,
    Manger pour la Saint-Valentin un plat arménien délicieux.
    Et pour séduire sa fiancée qui ne pourra que l’applaudir
    Il lui fait goûter la pizza Lutecia sur un bateau-mouche.

    Illustrations de Peter Donelly

  • Minerve Atomica

    Je t’ai rêvée, ma douce amie, mais je n’ai pas su te créer.
    Comment pourrais-je imaginer tout ce que j’ai à découvrir ?
    Comment passer par le tamis ce que mon âme peut procréer
    Pour que l’amour enraciné pousse un jour mon cœur à s’ouvrir ?

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    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • La vierge noire

    Dans ces nuits de nouvelle lune, attendez que le ciel se voile
    Afin que, dans l’obscurité, vos yeux soient prêts à dessiller.
    Alors sans mesure commune, la vraie nature des étoiles
    Vous apparaît en vérité dans son corps noir, déshabillé.

    Tableau de Rick Berry

  • Le Brexit

    Messieurs, tirez donc les premiers mais veuillez filer à l’anglaise
    Par un coït interrompu, brisant d’un coup de Trafalgar !
    L’empire dont vous réclamiez tout l’avantage, ne vous déplaise,
    Retombe en argent corrompu qui va déclencher la bagarre.

    Moi, qui habite la boutonnière, dans les Alpages en boutons,
    Comme vous, j’ai ma tirelire bien à l’abri au coffre-fort.
    Je fais l’Europe buissonnière avec mes cochons, mes moutons
    Mais je vous parie mille livres que vous regretterez notre confort.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • La passagère du sommeil

    La passagère du sommeil s’évanouit, évanescente,
    Quand le soleil reprend ses droits et la conscience, ses devoirs.
    L’aurore cruelle balaye la silhouette opalescente
    Qui abandonne à mon endroit juste un souvenir d’au-revoir.

    Tableau d’Igor Goncharov

  • L’éléphant zinzin – 3

    L’ours et le singe, animaux sages, ne quêtent plus sur leur passage.
    La Terre ne produit plus d’enfants au cimetière des éléphants.
    Alors, sur la planète hostile, le pachyderme change son style
    Et fait son dernier tour de piste avec ses espoirs utopistes.

    Tableau de Daniel Merriam

  • Les histoires de Patte-en-rond

    Patte-en-rond aimait se dresser sur l’épaule de sa maîtresse
    Avec l’attitude oppressée d’un chat qui serait en détresse.
    Il craignait seulement le vertige, les pattes solidement enfourchées,
    Mais s’accrochait, pour son prestige, aux histoires du chat-perché.

    Tableau de Galina Y. Chuvilyaeva

  • Tout change de l’autre côté

    L’homme qui croit être au sommet, le summum de la création,
    Devrait remonter sur son arbre ; le singe a perdu sa revanche.
    Car tous les actes qu’il commet plaideront sa disparition
    Lorsqu’il sera passé au marbre par des matous, fiers sur leurs branches.

    Tableau de Vladimir Rumyantsev

  • L’ange Mistigri

    Quand l’homme a croisé les matous en élevant les chats sauvages,
    Dieu qui voyageait en Afrique leur fit parvenir un grigri ;
    Une sorte de touche-à-tout spécialisé dans l’élevage
    Qui, d’un coup fantasmagorique, créa notre Chat Mistigri.

    Illustration de Sarah Burrier

  • Les noces de gouttière

    L’amour se réveille au matin quand les matous se font câlins ;
    La douce chaleur de la couette est propice aux douces caresses.
    La chatte se fera catin si le chat se montre malin
    Et c’est parti pour une chouette grasse matinée de paresse.

    L’amour se consomme à midi ; les chats en ont l’eau à la bouche.
    Saisie sur feu vif et ardent ou réchauffée au bain-marie.
    On peut sucer le spaghetti jusqu’à s’en mettre plein la louche
    Et, pour la sieste, on est partant pour de nouvelles canailleries.

    L’amour se partage le soir, sur la terrasse ou sur les toits,
    En catimini par la chatière, on s’en va miauler à tue-tête.
    On se renifle, on va s’asseoir, tu es à moi, je suis à toi,
    Puis on se couche sur la gouttière et on culbute sa minette.

    Tableaux de Nadya Sokolova

  • Ces petits anges

    Petits anges ou petits démons, c’est comme nous voulons, sans façon,
    Selon s’ils nous volent un jambon ou s’ils nous ronronnent au giron.
    Mais jamais ne les réprimons car, après tout, nous effaçons
    Leur faute à ces casse-bonbons pour le prix de quelques ronrons.

    J’ai connu quelques vieux pirates, de véritables sacs à malice,
    Plus malins que les trois p’tits singes, plus rusés que Maître Renard.
    Des vieux filous au coup de patte digne d’un fin limier de police
    Lorsqu’il rabat, dans le beau linge, la souris vers son traquenard.

    Enfin les doux et les câlins, peluches et pattes de velours,
    Ceux qui nous servent de bouillotte et confident à la folie.
    Les gros bêtas, les gros malins, les perspicaces, les gros balourds,
    Qui ont l’esprit du patriote en nous faisant rester au lit.

    Tableaux de Vladimir Rumyantsev

  • La poussée rétrograde

    Dans le précédent intermède, nous avons étudié les force
    Entre Andromède et Archimède concernant la plongée du torse.
    Pourtant, quand homme rétrograde tente un plongeon en arrière-garde,
    L’attraction en prend pour son grade parce que personne ne le regarde.

    Tout dépend de l’intelligence ou plutôt où elle est stockée.
    Si l’esprit s’englue dans l’emphase avec le cerveau reptilien,
    La plongée entre en négligence et l’effet tarabiscoté ;
    Mais si le cœur se met en phase, alors le saut est éolien.

    Tableau de Costa Dvorezky

  • La poussée d’Andromède

    Lorsque l’alchimie féminine plonge son corps dans un liquide,
    Un charme de beauté s’exhale grâce à la poussée d’Andromède.
    Née de l’alliance de mélanine dans le courant d’ondes limpides,
    Cette réplique paradoxale contre la poussée d’Archimède.

    Mais le flacon n’est pas l’ivresse et le corps n’est pas que l’essence.
    Pourtant, il faut vous l’avouer, j’ai un réflexe automatique :
    Je sens mon cœur plein d’allégresse et la sirène trouble mes sens ;
    Je ne sais à qui me vouer pour en étreindre le/la physique.

    Tableau de Marco Ortolan

  • Le temps des étrennes mortes

    Après un temps d’effervescence, vient un temps de petite mort
    Qui recouvre comme un plateau l’hiver qui nous met en sommeil.
    En attendant la renaissance, je tire un renne par ses mors
    Pour distribuer mes gâteaux et mes étrennes de soleil.

    Tableau d’Hanna Silivonchyk

  • Le mimosa de janvier

    Lorsque l’or se mêle à l’azur dans les premiers jours de janvier,
    Toute la Méditerranée explose de feux d’artifice.
    Déjà, au fur et à mesure qu’il croît, il nous fais envier
    Ce don aux couleurs safranées que l’acacia lègue à son fils.



    L’« Acacia dealbata » est une espèce d’arbres ou d’arbrisseaux appartenant à la sous-famille des Mimosoidées et couramment désignés sous le nom de « mimosa d’hiver ».

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Au pays des potiches

    Au pays des potiches, dominent les cochonnes
    Et l’on rêve la vie d’une riche héritière.
    Toute petite godiche mutera en bonbonne
    Et la bonne au curé sera riche rentière.

    Ce n’est pas de la faute à la simple beauté ;
    La bêtise des hommes est aussi légendaire.
    Le capital se risque quand la brute est bottée
    Avant que la jeunesse file dans un courant d’air.

    Tableau de Vladimir Kush

  • Au pays des échelles

    Au pays des échelles, règnent les échaliers
    Et l’on juge la vie à hauteur des barreaux.
    Tout petit escabeau deviendra escalier ;
    L’handicap d’ambition restera au carreau.

    L’apprenti jurera fidélité au mètre,
    Les accès contrôlés à bord des passerelles.
    Tout sera quadrillé, cordeau au périmètre
    Et les riches vivront sur une grande échelle.

    Tableau de Vladimir Kush

  • La piraterie féminine

    Quand Pirotone atteignit l’âge de monter sur ses grands vaisseaux,
    On la vit quitter sa culotte pour un saroual large et fendu.
    Elle accrocha à son corsage une agrafe aux mille faisceaux
    Dont l’aiguillon fin décalotte les bourses les mieux défendues.

    On sait qu’elle fut cul et chemise avec un corsaire du Roy
    Qui lui promit en mariage vingt galions d’or et de diamants.
    Lorsque l’Armada fut démise – pas si Invincible qu’on croit –
    Elle embrassa tout l’équipage et s’enfourcha sur son amant.

    Tableau de Sasha Beliaev

  • L’heure du démon d’amour

    Dans le pays aux deux soleils qui rayonnent aux deux horizons,
    J’aime passer entre les monts et tâter leurs gorges profondes.
    Et quand vient l’heure du sommeil, j’ouvre les pans de la prison
    Pour en libérer le démon d’amour de la femme féconde.

    Lorsque la lumière s’éteint, je cherche, à l’aveugle, à tâtons,
    Le chemin de félicité par la chaleur qui se diffuse
    Par la poitrine de satin jusqu’à la cime du téton
    Pour redescendre, tout excité, vers la déclivité confuse.

    Tableau de Graciela Genovés sur Artehispano.com

  • Madame la lune ronde

    Quand tout est calme et volupté dans l’ordre de la nuit profonde,
    Apparaît dans sa vénusté, la fille de la lune ronde.
    Alors les feux follets s’affolent, les lucioles cabriolent,
    Les noctambules en raffolent et les étoiles s’affriolent.

    Alors, qui fait tourner le monde et fait tourner le cœur des filles ?
    Qui fait revenir le printemps et fait chanter les troubadours ?
    Toujours, Madame la lune ronde, grâce à qui l’univers vacille
    Et que décrochent à plein temps tous les garçons en mal d’amour !



    « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté. » Charles Baudelaire.

    Tableau de Sulamith Wulfing

  • La fille du pirate

    Pirotone, la jeune pirate, tenant d’son père un vieux rafiot
    Aux jeux de voiles rapiécées et aux canons dépareillés,
    Apprit sur les eaux de l’Euphrate avec des marins impartiaux
    L’hardiesse dans sa gynécée toujours prête à appareiller.

    D’ailleurs ces marins impartiaux n’étaient que des garçons manqués
    Bravant le vent, les seins à l’air, la bouche en feu, le feu au cul.
    Ils pratiquaient les arts martiaux, mains baladeuses et pieds tanqués,
    Mais vous déquillaient les galères d’un seul boulet au tir au but !



    Le mot « pétanque » vient de l’expression « rester les pieds tanqués » qui veut dire en patois Marseillais les « pieds sans bouger ».

    Tableau de Rebecca Dautremer

  • L’éléphant zinzin – 2

    À Chandernagor, on s’en fout ! L’éléphant d’Inde fait le fou
    Arguant des défenses d’ivoire : « Circulez ! Il n’y a rien à voir ! »
    Et sous la foule des fêtards, avec les cornacs en pétard,
    On a rappelé l’infanterie contre cette éléphanterie.

    Tableau de Rebecca Dautremer

  • La chute du temps

    « È pericoloso sporgersi » sur la fenêtre du passé !
    « Ne pas se pencher au-dehors » de l’Orient-Express du présent !
    « Do not lean out of the window » sur l’objectif de l’avenir !
    « Dürfen Sie nicht hinauslehnen » du temps qu’il fait, du temps qui passe.

    Photo de Laurent Filoche