Catégorie : 2020

  • Les femmes à la barre !

    La barre à cent quatre-vingts degrés, on vire de bord lof pour lof
    Et l’on donne aujourd’hui aux femmes la direction de la nation !
    Car nous, les hommes, leur sommes gré de cesser d’être la voix off
    Qui les plaçait au rang infâme sous notre discrimination.

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  • La journée de la femme

    Nous dédions ce jour aux femmes pour se souvenir du combat
    Qu’elles ont remporté sur les hommes dont elles n’étaient pas les égales.
    À cause du péché infâme dans lequel Ève succomba
    Et perdit au référendum son autorité conjugale.

    Bouddha l’a placée inférieure au plan civil et religieux ;
    Krishna les aimait tellement qu’il en eut plus qu’on l’imagine ;
    Jésus plutôt apparieur mais Mahomet plus sourcilleux ;
    Quoi qu’il en soit réellement, les Dieux se montrent misogynes.

    Tableau « Krishna à la flûte de paon » de Madhumita Bhattacharya

  • Joli-Nichon – 2

    Joli-Nichon lavait son linge le dimanche soir au lavoir,
    Dans l’intimité de l’étuve, se retrouvait entièrement nue.
    Ne vous cassez pas les méninges pour tenter de l’apercevoir
    Car elle se couchait près des cuves pour cacher sa déconvenue.

    Un coup de Mistral équivoque jeta ses habits dans les nues
    Et elle n’eut d’autres ressources de se réfugier sur les toits.
    Moi, j’habitais une bicoque sise dans la même avenue
    Et lui achetai de ma bourse des fringues d’un geste courtois.

    Elle fut ainsi ma lavandière et s’installa dans mon logis
    Et ne lavait plus que mon linge et ses lingeries fines, chez moi
    Car elle n’était pas née d’hier et connaissait l’astrologie ;
    Elle était du signe du singe d’après l’horoscope chinois.

    Tableau d’Anton Kiyasov

  • Fleurs de printemps

    Constante dans ses habitudes, Dame Nature sait reproduire
    Chaque année des chefs-d’œuvre d’art, garants de sa célébrité.
    Quelle que soit la latitude, elle se plaît à reconduire
    Ce qui obéit aux standards de la mode en prospérité.

    Innovatrice cependant, Dame Nature aime inventer
    Selon les humeurs du printemps de nouvelles variétés
    Qu’elle mélange en répandant les fleurs qu’elle aura enfantées ;
    Enfin, maternées à plein temps, pluie et soleil à satiété.

    Malgré la menace de l’homme, Dame Nature sait rebondir
    Et trouvera d’autres chemins pour recommencer son office.
    Puisqu’elle est reine en son royaume, elle sait comment approfondir
    L’avenir pour ensemencer la Terre pour nos filles et nos fils.

    Illustrations de Hülya Özdemir

  • L’âge de glace

    Cet hiver intestinal qui fait digérer le temps
    D’une exploration interne vers l’absorption du passé,
    Dans les fosses abdominales m’épanouira, au printemps,
    L’âme comme une lanterne dès le seuil outrepassé.

    Photo de David Thompson

  • La métamorphose

    Que la métamorphose est brève avant que le dormeur ne ronfle
    Parmi les limbes qui s’agrègent sous l’assaut du vent qui s’essouffle !
    Mais lorsque le soleil se crève et que la lune se dégonfle,
    Par le réel, se désagrège le rêve à son deuxième souffle.

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  • Les poseuses

    Le comble, pour une élégante, serait de se retrouver nue
    Devant un choix embarrassant de dentelles et prêt-à-porter,
    Tout en s’montrant extravagante en dévoilant un peu son cul,
    Deux tétons plutôt harassants, un Mont de Vénus à portée.

    Tableau « Les poseuses » de Georges Seurat

  • Premiers feux

    Quand l’homme a découvert le feu en introduisant son bâton
    Dans le creuset de touffe tendre d’une expérience romancée,
    Il était tellement nerveux et procédait tant à tâtons
    Qu’il préféra plutôt prétendre devoir souvent recommencer.

    Tableau de Julia Legchanova

  • L’issue de secours

    Tant que je n’aurai pas trouvé comment devenir immortel,
    La vieillesse demeurera le chemin pour ne pas mourir.
    Jamais je n’aurai éprouvé le sentiment d’être mortel
    Aussi longtemps que restera l’éternité à parcourir.

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  • Le court-circuit

    « Fais bien attention, Lucifer, respecte la polarité !
    Lorsque la femme est à la terre, isole l’homme et son phallus !
    Sinon tu déclenches un enfer par loi de scissiparité
    Et l’assurance humanitaire te pénalisera d’un malus. »

    Tableau de George Atherton sur geoglyphiks.com

  • Quand passent les montgolfières

    Bien qu’elles ne soient pas si vaches, juste un peu snobs, juste assez fières,
    En attendant le beau marin qui se prendra dans leurs filets,
    Les sirènes hautaines et bravaches aiment observer les montgolfières
    Dont le ballon outremarin laisse leurs soupirs défiler.

    Tableau de Ralph Eugene Cahoon

  • Chat nous, Paris !

    Les chats sont montés à Paris pour attraper plein de souris
    En direction du Moulin Rouge et dévorer tout ce qui bouge.
    Après, quelques jolies minettes pour se fricoter la binette
    Puis, s’ils se montrent coquinous, ils feront ça entre minous.

    Illustration de Ryan Conners

  • La femme en train de fumée

    Quand l’homme consomme la femme, l’amour se lustre en mécanique
    Mais quand elle est tout feu, tout flamme, la passion devient volcanique.
    Ainsi, j’aime les femmes qui fument de gros pétards ou des cigares
    Afin qu’ensemble on se consume dans un amour de chef de gare.

    Photo de Steven Meisel

  • L’inattendue

    Je ne voulais pas vous le dire, mais voici qu’elle m’a devancé
    En s’asseyant entièrement nue parmi mes nombreux invités.
    Exhibitionnisme et même pire ! Chacun est décontenancé !
    Et tous les sexes, sans retenue, bander sans qu’on puisse l’éviter.

    Tableau « Nu égyptien » 1955, d’André Lhote

  • Rêveries en noir et blanc

    Lorsque je tarde à m’endormir, je peins des rêves éveillés
    Sur le plafond de mes nuits blanches à l’encre de mes idées noires.
    Ma couverture en cachemire devient tapis émerveillé
    Qui s’envole dès que se déclenche un souvenir de ma mémoire.

    Tableau de Miho Hirano

  • Tout comme une femme

    Apportez-moi un galet jaune et j’imagine une amazone ;
    Un peu de sable qui s’amoncelle et je devine une jouvencelle.
    Deux ou trois pétales de rose et je vous livre le pot-au-rose :
    Toute la lumière m’apparaît comme une femme transparaît.

    Tableau de Ute Hadam

  • Issue de concours

    Il est des lignes de voyages qui proposent plusieurs sorties.
    L’une d’elles, passagère et très brève, vous fait déboucher sous les ponts ;
    Une autre voie de délestage renvoie sur des quais assortis.
    Choisissez votre croisière de rêve et l’issue qui lui correspond !

    Sur un quai de Venise

  • L’impudence

    Vêtue de coquilles de nacre à même sa peau satinée,
    Le long des bras jusqu’aux poignets et sur sa poitrine effrontée,
    Tout le temps qu’elle me consacre me paraît folle destinée
    Pourtant, je peux en témoigner, je me tiens prêt à l’affronter.

    Tableau de Skupova Lyubov

  • Coquine Colombine

    Une fois par an, au carnaval, vêtue des habits d’arlequin,
    Colombine reprend le costume type de la « Comedia dell’arte ».
    Elle ne craint aucun rival pour captiver tous les coquins
    Attirés, comme de coutume, par son jeu de jambes écartées.

    De nature exhibitionniste, Colombine attire son public
    En enlevant, l’un après l’autre, chaque élément de sa tenue.
    De mémoire de contorsionniste, jamais dans notre république
    N’avons vu femme qui se vautre dans une extase soutenue !

    Pour terminer, poitrine à l’air, les mamelons en turgescence,
    Elle vous chante une chanson de sa petite voix fluette.
    Après deux ou trois « trala-lère » qui ont semé l’effervescence,
    Elle récolte sa rançon d’une révérence désuète.

    Tableaux de Nikolai Fedyaev

  • L’amour du cheval

    Ainsi parlaient les amazones, directement au corps-à-corps,
    Enlaçant amoureusement le cou puissant de l’animal.
    Alliées à la flore et la faune auxquelles elles étaient en accord,
    Elles vivaient langoureusement l’instant infinitésimal.

    Ainsi flattaient les écuyères, passionnément au cœur-à-cœur,
    Paradant somptueusement avec leurs compagnons équestres.
    Les pieds plantés dans l’étrivière, en mouvements alambiqueurs,
    Elles dansaient voluptueusement suivant le rythme de l’orchestre.

    Ainsi sincères, les cavalières unissent l’esprit et leurs âmes,
    S’attachant délibérément à la vigueur du destrier.
    Féminine et animalière, l’union alloue tout un programme
    À l’amour immodérément qui met le pied à l’étrier.

    Tableaux de Peter Mitchev

  • Les petits oiseaux sur la tête

    À force de me comporter comme une tête de linotte
    Et de me faire des tête-à-queue aux délais du calendrier,
    Aujourd’hui je dois supporter un quintette de fausses notes
    Après l’éclosion de cinq œufs que j’ai couvés tout février.



    Quintette – morceau de musique à cinq voix – est l’un des rares noms masculins de la langue française se terminant par -ette.

    Tableau de Pat Brennan

  • Sur le toit de l’Europe

    Par vos vallées heureuses et le sourire aux dents,
    Montagnes valeureuses et glaciers érodants,
    Vous attirez mon âme sur le toit de l’Europe
    Et dressez l’oriflamme de vos neiges interlopes.

    Jolie vue sur les Alpes suisses cet après-midi pré-printanier du 29 février

  • Café Florian

    Belles moustaches du passé, jolis canotiers d’avant-hier
    Ont sifflé à toute volée le passage des jolies filles.
    Des snobinardes compassées, des bêcheuses et des héritières,
    Les unes ont su en convoler, les autres sont restées vieilles-filles.

    Le Café Florian, place San Marco à Venise, où je n’ai jamais mis les pieds de ma vie.

  • Vierge ou verseau ?

    Vierge ou verseau, vous faites bien de vous parer de ces deux signes
    Car les courants d’air du verseau s’accordent sur les terres vierges.
    Sinon, si vous saviez combien coûte le port de cet insigne
    Qui n’est accordé qu’au berceau, vous n’auriez qu’à brûler un cierge.

    Tableau de Freydoon Rassouli

  • La quête de la nature

    Ma quête des endroits sauvages ressemble à la quête du Graal
    Tant l’homme a déposé sa marque et souillé l’environnement.
    Les animaux, en esclavage, obligés au vide intégral
    Restent les seuls qui le remarquent, excepté le pouvoir qui ment.

    Tableau de Svabhu Kholi

  • Demain les poissons

    Quand viendra le jour des poissons, la saumure coulera de source
    Entre requins et mammifères, entre méduses et cétacés.
    Chacun troublera sa boisson en mettant son grain d’sel en bourse
    Et les grands pontes des affaires crieront : « Maintenant, c’est assez ! »

    Illustration de Rlon Wang

  • Le nœud papillon

    Cupidon marque sa visée en demandant au papillon
    De se déposer sur le cœur comme un petit nœud d’intimité.
    Puis, d’une flèche bien avisée, il pointe sur le cotillon
    Et l’amour transmet sa liqueur entre les ailes d’extrémité.

    Tableau de Miho Hirano

  • Les yeux de la Dolorès – 2

    Maintenant, je peux vous le dire, elle brillait comme un soleil
    D’un flave regard pénétrant qui avait coloré mon âme.
    Juste l’absence d’un sourire m’avait mis la puce à l’oreille,
    Fors son amour enchevêtrant m’ayant communiqué sa flamme.

    Tableau de Michael Shapcott

  • L’infiniment petit

    Par les divines proportions et par la trigonométrie,
    J’ai atteint dans le nombre Pi comme une sorte d’apathie.
    Dans tous ses chiffres en contorsions de décimales asymétries,
    Figurait toute l’entropie de cet infiniment petit.

    J’ai retrouvé les mêmes formes dans mon corps et les végétaux,
    Comme la même signature de celle qui nous a créés.
    Qu’elles soient minuscules ou énormes, de minéraux ou de métaux,
    L’estampille de la nature fait de nous des êtres agrées.

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  • Les yeux de la Dolorès – 1

    J’ai rencontré la Dolorès sur le lac des Quatre-Couleurs
    Alors qu’elle était en croisière et moi, capitaine de goélette.
    Jamais si douce doctoresse n’a su apaiser mes douleurs
    En me rabattant la visière de ma casquette sur la tête.

    Tableau de Susann Sines

  • La femme universelle

    Quinze milliards d’années-lumières n’auront pas été suffisants
    Pour que chacun se rende compte du pouvoir de reproduction ;
    Car cette faculté première de nos cellules se divisant,
    C’est ce que la vie nous raconte au travers des ovulations.

    Tableau d’Annelie Solis

  • Gare à l’ho-ô-ô-omme !

    Si la pire espèce de singe qu’on ait vu dans tout l’univers
    N’est pas campée par le gorille, ni l’yéti, ni l’orang-outan,
    J’ai beau me creuser les méninges et vociférer tout l’hiver,
    Malheureusement l’homme brille par un intellect déroutant.

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  • La résolution de la femme

    Tandis que la Terre se morfond et que les hommes perdent la boule,
    Les femmes, en cercles, se rassemblent pour former leur révolution.
    Si ce changement est fécond et renverse l’état maboule,
    Nous pourrons dire tous ensemble que la femme mène l’évolution.

    Tableau d’Annelie Solis

  • Le lundi au Colisée !

    Monsieur le président assiégé qui choisissez et élisez
    Tous vos amis médiateurs aux postes les plus enviés,
    Je vous propose de faire siéger, tous les élus, au Colisée
    Combattre les gladiateurs où les lions seront conviés.

    Le Colisée à Rome

  • Ma couette en plumes

    Que de trésors accumulés, le matin à l’heure du réveil !
    Les rêves et les cauchemars en sont parsemés sur la couette !
    J’en chargerai mille mulets et j’irai vendre ces merveilles
    Une fois bu mon coquemar de café, d’une pirouette.

    Tableau d’Hanna Silivonchyk

  • Le don

    « – Dis-moi, Doudou, dis-donc !
    Est-ce que tu me souris
    Si je te fais le don
    D’une tendre souris ? »

    « Mon tendre et gros Minou,
    Tu deviens mon vainqueur.
    Je me mets à genoux
    Et je t’offre mon cœur ! »

    Tableau d’Hanna Silivonchyk

  • Les femmes rouges

    Lèvres rouges aux teintes sanguines comme un baiser couleur cerise
    Qui délivre son suc sucré à qui embrassera le fruit.
    Lèvres rouges si féminines dont la texture valorise
    La transmission du feu sacré à qui en sera plus instruit.

    Cheveux rouges aux teintes écarlates comme floraison d’amarantes
    Qui exhale une odeur musquée à qui caressera la fleur.
    Cheveux dont le brillant éclate d’une magie revigorante
    Qui frappe l’œil sans le brusquer juste pour atteindre le cœur.

    Langues rouges aux tons rugissants comme un cri poussé dans la nuit
    Qui prononce des mots d’amour à qui goûtera la saveur.
    Langues rouges aux sons mugissants lorsque l’envie s’épanouit ;
    Baisers de plus en plus glamours pour qui en mérite la faveur.

    Photos de Frederico Bebber

  • La petite sirène

    Tous les marins, vieux loups de mer, tous les plus grands explorateurs,
    Les navigateurs solitaires, les capitaines et leurs matelots,
    Ont croisé la voie des chimères lorsqu’ils ont passé l’équateur,
    Ont perçu la voix du mystère entre les vagues, au fil de l’eau.

    Ne croyez pas qu’elle assassine les hommes par haine ou par rancœur !
    La légende et la vérité s’enchevêtrent avec démesure.
    S’il est vrai qu’à son origine, elle leur dévorait le cœur,
    C’était pour sa sécurité et pour les avoir à l’usure.

    Aujourd’hui, elle dissimule sa jolie queue loin des regards,
    Loin de ce tourisme imbécile qui pollue plus que de raison.
    Si la sirène nous stimule et rend toujours les hommes hagards,
    C’est qu’elle a élu domicile là où le cœur a sa maison.

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  • La reine noire de l’univers

    Le mal se niche au cœur du bien, le bien se niche au cœur du mal ;
    Ainsi la loi de l’univers se résume à cet équilibre.
    À travers le stade amphibien qu’a vécu le règne animal,
    L’humanité n’est qu’un hiver sur les saisons d’un monde libre.

    Le noir est plus ou moins salubre, le blanc parfois sain ou nocif ;
    Ne cherchez pas la vérité uniquement dans l’un des camps.
    Les extrêmes se montrent lugubres, les pourparlers trop excessifs,
    Mais leur complémentarité créera un monde conséquent.

    Tableau de Sophia Shiloh

  • La reine blanche de l’univers

    Bien au-delà de la lumière, dans l’anti-monde permanent
    Où le temps n’atteint de limite à sa cadence omniprésente,
    Là-bas, j’ai ma source première, l’âme primaire et rémanente
    Dont le miroir du cœur imite cette énergie valorisante.

    Lorsque mes rêves s’y connectent, lors d’une nuit de pleine lune,
    Je passe par une ouverture qui ne s’entrouvre qu’une fois.
    Mon cœur et mon âme s’affectent de recouvrer cette fortune
    Juste un instant dans l’aperture mais qui ravive ainsi ma foi.

    Tableau de Sophia Shiloh

  • Ma mère en troubles

    L’image de ma mère se trouble quand le miroir de mon enfance
    Me renvoie l’écho qui redouble d’une réponse comme une offense.
    Est-ce mon cœur qui se refuse à voir à qui elle ressemblait
    Ou est-ce mon âme qui s’amuse de ces reflets désassemblés ?

    Tableau d’Alex Alemany

  • Cette tendre spirale

    L’homme et la femme, son contraire, à moins que ce ne soit l’inverse,
    Forment deux branches séparées qu’on a du mal à rassembler.
    Mais si le sexe est arbitraire de la semence qui se déverse
    De nos parents désemparés, personne ne veut leur ressembler.

    Tableau de Susan Walker

  • Le parfum des heures immobiles

    Tantôt l’aurore marque l’heure en développant les couleurs
    Qui ont trempé toute la nuit dans l’obscurité du séjour.
    Puis, les rayons dardent un leurre qui fait ressentir la douleur
    De l’aube accouchant sans un bruit d’un soleil qui ne vit qu’un jour.

    Tantôt le crépuscule opaque couvre la lueur des bougies
    Des lampadaires immobiles faisant office de sentinelles.
    Les étoiles, une à une, attaquent la lune qui se lève et rougit ;
    Et la nuit tombe indélébile comme une aveugle criminelle.

    La place San Marco à Venise au gré des heures

  • Le sacre féminin

    La pleine lune attire l’âme comme la femme attire l’homme
    Et l’homme désire conquérir ce qui est hors de sa portée.
    Ainsi, la femme produit la flamme qui fait basculer les royaumes
    Que l’homme rêve d’acquérir et que l’amour va apporter.

    Tableau de Peter Engelhardt

  • Le bain de lune

    La période la plus propice, par la théorie solunaire,
    Mentionnait cinq heures, cette nuit, pour une pêche d’abondance.
    J’ai vu, sous les meilleurs auspices de la révélation lunaire,
    Une ondine, au bain de minuit, qui nageait dans l’eau de jouvence.

    Tableau de Yanin Alexander

  • Lévitation et méditation

    « Encore un rêve ! » soupire le cœur,
    « Réveillons-nous ! » supplie l’esprit,
    « Stoppons le temps ! » demande l’âme,
    « Remuons-nous ! » chante le corps.

    Le cœur s’éveille à contrecœur,
    L’esprit regimbe, incompris,
    L’âme s’ébroue, tout feu tout flamme,
    Le corps respire un jour encore.

    Tableau de Yana Fefelova

  • Par l’audace

    Folie de l’intrépidité, extravagance de l’audace
    Forcent mon cœur à découvrir ce qui se cache sous l’horizon.
    Allié à la témérité, mon esprit ne tient plus en place
    Et force mon corps à ouvrir les frontières de sa prison.

    Si je reste un temps immobile, le temps s’occupe alors de moi
    Et me conduit vers l’expérience qui marquera toute ma vie.
    Comme un destin indélébile qui me pigmente au fil des mois
    D’universelle invariance qui me titille mes envies.

    Tableau de Yana Fefelova

  • Par l’imagination

    Magie de l’imagination, fantasme de la fantaisie,
    Élèvent mon cœur dans les nues avec mon esprit pour moteur.
    À hélice ou à réaction, ou bien par télékinésie,
    L’idée nouvelle est bienvenue et fait monter mes droits d’hauteur.

    J’y vais chercher un oxygène d’une étoffe qui a du corps,
    J’y vais récolter la liqueur qui pleut des nuages à foison.
    Cette pluie hallucinogène et cette neige qui m’édulcore
    Lorsqu’elles saupoudrent mon cœur qui d’amour tombe en pamoison.

    Tableau de Yana Fefelova

  • L’ange mouillé

    Devant l’ampleur de ses taches, se protéger de l’orage,
    Il a pris son parapluie pour éviter la tempête.
    Tous les éléments s’attachent à laver ces peinturages
    À coups de vents et de pluies, comme pour faire trempette.

    « J’en appelle à Saint-Médard, patron des intempéries,
    Pour qu’il provoque l’ondée qui lavera mes péchés ! »
    Et l’ange filer dare-dare auprès de sa confrérie,
    De peur de voir s’inonder le clos de l’archevêché.

    Tableau de Yanin Alexander

  • L’ange ivre

    Devant l’ampleur de sa tâche, pour se donner du courage,
    L’ange a bu le vin de messe qui lui fait tourner la tête.
    Il a rejoint ses potaches moins par force que de rage
    Avec le foie qui professe que sa foi est à la fête.

    « J’en appelle à l’Angevin, patron des vins de l’Anjou !
    Que les vignes du seigneur fassent les belles agapes ! »
    Et l’ange boire son vin d’une couleur d’acajou
    En trinquant à Monseigneur de Saint Châteauneuf-du-Pape.

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