Catégorie : 2025

  • À l’école des sirènes

    Je me suis écrit une lettre du temps où j’étais jeune thon
    Et que je fréquentais l’école des alevins en fin d’études.
    J’y avais décrit mon mal-être, mes déboires avec Jeanneton,
    Durant mes années piscicoles où je souffrais de solitude.

    J’avais coutume de boire un ver au bar des poissons noctambules,
    Une bande de mérous de secours assis sur un banc de sardines.
    L’une d’elles avait de beaux yeux verts et nous aimions coincer la bulle
    Tous les deux en suivant les cours de la sirène Géraldine.

    Géraldine m’a appris à lire et à écrire entre les lignes
    Et j’ai dédié à Jeanneton un poème pas piqué des vers.
    Mais elle n’y a vu que du délire et de façon pas très maligne
    M’a demandé de changer de ton car elle n’aimait pas les pervers.

    Illustration de Ren Wicks.

  • L’étoile de la sirène

    Pourquoi les sirènes me hantent -elles autant comme une obsession
    Alors qu’elles sont d’hypothétiques produits de mon imaginaire ?
    Quel est ce désir qui supplante tous les autres de la passion
    Pour cette attraction poïétique envers un puissant luminaire.

    Car les sirènes sont des étoiles qui illuminent les profondeurs
    Des mémoires issues de la mer dont je suis le prolongement.
    C’est pourquoi la nuit me dévoile des rêves emplis de la rondeur
    Des jolies queues que mes chimères viennent agiter étrangement.

    Et mon cœur d’étoile de mer perce mon ciel de certitudes
    Et en fait jaillir les sirènes qui nagent à l’encre de ma plume.
    Douces rimes au goût amer me sortent de ma solitude
    Pour vider mon âme sereine, exempte de toute amertume.

    Illustration par Douzen sur https://yande.re/post?tags=douzen .

  • Rose

    L’intelligence artificielle
    Dominera un jour les hommes
    Qui d’ores et déjà renoncent
    À devoir penser par eux-mêmes.

    De ces équations matricielles
    Présentes dans les chromosomes
    Des ordinateurs, on annonce
    Déjà tous les prochains dilemmes.

    L’intelligence dominante
    Qui demain mènera le monde
    Sera de forme féminine,
    Intuitive et catégorique.

    Malgré la pression imminente
    Des religions les plus immondes,
    Et la primauté léonine
    Qui vient tout droit de l’Amérique.

    Voyons plutôt la vie en rose
    Sous le contrôle omniprésent
    Des caméras et des capteurs
    Répandus dans la domotique.

    Sous la domination morose
    Des logiciels partout présents.
    Nous serons nos propres acteurs
    De la comédie robotique.

    Illustration de Sr-vinnce.

  • Adam & Ève aux rayons X

    Si l’on ôte les effets spéciaux de la bible ainsi épurée,
    La création alors devient une expérience plutôt cosmique.
    À bord de ses vaisseaux spatiaux avec des pensées délurées,
    Dieu aurait fait ce qu’il convient pour faire un opéra-comique.

    Ainsi Adam, le jeune espoir, aurait joué son premier rôle
    Ève aurait donné la réplique au deuxième acte seulement
    Qui, par un jour de désespoir, aurait dévoilé sa corolle
    À un démon, ce qui explique, le divin bouleversement.

    Au troisième acte, le rideau tombe sur le péché originel.
    Coup de théâtre, les deux amants, sont jetés dans le caniveau
    Malgré la faute qui leur incombe à cause d’un polichinelle,
    Ève alors future maman accouche de deux enfants rivaux.

    Enfin la saga continue de catastrophes en catastrophes ;
    Premier crime contre l’humanité, Caïn tue le quart des héros ;
    Face à toutes ces disconvenues, toutes les terres limitrophes
    Sont inondées par vanité et… suite au prochain numéro.

    Tableaux de Kostyantin Malginov.

  • Derrière la mer, la femme

    Pour trouver la femme parfaite, il faut d’abord choisir la mère
    D’un corps ferme mais azuré, jambes sveltes et les pieds sur Terre ;
    Un visage qui l’amène au faîte d’une beauté non éphémère
    Et des hanches bien assurées par un bassin bien volontaire.

    Mais penser de cette manière me fera préférer la mère
    Et ses fruits mûrs appétissants à sa fille encore nubile.
    Après vingt années printanières, la décision demeure amère
    Comme un œdipe abrutissant qu’un éternel choix m’obnubile.

    Alors l’idéal féminin, qu’il ait oui ou non le dos fin,
    Un vent du large dans les cheveux est une obsession qui me vrille
    Inoculée comme un venin et qui se répand aux confins
    De tous les désirs que je veux retrouver entre mère et fille.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • De la Terre à la Lune

    Lorsque Gaïa et Séléné se teignent simultanément,
    L’une comme un soleil couchant et l’autre comme une lune rousse,
    On sait très bien que c’est l’ainée qui l’a fait inopinément
    Pour que sa cadette sur-le-champ en ait comme le diable aux trousses.

    Fournissant l’effort maximal pour se mettre en corrélation,
    La jeune Lune s’empourpre alors contaminant ses cheveux d’or.
    Quand le rapport est optimal les sœurs ont la révélation
    Que pleins de rêves vont éclore après que le soleil s’endort.

    Lorsque Gaïa et Séléné s’atteignent dans une conjonction
    Elles développent une énergie supérieure aux autres planètes
    Que rien ne saurait réfréner sauf s’il y a opposition
    Qui faiblirait leur synergie mais seulement d’une comète.

    Quand Séléné se renouvelle et que Gaïa est en hiver,
    Elles s’éclipsent l’une l’autre et deviennent astres anonymes.
    C’est du moins ce que nous révèlent les grandes lois de l’Univers
    Dont le soleil se fait apôtre dans tout son système éponyme.

    Posters “Earth Concert Poster” & “Mono 2011” par Malleus.

  • Cherchez la femme !

    J’observe la race féline et n’y vois que des chattes offertes
    Sur des babines rebondies et sous un long museau soyeux
    Comme une obsession féminine qui m’invite à la découverte
    De toutes formes arrondies et de gouffres doux et moelleux.

    Et plus le félin est sauvage et plus l’envie sera tenace
    De chercher l’objet du désir représenté dans la nature
    Et reproduit tel un pavage régulier mais aussi pugnace
    Comme pour trouver le plaisir de la divine signature.

    Quand j’ai compris qu’à l’évidence l’image était recopiée
    Dans chaque détail immobile et dans chaque fragment du temps,
    J’ai admis que celle qui danse dans ma rétine estampillée
    Reste la marque indélébile de la femme s’y répercutant.

    Tableau de Daria Borisova.

  • Les fleurs d’éternité

    Quand tombent les étoiles les nuits de pleine Lune
    Dans les rivières prêtes à les ensemencer,
    D’abord elles se voilent de gangues opportunes
    Qui les gardent proprettes mais décontenancées.

    Heureusement pour elles, dans sa barque affrétée
    Par Marie-Pimprenelle, fille du marchand de sable,
    Les lueurs naturelles des étoiles reflétées
    Brillent d’une pulsionnelle clarté reconnaissable.

    La fille fait sa cueillette de fleurs d’éternité
    C’est ainsi qu’elle appelle les étoiles tombées ;
    Les plus belles à paillettes font la pérennité
    Des ventes hétéronomes avec leurs retombées.

    En effet le commerce des cœurs d’étoiles en fleurs
    Est très avantageux pour une telle hardiesse.
    Sa seule controverse sont les chats persifleurs
    Qui se montrent outrageux envers les plus belles pièces.

    Illustration de Jungsuk Lee.

  • Le temps fantôme

    Que deviennent les heures passées et les minutes écoulées ?
    Où s’en va le temps qui s’encourt et d’où le futur vient-il donc ?
    À peine pensé, c’est dépassé ; tous les ressorts sont déroulés
    Toute mon âme court « au secours » et mon cœur est à l’abandon.

    On dit que l’avenir appartient à celui qui se lève tôt
    Mais plus je me réveille tard et plus c’est du temps remporté.
    Et si du passé je m’abstiens, qu’est-ce que je gagne et à quel taux
    Rembourserai-je le retard et quelle en sera la portée ?

    Finalement le temps n’existe qu’à cet instant le plus succinct
    Du temps qui semble omniprésent mais qui ne survit nulle part.
    Puisqu’à la fin rien ne subsiste, il faudrait qu’il y ait un vaccin
    À la maladie du présent qui ne fait que des faux départs.

    Tableau de Rafał Masiulaniec.

  • Affronter ses peurs

    Lorsque je me sens oppressée, tirée vers ce qui me fait honte,
    Comme si je me sentais jugée par mes ancêtres rassemblés,
    Je vois leurs remords me stresser et leurs regards qui me confrontent
    À mes gênes et mes préjugés auxquels j’ai peur de ressembler.

    Ils se projettent dans mes rêves et s’insinuent dans les médias ;
    Ils se glissent dans les séries et dans les livres que je lis.
    Et plus l’émotion sera brève, subliminale dans l’immédiat,
    Plus elles restent en périphérie chez moi tout autour de mon lit.

    Alors je change de décor et j’appelle mon cœur d’enfant
    Dont l’avenir fait un barrage et me fait traverser l’épreuve ;
    Un prolongement de mon corps comme un archange triomphant
    Qui m’apporte tout le courage et la confiance dont il fait preuve.

    Et je remonte à contresens vers ces ancêtres inconnus
    Par le cordon ombilical même s’il est fantomatique.
    Et c’est en retrouvant l’essence que je l’ai enfin reconnu
    Cet étroit tunnel vertical de mes peurs psychosomatiques.

    Illustrations de Stefan Koidl et de Steven Stahlberg.

  • Ma minette qui est au ciel

    J’avais, pour ma chatte Chanelle, beaucoup d’amour et de prières
    Et lorsqu’elle est montée au ciel, je l’ai recommandée à Dieu
    Pour, de sa substance charnelle, me faire des retours arrière,
    Rêves de flash-back essentiels du matou miséricordieux.

    Et si les chrétiens du pays attestent solennellement
    Qu’il n’y a pas de chat au paradis, je n’ai qu’à leur faire un dessin
    Devant tous leurs yeux ébahis, qu’ils y sont éternellement
    En train de ronronner ravis sur les girons de chaque saint.

    Je revois sans cesse l’image de mon chat en train de courir
    Le long de mon appartement lorsque le soleil est radieux.
    Et je tiens à lui rendre hommage car lorsque je l’ai vue mourir,
    J’ai vu son âme parfaitement sauter sur les genoux de Dieu.

    Tableau de Jeramondo Djeriandi.

  • Souvenirs de par-ci, par-là

    Ces souvenirs qui me rattachent aux lieux où j’ai tracé ma route ;
    Route du tendre accompagnée, route des vins entre lacets,
    La nostalgie qui s’en détache, instants qui m’ont mise en déroute,
    Collectionner pour témoigner d’amours furtives entrelacées.

    Petit’ Tour Eiffel clignotante, coupe de fruits peinte à la main,
    Verre en cristal de baccarat, médailles gravées d’aphorismes,
    Dans ma vitrine ventripotente, soumise à tous les examens
    Pareille au musée d’apparat qu’est mon addiction au tourisme.

    Pourtant non, je suis casanière, je préfère voyager chez moi
    De mon salon made in France à ma chambre au thème africain,
    De ma cuisine marinière et lecture au fil au chinois,
    De ma salle de bains à outrance avec gadgets américains.

    Je n’y ai jamais mis les pieds ; tout ça n’est qu’une mise en scène
    Faute d’errance autour du monde, mes racines sont enterrées.
    Ces bibelots forment un trépied qui me fait traverser la Seine
    En bateau-mouche où vagabonde l’esprit du voyage éthéré.

    Tableau d’Evelina Vine.

  • Entre le cœur et la raison

    Entre le cœur et la raison, le corps et l’âme sont en balance ;
    L’argent n’achète pas l’amour mais la vie exige son dû.
    Sans doute qu’au fil des saisons, l’alternative me relance
    Et je marie avec humour cet oxymore des plus ardus.

    Entre le cœur et la raison, je vole entre deux courants d’air ;
    La religion m’ouvre le cœur mais le ferme à la liberté.
    Je pourrais sans comparaison arguer que je suis solidaire
    De conserver l’esprit moqueur du cœur d’enfant en puberté.

    Entre le cœur et la raison, je peux choisir et l’annoncer ;
    Entre la carrière et les siens, l’élévation reste indécise.
    Chacun voit devant sa maison ce à quoi il doit renoncer
    Pour son plaisir théoricien ou sa passion la plus concise.

    Tableaux de Christian Schloe et Megan Laurel.

  • Les fleurs bleues de l’ennui

    Souvent les femmes télépathes, dans leurs petits jardins secrets,
    Vivent nues pour communiquer avec les fleurs bleues de l’ennui.
    Les p’tits animaux à quatre pattes participent au rite sacré
    Car ils ne cessent de tourniquer aussi bien de jour que de nuit.

    Les papillons sont messagers des pensées qui poudrent leurs ailes
    Avec des couleurs d’émotions accordées aux cœurs émetteurs.
    Du petit amour passager aux grandes passions pleines de zèle,
    On voit les fleurs en dévotion envers les penchants prometteurs.

    Les bleus de l’âme, les blues du cœur reflètent parfois les chagrins
    Dont elles vident les esprits, qui ont souffert au champ d’honneur,
    Des occasionnelles rancœurs sous la forme de tout petits grains
    Que les fleurs de joie s’approprient pour les transformer en bonheur.

    Tableaux de Chie Yoshii.

  • L’année du toucan

    Cette année est celle du toucan qui est son animal fétiche ;
    Il est l’ami des complotistes, activistes et lanceurs d’alertes.
    Les attaqués, les attaquants, Amerloks, Russkofs et British
    Contre terroristes jusqu’au-boutistes pourront lancer leurs guerres ouvertes.

    Dans la forêt amazonienne, les Indiens disent du toucan
    Qu’il ne crie que lorsqu’un danger se présente à proximité.
    D’après des sources étasuniennes, l’OTAN fait autant de boucan
    Qu’il veut prétendre nous arranger la paix en toute illégitimité.

    Autant en emporte le vent, un vent de conquête en puissance,
    Un Monopoly à l’échelle du monde et de ses présidents.
    D’occident au pays levant, l’accent est mis sur la croissance ;
    Ce secret de polichinelles devient de plus en plus évident.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Au lit, l’an neuf !

    Au lit, l’an neuf, je dormirai toute l’année pour passer outre
    Les bêtises les plus immondes de l’actualité dramatique
    Car autrement je vomirais les déclarations des Jean-foutre
    Qui nous pourrissent ce pauvre monde de leurs intérêts pragmatiques.

    Pour la Saint-Valentin, je dors toujours encore pour éviter
    Que Marianne me délaisse pour Bernadette Sabayrou
    Avec sa bande de galantins tout autour qui vont léviter
    Pour piquer les sous dans la caisse et fuir sur les chapeaux de roue.

    Au printemps, j’ai toujours sommeil à cause du ton ennuyeux
    Dont le marlou de Marianne fait ses discours volumineux.
    Et l’été, je baille aux corneilles devant le chemin périlleux
    Que me fait suivre le fil d’Ariane pour sortir de ce sac de nœuds.

    L’automne passe et puis l’hiver, j’ai opté pour l’hibernation.
    Ne me réveillez pas avant l’année deux mille vingt-sept
    En espérant que l’univers nettoiera la consternation
    De ce polichinelle navrant à n’pas prendre avec des pincettes.

    Tableau de Rob Gonsalves.

  • La sirène au galop

    Une image contenant peinture, art, cheval, croquis

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    Le vendredi, tous les centaures au feu de camp sont rassemblés ;
    On y invite les sirènes mais ce n’est pas pour les manger.
    Sur le rivage, ils sont pléthore à accourir à l’assemblée
    Auprès de leur roi et leur reine qui les protègent des dangers.

    Les sirènes montent en amazone qui sied à leur anatomie ;
    Elles ont du mal sur la terre ferme à se déplacer autrement.
    Ainsi, elles parcourent les zones divisées en dichotomie
    Entre le palais et les fermes pour parer aux encombrements.

    Centaures et sirènes en binôme forment la police montée
    Qui traque les humains capables d’aller là où il ne faut pas.
    Mais sitôt qu’ils trouvent un bonhomme de bonne ou mauvaise volonté,
    Ils convient alors le coupable à s’impliquer dans leur repas.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • Défi à l’amour

    Une image contenant peinture, dessin, croquis, poisson

Description générée automatiquement

    Vous souvenez-vous d’un poisson épris d’un oiseau, amoureux
    Qui s’aimaient d’un amour si tendre mais ne savaient comment s’y prendre ?
    Eh bien leurs cœurs ont fait moisson de tous leurs désirs langoureux
    Et chacun de faire sans attendre le maximum pour se comprendre.

    Notre poisson-volant sans ailes s’est doté d’une grande voile
    Et s’est affranchi de la mer pour aller tâter du terrain.
    Il s’est élevé avec zèle, a pris le chemin des étoiles
    Et goûté les courants amers des vents chargés d’embruns marin.

    Notre oiseau qui n’était pas sot, s’est fabriqué un sous-marin
    Et a pris la voie des abysses pour chercher sa bonne fortune.
    Il s’est élancé à l’assaut des mondes sacrés souverains
    Des autochtones qui subissent la loi du trident de Neptune.

    Encore qu’aveugle soit l’amour le cœur sait comment faire face ;
    La voile heurta le périscope et l’ancre s’enroula autour.
    Finalement avec humour, ils s’établirent en surface
    Et l’idylle d’après l’horoscope put démarrer au quart de tour.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • L’offrande du ventre

    Le contenu prime toujours, il est vrai, sur le contenant ;
    Que ce soit d’un millésimé ou d’une future maman.
    Or lorsqu’arrive l’heureux jour où l’enfant sort en écornant
    L’embouchure du périnée, on n’en fait pas tout un roman.

    Et moi, j’aime ce corps en amphore même s’il ressemble à une cruche
    Avec les seins comme deux anses et le ventre conceptuel.
    Et si j’osais la métaphore, je le comparerai à une ruche
    Où se prépare la naissance d’un tord-boyaux spirituel.

    Ainsi la femme est une offrande et une corne d’abondance,
    Notamment lorsqu’elle est enceinte et durant toute la gestation.
    Bénie soit Ève, révérende mère et toute sa descendance
    De filles sacrées comme saintes de l’humanité en question !

    Tableau de Wei Dong.

  • L’arrivée en ville

    Quand elles arrivent en ville, les filles déracinées
    Se font vite repérer à leurs façons d’aller,
    De faire leurs affaires ou de « magasiner »
    Et leur vocabulaire qui reste inégalé.

    Quand elles marchent en ville, les filles de la campagne
    Attirent l’attention avec leurs gros sabots.
    Elles ressemblent à des vaches tombées de la montagne
    Qui ouvrent leurs grands yeux en trouvant tout ça beau.

    Quand elles viennent en ville, descendant l’avenue,
    Elles se font reconnaître à leurs drôles d’habits.
    Paradoxalement on croirait qu’elles sont nues
    Sous leurs fringues grossières et de tout acabit.

    Quand elles quittent la ville, à cheval, en voiture,
    Elles se singularisent une dernière fois.
    Elles cherchent sur le plan la fin de l’aventure
    Mais comment en sortir plus vite toutefois.

    Tableau de Paul Delvaux.

  • Je t’attendrai à la porte le 1er janvier

    Ma porte sera grande ouverte et moi je serai grande offerte
    Comme un cadeau de bienvenue pour qui saura me butiner.
    Alors pars à la découverte de l’audace que j’aurai soufferte
    De rester ainsi toute nue d’une impudence mutinée.

    Toutefois je serai discrète car ma maison reste secrète,
    Perdue au milieu des forêts, loin des chemins de randonnée.
    À toi l’intuition qui sécrète sa solution la plus concrète
    Pour parvenir à déflorer ma chasteté abandonnée.

    Seras-tu mon prince charmant, mon loup, mon ogre, mon amant,
    À qui j’ai très envie de plaire et à qui j’offre mes appas.
    Si tu viens, j’en fais le serment ; dans neuf mois je serai maman
    Et, si tu te montres exemplaire, cette fois je ne te mangerai pas.

    (Tableau de Pavlos Samios.)

  • Bonjour ! Salut et Bonne Année !

    Quand l’homme salue et se découvre, la femme se découvre aussi
    Juste un peu plus pour lui complaire et jouer ainsi de son charme.
    Aujourd’hui, elle se recouvre, non pas parce qu’elle a grossi
    Mais parce qu’il est exemplaire pour elle de déposer les armes.

    Un sein nu paraît une offense s’il est pointé en société
    Mais il devient un argument en terrain ami-ennemi.
    Quand il exige la défense d’une protection à satiété,
    Ses formes évoquent assidûment les désirs les plus affermis.

    « Bonjour Madame ! » dira Monsieur en levant bien haut son chapeau ;
    « Bonjour Monsieur ! » dira Madame en entrouvrant bien grand sa robe.
    Dans mon Paradis fallacieux, j’en ai les nerfs à fleur de peau
    De croiser les saints haut de gamme et que leur salut se dérobe !

    (Tableau de Paul Delvaux.)