Catégorie : Sirènes du vendredi

  • La sirène de minuit

    Sur une mer encrée de nuit et sous un ciel vague de lune,
    Une sirène en queue de plumes évolue entre deux éléments
    Mus par le soleil de minuit et son énergie opportune
    Qui semble poindre à plein volume sous un clair-obscur firmament.

    Soleil de minuit et demi, la sirène à la queue de paon
    Fait une roue atmosphérique et s’élève les bras dressés
    En montrant son académie dont la poitrine se suspend
    Comme deux astres chimériques qui me sont soudain adressés.

    À ce moment-là, la sirène crève l’image et le poème
    Et se matérialise enfin dans un rayon projectionniste.
    Elle me dit d’une voix sereine : « Je suis une fée de Bohème
    Qui s’était perdue aux confins d’un univers impressionniste ! »

    Et puis sans tambour ni trompette, je la vois monter au plafond
    Et traverser la page blanche entre les lignes fantomatiques.
    Le temps d’une dernière trempette dans l’eau d’un blanc le plus profond,
    Je succombe à une avalanche de limbes à l’encre sympathique.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • La sirène à l’école

    Depuis que l’Europe réglemente les lieux de pêche autorisés,
    Les pêcheurs de métier renoncent à continuer d’exercer.
    Hélas, les sirènes s’alimentent de ces jolis marins frisés
    Et en conséquence nous annoncent qu’elles en sont bouleversées.

    Nous allons devoir accueillir de jeunes sirènes à l’école
    Et les intégrer comme il sied aux enfants qu’elles vont côtoyer.
    Nous pourrons nous enorgueillir de nouvelles classes piscicoles
    Adaptées aussi bien aux pieds qu’aux queues de poissons écaillées.

    Piscines de récréation remplaceront les cours d’école
    Et les sirènes maître-nageuses auront des fonctions aquatiques.
    Il ne manque que l’agréation afin que le projet décolle
    D’une ministre courageuse pour mettre tout ça en pratique.

    Illustration de Kay Tarrant

  • Mélancolie du fond des mers

    Le fond des mers est frais et les amours rigides
    Entre le matelot invité aux abysses
    Et la sirène hélas qui se montre frigide
    Ne fait aucun effort, la passion s’estourbisse.

    Heureux comme un poisson dans l’eau ne suffit pas
    Et le marin déçu se sent un peu frustré ;
    La sirène avait beau promettre ses appas,
    Sur son lit de cailloux, elle n’a su s’illustrer.

    Leurs amours sont noyées ; le feu de la passion
    Ne saura plus vraiment comment les réjouir.
    Ayons pour le bonhomme toute la compassion
    Qu’il est en droit d’attendre d’être mort sans jouir.

    Tableau de Miguelanxo Prado

  • Dans son aquarium

    Lorsque l’hypothétique muse s’régale de la somme des carrés,
    Poissons scalaires des deux côtés de son réservoir agencé,
    Elle me regarde et elle s’amuse de voir mes plans contrecarrés
    Car j’espérais la bécoter dès qu’elle se serait avancée.

    Elle est joueuse et fait semblant de se sentir ma prisonnière
    Dans son petit cube magique qu’une eau douceâtre ravitaille.
    Je lui trouve un air ressemblant avec Rita, la poissonnière
    Qui me l’a vendue léthargique et de toute petite taille.

    Croyant que c’était un poisson, je l’ai placée au vivarium
    Avec d’autres poissons de roche, rouget-grondin, congre et rascasse
    Que je lui donne sans façon en disposant son aquarium
    Afin que, lorsque je m’approche, elle devienne beaucoup plus loquace.

    C’est pourquoi chaque vendredi, j’ai des histoires à raconter
    Autant cocasses qu’inédites grâce à notre correspondance.
    Comme je n’ai jamais contredit ma belle sirène, je peux compter
    Sur elle pour éviter redites, répétitions et redondance.

    Tableau d’Ivan Lubenikov sur https://www.catherinelarosepoesiaearte.com/2012/06/ivan-loubennikov.html

  • M. & Mme Fisher-Mermaid

    Le temps passe sur les rencontres mais les rencontres ne passent pas
    Et le vieux pêcheur marseillais aime toujours sa vieille sirène.
    Ils gardent leurs enfants tout contre leur cœur et à chaque repas
    Noël ou Pâques, ces grassouillets reviennent embrasser leur mère.

    Mère qui a bien bourlingué bien que devenue franco-suisse
    Loin des mers et des océans, bien loin des abysses sauvages,
    Mais elle a su ribouldinguer de manière à ce qu’elle puisse
    Se faire la belle sur son séant en peignant tous ses vieux rivages.

    Ses vieux rivages de Bretagne, du Maroc et des îles hellènes
    Avec un ancien flibustier qui l’a auparavant distraite.
    Aujourd’hui elle est la compagne qui, entre Rimbaud et Verlaine,
    Écoute le langage châtié de son poète à la retraite.

    Illustration de Jessica Warrick.

  • Prière à Neptune

    Celle qui veut devenir sirène doit prier de cette position :
    Nue, accroupie dans la baignoire, les mains jointes et les pieds levés.
    Psalmodier d’une voix sereine l’incantation sous condition
    Que l’eau salée de la Mer Noire les ait très longuement lavées.

    Il faut la foi et la patience qui seront bien récompensées
    Lorsque fusionneront ses membres en une queue toute en rondeurs.
    Dès qu’elle en aura conscience, elle sera alors dispensée
    De vivre seule dans sa chambre pour gagner les grandes profondeurs.

    Plaise à Njörd et plaise à Neptune de lui accorder leurs faveurs
    Si la novice a de la voix et le corps bien proportionné
    Là où le corps ressemble à la Lune leur sera de toute saveur
    Et lui feront découvrir la voie enchanteresse et passionnée.

    Tableau de Valéria Ko.

  • Les sirènes au cirque

    Les sirènes courent au chapiteau se régaler des baladins,
    Des musiciens, des comédiens qui font la tournée de Neptune.
    Illico, presto, subito, elles s’asseyent sur les gradins
    Avec les clowns costumédiens et leur bonne humeur opportune.

    Arrivent les hommes-poissons, adeptes des hommes-grenouilles,
    Et les sirènes folles de joie plongent en chœur dans le bassin.
    Elles font de baisers la moisson, puis ensemble elles s’agenouillent
    Pour leur chanter à pleine voix une chanson de Joe Dassin :

    Celle où « …Tous les sifflets de train, toutes les sirènes de bateau
    Ont chanté cent fois la chanson d’un Eldorado d’Amérique… »
    Et de courir avec entrain en abandonnant le plateau
    Pour filer sous les étançons pour des relations homériques.

    Le lendemain, ils sont partis, le cirque et la ménagerie ;
    Le tout a été démonté et transporté au petit jour.
    Les sirènes en prennent leur parti car de leurs courtisaneries
    Avec leurs meilleures volontés naîtront le fruit de leurs amours.

    Tableau d’Ana Hernandez San Pedro.

  • Ma première sirène

    Non, jamais de la vie, je ne puis l’oublier,
    La première sirène avec qui j’ai couché.
    Tout comme les premiers vers que j’ai dû publier
    Suite à cette expérience où j’ai pu la toucher.

    Ses seins au goût marin, sa bouche au goût de sel,
    Ses mains aux tentacules qui lui servaient de doigts ;
    Sa queue souple et charnue, son sexe de pucelle
    Qui découvrait ce jour l’humain comme il se doit.

    Ce qu’elle m’a chanté au creux de mon oreille,
    Je l’entendrai toujours lorsque je pense à elle.
    L’épectase obtenue, à nulle autre pareille,
    M’a envoyé au ciel et depuis j’ai des ailes.

    Tableau de Tracey Harris sur https://www.artepintu.com/2019/04/tracey-harris-pintora-realista.html .

  • Le jacuzzi des sirènes – 2

    Vieilles sirènes, que faites-vous quand sonne l’heure de la retraite ?
    Remettez-vous la queue au stock des costumes traditionnels,
    Tous vos colliers, tous vos bijoux et toutes vos bottes secrètes
    Pour aller à Vladivostok goûter aux bains émotionnels ?

    En bikini, la clope au bec ou à poil, un verre à la main,
    On se retrouve au jacuzzi des femmes-poissons pensionnées.
    Caviar servi par des Ouzbeks autochtones dont le tournemain
    Ferait pâlir de jalousie des serveurs malintentionnés.

    Lorsqu’elles invitent un homme – parce que dans l’homme tout est bon –
    Toutes s’en régalent d’amour du sexe comme une croquembouche.
    Enfin elles noient le bonhomme et en dégustent les jambons
    Avec un sourire glamour qui leur illumine la bouche.

    Photo de Moni Haworth.

  • Le jacuzzi des sirènes – 1

    On s’entend bien entre sirènes ; lorsqu’un navire est capturé
    Par l’association océane des amatrices de gibelotte.
    Après des agapes sereines de loups de mer ligaturés
    Soumis au feu érotomane d’un grand méchoui en matelote.

    On se détend bien juste après pour aider à la digestion
    Dans le trou normand encavé avec fenêtre sur la mer.
    On se délecte des apprêts de la chasse à courre en question
    Avec les âmes chouravées à la marine intérimaire.

    Neptune nourrit ses enfants et leur décerne des étoiles
    Pour la cuisine élaborée du consortium des maîtres queues.
    Et les meilleurs chefs triomphants reçoivent leurs prix que dévoile
    Une pluie d’or corroborée par tous les dieux du monde aqueux.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Mais à quoi pense la sirène ?

    Parfois quand sa queue s’entortille comme un point d’interrogation,
    La sirène pense et se concentre sur quel habile subterfuge
    Elle va, de toute une flottille, attirer la navigation
    Afin de s’en remplir le ventre toute une année dans son refuge.

    Car la sirène qui pense en boucle recherche à rentabiliser
    Le panier de la ménagère lorsqu’elle sort faire son marché
    De ses deux précieuses escarboucles, ses lèvres sensibilisées
    À semer la fièvre passagère auprès des marins démarchés.

    Sa voix terrible qui roucoule séduit et envoûte à la fois,
    D’une attraction irrésistible, le moindre navire étranger.
    Et tandis que les larmes coulent aux yeux qui ont perdu la foi,
    D’une manière indéfectible, elle compose son garde-manger.

    Illustration Valeriabatz sur https://www.instagram.com/p/CrvB6frqlDW .

  • L’escorte révérencieuse

    Cela semblait très solennel, cérémonial et silencieux ;
    Le cortège remontait sans hâte, sans un bruit et majestueux,
    Puis comme un voile de flanelle ramassé et révérencieux,
    Qui aurait noyé dans la ouate un cortège très voluptueux.

    Très lents étaient ses mouvements, nage ondulée presque falote,
    Comme une déesse soumise pleurant un père disparu.
    Une escorte exclusivement composée de poissons pilotes
    Suivait la princesse promise aux circonstances encourues.

    Des requins blancs fermaient la marche et, derrière eux, une mer vide
    Mais ce fut lorsqu’ils arrivèrent qu’on comprît la cérémonie.
    Neptune, ce grand patriarche, cédait d’une main impavide
    Son trident désormais sous verre au musée sans hégémonie.

    C’était pour fêter l’ouverture du grand musée outre-Atlantique
    Sur les chimères de toutes sortes qui font les récits formidables.
    Et quand vint l’heure de la clôture, tous repartirent à l’identique,
    Sirène en tête et son escorte vers les abysses insondables.

    Illustration de Weebong.

  • Sirène at tea time

    Déjà cinq heures dans les abysses, sous l’éclat des poissons-lanternes,
    On boit le thé d’algues marines dans des tasses de porcelaine.
    Bien que la céramique subisse la profondeur qui la rend terne,
    On la rehausse d’alizarine issue de nacres pure laine.

    Car la peau des mérous se tond et donne une laine écaillée
    Qui lustre tasses et théières qui sont ainsi bien culottées.
    Cependant faute de mouton, on n’obtient que du lait caillé
    Lorsque les sirènes écaillères traient leurs mamelles ballotées

    Déjà six heures et l’éternelle obscurité est compensée
    Par les poissons luminescents dans une ambiance tamisée
    Et les sirènes confraternelles aiment venir s’y dépenser
    Pour échanger d’évanescents commérages mondialisés.

    Illustration de Megan Stringfellowd « csgirl ».

  • La mémoire de la sirène

    Avant, les huîtres-caméras n’enregistraient nulle aventure,
    Ni amourettes ni compulsions de l’intimité des sirènes.
    Aujourd’hui grâce au tempéra, une technique de peinture
    Appliquée sur une émulsion, garde les mémoires sereines.

    Les perles ainsi sont détrempées et enrobées des émotions
    Issues des jours les plus intenses de la chasse aux marins charmants.
    Et pour ne pas se détromper, avec la nacre en promotion
    Les huîtres hissent leur compétence vers un prestige désarmant.

    Ainsi le soir dans les abysses, se déroulent les souvenirs
    Les plus glorieux et valeureux des belles histoires aquatiques.
    Et ces moments les plus propices viennent justement soutenir
    Les poissons les plus malheureux ainsi que les neurasthéniques.

    La sirène choisit son programme selon l’humeur de ses amis
    Et leur remonte le moral par tous les trésors recueillis
    Lors des naufragés et des drames au cours des navires ennemis
    Qui s’échouent sur le littoral à coups de vagues enorgueillies.

    Illustration d’Antares Alkimista.

  • La sirène annulaire

    La pleine Lune et ses effets sont bien connus dans nos contrées
    Cependant il parait qu’en mer, c’est encore plus spectaculaire.
    Les poissons-volants stupéfaits se hâtent d’aller rencontrer
    Sur le firmament outremer les sirènes en saut annulaire.

    Elles sautent autour de la Lune complètement en pâmoison ;
    Une sorte de danse nuptiale pour attirer les matelots
    Qui auraient mauvaise fortune de s’accorder au diapason
    De la créature abyssale qui pirouette au-dessus de l’eau.

    Et saute, saute et tournevire ; et tourne, tourne et virevolte,
    Inépuisable, infatigable, la sirène serait suicidaire
    Car elle meurt si aucun navire ne change, d’un cap désinvolte,
    Sa destinée irréfragable pour une fin plus légendaire.

    Tableau de Colin Ju sur https://www.artworkcanvas.com/blogs/simple-painting-ideas/easy-cute-painting-ideas-for-kids-small-easy-cartoon-painting-ideas .

  • La sirène coquette

    À l’instar des hommes et des femmes, chacun sa personnalité
    Et les sirènes également développent leurs caractères ;
    Particularités infâmes et marques de banalités
    Ou tendances idéalement portées côté vestimentaire.

    Ainsi la sirène coquette, pas carnassière pour un sou,
    Attirera le matelot afin de lui piquer ses fringues.
    D’abord chaussettes et soquettes, puis les vêtements du dessous,
    Chemise, pantalon et calot, tout ce qui la rend un peu dingue.

    Tandis que le marin détale, tout nu, hagard et sans flâner,
    La sirène coquette court se réfugier dans son réduit.
    Avec des fibres végétales et ses échantillons glanés,
    Elle se présentera au concours des plus belles femmes d’aujourd’hui.

    « Mais pourquoi reste-t-elle nue ? » Me direz-vous à juste titre !
    C’est qu’elle a horreur de porter ses créations amateuristes.
    Chez les sirènes, c’est bien connu, l’esprit n’a pas voix au chapitre
    Et la coquette doit supporter d’être de surcroît naturiste.

    Tableau de Maria Dimova sur https://m.joyreactor.cc/tag/Maria%20Dimova/all .

  • À l’école des sirènes

    Je me suis écrit une lettre du temps où j’étais jeune thon
    Et que je fréquentais l’école des alevins en fin d’études.
    J’y avais décrit mon mal-être, mes déboires avec Jeanneton,
    Durant mes années piscicoles où je souffrais de solitude.

    J’avais coutume de boire un ver au bar des poissons noctambules,
    Une bande de mérous de secours assis sur un banc de sardines.
    L’une d’elles avait de beaux yeux verts et nous aimions coincer la bulle
    Tous les deux en suivant les cours de la sirène Géraldine.

    Géraldine m’a appris à lire et à écrire entre les lignes
    Et j’ai dédié à Jeanneton un poème pas piqué des vers.
    Mais elle n’y a vu que du délire et de façon pas très maligne
    M’a demandé de changer de ton car elle n’aimait pas les pervers.

    Illustration de Ren Wicks.

  • L’étoile de la sirène

    Pourquoi les sirènes me hantent -elles autant comme une obsession
    Alors qu’elles sont d’hypothétiques produits de mon imaginaire ?
    Quel est ce désir qui supplante tous les autres de la passion
    Pour cette attraction poïétique envers un puissant luminaire.

    Car les sirènes sont des étoiles qui illuminent les profondeurs
    Des mémoires issues de la mer dont je suis le prolongement.
    C’est pourquoi la nuit me dévoile des rêves emplis de la rondeur
    Des jolies queues que mes chimères viennent agiter étrangement.

    Et mon cœur d’étoile de mer perce mon ciel de certitudes
    Et en fait jaillir les sirènes qui nagent à l’encre de ma plume.
    Douces rimes au goût amer me sortent de ma solitude
    Pour vider mon âme sereine, exempte de toute amertume.

    Illustration par Douzen sur https://yande.re/post?tags=douzen .

  • La sirène au galop

    Une image contenant peinture, art, cheval, croquis

Description générée automatiquement

    Le vendredi, tous les centaures au feu de camp sont rassemblés ;
    On y invite les sirènes mais ce n’est pas pour les manger.
    Sur le rivage, ils sont pléthore à accourir à l’assemblée
    Auprès de leur roi et leur reine qui les protègent des dangers.

    Les sirènes montent en amazone qui sied à leur anatomie ;
    Elles ont du mal sur la terre ferme à se déplacer autrement.
    Ainsi, elles parcourent les zones divisées en dichotomie
    Entre le palais et les fermes pour parer aux encombrements.

    Centaures et sirènes en binôme forment la police montée
    Qui traque les humains capables d’aller là où il ne faut pas.
    Mais sitôt qu’ils trouvent un bonhomme de bonne ou mauvaise volonté,
    Ils convient alors le coupable à s’impliquer dans leur repas.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • Défi à l’amour

    Une image contenant peinture, dessin, croquis, poisson

Description générée automatiquement

    Vous souvenez-vous d’un poisson épris d’un oiseau, amoureux
    Qui s’aimaient d’un amour si tendre mais ne savaient comment s’y prendre ?
    Eh bien leurs cœurs ont fait moisson de tous leurs désirs langoureux
    Et chacun de faire sans attendre le maximum pour se comprendre.

    Notre poisson-volant sans ailes s’est doté d’une grande voile
    Et s’est affranchi de la mer pour aller tâter du terrain.
    Il s’est élevé avec zèle, a pris le chemin des étoiles
    Et goûté les courants amers des vents chargés d’embruns marin.

    Notre oiseau qui n’était pas sot, s’est fabriqué un sous-marin
    Et a pris la voie des abysses pour chercher sa bonne fortune.
    Il s’est élancé à l’assaut des mondes sacrés souverains
    Des autochtones qui subissent la loi du trident de Neptune.

    Encore qu’aveugle soit l’amour le cœur sait comment faire face ;
    La voile heurta le périscope et l’ancre s’enroula autour.
    Finalement avec humour, ils s’établirent en surface
    Et l’idylle d’après l’horoscope put démarrer au quart de tour.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Sirènes au harem

    Le Roi Neptune tient son harem dans les jardins de son royaume
    Quelque part entre les tropiques du capricorne et du cancer.
    Il détient le pouvoir suprême de goûter dans son microbiome
    Aux délices philanthropiques des sirènes qui l’aiment de concert.

    Mais pas de gardien ni d’eunuque ; juste une pieuvre et puis un crabe
    Qui vient pincer le malheureux là où ça lui fait le plus mal.
    Le poulpe a privilège unique d’œuvrer de téléphone arabe
    D’un tentacule valeureux télétransmetteur-animal.

    Car les sirènes communiquent afin de propager leurs voix
    Aux quatre coins carrés du globe jusqu’à l’écoute des bateaux
    Qui livrent les androgéniques vitamines mâles par la voie
    Toute tracée car elle englobe les matelots les plus patauds.

    Illustration de Winstout

  • La sirène enceinte

    Veillez à ne pas déranger la sirène enceinte chez elle,
    Ni même ailleurs, ni n’importe où, de quelque façon que ce soit.
    Son caractère est étranger à son cœur qui manque de zèle ;
    Quel que soit votre meilleur atout pour vous séduire, cela la déçoit.

    La sirène est d’humeur changeante tantôt froide et tantôt bouillante ;
    L’œuf qui grandit la fait passer de joie à la morosité.
    La moindre émotion dérangeante la fait devenir flamboyante
    Gare à qui vient outrepasser le facteur dangerosité.

    Or hier si douce et si timide quand le marin l’a engrossée,
    Elle a calmé son appétit en le mangeant pour un moment.
    Mais bien vite, dans son nid humide, son tempérament s’est faussé
    Et après une nuit d’apathie, la voici future maman.

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    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Post-scriptum des sirènes

    Avant de retourner la page de la journée parachevée,
    J’ajoute un dernier post-scriptum en direction de ma conscience
    Qui le donne à l’aréopage des anges qui veillent à mon chevet
    À l’attention du factotum qui organise ma subconscience.

    Ce serviteur attentionné, maître des rêves les plus secrets,
    Conduit mon esprit fatigué vers des paradis exotiques.
    Comme il sait mes plus passionnés et ceux qui me laissent des regrets,
    Il sait toujours me prodiguer les meilleurs songes érotiques.

    Et c’est ainsi neuf fois sur dix qu’il me dirige vers les îles
    Où des sirènes vont m’attendre pour me plonger dans le sommeil.
    Je rêve de celles de jadis qui offraient l’éphémère asile
    Aux marins dans une nuit tendre mais jusqu’au lever du soleil.

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    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • L’ex-libris des sirènes

    Beaucoup de messages intimes transitent dans les pages des livres ;
    Des ouvrages les plus anodins comme les livres de cuisine.
    Dans les dernières pages ultimes, c’est dans l’index que l’on peut suivre
    Les confidences et les potins d’une sirène à ses cousines.

    Dans mon dictionnaire de rimes, vit une sirène coquette
    Qui voulant surveiller sa ligne en recherche des suggestions.
    La table des matières exprime ses suppliques et ses requêtes
    Que je repère, que je souligne et joins dans le texte en question.

    Ainsi je cache dans mes poèmes nombre de secrets bien gardés
    Dissimulés en filigranes derrière mes rimes embrassées (croisées).
    Seuls ceux qui ont le cœur bohème seront admis à regarder
    Cette sirène tenant le crâne du dernier marin terrassé (pavoisé).

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Le grand livre des sirènes – 2

    L’invention de l’imprimerie gêna paradoxalement
    La distribution du grand livre des sirènes par correspondance
    Car toutes leurs mesquineries devaient être formellement
    Tenues secrètes pour en vivre sans en subir de concurrence.

    Elles utilisèrent un temps une encre aux couleurs sympathiques
    Qui n’apparaissaient qu’humectées de quelques gouttes de rosée.
    Évidemment ce fut tentant, en mettant l’idée en pratique,
    De livrer sans se faire suspecter les secrets ainsi transposés.

    Lorsque vous tiendrez un bottin, une bible ou un dictionnaire,
    Le palimpseste apparaîtra après l’avoir mouillé du doigt.
    L’image d’une sirène au beau teint d’une façon discrétionnaire
    Entre les lignes vous soumettra son contenu comme il se doit.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Le grand livre des sirènes – 1

    Le premier livre sur les sirènes fut imprimé en noir et blanc,
    Composé à l’encre de seiche sur papier couché et nacré.
    On y parlait de rois, de reines et de chevaliers affublant
    Qui partaient ensemble en calèche vers des lieux aux cultes sacrés.

    Car, en ce temps-là, les sirènes, comme émissaires de Neptune,
    Passaient des accords de commerce pour que l’Olympe les entérine.
    Elles étaient toutes souveraines de leurs atolls et leurs lagunes
    Et donnaient prise aux controverses envers les gars de la marine.

    Les pages étaient manuscrites et copiées dans les abysses
    Par des poissons-moines copistes qui récoltaient les coquillages.
    Toute demande était souscrite des années avant qu’on subisse
    L’oubli des légendes utopistes des amateurs de l’embrouillage.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • My mermaid is rich

    Quelquefois le marin est riche et bien entouré de starlettes
    Mais qui s’enfuient quand il appelle au secours même s’il est chou.
    Elle, parmi ce monde de triche qui ne fait que des vaguelettes,
    Dès que les filles se font la belle, attend que le bateau s’échoue.

    Nul besoin d’user de ses charmes lorsque le jeune capitaine
    N’est autre qu’un marin d’eau douce né avec une cuillère en or.
    Aussitôt que sonne l’alarme, la sirène, pas samaritaine
    Pour un sou nage et se trémousse vers le beau naïf qui l’honore.

    Une fois qu’elle a bien dégusté et goûté l’amant éphémère,
    Elle rapporte en souvenir toutes ses richesses éclusées
    Mais qui deviennent vétusté, abandonnées au fond des mers
    Car elles n’ont aucun avenir parmi les poissons médusés.

    Illustration de Mark Schultz

  • La morue à la fraise

    « Morue à la fraise des rois » parait avant tout indigeste
    Mais il me faut vous raconter ses origines outremer.
    C’est un prince à l’esprit étroit qui, voulant écrire sa geste,
    Courut le monde pour affronter chimères et serpents de mer.

    Goûtant aux plaisirs raffinés d’une croisière encanaillée
    Par des favorites en herbe un peu nubiles mais comestibles,
    Le prince, la gueule enfarinée avec la fraise dépenaillée,
    Entendit sortant des ténèbres un joli chant irrésistible.

    Alors le capitaine en rut dirigea tout droit son navire
    Tandis que les filles affolées prenaient canots de sauvetage.
    Mais alors que filent ses putes à l’anglaise, son esprit chavire
    Et tombe dans les flageolets, le vin, les fraises et le potage.

    Alors la sirène goûta son marin à toutes les sauces.
    Aux haricots, elle préféra la saveur sucrée douce-amère.
    Quant aux morues qu’elle envoûta pour escamoter plaies et bosses,
    Elles retournèrent à l’émirat sangloter auprès de leurs mères.

    Tableaux de Maria Helena Brzozowska

  • La sirène rousse

    Je croyais les sirènes rousses, fruit de mon imagination
    Jusqu’à ce que j’en rencontre une en train de peigner ses cheveux.
    Apparemment ceux-ci repoussent avec tant de fascination
    Que les marins, comme des prunes, tombent tous seuls quand elle le veut.

    Et moi qui suis souvent tombé des dernières pluies précédentes,
    Je me suis laissé fasciner par l’abondante chevelure.
    Le cœur et le sexe bombés par cette tignasse abondante,
    Je m’suis vu mort, halluciné, rongé aux fines dentelures.

    L’homme est bon la plupart du temps mais moi, j’ai du sang de navet ;
    Sans doute dû à mon régime végétarien présupposé.
    Dès le premier croc débutant, son aversion s’est aggravée
    Et plus jamais ne nous revîmes ni n’échangeâmes de baiser.

    Illustration de Warwick Goble

  • Rêve de sirène

    La sirène rêve sur ses deux jambes plutôt qu’une queue, c’est plus sûr
    Afin de n’ pas tomber du lit de la rivière ensommeillée.
    Elle compte les beaux marins ingambes qui sautent comme des moutons mûrs
    Sous les délires et stimuli de ses fantasmes émerveillés.

    Entre deux eaux la sirène songe dans un sommeil paradoxal
    Car les poissons ne dorment pas plus de trois ou quatre secondes.
    Alors le conte est un mensonge car dans le royaume abyssal
    Elle ne rêve que de repas et de bonne chère féconde.

    Quant à moi, c’est tout le contraire ; lorsque je rêve de sirène,
    Je sens ma queue se dilater, s’allonger comme Pinocchio.
    Sans doute le besoin de traire la vache-à-lait toujours sereine
    Aux mamelons chocolatés des geishas-poissons de Tokyo.

    Illustration de Harold Gaze

  • Jonas & Cie

    Une fois que la baleine a ri, elle est presque dans votre lit
    Qu’il faut prévoir suffisamment robuste envers les soubresauts.
    Préparez-en le gabarit, prévoyez toutes ses folies
    Vous pourrez alors galamment atteindre les fonds abyssaux.

    Comme naîtront maints baleineaux, il faudra loger tout ce monde
    Et lui bâtir tout un village flanqué de quelques aéroports.
    Pour les touristes infernaux et toute leurs marmailles immondes
    Qui viendront voir votre élevage de cétacés sous tous rapports.

    Hélas la mégalomanie de cette industrie du délire
    Finira par tomber à l’eau car la Terre n’est pas assez forte
    Pour abriter cette avanie qui lui remplit la tirelire
    Mais qui selon les écolos en fait les fléaux de toutes sortes.

    Tableau de Roch Urbaniak sur http://rochurbaniak.com/portfolio/items/stary-zegarmistrz

  • Pour dérider la baleine

    Qui déridera la baleine souriant de tous ses fanons,
    Aura titre de fou du roi parmi les princes de Neptune.
    Qui fera rire à perdre haleine, sirènes sexys et canons
    Se fera nommer de surcroît star spirituelle et opportune.

    Gare aux tempêtes de fou rire, aux ouragans de rigolades
    Car un léviathan qui s’esclaffe fait plus d’effet qu’un papillon
    Dont l’ébrouement d’ailes en délire provoqué depuis les Cyclades
    Déclenche des vents qui décoiffent nos élus en plein roupillon.

    Tableaux de Piero Schirinzi sur https://poramoralarte-exposito.blogspot.com/2018/11/piero-schirinzi_18.html

  • Cendrillon, la sirène à l’étoile

    En souvenir d’un bal masqué qui finit en queue de poisson,
    Cendrillon conserva l’étoile qui ornait son soulier de vair.
    Le petit prince estomaqué noya son spleen dans la boisson
    Et nul ne souleva le voile du mystère à peine recouvert.

    C’était sans compter sur le lien qui unissait les deux étoiles
    Car le prince avait recueilli celle abandonnée dans la fuite.
    Bien que les récifs coralliens soient loin pour un bateau à voile,
    Il embarqua enorgueilli et se lança à sa poursuite.

    Je ne sais plus qui renonça du prince ou de notre sirène
    À son royaume ou ses abysses pour souffrir une adaptation.
    Toujours est-il qu’on annonça auprès du Roi et de la Reine
    Qu’il fallait que tous deux subissent de sérieux cours de natation.

    Reproduction de Chéri Hérouard pour « La Vie Parisienne ».

  • La poussée d’Andromède

    Je sais la poussée d’Archimède
    Sur tous les corps plongés dans l’eau ;
    En revanche celle d’Andromède
    Me paraît plus sortir du lot.

    Si un corps masculin quelconque
    Nage comme un têtard débutant,
    Jusqu’à présent on ne vit onques
    Une grenouille en faire autant.

    Or Andromède, c’est bien connu,
    Nous a comblé cette lacune
    En observant les ingénues
    Qui plongeaient nues dans la lagune.

    Une fois dans leur élément,
    Les jeunes nymphettes sereines
    Se transforment délibérément
    Peu à peu en jolies sirènes.

    Leurs jambes se couvrent d’écailles,
    Des branchies se joignent aux poumons
    Et l’on voit parmi les rocailles
    Des anges devenir démons.

    Car le menu de la semaine
    N’est pas de soupe de poisson
    Mais composé de viande humaine
    Et du sang pour toute boisson.

    Navigateurs autour du monde,
    Sachez que la physique exige
    Même si cela paraît immonde
    Son quota car sirène oblige !

    Les loups de mer vous le diront :
    « Il n’y a pas plus belle mort
    Qu’abandonner ses avirons
    Pour une sirène, sans remords ! »

    Tableau de George Barbier.

  • La sirène et son doudou

    Pour rêver au marin dodu, la sirène serre son doudou
    Pour évoquer sa queue fluette avec la nageoire caudale.
    Mais elle l’a tant distordue que le poisson tout guilledou
    Nage pas trop comme il le souhaite, on dirait même qu’il pédale.

    Quand la sirène prend son bain car elle prend son bain voyez-vous
    Comme vous-même changez d’air faute de vous changer les idées.
    Il lui manque son chérubin ; alors son doudou se dévoue
    Et vient de façon solidaire et amoureuse la dérider.

    Depuis quelques temps on observe dans les mers chaudes équatoriales
    Des poissons qui tournent en rond, en cause leurs nageoires voilées.
    La science sous toute réserve pense à la trace mémoriale
    De traumatismes qui seront un jour ou l’autre dévoilés.

    Tableaux de Piero Schirinzi sur https://poramoralarte-exposito.blogspot.com/2018/11/piero-schirinzi_18.html .

  • Des jouets pour la sirène

    Comme un garçon dont les jouets grandissent avec le temps qui passe,
    La sirène devient exigeante en matière de godemichet.
    Si l’hippocampe est dévoué à lui flatter la carapace,
    Elle devient plus intransigeante quant à la taille du crochet.

    La pieuvre et ses huit tentacules arrive en tête du palmarès
    Fors l’étoile de mer qui dispose de cinq organes bien bandants.
    N’ayant pas peur du ridicule, parfois elle-même se caresse
    Tantôt lors du temps d’une pause ou plus, à son corps défendant.

    Puis vient toute une collection de coquillages bien nacrés
    Et de méduses urticantes qui lui chatouillent le clitoris
    Qui gonfle avec délectation sous les écailles échancrées
    Par les délices fornicantes qu’aurait fantasmées Osiris.

    Tableau de Sara Vastiares.

  • Un jouet pour la sirène

    La petite sirène méridionale	ne chérira jamais l’ours blanc
    Mais l’hippocampe des mers australes à la queue en tire-bouchon.
    La sirène septentrionale en utilise un ressemblant
    D’une manière théâtrale à un phoque à califourchon.

    Bien que les phoques n’aient pas de jambes, ils ont la nageoire caudale
    Qui donne aux petites sirènes un air de malice entendu.
    Il faut voir ces filles ingambes crier de toutes leurs amygdales
    Leur p’tit’ chansonnette sereine lorsque leur queue est bien tendue.

    Mais revenons à l’hippocampe également aphrodisiaque
    Dont la souplesse de l’appendice remporte la palme des sex-toys
    Car lorsque les marins décampent leurs engouements paradisiaques,
    Il faut bien qu’elles se dégourdissent de leurs petits poulains playboy.

    Illustration de Mila Marquis sur https://www.facebook.com/milamarquisillustration .

  • Les sirènes noires

    Certaines sirènes aux queues noires auraient été entraperçues
    Entre les eaux claires des tropiques du Capricorne et du Cancer.
    Comme il faut le voir pour le croire, un budget a été perçu
    Auprès des banques philanthropiques pour allouer des émissaires.

    Ainsi plusieurs observateurs ont recueilli toutes les preuves
    Qui en démontrent l’existence au grand dam de l’Évolution.
    Certains clichés révélateurs parmi les meilleures épreuves
    Ont signalé la consistance des noires circonvolutions.

    Charles Darwin a négligé la branche des femmes-poissons ;
    Aussi il paraît difficile de classer les sirènes noires.
    Malgré les avis mitigés, les chercheurs ont fait la moisson
    De documents assez faciles à prouver toute cette histoire.

    1ère image : photo de Roberto Manetta sur https://www.artphotolimited.com/galerie-photo/roberto-manetta censurée par Facebook à sa parution ;
    2ème image : Tableau de Rowena.

  • Les sirènes amazones

    Si minuscules qu’elles échappent aux photographes d’hippocampes
    Qui oublient de noter la selle et les étriers du coursier.
    En effet, elles rient sous cape lorsqu’elles aperçoivent que décampent
    Ceux qui ne voient pas qu’elles excellent par l’équitation initiées.

    Ce sont les sirènes amazones moins connues que leurs homologues
    Mais qui rivalisent d’audace dans la chasse aux poissons divins
    Car elles enrichissent la faune marine de faits analogues
    À ce que nos nemrods fadasses se racontent en buvant leur vin.

    Tableaux de Sue Halstenberg et de Nadine Pau.

  • Un sex-toy pour la sirène

    Aussi étrange et méconnu, ce bon vieux lapin de garenne
    Est d’autant drôle et saugrenu que l’est à nos yeux la sirène.
    On imagine mal ses oreilles inadaptées aux profondeurs
    À moins qu’une queue sans pareille lui donne un peu plus de rondeurs.

    Sans doute un marin malicieux et un maître coq facétieux
    Ont concocté cet audacieux hybride supercoquentieux.
    Que va-t-elle faire ? Le manger ou une fonction plus intime ?
    User de sa queue orangée pour un plaisir des plus ultimes… ?

    Cela la changera de la pieuvre et ses huit glorieux tentacules
    Qui lui ont tant donné la preuve que le nombre n’est pas ridicule.
    Cela lui changera la voix qui passera de huit octaves
    À des triolets plus grivois avec plus d’aiguës que de graves.

    Illustration de Carrie Wagner.

  • Fatale la nuit, mortelle le jour

    Ô Sirène sous la pleine Lune et c’est la mer comme en plein jour !
    Ainsi paraît la créature aux délices avantageuses.
    À croire ma bonne fortune tant elle en appelle à l’amour
    Si ce n’était pas sa nature de n’être qu’une naufrageuse.

    Ô Sirène en pleine lumière et c’est l’océan qui s’éteint !
    Ainsi le charme de la chimère sème obscurité autour d’elle.
    À croire qu’une avant-première va se dérouler ce matin
    Si ce n’était une éphémère épectase cruelle et mortelle.

    Illustrations de Marjorie Sarnat sur https://www.marjoriesarnat.com/fan-art .

  • La sirène pieuse

    La sirène avoue-t-elle un culte envers le dieu des océans ?
    Voue-t-elle des rites occultes par des usages bienséants ?
    Remercie-elle souvent Neptune pour sa manne bonifiée
    Lorsqu’elle chante sous la Lune pour les marins sacrifiés ?

    La queue ondulante et soumise, les mains jointes sur le pubis,
    A-t-elle une faute commise qui lui colore ses joues rubis ?
    Elle ferme ses yeux en amande, on dirait qu’elle va pleurer
    Lorsque son cœur parle et demande pardon aux veuves éplorées.

    Bien sûr, elle en a le cœur gros mais ce n’est pas vraiment sa faute.
    Alors quand elle montre les crocs, lorsqu’elle embrasse à marée haute
    Envers le dieu qui l’a conçue dans sa biodiversité,
    Sa proie ne peut être déçue ; c’est sa nature en vérité.

    Tableau de Victor Nizovtsev.

  • La sirène au clair de Lune

    Le clair de lune, pour la sirène, source de régénération,
    Change ses couleurs outremer en coloris psychédéliques.
    Les marins, dans la nuit sereine, tomberont en admiration
    Devant ces clins d’œil éphémères, feux follets méphistophéliques.

    À l’instar des grands prédateurs qui chassent dans les mers profondes,
    La lumière est domestiquée par les sirènes naufrageuses.
    Elles attirent les spectateurs par leurs appâts qui se confondent
    Avec l’enseigne sophistiquée des maisons closes outrageuses.

    Tableaux de Victor Nizovtsev.

  • La sirène en pleine interrogation

    Lorsqu’elle est jeune, la sirène ne croit pas qu’on vive hors de l’eau.
    Certes elle a vu que des oiseaux parcouraient le ciel, hors d’atteinte,
    Mais mener une vie sereine sur des îles dans les bungalows
    Lui paraît complètement maso et d’activités bien restreintes.

    Mais au cours de l’adolescence, d’une manière irrésistible,
    Elle est attirée en surface sans qu’elle comprenne pourquoi.
    Elle fait alors la connaissance de l’être humain indescriptible ;
    Une tête au sourire boniface mais le reste… pas très adéquat.

    D’abord des jambes qui lui donnent un air de monstre à quatre membres
    Et un cinquième riquiqui tantôt raide et tantôt flapi.
    Toujours est-il qu’elle s’abandonne entre ses bras, d’abord se cambre,
    Puis connaît le plaisir exquis lorsqu’il la prend sur le tapis.

    Enfin, cerise sur le gâteau, elle découvre que l’homme est bon ;
    Sa chair est juteuse à loisir et son sang procure du plaisir.
    Elle a compris que les bateaux lui rapportent autant de jambons
    Maintenant qu’elle sait les choisir bien dodus selon ses désirs.

    Tableaux de Piero Schirinzi sur https://poramoralarte-exposito.blogspot.com/2018/11/piero-schirinzi_18.html .

  • Nouvelle queue pour sirène esthète

    Elle fait sa mue de temps en temps, extrait ses jambes de sa queue
    Qui se détache et qui s’en va nourrir quelques poissons voraces.
    Elle n’se repose pas pour autant ; elle produit un fluide visqueux
    Composé de coacervat † tandis qu’elle lit sur sa terrasse.

    Dès la nouvelle queue formée, dans le fourreau ses jambes glissent
    Et nous retrouvons la sirène prête à nager entre deux eaux.
    Sa structure ainsi transformée, elle disparaît dans les abysses
    Pour parader d’un port de reine et frimer dans tous les réseaux.

    † coacervat : Petite gouttelette sphéroïdale de particules colloïdales en suspension.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • La vie au grand air

    Océaniquement sirène, tu aimes l’eau, ton élément
    Dans lequel ta jolie queue vibre, aime se nourrir et s’étirer.
    Atmosphériquement sereine, tu aimes l’air évidemment
    Sans lequel ton corps n’est pas libre de s’empresser de respirer.

    Tes jambes recouvertes d’écailles, je les ai vues se transformer ;
    Devenir queue étincelante lorsque tu plonges dans la mer ;
    Redevenir jambes sur les rocailles lorsque tu viens te conformer
    À une vie équivalente à celle des humains éphémères.

    Tu es immortelle sirène, lorsque tu vis dans les légendes
    Mais tu redeviendras mortelle si tu viens vivre hors de ton monde.
    Alors reste libre, ma reine, parmi l’abondante provende
    De l’océan qui te rappelle que tu es la fille de l’onde.

    Illustration de Coles Phillips sur https://www.americanartarchives.com/phillips,c2.htm .

  • La sirindienne

    Pour la Saint-Valentin indienne – qui n’existe que dans les contes –
    Valentine, la petite sirène, cherche un matelot à aimer
    Par pour le manger à l’ancienne, en sauce comme on le raconte,
    Mais pour toute une nuit sereine à faire l’amour comme jamais.

    Au début, un peu de torture pour amadouer le marin ;
    Ça l’excite et sa queue frétille lorsque sa proie lui crie « arrête ! »
    Baisers alternés de morsures et coups de nageoires sur les reins,
    Ça l’exalte et ça l’émoustille et ça stimule son arête.

    Oui, elle est sado-masochiste mais une seule fois à point nommé ;
    C’est elle qui mène le mâle au bal et tourne autour du feu de camp.
    Mais elle n’est pas fétichiste ; une fois le marin consommé
    Elle délaisse l’envie animale pour d’autres plaisirs subséquents.

    Illustration de Marjorie Sarnat.

  • Saint-Valentin dans les abysses

    Cupidon a son homologue dans le royaume des abysses
    Et Saint-Valentin, un confrère pour les quatorze févriers.
    Saint-Espadon le sexologue pique les amants qui s’assoupissent
    Alors que Saint-Pierre au contraire les feraient plutôt frétiller.

    Saint-Espadon, à l’éperon leste et rapide, vous décoche
    Des coups de foudre aiguillonnés qui cabre la queue des sirènes.
    Quant à Saint-Pierre, le chaperon, il a toujours dans sa sacoche
    Un filtre qui fait bouillonner les saintes nitouches les plus sereines.

    (Tableau de Boris Vallejo sur https://aphrodisiacart01.wordpress.com/2016/07/18/boris-vallejo-julie-bell/ .)

  • Fin de saison

    En fin de saison la sirène rejoint les poissons migrateurs
    Qui partent pour des eaux plus chaudes situées dans l’autre hémisphère.
    En traversant les eaux sereines à l’approche de l’équateur
    Leurs queues deviennent plus rougeaudes mais cela, c’est une autre affaire.

    Mais revenons à la sirène dont les amants sont malheureux
    Car elle n’avait pas son pareil pour passer à la casserole
    Déglacée d’un vin de Touraine dont l’alcool rend le mâle heureux
    Et raffermit son appareil pour mieux lui percer la corolle.

    Adieu sirène de mon cœur, rendez-vous au prochain printemps
    Et si tu me ponds des fillettes ramènes m’en les plus jolies !
    Je passerai à contrecœur un hiver des plus éreintants
    En m’astiquant la zigounette quand je serai seul dans mon lit.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Une faim de lion-des-mers

    Désolé, vous n’auriez pas dû voir cette scène épouvantable
    De sirènes ayant partagé leur repas avec l’équipage.
    Ce passage est assez ardu car, à peine sorties de table,
    Elles ont, les autres passagers, conviés au prochain étripage.

    Avec un appétit de lion, les deux sœurs, sirènes gloutonnes,
    Ont besoin d’un bateau par jour, marins, capitaine et touristes.
    Ces monstres incarnent les trublions les plus dangereux qui détonnent
    Par rapport aux plaisants séjours parmi les Vénus folkloristes.

    Adieu la vie, adieu les femmes ! Mon bateau est arraisonné ;
    J’ai été trompé par les vents qui m’ont fait parvenir le chant
    De ces deux créatures infâmes qui vont bientôt m’assaisonner
    Et voici qu’à peine l’écrivant… – Aïe ! – je m’ fais bouffer sur le champ.

    Tableau de Daniel Landerman.