Catégorie : Poésie du dimanche

  • Bons baisers du Cap Horn

    Jamais on ne vit de sirène braver les froides eaux australes,
    Jamais on ne vit de marin passer le Cap Horn sans accord.
    Pour une traversée sereine, il faut un visa magistral
    Sinon les vents outremarins le secoueront à bras-le-corps.

    Alors place à la tradition. Si l’on sacrifie à Neptune
    Une bouteille de vin fin lorsque l’on passe l’équateur,
    La Cap Horn a sa condition : il faut, contre mauvaise fortune,
    Trouver une sirène qui a faim et l’embrasser en médiateur.

    Seule la sirène décide si le marin pourra passer
    Selon le goût de son baiser voire de toute la bordée.
    S’il n’est pas vrai, elle trucide l’équipage qui va trépasser
    Sinon la mer reste apaisée et le passage est accordé.

    Tableaux de l’intelligence artificielle sur https://www.facebook.com/groups/1044560210148634

  • Rouges souvenirs

    Dans ma mémoire de Pandore, les souvenirs qui font rougir
    Remontent dans mes rêves sombres en cauchemars incandescents.
    Des couleurs froides et inodores, le rouge se met à réagir
    Avec le noir et la pénombre devient un blues luminescent.

    Vieilles angoisses écarlates aux pires taches indélébiles,
    Moments de détresse empourprés d’abjection et d’humiliation,
    La honte qui me le relate, pousse de plus en plus volubile
    Comme champignons dans les prés jusqu’à la réconciliation.

    Car il faut bien que je l’accepte par ce procédé alchimique
    Qui m’oblige à les ressasser jusqu’à leur élimination.
    Ma subconscience les intercepte dans le réseau biochimique
    De mon cerveau qui crie « assez ! » et demande trépanation.

    Je n’en guéris pas pour autant ; je vis avec tout simplement ;
    Il reste encore quelques taches que l’oubli peine à recouvrir.
    Après la pluie vient le beau temps et l’aube referme humblement
    Le couvercle qui encore s’attache à résister pour s’entrouvrir.

    Tableau d’Alyona Voronenko

  • Le soleil alchimiste

    Parfois le soleil alchimiste expérimente d’autres thèmes
    Que les décors habituels rencontrés aux heures du jour.
    Par des rayons impressionnistes, il change tout l’écosystème
    Avec des reflets virtuels qui ne reviendront pas toujours.

    C’est à l’heure entre chien et loup que l’artiste en nuances excelle
    Ainsi qu’aux aurores boréales et lors des éclipses de Lune.
    Le ciel n’en parait pas jaloux car ses couleurs universelles
    Jouent dans les champs de céréales des combinaisons opportunes.

    Herbes et fleurs sauvages ravies participent aussi au spectacle
    En suivant la mode propice aux festivités du moment.
    Et les oiseaux du même avis paradent en goûtant le miracle
    Qui exalte sous ces bons auspices leurs ramages les plus performants.

    Tableau de David Hockney

  • À l’aveuglette

    En amour comme au restaurant, tout est différent dans le noir ;
    On ne peut voir qu’avec la bouche et qu’avec le bout de ses doigts.
    Le désir vient en explorant comme pour se remettre en mémoire
    Chaque intimité que l’on touche par le plaisir comme il se doit.

    À l’aveuglette, on ne voit rien ; on peut tricher et c’est permis !
    Et puisqu’on peut fermer les yeux, une femme c’est bien mais deux c’est mieux !
    Et, en parfait épicurien, le sexe est bien plus affermi ;
    On monte deux fois plus vite aux cieux, subtil mais jamais ennuyeux.

    On dit que l’amour est aveugle mais trois femmes, c’est le goût du risque.
    Toutes les trois seront trompées mais seule la dernière le sait.
    En l’apprenant, l’épouse beugle mais elle reste pour le fric ;
    Les deux maîtresses détrompées adoptent alors un air de fausset.

    Tableaux de Liu Yan Ming sur https://conchigliadivenere.wordpress.com/2015/12/05/liu-yan-ming-1970-chinese

  • Menu du jour

    Lorsque l’amour est au menu, tous les sens sont sollicités ;
    L’entrée, comme une mise en bouche, flatte l’oreille de mots doux.
    Qu’il est bon d’avoir obtenu avec tant de félicité
    Des « je t’aime » servis à la louche qui courent après le guilledou !

    Plat principal : préliminaires qui se goûtent à même la peau
    Et comme on ne fait d’omelette sans casser d’œuf, il faut oser !
    On caresse sa partenaire et l’on susurre comme un appeau
    Ce qui transforme la femmelette en Vénus métamorphosée.

    Et le dessert est un délice qui plaît aux cinq sens à la fois
    Car le toucher est relevé, l’œil est séduit, la langue aussi ;
    On s’introduit dans le calice, on râle, on crie à pleine voix.
    C’est quand l’orgasme est achevé  que le menu est réussi.

    Tableaux de Liu Yan Ming sur https://conchigliadivenere.wordpress.com/2015/12/05/liu-yan-ming-1970-chinese

  • Aux créatures

    Au séminaire des créatures émancipées de la planète,
    J’ai rencontré les Sumériens, Atlantes et Hyperboréens.
    Toute la gente progéniture – qui ne sont que marionnettes
    Pour le plaisir épicurien des anciens dieux cyclopéens.

    Cyclopéens, Minotauriens et toute la mythologie
    Des créateurs qui ont taillé l’homme et la femme à leurs mesures,
    Les humanoïdes, les Aliens et toute l’égyptologie
    De religions ravitaillées qui les ont polis à l’usure.

    À l’assemblée j’ai rencontré Jésus, Bouddha et Mahomet
    Et tous les saints des évangiles et même des supers héros.
    Comme j’habite une contrée où l’on m’a longtemps assommé
    De bondieuseries de Saint-Gilles, j’leur ai mis à tous un zéro.

    Zéro pointé car rien n’est fait pour vivre en paix sur cette Terre ;
    Obligé de manger au risque d’être mangé et pire encore
    Sous prétexte d’être parfait, je dois subir l’autoritaire
    Loi d’un dieu fou et terroriste qui m’fait boire et manger son corps.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • À la mère de Mélusine

    Bien sûr que j’aimais Mélusine mais j’avais tant aimé sa mère
    Que j’aurais aspiré à naître trente ou quarante années plus tôt.
    J’aurais travaillé à l’usine comme à l’époque sa grand-mère
    Et entonné sous sa fenêtre mon amour subito presto.

    Un jour je me suis introduit timidement dans l’antichambre
    Pour la voir se déshabiller ; c’était vraiment plus fort que moi.
    Je ne sais ce qui s’est produit mais elle m’a ouvert sa chambre,
    Je ne pouvais que babiller tant mon cœur était en émoi.

    Bien sûr que j’aimais Mélusine mais c’est sa mère que j’évoque
    Qui d’ardeur mon cœur arrêtait, qui d’envie mes nuits suscitait.
    Je relis de vieux magazines avec ses photos de l’époque
    Comme si encore elle s’apprêtait d’amour à me ressusciter.

    Tableau de Daniel Merriam.

  • Des créateurs

    Qui croit que Dieu a créé l’homme à son image est dans l’erreur ;
    S’il voyait comment sont décrits ses créateurs, il aurait crainte.
    Pas un seul de ses chromosomes ne correspond à la terreur
    Que lui inspirerait un cri s’il en découvrait son empreinte.

    D’immenses Mantes Religieuses de deux ou trois mètres de haut
    Ont sélectionné dans la branche des primates des spécimens
    Dont, d’une manière ingénieuse, ils ont créé leurs idéaux
    En faisant quelques coupes franches dans la queue et dans l’abdomen.

    Ils ont greffé la connaissance dans leurs cerveaux développés,
    Les ont mis à la verticale pour éviter de s’embourber.
    Et depuis à chaque naissance, l’homme est de plus en plus dopé
    Et ses vertèbres cervicales seront de plus en plus courbées.

    Car dès le prochain millénaire, l’homme moderne prééquipé
    D’intelligence artificielle et de smartphones organisés,
    Est invité au séminaire des créatures émancipées
    Pour une vie superficielle et toute déshumanisée.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • De la famille de Mélusine

    Je ne connais de Mélusine que ses cousins et ses cousines ;
    Mais ni son père, ni sa mère, ni son grand-père ni sa grand-mère.
    Étrange arbre généalogique sans correspondance logique
    Avec un livret de famille assermenté d’une estampille.

    Certains disent qu’elle est saltimbanque, d’autres qu’elle travaillerait dans la banque…
    Aussi timide que matamore, c’est un véritable oxymore !
    Afin de mieux argumenter, tâchons de nous documenter
    Et tirons des bibliothèques, racines toltèques ou aztèques.

    Une Meluzine au moyen âge aurait été sorcière ou mage ;
    En Amérique précolombienne, elle se serait nommée Fabienne ;
    Au pays du soleil levant, aucun écrit n’en relevant
    Pas plus qu’en Afrique centrale, ni que dans les terres australes.

    Ainsi depuis la nuit des temps, le mystère Mélusine s’étend
    Aussi loin que remonte l’histoire et la science péremptoire.
    Sans doute elle n’existe pas mais de l’erreur, il n’y a qu’un pas
    Mais moi qui l’ai connue, sachez que j’en étais amouraché.

    Tableaux de Daniel Merriam.

  • À la mère des Horloges

    Puisque je triche avec le temps et que je rajeunis souvent
    J’arriverai au paradis plus jeune que j’aurai vécu.
    Saint-Pierre en souffrira autant qu’un petit bébé émouvant
    En me jouant la parodie de la mort désormais vaincue.

    D’ailleurs Saint-Pierre est une femme – ce qui explique son retard –
    Son horloge avance le jour et pire retarde la nuit.
    Au début, j’ai trouvé infâme de me réveiller à l’instar
    Du Soleil qui, dans mon séjour, se couche quand la Lune luit.

    Tout s’est arrangé quand Saint-Pierre – ou devrais-je dire Saint-Pierrette –
    M’a proposé de partager sa maison, son toit et son lit.
    Le temps figé comme une pierre ne fait, depuis belle lurette,
    Qu’un petit clin d’œil passager qui chasse ma mélancolie.

    Tableau de Daniel Merriam.

  • À la mère des Oiseaux

    J’ai triché un peu, je l’avoue ; Mes maisons d’hôtes pour oiseaux
    N’est que prétexte pour attirer, poules, oies et grues de passage.
    J’y donne plusieurs rendez-vous aux jolis becs, jolis museaux
    Qui souhaiterait s’y retirer pour un week-end plus ou moins sage.

    Bergeronnettes de mes amours, jamais je ne vous oublierai !
    Chardonnerettes de mon cœur, mes jours sont les plus valeureux !
    Mésanges aux plumages glamours, pour toujours je vous publierai
    De mon âme de merle moqueur mes hommages les plus chaleureux !

    Pour une oiselle peinteresse à qui j’ai cuisiné mes vers,
    J’ai bâti un nid-atelier pour peindre la carte du tendre.
    Aquarelles enchanteresses, printemps-été-automne-hiver
    Ont fait de mes vœux d’oiselier un cœur qui ne saurait attendre.

    Tableau de Daniel Merriam.

  • De la famille des Horloges

    J’ai longtemps détraqué les montres, montres gousset et bracelets ;
    On m’a dit que mon magnétisme rivalisait contre le temps.
    À quartz ou même automatiques, la technologie se heurtait
    À mon intime biorythme ; j’avais le cœur à contretemps.

    Lorsqu’est venu l’informatique, j’ai jeté mes montres aux orties
    Comme un être humain défroqué qui aurait renié son temps.
    Pourtant contre toute logique, si mon horloge s’organisait
    La droite et la gauche, en revanche, se sont mises à se déphaser.

    Et puis je ne sais pas comment, le temps s’est mis à s’allonger
    Le temps d’un informaticien est une notion relative.
    Cinq minutes alors devenaient cinq heures et même davantage
    Un jour durait une semaine, elle-même à l’ordre d’un mois.

    Aujourd’hui le temps file vite, si vite qu’on est déjà demain ;
    Mes poèmes écrit à l’avance sont souvent mal appréciés.
    C’est normal parce que je commence par le milieu ou par la fin
    Et que le dénut est tombé dans le puits infini du temps.

    Tableaux de Daniel Merriam.

  • De la famille des Oiseaux

    Depuis plusieurs mois maintenant j’ai ouvert quelques maisons d’hôtes
    Mais pour oiseaux uniquement, sur mon balcon précisément.
    Au début juste un peu de pain que j’ai pétri et cuit moi-même
    Pain complet avec fruits confits, noisettes, amandes et cardamone.

    Boules de graisse énergétiques aux quatre coins de la terrasse ;
    Plusieurs parfums pour les fins becs de ces mésanges à la hupette.
    Du blé glané mais pas volé à la lisière des forêts
    Et du maïs après récolte abandonnés au bord des champs.

    J’avais proposé du millet soit à la carte, soit au buffet
    Mais tous ces snobs me l’ont boudé comme nourriture pour perroquets
    Jusqu’à c’qu’un oiseau plus malin que les autres vienne s’aventurer
    Et apprécie comme un gourmet et aille le vanter aux autres.

    Une cabane suspendue pour les oiseaux bardes-chanteurs
    Avec buffet à volonté ; graines du pays sélectionnées.
    Une maison sise en terrasse pour les passereaux en retraite
    Avec mangeoires sur la piscine et jet d’eau en décoration.

    Tableaux de Daniel Merriam.

  • À la mère des Villevieille

    Elle m’apparaissait hors du temps ; je n’la voyais qu’une fois par an,
    La matriarche Villevieille, vieille sorcière au nez crochu.
    Mon grand-père, comme un débutant, nous l’avait en tant que parent
    Ramenée du pays des merveilles, sauf que c’était l’ange déchu.

    Autant avare en sentiments qu’en argent et en héritage,
    Elle offrait généreusement une bouteille de sirop
    Qui n’durait pas infiniment – on n’en avait pas davantage –
    Cependant fort heureusement je n’ai d’autre souvenir en trop.

    Dans la famille des Villevieille, j’ai l’impression d’être amputé
    De la jambe gauche maternelle et les racines ascendantes.
    À moins qu’un ange ne surveille nos propres destins imputés,
    Je conserve une sempiternelle appréhension condescendante.

    Tableau de Daniel Merriam.

  • À la mère des Villeneuve

    Je la devinais éternelle, ayant traversé plusieurs siècles,
    Présente à chaque pan de l’histoire de l’arbre généalogique.
    Je la savais très maternelle et d’un naturel très espiègle
    Avec sa bonhomie notoire malgré son corps pathologique.

    Elle recevait sur son trône, un fauteuil en chêne massif,
    Ses arrières-petits-enfants dont elle adoucissait les noms
    D’une prononciation qui prône encore un souvenir passif
    Dont les « R » roulaient triomphants sur la route de nos prénoms.

    Si la mort l’a canonisée sur la tombe d’un cimetière,
    Son âme est toujours en chemin quelque part dans l’air et le vent.
    Sans doute elle a harmonisé le cœur d’une famille entière
    Et j’en découvrirai demain la nostalgie en me levant.

    Tableau de Daniel Merriam.

  • De la famille des Villevieille

    La dynastie des Villevieille paraît une forêt de noms
    Couvrant la moitié de la ville, peut-être même la nation.
    Familles riches et modestes, familles pauvres et misérables,
    Un univers en expansion où l’amour s'est trop dispersé.

    Vieilles familles italiennes, lombardes, romaines et vénitiennes,
    Qui ont émigré au hasard des famines de toutes sortes,
    Voulant partir en Amérique et faisant l’escale provisoire
    Qui finissait au bout du quai de la mer Méditerranée.

    Qui du banquier, qui du boucher, qui du tailleur, du savetier,
    Ils étaient de tous les métiers, ils étaient de toutes les castes.
    Vieil oncle au pays de cocagne, un autre revenant d’Espagne,
    Qui de l’Afrique occidentale, qui de l’Asie méridionale.

    J’en ai gardé leurs caractères dans mes quarante-six chromosomes,
    Et mes cheveux couleur de jais, et mes yeux de biche aux abois.
    Sans doute est-ce la destinée de la future humanité
    De partager au maximum son patrimoine et son génome.

    Tableaux de Daniel Merriam.

  • De la famille des Villeneuve

    Dans la dynastie Villeneuve, les pierres que sont les humains
    Bâtissent les grandes familles, hommes et femmes de demain.
    Mais si les hommes représentent les événements de l’histoire,
    Les femmes en seraient le ciment qui soude les maisons entre elles.

    Les Villeneuve du nord au sud, d’est en ouest et au-delà,
    Témoignent sur le territoire de la géographie humaine.
    Mais si les hommes donnent leurs noms aux boulevards et avenues,
    Les femmes à chaque numéro ont fait naître plusieurs enfants.

    D’hier, d'aujourd’hui et de demain, en temps de guerre, en temps de paix,
    Les Villeneuve ont fait l’histoire et l’ont écrite à leur façon.
    Mais si des hommes fiers ont conquis les plus belles et grandes batailles,
    Les femmes ont soigné leurs blessés et soulagé leurs estropiés.

    Il n’est pas de plus beau métier que diriger l’humanité
    Vers une destinée sereine et un avenir rassurant.
    Mais si les hommes ont instauré la discipline des traditions,
    Les femmes pour chaque héros, sont mères, compagnes et filles.

    Tableaux de Daniel Merriam.

  • Le fil d’Ariane – 4

    Celui qui garde son réseau comme une fortune précieuse,
    Deviendra riche de contacts en théorie comme en pratique.
    Qui est libre comme l’oiseau et vit ses envies capricieuses
    Gardera son pouvoir intact d’une indépendance empathique.

    Comme je suis ce que je mange, je suis ce à quoi je me branche
    Et soit je suis mes propres choix, soit je suis un chemin tracé.
    Est-ce que cela me dérange de prendre une voie qui m’embranche
    Vers la destinée qu’on m’échoit ou que j’ai moi-même embrassée ?

    Vivre est un enchevêtrement de choix et choses compliquées ;
    Ceux qui en tirent les ficelles sont souvent les plus corrompus.
    On ne peut pas faire autrement, c’est une science appliquée
    Comme une énergie qui ruisselle et ne peut être interrompue.

    Tableau de Rick Haim.

  • Le fil d’Ariane – 3

    Les humains jouent avec l’argent plus facilement qu’avec le cœur ;
    Les chats jouent avec les souris, c’est une loi de la nature.
    Tout irait bien en partageant la route entre ses frères et sœurs
    Mais gare à celui qui sourit béatement dans sa voiture.

    On fait rentrer les étrangers pour la main d’œuvre de demain
    Bien qu’on construise avec entrain, le bâtiment fait banqueroute.
    L’environnement est en danger, il faut s’y reprendre à deux mains
    Alors on augmente les trains, on agrandit les autoroutes.

    Mais pour passer à l’électrique… aura-t-on assez de courant ?
    Mais pour installer la 5G… aura-t-on assez de réseau ?
    Mais pour faire comme en Amérique… sera-t-on assez concurrents ?
    Sinon après l’avoir singée, nous finirons tous dans son zoo.

    Tableau de Rick Haim.

  • Le fil d’Ariane – 2

    De jour en jour, de mois en mois, sournoisement le fil s’embrouille
    Le réseau des institutions devient un sac de nœuds gordiens.
    Les députés sont en émoi, les ministres partent en vadrouille
    Et quant à la constitution on en voit trembler les gardiens.

    Rien ne va plus, les jeux sont faits et c’est bientôt la banqueroute ;
    Tous les budgets sont dépassés et on emprunte à l’étranger
    La dette qui hier nous étouffait arrive à la fin de la route
    Et l’expérience du passé croupit dans les dossiers rangés.

    Bonne nouvelle cependant, il n’y en a plus pour très longtemps ;
    Il paraîtrait que nos ressources sont épuisées depuis des lustres.
    Ce n’est pas en vilipendant l’ensemble de ses habitants
    Que l’État poursuivra sa course vers l’utopie qui s’en illustre.

    Tableaux de Rick Haim.

  • Le fil d’Ariane – 1

    Marianne suit son fil d’Ariane pour sortir de l’imbroglio
    Pas celui qui noue la raison ; plutôt celui qui nuit au cœur.
    Comme un bouquet de valériannes qui saoule son petit nobliau
    Qui aurait perdu sa maison et en garderait la rancœur.

    Mais que s’est-il alors passé dans les couloirs du labyrinthe ?
    Le nœud des affaires d’état serait-il donc indénouable ?
    Marianne se sent dépassée de sentir resserrer l’étreinte
    Du pouvoir et des vendettas qui se révèlent inavouables.

    Alors si c’était à refaire, Marianne remonterait sur le trône,
    Couronne en tête qui objecte et sceptre en main qui invective
    Qu’elle brandirait à chaque affaire louche et véreuse dont on prône
    Le politiquement correct pour masquer l’allure subjective.

    Tableaux de Rick Haim.

  • Sur un air de bohème

    Profonde est la forêt secrète, sonore est le vent de la plaine,
    Sauvage est la faune discrète, furtive est la douce Violaine.
    Son violon fuse entre les arbres, les notes ouvrent les fleurs des champs,
    Les animaux restent de marbre du plus gentil au plus méchant.

    Le lynx dresse une queue attentive et ses pinceaux tirent l’oreille ;
    Le renard sur la préventive est d’une attention sans pareille.
    Voici la grive musicienne qui dodeline de son chant ;
    Voilà la Lune magicienne et son halo à contrechant.

    Et moi je passe entre les lignes pour en recueillir un poème
    Avec des rimes qui soulignent la nuit sur un air de bohème.
    Et la musique continue au point du jour quand sonne l’heure
    De dire adieu à l’inconnue qu’amabile en rêve je pleure.

    Tableau de Myrtille Henrion Picco sur https://conchigliadivenere.wordpress.com.

  • L’hiver indien

    Quatre saisons par convention entre les pôles et les tropiques ;
    La saison sèche et la mousson entre capricorne et cancer ;
    L’été indien en conjonction et l’hiver indien atypique ;
    Gaïa n’éveille aucun soupçon sur la façon dont elle s’en sert.

    Je laisse les quatre saisons aux concertos de Vivaldi ;
    J’abandonne l’été indien au récital de Joe Dassin ;
    Je me consacre à la raison pour laquelle la Terre s’enhardit
    De son hiver amérindien en veste à franges et mocassins.

    L’hiver indien, morte saison, pour flore, faune et êtres humains.
    C’est la période pour honorer ceux qui sont partis à jamais
    Rejoindre l’ancestrale maison de leurs ancêtres dont le chemin
    Part du milieu de la forêt d’où ils s’élèvent désormais.

    Voyez à travers la fumée monter les âmes délivrées
    Du fardeau et des exigences du matériel au quotidien.
    Les corps ont été consumés, les descendants sont enivrés
    Des substances de même engeance qu’un flux céphalo-rachidien.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de ces images reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • L’évolution du lapin

    L’emblème des feuilles de chênes provient d’une constellation
    Appelée « Trou Blanc du Conil » mais située on ne sait où…
    Il n’empêche que, l’année prochaine, on saluera l’apparition
    D’une galaxie juvénile dont l’emblème s’ornera d’un houx.

    L’année suivante sera dédiée au lièvre de Jean de Lafontaine
    Qui offre, pour le prix de deux, trois chauds lapins triangulaires
    Un ménage à trois étudié afin de courir la prétentaine
    Avec trois lièvres galvaudeux pour de meilleurs préliminaires.

    Enfin aux années bissextiles, un carré de quatre lapins
    Comme un trèfle à quatre pétales soient quatre cœurs à partager
    Pour rendre les sexes érectiles afin de mettre le grappin
    Sur plus de lapines fatales, des plus jeunes aux plus âgées.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de ces images reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Pin-ups à l’eau de rose

    Les pin-ups les plus simples à lire sont celles qui sont écrites en prose
    Tandis qu’en vers, cela les dessert ; les rimes leur donnent des rides.
    C’est pourquoi je préfère élire les jolies filles à la peau rose
    Que je déguste tel un dessert juteux plutôt qu’un plat aride.

    Je les aime aussi au lavis ou dessinées en aquarelles
    Les doigts trempés dans le café sur la nappe d’un restaurant.
    Que ceux qui sont du même avis m’envoient en couleurs naturelles
    Leurs œuvres peintes du même effet avec différents colorants.

    Avec du vin, rouge baiser ou du rosé couperosé ;
    Avec du blanc, plus exotique pour goûter les préliminaires ;
    Du jus de fruit frais, framboisé, acidulé, saccharosé
    Qui corse l’umami érotique de la peinture culinaire.

    Aquarelles de Conrad Roset sur sur https://www.conradroset.com .

  • Psychédélismes

    La femme enceinte est d’un aspect complètement psychédélique
    Quand je pense à ce qui se crée à l’intérieur de sa matrice.
    Le mari reste circonspect ; son rôle naturel et phallique
    S’efface les neuf mois consacrés au travail de la conceptrice.

    Elle ressent à l’intérieur ce que, lui, voit de l’extérieur ;
    Sa féminité se concentre et lui ne voit d’elle que son ventre.
    À chaque épisode ultérieur, à chaque stade supérieur,
    La maternité se recentre et se projette dans son antre.

    Il y a celles qui adorent ça comme une drogue irrésistible ;
    Elles aiment l’état euphorique de ce vertige surnaturel.
    Et souvent elles remettent ça comme un désir irréductible
    Dont les fruits fantasmagoriques font les beaux enfants naturels.

    Tableau autoportrait de Kate Lehman sur https://conchigliadivenere.wordpress.com .

  • La femme bucolique

    Primesautières étaient les filles que je croisais dans ma jeunesse
    Et m’apparaissaient comme fleurs en quête d’abeille ou papillon.
    Bucolique jusqu’à la cheville, j’ai dû patienter pour que naisse
    L’adolescence qui m’effleure l’envie d’ôter leurs cotillons.

    Bien sûr, ces pensées angéliques et limitées à mon enfance
    Ne me dérangeaient pas d’autant que je pensais à autre chose ;
    Un super-héros famélique de huit ou neuf ans sans défense
    Effarouché et tremblotant bien avant sa métamorphose.

    Et puis l’ADN en chenille enfermée dans sa chrysalide
    Enfin perce sa carapace avec mutations opportunes.
    Hélas pendant ce temps, les filles ont pris une avance solide
    Et leur fleur, là-haut dans l’espace, demande à décrocher la Lune.

    Tableau de Mabel Rollins Harris.

  • Les lunes de l’amour

    Dernier quartier pour commencer une relation romancée
    En laissant son cœur balancer là où l’est le plus élancé.
    Mais tout seul, c’est bien monotone ; alors tâchons qu’en pleine Lune
    Un joli coup de foudre d’automne s’amorce d’une flamme opportune.

    Il est dommage que la décence m’ait interdit de vous montrer
    Comment, sous la Lune gibbeuse, leur fol amour est consumé.
    Dès l’premier quartier, son essence de folie tient à démontrer
    Encore qu’une passion flambeuse produit tous ses feux sans fumée.

    Quant à celle-là ou celui-ci qui reste seul, rien n’est fini !
    Son cœur bat toujours en accord avec le cœur qu’il a aimé.
    Le survivant bénéficie des souvenirs à l’infini
    Imprimés sur l’âme et le corps et toujours prêts à essaimer

    Tableaux de Jim Warren sur https://www.facebook.com/JimWarrenArtist .

  • Les vents de l’amour

    Sous les feux d’un soleil couchant, elle a lancé son cœur d’enfant
    Comme elle ferait d’un cerf-volant un jour où il y aurait eu grand vent.
    Mais rien n’est plus effarouchant quand on reste seul triomphant
    Car il faut deux cœurs convolant pour que l’amour aille de l’avant.

    À deux c’est déjà plus facile, le cœur s’emballe tout de suite
    Aussitôt qu’il est en présence d’un autre cœur au diapason.
    Au premier baiser tout gracile, l’amour semble prendre la fuite
    Pour s’envoler avec aisance et se sentir en pâmoison.

    Lorsque l’amour est bien lancé avec le vertige des sens,
    Les cœurs entreront en orbite à exploser le compte-tours.
    Chaque année tout est relancé et s’il y a de l’effervescence,
    Ce n’est pas que Satan l’habite mais plutôt l’Éternel retour.

    Tableaux de Jim Warren sur https://www.facebook.com/JimWarrenArtist .

  • Mon piège à çon

    Pour les garçons, un piège à çon – avec cédille s’il vous plaît ! –
    Car s’ils ne sont pas très malins, ils sont capables de se défendre.
    Une grosse ligne, un hameçon, un beau poisson assez replet
    Et un matelas de filins amoncelés sur un scaphandre.

    Je tiens ce truc d’une sirène qui chopait ainsi les marins
    Bien que je pense toutefois qu’elle a voulu me mettre en boîte ;
    Boîte à sardines de Marennes, arôme thym et romarin ;
    Bref d’une parfaite mauvaise foi d’une huile rance inadéquate.

    Sait-on jamais, essayez donc de pratiquer ce piège à çons
    Et si vous rentrez bredouillées, je vous aurai bien attrapés.
    D’avance je demande pardon d’avoir franchi le mur du son
    De l’absurdité embrouillée d’imagination bien frappée !

    Tableau de Gérard Dubois sur http://www.gdubois.com .

  • Mon piège à fille

    Dutronc avait un piège à fille qui faisait, je crois : « Crac boum hue ! »
    Le mien convient à tous les âges, jeune femme ou adolescente.
    Je les saisis par les chevilles – je n’vous raconte pas le chahut
    Et l’expression de leurs visages dans l’ascension arborescente !

    Si elles ne portent pas de culotte, la prise à bien plus de valeur !
    Comme en cuisine contemporaine, la présentation agrémente
    Le goût des fesses en matelote que l’on saisit sous la chaleur
    D’une flamme vive et souveraine avec quelques feuilles de menthe.

    Une fois qu’elles ont bien crié, vociféré de tout leur saoul,
    Je les fais revenir à terre en donnant du mou à la corde.
    Hummm… ! Si elles sont bien grillées, je déguste d’abord leurs dessous
    Et enfin bien que cela m’atterre, la liberté je leur accorde.

    Tableau de Gérard Dubois sur http://www.gdubois.com .

  • Le concombre

    Comme elles voulaient un concombre que Dieu leur aurait refusé,
    Ménagères et suffragettes, toutes s’unirent dans les rues
    Et l’on ne vit même pas l’ombre d’un homme, ce jour récusé
    Par les terribles phalangettes des cucurbitacées bourrues.

    Pendant ce temps, revendiquant leurs prérogatives phalliques,
    Les hommes leur mirent un veto par pure réaction animale.
    Les protestants en claudicant marchant avec les catholiques
    Et les religions in petto qui prônent le pouvoir au mâle.

    Les courges tombèrent enceintes ne me demandez pas comment ;
    L’épidémie du Saint-Esprit devait courir incidemment.
    Elles devinrent dès lors toutes saintes et toutes ces futures mamans
    En acceptèrent alors le prix sauf les cocues évidemment.

    Et c’est ainsi que, de nos jours, nous observons chez nos grands-mères
    Le souvenir héréditaire de l’expertise du concombre.
    Elles se régalent dans leur séjour de ce petit besoin primaire,
    Petit plaisir alimentaire mais jouissance qui sort du nombre.

    Images trouvées sur Facebook sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • À la table des poètes gourmands

    Lundi, c’est la tarte aux légumes, farine complète d’épeautre ;
    Première couche de tomates, deuxième couche d’aubergines,
    Courgettes à l’ail, comme de coutume et je termine de temps à autre
    Avec poivrons rouges, aromates et petits secrets de cuisine.

    Mardi, polenta, risotto et variétés de petits plats
    Avec légumes du marché commandés chez notre épicier.
    Mets souvent expérimentaux mais qui font sourire aux éclats
    Les bouches qui ont bien mâché et leurs papilles associées.

    Mercredi saucisses aux lentilles, tomates farcies coquillettes ;
    Fanes de choux-fleurs champignons, brocolis, chou romanesco ;
    Omelette aux cèpes ou morilles, pleurotes selon la cueillette ;
    Soupe julienne, soupe à l’oignon et trois gouttes de Tabasco.

    Jeudi, comme un petit dimanche, les petits plats sont dans les grands.
    Spätzli, foies ou cœurs de poulets, lasagnes vertes et ratatouille ;
    Potimarron en sauce blanche, Paella de ma Mère-Grand ;
    Couscous, Chili ou Cassoulet ou simplement un plat de nouilles.

    Vendredi, c’est jour du poisson, des fruits de mer et des sirènes ;
    En Suisse, nous n’avons pas de mer mais des rivières et des étangs.
    On choisira comme boisson, Chardonnay, Pinot, Blanc des Reines ;
    Accompagnement doux-amer d’épinards bien ravigotants.

    Samedi, jour des spaghettis, sauce tomate à ma façon ;
    Tomates fraîches sur lit d’oignon et pulpe de fruits et agrumes.
    Et pour se mettre en appétit, cocktail d’amour avec glaçons,
    Des allumettes aux champignons, olives vertes, noires et brunes.

    Dimanche, c’est mieux qu’au restaurant et le menu est à la carte ;
    Magret de canard, s’il vous plaît, Pommes sautées en lèchefrite ;
    Cassoulet, Chili restent au rang d’honneur fidèle à notre charte ;
    Poulet, Ananas, Riz complet ou Moules marinières et Frites.

    Quelques uns des nombreux petits plats que vous dégusterez chez nous.

  • Le festin des émotions

    Je me retrouve quelquefois dans l’appartement transformé
    Que j’ai connu dans mon enfance ou plus tard avec ma famille.
    Tout est pareil sauf toutefois de nombreux détails déformés
    Par mon inconscient en défense à des problèmes qui fourmillent.

    Mes enfants démultipliés dont ma fille en quatre exemplaires,
    Mon fils cloîtré dans son armure et mon ex, éternelle absente.
    Et moi qui trône, replié dans mes pensées prêtes à complaire
    À cette scène dans un murmure de réflexions intéressantes.

    Et dans mon rêve tout en couleurs, je rejoue les pires passages
    Où la honte et l’absurdité sont alors portées au pinacle.
    Quelle est étrange la douleur qui réalise le brassage
    Des souvenirs commandités par le créateur du spectacle !

    Tableau d’Iran Francisco Lomeli Bustamante sur https://catrina-burana.livejournal.com/21809.html .

  • L’instant autant thé

    Il est des moments authentiques tout comme l’instant de bon thé
    Pas nécessairement à cinq heures mais quand on veut et où l’on veut !
    Si à deux c’est plus romantique, seul il permet de surmonter
    Le blues et les peines de cœur mais attention, ça rend nerveux !

    Les femmes aiment les salons de thé, les hommes vont plutôt aux cafés ;
    Elles s’y retrouvent entre amies, ils s’y relâchent entre potes.
    Ici les potins sont jetés, là on aime rire et s’esclaffer
    Elles échangent des mots ennemis, ils s’apostrophent et ça capote.

    J’ai une anecdote opportune concernant Madame Larousse
    Qui aimait dans ses pages roses déguster seule un bon thé vert.
    Lors d’un campement de fortune isolé en pleine cambrousse,
    Dans l’un de ces moments moroses, elle y apprécia ma prose :

    « Nous honorons l’année du singe, mon fier bélier, mon chat et moi.
    Bien malin qui l’apercevra, bien fin qui l’apprivoisera !
    Ça va travailler nos méninges, nos émotions et notre émoi.
    Cette année, qui vivra verra, tout peut arriver ; tout sera ! » †

    Tableau de Michael Parkes
    † « L’année du singe » 01.01.2016 Maryvon Riboulet à « Reflets Vers & Prose ».

  • La journée d’une jaune femme

    Dès le matin elle prend sa douche pour se raviver les couleurs
    Car hier, les teintes orangées évoquaient un peu trop l’automne.
    Mais aujourd’hui, première couche d’un jaune vif mais sans douleur
    Qui saura mieux lui mélanger ses bleus de l’âme monotones.

    À midi, en pleine lumière, jeune jaune et blonde de teint,
    En robe d’abord safranée, un peu ambrée et puis dorée.
    Et enfin toute la chaumière revêt rideaux et papiers-peints
    De cette mode surannée aux reflets déjà mordorés.

    Le soir, elle pense à demain… Jaune citron ou jaune d’or ?
    Quelle sera la couleur du jour ? À quel ton s’accordera-t-on ?
    La question passe en examen au moment où elle s’endort
    Et la Lune lui répond toujours les yeux fermés, puis à tâtons.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de ces images reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Femmes Coquelicots

    D’abord je ne vois que son corps qui sort de ses draps de satin ;
    Encore endormie, la fleurette déploie un à un ses pétales.
    Puis elle s’ébroue pour faire accord avec la brise du matin
    Qui lui donne la mine guillerette de sa prestance végétale.

    Après le vent, voici le feu du roi-soleil procréateur
    Dont la paternité s’exprime par la robe aux tons écarlates.
    Tandis qu’elle secoue ses cheveux d’un noir d’ébène révélateur
    De ses origines qui priment et dont la vérité éclate.

    Le coquelicot, fleur de joie, est notre fille naturelle
    Enfantée du sel de la terre, nourrie du sang de nos ancêtres.
    Ainsi dès que la fleur rougeoie comme magie surnaturelle
    Dans les champs, soyons solidaires envers notre lignée champêtre.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de ces images reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Ma minette qui est au ciel

    J’avais, pour ma chatte Chanelle, beaucoup d’amour et de prières
    Et lorsqu’elle est montée au ciel, je l’ai recommandée à Dieu
    Pour, de sa substance charnelle, me faire des retours arrière,
    Rêves de flash-back essentiels du matou miséricordieux.

    Et si les chrétiens du pays attestent solennellement
    Qu’il n’y a pas de chat au paradis, je n’ai qu’à leur faire un dessin
    Devant tous leurs yeux ébahis, qu’ils y sont éternellement
    En train de ronronner ravis sur les girons de chaque saint.

    Je revois sans cesse l’image de mon chat en train de courir
    Le long de mon appartement lorsque le soleil est radieux.
    Et je tiens à lui rendre hommage car lorsque je l’ai vue mourir,
    J’ai vu son âme parfaitement sauter sur les genoux de Dieu.

    Tableau de Jeramondo Djeriandi.

  • Souvenirs de par-ci, par-là

    Ces souvenirs qui me rattachent aux lieux où j’ai tracé ma route ;
    Route du tendre accompagnée, route des vins entre lacets,
    La nostalgie qui s’en détache, instants qui m’ont mise en déroute,
    Collectionner pour témoigner d’amours furtives entrelacées.

    Petit’ Tour Eiffel clignotante, coupe de fruits peinte à la main,
    Verre en cristal de baccarat, médailles gravées d’aphorismes,
    Dans ma vitrine ventripotente, soumise à tous les examens
    Pareille au musée d’apparat qu’est mon addiction au tourisme.

    Pourtant non, je suis casanière, je préfère voyager chez moi
    De mon salon made in France à ma chambre au thème africain,
    De ma cuisine marinière et lecture au fil au chinois,
    De ma salle de bains à outrance avec gadgets américains.

    Je n’y ai jamais mis les pieds ; tout ça n’est qu’une mise en scène
    Faute d’errance autour du monde, mes racines sont enterrées.
    Ces bibelots forment un trépied qui me fait traverser la Seine
    En bateau-mouche où vagabonde l’esprit du voyage éthéré.

    Tableau d’Evelina Vine.

  • Entre le cœur et la raison

    Entre le cœur et la raison, le corps et l’âme sont en balance ;
    L’argent n’achète pas l’amour mais la vie exige son dû.
    Sans doute qu’au fil des saisons, l’alternative me relance
    Et je marie avec humour cet oxymore des plus ardus.

    Entre le cœur et la raison, je vole entre deux courants d’air ;
    La religion m’ouvre le cœur mais le ferme à la liberté.
    Je pourrais sans comparaison arguer que je suis solidaire
    De conserver l’esprit moqueur du cœur d’enfant en puberté.

    Entre le cœur et la raison, je peux choisir et l’annoncer ;
    Entre la carrière et les siens, l’élévation reste indécise.
    Chacun voit devant sa maison ce à quoi il doit renoncer
    Pour son plaisir théoricien ou sa passion la plus concise.

    Tableaux de Christian Schloe et Megan Laurel.

  • Les fleurs bleues de l’ennui

    Souvent les femmes télépathes, dans leurs petits jardins secrets,
    Vivent nues pour communiquer avec les fleurs bleues de l’ennui.
    Les p’tits animaux à quatre pattes participent au rite sacré
    Car ils ne cessent de tourniquer aussi bien de jour que de nuit.

    Les papillons sont messagers des pensées qui poudrent leurs ailes
    Avec des couleurs d’émotions accordées aux cœurs émetteurs.
    Du petit amour passager aux grandes passions pleines de zèle,
    On voit les fleurs en dévotion envers les penchants prometteurs.

    Les bleus de l’âme, les blues du cœur reflètent parfois les chagrins
    Dont elles vident les esprits, qui ont souffert au champ d’honneur,
    Des occasionnelles rancœurs sous la forme de tout petits grains
    Que les fleurs de joie s’approprient pour les transformer en bonheur.

    Tableaux de Chie Yoshii.

  • Ohé ! Madame Météo ?

    Lorsque Madame Météo dévoile un peu de sa personne,
    Il lui en tombe des lambeaux, gouttes de pluie, grêle et flocons.
    Quand son jupon n’est pas très haut, la brume alors se pelotonne
    Et s’allument alors les flambeaux bien à l’abri dans leurs cocons.

    Madame Météo s’égaye souvent le soir au crépuscule
    Et revêt sa robe enflammée de couleurs orange, rouge et or.
    Parfois je la vois qui balaye à coups de vents qui me bousculent
    Les feuilles et spores réclamés par la charte des météores.

    Madame Météo se couvre, se dénude au-delà des nues
    Selon les caprices du temps et de ses humeurs compliquées.
    Mais lorsqu’après l’orage s’ouvre son arc-en-ciel sans retenue,
    Son nom redevient percutant : « Solarisation Appliquée ».

    Tableau de Daniela Uhlig

  • Le quatrième totem

    Par le cordon ombilical qui relie la femme à sa mère,
    S’établit le réseau sacré indispensable à la survie.
    Sont transférés en vertical ses petits désirs éphémères
    Jusqu’au grand Amour consacré à prolonger sa propre vie.

    Ainsi la femme ne vieillit pas ; elle se transforme doucement
    Et devient l’antenne émettrice qui irradie dans sa famille.
    Quand elle passe de vie à trépas, il est un bouleversement
    Qui secoue chaque réceptrice chez ses filles et petites-filles.

    Elle est un kaléidoscope qui tourne à chaque génération
    Et produit de nouveaux visages encore plus beaux à chaque fois.
    J’observe par le télescope de toutes ses procréations,
    Et j’y découvre le balisage vers Dieu… s’il est toutefois.

    Illustration d’Eloy Bida

  • Ô Madame Météo !

    On dit qu’à la pointe du jour, on connaît la couleur du temps
    Qui monte du chant des oiseaux selon les caprices d’Éole.
    L’aube sous ses plus beaux atours se montre alors exécutant
    Ses prédictions par des réseaux qui se déploient en auréoles.

    Ainsi Madame Météo, qui fait la pluie et le beau temps,
    Distribue selon ses humeurs ses avant-goûts de météores
    Qui voilent d’effets vidéo ciels, mers et terres tout autant
    Afin que courent les rumeurs que répandent mille égrégores :

    Esprits des morts, esprits de vie qui danseront au crépuscule
    Dans le carnaval coloré d’un soleil couchant expiré.
    Esprits des poètes ravis de terminer leurs opuscules
    D’un trait de leur plume dorée à l’encre d’étoiles inspirées.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Les trois totems

    Elle naît féline et tigresse, panthère, léoparde ou lionne ;
    Sa jeunesse est apprentissage pour surprendre et chasser le mâle.
    Elle pousse des cris d’allégresse pour appeler l’âme championne
    À favoriser le passage en maturité animale.

    À la puberté, elle est louve et développe ses instincts
    À se rapprocher de la horde afin d’en choisir son vainqueur.
    De tous les projets qu’elle couve, il en est un le plus distinct :
    Celui de l’amour qu’elle accorde selon les désirs de son cœur.

    Enfin elle deviendra ourse lorsqu’elle portera le germe
    Et que l’alchimie de son corps bénira sa féminité.
    Elle tient les cordons de la bourse et guette l’avenir de pied ferme
    Car elle est encore et encore le pilier de l’humanité.

    Illustrations d’Eloy Bida

  • Post-scriptum des sirènes

    Avant de retourner la page de la journée parachevée,
    J’ajoute un dernier post-scriptum en direction de ma conscience
    Qui le donne à l’aréopage des anges qui veillent à mon chevet
    À l’attention du factotum qui organise ma subconscience.

    Ce serviteur attentionné, maître des rêves les plus secrets,
    Conduit mon esprit fatigué vers des paradis exotiques.
    Comme il sait mes plus passionnés et ceux qui me laissent des regrets,
    Il sait toujours me prodiguer les meilleurs songes érotiques.

    Et c’est ainsi neuf fois sur dix qu’il me dirige vers les îles
    Où des sirènes vont m’attendre pour me plonger dans le sommeil.
    Je rêve de celles de jadis qui offraient l’éphémère asile
    Aux marins dans une nuit tendre mais jusqu’au lever du soleil.

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    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • L’ex-libris des sirènes

    Beaucoup de messages intimes transitent dans les pages des livres ;
    Des ouvrages les plus anodins comme les livres de cuisine.
    Dans les dernières pages ultimes, c’est dans l’index que l’on peut suivre
    Les confidences et les potins d’une sirène à ses cousines.

    Dans mon dictionnaire de rimes, vit une sirène coquette
    Qui voulant surveiller sa ligne en recherche des suggestions.
    La table des matières exprime ses suppliques et ses requêtes
    Que je repère, que je souligne et joins dans le texte en question.

    Ainsi je cache dans mes poèmes nombre de secrets bien gardés
    Dissimulés en filigranes derrière mes rimes embrassées (croisées).
    Seuls ceux qui ont le cœur bohème seront admis à regarder
    Cette sirène tenant le crâne du dernier marin terrassé (pavoisé).

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  • Le grand livre des sirènes – 2

    L’invention de l’imprimerie gêna paradoxalement
    La distribution du grand livre des sirènes par correspondance
    Car toutes leurs mesquineries devaient être formellement
    Tenues secrètes pour en vivre sans en subir de concurrence.

    Elles utilisèrent un temps une encre aux couleurs sympathiques
    Qui n’apparaissaient qu’humectées de quelques gouttes de rosée.
    Évidemment ce fut tentant, en mettant l’idée en pratique,
    De livrer sans se faire suspecter les secrets ainsi transposés.

    Lorsque vous tiendrez un bottin, une bible ou un dictionnaire,
    Le palimpseste apparaîtra après l’avoir mouillé du doigt.
    L’image d’une sirène au beau teint d’une façon discrétionnaire
    Entre les lignes vous soumettra son contenu comme il se doit.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • Le grand livre des sirènes – 1

    Le premier livre sur les sirènes fut imprimé en noir et blanc,
    Composé à l’encre de seiche sur papier couché et nacré.
    On y parlait de rois, de reines et de chevaliers affublant
    Qui partaient ensemble en calèche vers des lieux aux cultes sacrés.

    Car, en ce temps-là, les sirènes, comme émissaires de Neptune,
    Passaient des accords de commerce pour que l’Olympe les entérine.
    Elles étaient toutes souveraines de leurs atolls et leurs lagunes
    Et donnaient prise aux controverses envers les gars de la marine.

    Les pages étaient manuscrites et copiées dans les abysses
    Par des poissons-moines copistes qui récoltaient les coquillages.
    Toute demande était souscrite des années avant qu’on subisse
    L’oubli des légendes utopistes des amateurs de l’embrouillage.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • La lumière noire

    Mais la plus jolie des lumières restera celle de Lucifer
    Qui créa la lumière noire alors qu’on le croyait déchu.
    On l’appelle « lumière du diable » car on ne la verra jamais
    Sauf à plonger dans les ténèbres ou dans le trou noir de la mort.

    Mais à la vérité personne ne connaît vraiment la lumière ;
    On la voit ou on ne la voit pas et on n’y pense pas plus que ça.
    Et c’est la raison pour laquelle ceux qui ne croient que ce qu’ils voient
    Sont les aveugles originels d’une science pécheresse.

    Moi qui vois la lumière noire en quatre, cinq ou six dimensions,
    Je peux vous dire qu’elle est belle et qu’elle n’a d’yeux que pour moi.
    Et c’est la raison pour laquelle je crois en ce que j’ne vois pas
    Pour ne pas être formaté dans ce monde d’illuminés.

    Il est peu probable que le tableau soit de Tetyana Erhart car il s’agit d’une Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
    Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.